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Full text of "Revue d'histoire franciscaine"

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DIRECTEUR : Henri LEMAÎTRE 


TOME 4°. — 1927 


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PARIS (Ve) 
LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 
6, PLACE DE LA SORBONNE 


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TOME IV. Der. 


JANVIER-MARS 1927. 
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GasTON EETONNELIER. MANDEMENT DE FRANÇOIS 1°" POUR. LA 
RÉPARATION DU COUVENT DES CORDE- 


LIERS DE MARSEILLE (1526) ....,..... EL, 
CLAUDE FAURE. » Les CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'AN- 
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SŒURS GRISES DE BEAUVAIS (1622-1630) 40 


MÉLANGES 


François Excus Le Sceau dy provincial d'Aquitaine au xv® siècle, 49. — 
lan Winor-PRÉFONTAINE © Lettres de réception pour enfants spirituels de 
l'Ordre de Saint François, 52. — CamiLze Piroer : Travaux de Francis- 
Cains espagnols sur LVhistoire de leur Ordre en Amérique, 55. 


COMPTES RENDUS 


AG. Lirrce : Some recently discovered Franciscan documents, 63. — 
LUruuEns : Testimonia minora saeculi XIII de S. Francesco, 64 — 
LSALvATORELLE : Vita di san Francesco, 65, — E. Bonaiuri : Francesco 
Assis, 07. — 1 Fioretti, à cura di A. Sont, 68. — M. Cuinr : Vita et 
poesia disan Francesco, 69: — Mostra del libro francescano, 71.— D. Sic- 
Mesrar Il Ritratto di S. Francesco a Spoleto, 72. — P. TuuraAuD-DANGIN : 
Sant Bernardin de Sienne, 73. — L'internele consolacion, publié par 
MO PenkiRe, 74. — Les martyrs franciscains des Carmes, 75. 


PÉRIODIQUES, 77. — CHRONIQUE, 08. 


PARIS (Ve) 
LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 


6. PLACE DÆ LA SORBONNE 


MRévue Sbistoire franciscaine 


2 DIRÉCÉEUR : Hewni LEMAÎTRE 


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Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d’Art. 


La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous 
les trois mois, par livraison de 152 pages environ; elle forme 
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de 
nombreux hors-texte. 

La direction, entendant ne publier que des travaux d'érudi- 
tion, n’acceptera que des articles présentant toutes garanties à 
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute 
la responsabilité des opinions qu'ils pourraient émettre. 


REDACTION. — Les manuscrits, livres à rendre compte, 
revues en échange, doivent être adressés à Monsieur le Direc- 
teur de la ‘‘ Revue d'Histoire Franciscaine ”, 11, rue Gué- 
négaud, Paris-6e. 


ADMINISTRATION. — Les abonnements, réclamations, 
changements d'adresse et renseignements: divers doivent être 
adressés à la Librairie J. VRIN, 6, Place de la Sorbonne 
Paris-5°. 


CONDITIONS. — Les abonnements sont annuels; ils se 
paient en janvier. 


France et Belgique : 50 fr. 
 Étranger, demi-tarif postal : 70 fr.; plein tarif : 90 fr. 
Édition de luxe sur papier pur fil Lafuma : 100 fr. 


Il ne reste de la première année que quelques exemplaires 
complets, qui ne seront vendus qu'avec les années suivantes. 
Le prix des trois volumes est fixé à 240 fr. 

Les années 2 et 3 sont vendues séparément au prix de 70 fr. 
l'année. | 


Compte de Chèques Postaux : Paris 649-16. 


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MANDEMENT DE FRANÇOIS = 


POUR LA RÉPARATION 


DU 


COUVENT DES CORDELIERS DE MARSEILLE 
(1526) 


Depuis la seconde moitié du XV®° siècle, les Frères 
Mineurs possédaient deux couvents à Marseille. Le second, 
appelé de l'Observance, fondé en 1451, persista jusqu'à 
la Révolution. Le premier, qui nous occupe, fut détruit (1) 
en 1524. Îl était situé hors la porte du Marché, vraisem- 
blablement sur les terrains limités aujourd’hui parles rues 
Tapis-Vert et Thubaneau. Sa fondation remonte avant 
1248. Fra Salimbene de Parme (2), qui le visita à la 
Saint-Michel de cette année, raconte qu’il y trouva un 
Franciscain anglais, frère Étienne. « 11] me pria, dit-il, d’in- 
sinuer au gardien qu'il voudrait bien prêcher au clergé 
etaux frères à la fête de Saint-François (4 octobre). Le 
gardien me répondit qu'il serait heureux de l'entendre, 
mäis qu'il ne pouvait lui donner cette satisfaction, de 
crainte de déplaire à l’évêque (3) qui devait assister à 
ia fête. » 


(1)11 fau rectitier la date de 1514 donnée comme année de la destruction 
par le P. Antoine de Sérent, dans la Géographie de la province de Provence 
p.142 (France franciscaine, t. 11, Lille, 1913). 

(2) Éd. Houver-Eccrr, dans Afonumenta Germaniae historica, Script. 
XXXII, p. 313, 9; trad. P. D'AïxCREVILLE, dans France francisc., t. I, p.66. 

(3) Benoit d'Alignan, O. S. B. 1l passa dans l'ordre des Frères Mineurs, 
dix ans avant sa mort, 12 juillet 1268, et fut enterré dans l'église francis- 

Caine de Marseille. 


Ravus D'HisToiREe FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 1 


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2 GASTON LETONNELIER 


Les Cordeliers avaient donc déjà à cette époque une 
église à Marseille. Le fameux frère Hugues de Digne, 
qui précha devant, saint Louis le sermon rapporté par 
Joinville tt) Y.. était enterré. Sa sœur, l’extatique sainte 
Douceline:(2}, fint1 ÿ-rejoindre en 1282. Le pape francis- 
cain Nicolas IV (3), en y accordant des indulgences en 
1290, spécifie que cette église possédait de nombreuses 
reliques de saints. 

Mais le couvent acquit une renommée mondiale par le 
fils du roi de Naples, saint Louis d'Anjou qui y choisit 
sa sépulture en 1298. Le jeune prince, qui avait renoncé 
au trône, pour devenir Frère Mineur, s'était affectionné au 
couvent qui renfermait la tombe du grand zelante de 
Provence (4), et avait voulu dormir à côté de lui son der- 


(1) Vie de saint Louis, éd. N. ne WarïzLy, & 652-662. 

(2) 1214-1274. 

(3) Waoninc, Annales Minorum,t. V, p. 244. 

(4) Saint Louis d'Anjou donna une preuve non équivoque de son estime 
pour les Spirituels, en choisissant comme un de ses exécuteurs testamen- 
taires Raymond Gaufridi, l’ancien général de l'Ordre (1289-1295), bien 
connu pour ses idées rigoristes, qui fut déposé par Boniface VIII, 
ct. Acta Sanct., t. 1[Il augusti, Anvers, 1737, p. 788. Son frère, le Yo: 
Robert, et la reine Sanche favorisèrent toujours le parti des Zelanti. 
L'anecdote suivante, rapportée par L. Wadding à l’année 1349 (An. Min., 
t VIII, p. 35) nous parait devoir être mentionnée ici parce qu'elle se 
passe au couvent de Marseille et qu’elle montre la mentalité des Zelanti : 
Au couvent de Marseille, vers cette époque, moururent la même année 
le custode de la région marseillaise et le lecteur du couvent, tous deux 
grands accumulateurs de livres. Un pieux frère d’une autre province vint à 
Marseille pour y vénérer le corps de saint Louis. Or, pendant qu’il priait 
dans l'église, il eut Ia vision d’un imposant tribunal que présidait le 
Christ, entouré d'assesseurs de différents Ordres. On amena à ce tri- 
bunal le custode et le lecteur, les mains liées derrière le dos, précédés de 
deux mulets chargés de leurs livres. Interrogés sur l'Ordre auquel ils ap- 
partenaient, ils répondirent : « Nous sommes franciscains ». Le Christ dit 
alors à saint François : « Puisqu'ils furent de ton Ordre, je les remets à 
ton jugement ». Saint Francois leur demanda : « Qu'est-ce que sont tous 
ces livres ? — Ils servaient à notre usage. — Avez-vous fait ce qu'ensei- 
gnaient ces manuscrits ? — Non, avouèrent-ils en tremblant. — Eh bien, 
puisque vous avez accumulé ces livres pour la pompe et pour la vanité, 
contre la sainte pauvreté, et que vous n'avez pas accompli ce qu'a ordonné 
ou conseillé dans ces livres le Seigneur, en présence de qui vous êtes, vous 
avez prouvé que vous êtes des fils dégénérés, vous êtes condamnés, vous 
et vos livres, aux prisons éternelles. » Alors la terre s’ouvrit, eagloutit 
moines et mulets, et le tribunal céleste s'évanouit devant les yeux du frère 
effrayé qui regardait la terrible scène d’un coin de l'église. 


CORDELIERS DE MARSEILLE 3 


nier sommeil. L'église de Marseille devint le théâtre de 
nombreux miracles. Deux morts ressuscitèrent au même 
moment dans des conditions merveilleuses. Deux ans après 
sa canonisation, dans la nuit du 8 novembre 1319, son 
corps fut transféré, du milieu du chœur où il gisait, dans 
une châsse d'argent, sur le maître-autel. Quatre cardinaux, 
dont Vital du Four, O. M., assistaient à la cérémonie, 
entourés d’un grand nombre d'évêques et de gentils- 
hommes. Le roi Robert, frère du saint, et sa femme, 
la reine Sanche, se distinguèrent par leur piété enthou- 
siaste. | - 

Quelques années plus tard, le fils du roi de France, le 
futur Jean le Bon (1319-1364), encore en bas-âge, fut guéri 
miraculeusement par saint Louis d'Anjou, alors qu'on 
attendait son dernier soupir. Philippe VI de Valois et la 
reine se rendirenten pélerinage à Marseille, devant les 
reliques du jeune saint, et firent au couvent de larges 
offrandes (1). N 

L'église du couvent, peut-être trop modeste pour le tré- 
sor qu’elle renfermait, fut rebâtie (2) vers 1326 par le roi 
de Naples, Robert d'Anjou, comte de Provence. En l’ab- 


(1) Chronica XXIV Generalium, dans Analecta franciscana, Quaracchi, 
1897, t. [II, p. 448-449. Parmi les dons royaux figure une rente de vingt 
livres dix sous. Le 5 juin 1470, procuration est donnée en chapitre conven- 
tuel au gardien des Cordeliers de Saint-Louis de Marseille, fr. Claude 
Poncii de Rauco, licencié in sacra pagina, pour percevoir les vingt livres 
dix sous concédés par vœu audit couvent, par Philippe VI, roi de France, 
sur les revenus de la ville de Nimes, avec lettres patentes, payables chaque 
année à la féte de saint Michel archange (Bibl. nat., Nouv. acquis. lat., 2385). 
Voici les noms des frères capitulants : » … fr. Glaudius de Rauco, gardianus, 
fr. Bertrandus Thome, Anthonius Gauterii, vicarius, Anthonius Celernii, 
pater sororum, Damasianus Tyrani, biblicus, Petrus Salondrini, Girardus 
de Joca, Guilhermus Thurrelli, Matheus de Gampo, Ludovicus Cuysseti et 
Honoratus Pellati, fratres et conventuales dicti conventus et consti- 
tuentes... » 

La bibliothèque d'Arles (ms. 209) renferme les « Lettres patentes de 
Jean, roy de France confirmant le don que le roy Philippe, son pére, avait 
fait au couvent de Saint-Louis (de Marseille), de 500 livres parisis, 1351 », 
et le « Vidinus de deux lettres patentes du roy Charles VI, 1394, 1395, 
Pour faire payer les pensions du roy Philippe et du roy Jean. » 

(2) « Quaestio : an Fratres Minores possint esse actores rerum saecula- 

rium; ubi de ecclesia S. Ludovici Massiliensis quam Robertus, rex Sici- 


lige, aedificari faciebat anno 1326. » Bibl. nat., ms. lat. 4246, n° 5; Ibid, 
n° 59134. 


4 GASTON LETONNELIER 


sence d’une description complète de l'édifice, nous em- 
pruntons aux archives des Cordeliers de Marseille (1) la 
mention de plusieurs chapelles quiy furent ajoutées. 

En 1348 Bernard Gasqui fonde une chapelle dans 
l’église Saint-Louis, sous le titre de Saint-Lazare (2); il 
il fait plusieurs legs, déshéritant son fils Arnaud comme 
ingrat et rebelle et ayant attenté deux fois à sa vie. 

En 1376, la reine Jeanne de Naples accorde aux Frères 
Mineurs (3) de Marseille une pension de 251. roy. sur la 
gabelle des sels d'Aix pour la garde et le luminaire du 
corps de saint Louis d'Anjou. 

En 1392, Huguette Guis fonde par testament, près le 
maitre-autel de l'église Saint-Louis, une chapelle sous le 
vocable de Sainte-Marie (4), avec célébration de six anni- 
versaires, léguant 201. roy. à prendre sur trois maisons. 

La même année, Guillelme, épouse de noble Charles 
Atulphi, fonde une chapelle dans la même église, sous le 
titre de Saint-Antoine de Padoue (5), léguant à cet effet 
10 1. 5 sols censuels. 

En 1395, Giraude, femme de Julien de Casaux, légue 
par testament 100 sols de rente pour fondations de 
messes perpétuelles dans la chapelle fondée par son mari, 
‘sous le titre des saints Georges, Elzéar et Julien (6), 
martyr et confesseurs. 

La même année, noble dame Douce Ricau., femme de 
noble Jean de Quinciac, fonde une chapelle sous le titre 


- (1) Retrouvées dans le chartrier de la Major (cathédrale),elles forment 384 
articles répartis en 61 liasses. L'inventaire manuscrit sur fiches en a été 
rédigé par M. de Grasset. 

(2) Archives des Bouches-du-Rhône, Cordeliers de Marseille, H 4, n° 25. 

(3) 1bid., 13° liasse , n° 80. 

(4) Zbid., 20t liasse, n° 133. 

(5) Jbid., n° 134. 

(6) Zbid., 22° liasse, n° 146. — M. Rampal (Notes pour servir à l’iconogra- 
phie de saint Louis d'Anjou, Aix, 1920, p. 9, 30) écrit « que les Frères ne se 
génaient pas, en cas de disette, pour mettre en gage, par exemple, chez 
l'opulent Julien de Cazeaux... et fes joyaux de leur église et les reliquaires. 
Le trésor (notamment la châsse d'argent, une image du Saint {saint Louis] 
de méme métal, don du roi Robert}, s'est ainsi dispersé. » Et il renvoie 
à l'inventaire manuscrit signalé plus haut.— Nous avouons n'avoir rencon- 
tré aucune mention de ce genre dans le susdit inventaire. 


CORDELIERS DE MARSEILLE 5 


du Saint-Sépulcre (1) dans l’église de Saint-Louis, avec 
dotation de 20 1. roy. de rente. 

La même année, Julien de Casaux lègue par testament 
20 |. roy. de rente pour des tableaux d'une chapelle (2) 
et fondation d’anniversaires. | 

En 1396, Charles Afulphi, par codicille de son testa- 
ment, lègue au couvent de Saint-Louis 100 sols de rente 
pour une bonne pitance de pain, vin et viande, à faire tous 
les ans, le jour de la fête de saint Antoine de Padoue (3) 
(13 juin). | 

En 1401, Simon de Reillane donne au couvent un flo- 
rin de rente, pour fondation d'anniversaire et concession 
en échange d'un tombeau sis sous les anciens escaliers du 
couvent (4), près l'image du Crucifix, aux armes des 
Reillane. 

En 1415, Catherine Ganteline lègue par testament 41. 
roy. de rente, pour fondation d'une chapelle (5) sur son 
tombeau, dans l’église des Frères Mineurs, avec messe 
hebdomadaire. | 

En 1420, Honoré Mote s'engage à payer 20 sols cen- 
suels au couvent pour l'anniversaire fondé à la chapelle 
Sainte-Barbe (6), par feu Jean son père. 

En 1427, Raymond Aymès fait cession en faveur du 
couvent de 8 émines d'avoine. {lequel Aymèsj avait reçu 
et caché dans sa maison d'habitation le chef du bienheu- 
teux saint Louis d'Anjou, pendant l'invasion des ennemis 
catalans (7). 


(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 23° liasse, n° 147. 

(2} {bid., n° 148. 

(3) lbid., n° 152. 

(4) Jbid., 26° liasse, n° 169. 

(5) Jbid, 34° liasse., n° 218. 

(6) 1bid., 36° liasse, n° 229. | 

(7) Ibid, 43° liasse, n° 283. — « Dans les guerres de la succession de 
Naples, Alphonse d'Aragon, compétiteur de Louis d'Anjou, surprit Marseille 
sans défense, le 23 novembre 1423,.. enleva les reliques de saint Louis, qui 
avaient été prudemment ramenées dans l'enceinte de la cité et dépo- 
sées dans la maison de Georges de Châteauneuf, seigneur des Pennes, et 
offrit... les reliques... comme trophée à la Seù ou cathédrale de sa nou- 


velle capitale de Valencia » où elles reposent encore. A. RawPaL, Op. cif.s 
p.8 


6 GASTON LETONNELIER 


1427. Transcript des privilèges accordés au couvent par 
les comtes de Provence (1), notamment par Charles II en 
1308, Robert en 1324, Jeanne en 1360 et 1376,et Louis 
IT en 1390. 

1447. Lettre du ministre général des Frères Mineurs (2) 
portant réception pour la vie et pour la mort dans le 
même Ordre et association à tous les avantages spirituels 
et temporels d'icelui, en faveur de noble dame Aldouce 
Sanche et de tous sesenfants. 

1451. Sœur Catherine Alphant, prieure du couvent de 
Sainte-Paule, ayant déposé entre les mains de fr. Barthé- 
lemy Fabre (3), gardien du couvent des Frères Mineurs, 
une ceinture en soie noire brodée en argent doré estimée 
16 florins, en nantissement de 4 florins qu'elle lui avait 
empruntés, et, ladite ceinture ayant été dérobée avec d’au- 
tres bijoux et espèces, le couvent lui rembourse le prix 
d'estimation de l’objet déposé, sous déduction de la 
somme prêtée. 

En 1515, le 5 avril, Antoine Esquier lègue 30 florins 
pour fonder une messe perpétuelle à l’autel de la chapelle 
de Notre-Dame de Bon-Voyage (4) dans l'église de 
Saint-Louis. 

Le 12 octobre 1510, le cardinal de Sainte-Marie d’Ara- 
cœli (5) accorde 100 jours d’indulgence à ceux qui visite- 
ront, à certains jours, la chapelle de Saint-René, fondée 
dans l'église de Saint-Louis, et prieront pour l'âme de 
Jean Mevier et de Marguerite de Meure, sa femme, fon- 
dateurs d’icelle. 


Depuis quatre ans, en 1517, l'Ordre de Saint-François 
était divisé en deux fractions, les Frères Mineurs ou Obser- 
vants qui gardaient intégralement la règle franciscaine, 


(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 43° liasse, n° 285. 

(2) 1bid., 49° liasse, n° 322. — Antoine de Rusconi, ministre général de 
1443 à 1440. 

(3) Zbid., 51e liasse, n° 329. 

(4) 1bid., 5gt liasse, n° 375. 

(5) Zbid., 59° liasse, n° 376.— Le cardinal d'Aracæli n’est autre que Chris- 
tophe Numai, de Forli en Frioul, ministre général des Frères Mineurs en 
1517 et créé prince de l'Eglise la mème année, 


CORDELIERS DE MARSEILLE 77 


et les Conventuels ou Mitigés qui vivaient de dispenses 
principalement sur la question de propriété. Le roi Fran- 
çois [‘" voulut faire cesser cette anomalie et par un premier 
mandement (1) du 17 décembre 1521, il prit des mesures 
pour réformer les Conventuels de tout son royaume. Le 
4juin suivant (2), par de nouvelles lettres données à 
Lyon, il ordonnait de poursuivre le parachèvement de la 
réforme. 

Les Conventuels de Saint-Louis de Marseille commen- 
cèrent d'obtempérer à la volonté royale. Le 15 septembre 
1522,1ls cédèrent (3) au chapitre cathédral leurs biens 
meubles et immeubles, notamment une bastide à Feians (4) 
et un plantier au Jarret (5), à la charge par le preneur de 
dire les messes et remplir les volontés des défunts dona- 
teurs. 

Peut-être cette cession était-elle la part du feu. Le 
6 février 1522/1523, un nouveau mandement (6) du ro- 
pressait la réforme complète des Conventuels. On soupi 
conne bien que les Observants ne laissaient pas s'endor- 
mir les bonnes dispositions du pouvoir royal. Ainsi nous 
connaissons par une bulle de Léon X(7)},en date du 
10 mai 1521, qu’à la demande de François [*, le pape con- 
fiait à Jean Morlin et à Alexandre Rosset, Mineurs 
Observants, la mission de réformer les couvents de Con- 
ventuels, dans les provinces d'Aquitaine, de Dauphiné et 
de Provence, et de les soumettre aux Frères de l’Obser- 
vance. 

Le souverain ne se contentait pas de faire appel à la 
conscience et à l’esprit de ferveur, il menacait de l’inter- 
vention du bras séculier. Les menaces avaient porté leurs 


(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 6o® liasse, n° 378. 

(2) Zbid., n° 380. 

(3) Zbid., 61° liasse, n° 381. 

(4) Feians, ancien domaine du prévôt du chapitre de la Major. Com- 
mune de Marseille, quartier de Mazargues. 

(5) Le Jarret, affluent de l'Huveaune. Le nom de Jarret, dans les anciens 
actes, sert à désigner les localités qu’il traverse depuis sa source jusqu'à 
son confluent. 

(6) Ibid., 61° liasse, n° 382. 

(7) Otuon DE Pavis, L’'Aquitaine Séraphique, Vanves, 1905, t. II, p. 409. 


7, pl 
DA A 


= 


8 GASTON LETONNELIER 


fruits. Aussi, le 16 novembre 1525, des Lettres royaux (1) 
portent suspension des poursuites et contraintes en faveur 
des Frères Mineurs de Marseille, à cause de la cession de 
biens faite par eux au chapitre cathédral. 

Bien avant le 30 janvier 1528/1529, la translation com- 
plète des biens au chapitre était un fait accompli. Un rou- 
leau de parchemin {2), long d’un mètre 75 environ, contient 
les lettres patentes du roi portant approbation et homo- 
logation du traité passé entre le couvent de Saint-Louis 
et le chapitre, et approuvé par bulle pontificale, par lequel 
ledit couvent cède tous ses biens au chapitre (lesquels 
biens sont tous énumérés en détail), à condition de rem- 
plir les volontés et legs des défunts donateurs, et à la 
réserve que ledit chapitre s'engage à la reconstruction du 
monastère et de l’église de Saint-Louis ruinés de fond 
en comble, lors du siège mis devant Marseille par le 
connétable Charles de Bourbon, en 1524. 

Depuis près de trois ans les Cordeliers se disposaient à 
rebâtir leur couvent. A cette fin ils avaient obtenu du 
roi, le 12 décembre 1526, exemption de tout droit de péage, 
pour un chargement de bois qu'ils faisaient venir de Dau- 
phiné (3). — C'est l'acte que nous publions ci-après inté- 
gralement. — En réalité le couvent ne fut jamais rebâti, 
on ne sait encore pour quelle cause. Est-on même certain 


que le radeau de bois de Dauphiné soit jamais arrivé à 
Marseille ? | 


GASTON LETONNELIER. 


(1) Arch. des Bouches-du-Rhône, Cordeliers de Marseille, H 61, ne 383. 

(2) 1bid., Gre liasse, n° 384. 

(3) Pareilles faveurs furent accordées à plusieurs reprises par les rois de 
France aux habitants de Marseille. Ainsi, le 23 janvier 1427, Charles VII 
autorisa les syndics de la ville à faire prendre en Dauphiné les matériaux 
nécessaires pour la réparation des maisons ruinées lors de la prise de 
Marseille par les Aragonais (novembre 1423). En 1509, Louis XII accorda 
la même autorisation pour l'entretien du port, et plus tard Charles IX en 
1564. Cela tenait évidemment à la grande indigence de bois aux environs 
de Marseille, indigence qui provoqua une lettre d'Henri Il en 1548 faisant 
défense à l'évèque d'abattre les bois qui lui appartenaient, Comme on le 
voit, la lutte contre le déboisement en Provence ne date pas d'aujourd'hui. 


me René ere Pt nie ARE 


fe 491 ve. 


Fe 4g1 v°. 


F 492 r°. 


CORDELIERS DE MARSEILLE 9 


« Exemption de tout droit de péage pour un radeau de bois que les 
« Cordeliers de Marseille font venir du Dauphiné pour réparer leur 
« couvent ruiné pendant le siège. — Saint-Germain-en-Laye, 12 dé- 
« cembre 1526 ». 

(Enregistré au Parlement de Grenoble, le 25 juin 1527). — 
Arch. de l'Isère. Chambre des comptes de Grenoble, B. 2908. 
Cahier n° IIc LXXXXIII (fol. 491), 6 pages 1/2. 

(Catalogue des Actes de François 1er... Tome Ier, n° 2506). 


Littere Regie et dalphinales doni facti fratribus minoribus Mar- 
sillie de certa quantitate nemoris videlicet affranchiamentum peda- 
giorum dicti nemoris. 

FRrancoys, par la grace de Dieu, Roy de France, daulphin de Vien- 
noys, conte de Valentinoys et de Dyois. À nos amez et feaulx con- 
seillers, les gouverneur ou son lieutenant et gens de nostre court de 
Parlement du Daulphiné, et à tous noz baillifz, seneschaulx, pre- 
vostz, maires, eschevins et consulz des villes, gardes et fermiers de 
noz peages, et passages, et à tous noz autres justiciers, officiers et 
subgectz ausquelz ces presentes seront monstrees, salut et dilection. 

Noz chiers et bien amez orateurs les freres gardien et religieux de 
l'Ordre de Sainct Françoys en nostre ville de Marceille nous ont faict 
dire et remonstrer que pour reediffier et reparer leur eglise et cou- 
vent qui fut grandement demoly et gaste à l’occasion du siege der- 
nierement mis devant nostredicte ville de Marceille par Charles de 
Bourbon et autres noz ennemys et adversaires, lesquellz ennemys 
feirent une grande bresche aux murailles de nostredicte ville viz à 
viz dudict couvent, et au moyen de quoy noz gens de guerre estans 
lors dedans nostredicte ville pour la deffence d’icelle se retirerent la 
pluspart audict couvent ouquelilz feirent plusieurs grans dommaiges 
et interestz qui ont depuis esté extimez par noz officiers audict 
Marceille à la somme de cent soixante escus d’or soleil ou environ, 
leur est besoing et necessaire avoir et recouvrer de noz pays de 
Daulphiné ung radeau de boys qui contiendra six douzaines de 
grosses pieces de la longueur de six à sept cannes (1), six douzai- 
nes de cinq à six cannes, trente et six douzaines de doublasses (2), 
de cinq à six cannes, troys douzaines de fillieres (3), troys grosses 
haix (4) d'endouse (5), deux grosses haix de noyer, et deux grosses 


(1) Mesure de longueur. 

(2) Probablement des doubleaux, solives qui soutiennent les chevètres 
dans les planchers. 

(3) Pièces de bois qui supportent les chevrons d'un toit. 

(4) Peut-être ais, planche, mais ce mot est masculin. 

(5) Nous n'avons pas identifié ce bois. 


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492 v°. 


fe 493 re. 


fe 493 ve. 


f° 494 vo. 


10 GASTON LETONNELIER 


demembrures, de humblement nous requerans à ceste cause que 
nostre plaisir soit leur donner congé et permission de faire tirer 
et enlever ledict radeau de boys franc et quicte de tous droiz de 
peages, travers, coustumes et autres tribuz quelconcques par les 
lieux ou il passera, et sur ce leur impartir noz grace et liberalité 
et octroyer noz lectres. Pour ce est il que nous, les chouses dessus- 
dictes considerees, bien advertiz deladicte demolicion, de gast et 
dommage qui fut faict oudict couveut de Marceille par nosdicts gens 
de guerre durant ledict siege, desirans ledict couvent estre reediffié 
et entretenu en bonne reparacion, et favorablement traicter lesdicts 
religieux, affin qu’ilz ayent meilleur occasion de prier Dieu pour 
nostre bonne intencion, à iceulx, pour ces causes et autres bonnes 
consideracions à ce nous mouvans, avons permys et octroye, per- 
mectons et octroyons de grace especial, plaine puissance et auctorité 
royal et dalphinal par ces presentes qu'ilz puissent tirer et enlever 
de nosdicts pays de Daulphine ledict radeau de boys (1) contenant 
lesdictes pièces cydessus speciffiees comme dit est en payant ledict 
boys raisonnablement, pour icelluy faire mener et conduire par les 
rivieres de l’Ysere et du Rosne jusques en nostredicte ville de Mar- 
ceille franchement et quictement sans poyer pour ledict radeau de 
boys pour les lieux où il passera aucuns droiz de peages, passaige, 
riverage, gabelle, resve (2), sommeraige (3) ne autre tribut ou soulde 
quelconque. Et desdicts drois et devoirs nous avons affranchy et af- 
franchisons ledict radeau de boys, et d’iceulx fait et faisons don aus- 
dicts suppliantz pour les causes que dessus. Si voulons, vous mandons 
et expressément enjoignons que de noz presens congé et permission 
et de tout le contenu cydessus vous faictes, souffrez et laissez lesdicts 
suppliantz joyr et user plainement et paisiblement sans en ce faire, 
mectre ou doaner ne souffrir estre faict, mis ou donné à ceulx qui 
meneront et conduiront ledict radeau de boys aucun arrest, destour- 
bier ou empeschement quelconque, lequel si faict, mis ou donné leur 
estoit, au contraire mectez le ou faictes mectre incontinant et sans 
delay à plaine delivrance. Et par rapportant cesdictes presentes 
signees de nostre main ou vidimus d'’icelles faict soubz seel royal ou 
dalphinal avec les quictances et recognoissances desdictz suppliantz 
ou de leur procureur ayant quant à ce povoir, nous voulons les fer- 
miers et receveurs desdicts droiz et devoirs par les lieux où passera 
ledict radeau de boys en estre tenuz quictes et descharges par tout 
où il appartiendra, sans difficulté. Car tel est nostre plaisir, nonobs- 
tant quelzconcques ordonnances, restrinctions ou mandemens ou 
deffenses à ce contraires. Donné à Sainct Germain en Laye, le dou- 


(1) Les mots suivants sont rayés dans le texte, savoir : « pour les lieux 
où il passera aucuns droiz de peage ». 

(2) Droit sur les marchandises qui entraient dans le royaume ou qui en 
sortaient. 

(3) CF. Ducance, summagium, sub vo, sagma, droit d'exportation. 


RES. me mi 


fe 494 ve. 


f 495 r°. 


495 ve. 


CORDELIERS DE MARSEILLE T1 


siesme jour de decembre, l’an de grace mil cinq cens vingt six, et de 
nostre regne le douziesme. Françoys. 
Par le Roy, 
BRETON. 


Placeat magnifico dalphinali Parlamento, ad humilem supplica- 
tionem religiosorum patris gardiani fratrum minorum ordinis sancti 
Francisci ville Marcillie, interinari et observari mandare litteras 
regias et dalphinales presenti reverenter alligatas, juxta illarum 


tenorem, litteras opportunas concedendo. 
BaYyLuinr. 


Videant domini camere et refferant. 


Viderunt domini camere et refferunt litteras regias et dalphinales, 
de quarum interinacione agitur fore interinandas et observandas 
juxta illarum mentem et tenorem et pro numero et quantitate nemo- 
rum in dictis lecteris regiis et dalphinalibus mencionatorum, omni- 
que fraude cessante. Scriptum de precepto die xxv jugnii, Me 
Ve xxv). 

P. BoniEr. 


Fiant littere juxta relationem dominorum camere. Domini omnes, 
Martel excepto. 


Franciscus, comes Sancti Pauli, locum tenens generalis et guber- 
nator dalphinalis, Universis et singulis harum serie notum fieri 
volumus quod die subsignata, receptis indeque visis in curia Parla- 
menti dalphinali supplicatione hiis immediate subiuncta cum rela- 
tione dilectorum nostrorum camere computorum dalphinalis audi- 
torum in pede ipsius supplicationis descripta, necnon litteris paten- 
tibus regiis et dalphinalibus, cera rubea cum simplici cauda impen- 
dente sigillatis, nobis in eadem curia parte religiosorum patris 
gardiani et fratrum minorum ordinis sancti Francisci ville Marcillie 
supplicantium et impetrancium in eisdem nominatis exhibitis et pre- 
sentibus sub contrasigillo regiminis dalphinalis alligatis, et omnium 
consideratis tenore curia parlamenti predicta dictas litteras regias et 
dalphinales de quarum interinacione agitur, juxta illarum formam et 
tenorem interinavit et interinat, nosque interinavimus et tenore pre- 
sencium interinamus, pro numero et quantitate nemorum in dictis 
litteris regiis et dalphinalibus mencionatorum easdein litteras, omni 
fraude cessante, juxta ipsarum mentem et tenorem observari ju- 
bendo. In cujus rei testimonium sigillum regiminis dalphinalis pre- 
sentibus duximus apponendum. Datum Gracianopolidie die xxv'a 
mensis jugnii, anno Domini millesimo quingentesimo  vigesimo 
septimo. 

Per dominum gubernatorem, ad relacionem curie. 

GARNERI, 


(Arch. dép. de l’Isère. B 2 908). 


Rem = 


LES CÉLESTINS 
ET LES CORDELIERS D'ANNECY 


NOTES ET DOCUMENTS INÉDITS 
SUR LEUR FONDATION ET LEUR SUPPRESSION 


(1519-1778) 


La cathédrale d'Annecy, placée, comme celle de Genève, 
sous le vocable de saint Pierre, porte sur sa facade cette 
inscription : SALUTIFERE CRUCI AB DIVO FRANCISCO LAMBER- 
TORUM PROPAGO DICAVIT 1535, qui rappelle le nom du fon- 
dateur et la destination primitive de l’édifice. 

Dans la seconde moitié du xv° siècle, en 1458, 1461, 
1462, 1483, noble Thomas Lambert, de Chambéry, acheta 
plusieurs maisons et des jardins, situés à Annecy, en la 
rue du Grand Four (1). 

Pierre Lambert, neveu de Thomas et son héritier, 
prêtre et chanoine de Genève, notaire et abréviateur de 
lettres apostoliques, obtint du pape Léon X l'autorisation 
de fonder à Annecy un couvent pour la gloire de Dieu et 
en l'honneur de la Passion de Notre-Seigneur-Jésus-Christ 
(ad omnipotentis Dei laudem et gloriam ac amarissimae 
passions salvatoris domini nostri Jesu Christi, quam pro 
salute humani generis in ara crucis pertulit, honorem et 
memoriam). Par un acte passé à Rome le 13 janvier 1510, 
il donna aux religieux Célestins de la province de France 
la maison et les jardins qui avaient appartenu à Thomas 
Lambert (2). | 


(1) C'est à tort que le R. P. FoDéRé attribue à Pierre de Lambert l'ac- 
quisition faite par Thomas le 17 février 1462 (Narration historique et 
topographique des convens de l'Ordre S. Francois, Lyon, 1619, page 1010. 

(2) Archives de la Haute-Savoie, 1: G 366 {Copie du xvue siècle). 


3} 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 13 


Le 20 mars 1510, les syndics d’Annecy écrivirent au 
comte de Genevois pour lui exposer que l'installation des 
Célestins dans leur ville présentait de sérieux inconvé- 
nients (1); puis ils donnèrent au clavaire Jean Lambert 
l'autorisation de bâtir le couvent de ces religieux. 

Mais les habitants d'Annecy furent peu satisfaits des 
Célestins. En 1532, Philippe, duc de Nemours et comte 
de Genevois, se faisant l'interprète de leur « mesconten- 
tement et desplaisir », demandait à Pierre Lambert, 
devenu évêque de Caserte « de mettre des religieux de 
l'Observance de Sainct Françoys au lieu des Célestins en 
Yostre monastère de ma ville d'Annessy.... pour ce qu'ils 
sont gens de bien et très utiles à nostre saincte foy (2) ». 

Le duc Philippe étant mort le 15 novembre 1533, son 
frère, le duc de Savoie Charles le Bon, demanda à l’évêque 
de Caserte, par une lettre du 9 janvier 1534, de supplier 
le pape pour qu'il supprimät les Célestins d'Annecy et 
ls remplaçät par des religieux de l'ordre de saint Fran- 
çois (3). 

Le pape Clément.VIl accéda à la demande du duc de 
Savoie et de Pierre Lambert, par un bref donné à Rome 
k 27 février 1534 et adressé au ministre des Frères 
Mineurs de la province de Saint-Bonaventure. Ce bref 
laPpelle la fondation du monastère sous le vocable de la 


Sainte-Croix et les griefs des habitants d'Annecy contre 
les Célestins, qui ne prêchent pas, n'assistent ni aux pro- 


(Ssions ni aux funérailles et consomment pour leur sub- 
Sitance trop de provisions. Les Frères Mineurs de l'Ob- 
fTVance, au contraire, célèbreront les offices religieux, 
‘ltendront les confessions, prêcheront la parole de Dieu, 
sl bien que les habitants de la ville recevront de grandes 
‘onsolations spirituelles (4). | | 

Le 23 mai 1534, dans le cloitre de leur monastère, deux 
'eligieux Célestins, frères Jean Saunier et Jean Ruphy 
Plotestèrent, en présence de Jacques Benin, de l'Ordre de 


(1) Archives d'Annecy, BB 5, fol. 37 v°-38. 
(:} Documents ne 1 et Ii. 
(3) Document n° HI. 
(4) Document n° IV. 


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14 :  CLAUDE FAURE 


l'Observance, et de Pierre Ducurtil (de Cultili), procureur 
de Pierre Lambert, contre l’entrée des Frères Mineurs 
dans leur couvent (1). 

Mais le pape Clément VII, par des lettres en date du 
25 août 1534, confirma les Frères Mineurs dans la posses- 
sion du couvent des Célestins d'Annecy; il manda à l'évêque 
de Belley et aux officiaux de Genève et de Lausanne de 
les faire jouir en paix de ce monastère (2). 

Malgré ces nouvelles lettres, les Célestins de Lyon 
plaidaient encore, huit ans plus tard, en 1542, contre les 
religieux de saint François de Sainte-Croix d'Annecy par 
devant le Parlement fondé à Chambéry par François [°° (3). 

À la même époque et devant la même juridiction, les 
Cordeliers plaidaient aussi contre les chanoines du cha- 
pitre cathédral de Genève. Ceux-ci, chassés de cette ville, 
en 1535, par les protestants, s'étaient d’abord réfugiés à 
Rumilly, puis à Annecy dans l’église Saint-Maurice, au- 
dessous du château. En 1537, ils vinrent s'installer chez 
les Cordeliers. | 

L'histoire des démélés entre les chanoines et les Corde- 
liers a été écrite par deux ecclésiastiques du diocèse d’An- 
necy (4). Il ne saurait être question de reproduire ici ni 
leur récit, ni les pièces qu’ils ont publiées (5). 


(1) Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. 

(2) Document n° V. 

(3) Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366. 

(4) MercIER (J.). Le chapitre de Saint-Pierre de Genève, dans Mémoires 
et documents publiés par l'Acadèmie salésienne, t. XIV, Annecy, 1891. 
Resorp (C.). Cathédrale de Saint-François de Sales, de ses prédécesseurs 
immédiats et de ses successeurs (1535-1923). Annecy, Imprimerie com- 
merciale, 1923, in-8e. 

(5) Voici la liste de ces documents, par ordre chronologique. 

1542, 18 septembre. Provision contre les Frères Mineurs accordée aux 
chanoines de Genève par François Ier. (MERGIER, p. 375-377). 

1557, 12 mars. Convention entre le Ministre général des Frères Mineurs 
et l'évêque de Genève François Bachod au sujet de l'église des Cordeliers 
d'Annecy. (ResorD, p. 32-34 (texte), p. 30-32 (traduction) avec la date 
inexacte de 1577). 

1559, 27 janvier. Transaction entre le chapitre de Genève et les Corde- 
liers d'Annecy au sujet de l’usage de l'église conventuelle (Resorp, p. 24-30). 

1690. Lettre écrite au cardinal Altieri au sujet de l'église des Domini 
cains pour cathédrule (Mercier, p. 383-385), 


ma— 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 15 


On trouvera seulement plus loin quelques documents 
relatifs à la suppression des Cordeliers d'Annecy, dont ces 
deux auteurs n'ont pas fait usage. 

Un bref du pape Clément XIV, donné à Rome le 
24 août 1771, unit les Frères Mineurs de l’Observance de 
la cu stodie de Savoie à l'Ordre des Frères Mineurs con- 
ventuels, supprima les Cordeliers d'Annecy, et concéda 
leur couvent et leur église à l'évêque et au chapitre de 
Genève (1). 

Ce bref fut enregistré au Sénat de Savoie le 7 sep- 
tembre 1771, à la requête des RR. PP. Antoine Bechon, 
procureur du couvent de Saint-François de Chambéry, et 
Claude Vauray, supérieur du couvent de Sainte-Marie 
Égyptienne de la même ville. 

Le 11 septembre, M. de Mouroux, le ministre chargé 
des affaires ecclésiastiques à la cour de Turin, adressa à 
Mgr Biord, évêque de Genève, la partie du bref concer- 
nant plus particulièrement l'église et le couvent d’An- 
necy (2). 

Mgr Biord lui répondit le 17 septembre : « Je n’entre- 
prendrai pas de témoigner à V. E. tout ce que mon cœur 
éprouve de sentimens d'admiration et de gratitude au 
sujet des bontés infinies dont elle ne cesse de me combler ; 
les expressions les plus énergiques ne sauroient que les 
affaiblir. Il ne m'a pas été difficile de reconnaître les 


1702, 2 décembre. Accord entre le chapitre de Saint-Pierre de Genève et 
les Cordeliers d'Annecy (Rrsor», p. 34-35). 

1713. Mémoire du P. Cyvot, provincial de Saint-Bonaventure, concer- 
nant les différends entre les Cordeliers d'Annecy et le chapitre de Genève 
(Rssonn, p. 35-37). 

1772, 3 février. Traditio seu remissio conventus et ecclesiæ sancti Fran- 
cisci Anneciensis facta ill” et rmo episcopo Gebennensi et RR. DD. cano- 
nicis cCathedralis Sancti Petri (Mercier, p. 390-392, texte incomplet). 

1778, 13 mai. Bref de Clément XIV réglant l’'acquittement des fonda- 
tions pieuses laissées par les Cordeliers d'Annecy (Resorp, p. 67-70). 

(1) Document n° VI. 

(2) Ceite pièce est la première d'un dossier anciennement constitué et 
récemment réintégré des archives de l'hôpital d'Annecy aux Archives 
départementales de la Haute-Savoie, où il a pris place dans le fonds de 
l'évêché de Genève (1 G 361). Toutes les citations qui suivent sont em- 
pruntées à ce dossier, formé des lettres originales du ministre et du 
P. Salietti, auxquelles sont jointes les minutes des réponses de l’évêque. 


16 CLAUDE FAURE 


effets de ces bontés dans les dispositions favorables à mon 
siège et à ma cathédrale contenues dans le bref d'union des 
Cordeliers que V. E. a eu la bonté de me communiquer. ». 

Il demandait au Ministre de présenter une lettre au 
Roi. « Les dispositions du bref d'union des Observantins 
aux Conventuels m'annoncent de nouveaux effets des 
bontés généreuses dont V. M. daigne m’honnorer; un 
bienfait si signalé semble autoriser la liberté que je prends 
de porter moi-même jusqu'au pied du thrône un faible 
témoignage des sentimens de la plus vive et de la plus 
respectueuse reconnoissance dont mon cœur est pénétré. 
Le don de l'église et des bâtimens des Cordeliers sera à 
jamais pour les évêques et la cathédrale de Genève un 
monument précieux du zèle du plus pieux des Rois et de 
son attention à consoler une église qui ne se ressent 
encore que trop de ses pertes passées. 

Je ne saurois le dissimuler à V. M.; les bienfaits 
dont elle me comble ne me mettent pas à l'abri des traits 
de l'envie et de la malignité de bien des personnes qui 
croient trouver de justes sujets de mécontentement et 
d'indignation dans tout ce qui se fait pour le bien et le 
bon ordre de mon diocèse. Je n'en suis pas surpris; je 
n’entends pas non plus en former aucunes plaintes ; je sais 
que c'est le propre du bien d'éprouver des contradictions 
et que si je n'avais pas des croix à porter, j'aurois toujours 
plus lieu de craindre de ne pas marcher dans la voie qui 
m'a été tracée par mon divin Maitre... ». 

L'évêèque fait allusion dans cette lettre à certains pam- 
phlets dirigés contre lui et son chapitre : on rappelait à 
leur sujet une fable de La Fontaine : La lice et sa compagne. 

M. de Mouroux répondit à l’évêque le 21 septembre : 
« J'ai le plaisir, Monsieur, de vous dire que S. M. a très 
agréé les expressions de vos sentimens et les témoignages 
de votre zèle pour le bien spirituel de votre diocèse. Elle 
est si persuadée de la droiture de vos intentions qu’aïant 
entendu par ladite lettre qu'il y a des personnes assés mal 
avisées pour chercher à vous donner des inquiétudes, 
S. M. m'a chargé de vous dire que vous n'avés qu’à m'in- 
former des affaires et des personnes dont il s’agit et qu’elle 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 17 


donnera ses ordres pour les faire contenir dans leurs 
devoirs... ». | 

Mgr Biord récrivit à M. de Mouroux le 24 septembre : 
« Si j'ai indiqué en général ce que l’on faisoit ici pour me 
nuire, me décrier et me faire perdre la confiance de mon 
troupeau, ce n'a pas été mon intention d'en porter des 
plaintes n1 d'en rechercher aucune punition, mais unique- 
ment de prévenir les impressions désavantageuses qu'’au- 
roient pu faire certains libelles diffamatoires sur l’esprit 
des personnes dont il m'importe le plus, pour le bien 
même de mon diocèse, de me ménager l'estime et la 
bienveillance. J’ai bien sçu qu’on avoit répandu des libelles 
en cette ville et qu’on avoit même cherché à en faire pas- 
ser des copies dans les autres villes de Savoye et jusqu’à 
Turin; mais j'ignore quels en sont les auteurs et je n’ai 
voulu faire aucune perquisition pour les découvrir ; si je 
les connaissois, je pense que S. M. voudroit bien me dis- 
penser de les manifester, et si je savois qu’ils lui fussent 
connus d’ailleurs, je volerois à ses pieds pour la supplier 
de vouloir bien user de toute sa clémence à leur égard; 
jose même déjà lui demander la grâce de laisser tomber 
cette affaire sans ordonner aucune perquisition pour la 
découverte des coupables ». 

Malgré cette demande, une enquête fut faite à Annecy. 
L'évêque écrivit à M. de Mouroux le 15 octobre : « Je ne 
puis m'empêcher de témoigner à V. E. combien j'ai été 
surpris et consterné lorsque j'ai vu M. le Sénateur Adami 
avec son cortège venir procéder à des informations juri- 
diques au sujet de la chanson et autres libelles qui ont été 
faits contre moi. Je ne sais point quel sera le résultat de 
ces informations, peut-être n’aboutiront-elles à aucune 
découverte certaine des coupables; mais dans le cas con- 
traire, comme je ne me suis point départi des sentimens 
très sincères que j'ai eu l'honneur d'exposer à V. E. dans 
une de mes précédentes lettres, je le supplie d’avance et 
très instamment de vouloir bien emploïer ses bons offices 
auprès du Roi pour que cette affaire puisse être assoupie 
Sans éclat et sans aucune punition exemplaire des auteurs 
ou des complices, s’ils viennent à être découverts ». 


Ravus D’HisTomzs FRANCISCAINE, t. 1V, 1927. 2 


18 CLAUDE FAURE 


Cependant le R. P. Ange-François Salietti, de Monca- 
lieri, Mineur Conventuel, avait été nommé commissaire et 
visiteur apostolique de tous les couvents de Frères Mineurs 
tant Conventuels que de l'Observance existant dans le 
duché de Savoie. Il écrivit, de Chambéry, à l’évêque le 
23 septembre : 

« L'union des PP. de l'Observance de cette custodie de 
Savoie avec les religieux conventuels de S. François a 
donné occasion à Notre Saint Père le Pape de me nommer 
son commissaire dans le duché de Savoie pour y mettre la 
dernière main avec son Bref du 24 aoust année courante, 
par lequel est portée expressément la suppression du cou- 
vent de St-François d'Annecy en érigeant l’église en 
cathédrale et le couvent pour l'habitation commode et 
nécessaire de Votre Grandeur. Les visites que j'ai été 
obligé de faire aux personnes très respectables qui gou- 
vernent le pays, aux conseils et directions desquels je dois 
conduire ma commission, selon le bon plaisir du Roi 
notre maître, m'ont arrêté dans cette ville capitale, aussi 
bien que quelques provisions nécessaires aux couvents 
qui se trouvent à ses environs, et ont retenu ma course 
que j'aurois fait toute à droiture jusqu'à vos pieds pour 
vous y témoigner mon empressement de vous offrir mon 
obéissance et mon respect ». 

Après son passage à Annecy, le P. Salietti visita d’autres 
couvents, notamment ceux de Cluses et d'Évian ; il fut 
d'avis de les conserver. L'évêque écrivit à M. de Mou- 
roux : « Je lui ai témoigné que je n’avois aucun obstacle 
à y former et que je le verrois même avec plaisir, pourvu 
qu'il y ait des religieux qui aient l'esprit de leur état et 
qui édifient le public par la régularité de leur conduite. Je 
souhaite en conséquence qu'il ne se trouve pas en défaut 
de bons sujets ni de revenus suffisants pour l’entretien 
de ces deux couvents; ils peuvent n'être pas inutiles et ils 
serolent certainement utiles, s’il y avoit des religieux tels 
que Je les souhaite. » (Lettre du 29 octobre.) 

Le P. Salietti rédigea des propositions pour la rémission 
de l'église et du couvent de Saint-François d'Annecy à 
l’évêque et aux chanoines. Mgr Biord y répondit par un 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 19 


mémoire contenant ses observations. Une correspondance 
active fut engagée avec la Cour de Turin, pendant les 
mois de novembre et de décembre 1771 et pendant le mois 
de janvier 1772. Le 16 et le 17 de ce mois de janvier, 
Henry Quenot, architecte patenté de la Royale Université 
de Turin, dressa les actes d’état de l'église et du couvent 
des Cordeliers (1). 

Enfin, le 3 février, le P. Salietti prononça la suppres- 
sion du couvent de Saint-François d'Annecy et fit la 
remise à l'évêque et au chapitre de l'église et de tous les 
bâtiments conventuels. Ce même jour, les archives du 
couvent furent remises à l’évêque (2); on y conservait 
des titres de propriété remontant au dernier quart du 
xiv* siècle. Un certain nombre de ces documents sont 
aujourd'hui aux Archives départementales de la Haute- 
Savoie. | 

Une autre affaire à régler fut celle des fondations faites 
en faveur des Cordeliers à Annecy. Le nombre des messes 
fondées dans ce couvent s'élevait à 2284, tant grandes que 
basses. Mgr Biord écrivit à ce sujet à M. de Mouroux : 
« J'ai été d'autant plus surpris de les voir chargés d’un si 
grand nombre de messes que je suis persuadé qu'ils n’en 
ont pas acquitté annuellement le tiers, ni peut-être même 
le quart, ainsi que j'en ai fait presque convenir le P. gar- 
dien.... Je sais aussi très certainement qu’ils n'ont point 
fait, au moins depuis longtemps, la plupart des processions 
auxquelles ils sont obligés par quelques-unes des fonda- 
tions... [1 est assez probable que si l’on examinoit de près 
ce qui se passe dans les autres couvents pour l'acquitte- 
ment des fondations, on n'y trouverait pas plus d'exacti- 
tude que dans celui-ci, et je ne sais comment les supé- 
rieurs et visiteurs de ces couvents ne donnent pas plus 
d'attention à un objet aussi essentiel; sans doute que 
V.E. la jugera plus digne de la sienne... » (3). 

Cette affaire des fondations fut réglée par un bref du 
pape Pie VI, en date du 13 mai 1778, qui décida que 


(1) Documents n°* VII et VII. 
(2) Document n° IX. 
(3, Archives de la Haute-Savoie, : G 362. Minute sans date. 


20 CLAUDE FAURE 


l’évêque de Genève ferait célébrer annuellement 70 messes 
basses pour le repos de l'âme des bienfaiteurs de l'ancien 
couvent des Cordeliers d'Annecy et qu’on donnerait dix 
fois par an, aux mêmes intentions, la bénédiction du 
Très Saint Sacrement dans l’église cathédrale (1). 


CLAUDE FAURE. 


DOCUMENTS 


I 


Lettre de Philippe, duc de Nemours, comte de Genevois, à Pierre 
Lambert, évêque de Caserte, au sujet du remplacement des Célestins 
d'Annecy par des Cordeliers. Annecy, 23 août 1532. 


Jhesus Maria. 


Mons: de Casartes, j'ay repceu vostre lettre, vous merciant bien 
fort de ce qu'estes content à ma requeste et devotion de mettre des 
. religieux de l'Observance de sainct François au lieu des Célestins en 
vostre monastère de ma ville d'Annessy ; par quoy vous prie y vou- 
loir mettre gens scavens ; comme scavés le temps le requiert et ferés 
faire le depeche devers nostre sainct Pere comme m'’avés escript; 
pour ce que quant plus tost si fera le service de Dieu, sera le mieulx 
et désire avoir lesdicts religieux en singulière recommendation, tant 
pour ce qu'il sont gens de bien et très utiles à nostre saincte foy, 
que aussi pour l’amour de vous. Et quand en chose auray pouvoir 
vous fere plaisir, le feray de très bon vouloir, priant le Créateur vous 
donner bonne vie et longue. D’Annessy, ce xx11j d'aoust [1532]. 

Vostre bon amy 
le duc de Nemouf{k)x (2). 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366. Copie contemporaine 
papier. 


II 
Leitre du même au même, sur le meme sujet. Rossillion, 13 no- 
vembre 1532. 


Révérend, très cher et bon amy. Pour ce que l'ordre des Célestins 


(1) ResorD, Cathédrale...….., p. 66-70. 
(2) Philippe de Savoie, duc de Nemours et de Genevois, mort à Marseille 


le 15 novembre 1533. 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 21 


que ci-devant avés commancé en nostre ville d’Annessy ne nous a 
esté aggréable, obstant le mescontement et desplaisir que nous sub- 
jectz et manantz audict lieu en avoyent, tant pour la cherté qu'ilz 
Convertoyent journellement à aulcuns vyvres, comme pour le peu du 
Service qu'on pourroit avoir d'eulx, nous avons bien voulse vous en 
escripvre ceste et prier très affectueusement vouloir obtempérer et 
condescendre à nostre plaisir et vouloir et à ce effect de nouveau 
doter et fonder aultre ordre et couvent que desdicts Célestins, où il 
Y ait religieux de bonne et dévote profession, souffisantz à preschier 
publiquement toutes les foys que besoing et requis sera, qui assistent 
aux obsèques et processions que ci après conviendra fère, qui mangent 
Chair et poissons selon les jours, à ce que par eulx ne soit rien innové, 
ET au remenant vouloir bien vous accertainer que nous ferés plaisir 
Plus grant que ne pourriés penser de donner tel ordre en ce faisant 
que Une bonne leçon se puisse faire chascun jour publique en philo- 
Sophie ou théologie pour l’entretenement et accroissement de nostre 
SainCte foy catholique, au vitupère et renversement de Luther et sa 
SCandaleuse secte. Et quoy faisant nous aurons tousjours de mieulx 


€N Mieulx vous et les affères de vostredict couvent en meilleure et 


Plus entière recommendation. Le scet Nostre Seigneur qui vous 
donne. révérend, très cher et bon amy, ce que plus desirez. 
De Rossillion le x11j de novembre [1532]. 


ab 


Le bien vostre amy 


Le duc de Nemoux, 
| PHILIPPE. 


Belli. 


À Révérend nostre très cher et bon amy messire Pierre Lambert, 


breviateur apostolique. 
Au dos : Coppies de lettres de Philip, duc de Nemors, à mess. de 


Casartes por faire oster les Celestins. 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366. Copie contemporaine papier. 


II 


Letese du duc de Savoie, Charles, à l'évéque de Caserte. au sujet du 


T©mnplacement des Célestins d'Annecy par des Cordeliers." Turin, 
9 janvier 1534. | 


Révérend père en Dieu, très cher, bien amé et féal conseiller, nous 
Wons entendu que feu mon frère le comte de Genevoys, en son 
VWant, vous avoit prié et insté de vouloir fère mectre au monastère 
A'avés faict édiffier [à] Annessy, au lieu des Célestins, d’aultres reli- 


22 CLAUDE FAURE 


gieulx de l’ordre de l’Observance Sainct Françoys, ce que luy avyés 
accordé ainsi que bien avons sceu. Et puisque la chose n’est sortie 
à effect vivant mondict frère, saichant la singulière dévotion et affec- 
tion qu'il avoit en ce affère, désirant que la chose s’accomplisse 
jouxte son intention et vostre promesse, à ceste cause nous vous 
prions tresacertes vouloir supplier nostre sainct Père encoures de 
nostre part qu'il plaise à sa Saincteté supprimer l’ordre desdicts 
Célestins et admectre celluy de l’Observance en vostredict monas- 
tère, que sera grant consolation, non seullement à ceulx dudict 
Annessy, mais de tous les lieux circunvoisins, d’aultant que lesdicts 
de l'Observance sont bons et dévotz religieulx et preschent la parole 
divine, qui est chose très convenable pour nostre saincte foy, mes- 
mement en ce quartier là. Et ce faisant vous ferés chose à Dieu 
aggréable, utile à la religion catholique et à nous singulier plaisir. 
En vous disant adieu, révérend père en Dieu, très cher, bien amé et 
féal conseiller, qui vous ait en sa garde. A Thurin, le 1x° janvver 
XVe XXXII 
Le duc de Savoye, 
CHARLES. 


Au dos : À Révérend père en Dieu, nostre très cher bien amé et 
féal conseiller l’evesque de Casaite. 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, papier. 


IV 


Bref de Clément VII 'au ministre provincial des Cordeliers de la 
province de Saint-Bonaventure, lui permettant d'introduire des reli- 
gieux de sa province à la place des Célestins d'Annecy. Rome, 
27 février 1534. 


CLEMENS PAPA VII. Dilecte fili, salutem et apostolicam bene- 
dictionem. Benivolum iliis favorem libenter impendimus in quorum 
desideriis habetur ut sacra religio multiplicatis illius cultoribus 
propagetur. Cum itaque, sicut dilectus filius nobilis vir Carolus dux 
Sabaudiae nobis nuper exponi fecit, licet alias felicis recordationis 
Leo papa X praedecessor noster, motu proprio et ex certa ejus scien- 
tia, dilecto filio Petro Lamberto, electo Casertanensi, etiam tunc 
litterarum apostolicarum majoris praesidentiae abbreviatori, in 
oppido Annessiaci, Gebennensis diocesis, et loco tunc expresso unum 
monasterium cum ecclesia, campanili, campanis, dormitorio, refe- 
ctor1o, ortis, ortaliciis et aliis officinis necessariis construi et aedi- 
ficari faciendi ac inibi fratres ordinis Caelestinorum ex provincia 
 Franciae, secundum morem ipsius Ordinis, introducendi ipsisque 
fratribus locum ipsum recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis 
licentia super hoc minime requisita, plenam et liberam auctoritatem 


_— 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 23 


etfacultatem per suas litteras concesserit; et postquam monasterium 
ipsum constructum foret, illud in monasterium dicti ordinis, sub 
invocatione sanctae Crucis, pro uno priore et ad numerum qui juxta 
ipsius monasterii facultates in eo commode sustentari pro tempore 
possent fratribus ejusdem ordinis qui inibi sub regulari observantia, 
cura, superioritate et directione prioris provincialis dictae provinciae 
pro tempore existentis Altissimo famularentur erexerit et instituerit; 
necnonilli sic erecto, pro ejus dote, omnia et singula bona per ipsum 
Petrum ad id pro tempore concedenda et assignanda ex tunc prout, 
ex eadieete contra cum concessa et assignata forent, perpetuo 
applicaverit et appropriaverit, prout in. eisdem litteris plenius conti- 
netur, necnon concessionis hujusmodi vigore monasterium ipsum et 
pro certa parte illius ecclesia post modum constructa et, post conces- 
sionem litterarum hujusmodi, fratres dicti ordinis inibi introducti 
fuerint et per certum tempus permanserint, cum tamen a certis annis 
atra, fratres ejusdem ordinis inibi degentes non fuerint nec de prae- 
senti existant, nullaque bona temporalia adhuc per ipsum Petrum 
assignata extiterint et fratres ordinis hujusmodi verbum Dei non 
praedicent, nec ad salubria monita ad salutem arimarum danda 
intenti existant, neque ad processiones et exequias mortuorum acce- 
dant, ipsique fratres, pro quorum paucis sustentandis multi proven- 
tus sunt necessarii, plura bona acquirere studeant ac propterea beni- 
volentiam populi sibi minus yendicent et dilecti filii oppidani 
ejusdem oppidi potius viderent in eodem monasterio fratres Ordinis 
Minorum regularis Observantiae introduci quam fratres Ordinis 
Caelesünorum hujusmodi habitare; si fratres Ordinis Minorum regu- 
laris Observantiae hujusmodi in ipso monasterio introducerentur, 
profecto religio inibi per amplius propagaretur et in majori numero 
religiosi qui circa divinorum celebrationem et confessionum auditio- 
nem ac verbi Dei praedicationem solliciti et diligentes existerent 
Altissimo famulatum exhiberent ac etiam eorum vita et doctrina 
incolae dicti oppidi et alii fideles non parvam spiritualem consola- 
tionem susciperent et animarum salus proveniret; Nos qui religio- 
nem hujusmodi vigere et amplificari ac salutem animarum propagari 
sinceris exoptamus affectibus, dictarum litterarum tenores ac si de 
verbo ad verbum inserti forent praesentibus pro expressis habentes, 

ejusdem Caroli ducis, qui etiam dicti oppidi supremus in temporali- 

bus dominus existit, in hac parte supplicationibus inclinati, cum 

psius Petri electi ad hoc expressus accedat assensus, discretioni 

Tue in ipso monasterio fratres eorundem Ordinis Minorum et regu- 

laris Observantiae introducendi seu introduci faciendi ac fratribus 

Ordinis Minorum et Observantiae hujusmodi monasterium ipsum 

Pro éorum domo et usu recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis 

licentia super hoc minime requisita, plenam et liberam, auctoritate 

2postolica, tenore praesentium, facultatem concedimus, ac eidem 

MOnasterio necnon gardiano et fratribus Ordinis Minorum et Obser- 

“anuse praedictorum, in eo pro tempore degentibus ut omnibus et 


24 CLAUDE FAURE 


singulis privilegiis, immunitatibus, gratiis, exemptionibus, indulgen- 
tiis, concessionibus et indultis aliis domibus ordinis Minorum et 
Observantiae praedictorum ac illorum gardianis et fratribus per 
sedem apostolicam concessis et concedendis, ac quibus illae etilli 
de jure vel consuetudine utuntur, potiuntur et gaudent, ac uti, potiri 
et gaudere poterunt quomodolibet in futurum, uti, potiri et gaudere 
libere et licite valeant, auctoritate et tenore praedictis perpetuo con. 
cedimus et pariter indulgemus. Mandantes dilectis filiis Decano 
ecclesiae Beatae Mariae Letae ejusdem oppidi, ac Gebennensi et 
Lausanensi officialibus, quatinus ipsi vel duo aut unus eorum per 
se, vel alium, seu alios, tibi et per te, introducendis fratribus in 
praemissis efficacis defensionis praesidio assistentes, faciant aucto- 
ritate nostra vos concessione et indulto praedictis pacifice gaudere. 
Non permittentes vos desuper per quoscunque quomodolibet mole- 
Stari, perturbari vel inquietari contradictores, per censuram ecclesia- 
sticam, appellatione postposita, compescendo, non obstantibus prae- 
missis ac quibusvis constitutionibus et ordinationibus apostolicis, 
necnon dicti Ordinis Caelestinorum juramento, confirmatione apo- 
stolica vel quavis firmitate alia roboratis et consuetudinibus, necnon 
quibusvis privilegiis, indultis et litteris apostolicis, sub quibuscumque 
tenoribus et formis ac cum quibusvis clausulis et decretis in contra- 
rium forsan concessis. Quibus omnibus, tenores illorum ac si de 
verbo ad verbum inserti forent praesentibus pro sufficienter expressis 
habentes, illis alias in suo robore permansuris hac vice duntaxat 
specialiter et expresse derogamus, contrariis quibuscumque aut si 
aliquibus communiter vel divisim a dicta sit sede indultum, quod 
interdici suspendi vel excommunicari non possint per litteras apo- 
stolicas non facienter plenam et expressam ac de verbo ad verbum de 
indulto hujusmodi mentionem. Datum Romae, sub annulo pisca- 
toris, die XXVIIa februarii M. D. XXXIV, pontificatus nostri anno 
undecimo. 


Balar Depiscia. 
Sur le repli : Cae. Accurrius. 
Au dos : Dilecto filio ministro (1) fratrum Minorum regularis 


Observantiae provinciae sancti Bonaventurae secundum morem 
ejusdem ordinis. 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, parchemin. 


\ 


(1) Philippe Truchetan, du couvent de Sainte-Marie de Chambéry. 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 25 


V. 


Bref de Clément VII au gardien et aux Frères Mineurs d'Annecy, 
leur permettant d'occuper le monastère des Célestins de cette 
ville et mandant à l'évéque de Belley, et aux officiaux de Genève 
et de Lausanne, de leur prêter main forte contre les opposants. 
Rome, 25 août 1534. 


CLEMENS PAPA VIl:. Dilecti filii, salutem et apostolicam bene- 
dictionem. Dudum postquam felicis recordationis Leo papa X* pr{ale- 
decessor noster dilecto filio Petro Lamberto, electo Casertanensi, 
referendario nostro, etiam tunc litteratum apostolicarum majoris 
praesidentiae abbreviatori, in oppido Annesiaci Gebennensis 
diocesis, et loco tunc expresso unum monasterium cum ecclesia et 
oflicinis necessariis construi faciendi per suas litteras licentiam 
concesserat et cum monasterium ipsum constructum foret, illud in 
monasterium Ordinis Celestinorum, sub invocatione Sanctae Crucis, 
pro uno priore et fratribus ipsius ordinis inibi Altissimo famulaturis 
erexerat et instituerat illique sic erecto, pro ejus dbte, bhona per 
ipsum Petrum electum ad id assignanda perpetuo applicaverat et 
appropriaverat ac postmodum monasterium ipsum et pro certa 
parte illius ecclesia constructa et post concessionem hujusmodi 
fratres dicti ordinis inibi introducti fuerant et per certum tempus per- 
manserant, cum a cerüs annis fratres ejusdem ordinis inibi degentes 
non fuissent nec tunc existerent, nullaque bona temporalia adhuc per 
dictum Petrum :1lli assignata extitissent, Nos, ex certis causis tunc 
expressis, dilecto filio Ministro Ordinis Minorum regularis Observan- 
tiae [novinciae] sancti Bonaventurae, de consensu dicti Petri electi, 
in ipso monasterio fratres eorumdem ordinis Minorum et regularis 
Observanti[aje introducendi ac fratribus ordinis Minorum et Obser- 
vantif[aje hujusmodi monasterium ipsum pro eorum domo et usu 
recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis licentia super hoc 
minime requisita, plenam et liberarm per nostras in forma brevis lit- 
teras facultatem concessimus, prout in eisdem litteris plenius con- 
tinetur. Cum autem, sicut dictus Petrus electus nobis nuper exponi 
fecit, vos concessionis nostrae hujusmodi vigore in dicto monasterio 
introducti fueritis, et ex vestra exemplari ac religiosa vita necnon 
circa divinorum celebrationem sollicitudine et diligentia orthodoxae 
fidei cultores non modicam spiritualem consolationem suscipiant, 
Nos attendentes uberes fructus quos sacer ordo vester in agro mili- 
tantis ecclesiae in propagatione religionis ac ipsius orthodoxe fidei 
hactenus produxit, et in futurum producturum firma spesperamus, ac 
dignum censentes ut, circa ea que status vestri sollidationem et 
quietem concernunt, nos favorabiles exhibeamus ac singularum lit- 
terarum predictarum veriores tenores pro expressis habentes, ejus- 
dem Petri in hac parte supplicationibus inclinati introductionem ves- 
tram hujusmodi ac inde secuta qu{alecunque ex certa nostra scientia 


26 CLAUDE FAURE 


auctoritate apostolica tenore pr{ajesentium approbamus et confir- 
mamus, ac valida et efficacia existere et firmiter observari debere, 
ipsumque monasterium per vos et alios fratres Ordinis Minorum 
regularis Observanti{ale predictos, perpetuis futuris temporibus, habi- 
tari et possideri debere, nec desuper per quoscumque quomodolibet 
molestari vel impediri posse et sic per quoscumque judices, quavis 
auctoritate fungentes, sublata eis et eorum cuilibet quavis aliter 
judicandi et interpretandi facultate et auctoritate, judicari et diffiniri 
debere, necnon quicquid secus attemptari contigerit irritum et inane 
decernimus, supplentes omnes et singulos juris et facti ac solem- 
nitatum defectus si qui forsan intervenerint in eisdem, mandantes 
venerabili fratri episcopo Bellicensi, necnon dilectis filiis Gebennensi 
et Lausanensi officialibus quatenus ipsi vel duo aut unus eorum per se 
vel alium seu alios vobis in pr{alemissis efficacis defensionis pr{ajesidio 
assistentes, faciant auctoritate nostra vos possessione monasterii seu 
domus hujusmodi pacifice gaudere, non permittentes vos desuper 
per quoscunque quomodolibet molestari seu impediri, contradictores 
quoslibet et rebelles per censuras et penas ecclesiasticas, appel- 
latione postposita, compescendo, ac censuras et penas ipsas iteratis 
vicibus aggravando, invocato etiam si opus fuerit auxilio brachii 
s[ajecularis, non obstantibus pr[a]emissis ac felicis recordationis Boni- 
facii pape VIII praedecessoris nostri de una et concilii generalis, de 
duabus dietis dummodo ultra tres dietas aliquis auctoritate pr{a]esen- 
tium non trahatur et aliis apostolicis constitutionibus, necnon 
omnibus illis que in dictis litteris voluimus non obstare contrariis 
quibuscunque, aut si aliquibus communiter vel divisim ab apostolica 
sit sede indultum quam interdici suspendi vel excommunicari non 
possint per litteras apostolicas non facientes plenam et expressam ac 
de verbo ad verbum de indulto hujusmodi mentionem. Datum 
Romae, apud Sanctum Petrum, sub annulo piscatoris, die XXV 


augusti MDXXXIIII, pontificatus nostri anno undecimo. 
L. de Torres. 


Sur le repli : Jo. Mileti. 
Au dos : Dilectis filiis guardiano et fratribus domus sanctae Crucis 
oppidi Annessiaci ordinis Minorum regularis Observantiae. 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, parchemin. 


VI 


Bref de Clément XIV unissant les Frères Mineurs de l'Observance de 
la custodie de Savoie à l'Ordre des Frères Mineurs Conventuels, 
supprimant les Cordeliers d'Annecy et concédant la proprieté et 
l'usage de leur couvent et de leur église à l'évèque et au chapitre de 
Genève. Rome, 24 août 1771. 


Clemens Papa decimus quartys. Ad futuram rei memorigm. Felici 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 27 


sc tranquillo statui illorum qui divinis obsequiis sub regulari insti- 
toto sunt mancipati, pro commissi nobis coelitus pastoralis officii 
munére, patrona Caritate consulere cupientes, ea omnia favorabiliter 
concedimus, quae ipsorum quieti ac tranquillitati fore conspicimus 
opportuna. Nuper siquidem exponi nobis fecerunt dilecti filii fratres 
Ordinis Minorum Sancti Francisci, de Observantia nuncupati, 
custodiae Sancti Mauritii in ducatu Sabaudiae, quod cum ipsi aeque 
& fratres Ordinis Minorum Sancti Francisci Conventualium nuncu- 
pati, bona stabilia in communi ibi possideant, hinc ab aliis fratribus 
Ordinis Minorum ejusdem Sancti Francisci de Observantia, qui 
bona hujusmodi minime possident, separari ac iisdem fratribus 
Minorum Conventualium uniri plurimum exoptabant. Quocirca, 
annuente etiam charissimo in Christo filio nostro Carolo Emmanuele, 
Sardiniae rege illustri et Sabaudiae duce, praefati exponentes ad 
iconsensum petierant, et obtinuerant, tam adilecto filio Paschale a 
Varisio, ministro generali praefati Ordinis Minorum Sancti Francisci 
de Observantia, quam a dilecto itidem filio Aloysio Maria Mazzoni, 
ejusdem Ordinis Minorum Conventualium ministro generali, qui 
anbo propter uniformitatem inter utriusque Ordinis professores, illic 
igentem separationem hujusmodi, ac respective exoptatam unionem 
in Omnium utilitatem ac pacem cessuram esse unanimi consensione 
censuerunt. 

Cum autem, sicut eadem expositio subjungebat, ut separatio ac 
respectiva unio hujusmodi suum consequantur  effectum, dicti 
txponentes dispensationem et absolutionem ab omnibus one- 
nbus præefato Ordini Minorum Sancti Francisci de Observantia 
annexis ex professione regulari per eos emissa, aut etiam Jjuramento 
inductis, exceptis tribus votis solemnibus, per nos sibi concedi, 
tosque ab obedientia suorum respective Superiorum dicti Ordinis 
Minorum de Observantia eximi ac liberari ; et regulae, constitutio- 
abus ac legibus praefati Ordinis Minorum Sancti Francisci Conven- 
tualium, eorumque generali ac provinciali respective ministro sub- 
lci, eorumque privilegiis uti posse plurimum desiderent; Nobis 
Propterea humiliter supplicari fecerunt, ut sibi in praemissis 
‘Pportune providere, et ut infra indulgere de benignitate apostolica 
dignaremur. 

Nos igitur ipsos exponentes specialibus favoribus et gratiis 
Prosequi volentes, eorumque singulares personas a quibusvis 
*Kommunicationis, suspensionis, et interdicti, aliisque ecclesiasticis 
#nentiis, censuris et poenis a jure vel ab homine, quavis occasione 
vel causa latis, si quibus quomodolibet innodatae existunt, ad 
flectum praesentium duntaxat consequendum, harum serie absol- 
Tentes, et absolutos fore censentes, hujusmodi supplicationibus 
inclinati, cum iisdem fratribus Ordinis Minorum Sancti F rancisci de 
Observantia nuncupati dictae custodiae Sancti Mauritii in Sabaudia 
super voto perpetuae obedientiae pro tempore existenti ministro 
Benerali Ordinis Minorum Sancti Francisci de Observantig prae- 


28 CLAUDE FAURE 


”standae per eos emisso, autoritate apostotica tenore praesentium dis- 
pensamus, eosque ab omnibus oneribus eidem ‘Ordini Minorum de 
Observantia annexis, et ex regulari professione per ipsos emissa, aut 
etiam juramento inductis (exceptis tribus votis solemnibus) autoritate 
et tenore praefatis absolvimus, atque ab omni superioritate, corre- 
ctione, visitatione, autoritate et jurisdictione ministri generalis ejus- 
dem Ordinis Minorum de Observantia eximimus et liheramus; ipsos- 
que, sic ut praefertur, ab omnibus praemissis absolutos, exemptos 
et liberatos regulae constitutionibus et legibus praefati Ordinis 
Minorum Conventualium, ejusque pro tempore tam generali quam 
provinciali respective ministro perpetuo subjicimus ac subjectos fore 
. et esse volumus et declaramus; ac eisdem habitu, nuncupatione, 
privilegiis, praerogativis, gratiis et indultis quibus fratres conven- 
tuales praefati quomodolibet utuntur, fruuntur et gaudent, ac uti, 
frui et gaudere possunt ac poteruntin futurum pari modo et absque 
ulla prorsus differentia uti, frui et gaudere libere ac licite possent et 
valeant pari autoritate et tenore decernimus atque statuimus. 

Ut autem recte ac facilius separatio ac unio hujusmodi suum 
reipsa consequantur effectum, et de doctrina, prudentia, pietate, 
charitate et religionis zelo dilecti filii Angeli Francisci Salietti de 
Monte Calerio, fratris expresse professi ac in sacra theologia magistri 
et definitoris perpetui ejusdem Ordinis Minorum Conventualium, 
plurimum in Domino confisi, ipsum Angelum Franciscum in com- 
missarium et visitatorem apostolicum omnium conventuum Ordinis 
Minorum, tam Conventualium quam de Observantia, in ducatu 
Sabaudiae existentium, cum facultatibus necessariis et opportunis, 
autoritate et tenore praefatis eligimus et constituimus et deputamus, 
ad hoc praesertim, ut conventus eorumdem Fratrum Minorum de 
Observantia in ducatu Sabaudiae hujusmodi existentes, nempe 
Sanctae Mariae Ægvptiacae Camberii, Sancti Francisci Annecii, 
Sancti Francisci Aquiani, vulgo Evian nuncupati, Sancti Michaelis 
apud Forum Claudii, vulgo pariter Moutier nuncupati, Sanctae 
Mariae Meani et Sancti Francisci apud Scallas, vulgo Échelles, aucto- 
ritate nostra apostolica visitare, eorumque status, capitalia, jura et 
bona inquirere possit ac valeat. Quoniam vero praefati Conventus 
paupertate et egestate, sicut accepimus, premuntur, hinc eidem 
Angelo Francisco commissario ac visitatori a nobis, ut praefertur, 
constituto, facultatem super omnes conventus tam Minorum Con- 
ventualium quam Minorum de Observantia ducatus Sabaudiae 
praefati, et nempe ad quemlibet minorem numerum, prout opus erit, 
redigendi,necnon cum consensu tamen ejusdem Caroli Em[mlJanuelis 
regis, eorum bona vendendi, alienandi, transferendi, commutandi, 
ac ea omnia investiendi quae transferri, vendi, seu commutari, aut 
investiri rationabiliter debent, simulque singula distribuendi atque 
applicandi superstitibus conventibus, juxta datam sibi a Domino 
prudentiam, et prout magis expedire judicabit, pari auctoritate 
tenore praesentium concedinus et impertimus. 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 29 


Praeterea cum, sicut etiam accepimus, commoditas incolatus 
venerabili fratri episcopo Gebennensi deficiat et adhuc desideretur 
ecclesia, in qua tum ipse, tum etiam dilecti filii capitulum et cano- 
pici sacras functiones peragere divinaque officia eo quo parest decore 
celebrare possint ac valeant, hinc est quod nos tam gravi ipsorum 
necessitati paterna caritate consulere volentes, conventum et eccle- 
siam Sancti Francisci Annecii, motu proprio, eisdemque aufc]toritate 
et teñore perpetuo supprimimus, ac quamcumque regularitatis 
qualitatem ab eis tollimus et amovemus, eumdemque conventum 
cum suis omnibus annexis et connexis, domibus, si quae sint, et ab 
co dependentibus pro commoda ac necessaria habitftJatione pro 
tempore existentis episcopi Gebenensis concedimus et assignamus, 
ecclesiamque praefatam cum omnibus sacris illius suppellectilibus 
episcopo et capitulo, tam quoad proprietatem quam quoad usum, 
pro peragendis ibidem sacris functionibus, aufcjtoritate et tenore 
praelatis perpetuo tribuimus et applicamus ; ita tamen ut bona tam 
mobilia quam stabilia praefati etiam conventus Annecii ad Fratres 
Conventuales praefatos, tam quoad possessionem quam quoad dispo- 
sitionem, spectent atque pertineant. 

Volumus autem quod monasteria dilectarum in Christo filiarum 
monialium in eodem ducatu Sabaudiae existentium, quarum spiri- 
tuaiis directio modo penes eosdem Fratres Ordinis Minorum Sancti 
Francisci de Observantia residet, in posterum, conservato omnino 
ilorum instituto, apud Fratres ipsos in Conventuales redactos, ubi 
eorum conventus etiam in posterum subsistent ac reperiantur, 
Semper permaneat. Quod si conventus illorum locorum, in quibus 
Munasteria monialium hujusmodi existunt, auferantur (ut praefertur) 
vel supprimantur, tunc omnimodam spiritualem quoque eorum 
directionem ad episcopos seu locorum ordinarios pertinere debere 
statuimus atque mandamus, decernentes easdem praesentes litteras 
semper lirmas, validas et efficaces existere ac fore, suosque plenarios 
étintegros effectus sortiri et obtinere, ac illis, ad quos spectat, et 
Pro tempore quandocumque spectabit, in omnibus et per omnia 
plenissime suffragari, et ab eis respective inviolabiliter observari, 
sicque in praemissis omanibus et singulis per quoscumque judices 
ordinarios et delegatos, etiam causarum palatii apostolici auditores 
sanctae Komanae ecclesiae cardinales etiam de latere legatos et 
ipostolicae sedis nuntios, sublata eis et eorum cuilibet quavis aliter 
judicandi et interpretandi facultate et aufcJtoritate judicari et definiri 
debere, ac irritum et inane si secus super his a quoquam quavis 
au{ctoritate scienter vel ignoranter contigerit attentari, Non obstan- 
bus praemissis ac constitutionibus et ordinationibus apostolicis, 
necnon ordinum, conventuum et monasteriorum hujusmodi, etiam 
juramento, confirmatione apostolica, vel quavis firmitate alia 
roboratis, statutis et consuetudinibus, privilegiis quoque, indultis et 
ltteris apostolicis superioribus et personis sub quibuscumque teno- 


30 CLAUDE FAURE 


ribus et formis, ac cum quibusvis etiam derogatariarum derogatoriis, 
aliisque efficacioribus efficacissimis ac insolitis clausulis, irritanti- 
busque et aliis decretis in genere vel in specie, ac alias in contra- 
rium quomodolibet concessis, approbatis et innovatis. Quibus 
omnibus et singulis etiamsi de illis eorumque totis tenoribus spe- 
cialis, specifica, expressa et individua ac de verbo ad verbum, non 
autem per clausulas generales idem importantes mentio, seu quaevis 
alia expressio habenda, aut aliqua alia exquisita forma ad hoc ser- 
vanda foret, illorum omnium et singulorum tenores praesentibus 
pro plene et sufficienter expressis ac de verbo ad verbum insertis 
habentes, illis alias in suo robore permansuris ad praemissorum 
effectum, hac vice duntaxat, specialiter et expresse derogamus, 
caeterisque contrariis quibuscumque. Datum Romae, apud Sanctam 
Mariam Majorem, sub annulo piscatoris, die vigesims quarta august 
anni millesimi septingentesimi septuagesimi primi, pontificatus 
nostri anno tertio. — Signatum in originali : cardinalis Nigronus. 
Sigillatum a tergo sigillo piscatoris. 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361 (copie, papier). 


Ce bref a été publié partiellement par le P. ANGLADE dans l’Archiy. 
francisc. histor., t. VII, Quaracchi, 1914, p. 422-423, d’après les . 
Mém. de l'Académie des sciences ... de Savoie, IVe série, t. V 
(1895), p. 556-558. 


VII 


Acte d'état de l'église des Rds Cordeliers 
de la ville d'Annecy, 16 janvier 1772. 


Je soussigné Henri Quenot, architecte pattenté de la royale Uni- 
versité de Turin, certifie qu’ayant été requis par Monseigneur 
l'Ile et Redm* évêque et prince de Genève, et par les députés du 
vénérable chapitre de la cathédrale de Saint-Pierre de Genève, pour 
visitter et faire mon rapport sur l’état actuel où se trouvent l’église, 
la sacristie, le clocher et accessoires dépendant du couvent des 
RR. PP. Cordeliers de Saint-François de la ville d'Annecy, j'ai 
procédé à ladite visitte avec toute l’exactitude possible, en l’assis- 
tance de Rd Sieur Viviant, chanoine et grand vicaire, comme député 
par Sa Grandeur et des Rds Sr: Derippes, Perraud, de Bellair et 
Sinton, députés de la cathédrale, et du Ra P. Muraz, tant ensa 
qualité de gardien, que comme député du Rd Père Salliety, commis- 
saire apostolique, et ai trouvé les choses dans l’état cy-après spécifié. 

1° J'ai remarqué que la terrasse du perron n’a jamais été finie, n’ÿ 
ayant point de parapet, et que plusieurs pierres se sont dérangées, et 


hors de leur lict par la poussée du terrein, et les deux rampes col- 
latérales sont en très mauvais état. 


us ru 


ee CO = =, = 


en 


ces 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 31 


2° La façade du frontispice construitte en taille de roch de même 
que le fronton quien résulte, qu’il n’a pas été achevé, et hors de son 
aplomb par la poussée des voutes d'environ deux pouces, et la plus 
grande partie des joints de ladite façade se trouvent dégarnis par 
défaut de Manutention, s’y étant introduit plusieurs mauvaises 
herbes dans les susdits joints, ce qui pourroit par la suite causer la 
ruine de la susdite façade, comme encore plusieurs écornures qui 
S'y trouvent tant aux bazes, pilastres, chapiteaux, corniches et 
entablement. 

3° Les trois portes d'entrée de l’église en bois noyer doublées en 
Sapin, sont dans un état à durer encore quelque temps, en y appli- 
AMantune bonne couleur à huile dégraissée. 

4 Tout le contenu du souspied de ladite église est entièrement 
use et doit être refait à neuf. 

5 La chaire est en bois de noyer neuve, de même que la rampe du 
degré, le tout en bon état. 

6 Deux confessionaux en bois sapin de médiocre valeur, sans 
Y Comprendre ceux de la cathédrale. 

7° Un banc en bois noyer en forme de prie-Dieu de médiocre 
valeur, 

8e Les Stalles, soit formes et basses formes, sont en bois de noyer 

€ Chaque côté du chœur qui n’ont jamais été finies, sont fort usées 
a endommagées, surtout dans la partie supérieure, de même que le 
SOUSPled qui en résulte. 

S Le maître autel est en bois de noyer sans couleur ni dorure, 
d'un goût antique ; le retable composé de quatre colonnes torses 
SEC Son entablement surmonté d’un crucifix, est dans un état de 

térioration qui n’est pas susceptible de réparation, de même que le 
Marchepied qui en résulte, comme encore le tabernacle qui est en 
(Ture antique, usé et détérioré. 

10 Il y à douze chapelles, dont celle de Saint-François, de Notre- 
ime de Délivrance, de Saint-Antoine de Padoue, de Notre-Dame 
des Carmes, ont les retables cn partie dorés et en assez bon état; 
celle de vuint-Joseph, des Saints Come et Damien, de Notre-Dame 
de Pitié et des Quatre Couronnés dont les retables sont fort simples 
.N partie dorés, sauf le dernier qui est en couleur, sont de 
“édiocre valeur; celles de Saint-Barthélemy, de Notre-Dame de 
nnss Nouvelles, de Saint-Charles et de Saint-Honoré sont pour le 

En très mauvais état, de même que tous les marchepieds et 
Ant d'autels: les balustrades qui en résultent sont de même 
lès mauvais état et demandent à être réparées, sauf le grillage 
$r de Notre-Dame de Délivrance et l'appui de communion 
At la chapelle de Saint-François, aussi en fer, et les nappes de 
Autels sont de peu de valeur; tous les tableaux des susdites 

Pelles sont de très peu de valeur, aussi bien que celui du maître 
9 el, ont la plupart sont d’une peinture grossière et antique et 
Vont par écailles. Outre lesdites chapelles, il y a dans la salle 


dev 
en 


32 CLAUDE FAURE 


du chapitre un autel avec un crucifix en tableau attaché à la 
muraille, le cadre de l’autel est en bois sapin d'assez bonne valeur, 
mais très simple. 

119 La tribune au bas de l’église en bois sapin est de peu de 
valeur, de même que le buffet des orgues, qui est en bois de noyer 
posé sur ladite tribune, aussi de peu de valeur. 

12° Toute la vitre à plomb de ladite église demande à être réparée, 
de même que celle de la sacristie ; les guichets en bois des susdites 
fenêtres demandent une prompte réparation, se trouvant de nulle 
valeur. 

130 Dans la sacristie, il y a un prie-Dieu, un siège à places et un 
garderobbe entre les deux fenêtres, d’assez bonne valeur; il y a de 
plus des buffets à hauteur d'appui, garnis de tiroirs de médiocre 
valeur. 

14° [1 y a dans le mur derrière le chœur trois grandes lézardes qui 
sont occasionnées par les poussées des voûtes, et les augives sur- 
plombent d'environ trois pouces, outre ce il y a plusieurs autres 
lézardes notamment prez de la façade. . 

15° La charpente du comble de l’église au-dessus de la grande nef 
peut subsister en y changeant plusieurs pièces, et demande prompte 
réparation, eu égard aux gouttières, qui endommagent la voûte de 
l'église. 

16° Toute la charpente au-dessus des nefs latérales est fort 
caduque et demande prompte réparation, eu égard au nombre des 
gouttières, comme est dit dessus, toute la susdite charpente à refaire 
à neuf, la plus grande partie des bois étant pourris et vermoulus. 

179 Il y a deux grandes lezardes ét plusieurs petites à la voûte de 
la grande nef, outre que l’on n'a pas pu s'assurer du dégât causé par 
les gouttières ; les voûtes des deux nefs latérales ne sont pas beau- 
coup endommagées, sauf trois arcs d’appui au-dessus des susdites 
nefs, qui demandent prompte réparation, eu égard que s'ils venoient 
a tomber, 1ls romproient la voûte. 

18° L’église a de longueur 129 pieds 10 pouces, composée de trois 
nefs ; la largeur du vuide de toute l’église emporte 57 pieds 8 pouces; 
la hauteur de la grande nef 5o pieds, la hauteur des petites nefs 
28 pieds, le tout pied de chambre {1}; tous les murs de la susdite 
église demandent à être regarnis et recrépis en dehors, et platris et 
blanchis en dedans, de même que toutes les voûtes où il y a beau- 
coup de lézardes cachées qui demandent à être réparées. 

19° La tour du clocher qui n’a jamais été finie a besoin d’être 
remaillée et recrépie en plusieurs endroits, les planchers de la sus- 
dite tour sont de nulle valeur, de même que les escaliers en bois ont 
besoin d'être refaits. 


(1) Le pied de chambre est une mesure de Savoie valant o m. 339; il 
était divisé en 12 pouces. 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 33 


209 Le beffroi est d’assez bonne valeur en bois de chêne, sauf trois 
sommiers qui le portent, qui sont trop faibles, étant étayés avec du 
mauvais bois de sapin ; cet article demande prompte réparation. 

219 Les cloches au nombre de quatre sont bonnes, à part le bat- 
tant de la grande qui s'est aplati par le laps de temps et qui pourroit 
casser ladite cloche, si l’on n’y porte une prompte réparation. La 
grande cloche a quatre pieds quatre pouces de diamètre, pied de 
chambre ; la seconde a 3 pieds 2 pouces de diamètre; la troisième a 
2 pieds 8 pouces ; la quatrième a un pied 7 pouces; tous les bat- 
tants des susdites cloches demandent à être raccommodés. 

22° Toute la charpente du comble du clocher est en bois sapin, les 
bois qui le composent sont en partie pourris et vermoulus, et hors 
de service, le tout menaçant une ruine prochaine; cet article 
demande une prompte réparation. Le tout quoy j'atteste véritable 
et signerai cy après. Annecy, ce 16 janvier 1772. 


Quenot, architecte. Viviant, vicaire général, député. 
Desrippes, chanoine, député. C. Perraud, chanoine, député. 
Belair, chanoine, député. Portier de Sinton, chanoine, député. 


Fr. Alexis Muraz, gardien. 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361. Original, papier. 


VIII 


Acte d'état du couvent des Rds Cordeliers de la ville d'Annecy 
et de la maison qui en dépend, 17 janvier 1772. 


Je soussigné Henry Quenot, architecte pattenté de la Royale 
Université de Turin, certifie qu'ayant été requis par Monseigneur 
l'Illme er Revme évêque et prince de Genève, pour visiter et faire mon 
rapport sur l’état actuel où se trouvent le couvent et la maison qui 
en dépend, jointe et adossée audit couvent, des RR. PP. de Saint- 
François de la ville d'Annecy, j’ai procédé à ladite visite avec toute 
l'exactitude possible, en l’assistance du Rd Père Muraz, gardien 
dudit couvent, tant en sa qualité de gardien que comme député du 
Ré père Sallietti, commissaire apostolique, et ai trouvé les choses 
dans l’état comme cy-après spécifié. 

1° J'ai remarqué que toute la charpente du comble dudit couvent 
est en bois sapin, fort ancienne, en partie pourrie et vermoulue, 
et demande une prompte réparation, eu égard au nombre de gout- 
tières qui pourrissent et endommagent les planchers, à part une 
partie de la susdite charpente visant sur la cour du côté de la rue, 
qui pourroit subsister encore quelque temps, en y changeant 
quelques pièces et regotoyant le couvert, 

2° J'ai remarqué que tous les planchers de l’étage supérieur sont en 
bois de sapin fort anciens, et en partie pourris et vermoulus et ne 


Revuz D'HISTOIRE! FRANCISCAINE, t. III, 1937. 3 


34 CLAUDE FAURE 


peuvent pas subsister longtemps sans réparation et demandent 
d’être refaits à neuf. 

3e Tous les souspieds du susdit étage sont beaucoup endommagés 
et demandent à être réparés. 

4° Tous les planchers ‘du premier étage sont en bois sapin et 
d'assez bonne valeur, et peuvent subsister encore longtemps, en y 
faisant quelques réparations, de même que les sous-pieds. 

5° Les murs du couvent sont fort anciens, y ayant des lézardes à 
plusieurs endroits, notamment le mur du réfectoire visant au midy 
et couchant demande à être refait à neuf en partie, de même qu'une 
partie du mur visant sur la rue qui a souffert l'incendie, et par ce 
moyen le mortier se trouve être calciné. 

6° La plus grande partie des portes et fenêtres du couvent 
demande à être réparée. 

7° Toute la charpente du comble de la maison qui est adossée au 
couvent est en bois et d'assez bonne valeur, à part quelques 
chevrons qui ont besoin d’être remplacés, de même que le couvert 
qui a besoin d'être réparé, y ayant plusieurs gouttières dans tout le 
contenu du susdit couvert, qui pourrissent et endommagent les 
planchers; cet article demande une prompte réparation. 

8° Tous les planchers de la susdite maison, de mème que les 
sous-pieds, sont en bois sapin d’assez bonne valeur, à part les 
planchers de l’étage supérieur qui se trouvent être endommagés à 
plusieurs endroits par les gouttières fréquentes qui se trouvent au 
couvert. 

9° Tous les murs de la susdite maison ne sont pas anciens, mais 
composés de très mauvais mortier et ayant donné coup à plusieurs 
endroits, ce qui a causé plusieurs lézardes qui demandent à être 
réparées, la façade du susdit bâtiment visant sur la rue se trouve 
beaucoup plus faible que les murs de refend. 

1e Toutes les portes et fenêtres de la susdite maison sont d'assez 
bonne valeur, à part quelques-unes qui demandent d’être réparées. 
Le tout quoy j'atteste véritable. Annecy, ce 17 janvier 1772. 


Quenot, architecte. 
J. P., évêque de Genève. 
F. Alexis Muraz, gardien. 


Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361. Original, papier. 


IX 


Inventaire des archives du Couvent des Cordeliers d'Annecy, 
3 février 1772. 


Inventaire des titres du couvent de Saint-François d'Annecy que 
le très Ra Père Sallietti, commissaire apostolique, a remis à Monsei- 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 35 


gneur l’illustrissime et révérendissime évêque et prince de Genève, 
aujourd’huy trois février mille sept cent soixante et douze (1). 

Concernant les fours procédés du Sr Crochon. 

La fondation du 31 may 1707, Mauris nre, faitte par le Sr Jean 
Baptiste Crochon, avec plusieurs requêtes, littérés et titres, le tout 
en une liasse cottée au dos C. 4. 4. 

Concernant les fours des frères Chappuis. 

Contrat de rémission des fours par les frères Chapuis du 3 juin 1657, 
Diaconis norte, cotté C. 5. 9. 

Testament des frères Chapuis du 13 juin 1651, Diaconis nore, 
cotté C. 5. 11. 

Divers ascensemens des fours liés ensemble, cottés C. 5. 13. 

Deux ascensemens de la boutique du four en 1680 et 1683, cottés 
C. 5. 15. 

Autre ascensement du 24 janvier 1658, Diaconis nore, cotté C. 5. 16. 

Prix-fait des réparations du four du 27 décembre 1651 et quittances 
jointes, cotté C. 5. 17. É 

Concernant la fondation du sieur Comte. 

Transaction portant fondation faite par le sr Jean-François Comte 
en faveur des R4s Pères de St-François d'Annecy du 18 février 1662, 
Diaconis nor, cottée F.3. 1. 

Concernant l’établissement du couvent d'Annecy. 

** Lettres d'établissement du 13 novembre 1533 de Monseigneur 
Philippe, duc de Nemours, adressées à l'illme et Rdme Pierre de 
Lambert, évêque de Caserte, aux fins d’introduire dans le couvent 
de Ste-Croix d'Annecy d’autres religieux en place des Rds Pères 
Célestins. Cotté au dos A. 1. 1. | 

** Lettres pattentes de S. A. Charles le Bon, duc de Savoÿe, 
adressées au Révérendissime seig' Pierre de Lambert, évêque de 
Caserte, du premier janv. 1534, par laquelle il luy demande le cou- 
vent de Ste-Croix d'Annecy en faveur des Rds relligieux de l’Obser- 
vance de Saint-Francois ; cottées au dos À. 1-2. 

** Premier bref de Clément 7 du 27 février 1434, pour l'introduction 
des Rds Relligieux de l'Observance de Saint-François au couvent de 
Sainte-Croix d'Annecy, fondé par le Rdme seig. Pierre de Lambert, 
évêque de Caserte, ledit bref concédé à la réquisition de S. A. 
Charles le Bon, duc de Savoye et de Mrs de la ville d'Annecy; cotté 
À. 1. 4. 

** Second bref de Clément 7 du 25 août 1534 donné au Révéren- 
dissime seigr Pierre de Lambert, évêque de Caserte, fondateur du 
couvent de Sainte-Croix d'Annecy, lequel confirme le premier bref 
du 27 février 1534 et l'introduction des Rds religieux de l’Obser- 


(1) Les documents marqués d'un astérisque sont ceux qui existent aujour- 
d'hui aux Archives de la Haute-Savoie ; ceux qui sont publiés dans le pré- 
sent article sont désignés par deux astérisques. 


4 


36 CLAUDE FAURE 


vance de Saint-François audit couvent de Sainte-Croix pour qu'ils 
en jouissent à perpétuité; cotté À. 1. 7. 

** Donation faitte par le pape Léon X du couvent de Sainte-Croix 
d'Annecy aux Rds Pères Célestins de la province de France le 
13° janvier 1519; le Rdme Pierre de Lambert, évêque de Caserte, 
leur donne les maisons, jardins et places contiguës qui luy appar- 
tiennent par acte extrait et signé par M° Desgranges de l’acte signé 
Deporta, ledit extrait du 26 mars 1637, cotté au dos A. 2. 1. 

* Copie de plusieurs lettres adressées, envoyées au Rdme seigneur 
Pierre de Lambert pour l’établissement des Rds Pères Célestins dans 
le couvent de Sainte-Croix d’Annecy et la permission donnée par 
les nobles scindics d'Annecy de transporter les murailles au bord de 
la rivière pour bâtir led. couvent, non signées et cottées au dos A. 2. 3. 

** Autre copie de plusieurs lettres de S. A. Philippe de Nemours 
adressées au Révérendissime seigr Pierre de Lambert, évêque de 
Caserte, pour faire sortir les Rds Pères Célestins du couvent de 
Sainte-Croix d'Annecy et y mettre en leur place les Rds relligieux 
de l’Observance de Saint-François, cottée au dos À. 2. 4. 

* Procès verbal soit acte du 23 may 1534 entre les Rds Pères 
Célestins et les Rds Relligieux de l’Observance de Saint-François 
au sujet du couvent de Sainte-Croix fondé à Annecy par le Rdme 
seigneur Pierre de Lambert, évêque de Caserte, cotté au dos A. 2. 5. 

* Autres procédures entre les mêmes et requête des Rds Pères 
Observantins du 26 avril 1542 au sujet du même couvent, cottées 
A. 2. 6. : 

* Autre plaidoyer des Rds Pères Célestins du 29 avril 1542 pour le 
même fait, cotté au dos A. 2. 7. 


JARDIN ET LATRINES. 


*Reconnaissance en parchemin de Pierre du Terrail d'Annecy en 
abergement d'un jardin et latrines derrière les murailles d'Annecy 
du fief de noble Guillaume de Crans, joignant les murs de la ville et 
les fossés de l’eau de Thiouz, sous le servis de dix-huit deniers 
[10 décembre 1370], cotté A. 3. 1. 

* Reconnaissance d’une maison avec les placeages derrière, du 
grand four et autres membres de maison en faveur du seigneur de 
Crans, avec une grange derrière [10 décembre 1379], le tout en par- 
chemin cotté A. 3. 2. 

Abergement d’une maison située à Annecy vers le grand four du 
côté de bize, d’une vigne de dix fossorées et une vigne de cinq fos- 
sorées sous Veirier et quittance des laods pour Pierre Bovet par 
Humbert Métral, led. abergement en parchemin cotté A. 3. 3. 

* Reconnoissance en parchemin de plusieurs maisons confinées 
dans l'acte reçu par M° Jean Peronod de Cruseilles du 18 juillet 1416 
par Marguerite, veuve d'Amed Nouvellet, en faveur du seigr de 
Crans, cottée au dos À. 3. 4. 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 37 


Acquis en papier d’une maison, jardin, pressoir et places à 
Annecy par les nobles frères Jean et Michel Deaussens de noble 
François de la Fléchère du 24 février 1447, par acte reçu et signé par 
M: de Fabrica nore; cotté au dos A. 3. 5. 

Acquis en parchemin d’une maison près le pont Morens d'Annecy 
en la rue du grand four du 28° may 1450 pour Pierre Delachat fait 
de Pierre Clerc, reçu par M: Jean Decomba noï'* et au bas la quit- 
tance du laod du seig. de Menthon, du 10° may 1452, signé Léo- 
nard, cotté A. 3. 6. 

* Autre acquis en parchemin pour noble Thomas Lambert de 
Chambéry d’un chosal de maison franc à laod situé à Annecy en la 
rue du grand four, fait de Jean Descombe dit Decresco de Veyrier 
et de Pernette Ranguis, sa femme, par acte du 13° juin 1458, reçu par 
Me Guillaume Mermier, cotté au dos A. 3 7. 

Abergement en parchemin du 7° mai 1461, Me Jean Chamosset 
nor, en faveur de noble Thomas Lambert de Chambéry par Thomas 
Ranguis d’une maison située à Annecy en la rue du grand four, 
avec la ratification dudit abergement par Michel et Jean, enfans 
dudit Thomas Ranguis du 6° may 1470, signé Bataillour, cotté 
À. 3.8. 

Acquis pour noble Thomas Lambert de Uhambéry fait d'Aimoz 
Richard d’Alby d'une maison et jardin derrière, en la rue du grand 
four, me Jean Magnin, nore, par acte du 17° février 1462, en parche- 
min, cotté au dos A. 3. 9. 

Quittance faite par Aimoz Richard et Rollette Bovet sa femme en 
faveur de noble Thomas Lambert de Chambéry de cent florins d’or, 
à compte de l’acquis sus-proche, ladite quittance du 22 février 1462, 
süpulé par m° Saddier noï* et cotté au dos A. 3. 10, en parchemin. 

* Acquis en papier du 16 octobre 1465, non signé, pour noble 
Claude Maillet pour noble George de Melaz, en sa qualité, d’une 
maison curtilet place, situés à Annecy en la charrière du grand 
four, cotté au dos A. 3. r1. 

Acte en parchemin reçu par M° Deplantata nore du 20 décem- 
dre 1465, par lequel lesdits seigneurs de Crans réduisent à 18 deniers 
annuels les servis de 29 sols 6 deniers dus pour les maisons ci-devant, 
cotté À. 3, 13. 

Reconnaissance de vénérable Claude Maillet, chanoine de Notre 
Dame de Lallée d'Annecy, en faveur desdits nobles de.Crans des 
maisons énoncées dans le contract susproche, sous le servis annuel 
de 18 deniers genevois, le 3° juillet 1469, stipulé par Me Raymond 
Deplantata alias Barbier, en parchemin cotté A. 3. 14. 

" Acquis pour noble Thomas Lambert de noble Claude de la 
Fléchère d'une maison et place derrière, située à Annecy, en la rue 
du grand four, du 2 mars 1483, reçu par Me Jacques Grillet de 
Rumilly nor; cotté au dos A. 3. 15. .. : 

Acquis par noble Pierre Joly, bourgeois d'Annecy, de Jacques 
Preveret de Gevrier, de la moitié indivise avec les frères Maillet 


38 CLAUDE FAURE 


d’une maison, curtil et place devant et derrière situés à Annecy en 
la rue du grand four par acte reçu et stipulé en parchemin par 
M° Robert Fournier nore le 27 mars 1494, cotté A. 3. 16. 

Autre acquis en parchemin du 1* avril 1494, Robert Fournier 
nore, cotté À. 3. 17. 

* Quittance en parchemin du 7e juin 1494, Fournier nore, cottée 
A. 3. 18. 

Ratification de vente en parchemin du 22 avril 1494, Fournier nore, 
cottée A. 3. 19. 

Acquis en parchemin du 18 novembre 1495, Fournier nor, cotté 
A. 3. 20. 

* Affranchissement en parchemin du 8 juin 1518, M° Convers nore, 
cotté A. 3. 22 (1). 


JARDIN, 


Échange en parchemin du 5 mars 1526, M° Claude Migard nore, 
cotté A. 3. 23. 

Quittance en parchemin du 9 octobre 1531, M° Louis Jon nore, 
cotté A. 3. 24. 

Affranchissement de servis en parchemin pour le couvent du 
5 juillet 1539, signé Reydety, cotté A. 3, 26. 

Acquis d’un petit jardin, collombier et serve derrière l’église du 
11 mars 1619, Duret nor, cotté C. I. 2. 

Rattification du même, cotté C. I. 3. 

Acquis du 16 janvier 1627 et quittance du 21 janvier dite année, 
Renar et Joorens nores, cottés C. I. r2. 

Concernant les fonds procédés de M. de Boëge. 

Acquis pour les Rds pères de Saint-François d'Annecy de noble 
Jacques de Boëge de Conflens du 23 décembre 1735, Vauttier nor. 

Partage entre les Rds Pères de Saint-François et rd sieur Perréard 
du 11 décembre 1736, Bessonis norte. 

Quatre quittances pour lesd. Rds Pères de Saint-François des 
seigneurs et dames de Boëge des 5 janvier 1736, Vauttier nore, du 
6 may 1737, du 4 décembre 1737 et 23 mars 1738, cette dernière 
signée M° Vauttier nor* portant la somme totale de L. 5500, 

Conventions entre le couvent de Saint-François et Rd Sr Perreard 
du 4 octobre 1737, Bessonis nor, 

Autres conventions entre les mêmes du 5 juin 1739, Bessonis nore, 

Quatre titres comprenant des roolles et quittances de laods d’in- 
demnité pour les fonds procédés du seig' de Boëge du 5 janvier 1736, 
30 octobre 1737, 12 décembre 1737 et 15 janvier 1758. 


+? 
(1) Affranchissement accordé par Janus de Crans et Janus de Monthouz, 


au nom de Jeanne de Crans sa femme, à noble Jean Lambert, héritier de 
son oncle Thomas Lambert, pour diverses maisons qu'il possède à Annecy. 


LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 39 


Prix fait donné par noble Jacques de Boëge à Pierre Dunoyer et 
Joseph Chapuisat charpentiers, du 22 août 1733. Dechaumontet nor. 

Les titres concernant l’abergement fait par la Royale Chambre des 
Comptes de la meule à présent moulin et ses appartenances ne sont 
point compris dans le présent inventaire et les RR. PP. de Saint- 
François promettent de les communiquer ou remettre à S. G. en 
etant requis. 


+J. P., évêque de Genève. 

F. Ange François Salietti, Mineur Conventuel, commissaire apos- 
tolique. 

F. Mermoz, secrétaire. 


L'ADOPTION DE LA CLOTURE 
PAR LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 


(1622-1630) 


La régence de Marie de Médicis fut pour la France une 
période de grande ferveur religieuse. Le mouvement qui 
avait abouti à l’écrasement de la Réforme donnait alors 
son plein effet. Il n’était question que de fondation d'Or- 
dres nouveaux ; à côté de la Congrégation de la Doctrine 
chrétienne et de l'Oratoire pour les hommes, il s’en crée 
un grand nombre pour les femmes, les Carmélites, les 
Hospitalières de Saint-Charles, les Bénédictines du Cal- 
vaire, les Hospitalières de la Charité Notre-Dame, les 
Filles de Charité, les Dames du Refuge, les religieuses de 
la Miséricorde, les Bénédictines de l’Adoration perpétuelle 
du Saint-Sacrement, nous avons réservé pour la fin les 
Ordres franciscains des Capucines reconnues par une Cons- 
titution d'Urbain VIllen 1630 et des Récolletines fondées 
par Pierre Marchand et reconnues en 1634. 

Dans les Ordres anciens, l’observance de la règle se fit 
plus sévère; la réforme de Port-Royal des Champs en fut 
un exemple célèbre. Les Sœurs Grises n'échappèrent point 
à cette tendance générale et dans plusieurs couvents elles 
abandonnèrent leurs fonctions hospitalières pour se livrer 
complètement à la prière. Il en fut ainsi au couvent Saint- 
Nicolas à Amiens, qui secloitraen 1617, au couvent Saint- 
Julien de Douai qui prit pareille résolution en 1620 (1). 

En 1622, le bruit se répandit dans Beauvais que les 
Sœurs Grises se proposaient d'adovter la clôture. Cette 
nouvelle causa une légitime émotion : les sœurs du Tiers- 


(1) Revue d'histoire franciscaine,t. 1, p. 180-208. 


LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 41 


Ordre de Saint-François étaient venues d’Abbeville en 1480 
dans un but bien déterminé, celui de se mêler au peuple 
pour secourir les pauvres et soigner les malades (1). De ce 
double devoir elles s'étaient loyalement acquittées jusque 
là, et la ville de Beauvais n’avait pas manqué de le cons- 
tater. 
Le 12 juin 1522, pour ne citer qu'un exemple, à la 
requête du maire et des pairs de la ville, les notaires 
Jean Hanon et Bastien Le Goix, recueillant des témoi- 
gnages pour dresser un tableau de la misère dont Beauvais 
était alors le théâtre, Magdeleine Delafontaine, maîtresse, 
Colette Nondart, dépensière, Marie Vassenie, Antoinette 
de Bulleu, Magdeleine de Bulleu, Gabrielle Deterin, Marie 
de Proulx et Michelle de Muy, sœurs du couvent de Saint- 
François, déclaraient pour leur part « que depuis trois 
«ans environ, les habitants de ladite ville ont été toujours 
«agités de peste et autres maladies pestilentieuses qui 
«règnent encore de présent (2), aussi que les vivres ont 
« été généralement chères, tellement que la plupart desdits 
«habitants cherchent leur vie au moyen de la pauvreté et 
«famine qui est en ladite ville, à raison de laquelle famine 
“et indigence qu'ils ont,se meurent tant de gens en icelle 
«ville, qu’ils ne savent le plus souvent trouver drap pour 
“les ensevelir (3) et leur a convenu puis un mois laisser 
“plusieurs fois à dire en leur église le service divin qu'il 
“laut chaque jour, pour ce qu’il leur convenait lesdits 
«malades visiter tant de nuit que de jour. En quoi faisant 
«ont plusieurs fois trouvé de nuit plusieurs morts emmy 
«aville pour ladite pauvreté et misère, de laquelle pauvreté 
«étant en ladite ville lesdites sœurs attestantes mourraient 


1} Ct. Pierre Louver, Histoire et antiquités du pais de Beauvaisis, Beau- 
vais, 1631, 2 vol. in-8o, t. [, p. 752 et suiv. 

(2) Déà en 1520 les registres de délibérations de l'hôtel-de-ville men- 
tonnent le dévouement des sœurs à l'égard des malades que les maîtres 
barbiers refusent de saigner. (Arch. mun. de Beauvais, BB 13) 

(31 Plus tard, lors de la peste de 1531, « la maîtresse des sœurs, 
aCCompagnée de trois ou quatre, se sont offertes de visiter, garder, inhu- 
mer, les malades, et nettoyer les maisons, même de chercher des por- 
teurs ».(Le Guetteur du Beauvoisis, 2° année, Beauvais, 1865, p. 69, d'après 
di du conseil privé des évêques de Beauvais aux Arch. dép. de 


42 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE 


« de faim si n’était par le moyen des bons pères et mères 
« de leurs sœurs, si aucunes ont leurs villages qui les secou- 
« rent, obstant qu'on ne leur done pas du pain pour nour- 
« rir deux desdites sœurs qui sont au nombre de qua- 
« rante ». (1). 

La bienveillance du chapitre et de la ville au xvi° siècle, 
les fondations et donations qui avaient afflué à la même 
époque, sont autant de témoignages de reconnaissance 
envers les sœurs pour les services rendus et soulignent quel 
préjudice elles allaient causer aux habitants de Beauvais 
en modifiant leur manière de vivre et supprimant leur 
principal moyen d’action. 

Aussi le 20 juin 1622 commence:t-on à s’en inquiéter à 
l'hôtel-de-ville (2} et l'on décide d'aller trouver la supérieure 
et de l’entretenir de la question. Huitjours plus tard une 
nouvelle démarche est décidée, cette fois auprès du pro- 
vincial lorsqu'il viendra à Beauvais (3). 

L'affaire en resta là pour l'instant, soit que les religieuses 
se fussent inclinées devant les protestations de la ville, soit 
qu'elles aient craint de se faire du tort et de s'aliéner l'opi- 
nion, et, de fait, pendant quelques années, les fondations 
sont plus rares. Mais en 1626, la question de la clôture 
est remise en avant et donne cette fois naissance au premier 
conflit qui surgissait entre les Sœurs Grises et quelqu'un 
de Beauvais depuis cent quarante-six ans qu’elles y 
étaient. 

Le 3 mai 1626, à l’hôtel de ville, on se préoccupe de 


(1) Bibl. de la Société acad. de l'Oise, collection Renet, vol. 159. Ms., 
copie xvui® s. portant comme indication : « extrait des archives de l'hôtel 
- de ville de Beauvais ». 

(2) Voir sur cette affaire : Extraits des registres de délibérations de 
l'hôtel-de-ville (Bibl. mun. de Beauvais, collection Bucquet-Aux-Cousteaux, 
t. LXI, p. 250 et suiv. : Bibl. de la Soc. acad. de l'Oise, ms. Fabignon, 
t. 111, p. 147 et suiv. ) et Louver, t. I, p. 766 et suiv. 

(3) Le couvent de Saint-François était placé sous la juridiction du 
provincial de la province de France-Parisienne; « l’évêque avait seulement 
le droit d’y donner un confesseur, et tout le reste du gouvernement, les visi- 
tes de la maison, le droit de présider aux élections et de recevoir à profes- 
sion, et tout le reste, appartenait aux RR. PP. de Paris sans que les P. Cor- 
deliers de Beauvais s'en mélassent aucunement [ceux-ci appartenant à la 
province de France et non à la province de France-Parisienne] ». (Ms. du 
chanoine Aubert, xvine s., collection Bucquet-Aux Cousteaux,t. LI, p. 124). 


LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 43 


rechercher les pièces concernant la fondation du couvent; 
quelques mois plus tard, et une nouvelle difficulé vient se 
grefler sur l’autre. En 1515, le pape Léon X avait accordé 
aux religieuses le droit d’être entendues en confession 
par tout prêtre, séculier ou régulier, lequel, de ce fait, 
jouirait des privilèges concédés à l'Ordre des Frères 
Mineurs {1}. Les confesseurs — plusieurs figurent parmiles 
bienfaiteurs -du couvent -- avaient toujours été des sécu- 
liers. En 1626, le vicaire du général de l'Ordrese disposant 
à nommer un Cordelier, quelques religieuses s’en inquié- 
tent etune division se forme dans le couvent, division que 
la ville va s'empresser d'exploiter, de crainte sans doute 
que la direction d’un Cordelier ne fasse avancer plus vite 
les religieuses dans la voie de la clôture. 

A partir du mois de septembre, il n’est guère de réunion 
à l'hôtel-de-ville sans qu'il y soit question des Sœurs 
Grises. 

Bien que le litige au sujet du confesseur soit soumis au 
pape d'accord entre l’évêque et le vicaire du général de l'Or- 
dre, la ville envoie cependant des députés au couvent pour 
conférer avec les sœurs, connaître leurs intentions, enten- 
dre leurs raisons. Le 9 septembre, le maire et les députés 
rendent compte deleur mission: les religieuses veulent 
bien continuer à avoir un confesseur séculier, à condition 
butefois que l’évêque et le provincial y consentent. Toutes 
d'étaient peut-être pas de cet avis — qui prévaluten défi- 

nitive — car, le 13 septembre, des députés sont chargés 
d'aller parler à sœur Marie Le Boucher (2), « afin de lui 
Pétsuader qu'il y ait un prêtre séculier pour confesseur ». 
En même temps, l'évêque de Beauvais était prié d'écrire 
au provincial. 
Le 20 septembre, la ville, revenant sur la question de la 
clôture, se préoccupait encore une fois de réunir les docu- 

Ments relatifs à l'établissement des Sœurs ; et ceci fait, 


ns De origine seraphicae religionis.... Rome, 1587, in-fol., 
(2) Sœur du Chanoine Lévonor Le Boucher, grand-chantre de la cathé- 


dral His 
ne Qui fut un des bienfaiteurs du couvent. Elle avait été supérieure en 


44 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE 


d'obtenir commission au Parlement pour les faire assigner 
(11 octobre). 

Le 30 mars 1627, l'évêque Augustin Potier demande à 
la ville de lui adresser une requête pour remédier au dés- 
accord qui règne dans le couvent. Après délibération, la 
ville repousse le projet de formuler une requête, mais 
elle adopte le principe d'agir verbalement auprès de l'évé- 
que. Celui-ci est absent. La ville s'impatiente : le 12 avril, 
il est de nouveau question de la clôture ; il en sera parlé 
simultanément à l'évêque et à la supérieure, et si celle-ci 
insiste, on exécutera la commission obtenue. 

À ce moment survient une troisième difficulté.-La supé- 
rieure fait part au maire de Beauvais du désir exprimé par 
les religieuses de se soustraire à la juridiction du provin- 
cial et de se mettre sous l'autorité du provincial des Cor- 
deliers de Beauvais. Le 9 mai, la ville, que l'on sent 
excédée à travers les brefs résumés de ses séances, 
diffère la réunion proposée d’une assemblée générale où 
seraient convoqués les habitants comme ils l'avaient été 
en 1480 pour la venue des sœurs, à condition que l'évêque 
revienne bientôt pour être mis au courant. La ville se 
propose également d'en parler au provincial qui doit venir 
à Beauvais, et même d'écrire au général de l'Ordre. 

Le 4 juin, l'hôtel-de-ville recoit les plaintes du provincial 
des Cordeliers : il est allé à Saint-François pour imposer 
aux sœurs sa juridiction ; quelques-unes lui ont opposé un 
refus ; il a trouvé du désordre dans le couvent et il de- 
mande à la ville d’y remédier. La ville ne peut qu'atten- 
dre le retour du provincial qui est allé de son côté trouver 
l’évêque, toujours absent. Le désordre continuant, le 
10 juin, la ville se résout à envoyer des députés auprès de 
l'évêque ou d'Antoine - Froissard, son grand-vicaire, et 
ensuite auprès du lieutenant-général; et le 2 juillet, l'évê- 
que est prié de trouver bon que celui-ci retourne au cou- 
vent pour en faire sortir le Cordelier, cause d'une partie 
du conflit, et qui s'efforce d'y demeurer. 

Au mois de juillet, la ville apprenant que le général (1) 


(1) Bernardin de Sena, Portugais, 1625-r631. 


_ 


LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 45 


de l'Ordre est à Paris, lui adresse une requête à laquelle le 
général fait droit en envoyant un Récollet pour enquêter 
sur ce qui se passe à Beauvais. Le 9 août, ce Récollet étant 
arrivé et descendu au couvent des Minimes, la ville décide 
d'aller le saluer et de lui présenter, comme à un hôte de 
marque, quatre bottes de bougies et quatre bouteilles de 
VID. 

L'enquête ordonnée par le général de l'Ordre eut un 
premier résultat : dès le 19 août, la ville, après avoir ouï le 
rapport de son envoyé et constaté que les religieuses 
acceptaient d'être placées sous la direction des Récollets, 
donnait son consentement à cette combinaison qui résol- 
vait heureusement une des difficultés, et adressait au 
général de l'Ordre ses remerciments. En même temps, 
la ville demandait instamment que le général usât de son 
autorité pour retirer le Cordelier, toujours installé au cou- 
vent, et le remplacer par un prêtre séculier, « car la ville 
n'entend plus souffrir les Cordeliers pour les raisons qui 
lui seront dites » (10 septembre). 

Cette fois encore, la ville eut gain de cause, non sans 
mal probablement : par ordre du lieutenant-général, le Cor- 
delier fut retiré du couvent et placé, non dans celui de son 
Ordre, mais en celui des Jacobins. Ceci se passait en 
novembre ; le désordre régnait toujours à Saint-François ; 
la villene cessait de s'en plaindre au général qui changea 
l supérieure. La nouvelle venue, Élisabeth de la Visita- 
tion, avait fait vœu de clôture perpétuelle, toutefois elle 
manifesta l'intention de ne rien modifier pendant ses trois 
années de supériorité. La ville s’inquiéta de savoir si les 

religieuses qui feraient profession dans l'avenir pronon- 

eraient le vœu de clôture (3 novembre). La réponse ne 

NOUS est pas connue, mais il est à penser qu'au lieu d’être 

satisfaisante, les événements se précipitèrent, car la ques- 

on de la clôture, réduite cette fois à elle-méme, fut remise 
tn avant quelques mois plus tard (septembre 1628) et 
tgagea dans une lutte étroite le couvent de Saint-Fran- 

FOIS et la ville de Beauvais. 

Le 13 février 1629, la ville recevait communication de 
lettres par lesquelles Marie de Médicis et Anne d'Autriche 


46 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE 


approuvaient les Sœurs — qui avaient demandé leur appui 
— de vouloir se cloîtrer. Aussitôt, deux députés, Adrien et 
Le Mareschal, étaient envoyés vers les deux reines pour 
leur faire entendre les raisons de la ville. De retour, le 1°" 
mars, ils rendaient compte de leur mission : les reines, qui 
n'étaient pas directement intéressées dans l'affaire, ne leur 
avaient rien objecté. Il fut donc convenu de reprendre et 
de poursuivre devant le Parlementle procès amorcé deux 
ans plus tôt. A quoi les religieuses répondirent par des 
lettres patentes du roi leur permettant de vivre en clôture. 
La ville fitopposition à l'entérinement de ces lettres, en 
s'appuyant sur les conditions de l'établissement des Sœurs 
à Beauvais. Un arrêt du Parlement intervint alors, ren- 
voyant la question pouravis devant l’évêque (19 mai 1629). 
Mais Augustin Potier, s'il regrettait pour les habitants de 
Beauvais les conséquences de la clôture, n’était intimement 
pas hostile au désir des sœurs. La ville avait donc en lui 
un médiocre auxiliaire qui donna bientôt satisfaction à la 
demande signée de trente-cinq religieuses (7 juillet 1629). 
Le 4 août suivant, le Parlement rendait un arrêt par lequel 
les lettres patentes étaient enregistrées, à charge cependant 
par les religieuses de quitter et abandonner « le lieu ancien- 
nement appelé le béguinage en l'état qu'il était lors de la 
concession d'’icelle faite aux maire, échevins et habitants 
de la ville, par les lettres patentes du 12 juin 1480, dépens 
compensés. » Ceci ne faisait pas l'affaire des religieuses 
qui étaient entrées dans un béguinage en ruines et qui 
se souciatent peu dequitter un couvent en pleine prospé- 
rité dont Louvet traçait alors ce tableau : «Il n’y a couvent 
« en la ville de Beauvais mieux situé que celui-ci, étant 
« d'un côté du septentrion et d’occident couvert des mau- 
« vais vents, et ayant pour son aspect entièrement l'Orient, 
« qui ne lui est obstacle par aucuns édifices, et tous les 
« souhaits qu’on pourrait désirer pour en bannir toute 
« tristesse et fàcherie, à savoir la rivière du Thérain, laquel- 
« le entrant dans le couvent passe par dedans toutes les 
« offices et au travers du jardin qui est enclos et fermé de 
« hautes murailles et spacieux à merveille, auquel y a infir- 
« merie, toutes sortes de fruits et de fleurs, ayant aussi 


LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 47 


« l'église, dortoir, réfectoire et autres bâtiments excellem- 
« ment bâtis. » 
C'est pourquoi les religieuses demandèrent et obtinrent 
de nouvelles lettres patentes invitant le Parlement à Îles 
faire jouir purement et simplement du bénéfice des lettres 
précédentes, sans qu'il soit question de leur faire quitter 
l'ancien béguinage qu'au surplus le roi déclarait leur don- 
ner {17 août 1629). La ville fit naturellement opposition à 
l'entérinement de ces lettres patentes. Elle s'appuyait dans 
cette nouvelle phase de la chicane sur ce fait que Louis XI 
avait autorisé les Sœurs Grises à s'installer dans le bégui- 
nage et la ville de Beauvais à le faire réparer ; par suite 
certaines parties appartenaient à la ville et le roi ne pou- 
vait en disposer. Les religieuses prétendaient au contraire 
que tout le surplus du béguinage était devenu leur pro- 
priété, par achat, donation, legs ou autrement. Un arrêt 
ordonna que le couvent serait visité et estimé par experts 
en présence du bailli de Beauvais, et que le résultat serait 
communiqué au procureur général. Au cours de la visite, 
les religieuses firent une démonstration « £u doigt et à 
l'œil » de ce qu'était le béguinage lorsqu'’eiles y étaient 
entrées en 1480, soutenant que tout le reste avait été ac- 
quis par elles depuis leur installation. Les experts se livrè- 
rent à des mesurages, firent des prisées, dressèrent même 
un plan du couvent ; les religieuses, de leur côté, secouë- 
rent la poussière de leurs archives pour rechercher leurs 
ütres de propriété ; bien leur en prit, car elles restèrent 
finalement en possession de leur maison. Le 5 novembre 
1630, la réforme était introduite dans le monastère par 
le père provincial qui procéda le même jour à la clôture 
des religieuses. Mais la ville, elle non plus, ne perdait pas 
le bénéfice d’une lutte soutenue avec tant d’ardeur : quel- 
ques jours après, à la demande d’Augustin Potier, qui 
avait dû finir par servir d’arBitre entre les parties et qui 
ne voulait pas que les pauvres fussent privés du secours 
qu'ils perdaient avec les religieuses, saint Vincent de Paul 
venait prêcher en l'église Saint-Sauveur de Beauvais, le 
l1 novembre, et à la suite de son sermon était instituée 
la confrérie de la Charité des pauvres malades, qui devait 


48 : JEAN VINOT-PRÉFONTAINE 


désormais, et jusqu'à la révolution, remplacer les Sœurs 
Grises auprès d’eux (1). 


JEAN VINOT PRÉFONTAINE. 


(1) Ct. Louver, t. I, p. 766 et suiv.; et LEBoRGNE et LarGizuikre : La Vie 
d'un avocat jurisconsulte au xvut siècle, J.-M. Ricard, Paris-Beauvais, 1920, 
in-80, p. 12. — HyacinTue Le FEesvre, Histoire chronologique de la province 
des Récollets de Paris. Paris, 1677, ne mentionne pas le monastère de Beau- 
vais parmi ceux qui relèvent de sa province, p. 148-155; pas plus que le 
Catalogus conventuum... provinciae Franco-Parisinae, Nancy, 1753, p. 32- 
34. 11 était sans doute passé sous la juridiction de l'évêque du lieu, après 
1630. 


ee met een —— 


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te 


MÉLANGES 


LE SCEAU DU PROVINCIAL D'AQUITAINE 
AU XV: SIÈCLE 


En parcourant la série d'empreintes sigillaires connue a 
la Bibliothèque nationale sous le nom de « Collection Bor- 
deaux », série tirée de l’ancienne collection de matrices 


reunies par M. Charvet, un 
sceau, attribué aux Mathu- 
rins d'Aquitaine (1), a at- 
tiré notre attention. 

Dans la description de 
sa collection (2), M. Char- 
vet a fait figurer la matrice 
de cette empreinte sous le 
n° 64 et le catalogue de 
vente (3), dressé lors de la 
dispersion de cet ensemble 
unique, la signale sous le 
n° 1127. 

Nous apprenons ainsi 
que la matrice, dont nous 
ignorons le sort actuel, 
était argentée à l’intérieur 
et dorée à l'extérieur ; en 


Sceau du provincial d'Aquitaine. 


forme de navette, elle mesurait 73 mill. sur 48. 
Après avoir lu . la légende telle que nous la lisons sur 


(1) Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22022, n° 63. 
(2) J. Cnanver, Description des sceaux-matrices de M. E. Dongé, Paris, 


1872, in-40, 


(3) Vente Charvet, médailles, antiquités, sceaux-matrices, objets d'art, 


Paris, 1883, in-8e, 


Revue D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 


bo FRANCOIS EYGUN 


l'empreinte : « SIGILLVM MINISTRI PROVINCIE 
AQUITANIE », Charvet décrit le sujet représenté en 
ces termes : « Dans le champ, bordé d’un cordon de l'Ordre 
et de 12 colombes... Saint Augustin debout... ». Cette 
seule phrase permet aussitôt de reconnaître un tout autre 
sujet et, du même coup, de changer l'identification du 
sceau que, dès lors, nous décrirons ainsi : Sceau du ministre 
des Frères Mineurs de la Province d'Aquitaine. Sous un 
dais, saint François d'Assise debout, de trois quarts à 
senestre, la tête nimbée, vêtu du froc et dela moserte, 
ceint d'une corde, dont on voit la retombée avec des 
nœuds sur le devant du corps, la main droite levée, un 
livre dans la main gauche, prêchant à 12 oiseaux battant 
des ailes et disposés autour du champ, séparés de la 
légende par une cordelière à 7 nœuds. Sous le socle qui 
supporte le saint et dans une arcade en plein cintre, le 
provincial dont on distingue nettement la couronne de 
cheveux, la mosette et la tunique, est agenouillé, mains 
jointes. 

Nous connaissons un autre sceau plus ancien du provin- 
cial d'Aquitaine. Il append à une promesse de prières pour 
le roi datée de 1274 et conservée au Trésor des Chartes (1). 
Douët d’Arcq (2) le décrit sous le n° 97956. Saint François 
est là encore debout et le champ du sceau est rempli 
d'oiseaux voltigeant. L'analogie est frappante entre ce sceau 
et celui de la collection Charvet. Il y a comme une tra- 
dition qui aurait incité à reprendre le même thème. 

Mais il y a mieux encore : dans son « De origine sera- 
phicae religionis franciscanae » (3), le P. François Gon- 
zaga a reproduit (p.57) un sceau du provincial d'Aquitaine 
en usage à son époque. N'’était la légende très différente 
on croirait y voir le dessin du sceau qui nous intéresse, 
mais il s’agit là de celui du provincial de |’ « Aquitaine 
nouvelle ». Il est vraisemblable que le sceau de la collec- 


(1) Arch. nat. J 462, n° 28. 

(2) Douër D'ARCQ, {nventaires des archives de l’Empire. Inventaire des 
sceaux, Paris, 1870, 3 vol. in-4°. 

(3) Rome, 1587, in-fol. Renseignements fournis par M. Henri Lemaitre. 
Voir aussi Rev. d'hist. francisc., III, p. 52-53. 


LE SCEAU DU PROVINCIAL D'AQUITAINE AU XV° SIÈCLE 51 


tion Charvet, gravé sans doute antérieurement à 1454, 
date à laquelle les couvents aquitains qui acceptèrent Îa 
réforme de l'Observance formèrent. |’ « Aquitaine an- 
cienne », dut être utilisé jusqu’en 1532. C’est à ce moment, 
en effet, que les couvents non réformés de la province pas- 
sèrent à l'Observance et devinrent l’« Aquitaine nouvelle ». 
Le nouveau sceau fut alors copié sur le précédent, mais sa 
légende spécifiait qu'il s'agissait du provincial de « l'Aqui- 
taine nouvelle », puisque le mot d'Aquitaine seul, ne cor- 
respondait plus à une province. 

Le sermon aux oiseaux est d’ailleurs un sujet fréquent ; 
Demay (1) prétend même que, dans l’iconographie sigil- 
lographique de saint François, c'est la scène la plus 
souvent figurée. Nous la trouvons, par exemple, en 1243, 
sur le sceau des Frères Mineurs d’Auxerre (2), en 1303 
sur celui des Frères Mineurs de Noyon (3). Celui du 
gardien du couvent de Troyes en 1303 également (4) 
représente saint François au seuil d'une église, parlant à 
un oiseau. Enfin, en 1337, le sceau des Frères Mineurs 
de Saint-Omer (5) complète la scène par un arbre sur 
lequel sont perchés les oiseaux auxquels s'adresse saint 
François. Demay (6) cite bien encore un sceau des Frères 
Mineurs de Beauvais en 1303, mais il a dû confondre avec 
celui des Frères de Noyon, car, à la même date, le sceau 
cité représente la flagellation (7). 

L'analogie des sujets nous permet donc de restituer aux 
Franciscains ce que M. Charvet avait attribué aux Trini- 
tares. 


FRANÇOIS EYGun. 


(0 G. Deuav, Le Costume au moyen äge d'après les sceaux, Paris, 1880, 
in-4", p. 428. 

(2) Dou&r D'Arco, n° 9763 et Roman, Manuel de sigillographie francaise, 
Paris, 1912, in-8°, p. 188. À propos du sceau du provincial d’Aquitaine en 
1274 cité plus haut, Roman a dû lire Magistri pour Ministri, car il traduit 
la légende par Maître et non Ministre. 

(3,D. d'A., n° 9774. 

(4) Ibid. 9787. 

15) G. Demav, Inventaire des sceaux de l'Artois et de la Picardie, Paris, 
1877, in-4, n° 1628. 

6) Hist. du cost., p, 428. | 
7) Ibid. et D. d'A. no 9787. 


52 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE 


LETTRES DE RÉCEPTION POUR ENFANTS 
SPIRITUELS DE L'ORDRE DE SAINT-FRANÇOIS 


L'usage d'associer les bienfaiteurs insignes aux riches- 
ses spirituelles de l'Ordre des Frères Mineurs remonte au 
bienheureux Jean de Parme (1), ministre général de 1247 
à 1257. Par sa lettre datée de Ferrare, 31 août 1253, 1l 
rend participants aux mérites de l'Ordre Jacques dei 
Bussoli, Mabile, sa femme, et Angélique, leur fille. — 
En 1383, au chapitre de Samatan, Arnaud de Saran (2), 
ministre provincial d'Aquitaine, accorde la mème faveur 
à noble et puissant seigneur Bernard de Seadocio. — Le 
30 juillet 1437, le ministre général, Guillaume de Casal, 
communique les suffrages de l'Ordre à la commune de 
Valence en Dauphiné (3). 

On constate les mêmes usages chez les Capucins. Les 
Études franciscaines (4) ont publié une lettre d'affiliation 
adressée par le ministre général, Séraphique de Ziegenhals, 
à Louis-Robert de Beauchamp, de Poitiers, et à plusieurs 
membres de sa famille, le 31 octobre 1758. 

Le tome XXXIX de la collection Bucquet-Aux Cousteaux, 
à la bibliothèque municipale de Beauvais, contient, parmi 
d'autres documents intéressant l’histoire, qui reste à écrire, 
du couvent disparu des Capucins de cette ville (5), trois 
lettres de réception pour enfants spirituels données en 
faveur de deux familles de Beauvais. 

Ces trois documents, identiques quant au fond, diffèrent 
cependant par leur forme; il ne parait donc pas superflu 
de les faire sortir tous trois de leur obscurité. 

Le plus ancien (p. 52) est entièrement manuscrit. 


(1) Luic: pa Parua, Vita del beato Giovanni da Parma, Quaracchi, 1900, 
p. 56-57. 

(2) Oruox De Pavie, L'Aquitaine Séraphique, Auch, 1901, t. H, p. 103-105. 

(3) Revue d'hist. francisc., t. IT, p. 504-507. 

(4) T. XXXVI, 1924, p. 534-338. 

(5) Sur le couvent des Capucins, fondé en 1603 par le Père Ange de 
Joyeuse, voir Dr Daniez : Beauvais avant 1789, ms. Bibliothèque de la 
Société académique de l'Oise, G 82, p. 282. 


LETTRES DE RÉCEPTION POUR ENFANTS SPIRITUELS 53 


+ 


« Nous, Frère Léonard de Paris, définiteur général de l'Ordre des 

« Frères Mineurs Capucins, et provincial de la province de Paris 

« quoiqu'indigne, de l'autorité à nous concédée par feu d’heureuse 

«“ mémoire Urbain cinquième, pape, et autres Souverains Pontifes, 
«recevons en vertu des présentes pour enfants spirituels de notre 
« Religion vertueuses personnes, Jean de Regnonval et Marie Gau- 
« douin, sa femme, et leurs enfants présents et à venir (1), lesquels 
«pour leur piété et dévotion, et pour l'affection qu’ils ont à notre 
«a Ordre, nous faisons participants de toutes les messes, divins off- 
a ces, oraisons, prédications, jeûnes, veilles, disciplines, mortifica- 
« tions, obédiences, silence, pélerinages, et généralement de toutes 
« les bonnes œuvres qui par la grâce de Dieu se font et se feront à 
« l'avenir par toute notre Religion: en témoin de quoi nous avons 
« signé ces présentes, et à icelles fait appliquer le sceau de notre 
« office. Donné en notre couvent de Saint-Quentin, le 25e jour de juin 


« mil six cent trente quatre ». 
F. LÉONAR». 


Sur une empreinte de sceau assez effacée, on distingue 
cependant saint François à genoux recevant les stigmates, 
et au dessous du saint, l'écusson de France aux trois fleurs 
de lis. Autour : Sigillum-Vic-Pro-Fr-M-Cap-Pro-Parisio- 
rum. | 

Vingt-trois ans plus tard, Marie Gaudouin, veuve depuis 
1638, obtenait de nouvelles lettres (p. 157) pour elle-même, 
pour ses deux fils restés dans le monde et pour ses ser- 
viteurs. Ces lettres sont imprimées; seuls les noms des 
intéressés et la date sont manuscrits. 


« Nous frère Simplician De Milan, ministre général (bien qu’indi- 
« gne) de tout l'Ordre des Frères Mineurs de S. François, surnom- 
« més Capucins, selon la puissance et faculté concédée à notre office 
“par feu d’heureuse mémoire Urbain cinquième, pape, et autres 
‘Souverains Pontifes, recevons en vertu des présentes pour enfants 
«spirituels de notre Religion Marie Gaudoin et ses enfants, Claude 


(1) Parmi lesquels, Nicolas, moine bénédictinde l’abbaye de Saint-Lucien 
(1661); Jean, dit le P. Mathieu, mort Capucin à Amiens en 1649; André, 
dit le P. Joseph, mort Capucin à Beauvais en 1703; Benoît, moine bené- 
dictin de l'abbaye de Saint-Lucien (1676) et Olivier, dit le P. François, 
mort Capucin à Saint-Quentin de Vermandoisen 1692. 

Jean de Regnonval, marchand bourgeois de Beauvais, échevin et juge- 
Consul, portait : d'azur à trois croissants d'argent, 2 et r, celui de la pointe 
Surmonté d'un trèfle d’or (Notes généalogiques, collection Leblond à Beau- 
Vais, liasse N) 


54 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE , 


« de Regnonval (r), Robert de Regnonval (2}, leurs femmes et leurs 
« enfants, Louis Mareschal, Germain et Lucienne Fournier, et les 
« faisons participants, tant en la vie qu’en la mort, de toutes les 
«a messes, divins offices, oraisons, prédications, jeûnes, veilles, disci- 
« plines, mortifications, obédiences, silences, austérités, et générale- 
« ment de toutes les autres bonnes œuvres qui se font, par la grâce 
« de Dieu, en toute notre Religion, lequel nous prions leur confirmer 
« au Ciel ce que nous leur concédons en terre. En foi de quoi nous 
« avons signé les présentes, et à elles fait appliquer le grand sceau de 
« notre office. Donné en notre couvent de Laon, ce 22 septembre 1657 ». 


F. Simp. F. M. 


Ce texte est entouré d’un encadrement noir avec large 
cul-de-lampe de style Renaissance, et cette indication 
« imprimé à Troyes par François Jacquard, imprimeur de 
Monseigneur l’évêque ». L'empreinte du sceau est com- 
plètement effacée. 

Le troisième document (p. 51) est imprimé, lui aussi, à 
l’exception des noms et de la date. Un très mince enca- 
drement noir entoure le texte. 


« Nous, frère Jean de Moncalier, général (bien qu’indigne) de l'Ordre 
« des Frères Mineurs de $S. François, surnommés Capucins, selon la 
a puissance et faculté concédée à notre office par feu de bonne 
« mémoire Urbain pape V et autres Souverains Pontifes, en vertu 
« des présentes, recevons pour enfants spirituels de notre Religion, 
« honorable homme Jehan Boicervoise, Damoiselle Anne de Dam- 
« pierre, sa femme, honorable homme Jehan Le Gay, damoiselle 
« Marie de Dampierre, sa femme, honorable homme Nicolas Le Gay 
« et damoiselle Catherine de Dampierre, sa femme, et tous leurs 
« enfants (3). Et les faisons participants de toutes les messes, sacri- 
« fices, oraisons, prédications, jeûnes, disciplines, mortifications, 
« austérités, et de tous les autres biens qui par la grâce de Dieu se 
« font en toute notre Religion, lequel nous prions leur confirmer au 
« Ciel ce que nous leur concédons en terre. En foi de quoi avons fait 


(1) 11 fut maire de Beauvais; son portrait ainsi que celui de sa seconde 
femme Marie Du Bos, qu'il avait épousée en 1647, se trouvent au musée 
de la ville. 

(2) Marié à Catherine Danse; il mourut en 1683. 

(3) Dampicrre : d'azur au chevron d'or accompagné en chef de 2 trèfles 
d'or et en pointe d'une cloche d'argent. Anne, Marie et Catherine étaient 
filles de Pierre de Dampierre, marchand bourgeois, maire de Beauvais en 
1626. Jehan Boicervoise avait pour mère une Regnonval; Jehanet Nicolas 
Le Gay étaient tous deux conseillers du roi, élus en l'élection ; le second 
fut maire de Beauvais en 1670 (Notes généalogiques, collection Leblond). 


TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 55 


«faire les présentes, et les avons signées de notre propre main, et 
« scellées du sceau ordinaire de notre office. Donné en notre couvent 
‘ de l'Assomption, à Paris, ce quinzième jour de juillet l'an mil six 
«* cent trente huit ». 


F. JEAN Gral, 


, 

Au-dessus de l'encadrement, une petite vignette très 
fine représente saint François recevant les stigmates. Cette 
Vignette offre la particularité d'être renversée, la tête du 
Saint contre le texte. 

Sur l'empreinte du sceau, saint François est agenouillé 
aux pieds de la Vierge Marie tenant l'Enfant Jésus. A la 
hauteur de sa tête, la lettre T, et de chaque côté de lui, 
partagée à la hauteur des reins, la date 15-25. Autour : 
Sig-Gener-Fratrum-Min-S-Franc-Capucinor. 


JEAN VINOT-PRÉFONTAINE. 


TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS SUR 
L'HISTOIRE DE LEUR ORDRE EN AMÉRIQUE 


NOTES DE LECTURE DE L’ « ARCHIVO IBERO-AMERICANO ». 


Les Franciscains espagnols possèdent à Madrid (10), 
Calle del Cisne, n° 12, un établissement important (1), d’où 
sortent des publications diverses — celles, en particulier, 
qu'édite à Barcelone José Vilamala, calle de Provenza, 
n°206, de caractère populaire franciscain — et une Revue, 
fondée en 1914, l’Archivo Ibero-Americano, dont nous 
voudrions dire ici quelques mots, en en extrayantau moins 
les titres des principaux travaux historiques qui y ont paru 
€ relation avec l'Ordre en tant qu'évangélisateur du 
Nouveau-Monde. Nous nous servirons, à cet effet, d'un 
(avail du rédacteur en chef de cette Revue, le P. Atanasio 


(1) CF. Revue d'hist. francisc.,t. Il, p. 113. 


56 C. PITOLLET 


Lôpez, par lui lu lors du II° Congrès d'histoire et de 
géographie à Séville, puis publié avec des compléments 
dans ET Consultor bibliogrdfico de septembre et octobre 
1925, p. 157-160 et 255-261. On sait quel rôle impor- 
tant a joué l'Ordre de Saint-François dans la découverte, 
puis l’évangélisation de l'Amérique. Après avoir accueilli 
Colomb au couvent de la Räbida, les Franciscains 
d'Espagne le suivirent et l'encouragèrent dans son entre- 
priseet ce furent eux encore qui recueillirent, à Valladolid, 
son dernier soupir. Dès les premiers instants de la décou- 
verte, nous les trouvons à l’/sla Española — c'est-à-dire 
à Haïti —, sur les côtes du Darien en compagnie de Pedra- 
rias, au Mexique avec Hernän Cortés, au Pérou avec 
Benalcäzar, au Nouveau Royaume de Grenade avec Jimé- 
nez de Quesada, au Rio de la Plata assistant à la fondation 


de Buenos Aires et en Californie, tracant les plans de. 


San Francisco. Des noms comme ceux de Fr. Pedro de 
Gante, Juan de Zumarraga, Toribio Motolinia, Martin de 
Valencia, Juan de Olmos, Francisco Jiménez, Bernardino 
de Sahagün, Maturino Gilberti, Diego de Landa, Agus- 
tin de Vetancurt, Pedro Aguado, Pedro Simôn, Esteban 
de Asensio, Manuel Yangües, Matias Ruiz Blanco, Pedro 
Gonzälez de Agüeros, Manuel de Sobreviela, Luis de 
Bolaño, Fernando de Trejo y Sanabria et tant d'autres, 
s'ils ne sont plus connus aujourd’hui que de quelques 
rarissimes spécialistes de la primitive histoire de l’Amé- 
rique, n’en méritent pas moins d être conservés dans la 
mémoire des hommes pour le rôle qu'ils jouèrent — dans 
les limites et conditions de leurépoque, cela va de soi — 
lors de la colonisation du mystérieux continent et leur 
œuvre ne fut pas celle qu'un vain peuple, sur la foi d’une 
histoire falsifiée, pense trop communément. Le mérite de 
l’Archivo — publication bimestrielle de 180 pages environ 
formant des tomes de 500 pages — consiste précisément à 
mettre régulièrement à jour des documents d'archives 
illustrant cette activité, documents qui dormaient sous la 
poussière des casiers et que le grand mouvement histori- 
que qui anime présentement, non point seulement 
« l'Espagne de Primo de Rivera », si mal connue en 


SC — rm Ps, Re tn + ERP ESAEE 


TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 27 


France, mais encore les diverses républiques américaines 
de langue espagnole, exhume chaque jour. Ce mouvement 
a donné naissance à la création de revues importantes, 
que personne ne lit, ni ne cite chez nous, mais quinen 
sont pas moins des répertoires indispensables pour qui- 
Conque veut connaître ailleurs que par des ouvrages de 
vulgarisation — dontles 7 tomes de l'Historia de la Amé- 
rica Española, de M. Carlos Pereyra, publiés chez Calleja 
à Madrid, étant écrits en espagnol, resteront lettre morte 
à nos « historiens » officiels — la façon dont les Espagnols 
ont compris leur besogne civilisatrice en Amérique, façon 
un peu différente tout de même dela version propagée par 
Monsieur de Voltaire et qui a toujours cours aujourd'hui, 
dans les milieux « affranchis ». 

Voici les principaux articles contenus dans l’Archivo 
jusqu'à son tome XXI y compris (1). La Revue de l'Amé- 
rique latine, publication française mensuelle, ne signale 
pas à ses lecteurs cette mine abondante de documents de 
première main et il y aurait lieu de s’en étonner, si cet 
organe n'étudiait surtout l'Amérique latine contemporaine 
et n'accordait qu'une attention moindre aux publications 
d'ordre historique ancien. 


I. Le couvent de la Räbida. Son origine et ses premiers progrès, 
depuis sa fondation jusqu'à l'an 1455, par le P. Angel Ortega, t. I, 
PP: 79-99. 

IL. Frère Jerénimo de Mendieta, historien de la Nouvelle Espagne 
(1525-1604). Notes bibliographiques, par le P. Juan R. de Larrinaga 
Île Frère Mendieta, auteur d’une Historia eclesiästica Indiana, est 
aussi un correspondant fort intéressant, dont les lettres ontété publiées 
par l'historien D. Joaquin Garcia Icazbalceta), t. I, pp. 290-300, et II, 
PP. 188-201, 387-404 et t. IV, pp. 341-373. ; 

IL. Les premiers Franciscains au Mexique, par le P. Atanasio 
Lôpez (il s’agit de deux chapelains de l’armée de Cortés, les Fr. Diego 
Altamirano et Pedro Melgarejo de Urrea, qui devint évêque de 
Dulcino}, t. XI, pP. 21-28. 

IV. Les premiers Franciscains au Mexique : Fr. Martin de La 
Coruña, par le même auteur (on pense que ce premier apôtre de 
Michoacän, venu au Mexique avec le Fr. Martin de Valencia, est 
l’auteur de l'ouvrage signalé sous le n° X), t. XIV,p. 105-111. 


(1) Les t. XXITI-XXIV ont été analysés dans cette Revue, t. I, p. 557; 
A, p. 356. 


58 C. PITOLLET 


V. 4 lettres sur les missions de la Floride (2 sont adressées à Phi- 
lippe IT par le P. Francisco Pareja, auteur de plusieurs ouvrages sur 
l’idiome timucua, la troisième est du Fr. Baltasar Lôpez et la quatrième 
du Fr. Juan Luengo), t. I, pp. 355-368. 

VI. Missions du Mexique : traits de la vie du P. Fr. Francisco 
Lôpez Salgueiro. Ses lettres (ce Franciscain résidait, au milieu du 
xvine siècle, au Collège Santa Cruz, à Querétaro), t. IT, pp. 256-286 
(au t. III, pp. 67-73, deux autres lettres d’autres religieux sur les 
missionnaires du Collège de Querétaro). 

VII. Lettres d'Amérique : des missionnaires de la Nouvelle Cali- 
fornie, par le P. Juan de Larrinaga (il s'agit d’un document écrit à 
Monte Rey en 1775, rendant compte d'explorations sur la côte de 
Californie et des usages et mœurs des Indiens, entre autres d'intérêt 
divers, p. ex. un état des missions de la Nouvelle Californie en 1786), 
t. IV, pp. 104-120. 

VIII. Relation de l'expédition faite en 1601 par Juan de Oñate au 
Nouveau Mexique, par le P. Lorenzo Pérez (on connaissait assez les 
expéditions d’'Oñate, mais les détails de la seconde, 1601, étaient 
inédits et les pièces ici publiées d’après l’Archivo de Indias à Séville, 
l’éclairent d’un jour nouveau), t. V, pp. 242-263. 

IX. Relation du voyage que firent Pedro de Unamunu, Fr. Martin 
Ignacio de Loyola et d’autres Franciscains depuis l'ile Macarera (la 
Chine) jusqu'au port d'Acapulco (Mexique) en 1588, par le même 
(autre document des mêmes Archives de Séville), t. VII, pp. 88-104. 

X. Questionnaire d'histoire américaine. La Relaciôn de las cere- 
monias ÿ ritos de la provincia de Mechuacdn a-t-elle été publiée 
intégralement eten connait-on l'auteur ? (examen des diverses édi- 
tions de cette fameuse Relation, provenant toutes, directement ou 
non, du ms. de l’Escurial, d’ailleurs en désordre et incomplet, en 
particulier de celle de Morelia, 1903, très fautive. L'auteur probable 
serait le Fr. Martin de La Coruña, ou de Jesus, et son récitest en 
étroits rapports avec les Memoriales et l’Historia de Fr. Toribio 
Motolinia, également mal édités (par Icazbalceta, par Garcia Pimen- 
tel, entre autres), car les citations qu’en ont faites Cervantes, Gomara 
et Zurita nous indiquent que les mss. de Motolinia, exploités par 
Mendieta et Torquemada, étaient beaucoup plus complets), t. XIII, 
pp. 202-271 (comme on l’a signalé au n° IV, l’auteur du travail est 
le P. Atanasio Lôpez). 

XI. Franciscains envoyés en Amérique, de la Casa de la Contrata- 
ciôn de Séville, de 1577 à 1584, d'après l'Asiento de pasajeros (Liste 
des passagers), parle P. Lorenzo Pérez (détail des religieux envoyés 
au Nouveau Royaume de Grenade, à la province de Nueva España, 
à Nueva Galicia, aux provinces du Pérou, à celle de Michoacän, à 
Cuba, à la province de Guatemala, à la Floride, d’après un docu- 
ment de l’Archiyo de Indias,t. IV, pp. 130-134. 

XII. Franciscains partis en Amérique en 1577, d'après l’Asiento de 


TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 59 


Pasajeros, par le même (il s’agit cette fois des provinces du Guate- 
mala et du Yucatän), t. III, pp. 120-122. 

XIII Lettre de Fr. Pedro de Betanzos à Philippe IT, par le 
P. Daniel Sänchez (cette lettre, de 1559, provient de l’Archivo de 
Indias et est intéressante pour l’histoire du Guatemala. Fray Pedro 
de Betanzos est l’un des rares Espagnols de l’époque des conquista- 
dors qui aient étudié la langue cakchiquel et mérite une place 
d'honneur dans les fastes du Guatemala, du Nicaragua et de Costa 
Rica!,t. V, pp. 355-380. 

XIV. Relation de Fr. Nicolds de Lorenzana sur les missions du 
Collège de Cristo Crucificado, à Guatemala, par le P. Daniel Sänchez 
Idatée de Guatemala, 22 juin 1748, cette relation contient des détails 
curieux sur les indigènes de Guatemala et de Costa Rica, évangélisés 
par les Franciscains), t. VII, pp. 133-143. 

XV. Brevet royal touchant les missions de Salamanca, daté d’Aran- 
iuez, 21 mai 1738 (les Franciscains du Collège de Guatemala travail- 
laient à la conversion des Indiens Talamancas), t. VI, pp. 317-321. 

XVI. Historiens franciscains du Venezuela et de la Colombie. 
Fr. Pedro de Aguado et Fr. Pedro Simôn (étude de la valeur histo- 
rique des ouvrages de ces deux missionnaires et rectification des 
données biographiques sur Aguado dues à la plume de l'historien 
espagnol contemporain, D. Jeroénimo Becker), t. XIV, pp. 207-235. 

XVII. Les Franciscains en Colombie et au Venezuela. Relation 
inédite du xvi® siècle (l'auteur de cette relation, antérieure aux 
ouvrages d'Aguado et de Simôn, est le Fr. Esteban de Asensio. Ce 
monument unique de l’histoire et de l’ethnographie du Nouveau 
Royaume de Grenade a échappé comme par miracle à la destruction), 
t XV, pp. 67-94et 129-151. 

XVIII. Historiens du Venezuela et de la Colombie. Fr. Antonio 
Caulin (minutieux examen de l'Historia Corogräfica, de la Nouvelle 
Andalousie et d'autres œuvres de ce religieux, où l’on note qu’il fit 
imprimer un Diccionario et un Catecismo cumanagotos, inconnus 
jusqu'alors des américanistes), t. XV, pp. 360-376. 

XIX. Lettres des missionnaires du Collège de Chillän (Chili), d’après 
les autographes conservés aux archives du Collège de San Francisco, 
à Saint-Jacques, en Galice. Ces lettres émanent des Fr. Manuel 
Becerril, Andrés Antonio Martinez, Juan José de Castro, José 
Gondar, Juan Matud, José Seguin, José de San Antonio, Alonso de 
la Iglesia, tous occupés à évangéliser les Indiens pehuenches), t. I, 
PP. 165-176 ; t. IT, pp. 99-126 ; t. IN1, pp. 64-66. 

XX. Érection de la custodia de Chiloé et Valdivia, au Chili, par 
le P.José Maria Pou (avec de nombreux documents du xvin® siècle ; 
le rôle principal est joué par le P. Fr. Francisco Âlvarez de Villa- 
queva’, t. XIII, pp. 61-80. 

XXI. Lettres du P. Fr. José Figueira, missionnaire chez les Indiens 
Carinas (ce religieux est l’un de ceux qui travaillèrent le plus, au 


60 C. PITOLLET 


commencement du xxe siècle, aux reducciones (villages d’Indiens 
récemment convertis et soumis aux missionnaires) d'Apolobamba 
(Pérou et Bolivie), t. III, pp. 74-87. 

XXII. Brevet royal demandant au provincial de la province de 
Santiago un certain nombre de religieux pour les envoyer à la pro-. 
vince de Tucumün (Madrid, 17 juillet 1572), par le P. Lorenzo Pérez 
(document extrait de l’Archivo de Indias), t. IV, p. 136. 

XXII. Lettre du Conseil de l'Ordre de la province de San Gregorio 
au Roi pour lui recommander l'amiral D. Rodrigo de Guillestegui, 
Manila, 8 août 1620, (Guillestegui mourut à Acapulco), t. V, pp. 456- 
457. 

XXIV. Brevet royal de Philippe II sur le commissariat des Indes 
de l'Ordre de Saint François, San Lorenzo el Real (Escorial), 17 sep- 
tembre 1576 (Philippe II s’y plaint de ce que le général de l'Ordre, 
Fr. Christophe de Cheffontaine, n'ait pas conservé le commissariat 
à Fr. Francisco de Guzmän, qu'il avait remplacé par le Fr. Juan 
Navarro; ce document, publié par le P. Pascual Saura, provient des 
Archives de l’ambassade d’Espagne près le Vatican), t. XI, pp. 419- 
423. 

XXV. Fr. Alonso del Espinar, missionnaire aux Indes (ce Francis- 
cain passa à Haïtien 1502 avec le Commandeur Ovando, fut mêlé à 
des affaires d’encomiendas (terres et Indiens que l’on donnait aux 
conquistadors) et venait du couvent de la Puebla del Deän, en Galice). 
t. VI, pp. 160-167. 

XXVI. Deux lettres intéressantes de Fr. Bernardo Boil à Cisneros, 
par le P. Lucio Maria Nüñez (il s’agit d’une mission à Rome confiée 
par le fameux archevêque de Tolède à Boil; ces deux personnages 
sont d’ailleurs liés à l’histoire de l'Amérique), t. VI, pp, 436-443. 

XXVII. Origines de la province de San Antonio (Brésil), par le 
P.J. M. Pou, qui a trouvé ce document aux archives du couvent de 
Santi Quaranta, à Rome (fragment d’une relation faite en 1621 par 
Fr. Manuel de Insua), t. I, pp. 500-514. 

XXVIII. Le P. Antonio Llinds et les collèges de missions hispano- 
américaines (nombreux documents inédits et bibliographiques), 
t. XVI, pp. 321-341 ; t. XVII, pp. 176-344. 

XXXIX. Missions ou doctrines de Michoacän et Jalisco (Mexique) au 
xvi® siécle, 1515-1585, par le P. Atanasio Lépez (relation inédite du 
xvi* siècle, par le P. Diego Muñoz, précédée d’une étude sur les prin- 
cipales chroniques religieuses du Mexique, t. XVIII, pp. 341-425 
(avec un supplément au t. XIX, pp. 235-279, contenant un examen 
détaillé de la chronique du P. Tello). 

XXX. Fr. Pedro Melgarejo de Urrea, évéque de Dulcino (cf. ne IIT; 
documents pontificaux sur ce chapelain de l'armée de Cortés), t. XVI, 
pp. 406-408. 

XXXI. Centenaire de l’arrivée des Franciscains au Mexique ; 1523- 
1923 (sur Fr. Juan de Tecto, Fr. Juan de Aora et Fr. Pedro de 
Gante), t. XIX, p. 141-143. 


TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 61 


XXXII. Découverte du Mississipi (contre les prétentions d’explora- 
teurs français est soutenue la thèse, d’ailleurs toute platonique, de la 
priorité et des droits des Espagnols), t. XX, pp. 421-425. 

XXXIIT. Documents sur les missions de Sinaloa et du Nouveau 
Mexique, par le P. Otto Maas (documents du xvne siècle, provenant 
de l'Archivo de Indias, relatifs surtout au soulèvement des Indiens et 
à la mort de 21 missionnaires franciscains),t. XIX, pp. 41-74 ;t. XX, 
PP. 195-2109 ; t. XXI, pp. 96-113 ; 369-384, etc. 

XXXIV. Fr. Pedro de Aguado, historien du Venezuela et de la 
Colombie, parle P. Atanasio Lépez (étude complétant celle annoncée 
au n° XVI), t. XVI, pp. 24-53. 

XXXV. Documents inédits du xvi° siècle, relatifs au Nouveau 
Æoyaume de Grenade (documents de l’Archivo de Indias), t. XX, 
PP: 145-176; 363-385. 

XXXVI, Fr. Esteban de Asensio et les doctrines au Nouveau 
Æoyaume de Grenade (documents de l’a Archivo » sévillan, qui démon- 
Trent, en même temps que la grande activité des missionnaires fran- 
Ciscains en Colombie, le peu de valeur des histoires de l'Eglise 
€olombienne jusqu'ici publiées), t. XXI, pp. 28-63. 

XXXVII. Missions franciscaines au Chocô {Colombie), par Île 
P. Agustin Arce (relation du xvu® siècle, par le P. Fr. Jacinto Hur- 
tado, rendant compte de l’état de conversion des Indiens du Chocé), 
t. XV, pp. 306-390. 

XXXVIIT. Les missions du Cerro de la Sal (Pérou). Un martyr 
<slurien (sur le missionnaire Fr. Domingo Garcia et le soulèvement 
de l’Indien Juan Santos de Atahualpa), t. XVIII, pp. 174-222. 

XXXIX. Origines de l'alternance des emplois dans les provinces 
_franciscaines du Pérou, par le P. Agustin Arce (documents sur cette 
Cause de malentendus entre religieux espagnols et créoles), t. XVI, 
PP. 145-162. | 

XL. Un descendant des Incas, frère lai franciscain, par le P. Manuel 
Bandin Hermo (il s’agit de Fr. Calixto de San José Tupas Inca), 
t. XIX, PP. 91-96. 

XLI. Le P. Fr. Blas Pacheco y Manrique, par le P. Bandin 
(documents de l’Archivo sévillan sur ce religieux, qui, avant de revêtir 
e froc franciscain, avait occupé de hauts emplois à Lima),t. XIX, 
PP- 96-99. 

XLIL. Un artiste franciscain à Quito (le célèbre architecte du 
Wii siècle, Fr, Antonio Rodriguez), t. XIX, pp. 341-358. 


L'Archivo des Franciscains espagnols ne se borne pas 
aux études d'histoire américaine. Son champ d'action 
embrasse tout ce qui porte un cachet espagnol, à l’intérieur 
‘omme au dehors de la Péninsule. L’archipel des Philip- 
Pines, par exemple, y est l’objet de longues études, où s’est 


62 C. PITOLLET 


spécialisé le P. Lorenzo Pérez, qui a défriché aussi le 
terrain encore si inculte des missions au Japon, en Chine, 
au Siam et au Cambodge, dont les Philippines étaient le 
centre. L’Archivo donne en outre des extraits des nom- 
breuses collections américaines de documents, ou les 
résume, en les complétant, à l’occasion, par des pièces 
inédites. Sa Bibliographie est aussi d’une grande richesse; 
on y parle à l'occasion de livres français, v. gr. de La fin 
de l'Empire espagnol d'Amérique du félibre provençal et 
historien hispanophile amateur Marius André (t. XVII, 
pp. 275-276). 
CAMILLE PITOLLET. 


COMPTES RENDUS 


A. G. Lirrie, Some recently discovered Franciscan documents 
and their relations to the Second life by Celano and the Specu- 
lum perfectionis; from the Proceedings of the British Academy. 
— Londres, Oxford University Press, 1926. {n - 8o, 32 p. 


Ces documents sont: 

I. Les Documenta antiqua franciscana édités, en trois fascicules, 
à Quaracchi, en 1901-1902, par le P. L. Lemmens, O. F. M., et 
parmi lesquels se trouve la fameuse version du Speculum perfec- 
tionis, généralement désignée sous le nom de Speculum Lemmens. 

IT. Le manuscrit Little, ancien Phillips 12290, déjà étudié par 
N. A. G. Little dans le volume V des publications de la British 
Society of Franciscan Studies, Aberdeen, 1914, et dans le fascicule 
xvui des Opuscules de critique historique, Paris, 1914-1919. 

IT La Legenda antiqua du manuscrit 1046 de la Bibliothèque 
communale de Pérouse, étudiée parle P. F.-M. Delorme, O.F.M., 
dans l'Archivum franciscanum historicum, vol. XV, 1922, et publiée 
par lui, en 1926, aux éditions de la France franciscaine. 

M. À. G. Little, qui est aujourd’hui un des maîtres incontestés de 
la critique des sources franciscaines, soumet ici ces documents 
aune minutieuse étude, et examine leurs rapports avec la Seconde 
Legende de Thomas de Celano et avec la version du Speculum per- 
fectionis publiée en 1898 par M. Paul Sabatier. 

On trouvera dans ce travail magistral, — qui est tout à fait indis-. 
pensable à ceux qui veulent essayer de voir clair dans un pro- 
blème fort complexe, — un excellent rappel des précédentes études 
de M. À. G. Little et un certain nombre d’aperçus nouveaux que 
l'illustre savant anglais n’avait pas encore eu l’occasion d’exposer. 

Il est absolument impossible de résumer en quelques lignes une 
œuvre de ce genre: il faudrait reprendre, point par point, toute 
la discussion. Je dirai seulement que M. A. G. Little établit, d’une 
manière qui à mon modeste avis est irréfutable, que Thomas de 
Celano pour écrire la Seconde Légende a, d’une part, retouché les 
documents qu'il avait sous les yeux et dont il s’est servi; et que, 
d'autre part, il a fait un choix parmi les documents qui lui étaient 
présentés : « Ses omissions, conclut justement M. Little, ne sont pas 
moins significatives que ses modifications. » 

Ce me paraît être l'évidence même. Mais on sait qu’en pareille 


64 COMPTES RENDUS 


matière il n’y arien d'évident.… Et les raisons qui me semblent 
irréfutables sont sans aucune valeur aux yeux de très distingués cri- 
tiques... Alors? 

La brochure de M. A. G. Little se termine par cinq tables de 
concordances, extrêmement précieuses, entre : II CeLanoll; — le 
manuscrit LITTLE ; — la Legenda Antiqua du P. DELORME; — les docu- 
ments LEMMENS ; — le Speculum SABATIER. 


ALEXANDRE MASSERON. 


Leonardus LEMMENS, O. F. M. Testimonia minora saeculi XIII de 
S. Francisco Assisiensi collecta. (Collectanea philosophico-theologica 
cura professorum Collegii internationalis S. Antonit de Urbe edita. 
Vol III). — Quaracchi. 1926. In-8° 124 p. 


Sous lenom de Testimonia majora il faut entendre les légendes de 
saint François par Thomas de Celano et saint Bonaventure et les chro- 
niques telles que celle de Jourdain de Giano, etc., qui traitent direc- 
tement du fondateur de l'Ordre des Frères Mineurs. A côté de cestex- : 
tes de premier plan, il existe, éparpillés çà et là, des témoignages de 
moindre importance, qui ont cependant leur valeur pour fixer la phy- 
sionomie du grand Assisiate, ou pour appuyer un fait de son existence. 

On saura gré au R. P. Lemmens d'avoir recueilli et publié ces 
testimonia minora, car il est difficile de trouver sous la main les 
72 ouvrages qui les renferment. 

Il a divisé sa compilation en huit chapitres: I. Saint François 
dans les chroniques du x siècle (p. 9-33); II. S. Fr. dans les 
documents ou les monuments du xrne s. (p. 33-52); III. S. Fr. dans 
les leçons liturgiques du xin° s.(p. 52-63); IV. S. Fr. dans Îles 
légendaires du xin* s. (p. 63-66); V. S. Fr. dans les légendes de 
saint Dominique du xmie s. (p. 67-73); VI. S. Fr. dans les sermons 
du xme s. (p. 73-79); VII. S. Fr. dans les correspondances ou 
lettres du xui s.{(p. 79-91); VIII. S. Fr. chez les autres auteurs du 
x1e S. (p. 92-102). — A la suite, un Appendice contenant quatre ser- 
mons de Jacques de Voragine, O. P., sur saint François (p. 103-121). 

Ces témoignages ont leur prix et peuvent remettre en discussion 
des questions que l’on croyait résolues. Ainsi Pierre Olivi, O. M., 
(1298) entendit raconter, pendant son noviciat à Béziers, de la bou- 
che de fr. Bernard Barravi, le fait suivant qu'il tenait de saint Domi- 
nique lui-même. Lui et son Ordre avaient renoncé à toute posses- 
sion, à l’exemple de saint François, en assistant au chapitre géné- 
ral d'Assise, où des milliers de frères, sans provisions aucunes, 
avaient été nourris par les soins de la Providence divine (p. 97-98). — 
C'est donc une confirmation anticipée du chap. xvin des Fioretti 
qui rapporte le fait avec force détails. Par conséquent l’étude de 
M. JEAN Guiraun, Saint Dominique a-t-il copié saint François (dans 
les Mélanges Paul Fabre, Paris, Picard), serait à modifier. 


COMPTES RENDUS 65 


Le P. L. n’a pas rapporté les visions et révélations concernant S. 
Fr., ni ses soi-disant prophéties qui circulaient parmi les Spirituels 
de la fin du x siècle, pas plus que certains « Secrets de l'Ordre », 
tel que le chapitre général tenu par les diables contre les Francis- 
cains. Néanmoins nous regrettons qu’il n’ait pas inséré les récits de 
fr. Etienne qui avait connu saint François (Archiv. francisc. hist., 
t XII, p. 382-384). [l est dit comment S. Fr. avait laissé fr. Étienne 
durant deux ans dans une abbaye, avant de le prendre avec lui; com- 
mentS. Fr. habilla un malade nu avec une étoffe qu’une noble dame 
lui avait donnée pour faire une chasuble ; quels rapports S. Fr. avait 
avec les Clarisses; comment il dit à fr. Étienne de ne pas préparer 

de diner... — Ces récits nous sont venus par l’intermédiare de fr. 

Thomas de Pavie qui les tenait du frère lui-même. Or, Thomas de 

Pavie a été tout récemment mis en lumière par les PP. Delorme et 

Longpré de Quaracchi, comme un auteur non négligeable du xur s. 

On peut se demander si ce fr. Étienne n’est pas le même qui partit 

en Terre-Sainte, sans obédience, pour avertir saint François des 

nouveautés introduites, en son absence, par les vicaires Mathieu de 

Narniet Grégoire de Naples (J. de Giano, dans Anal. franc., T, Qua- 

racchi,p. 4-5), Notons encore que les témoignages de fr. Etienne 

n'ont pas été utilisés par les récents biographes de saint François. 
Enfin, en terminant, nous nous permettons de signaler au P. L. 

Un passage de saint Bonaventure qui a dû lui échapper, et qui trou- 

vérait sa place p. 87: «Ipse [S. Fr.] autem de labore manuum par- 

Yam vim faciebat nisi propter otium declinandum, quia, cum ipse 
fuerit Regulae observator perfectissimus, non credo quod unquam 
lucratus fuerit de labore manuum duodecim denarios vel eorum 
valorem...» Opera omnia, t. VII, p. 334. 


HENRI LEMAÎTRE 


Luigi SacvarorezLr, Vita di san Francesco d'Assisi. — Bari, Laterza, 
1926. In-16, 250 p. 

Ernesto Büoxaiurr, Francesco d’Assisi (Collection « Profili », no 79). 
— Roma, A. F. Formiggini, 1925. In-16, 50 p. 

L Fioretti di S. Francesco, a cura di Angelo Sonini, con prefazione 
di Alfredo GaLLeTTi. — Milano, Mondadori, 1925. Edition de luxe, 
in-8° avec 77 planches en noir et à deux couleurs, du format de la 
Page et deux trichromies et édition scolaire revue et augmentée, 
troisième édition : 1926. In-16. xn et 589 p. 
ario CHini, Vita e poesia di san Francesco, narrazioni scelte dui 
« Floretti», dalle « Considerazioni sopra le Stimmate » e da altre 
Opericcinole francescane, precedute da uns studio introduttivo e 
ACCOmpagnate da note, con xilografie di Pietro Parigi. — Firenze, 

: Bemporad e Figlio, 1925. In-16, Lr1 et 163 p. 

Mostra del libro francescano, Poppi(Arezzo), Éstate-Autunno 1926.— 

Firenze, G. Giannini, 1926. In-8, 63 p. (publiée par les soins de 


Revur D'HisToiRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 5 


66 COMPTES RENDUS 


G. FumaGar. Li au nom du « Comitato nazionale per le celebrazioni 
francescane alla Verna», sous les auspices de l’« Jstituto italiano 
del libro», anciennement «Fiera internazionale del libro », à Flo- 
rence.) 


J’ai, sur ma table de travail, maintes publications franciscaines 
qui ont fait. l’objet d'une très incomplète bibliographie, par moi 
publiée dans le précédent fascicule de cette Revue, l'été dernier. Ne 
pouvant les analyser toutes, je me contente de consacrer quelques 
lignes à quatre d’entre elles, qui m'ont semblé, à des titres divers, 
particulièrement intéressantes. 

La première est un essai de biographie critique de saint François. 
L'auteur, qui m'a fait tenir son ouvrage par les soins du « Mercure 
de France », connaît déjà, par un mot que je lui ai adressé, en sep- 
tembre dernier, de Pau, mon opinion essentielle à son endroit. Tout 
en regrettant, dans ce travail, l'absence totale, non seulement de 
bibliographie, mais même de quelques lignes de préface qui nous 
eussent orientés sur sa façon de concevoir sa tâche, j'ai eu plaisir — 
un plaisir très vif — à le lire attentivement. M. Salvatorelli, qui, étant 
d'Assise par sa mère, non seulement a rendu en poète l'âme du pay- 
sage franciscain, si bien saisi par Carducci dans son «Canto del- 
l'Amore » et son ode « Alle fonti del Clitunno », mais encore s'est 
efforcé à fondre harmonieusement l’érudition historique dans un 
grand souffle d'humanité et, souvent, d'émotion. 

Il ne faut pas se dissimuler que ce n’est point besogne aisée que 
celle d'écrire la vie de saint François. On court le risque ou de se 
noyer dans un esprit critique désséchant — cet « historicisme » qui 
n'est qu’un aspect de Ja reconstitution des existences passées — ou 
de sombrer dans une rhétorique pieuse, un idéalisme déformateur. Les 
a d'annunzianismes », compliqués de « papinisme », qui dominent pré- 
sentement en Italie, ne sont pas, en ce sens, des facteurs fort utiles. 
D'autre part, si l'historien de saint François est un rationaliste pur, 
il est à peu près certain que son œuvre sera entachée d'unilatéra- 
lisme, si méritoire puisse être son effort vers une « objectivité » qui, 
en l'espèce, ne saurait guère être autre chose que du trompe-l’œil. 
M. Salvatorelli, qui n’abandonne jamais la terre, sait lever jusqu’au 
ciel des regards pleins d’onction et, fortement documenté, c’est cer- 
tain — encore que taisant, on l’a dit, ses sources, — il nous donne un 
«poverello» assez rapproché,à monsens, du vrai saint François,lequel, 
détail essentiel, ne nous est nullement présenté en dehors de son 
milieu et de son époque, mais en constante relation avec eux, comme 
il convenait. Et cette reconstitution rapide, encore que substantielle, 
de l’ftalie de la première Renaissance, m'a semblé des plus réussies, 
puisque parler de ce xine siècle en historien était bien la condition 
sine qua non, en effet. Et la grande lutte qui s’y livrait entre l’Église 
et l'État est en somme toute l'explication de l’œuvre franciscaine, 


COMPTES RENDUS 67 


laquelle est en fonction de son époque et ne peut être comprise si on 
l'en isole. | 

Mais tout n’est pas dit encore après qu'on a exposé en quel état 
se trouvait la péninsule lorsque surgit la réforme religieuse tentée 
par le fils du marchand de drap d’Assise. — Le grand mystère à élu- 
cider, mystère d’ailleurs à jamais insoluble, reste de celui de l’évo- 
lution mentale du Saint. Comment, au milieu d’une société capita- 
liste, jouisseuse, matérielle, François en est-il venu à dégager l’autre 
aspect de l'existence humaine, aspect éternel, celui de l’idéalisme 
spirituel? Comment s’est-il, dans son retour à un Évangile simplifié, 
préservé des venins du pessimisme manichéen, qui empoisonnait les 
sectes cathares et albigeoises ? C’est là que gît l'énigme psychologi- 
que, pour nous insoluble, n’en déplaise à l’assurance de quelques- 
uns : voir le feuilleton de M. Ch. Guignebert : « À propos d’un cente- 
naire», dans « L’'Impartial Français» des 5-6 décembre 1926. Cet apos- 
tolat franciscain d’une gaie science », si différente de celle imaginée 
par Nietzsche en un siècle de décadence, nous apparaît, dégagé de 
tout élément intellectualiste, comme le fruit de son époque, certes, 
mais aussi comme une géniale trouvaille. L'Église, que François, 
tout en la respectant, laissait, en tant que corps de doctrines théolo- 
giques, en dehors de son action, a si bien compris ce que ce retour 
à l'évangélisme primitif contenait de dangers pour la société qu’elle 
jugea prudent, en absorbant le franciscanisme, de le canaliser. Car 
l'authentique franciscanisme apparaît, comme toutes les utopies, ir- 
réalisable en dehors d’un petit groupe d'hommes et encore ceux-ci ne 
pouvaient-ils, à la longue, se maintenir dans la pureté de la réforme 
primitive. M. Salvatorelli, qui a vu tout cela, a eu l’art de le dire en se 
maintenant dans les limites de la plus prudente réserve. Sans tomber 
dans les exagérations d’un « laïcisme » ridicule ici, il a évité de 
paraitre défendre jamais les points de vue de l’orthodoxie confes- 
sionnelle. Et ce n’est point là l'un des moindre mérites de son 
ouvrage. La langue elle-même se ressent de cette noble impartialité. 
Elle coule, loin de tout artifice d’emphase — une emphase si à la 
mode du jour, en Italie —, pure et nette et, l’avouerons-nous, il nous 
a semblé aspirer, à travers ces pages, le parfum de l'Ombrie, tant 
de fois goûté alors que, sur la fin de la Guerre, ma mission d’in- 
terprète militaire à Gênes, à la Mission maritime, me fit parcourir, 
du Nord au Sud, la Péninsule. 

Le petit livret de M. Buonaïiuti est, lui aussi, une vigoureuse ten- 
tative de synthèse historique. J'admire l’art avec lequel, nouveau 
Renan — et cette analogie va jusqu’au style, un peu « journalistique », 
— cet écrivain habitué à manier les documents d'histoire, a, en quel- 
ques pages, condensé tout ce qu’il importait de savoir sur la formation, 
le milieu et l'œuvre de saint François. La figure de celui-ci se dégage 
avec un merveilleux relief de cet essai, que je n'hésite pas à qualifier 
de chef-d'œuvre et que j'ai lu et relu, par plaisir. L'auteur a-t-il subi 


68 COMPTES RENDUS 


l'influence du volume de K. G. Chesterton, mis en français en 1925 
par Mne Isabelle Rivière chez Plon? Je ne sais, mais, du moins, s'il 
ne se dissimule pas que la réforme franciscaine n’est originale qu’en 
tant qu’elle adapte aux besoins de son temps des germes de renou- 
veau spirituel fort anciens — tout est dans tout —, ne tombe-t-il pas 
dans le défaut de l'écrivain anglais, qui n’a pas vu que ce retour à la 
Nature prêché par François contredisait sa thèse relative à l’essence 
dufranciscanisme, par lui présenté comme l’interruption du culte paien 
dela Nature. Si François, au contraire, a apporté un élément nou. 
veau dans la vie ecclésiastique, cet élément a été la réintégration de 
la Nature dans l'existence spirituelle, sans pour autant — mais cela, 
Chesterton l’a bien saisi (1) — tomber dans le panthéisme. La solution 
du vieux problème des universaux, tourment des esprits français au 
xi® siècle, a trouvé, on peut l’affirmer sans ombre aucune de para- 
doxe, en saint François sa solution pratique et efficace, car nul mieux 
que lui n’a su concilier « réalisme » et « nominalisme» en la plus har- 
monieuse des synthèses, en la plus humaine des réalités. 


L'édition des « Fioretti » que je signale, présente un intérêt artisti- 
que indéniable. On y trouve les plus vieux portraits du Saint, les 
fresques de la Basilique supérieure, les peintures de Giotto dans l'infé- 
rieure, avec des explications extraites d'ouvrages divers — mais nous 
avons, à ce sujet, une excellente Anthologie: « La Fiorita fran- 
cescana », malheureusement limitée à la prose et parue en 1921 à 
« Vita e Pensiero », à Milan, xxir et 491 pages — et le texte, qui suit 
celui donné à Vérone en 1822 par le P. Antonio Cesari, d'après l’édi- 
tion florentine de 1718, par Filippo Buonarroti, tient compte des va- 
riantes introduites en 1905 par G. L. Passerini dans son édition flo- 
rentine et par Luigi Manzoni di Mordano, dans celle de Rome, 1900, 
oùest publiée pour la première fois la rédaction florentine d’Amaretto 
Manelli. Dans son introduction, A. Galletti montre bien — et même 
éloquemment — quels contrastes offre notre société moderne, si on 
la rapproche de l'idéal franciscain. L’admiration que professent pour 
celui-ci — ajouterai-je, — certains, parmi les intellectuels de divers 
pays, ne laisse pas d’être divertissante. Car, horribile dictu, saint 
François est devenu à la mode. Laissons le pélerinage à Assise, qui 
n’a pas même la valeur de l’antique tournée de snobs musicophiles à 
Bayreuth, ni l'attrait des pérégrinations populaires à Lourdes. La 


(1) Je n’annoterai point ici les multiples bévues — dont quelques-unes 
ont été signalées par M. A. Masseron — du champion anglais de l'’ortho- 
doxie qui, optimiste, raillant fougueusement les erreurs modernes dont la 
santé franche et joyeuse est victime, est si peu au courant de l'histoire 
littéraire qu’il s'imagine que la gaie science naquit à Toulouse au xiv° 
siècle. Mais on savait, et surabondamment, que la qualité de son inspira- 
tion étant toujours inégale, il était peu de ses écrits qui ne portassent la 
marque de l'éphémère. 


COMPTES RENDUS 69 


Portioncule n'est d’ailleurs pas encore devenue centre d'attraction 
semblable aux deux autres susnommés, ni la pauvre petite église de 
Saint-Damien, ni la grotte des Carceri. Tout cela est, aussi bien, à 
proximité des bons hôtels de Pérouse. Mais admirer une telle gran- 
deur morale et ne pas se demander si semblable admiration ne 
devrait pas avoir un eflet pratique sur l’existence individuelle cons- 
titue l’un de ces jeux de notre « civilisation » qui sont trop évidents 
pour être le moins du monde discutés. Et, sans doute, un monde 
construit sur le patron franciscain ne serait rien autre chose qu’une 
grotesque folie. Les héros ne sont que de fugitives et éphémères 
apparitions, en ce bas univers. La moyenne humanité s'avère taillée 
sur un patron fort modeste. Saint François ne ressort tant que par 
contraste. Et il n'est que juste de ne pas oublier qu’il n’a jamais 
étendu son prosélytisme au delà d’un chifire limité d’adeptes. S'il 
revenait de nos jours, trouverait-il un tant soit peu son idéal 
appliqué ? Sans doute, les institutions humanitaires se sont sin- 
gulièrement développées et il lui serait difficile de ne pas admet- 
tre un progrès énorme sur son temps. La guerre, cependant, ne 
s'est guère humanisée et, en dépit de l'institution bienfaisante de la 
Croix Rouge, ses horreurs — gaz asphyxiants, en particulier — 
restent égales à celles d’antan, simplement différentes. D'autre 
part, la soif des richesses, le besoin sauvage d’immédiates jouis- 
sances matérielles, l’insolence d’un luxe provocateur et injustement 
conquis laissent loin en arrière le spectacle qu'offrait le siècle du 
Saint. Le monde, en somme, ne s’est amélioré qu’en apparence 
et l'impossible réforme franciscaine resterait à tenter, aujourd’hui 
comme naguère. Soyons tranquilles sur une telle entreprise, cepen- 
dant... 


Puisque nous en sommes aux « Fioretti », signalons l'essai de Mario 
Chini — qui a publié aussi, à « La Voce», à Florence, un autre 
extrait, arbitrairement réparti, du célèbre livre « Da « 1 Fioretti» di 
S. Francesco », 76 p., sans date —, paru en 1926 chez Bemporad à 
Florence en un volume, élégamment présenté, de Li et 163 pages, 
vendu 21 lires : a Vita e poesia di san Francesco ». Je ne dirai rien 
des xylographies qui ornent le texte et sont dues à Pietro Parigi. 
Suggestives : Peut-être. Mais j’avoue préférer à ce cubisme archaïsant 
les gravures sur bois, extraites d’un texte illustré des « Fioretti » 
datant du xvuse siècle, ouvrage d'ailleurs rarissime, dont le P. 
Francesco Sarri, des Frères Mineurs, a jugé à propos d'enrichir son 
édition, parue en 1926 chez Vallecchi et véritablement populaire, 
Puisque vendue au prix dérisoire de 2 lire. Mario Chini interprète 
en artiste sa matiere et a franchement dédaigné le point de vue de 
l'historien. La longue Jntroduction sur la poésie de saint François, 
mise là en guise de préparation à la lecture des fragments suivants, 
tres des « Fioretti » et des a Considérations sur les stigmates » n'est 


70 COMPTES RENDUS 


pas, cependant, rédigée sans tenir compte de documents historiques 
sur François. Mais ceux-ci sont ce qu’il y a de plus notoire, d’incon- 
testablement admis. M. Mario Chini ne laisse pas, pour autant, de 
recourir maintes fois à l’hypothèse. Apologiste du franciscanisme, 
il déclare p. xxx qu’il recherche « plutôt que la littérature historique, 
les explosions lyriques du Saint». Et, page 1, il va plus loin encore, 
écrivant, non sans quelque incohérence, que « l'Histoire qui corrige 
la Légende fait disparaître la Légende ; mais la Légende qui sert de 
prétexte à l’exposition historique ne fait pas vivre l'Histoire de toute 
sa vie; et la philologie, qui raccommode l'expression qu’a eue la 
Légende, la disloque au lieu de la rendre plus solidement jointe et 
en empêche l’adhérence avec l'esprit... » Du moins, savons-nous à 
quoi nous en tenir sur les intentions de l’auteur, qui entend surtout 
édifier la jeunesse, encore qu’on se demande ce que viennent bien 
faire dans son Jntroduction, purement apologétique, des discussions 
d'apparence érudite sur les sources d’écrits attribués à saint François, 
ou de lui traitant. Parlant de la genèse des « Fioretti », par exemple, 
il risque l'opinion, p. L, que le traducteur toscan qui a mis, selon lui, 
en italien la matière du « Floretum », renforcée de celle des « Actus 
beati Francisci et sociorum ejus », — en la compliquant de détails pris 
dans les « Considerazioni delle Stimmate », qui dérivent du « Tractatus 
de miraculis beati Francisci », de Thomas de Celano — pour la fondre 
en ce légendaire fameux, « a réussi à garder au livre toute sa frances- 
canità »... M. Cesare de Lollis a, sur ce point, une observation qui 
témoigne de beaucoup de goût. Dans le fascicule du 15 décembre 
1920 de sa Revue, « La Cultura », il fait observer à Chini, p. 84 d’un 
article intitulé « Franciscana », que « là où l’on a un contenu sembla- 
ble, il préfère le « latinorum » de Thomas de Celano à la prose en 
langue vulgaire des « Fioretti », bien qu'exemple vanté de beau style. » 
Et il transcrit, comme preuve, ce fragment de la prédication aux 
oiseaux de Bevagna dans Celano et dans les « Fioretti » : 


«a Dicendo loro santo Fran- 
cesco queste parole, tutti quanti 


« Ad hæc aviculæ illæ, miro 
« modo super naturam suamexul- 


« tantes, cæœperunt extendere col: 
« lum, protendere alas, aperire os 
«etinillum respicere. Ipse vero 
« transiens per medium illarum 
a« ibat et revertebatur cum tunica 
«a Sua capita eorum contingens 
« & corpora. Benedixit denique 
« ipsis, et signo crucis facto li- 
« cenciam tribuit, ut ad locum 
« alium transvolarent ». 


quelli uccelli cominciarono ad 
aprire i becchi, distendere i colli, 
aprire l’alieriverentemente inchi- 
nare 1 capi infino in terra e con 
atti e con canti dimostrare che le 
parole del padre santo davanoloro 
grandissimo diletto. Finalmente, 
compiuta la predicazione, santo 
Francesco fece loro ilsegno della 
croce e diè loro licencia di par- 
tirsi,eallora tutti quelli uccelli in 
schiera si levarono in aria con 
maravigliosi canti; e poi, sécondo 


COMPTES RENDUS 71 


la croce ch’avea fatta loro santo 
Francesco, si divisono in quattro 
parti ; e l’una volo verso l'oriente, 
e l’altra inverso l'occidente, e 
l’altra inverso lo meriggio, la 
quarta inverso l'aquilone...; 
in questo significando che, come 
da santo Francesco... era sta- 
to.... sopra loro fatto il segno 
della Croce, secondo il quale 
essi si divideano in quattro parti 
del mondo ; cosi la predicazione 
della Croce di Cristo, rinnovata 
per santo Francesco, si doveva 
per lui e per li frati portare per 
; tutto il mondo; li quali frati, etc.» 


Qui ne voit, en ce fragment, le procédé de délayage, cher aux 
epigones de toute matière épique, pour leurs remaniements ? Laissons 
l'invention de la direction symbolique du vol des oiseaux, dont l’in- 
génuité du récit primitif est compliquée pour des fins d’apologétique 
visibles. Le simple « coeperunt in illum respicere » devenu cette 
« révérente inclinaison » monacale du chef — que l’on trouve déjà 
dans saint Bonaventure, d’ailleurs —et compliqué d’un « grandissimo 
diletto » — qui déflore le réalisme naturei du miracle — ne suffit-il 
point à corroborer ce que nous avançons? Mais M. Mario Chini a 
procédé, dans son livre, en dévot franciscain et sès chapitres, relevés 
de commentaires édifiants, ne nous donnent qu’une biograghie légen- 
daire de saint François. Il y aurait tant de choses à dire de ces com- 
mentaires, que nous nous abstenons d’entafner la matière. Prétendre, 
en particulier, page 152, que le «Cantico al Sole » soit reconnu 
comme « authentique » par « les critiques », est peut-être abuser 
de l'ignorance de la jeunesse, à laquelle, on l’a dit, est censé être des- 
tiné l'ouvrage. Mais, encore une fois, passons........ Les fervents 
de saint François goûteront les pages de Chini ; les autres, à leur 
manière, y trouveront sans doute un agréable passe-temps. 


Pour finir, je tiens à signaler — après la Chronique du précé- 
dent fascicule, p. 646, — le précieux catalogue de la « Mostra 
del. libro francescano » de Poppi, compilé par mon excellent ami, 
le bibliothécaire en retraite G. Fumagalli, dontle « Chi l'ha detto?» 
dans sa prochaine nouvelle édition — la huitième — contiendra 
maintes adjonctions miennes. On y trouve, distribuée sous diverses 
rubriques, une matière bibliographique franciscaine précieuse. Ma- 
nuscrits, anciens documents, autographes du Saint, vies de saint 
François et d’autres saints franciscains, anciennes et nouvelles 
éditions des « Fioretti », la règle et les indulgences, livres fonda- 


72 COMPTES RENDUS 


mentaux pour l'histoire de l'Ordre, saint François dans l’art, au théâtre. 
en musique, iconographie du Saint et des stigmates, histoire, des- 
cription eticonographie de la Verna, de la ville d'Assise, de sa basi- 
lique et de l'Ombrie franciscaine, cérémonies en l'honneur de saint 
François, recueils et choix d’études franciscaines, varia et, enfin — 
last but not least — périodiques franciscains : rien ne manque à ce 
précieux livret, qui ne saurait faire défaut dans aucune bibliothèque 
de franciscaniste un peu au courant du mouvement des études 
franciscaines., M. Fumagalli a recensé 03 périodiques franciscains. 
La France en compte 7: les « Études franciscaines » (Paris), la 
«a France franciscaine » (ibid.), cette « Revue », la « Revue francis- 
caine » (Bordeaux), le « Souvenir de saint Antoine » (Bordeaux); 
le Union Séraphique » (Mâcon) et la « Vie franciscaine » (Paris). 
L'Italie en a 43; l'Espagne 21. Parmi ceux de l’Amérique latine, 
je n’ai pas trouvé cités « El Plata Serdfico », nil” « Almanaque de 
san Antonio », dont j'ignorerais d’ailleurs moi-mème l'existence, si 
un fidèle et vieil ami de Buenos Aires, le Dr. Ricardo Monner Sanz» 
ne m'avait, parmi tant d’autres écrits, envoyé quelques petits travaux 
qu’il a publiés naguère sur le Saint dans ces deux organes. 
CAMILLE PITOLLET. 


Domenico SiLvesTRi. Îl ritratto di S. Francesco a Spoleto. Il più 
rassomigliante dipinto recentemente scoperto. — Bologna, Zani- 
chelli, 1926. In-8o, 62 p. 11]. 


On a découvert, il y a quelque temps, dans la petite église des S.Ss, 
Giovanni e Paolo, à Spolète, des vestiges de fresques que l’on suppose 
dater du xuie siècle, et, notamment, une figure de moine dans la- 
quelle on veut voir, avec raison, semble-t-il, saint François. Il est 
debout, coiffé du capuchon, auréolé et stigmatisé ; la physionomie 
que l'artiste lui a donnée n'a aucune ressemblance avec les effigies 
réputées Îles plus antiques, celle du Frater Franciscus de Su- 
biaco, celles de Greccio, de Parme, etc. M. Silvestri célèbre cette 
découverte admirable, la commente avec enthousiasme, confronte 
cette figure inconnue du Petit Pauvre avec la description minutieuse 
de Thomas de Celano, et conclut avec une conviction chaleureuse 
que l’image de Spolète est la seule qui réplique exactement à l'espèce 
de signalement que nous a légué l’annaliste franciscain. 

Voilà de quoi ouvrir la voie à des polémiques sans nombre ; pour 
nous, nous nous bornons à appeler sur l’intéressant travail de 
M. Silvestri l’attention des curieux del’iconographie franciscaine. Nous 
ajouterons que l’auteur reproduit également un autographe du saint, 
conservé, jadis, par les Frères Mineurs de Spolète, et qui, actuel- 
lement, se trouve au Vatican. C’est une délicieuse lettre à frère 
Léon, dont le texte a été reproduit par Mgr FaLocr PuLiGnani, dans 
une étude sur les Autographes de saint François (Miscellanea fran- 


cescana, mai-avril 1892). 
ARNOLD GOFFIN. 


COMPTES RENDUS 73 


Paul THurEAU-DANGIN. Un Prédicateur populaire dans l'Italie de 
la Renaissance. Saint Bernardin de Sienne (1288-1434). — Paris, 
Bloud et Gay, 1926. In-8o, xv1-332 P:, portr. 


La première édition de ce livre a paru en 1896 et c’est sans doute 
le septième centenaire de saint François qui nous a valu cette nou- 
velle édition, édition non mise à jour il faut le dire. Bien que, depuis 
lors, de nombreuses études aient été publiées qui sur bien des points 
ont apporté des lumières nouvelles, la biographie de M. Th.-D. n’a 
Pas perdu de son intérêt, c’est le mérite des travaux faits avec soin. 
Toutefois, à la relire, le désir vient de voir le sujet traité avec plus 
d'ampleur et surtout sous un autre angle. Car que saint Bernardin 
ait été par dessus tout et avant tout un Frère Mineur, M. Thureau- 
Dangin ne le montre pas suffisamment ; dans les quatre premiers 
Chapitres sur la formation du saint et du prédicateur, l’apostolat, 
l'épreuve et les sermons, c'est à peine si l'Ordre auquel il appartient 
est mentionné. Qu'il eût été Augustin, Carme ou Dominicain, rien 
ne semble marquer que Sa personnalité eût été différente ni que son 
action se fût exercée autrement. Ce n'est que dans les cinquième 
et sixième chapitres relatifs à la réforme de l'Observance et aux 
dernières années du saint que l’auteur montre en lui le Fran- 
ciscain, mais, au lieu que cette partie forme le corps de l’ouvrage, 
elleest si effacée dans cet arrière-plan qu’elle fait figure d’appendice ou 
de note additionnelle, qu'elle ne semble destinée qu’à compléter la 
physionomie du saint par quelques traits secondaires, sur lesquels on 
n'a pas cru devoir s'arrêter plus tôt de peur de détourner l’attention 
du sujet principal. à 

La réalité à notre sens est tout autre ; au lieu d’être un titre 
accessoire, la qualité de Frère Mineur est ce qui explique et fait com- 
prendre l'unité de la vie et les divers aspects de l’activité de saint 
Bernardin. Ce n'est Pas par fantaisie ni sans mûre réflexoin qu'il est 
éntrédans l'Ordre franciscain, car une pareille décision ne se prendpas 
à la légère ni sans de solides raisons, surtout chez un esprit réfléchi 
comme le sien. Cette règle qu’il a adoptée et à laquelle il est resté 
Soumis toute sa vie, qu’il a sans cesse méditée et qu'il s’est étudié à 
Suivre toujours plus exactement, forme le fond de son être religieux, 
dé mème que les auteurs de l'Ordre ont été,dès ses années de noviciat, 
la principale nourriture de son esprit; c’est avec eux qu’ila appris 
la theologie, c’est eux qui l’ont guidé dans la mystique, c’est eux qui 
lui ont fourni la matière de sa pensée. 

Aussi ne faut-il pas attribuer une trop grande importance au 
fait qu'il n’ait Pas trouvé dans l’Ordre des maîtres pour l'exercer à 
la parole. Cette absence de professeur ne l'a pas empêché de déve- 
lopper son talent d'orateur, elle lui a peut-être même permis de 
Montrér une originalité, une personnalité qui auraient été amoin- 
dries par l’école. C’est dans saint François qu’il a trouvé l’exemple 
de la prédication populaire, il a passé comme lui sa vie à porter de 


74 COMPTES RENDUS 


tous côtés la parole de l'Évangile. C’est parce qu'il était Franciscain 
qu'il a prêché. 

L'historien qui retrace sa vie doit donc chercher tout d’abord en 
Jui le Franciscain, le suivre dans ses études, retrouver son passage 
dans les couvents italiens où ses fonctions de prédicateur l’ont mené. 
C'est dans ces couvents que son action s’est d’abord exercée ; son 
exemple et ses enseignements y ont petit à petit amené la réforme de 
l’Observance; sa nomination comme vicaire de l'Observance en 1438 
est le point final de son œuvre, la reconnaissance dutravail accompli. 

La prédication au peuple n’est que le côté le plus extérieur, s’il 
est le plus brillant, de son activité, mais là encore il y aurait lieu de 
mettre en valeur tout ce qui lui est propre et tout ce qu'il doit à 
l'Ordre ; à coup sûr ses talents d’orateur, sa fougue, son habileté à 
savoir disposer de son auditoire furent pour beaucoup dans ses 
succès; par contre le thème de ses sermons, la matière si variée et 
si riche qui s’y déroule lui ont été fournis par le milieu franciscain 
où il a vécu. Il a puisé à pleines mains dans les livres qu'il a lus, 
dans les leçons de la vie quotidienne qu’il a entendues. 

Grâce aux travaux historisques plus nombreux que nous possédons 
maintenant sur l'Ordre et sur l’École franciscaine, il est possible de 
mieux montrer le milieu où il avécu, de mieux marquer le mouvement 
des idées à son époque; ainsi mieux située dans son ambiance, sa 
personnalité n’en paraîtra que plus vivante, car on percevra mieux 
ce qu’elle a d'original. 

HENRI LEMAÎTRE. 


L'Internele consolacion, texte du manuscrit d'Amiens, publié pour la 
première fois par Alfred PEREIRE. — Paris, Helleu et Sergent, 1926. 
In-16, xxu1-416 p. 


L'Internele consolacion est la traduction française du De Imita- 
tione Christi, à cette diffèrence près que le livre de l'Eucharistie y 
manque et que les autres livres sont disposés dans un ordre différent 
(deux, trois, un). Le ms. d'Amiens qui a été reproduit par M. P. a 
été copié à Hesdin en 1447. La bibliothèque de Valenciennes con- 
tient deux autres copies, dont l’une a été « grossée » à Bruges en 
1402, par le calligraphe David Aubert pour Marguerite d’York, 
femme de Charles le Téméraire, et appartint par la suite à la famille 
de Croÿ. M. P. tire de ce ms. diverses preuves en faveur de lattri- 
bution à Gerson, d'abord la présence d’un sermon sur la Passion 
qu'on sait être de Gerson, argument auquel on ne peut guère s'arré- 
ter, ensuite deux miniatures représentant Gerson, fait certainement 
beaucoup plus significatif. Aux autres preuves tirées de l'examen du 
texte, M. P. ajoute le fait que Gerson aurait lui-même signé son 
œuvre, quand il écrivit au dernier paragraphe du 3e livre de l’Im:i- 
tation : « Seigneur, exaucez la prière de votre pauvre serviteur exilé 
Join de vous ». Gerson signifie en hébreu exilé. 


COMPTES RENDUS 75 


M.P. ne manque pas de mettre en relief l'influence profonde qu'a 
exercée saint Bonaventure sur l’auteur de l'Imitation; c'est à cause 
de ce côté tout franciscain de l’œuvre que nous mentionnons ce tra- 
vail dans notre Revue. [’éditeur mérite la reconnaissance du public 
pour avoir présenté ce livre avec tant de soin et en même temps avec 
tant de goût; la disposition typographique et la composition sont 
très belles. 

H. L. 


Les Martyrs franciscains des Carmes. Le Bx Apollinaire de Fribourg, 
Capucin ; le Bx Jean-François Burté, Cordelier ; le Bx Séverin 
Girault, Tertiaire régulier. — Gembloux, Duculot, 1926. In-8, 
120 p. — 4 fr., franco, 4 fr. 75. 


Dans le groupe des 191 martyrs, victimes de la Révolution, en 
septembre 1792, et béatifiés à Saint-Pierre de Rome, le 17 octobre 
1926, figurent trois Franciscains. — Le P. Apollinaire (Jean Morel), 
naquit près de Fribourg en Suisse, au mois de juin 1739. Après des 
études brillantes au collège des Jésuites de Fribourg, il entra chez les 
Capucins, au couvent de Zoug, en 1762. Désirant passer aux mis- 
sions d'Asie, il dut séjourner à Paris pour apprendre les langues. 
C'était en 1789. Au lieu de partir pour l'Orient, il fut chargé de la 
colonie allemande massée sur la paroisse Saint-Sulpice. Il refusa de 
prêter le serment prescrit aux prêtres par la Révolution, fut arrêté 
le 14 août 1792 et conduit au couvent des Carmes. On sait le reste. 
— Sa notice (p. 7-67) est signée de Jusrin Gumy, O. M. C., évêque 
des Seychelles, et précédée de son portrait hors texte. 

Le P. Burté, né à Rambervillers (Vosges), le 21 juin 1740, demanda 
l'habit des Cordeliers Observants au couvent de Nancy en 1757. 
Il enseignait la théologie dans le même couvent, en 1768, et devint 
l'un des premiers docteurs de la jeune faculté théologique de Nancy. 
Par suite de la décision de Clément XIV, comme tous les Observants 
de France, il dut passer en 1771 à l'Ordre des Conventuels. On le 
retrouve au Grand-Couvent de Paris en 1778, procureur de sa pro- 
vince de Lorraine. Exilé l’année suivante, par ordre du gouverne- 
ment, il était de retour avant 1785. I1 fut élu supérieur en 1792 de la. 
maison de réunion sise au Grand-Couvent, accusé de favoriser les 
prêtres réfractaires, et interné le 12 août aux Carmes, martyrisé le 
2 Septembre et inhumé le lendemain au cimetière de Vaugirard. — 
Cette notice, par E. ManGeNoT (p. 69-99), avait paru dans les Études 
franciscaines, t. XVIII, 1907, p. 533-582. 

Le P. Séverin Girault, que M. de la Gorce appelle « Zéphirin» 
(dans la lettre-préface, p. 5), naquit à Rouen le 14 février 1728, et 
entra au couvent des Pénitents du Tiers-Ordre de cette ville, le 
7 août 1749. Après ses études au couvent de Nazareth à Paris, il 
reçut la prêtrise le 8 mai 1754. Sa vie se passa entre le couvent de 


76 COMPTES RENDUS 


Saint-Lo et celui de Paris. Il dirigeait les Franciscaines de Sainte- 
Élisabeth de la rue du Temple. Incarcéré aux Carmes à la fin d’août 
1792, il fut la première victime du massacre. — Notice signée du 
P. Ugaup D'ALENCON (p. 101-105). 

HENRI LEMAÎTRE. 


PÉRIODIQUES 


Studi Francescani (già « La Verna »), Anno XII (XXIII). — Florence, 
Vallecchi. — Publication trimestrielle d'études et de documents. 


19026. 


ANDREA CALLEBAUT, O.F. M. La Lepgenda del B. Giovanni Duns 
Scoto e Enrico di Hessia, vice-cancelliere di Parigi, p. 1-12. — L'A. 
cite le texte d’un ms. de Bâle relatant comment, entre 1384 et 1386, 
dans une conférence à Worms, H. de Hesse aurait raconté les ex- 
tases fréquentes de Duns Scot au couvent de Paris. Plus tard, à 
Cologne, pendant l’absence de son socius qui seul le connaissait, 
une extase prolongée fit croire àsa mort. On l’enterra. Trois jours 
après, le socius revenu expliqua que ces ravissements donnaient 
l'apparence de la mort, alors que son maïtre était bien vivant.— Le 
P. C. fait justice de cette légende déjà en circulation 75 ans après 
la mort de D. Scot. Il constate en même temps quelle opinion 
on avait de sa sainteté. 

BENeDETTO INNOCENTI, O. F. M. I Cronologi della riformata provin- 
cia toscana dalla sua costituzione fino all' unione delle quattro fami- 
glie(1639-1897); 1925, p. 3-42, 246-205, 523-548 ; 1926, p. 13-34, 171- 
199. — Note intéressante sur les onze chronologistes de la province 
réformée de Toscane, où l’on expose leur manière d'envisager et 
d'écrire l’histoire franciscaine. 

E. Pacanori, O. F. M. La « Via Crucis » del Puiati e le sue riper- 
cussioni polemiche nel mondo giansenistico e in quello francescano 
al tempo di mons. Scipione de’ Ricci; 1924, p. 19-54, 157-206; 1925, 
P- 43-87, 207-245, 353-386, 461-494; 1926, p. 35-65, 216-273. — On 
sait que la Via crucis, propagée depuis le xv* siècle par les Frères 
Mineurs, comprend quatorze stations dont six ne sont pas men- 
tionnées dans l'Évangile : les trois chutes du Christ, la rencontre de 
Jèsus et de sa mère, la Véronique et la «a Pietà ». Cette pratique de 
dévotion fut attaquée en 1783 par Joseph Puiati, Bénédictin du 
Mont-Cassin, appuyé par le parti janséniste italien, comme incon- 
venante et contraire aux Évangiles. Elle trouva des défenseurs 
chez les Franciscains; les PP. Annibali da Latera, Irénée Affo, 
Thomas de Cireglio, Gaspard Samocles de Naples et Séraphin della 
Mirandola, prouvèrent que les stations attaquées avaient un fon- 
dement dans les traditions hiérosolymitaines. Leur thèse a prévalu. 

Livario Oricer, O.F.M. 7 Penitenzieri francescani a San Giovanni 
in Laterano ; 1925, p. 495-522; 1926, p. 66-92.— Ils s’y établirent 


78 PÉRIODIQUES 


sous S. Pie V,en 1570, au nombre de huit, six confesseurs et deux 
convers; leur entretien demeurait aux frais du Saint-Siège. Ils habi- 
tèrent, de 1570 à 1735, sur la place actuelle de Porta San Giovanni, 
dans l’ancien palais pontifical alors tout délabré, près de la chapelle 
Saint-Nicolas; de 1736 à 1914, derrière la basilique, dans l'habitation 
actuelle des professeurs du séminaire du Latran; depuis 1914 ils 
sont logés derrière le Baptistère. 

SALVATORE MarINO Mazzara. Costanza di Syevia ed Eleonora di 
Francia, Clarisse medievali di Sicilia (Cronache francescane del Tre- 
cento), p. 93-116. — Constance de Suède, fille de Manfred + 1266 
excommunié à Bénévent, épouse de Pierre d'Aragon à qui elle apporta 
en dot le royaume de Sicile, prit l’habit de Sainte Claire au monas- 
tère de Messine, en 1291, après la mort de son mari. Elle mourut à 
Rome, selon les @ns, mais plus probablement à Barcelone où elle 
fut enterrée dans l’église des Frères Mineurs. — EÉléonore de France, 
fille de Charles II d'Anjou, sœur de saint Louis d'Anjou, O. M. 
et de Robert, roi de Naples, épousa Frédéric, roi de Sicile. « Toute 
sa vie, écrit l'A., fut un poème de bonté ou de foi, une chose plus 
angélique qu'humaine ». Elle avait comme chapelain, en 1318, 
fr. Elzéar, O. M., plus tard évêque de Sciacca. Elle donna aux 
Frères Mineurs de Catane une epine de la Sainte Couronne et une 
parcelle de la Vraie-Croix qu'elle portait au cou; et en 1346 elle 
faisait bâtir leur couvent. Après la mort de son mari, en 1356, elle 
fonda le monastère des Clarisses de Catane où elle vécut quatre ans. 
Sur son sarcophage de marbre, dans l’église franciscaine de Catane, 
était sculptée l’image de son frère saint Louis. — (Article quelque 
peu confus.) 

Guxpisazvo VaLzs, O.F. M. L'Ideale missionario del B. Raimondo 
Lullo, Terziario francescano, martire a Bugia (Africa), 1375, 
P. 117-128. — KR. L. part de ce principe que Dieu a créé le monde, 
afin qu’il soit tout entier chrétien. Pour arriver à ce résultat, trois 
moyens sont nécessaires : vouloir, pouvoir, savoir. I. Toute volonté 
créée doit s'intéresser à la diffusion du christianisme. C’est une obli- 
gation, une nécessité, une utilité. II. Tous les pouvoirs de ce monde 
doivent être orientés pour porter la foi à ceux qui l’ignorent. Pou- 
voirs matériels : biens superflus des évêches, chapitres et monas- 
tères ; affaires commerciales permettant aux pavs chrétiens d'entrer 
en relation avec Îles nations païennes ; offrandes spontanées des 
fidèles. Pouvoirs spirituels : prières, souffrances, prédications, zèle. 
ITT. Comment organiser la conversion des infidèles’ Le pape doit 
établir un dicastère ou congrégation de la Propagande dont l'office 
sera 1° de réunir des forces, 2° de diriger ces forces pour la défen- 
sive (croisade armée contre les Turcs; préservation de la foi contre 
les infidèles et les hérétiques), pour l'offensive (croisade d'amour 
pour porter les peuples à Dieu). — C'est ici que R. L. expose ses 
idées pour la formation des missionnaires, dans des collèges établis 


PÉRIODIQUES 79 


auprès des grandes universités, où ils apprendront les langues; dans 
des collèges chez les indigènes, pour s'adapter aux mœurs du pays, 
frapper les yeux par la splendeur du culte, s'approcher des païens 
par les œuvres de bienfaisance, puis les pénétrer par la doctrine. 

Excellent exposé du programme lulliste. 

Dalle Relazioni dell adunança del Circolo di cultura francescana 
di Firenge (Borgo Pinti, 84), p. 147-148. — Résumé d'une confé- 
rence du Prof. Auguste Hermet, sur la mystique de saint Bona- 
veature d'une part, et de l’autre sur celle d’Ange Silesio, protestant 
converti du xvir* siècle, qui détonne avec le Cantique des créatures 
de saint François. 

Diouene Scaramuzzi, O. F. M. Le Infiltrazioni della dottrina di 
Giovanni Duns Scoto in Giambattista Vico, p. 149-170. — J.-B. Vico, 
philosophe napolitain, 1668-1744, fut le plus illustre representant du 
scotisme dans l'Italie méridionale, durant le xvine siècle, non pas 
qu'il ait suivi en tout point la doctrine du docteur Subtil, mais dans 
ce sens qu'il n’a pas dédaigné de faire siennes les plus belles théo- 
nes de Duns Scot, bien qu’en taisant toujours son nom. 

Primaino Coco, O. F. D. 7 Francescani in Basilicata, p. 200-215. 
— D'après son bref prologue, l'A. aurait traité jadis (sans donner de 
dates ni de références) des principaux événements de sa province, et 
composé des notices sur 25 couvents. Cette fois il publie les notes 
du P. Checchi sur 8 couvents nouveaux, la série incomplète des 
ministres provinciaux de 1517 à 1678, des listes de visiteurs, lec- 
teurs et autres personnages plus ou moins importants. — Les notes 
explicatives sont trop peu nombreuses, le rôle de l’éditeur aurait du 
consister à suppléer, par des recherches personnelles, au silence 
des documents. 

Lovovico U. Gnoccui, O. F. M. 7n quale anno, mesè e giorno il 
Crocifisso di S. Damiano parld a S. Francesco, p. 274-279. — Le 
colloque aurait eu lieu probablement, vers la fête de l’Exaltation 
de la Sainte-Croix, en septembre 1206. 

ADAMO PIERROTTI, O. F. M. La Romanità di S. Francesco, 
P. 289-306. — Rapports d’humble et cordiale soumission de saint 
François vis-à-vis du Siège apostolique. . 

Girocamo Gocusovicx, O. F. M. San Francesco e i Francescani in 
Damiata (5 nov. 1219-2 febb 1220), p. 307-330. — Damiette fut prise 
le ÿ novembre 1219. Les Croisés se partagèrent la ville. Une église 
tune maison furent données aux Frères Mineurs dans le quartier des 
Bolonais et des Lucquois, entre le 5 novembre 1219 et le 2 fé- 
vrier 1220, et plus que probablement à saint François lui-même pré- 
sent dans la ville. Ce premier établissement persista jusqu’à l’aban- 
don forcé de Damiette, 7 septembre 1221. Un second dura pendant 
l'occupation de saint Louis, 6 juin 1249-8 mai 1250. Un troisième 
de 1698 à 1702, où les schismatiques s’en emparèrent. Le quatrième 
dure depuis 1856. 


80 PÉRIODIQUES 


BENEDETTO [nnocenT1, O. F. M. Teologia e Bibbia net « Fioretti » 
di S. Francesco, p. 331-354. — A la suite de Giovanni Papini, l'A. 
range les Fioretti à côté de l’Imitation de Jésus-Christ et des Exer- 
cices de saint Ignace, comme un des livres « qui ont accompagné 
l'ascension des hommes vers la divinité » — les lecteurs apprécie- 
ront. — Il relève différents passages du charmant recueil en relation 
avec la théologie et l'Écriture sainte. 

ANGELO Marconi, O. F. M. Attorno agli autori dei « Fioretti », 
p. 355-365. — Les Fioretti dérivent des Actus S. Francisci, compo- 
sés en latin par fr. Ugolino de Montegiorgio. Un inconnu les a tra- 
duits et adaptés en italien et en a fait le livre ravissant que l'on 
connaît. Mais le P. Facchinetti a soutenu récemment que Île susdit 
fr. Ugolino n'était l'auteur que des 45 premiers chapitres, et que la 
suite, 46-53, serait l’œuvre de son neveu, un autre fr. Ugolino de 
Sarnano. L’A. se récrie, propose que le premier Ugolino soit l’au- 
teur de l’ouvrage latin, et le second le traducteur italien. De plus il 
revendique la province des Marches comme le pays natal des Fio- 
retti contrairement aux prétentions de la Toscane. 

FERDINAND DELORME, O. F. M., Un Recueil de miracles ou « exem- 
pla », source de François Bartholi, p. 366-404. — P. Sabatier a édité 
à Paris, en 1900, le Tractatus de indulgentia S. Mariæ de Portioncula 
de Fr. Bartholi. Le P. D. a découvert dans le ms. 442 d'Assise 
14 miracles insérés textuellement par Bartholi, mais dans un autre 
ordre. Il reproduit les nos 15, 16 et 17, bien que la substance de 1 
se retrouve dans le Tractatus. — A la suite il publie 14 exempla, 
attribués par lui à fr. Pierre le Teutonique, O. M., écrivain jusqu'ici 
inconnu, auteur également du recueil précédent utilisé par Fr. Bar- 
tholi. Dans ces derniers 14 exempla « l'importance du ne 7 est grande, 
en ce sens qu'il contient une histoire dont la fortune a eu du succes, 
alors qu’elle se réduit à une histoire de vieille femme ». C’est l'épi- 
sode de la séductrice introduite dans la chambre de saint François, 
que celui-ci découragea en s'étendant sur des charbons ardents. P. le 
Teutonique est l’auteur du récit qu’il entendit de la bouche d'une 
commère en 1309. 

Guino Mazzoni. L'Egloga « Daedalus » del Petrarca e san Fran- 
cesco, p. 405-411. — Dedalo est un personnage, objet d'un dialogue 
entre deux interlocuteurs. L’A. croit reconnaître saint François 
dans cette œuvre de Pétrarque. 

ELETTO PaLanpri, O. F. M. Rappresentaziont sanfrancescane, 
P. 411-494. — Il s’agit de deux mystères franciscains composés vers 
1480 par Mona Antonia, femme de Rernardo Pulci, et représentés 
sans doute à l’époque. Le premier concerne saint François et le 
second la conversion des trois voleurs de Monte Casale, opérée à son 
instigation. L’A., qui reproduit le texte italien, imprimé au moins 
cinq fois (quatre au xve, et une au début du xvie siècle), reconnait 
que Mona Antonia ne s’est pas donné grand peine pour composer 
ses pièces. 


LR, TS 


nt Ré _ em ue En foie dt ne ne een RE nn Comte MU EME FON UE ve OUR PME mue oo men 


ee ce 2 ue ee ee pomme ne ee 


PÉRIOBIQUES 81 


Daurano NEri, O. F. M. Iconografia del transito di S. Fran- 
cesco, p. 495-517, avec 6 pl. hors texte. — La représentation des 
funérailles de saint François est empruntée au type byzantin des 
funérailles de la Vierge. Ce type, Giotto l’a adapté à sa manière, à 
l'Arena de Padoue. Ses obsèques de saint François à Sainte-Croix 
de Florence en dépendent visiblement, ainsi que la même scène 
traitée sur un panneau de la chaire de cette église par Benedetto da 
Maiano, par Ghirlandaio dans l’église de la Trinité de la même ville. 
La fresque de l’Alverne, refaite en 1670 par fr. Emmanuel de 
Come, restaurée en 1690 et en 1840, montre saint François mourant, 
à moitié nu. Celle de G. Bruschi, sur le mur extérieur de la cha- 
pelle du Transito, dans la basilique de Sainte-Marie des Anges, 
représente aussi le saint mourant, gisant à terre, mais entièrement 
vêtu. — Très intéressante étude mais qui est loin d’épuiser un sujet 
si abondant. 

Francesco Sarki, O. F. M. Saggio bibliograñfico di studi france- 
scant, p. 518-546. — L’A. a eu l’heureuse idée de grouper sous la 
quadruple rubrique : histoire, doctrine, littérature, art, les travaux 
effectués dans le vaste champ du franciscanisme durant ces der- 
nières années. Il remonte à la fin du xvi* siècle, avec le De origine. 
de Fr. de Gonzague, et montre les importantes publications des 
xvirt et xvure siècles. La renaissance actuelle des études franciscaines 
date du centenaire de la naissance de saint François en 1882, mais 
l'élan fut donné en 1894 par la Vie de saint François de Paul Saba- 
ter. Le R. P. mentionne les rares œuvres des trois premiers quarts 
du xix° siècle, il oublie le Tableau synoptique du P. Marie-Léon 
PaTREM, Paris, 1879, et ï’Auréole séraphique, vies des saints et 
bienheureux de l'O. de S. Fr. du P. Léon DE CLary (4 vol. in-18, 
Paris, 1882). Si l'ouvrage du P. Patrem avait été publié en un ou 
deux in-8o, au lieu de l’incommode format atlas, la connaissance de 
l'histoire de l'Ordre y eût sûrement gagné. A signaler encore que la 
France franciscaine a commencé en 1912 et nonen 1924 (p. 534). 
— Bibliographie forcément incomplète, mais qui ne manquera pas 
d'être utile. 

LEoNE BRACALoONI, O. F. M. Ancora del « Cantico delle creature » 
nel suo vero o migliore metro, p. 547-554. — On avait contesté au 
fameux Cantique du Soleil la division primitive de chaque strophe 
en trois vers. Le P. B. expose très judicieusement le bien-fondé des 
tercets, quoique les vers, à la façon des versets des psaumes dont 
ils se rapprochent, n'aient pas tous le même nombre de syllabes. 
Jamais le célèbre Cantique de saint François n’avait été mieux étudié. 

Nesrore [O. F. M.]. Restauri e feste solenni a S. Maria -degli 
Angeli d'Assisi nel 1840. — Récit contemporain de la consécration 
de la basilique de Sainte-Marie des Anges, le 8 septembre 1840, par 
le cardinal Lambruschini, secrétaire d’État de Grégoire XVI et pro- 
tecteur de l'Ordre des Frères Mineurs. Le monument élevé au 


Ravuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 6 


82 PÉRIODIQUES 


xvie siècle, par ordre de saint Pie V, avait été détruit en partie par 
le tremblement de terre de 1832. L’A. du récit est inconnu, la 
signature « Nestore » (moine slave historien, 1054-1113) étant un 
pseudonyme. 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


L'Archiginnasio, bulletino della Biblioteca comunale di Bologna... 
Anno XXI, Num. 4-6, 1926, p. 229-240. 

GAETANO SABATINI. Frammento del Tractatus Minoricarum di Bar- 
tolo da Sassoferrato. 


Bartolo da Sassoferrato, citoyen de Pérouse, célèbre docteur en 
droit + 1357, écrivit en 1354 le Tractatus Minoricarum, imprimé à 
Brescia en 1502 et réédité plusieurs fois depuis. Il ne figure pas, eta 
juste titre, dans les Scriptores Minorum, comme n'étant pas l'œuvre 
d’un Franciscain, mais il a été mentionné par L. Waboinc, Annales 
Minorum, Lyon, 1637, t. IV, p. 7. Il a été étudié par A. C. Jemouo, Il 
« Liber Minoricarum » di Bartolo e la povertàä minoritica nei giu- 
risti del XIII e XIV secolo, dans Studi Sassaresi, 2° Série, vol. Il, 
fasc. I, Sassari, 1922, p. 1-54 — Le fragment publié ici provient 
d’un ms. du Vatican, de la seconde moitié du xive siècle, écrit sans 
doute à l’occasion de quelque controverse entre Mineurs zelanti et 
relâchés. On pourrait en certains cas, dire que c’est un manuel 
juridique à l’usage des Syndics, chargés au nom du Saint-Siège, de 
revendiquer pour les Frères Mineurs les biens temporels qui leur 
sont interdits par saint François. 

HENRI LEMAÎTRE. 


La Rivista di Livorno, publiée par le Circolo filologico livornese, a 
publié à la fin de 1926 une petite vie de saint François qui serait 
inédite. Elle a été trouvée par le P. Zeffirino Lazzert dans les 
Archives capitulaires de Pise. Le manuscrit qui serait de la première 
moitié du xure s. et qui aurait appartenu à des religieux vivant en 
ermites, semble être resté inconnu jusqu’à ce jour. Ce texte est divisé 
en neuf leçons, il s'agit donc d’une vie très brève qui devait être 
insérée dans un bréviaire pour l'office du saint. 


Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, 
t. XXXIV, Metz, 1925, p. 328-545, et t: XXXV, Metz, 192%, 
P. 199-415. 

ANDRÉ Gain. Liste des émigrés, déportes et condamnés pour cause 
révolutionnaire du département de la Moselle. 


Le travail que M. Gain est en train de publier traite d’un des phé- 
nomènes les plus importants de la Révolution et qui a eu sa réper- 
cussion à peu près sur toute la France, de l’émigration. Il va sans 


PÉRIODIQUES 83 


dire que les départements, situés sur les frontières, s’en sont ressen- 
tis tout particulièrement. Cependant quel est le nombre exact des 
émigrés? On ne saurait encore le dire. Nous possédons bien la liste 
nationale, mais on en connaît les multiples répétitions, les lacunes, 
les doubles emplois, les erreurs orthographiques et géographiques 
de la plus haute fantaisie (t. XXXIV, p. 333). Il est donc de toute 
nécessité, si l’on veut arriver à une idée tant soit peu précise, de 
refaire la liste des émigrés de chaque département en particulier. 
M. Gain s'est astreint, pour celui de la Moselle, à ce travail, destiné 
à rendre les plus grands services aux historiens du pays. Pour 
dresser sa liste, il a combiné la méthode des deux listes qui, jusqu’à 
présent, ont été rééditées, celles de la Meuse (1) et du Var (2). De 
l’une il a pris l’ordre alphabétique et de l'autre, les additions biogra- 
phiques. 

Ainsi il nous sera facile de relever les noms des membres de la 
famille franciscaine qui ont quitté le pays. 

L'Ordre de Saint-François comptait, à la Révolution, dans la ville 
de Metz le couvent des Capucins (3), qui comprenait 29 religieux, et 
celui des Récollets, et comme couvents de femmes les Clarisses au 
nombre de 18 et les pauvres sœurs Colettes qui étaient 30. En 
dehors de la ville les diverses branches avaient 212 religieux parmi 
lesquels les Récollets allemands de Sierck (4) et les Récollets irlan- 
dais de Boulay. Les Franciscaines des diverses observances ne 
comptaient que 63 religieuses (5). 

Les religieuses émigrées sont en général peu nombreuses. Il en est 
autrement des religieux. Quelques-uns quittèrent le pays volontaire- 
ment, tels les PP. Koch, Schoot, Boemer, Philipzen et le frère lai 
Moor du couvent de Sierck qui, probablement, retournèrent dans 
leur maison d’origine. Mais la plupart furent contraints de partir par 


(1) Dusois (JEan), Liste des émigrés... du département de la Meuse, Bar- 
le-Duc, 1911. 

(2) Honoré (Louis), L'Émigration dans le Var (1789-1825), Draguignan, 
1923. 

(3) Dans un article sur les Monastères de l'ordre de Saint-François à 
Metz (Mém. de l'Académie de Metz, 2° série, XVIe année 1867-1868, p. 316), 
M. de Bouteiller parle d'un Nécrologe des Pères Capucins des provinces 
de Champagne et de Lorraine, provenant du couvent de Metz et « parfai- 
tement complet, depuis le commencement du xvrio siècle jusqu’au jour où 
le couvent cessa d'exister ». Qu'est-il devenu ? 

(4) V. au sujet de cè couvent : Parricius ScHLAGER, O. F. M. Zur Ge- 
schichte des ehemaligen Franziskanerklosters in Sierck, dans Jahrbuch 
der Geselischaft für lothr. Geschichte und Altertumskunde, Metz, 1904, 
p. 228 et P. LesPranD, Suppression du couvent des Récollets de Sierck, 
ibid., 1910, p. 387 ets. 

{5} Toutes ces données sont tirées des études que M. l'abbé P. Les- 
prañd publie depuis 1909 dans la Revue ecclésiastique de Metz, sous le 
titre Le Clergé messin et la Révolution. 


84 PÉRIODIQUES 


la loi du 26 août 1792 contre les prêtres insermentés. Ce sont sou- 
vent des religieux âgés qui rejoignent, à Trèves d’abord, métropole 
du diocèse de Metz, un couvent de leur Ordre. En juillet 1793, p. 
ex., un Récollet est hébergé par des Cordeliers (1), deux autres chez 
les Frères Mineurs (2), un Capucin chez les Capucins (3). « L'avance 
des troupes françaises en chassa un grand nombre vers le Rhin, puis 
au-delà du Rhin. Tel Franciscain est reçu par les Capucins de Bern- 
kastel qui le nourrissent tant qu’ils en ont les moyens » (p. 376). 

Que sont devenus tous ces hommes qui préférèrent l'exil avec toutes 
ses privations à un serment que leur conscience réprouvait? Il sera 
dificile de fixer le sort de chacun. Pour beaucoup, sans doute, la 
mort vint mettre un terme aux multiples souffrances qu’ils avaient 
à endurer ; d’autres, plus favorisés par les circonstances, sont reve- 
nus dans leur pays, une fois que la paix et le calme furent rentrés 
en France, et, après le concordat, nous les trouvons employés, dans 
les paroisses, au ministère des âmes. 

Après ces quelques remarques générales, suggérées par l’introduc- 
tion du travail de M. Gain, voici les noms des Franciscains que nous 
rencontrons dans la liste. Nous indiquerons chaque fois le numéro 
sous lequel il est relevé. 

Du couvent des RÉcoLLETS de Met nous trouvons quatre person- 
nages : | 

1. Le P. Anacerr, qui, omis sur les listes officielles, s'était réfugié 
à Trèves et se trouvait en juillet 1793 au couvent des Minorites de 
cette ville (Nc 47. V. plus haut note 2). 

2. Georges BECKER, né à Haute-Vigneulles, fut dénoncé par la 
municipalité de Basse-Vigneulles (ro octobre 1792), et inscrit, le 
4 mars 1793, par délibération du district de Boulay. A sa rentrée en 
France, il demanda, le 28 floréal an X, âgé de 43 ans et 2 mois, le 
bénéfice du sénatusconsulte du 6 floréal. Il élut domicile, pour la 
prestation du serment, chez le citoyen Monich, rue du Grand-Cerf, 
à Metz. Il fut amnistié le 18 frimaire an XI et desservait, en 1810, 
la paroisse de Hilsprich (N° 214). 

3. Philippe BECKER, peut-être frère du précédent, est né à Momers- 
dorff (arr. de Metz), dénoncé par les mêmes et inscrit aux mêmes 
dates que lui. Agé de 54 ans, lorsqu'il rentra, il demanda aussi le 
bénéfice du sénatusconsulte du 6 floréal an X. Il s'était retiré à 
Basse-Vigneulles, où il possédait un jardin et des terres. Il fut am- 
nistié le 18 frimaire an:XI (N° 219). 

Du couvent des Récollets de Sarrelibre (c’est le nom révolution- 
naire de Sarrelouis), il y a : 


(1) Le P. Jean, de Sarrelouis (Dr. LaGer, Franzôsische Emigranten in 
Trier 1792-1793, dans le Jahrbuch cité plus haut XXII, 1910, p. 433). 

(2) Les PP. Anaclet et Polycarpe, de Metz (Jbid., p. 436). 

3) Le P. Hilarion, de Metz (Jbid., p. 438). 


PÉRIODIQUES 85 


1. Mathieu Nicolas Bauvouin, né à Fixheim (Moselle), refusa de 
prêter serment, fut inscrit par arrêté du département du 24 floréal 
an II, émigra en Allemagne, rentra par Strasbourg où il fit sa décla- 
ration le 19 fructidor an X et fut amnistié le 18 germinal an XI. En 
1810, N. Baudouin était vicaire à Metz (No 175). 

2. Justin BILCHBERGER, dénoncé par la municipalité de Sarrelibre, 
fut inscrit par le district de cette ville et l'arrêté du département 
du 24 floréal an 11 (N° 288). Il en a été de même pour: 

3. Bocaro. 

Le gardien du couvent des Récollets irlandais de Boulay, Pierre- 
Jacques ConnoLzy, insermenté, n’obéit pas à la loi du 26 août 1792; 
il était donc soumis à la déportation d'office. C'était l’avis du dépar- 
tement. Mais le 25 septembre 1792, un licencié en médecine l’ayant 
examiné, constata qu’il était intransportable en raison d’une pleuro- 
péripneumonie « dégénérée en éthisie des poumons » qui ne lui lais- 
sait que peu de temps à vivre. Néanmoins, le 28 germinal an II, un 
arrêté du département le condamnait à la déportation — il avait 
alors 40 ans — pour n'avoir pas prêté le serment de liberté-égalite. 
Il mourut à l'hôpital de Rochefort, le 4 août 1794 (N° 719. Cf. 
P. LesprAND, dans la Revue ecclés. de Metz, 1911, p. 379-395). 

Aun°977, il est fait mention d’un Récollet d'Arras qui avait émigré 
et rentrait avec l’abbé Dubois, prêtre de la même ville et frère du 
genéral Antoine Dubois, blessé à Roveredo le 4 sept. 1796. 

Les Carucins sont représentés par six pères : 3 du couvent de 
Meuz, 1 de celui de Sarrelibre, 1 de Listroff et 1 de Sarreguemines. 

1. Pierre Baar, né à Hestroff, Capucin de la maison de Metz, 
ancien provincial, se retira d’abord dans la maison de réunion des 
religieux franciscains à Boulay (juin 1791 à août 1792), fit, après sa 
rentrée en France, sa déclaration de soumission devant le préfet de 
la Moselle, le 11 germinal an XI et fut amnistié le 24 ventôse sui- 
vant (N° 96). 

Les Archives de la Moselle conservent une copie du testament que 
l'ex-gardien fit comme curé de Helsdorff le 1e mai 1814. En voici 
les clauses : 

« 1° Il lègue au grand séminaire de Metz les livres qui sont dési- 
gnés dans un catalogue dont son exécuteur testamentaire aura copie ; 
2° à ses neveux et nièce Bour de Béning deux armoires, un bois de 
lit avec rideaux, un fourneau, une pendule, deux serrures de porte, 
7 Chaises, le linge dont il n’aura pas disposé, les plats, les assiettes 
d'étain avec quelques meubles de cuisine. Quant à l’argent ils n’y 
auront aucune prétention. 3° Il veut que l’année de gage de sa ser- 
vante lui soit payée complètement; il lui lègue une couverture de 
laine, un matelas, un traversin avec les tayes d'oreillers, deux 
paires de drap de lit, une paillasse et une douzaine de serviettes, 
trois petits paniers, un sceau (sic), les outils du jardin, moitié de ce 
qu'elle a semé et planté, l’autre moitié étant pour les pauvres; 4° à 


86 PÉRIODIQUES 


son frère Simon Île dressoir de la cuisine, une tête à perruque; les 
deux entablements de ses livres, encoignure {!), etc, ; il leur a fait don 
de ce qu'il leur a prêté; 5° à son cousin Baar deux rasoirs, ses 
lunettes, son tonneau à vin, ses bouteilles et gobelets ; à sa ser- 
vante Jeanne Krauser deux rideaux flambés, une demi-douzaine de 
serviettes, deux petits ciseaux, un bénitier et une grande boëte; 
6° à Jean Vait deux draps, un chaudron, un pot de grai et de terre 
qui sont dans la cuisine ; 7° à la veuve Harte, à Macker, une paire de 
drap, trois coussins de chaise, une douzaine de mouchoirs blancs, 
une toile de matelas et deux toiles de coussin; ce qui restera de 
bois et de vin sera vendu au profit des pauvres. Il nomme le s' Bet- 
tinger, prêtre à Momersdorff, son exécuteur testamentaire, le priant 
d'accepter un fauteuil en cuir, etc., et lui permettant de disposer 
de l'argent comptant qu'il laissera à son décès (tr). 

Pierre Baar est mort la même année. 

2. Louis-Ferdinand BerriNcrr, en religion P. Godefroy, né à 
Volmerange le 13 juin 1747, fit profession à Sainte-Menehould, le 
22 Mai 1772, aumônier du dépôt de mendicité à Metz, s'enfuit en 
Allemagne de la maison de réunion de Boulay; il ne figure pas 
sur les listes, dut rentrer à Volmerange dès l'an VIII. Le 18 bru- 
maire an IX, il obtint un certificat de non-inscription, « pour divers 
voyages qu'il est sur le point d’entreprendre ». En exécution du 
sénatusconsulte du 6 floréal an X, il fit sa déclaration, le 22 prairial 
an X, devant le résident français à Francfort et fut amnistié le 
30 thermidor an XI, comme résidant à Metz, où il était encore en 
l'an XIII. En 1810, il était desservant de Narbéfontaine (No 278). 

3. Hyacinthe Comte, né en 1770 à Boulay, de Bernard C., fit 
demander par son père, en l’an VIII, au préfet de la Moselle, d’être 
considéré comme déporté et non comme émigré. [Il justifiait sa 
demande qu'après avoir résidé à Boulay dars la maison paternelle 
et au couvent des Récollets de juin 1791 au 11 septembre 1792, il 
était sorti de France à cette date en vertu de la loi du 26 août pré- 
cédent. Une délibération du canton de Boulay (19 thermidor an V) 
reconnut le fait. 11 obtint du préfet un avis favorable (13 prairial 
an VIII). Retiré à Boulay, il demanda le bénéfice de l’amnistie du 
6 floréal et fit élection de domicile à Metz. Après avoir fait, le rer 
prairial an X, sa promesse de fidélité devant le préfet de la Moselle, 
il fut amnistié le 18 frimaire an XI. En 1810, il était desservant de 
Berweiler (N° 7601. 

Les Capucins de Sarrelouis sont représentés par le P. Joseph- 
Boniface BaRTHEL qui devint curé de Creutzwald. Il émigra en Alle- 
magne, fit sa déclaration le 26 thermidor an X devant le commis- 
saire délégué à Strasbourg et fut amnistié le 3 ventôse an XI 
(N° 152). 


(1) Arch. de la Moselle, 32 Q 23, fol. 107 v. Le testament fut enregistré 
le 20 juin 1814. 


PÉRIODIQUES 87 


Alexis Cancer, du couvent de Sarreguemines, fut inscrit par le 
district de cette ville. Il ne possédait pour tout bien avant son 
départ que sa pension d’ancien religieux (N° 542). 

Le P. Jean-Nicolas CABË, né à Boulay, Capucin du couvent de 
Listroff au début de la Révolution ne quitta jamais le territoire 
après la fermeture de la maison et n'obéit pas à la loi du 
26 août 1792. Il remplit clandestinement les fonctions du culte aux 
environs de Saint-Avold et finit par être arrêté à Basse-Vigneulles 
le 1er nivôse an VI. Il était alors âgé de 54 ans, n'avait pas de domi- 
cile fixe et n'avait pas plus observé la loi du 19 fructidor an V que 
les précédentes. Le département le condamna à la déportation par 
arrêté du 18 ventôse an VI, mais omit de le faire inscrire sur les 

listes. Transporté à la Guyane sur La Bayonnaise, l’ancien Capucin 
mourut à Konanama, le 15 novembre 1798 (No 521). 

Ajoutons encore : 

Jean-François-Louis ERRARD, né à Faulquémont, prêtre Cordelier, 
se déporta comme insermenté et rentra à une date indéterminée. 
Domicilié à Faulquemont et âgé de 36 ans, il demanda le bénéfice 
du sénatusconsulte du 6 floréal an X. Pour faire sa déclaration à la 
préfecture (le 6 prairial an X), il fit élection provisoire de domicile 
a Metz. 1] fut amnistié le 18 nivôse an XI, et, en 1810, était vivant à 
Faulquemont (N° 1107). 

Remercions, pour terminer, M. Gain. Il a fait bonne hesogne. 


J.-B. KaAIsER. 


Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France. — Tou- 
louse. In-8e. 
Nouvelle série, n° 46, 1917-1921 (1924). 

J. Cazuerre. Éléments pour une notice de Jean Brussac (1747-1809). 


Né à Bordeaux, Jean Brussac entra dans l'Ordre de Saint-Fran- 
çois en 1763, fut professeur royal de théologie à l’Université de Tou- 
louse en 1779 et curé de Saint-Michel de Bordeaux en 1803. 


Namurcum, chronique de la Société archéologique de Namur. — 
Namur, Musée archéologique. In-8e. 
3° année, n° 4, décembre 1926, p. 49-55. 

Marthe Cricx-Kunrzicer. Retable d'Enhet (Chevetogne). xvie siècle. 


Ce retable, par sa facture, se rapproche beaucoup du retable de 
l'église de Saint-Pierre-lez-Libramont, commune ardennaise de la 
province de Luxembourg. Comme lui il est de facture liégoise. Le 
panneau central représente le Calvaire, celui de gauche la conver- 
sion de saint Paul, le panneau de droite « la Décollation de saint 
Paul » et à la partie inférieure la donatrice accompagnée de sainte Éli- 
sabeth de Hongrie. Celle-ci porte au bras gauche un panier et sou- 


88 PÉRIODIQUES 


tient, de la main droite, un livre fermé sur lequel sont posés, au lieu 
des couronnes traditionnelles, trois plateaux ou écuelles. Y a-t-il 
là une intention de la part du sculpteur ou des donateurs ou, au 
contraire, une déformation involontaire d’un motif iconographique 
mal compris? Il serait bien difficile de le dire, d'autant que ni 
l’histoire du retable, ni les noms des donateurs ne sont connus. 

« Le revers des volets est orné de peintures fortement retouchées 
et accompagnées d'inscriptions françaises en caractères gothiques. 

« Au revers du volet droit, on voit sainte Élisabeth faisant la cha- 
rité à un infirme et à un aveugle conduit par un chien; la sainte est 
munie des mêmes attributs que sur le panneau sculpté, c’est-à-dire 
d’un panier dans lequel on distingue des pains — et de trois réci- 
pients superposés. La légende qui suit accompagne cette peinture : 


Donne de tes biens à plaisir 
Comme tu es en faucte 

De merite en auras 

Quant tenir ne le pourras. » 


Ces indications sur l’iconographie de sainte Élisabeth de Hongrie 
sont précieuses, car elles fournissent une interprétation encore non 
signalée d’un thème connu. Il est à souhaiter qu'elles ne tardent pas 
à susciter d’autres découvertes qui aideront à les interpréter. 

H. L. 


La France Franciscaine, revue trimestrielle d’études franciscaines 
pour les pays de langue française. — Paris, 9, rue Marie-Rose. 
In-8°. 


Série, II. Tome IX, 1926. 


SÉRAPHIN BELMOND, O. F. M. Du bon usage de la volonté d'après le 
Bx Jean Duns Scot, p. 5-24, 197-213, 319-335, 473-500. — La 
morale de Duns Scot se résume en deux formules qui se complètent : 
aimer Dieu par dessus tout et pour lui-même ; user de soi-même et 
des créatures pour tout ramener à Dieu (p. 500). 

FERDINAND DELORME, O. F. M. Documents pour l'histoire du Bx 
Gabriel-Maria, p. 45-87, 239-273, 367-305. — Gilbert Nicolas, n€ 
à Riom en 1464 ou 1465, + 1532 à Rodez, doit être distingué de deux 
homonymes franciscains presque contemporains : Nicolas Gilbert 
ou Nicole Guillebert, longtemps de résidence à l’Ave-Maria de Paris, 
et Guilbert Nicolas, gardien de Dunkerque en 1486. Léon X changea 
son nom en celui de Gabriel-Maria, à la suite du chapitre de 1517. 

Après une page sur sa science (p. 47), le P. D. note son concours à 
la fondation des Annonciades avec la Bse Jeanne de France, ses 
charges dans l’Ordre des Fr. Min., et publie sa vie inédite d’après la 
Chronique de l’Annonciade (Mazar., ms. 2426), p. 54-57. 59-76, et 
une Exhortation de fr. Jehan Filion aux Annonciades au sujet de la 
mort de G.-M., P. 76-87. 


PÉRIODIQUES 89 


Le P. D. édite à la suite de ces documents toute une série de piè- 
ces diplomatiques aussi importantes pour l’histoire de G.-M. que 
pour la fondation de l’Annonciade. Il est regrettable que les analyses 
qui précèdent ces actes ne soient pas aussi complètes ni aussi exactes 
qu'on pourrait le désirer. D’abord le P. D. n'indique jamais, dans 
l'analyse, l’endroit d’où l’acte a été expédié ; ensuite il ne caractérise 
jamais la nature de l’acte, ainsi les deux bulles qu’il publie sont des 
privilèges, c’est-à-dire des documents particulièrement solennels ; en 
la circonstance le fait est d’autant plus à signaler que la chancellerie 
pontificale se servait pour eux seuls du style florentin ou de l’Annon- 
ciation, c'est-à-dire faisait commencer l’année au 25 mars, alors que 
pour toutes les autres lettres elle employait le style de Noël, c’est-à- 
dire faisait commencer l’année à Noël. La pièce XII est qualifiée 
Ordonnance de Georges d’Amboise, légat. Les légats n'avaient point 
l'habitude de rendre des ordonnances; en l’espèce le légat écrit à son 
frère, Louis d’Amboise, évêque d’Albi, pour le charger d’une mis- 
sion. Pour le n° XVII il eût fallu dire qu’Anne de France n’est autre 
qu'Aane de Beaujeu, identification que le lecteur ne peut faire 
qu'après une vérification qu’il y a lieu de lui épargner. L’acte n’émane 
pas d'ailleurs de cette princesse, ce n’est qu’un vidimus d’une lettre 
sortie de sa chancellerie. Enfin il eût été bon de signaler si les origi- 
paux sont sur papier ou sur parchemin et s'ils portent ou non un 
sceau, 

Les analyses de ces documents ne seront pas inutiles à nos lec- 
teurs, surtout rectifiées et complétées par nous. 

25 septembre 1499 [Bourges]. — Acte de Guillaume de Cambrai, 
archevèéque de Bourges, faisant savoir qu’à la requête de Jeanne de 
Valois il permet de consacrer la chapelle du château de Châtillon-sur- 
Indre, qui est dédiee à Notre-Dame, et d’y conserver le Saint-Sacre- 
ment; 1] accorde en outre une indulgence de quarante jours aux 
fidèles qui viendront y prier à certaines fêtes. (Arch. du Cher.) 
P. 239-240. 

4 décembre 1501, Blois. — Lettre du cardinal Georges d’'Amboise, 
legat en France, à Jeanne de Valois, autorisant la fondation du 
monastère de l'Annonciade à Bourges et fixant à dix le nombre des 
moniales. (Arch. du Cher.) P. 240-241. 

12 février 1502, Saint-Pierre de Rome. — Privilège d'Alexandre VI 
portant approbation de la règle de l’Annonciade. (Arch. du Cher.) 
P. 241-249. 

2 septembre 1502, Bourges. — Lettre de Guillaume de Cambrai, 
archevêque de Bourges, approuvant l'achat de terrains et maisons 
fait au chapitre de Monstiermoyen à Bourges, en vue de la fonda- 
tion du monastère de l’Annonciade. (Arch. du Cher.) P. 250-251. 

3 octobre 1502, Bourges. — Lettre de Guillaume de Cambrai, arche- 
vêque de Bourges, à Jeanne de Valois, l’autorisant à choisir à sa 
convenance un prêtre séculier ou régulier comme chapelain et con- 

fesseur de son chapitre de l’Annonciade. (Arch. du Cher.) P. 251. 


90 PÉRIODIQUES 


3 octobre 1502, Bourges. — Lettre de Guillaume de Cambrai, 
archevêque de Bourges, portant son assentiment total aux privilèges 
accordés par Alexandre VI aux Annonciades, dans la reconnaissance 
de leur règle. (Arch. du Cher.) P. 252-253. 

12 décembre 1502, Bourges. — Acte du chapitre primatial de 
Bourges, donnant son assentiment à la fondation du monastère de 
l’Annonciade, dans la paroisse de Notre-Dame de Monstiermoyen à 
Bourges. (Arch. du Cher.) P. 253-254. 

21 novembre 1504, Bourges. — Lettre de Jeanne de Valois faisant 
donation aux religieuses de l’Annonciade des biens et rentes qu’elle 
acquit pour elles en Berry (et non, comme j’a imprimé le P. D., de 
tout ce qu’elle peut avoir de rentes situées en Berry). (Arch. du Cher.) 
P. 254-256. 

11 mars 1505. Bourges. — Lettre de Bernardin Bochetel, garde 
du sceau de la prévôté de Bourges, rédigée par Anthoine Rodillon, 
notaire, à la requête de sœur Catherine Gauvinelle, ancelle du 
monastère de l’Annonciade de Bourges, attestant, sur le témoignage 
de Guy Juvénal, abbé de Saint-Sulpice-les-Bourges, Gilbert Nicolas, 
provincial d'Aquitaine, et Nicolas Bonnet, chantre de la Sainte- 
Chapelle de Bourges, la réponse faite par ceux-ci à feu Jeanne de 
Valois que mille livres de rente au moins étaient nécessaires pour 
l'entretien du couvent de l’Annonciade {et non promesse d’une rente 
de mille livres). (Arch. du Cher.) P. 256-257. 

24 avril 1506, Le Coudré (Cher). — Lettre du cardinal Georges 
d'Amboise, légat en France, accordant une indulgence de 3 ans et 
3 fois quarante jours à tous les fidèles qui vraiment pénitents et 
confessés auront visité chaque année à certaines fêtes l’église de l’An- 
nonciade à Bourges et y auront récité dix oraisons dominicales et 
dix salutations angéliques. (Arch. du Cher.) P. 257-258. 

21 octobre 1506, Bourges. — Lettre du cardinal Georges d’Am- 
boise, légat en France, à Louis [II d’Amboise], évêque d'Albi, et à . 
l'abbé de Saint-Sulpice-les-Bourges, les chargeant, si les religieuses 
de l’Annoncçiade de Bourges sont privées de la direction qui leur est 
donnée par le P. Gilbert Nicolas, de l’'Observance, et si elles ne sont 
pas soumises à un autre Ordre, d'inviter le vicaire général citramon- 
tain à les prendre sous son obédience et à les pourvoir d’un con- 
fesseur et de deux religieux de son Ordre. (A la ligne 5 corriger 
patribus en patri et ajouter et dilecto filio N. devant abbati). (Arch. 
du Cher.) P. 258-260. 

5 décembre 1506, Blois. — Lettre de Louis II d’Amboise, évêque 
d'Albi, au vicaire général citramontain de l'Observance, en exécution 
de la lettre précédente de Georges d’Amboise. (Arch. du Cher.) 
P. 261-264. 

8 janvier 1507, Bologne. — Privilège de Jules II, portant confirma- 
tion de la règle de l'Annonciade approuvée par Alexandre VI, 
accordant aux frères et sœurs de cet Ordre sous certaines conditions 
les mêmes indulgences qu'aux stations de Rome et à la visite du 


PÉRIODIQUES 91 


Saint-Sépulcre, et aux visiteurs des églises de l'Ordre les mêmes 
indulgences que s'ils visitaient les églises de l’Ordre des Mineurs, 
aux cinq amis et amies, désignés par les sœurs pour leur dénoncer 
les fautes des frères, la faveur d’être absous à l’article de la mort 
par le confesseur des religieuses, dispensant de la juridiction de 
l'ordinaire les maisons de l’Ordre et les plaçant sous l’obédience 
d'une des communautés réformmées des quatre Ordres Mendiants, ou 
de celle de Saint-Sulpice de Bourges, ou d’une communauté 
reformée de Bénédictins ou de Cisterciens, leur donnant comme 
protecteurs les cardinaux Georges d’Amboise et Robert Guibé, 
évèque de Rennes, les cardinaux prêtres et les futurs évêques de 
Rennes, et confiant aux archevêques de Bourges et de Tours, aux 
évêques d'Albi, de Nevers et de Paris, etc., le soin de défendre leurs 
privilèges. (Arch. du Cher.) P. 264-269. 

a mars 1507, Carentan. — Lettre du cardinal Georges d’Amboise, 
légat en France, à l’abbé du monastère de Saint-Sulpice de Bourges, 
au prieur du chapitre de Saint-Ursin, et à Jean Bertaud, chanoine de 
Bourges, pour les charger de veiller à la réforme qu'il a opérée au 
monastère des Bénédictines de Saint-Laurent à Bourges. (Arch. du 
Cher.) P. 269-270. 

11 juin 1508, Barcelone. — Lettre de Jean Sauvage, vicaire général 
citramontain de l'Observance, aux sœurs de l’Annonciade de Bourges 
et d'Albi, leur étendant les bénéfices des biens spirituels des Ordres 
franciscains. (Bibl. nat., fonds Doat 113, fol. 4550 vo.) P. 271. 

14 février 1509, Bourges. — Vidimus de Jehan Fradet, garde du 
sceau de la prévôté de Bourges, sur le témoignage d'Antoine 
Rodilhon, notaire, d’une lettre d'Anne de Beaujeu, datée de Moulins, 
26 -octobre 1508, et adressée au vicaire général citramontain de 
l'Observance pour l’inviter à pourvoir d’un confesseur de son Ordre 
les religieuses de l’Annonciade de Bourges, en attendant qu’elles en 
sient un de leur Ordre. (Bibl. nat., fonds Doat 113, fol. 457 ro.) 
P. 271-272. 

15 avril 1509, Grenoble. — Lettre du cardinal Georges d'Amboise, 
légat en France, à [Gilbert Nicolas] vicaire provincial de l’Obser- 
vance en Bourgogne, le chargeant ainsi que deux docteurs de son 
Ordre de reviser les statuts et coutumes des couvents de l’Annon- 
ciade à Bourges et en Albi pour tout ce qui touche la liturgie. (Arch. 
du Cher.) P. 272-273. | 

17 octobre 1507, Bourges. — Lettre de Jean Lechausse, abbé du 
monastère de Saint-Sulpice-les-Bourges, vidimant, pour Anne de 
Beaujeu et les frères et sœurs de l’Annonciade, une bulle d'Alexandre 
Vletd'autres bulles de Jules I1, ainsi que diverses lettres de Guillaume 
de Cambrai, évêque de Bourges, les faisant insinuer par Jean de 
Villiers, vicaire général de l’archevêché de Bourges, reproduisant 
enfin le procès-verbal fait à l'archevêque de Bourges de l'exécution 

desdites lettres à laquelle il a procédé. (Arch. du Cher.) P. 367-371. 


92 PÉRIODIQUES 


27 décembre 1512 (et non 1513 comme l'indique le P. Delorme, le 
style employé dans les brefs étant le style de Noël), Saint-Pierre de 
Rome. — Bref de Léon X à Anne de Beaujeu et aux sœurs de l’An- 
nonciade de Bourges et d'Albi, étendant à celles-ci le bénéfice des 
indulgences accordées par Jules IT, à Jeanne de Graville, veuve de 
Charles d'Amboise, et à dix personnes à choisir par elle. (Arch. du 
Cher.) P. 373-374. 

23 août 1513, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X, aux 
sœurs de l’Annonciade approuvant une messe spéciale en l'honneur 
des dix Bons Plaisirs de Notre-Dame. (Arch. du Cher.) P. 371-373. 
e 19 mars 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux sœurs 
de l’Annonciade de Bourges et d'Albi, confirmant les indulgences du 
Saint-Sépulcre précédemment accordées par Alexandre VI et 
Jules II aux fidèles visitant les églises de l'Ordre durant la Semaine 
Sainte. (Arch. du Cher.) P. 375-376. 

31 mars 1514, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux 
sœurs de l'Annonciade de Bourges et d'Albi, confirmant les indul- 
gences du Saint-Sépulcre. (Bibl. nat., Fonds Doat 19, fol. 344 r°.) 
P. 376. 

31 mars 1514, Saint-Pierre du Vatican. — Bref de Léon X à 
[Gilbert Nicolas] vicaire général de la famille ultramontaine des 
Frères Mineurs de l’Observance, lui mandant de rédiger une règle 
commune aux Annonciades et aux Conceptionistes, les deux Ordres 
ayant été et devant être régis par des Frères de l'Observance. (Arch. 
du Cher.) P. 376-378. 

11 juin 1514, Anvers. — Lettre des capitulaires du chapitre général 
de l’Observance à Anvers aux Annonciades et aux Conceptionistes 
leur notifiant que, selon le mandement de Léon X, ils les reçoivent 
sous leur obédience. (Bibl. nat., fonds Doat, 113, fol. 460 r°.) P. 378. 

3 mars 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X à Gilbert 
Nicolas, vicaire des Frères Mineurs de l’Observance pour toute la 
province de France, lui mandant de surveiller l'octroi de l’indul- 
gence dite des dix Ave Maria, dans les églises de l’Annonciade. 
(Arch. du Cher.) P. 370. 

(S. d. n. I.) — Supplique autographe de [Gilbert Nicolas] à 
Léon X, relative à l'octroi de l’indulgence des dix Ave Maria. (Arch. 
du Cher.) P. 379-381. 

3 mars 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux sœurs 
de l’Annonciade de Bourges et d’Albi, confirmant les indulgences 
accordées par les privilèges d'Alexandre VI et de Jules.If. (Arch. du 
Cher.) P. 381-382. 

22 mai 1515, Saint-Pierre de Rome. — Privilège de Léon X por- 
tant approbation de la règle commune aux Annonciades et aux Con- 
ceptionistes, rédigée par Gilbert Nicolas et les capitulaires du 
chapitre général d'Anvers. (Arch. du Cher.) P. 383-395. 

19 juin 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux sœurs 


PÉRIODIQUES 93 


des monastères de l’Ordre de Notre-Dame Vierge placés sous l’obé- 
dience des Frères Mineurs de l’Observance, leur étendant le bénéfice 
des indulgences accordées aux Clarisses, notamment celles de la 
station du Saint-Sacrement, de la Portioncule et des stations de 
Rome. (Arch. du Cher.) P. 305. H. L. 

JÉRÔNE Goyexs, O. F. M. La Province franciscaine de Saint- 
Andre en Artois et l'Université de Louvain, p. 89-95. — Cette province, 
séparée de celle de France, et constituée en 1558, désirant posséder 
un couvent d’études à Louvain, obtint le concours de la duchesse de 
Parme, du cardinal de Saint-Ange et du baron de Berlaimont, en 
1560, pour acquérir le collège universitaire des Croisiers tombé en 
décadence. Finalement l'immeuble fut vendu en 1616 aux Récollets 
de la province de Basse-Germanie dont le couvent touchait le collège 
des Croisiers. 

Ineu. Documents pour servir à l'histoire du couvent des Fr. Min. 
de Binche, p. 95-96. — Dès 1379 le couvent de Mons possédait un 
pied-à-terre à Binche pour ses prédicateurs. Un couvent canonique 
y fut érigé en 1626. 

WiLLIBRORD LAMPEN, O. F. M. François de Meyronnes, O. F. M. 
p. 215-222. — Né à M. dans la vallée de Barcelonnette en Provence, 
il aurait pris l’habit de l’Ordre au couvent de Digne et aurait été 
gardien de celui de Sisteron. Auditeur de Duns Scot à Paris, entre 
1302 et 1307, il fut présenté au doctorat par Jean XXII, en 1323, 
sur la recommandation de Robert d'Anjou, roi de Naples. Il assista 
S. Elzéar de Sabran, T. O., à sa mort à Paris, 27 septembre 1323, 
etprononça son oraison funèbre. En 1324 Jean XXII l’envoya en 
Gascogne négocier la paix entre les rois de France et d'Angleterre. Il 
mourut à Plaisance en Italie. — L'’A. publie les questions de 
l'unique Quodlibet de Fr. de M. qui dut être rédigé à Noël 1323 ou 
Paques 1324. 

Ineu. Les Bénédictins de Solesmes et saint Bonaventure, p. 223-226. 
— Îl s’agit d’un renseignement demandé au P. Fidèle de Fanna, le 
fondateur de Quaracchi, par les PP. Guépin et Gardereau, O. S. B., 
au sujet des fameuses sculptures de Solesmes où figure S. Bonaven- 
ture. — L’'A, aurait pu trouver dans la vie de Dom Guéranger par 
Dom Detatte d’autres preuves de la vénération du premier abbé de 
Solesmes pour le Docteur séraphique. 

J. Goyexs, O. F. M. Tabula definitionis primae congregationis 
Proninciae Sancti Antonii in Arthesia celebratae 10 octobris 1684, 
p. 227-232. — A la suite des guerres de Louis XIV dans les Pays- 
Bas, les couvents récollets des pays rendus à la France constituèrent 
une custodie en 1662, puis une province en 1668. Le document 
publié donne le nom de tous les couvents et de tous les religieux de 
cette province en 1684. — Beaucoup parmi ces religieux auraient pu 
être identifiés. 

Ineu. Requête des Sœurs grises de Namur, p. 232-233. — Leur 


94 PÉRIODIQUES 


couvent fut fonde en 1498, et réformé en 1644. — L'A. a oublié de 
mentionner la date de la Requête. 

X. Le couvent de Murat, p. 235-238. — Désignation en 1443 des 
paroisses où les Frères du couvent de Saint-Gal de Murat, fondé en 
1430, pourront exercer leur ministère, faite par Amaury Gaillard, 
custode du Rouergue, et Jean du Pouget, lecteur de théologie au 
couvent d’Aurillac, commissaires délégués du général de l'Ordre, 
Guillaume de Casal, en 1437. 

ANDÉRÉ CALLEBAUT, O. F. M. Le Bx Jean Duns Scot, bachelier des 
Sentences à Paris en 1302-1303, p. 2y3-1303, p. 293-317. — I] paraît 
jusqu'ici que D. Scot enseigna d’abord à Oxford, puis à Paris, en 
1302-1303, qu’il quitta vers le 24 juin 1303 pour Cologne, peut-être; 
qu’il retourna ensuite à Paris; que la mort le surprit à Cologne, le 
8 novembre 1308, sans qu'il ait pu terminer son commentaire sur le 
Lombard. 

Fr. CHRONISTA. Un cours sur la philosophie du Bx Jean Duns Scot, 
p. 353-366 — Compte-rendu littéraire de l'enseignement de 
M. Étienne Gilson. FR. de S. 

FERDINAND DELORME, O. F. M. L'Œuvre scolastique de maitre 
Vital du F'our, d’après le ms. 95 de Todi, p. 421-471. — Notre Revue 
(t. II. p. 280-281) a analysé la notice de M. C.-V. Langlois sur V. 
d. F. Dcpuis lors le P. D. s’est procuré la photocopie intégrale du 
‘ms. de Todi eten a fait un minutieux examen. Voici les premiers 
résultats de ses recherches. 

1° Jusqu'à ces dernières années on attribuait à Duns Scot, confor- 
mément à une opinion émise par Wadding, un traité connu sous le 
nom de De rerum principio. Les 15 premières questions qu'il con- 
tient sont indubitablement ‘l’œuvre de Vital du Four. Le ms. ne 
porte aucune indication qui permette de lui attribuerles 11 dernières, 
mais la similitude de rédaction et l’assemblage de ces questions 
avec les précédentes donnent à penser qu’elles sont du même auteur. 

2° En conséquence, Vital du Four est le théologien jusqu'ici in- 
connu qui attaqua la théorie de Pierre Olivi sur le mode d’union 
de la partie intellective de l’âme humaine avec le corps et auquel 
Pierre Olivi répondit point par point dans son appendice au livre ler 
de son Commentaire sur les sentences. 

30 Enfin le ms. de Todi contient des renvois à un commentaire de 
Vital du Four sur le premier livre des Sentences, renvois qui pour- 
ront permettre d'identifier un jour cet ouvrage. 

L'article du P. D. présente un vif intérêt. On nous permettra de 
leRretRer que l'exposé soit difficile à suivre. Remarquons en outre 
qu'en ce qui concerne l'attribution du De rerum principio à Vital du 
Four la démonstration du savant religieux ne semble pas complète. 
1] faudrait encore nous dire quelles raisons conduisirent Wadding à 
ranger cet ouvrage parmi les œuvres de Duns Scot et quelles furent 


les causes de sa méprise. 
L. Baunry. 


PÉRIODIQUES 95 


Antonianum, periodicum philosophico-theologicum trimestre, editum 
cura Professorum Collegii S. Antonit de Urbe. — Roma (24), via 
Merulana 124. In-8v (35 lib. ital. extra Italiam). 


T. 1, 1926. 


ZachariAs Van DE WoEsTyNE, O. F. M. De indole anselmiana 
theodiceae S. Bonaventurae, p. 6-23, 180-204. — Marchant sur les 
pas de ses devanciers, notamment Alexandre de Halès et saint 
Augustin, saint Bonaventure s’est défendu de construire un système 
personnel. L'A. prouve sa dépendance de saint Anselme, et non 
d'Aristote, contrairement à l’affirmation du P. Jeiler et des premiers 
Quaracchistes. Il termine par cette déclaration: « Placé dans l'univers 
qui conserve les vestiges du passage de Dieu, scrutant sa propre 
nature, sentant toutes ses exigences et soupirant après ce qui lui 
manque, le Séraphique: s’écrie : Seigneur, je viens de vous, le 
Souverain ; je vais à vous, le Souverain; et par vous, le Souve- 
rain ..… » Ce moyen métaphysique constitue toute la métaphysique 
de saint Bonaventure. 

Livartus OuiGER, O. F. M. Revelationes Elisabeth, disquisitio 
critica una cum textibus latino et catalaunensi, p. 24-83. — Dans 
plusieurs passages des célèbres « Méditations de la vie du Christ » de 
fr. Jean de Caulibus, O. M., il est question des révélations faites par 
la Vierge à sainte Elisabeth. Pour lui, il s'agissait bien de la Fran- 
ciscaine sainte Élisabeth de Hongrie, + 1231. En réalité, après les 
Savantes recherches du P. Oliger, ces révélations sont l’œuvre de 
la Bénédictine sainte Élisabeth de Schônau, + 1164. 

ARDUINUS KLEINHANS, O. F. M. De grammatica hebraica P. Ludo- 
vici S. Francisci, O. F. M. (saec. XVI), p. 102-108. — Luis de 
San-Francisco, originaire de Lisbonne, prit l’habit franciscain dans 
la province de Saint-Jacques,en Espagne. A l’âge de cinquante ans, 
il étudia l’hébreu, sur les conseils de l’évêque de Sylva. En 1581 il 
vint à Rome, et avec l’aide pécuniaire du cardinal de Médicis, protec- 
teur de l'Ordre, il fit imprimer une grammaire hébraïque en 1586. 
L'A. donne une, description minutieuse de l’ouvrage et met en 
vakeur tous les détails historiques qu’il renferme. Vu l'époque, 
l'œuvre du P. Louis de Saint-François mérite toute considération. 

Ibex. De vita et operibus Petri Galatini, O.F. M., scientiarum bibli- 
carum cultoris (c. 1460-1540), p. 145-179, 327-356. — Pierre Galatini 
prit l’habit franciscain dans la province de Saint-Nicolas de Bari. Il 
vit la défaite des chrétiens par les Turcs à Otrante en 1480, et 
Passa la majeure partie de sa vie à Rome où il était lié avec les 
Savants de l'époque. Des vingt-quatre ouvrages qui portent son nom, 
les Arcana catholicae veritatis l'ont rendu celebre. Il les composa en 
1516 pour défendre l’humaniste J. Reuchlin, en se servant abondam- 
mentdu Pugio fidei de Raymond Martini, O. P., qui vivait en 1272, 
sans jamais le citer ; il ne parle que de ses emprunts aux livres des 


96 PÉRIODIQUES 


juifs. Malgré ce qu’on en a dit, P. G. connaissait parfaitement 
l’hébreu. Par contre, il n’est pas l'auteur de la prononciation du nom 
tétragrammatique de Jéhova, qu'il faut attribuer au Chartreux 
Porcheto de’ Salvatici en 1303. L’A. lui reproche de sacrifier le 
sens littéral de l’Écriture au sens allégorique et mystique, et de trop 
s'attacher aux idées de la Cabbale et de Joachim de Flore. On aura 
la mentalité de P.G. dans cette déclaration : « Si nous nt rapportons 
toute la divine histoire au Christ et à son Église, la Bible nous 
paraîtra un tissu de fables ..… Là tout dit le Christ, tout parle le 
Christ, tout explique le Christ ». N'est-ce pas du saint Paul, I, Cor., 
X,6? 

Livarius Ouicer, O. F. M. De Confessionali Martini Bordet, 
O. F. M., Majoricensis, auctoris ignoti saeculi XV, p. 245-249. — 
Description d'un ms. du xve siècle consistant en un « Interrogatoire 
très utile aux confesseurs et prédicateurs ..… » qui débutent dans le 
ministère des âmes. Le livre est divisé en deux parties : la première 
comprenant six chapitres pour le traité de la confession, et la 
seconde dix-huit chapitres pour l’interrogatoire des pénitents. Étude 
surtout pratique, bien que ne manquant pas d’érudition. M. B., origi- 
naire de Majorque, termina son œuvre en 1481, au couvent de 
Mahon, dans l'ile de Minorque. 

CurysosTomus URRUTIBEHETY, O. F. M. Doctrina et cultus Christi 
Regis in Ordine Fratrum Minorum, p. 289-308. — Depuis 1889, le 
P. Chr. s’est posé en champion de la thèse franciscaine de l’Incar- 
nation du Verbe, en dehors de toute hypothèse du péché originel. Il 
rattache cette doctrine traditionnelle dans l’Ordre, à l’encyclique de 
S.S. Pie XI, de 1926, instituant la fête du Christ-Roi. | 

CRESCENTIUS VAN DEN Borne, O. F. M. Doctrina S. Bonaventurae 
de inspiratione et inerrantia Sacrae Scripturae, p. 309-326. — 
S. Bon. n’a pas traité ex-professo de l’inspiration biblique. — Il 
faut rechercher sa pensée à ce sujet dans toute son œuvre, notam- 
ment quand il parle de Salomon, des prophètes et des évangélistes. 
Elle consiste dans la motion et la direction surnaturelles que ces 
hommes illuminés du Saint Esprit, « pneumatici », reçurent pour 
bien user de leur charisme. | 

Jacosus Jovine, O. F. M. De vita et operibus Benedicti D’'Acquisto, 
philosophi O. F. M., archiepiscopi Montisregalis (1790-1867), 
p- 413-448. — B. D’A. entra dans l'Ordre à Palerme en 1806. Depuis 
1812 il fut pendant douze ans des étudiants de sa province, et s'oc- 
cupa ensuite d’études philosophiques dans différentes chaires profes- 
sorales de Sicile, jusqu'à sa nomination à l’archevêché de Monreale 
en 1859. Tout en s’en tenant à la direction augustiniano-franciscaine, 
il a élaboré une nouvelle et systématique métaphysique de la 
création. Il a eu le mérite d’avoir devancé Gioberti par sa théorie 
de la vision intellectuelle de l’acte créateur, et même de l’avoir ren- 
fermée dans des bornes plus sages. 

BErRTRANDUS KuRTSCHEID, O. F.M. De facultate erigendae viae 


PÉRIODIQUES 07 


crucis in jure n0yYO, P. 449-464. — À retenir de cette étude de droit 
canonique que le premier document pontifical concernant l'érection 
exclusive du Chemin de croix par les Frères Mineurs n'est pas 
antérieur au 3 avril 1731. Cependant ils avaient obtenu des indul- 
gences d'Innocent XI (6 nov. 1686), d’Innocent XII (24 déc. 1692, 
17 juillet et 16 déc. 1695), pour eux-mêmes et pour leurs confréries, 
relativement aux stations du Chemin de croix uniquement érigées 
dans leurs églises et autres lieux en dépendant. Le 3 mars 1726, 
Benoit XIII étendit ces indulgences à tous les fidèles qui parcou- 
raient ces stations dans les églises franciscaines. Peu après, le 
10 janvier 1731, à l'instance des Frères Mineurs, Clément XII leur 
permit d'ériger la Via crucis, en dehors des églises de l'Ordre. Le 
30 août 1741, Benoit XIV confirma cette concession, en la limitant 
aux villes où n'existerait pas un couvent de Frères Mineurs. Enfin, 
leg mai 1871, Pie IX abrogea la restriction de Benoit XIV, en 
l'étendant à toutes les églises, sans déroger néanmoins au privilège 
des Franciscains d'ériger les stations. — Ceci aidera les archéologues 
a s'expliquer la rareté des stations de la Via crucis dans les églises 
avant le xixe siècle. — (On trouvera une bonne bibliographie histo- 
rique du sujet, en notes des p. 449 et 450). 

L. Ouicer, O. F. M. De duobus novis codicibus Fr. Servasancti de 
Faventia, O. F. M.,p. 465-466. — Sur S. cf. notre Revue, t. IL, p. 
130-137. Le premier ms., du xiv® s., concerne la Summa de Poeni- 
tentia et ejus tribus partibus. C’est le 5° ms. connu de cet ouvrage, 
d'ailleurs imprimé en 1481 sous le titre de Antidotarium animae. 

Le second ms., aussi du x1iv° s., contient les Sermones communes de 
sanctis attribués expressément à S. et que le P. O. avait déjà reven- 
diqués pour lui, en s'appuyant sur la critique interne et externe. Ils 
avaient été jadis publiés sous le nom de S. Bonaventure. C’est l’uni- 
que ms. connu portant le nom de l’auteur. 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


RevUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 7 


CHRONIQUE 


Conférences : 


M. Alexandre MassERoN, Assise et l'Alwrne, le 28 décem- 
bre 1926 dans la salle du Casino-Palace à Pau. 

M. Georges Goyau, Saint François et l'élan mission- 
naire, du Maroc à Pékin, le 9 janvier, à la Société libre de 
l'Eure, à Bernay, le 9 février, aux Facultés catholiques de 
Lille, le 1°" mars, à Reims, le 28 mars, dans la salle du 
Casino-Palace à Pau. 


Fragments inconnus de Guillaume d'Occam, communica- 
tion faite par M. L. Bauory à l'Académie des Inscrip- 
tions et Belles-Lettres dans la séance du 17 février 1927. 


Guillaume d’Occam, de l'Ordre des Frères Mineurs, est 
connu dans l’histoire par ses théories philosophiques et la 
lutte qu’il mena aux côtés de l'empereur Louis de Bavière 
contre les papes Jean XXII, Benoît XII et Clément VI. 
M. L. Baudry, professeur au Collège Stanislas, vient de 
retrouver à la Bibliothèque nationale le Tractatus de 
principits theologiae, qui lui est attribué par Pierre de Can- 
die. Cet ouvrage nous est parvenu dans .le manuscrit latin 
16130, il constitue la première partie d'un fragment consi- 
déré par Léopold Delisie comme étant le De successivis du 
célèbre Franciscain. M. L. Baudry reconnaît à ces deux 
traités un caractère nettement occammiste, mais en dépit du 
témoignage de Pierre de Candie, dont il montre le peu 
d’autorité en la circonstance, il se refuse, pour des raisons 
de critique textuelle, à les ranger parmi les œuvres authen- 
tiques d'Occam. Le deuxième est sans doute une compila- 
tion; le premier aurait pour auteur un personnage inconnu 
cherchant à dégager les idées fondamentales de l’Occa- 


CHRONIQUE a9 


misme. La composition de ces deux traités se place vers le 
milieu du quatorzième siècle. 

A la suite du De successivis, le manuscrit 16130 repro- 
duit sans indication d'auteur un court fragment sur la 
prédestination et la prescience divine. Ce fragment ne fait 
qu'un avec la première partie d’un traité d'Occam le De 
futuris contingentibus incorporé à l'Expositio aurea dans 
l'édition de 1496. | 

Enfin le manuscrit 16308 contient entre les III° et IV° 
livres du Commentaire sur les Sentences et les Quodlibets 
d'Occam, deux questions anonymes sur l'éternité du monde 
etsur la cause finale ; à peu près tout ce qu'elles renferment 
est reproduit textuellement dans le commentaire sur les 
sentences édité par Treschell en 1495. Mais le manus- 
crit saute ici dix lignes, là une colonne et ailleurs cinq 
colonnes du texte imprimé. Une note marginale éveille des 
doutes sur l'authenticité du morceau. 

M.L. Baudry conclut que les œuvres d’'Occam nous 
ont été transmises souvent avec peu de soin par les 
copistes. [1 faut les utiliser avec une prudence extrême. 
Aussi longtemps qu’une édition critique de ses œuvres 
n'aura pas été publiée, toute étude sur la pensée du grand 
philosophe franciscain sera sujette à caution. 


Expositions : 


D'avril à octobre 1927 sera ouverte à Assise une Mostra 
in{ernazionale francescana, promossa dal Comitato interna- 
tionale per le onoranze a S. Francesco d’Assisi nel settimo 
centenario della sua morte. Cette exposition comprendra 
trois groupes : 1° œuvres d’art originales modernes : pein- 
ture, sculpture, gravure, dessin ; 2° produits de l’industrie 
d'arten Ombrie et du livre franciscain ; 3° trésor de la 
basilique de Saint-François d'Assise. Le Comité publiera 
un catalogue illustré. D'importantes réductions sur les 
billets de chemins de fer seront accordées aux visiteurs. 
Pour tous renseignements, s'adresser au secrétariat de 
l'Exposition franciscaine, à Assise. 


100 CHRONIQUE 


NÉCROLOGIE. 


— Nous avons été d'autant plus surpris par la mort 
soudaine de notre collaborateur, M. Camille ENLART, 
membre de l’Institut, que la veille encore, le 13 février 
1927, nous avions pu causer longuement avec lui et que 
rien ne nous avait fait prévoir que le lendemain soir en 
rentrant chez lui il rendrait le dernier soupir sur un 
banc à deux pas de sa maison. 

Né à Boulogne-sur-Mer le 22 novembre 862, il avait 
reçu le diplôme d’archiviste-paléographe le 23; janvier 1889, 
avait été élève de l'École française de Rome, puis biblio- 
thécaire de l'École des Beaux-Arts, professeur à la même 
École et à l'École du Louvre, enfin il était directeur du 
Musée de sculpture comparée au palais du Trocadéro. 
Depuis un an environ, il était membre de l’Académie des 
Inscriptions et Belles-Lettres. Les trois volumes de son 
: Manuel d'archéologie française depuis les temps merovin- 
giens jusqu'à la Renaissance sont si connus et si universel- 
lement consultés qu'il est inutile d’en dire la valeur. Précé- 
demment il avait publié les Origines françaises de l'archi- 
tecture gothique en Italie (1894); Origines de l'architecture 
gothique en Espagne et au Portugal (1894); Notes archéo- 
logiques sur les abbayes cisterciennes de Scandinavie (1894); 
L'Architecture gothique en Grèce; L'Art gothique et la 
Renaissance en Chypre (1899); 1l publiait une nouvelle édi- 
tion de son premier ouvrage sous le titre de L’Architecture 
française en Italie du xn° au xiv° siècle quand la mort l'a 
surpris. Îl a donné dans cette Revue deux articles sur /a 
Salle haute du Cénacle à Jérusalem (t. 1° p.64 ett. II, p.60) 
et une note biographique sur un Cordelier boulonnais, 
Jean d'Aucy (t. III, p. 386). Il nous avait en outre promis 
une importante étude sur San Fortunato di Todi dont 
il avait les éléments dans ses dossiers. 

D'autres plus compétents diront l'importance de son 
œuvre comme archéologue ; quant à nous, nous tenons 
à lui témoigner tout spécialement notre reconnaissance 
pour le concours qu'il a bien voulu accorder à nos 
recherches d'histoire franciscaine et pour les nombreuses : 


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…-. e * « _ 


CHRONIQUE re 1OÏ' 


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ndications | Se ee 

rnies Qu'avec une inlassable complaisante-f'nous a 
fou 4 cours de nos travaux. Les notes qu'il avait 
priseS du Cours de ses voyages de même que les documents 
photographiques qu'il avait recueillis étaient innombrables 
etil en faisait profiter, avec la plus charmante courtoisie, 


tous ceux qui avaient recours à son érudition. 
H. L. 


— Nous apprenons avec regret la mort de notre colla- 
borateur Walter W. SEron, décédé à Londres, le 26 jan- 
vier 1Y27, des suites d’une influenza compliquée de 
pneumonie. 

Néle 4 octobre 1882, il avait fait ses études à University 
College à Londres de 1899 à 1903. Il devint le secrétaire de 
cette institution en 1903 et malgré toutes ses occupations 
administratives et les nombreuses missions dont il fut 

chargé, 1l consacra une grande partie de son temps à des 
recherches d'érudition pure. En 1923, il fut nommé lecteur 
d’histoire d'Écosse à University College et « secretary. and 
treasurer to the British Society of Franciscan studies ». 

En ce qui concerne les études franciscaines, il a publié : 


Two fifteenth-century Franciscan rules, edited fromthe ms. à la 
suite de À fifteenth-century courtesy book, edited from the ms. by 
R. W. CHAMBERS..... (Early English texts society, original series, 
n° 148.) — London, 1914. In-8°, 127 p. 

Some new sources for the life of blessed Agnes of Bohemia, including 
a fourteenth century Latin version. and a fifteenth century German 
version... (British Society of Franciscan studies, 7.) — Aberdeen, 
the University Press, 1915. In-8°, vi-176 p. 

Blessed Giles of Assisi… (British Society of Franciscan studies, 8.) 
— Manchester, the University Press, 1918. In-8°, 94 p. 

Vita di santa Chiara, vergine, composta per Ucouino Verino, 
cittadino florentino, reprinted from the original manuscript with an 
Introduction and notes. — Chelsea, the Clarendon press, 1021. In-16, 
1x-95 p., pl. | 

Nicholas Glassberger and his works, with the text of his Maior 
Cronica Boemorum moderna (A. D. 1208-13r0)... (British Society 
of Franciscan studies, 11.) — Manchester, the University press, 1923. 
In-8&, Lix-117 p., pl. 


Saint Francis of Assisi, essays in commemoration, 1226-1926, 


withan Introduction by Prof. Pau SaBATIER. — London, the Univer- 
sity press, 1926. In-&e. 


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102 CHRONIQUE 


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‘Ir avait'én outre fait paraître de nombreux articles dans 
l'Archivum franciscanum historicum, dans la Scottish 
historical review et dans l'Antiquaries’ journal. 

Durant le mois d'octobre 1926, il avait organisé à 
Londres une série de conférences franciscaines, dans 
laquelle il avait traité successivement: Les deux dernières 
années de la vie de saint François, les saints lieux d'Assise, 
les principaux documents de notre connaissance du saint. 

L'histoire franciscaine perd en lui un de ses meilleurs 
travailleurs. Nous adressons nos condoléances à la British 
Society of Franciscan studies qui voit disparaître en lui le 
plus actif des secrétaires. 


— M. l'abbé Marcel LanGLois vient de faire paraître sous 
le titre de la Bibliothèque de l'Institut catholique de Paris, 
IIT, séries spéciales (Paris [1926]. In-12, 282 p.), un cata- 
logue des manuscrits et impressions anciennes de la bi- 
bliothèque qu'il dirige avec tant de compétence. Nous y 
relevonsles mentions suivantes : 


MANUSCRITS FRANÇAIS : 


155. Prières et exhortations. 

P. 71. «Les méditations de notre bienheureux père saint François ». 

P. 106. Les méditations de notre bienheureuse mère sainte Élisa- 
beth ». xvin-xixe siècles, 200 X 130 mm. 362 p.,r. v. f. 

165. Directoire, ou conduite intérieure, nom des novices franciscains 
(incomplet). 

Fol. 1, commence : « ... demeure comme en sa propre image. » 

Fol. 7 vo et suiv., « De l’oraison. — Manière très utile pour se tenir 
recolligé et uni à Dieu durant le jour. — Allant par les champs. — 
Du service et charité fraternel [I]Je.— Comme il faut converser avec 
les frères.— De l’hon[n|eur envers les supérieurs.— Méditation servant 
de préparation à la sainte com{mlunion.— Formulaire touchant la 
sainte confession. » 

Fol. 60 v°, finit : « Ad majorem Dei gloriam, virginis Deiparae 
sanctorumque Michaelis, Joannis, Josephi, Francisci, Catharinae et 
Barbarae. » 

xviie siècle, 95 X 70 mm., 61 p., r. rel.vél. bl., provenance : « Hélie 
Fabre, chés M. Nozerine, l’orfeuvre, à Brioude », « Jeanne Celarier ». 


INCUNABLES : 


Bassos (Jean dej. Collatio in quartum librum Sententiarum. 


CHRONIQUE 103 


| 1485: p, | 
Rel. Y. br Us, Martineau] in-fol., car. goth. 
‘ le dernier fol. mg. ; provenance : « de conventu Recol- 
lectorum s, Dyonisii in Francia » {xvie s.}; — Pellechet 2.006; xv° s. 
14. 
CAJÉTAN DÉ TIiÈNE. — Commentum seu Expositio in Aristotelis 
libros de anima, ejusdem questiones De sensu agente et de sensibus 
ac de intellectu. — [Accedit :] Joannes de Ganpavo.— De substantia 
orbis. 1493. Pellechet, 4942. 
Relié avec: Canonici (Jean).— Questiones super VIII. Physicorum. 
1492.— Proctor 5032. 

et Duns Scor (Jean).— Questiones super Universalibus Porphyrii 
et super libris Praedicamentorum et Perihermeneias ARISTOTELIS ; 
[accedunt :| ANTONIUS ANDREA, Quaestiones super Sex principiis 
GILBERTI PORRETANI; JOHANNES ANGLicUs, Expositiones super Quæstio- 
nibus Joh. Scoti De Universalibus, 1492. 13 des calendes de janvier ; 
Venise, Bonetus Locatellus pro Oct. Scoto ; in-fol., car. goth. 
demi-rel. vél. bl.; provenances : « Frater Franciscus, diocesis Auxi- 
manens., Ordinis Minorum», « possessor meus est magister Fran- 
ciscus.. » (xvite s.), J. Bulliot (1915); — Pellechet 4475. xv° s. 23. 

Duxs Scor (Jean).— Questiones super Universalibus PorPHYRit ac 
libris Praedicamentorum et Perihermeneias ARIsTOTELIs ; [accedunt :] 
ANTONIUS ANDREA.— Quaestiones super sex principiis GILBERTI PORRE- 
TANI. 

1500, 20 mars ; Venise, Simon de Luere pro Andrea Torresano 
de Asula; in-fol., car. goth. Rel. vél. bl., mouil.; provenances: 
« FF. Antonius de Molamuno {xvut s.), J. Bulliot (1905) : — Pellechet 
4476 ; xv° s. 30. 

MEyronxes (François de).— Super Il. sententiarum. 

1470; Trévise, Michel Manzolus de Parma; in-fol., 2 col., 48 Il., 
car. goth., demi-rel. v. rac.; provenances : « est conventus Sti Augus- 
tini de Urbeveteri, ad usum fratris Christophori, ejusdem loci », 
J. Bulliot. (1905) ; — xves, 17. 

Occau (Guillaume d’}.— vir Quodlibeta, emendata per CoRNELIUN 
OuvenDicx. 

1487, avant-dernier jour de février ; Paris, Pierre Le Rouge ; p. 
in-4°, 2 col., 34 11., car. goth., grav. Rel. m. m., signée W. Pratt; 
provenances : « C. Inglis. M. D. », et ex-libris gravé : J. Bulliot 
(1915) ;— Hain 11949; xves. 111. 

— Summule in libros Physicorum 

1494, ides de décembre ; Bologne, Benedictus Hectoris Faelli ; in- 
fol,, 2 col., 46 11., car. goth. Cart., annotations, f. n. ch. 5 réimprimé 
fux°s.); provenances : « Josephus de Gabellis a Prat » (xvi® s.), « ex- 
libris monachorum Sancti Bernardi in Monte Soradæ » (xvue- 
xviu* s.), J. Bulliot (1915).— Hain 11951; Proctor 6629 ; xv*s. 24. 

© — Dialogi, Compendium errorum Johannis pape XXII, Opus XC 
dierum, Littere recitatorie gestorum fratris Michaelis de Cezena. 


104 CHRONIQUE 


1495, 16 juillet; Lyon, Jean Trechsel ; in-fol., 2 col., 55 I1., car. 
goth., grav. Rel. v. br.; manquent commencement et fin, complété 
d'après l'ex. de Saint-Germain des Prés (1688) ; provenances : « Bibl. 
sém. S. Sulp. » (rx° s.), Littré; — Hain 11935, 11046; Proctor 8605 : 
xvi® S. 8, 9, 10, 10 bis. 

— Annotationes super 1v |. Sententiarum et centilogium theologicum. 

1495, 10 novembre; Lyon, Jean Trechsel; in-fol., 2 col., 55 
11, car. goth. Rel. vel. bl.; provenances; « pro collegio Cluniacensi »; 
« ex collegio Cluniacensi » {xvi® s.), « ex libris monasterii s. Martini a 
campis, Ordinis Cluniacensis, catalogo inscriptus 1695,1762 », Littré. 
— Haiïn 11942 ; xv° s. 7. 


IMPRIMÉS DE 1501 à 1540. 


[ALEXANDRE DE HaLès). — Destructorium viciorum. 

1516,.15 des calendes de février ; Paris, pour Gilles de Gourmont 
et Claude Chevallon; in-fol., front., lettrines, car. goth. Rel. vél. v., 
provenance : «ex bibliotheca Sti Victoris Parisiensis » (xvinie s.) — 
XVI® S, 29. 

ALMAIN [Jacques), de Sens. — Expositio circa decisiones questionum 
m. GuiLLerMt OCKAM, super potestate Summi Pontificis. 

1537; Paris, CI. Chevallon; p. in-80, car. rom. Demi-rel. v. f. 
relié après saint Augustin et avant Jean Le Fèvre; provenance : « Bour- 
sault» ; xvI® S. 121. 

ANTOINE DE PADOUE (saint). — Sermones de sanctis. 

1521,ides de septembre; [Paris] J. Badius Ascensius; in-8°, front., 
car. rom. Rel. vél. bl.; xvies. 113. 

— Quadragesimales sermones. 

1521, 10 des calendes de septembre; Paris, J. Badius Ascensius, 
in-8°, front., lettrines, car. rom. Rel. vél. bl. ; annotations (xvie s.) — 
XVI® S. 114. | 

LiccuerTi (François). — ... In Joan. Duns ScoTuM super... Que- 
stiontbus quodlibetis ... commentaria. 

1517, mai; Salo pour Paganinus de Paganinis; 2 en r in-fol, car. 
goth., lettrines. Cart. vél. bl.; provenances : « ad fr. Clementem Par... 
hujus libri possessio spectat », «pertinet iste ad fr. Lam. lu de 
Regia Bda, Ord. Min. Obs. », J. Bulliot (1915); xvit s. 17 et 18. 

[Guy De MoNTROCHER.] — Manipulus curatorum, officia sacerdotis, 
secundum ordinem septem sacramentorum, perbreviter complectens. 

1517, 12 mars; Bâle, Nicolas Lamparter; in-4°, car. goth. Cart. ; 
provenance : timbre à l’encre rouge « Convent, Nazar. », du Couvent 
de Nazaret [Picpuciens], à Paris; » — xvi* s. 64. 

JÉROME DE NucIARELIIS. — Contenta : Passus super Universalia et 
Praedicamenta ArisToTeLIs, illuminati Francisci Maironis; Formali- 
tates ejusdem, annotationibus... Hieronymi decorate; De principio 
complexo, ejusdem Francisci; De Terminis theologicis ejusdem ; 


CHRONIQUE 105 


pormaliites | 
undis in Ctrl THOMAE distinctionesque Predicamentorum; De 

sel lentionibus . .. Hieronymi,; De Ente et essentia divi 

THOMAË, (Um... annotationibus.. Hiéronymi ; Tria principia rerum 

naturalium Antonii ANDREE; Expositio Francisci Maironis super octo 

libros physicorum...; De cujuscumque scientie subjecto, magistri 

Coueru Hispani; Questiones super |. De Anima... Joannis Scori; 

necnon, De Univocatione entis ejusdem Francisci Marronis. 

1517, 3 août; Venise, impensa heredum Octaviani Scoti Modo- 
etiensis ac sociorum ; in-fol., car. goth. Cart. vél. bl.; provenance : 

J. Bulliot (1914); — xv° s. 14. 

MEYRoNNEs (François de). — Quodlibetales questiones..…. 

1507, 3 février ; Venise, heredum O. Scoti ; in-fol., car. goth. Cart. 
papier à fl.; provenance : J. Bulliot (1915) ; — xvie s. 90. 

— ... in IV Sententiarum libros..., cum ejusdem Quodlibetis for- 
malitatibus..., per MoriciuM DE PorTu Hibernatensem. 

1520, 10 mai; Padoue, Hippolyte; marque L. A.; in-fol., car. 
goth. titre encadré, 7 lettrines. Rel. v. moucheté; provenances : « fr. 
Ant. de Salvador », J. Bulliot (1915); — xvit s. 98. 

De modis significandi qui Grammatica speculativa dicitur, atque 
Joan Scoro inscribitur et ALBERTO DE SaxoniA ab aliquibus attri- 
buatur.… 

1504, 5 des calendes d'avril; Venise, heredum ©. Scoti ; in-fol., 
car. goth. Cart. vél. bl., annotations (xvi* s.); provenance : J. Bul- 
, liot (1905); — xvies. 15. 

Nicozas DE HannaPres, O. P., patriarche de Jérusalem. — Virtu- 
tum et vitiorum exempla ex universae Scripturae promptuario desum- 
pta ; accessit.. Virorum mulierumque utr. Testamenti catalogus. 

(21538; Venise) in-8°, car. rom. Rel. v. br.; le titre manque; pro- 
venances: afrater Jacobus Gatame me utitur», «frater Michael 
Landru me utitur a morte fratris Jacobi Ganteme, anno Domini 
1545», afratris Perpetui Fabii», «frater Balduinus Verlenne me 
utitur », «frater Hubertus de Laïître », « à la bibliothèque des Frères 
Mineurs de Dinane, 1724», « admodum R. P. Franciscus de Cour- 
bière, ex-provincialis, obiit 1724, maii 27 mensis, orate pro eo »; tim- 
bre à l’encre noire: « J. H. S., Bibl, S. German., S. J.» ; — xvies. 
140. . 

PELBART DE TEMESVAR. — Pomerium sermonum de beata Virgine 
vel Stellarium corone beate Virginis. 

1521, 18 juin ; Paris, Pierre Vidoue, pour François Regnault ; 2 p. 
in-8°, car. goth. Rel. vél. bl., interfolié ; provenances: « Sü. ca. 
voluminib. parib. Joann. Prevost, pbri et praedris Regis et pauperû, 
a. 1622 ad 166. », librairie Toulouse et Daranne {xix° s.), don abbé 
Eugène Lacroix, aumônier de la marine (1924); xvie s. 305. 

Pourri (Lancelotto), ou le P. Ambrogio Catherino. — Disputatio 
pro veritate Immaculatae Conceptionis B. V. Mariae, ejusdem Expo- 
sitio confroversiae inter ipsum et quosdam de patribus ejus Ordinis 
super ejusdem Immaculatae Virginis celebratione. 


106 CHRONIQUE 


1532, mai; Sienne, Michel-Ange Bernardini; in-4°, front., car. 
rom. Demi-rel. v. f.; provenances : ex-libris gravé (aigle couronné, 
buiré, attributs épiscopaux) ; «le comte Bourtourlin »; — xvi* s. 50. 

TuBerTaA (Antonio), de Padoue. — …. Opus in metaphysicam 
ARISTOTELIS..., Cum quaestionibus et formalitates… 

1502, 3 des nones de février; Venise, heredes O. Scoti; in-fol. 
car. goth. Rel, v. rac. ; annotations (xvi*s.); provenances: «fr. 
Franc°. diocs. Auxim Ordis. Minor. » (xvie s.); « Stephanus de 
Huppa, Ordin. Minor. »{xvie s.), J. Bulliot (1915); xvi* s. 40. 

— In tract. Formalitatum Scori Sententia ; F'ormalitates ANTonu 
SYRETI..., necnon STEPHANI BURLIFER, cum additionibus... Mauricn 
HiBERNICI in margine... 

1502, 6 des ides d'avril; Venise, Bonetus Locatellus, pro heridibus 

O. Scoti ; in-fol., car. goth. Rel. avec le précédent; — xvi®s. 41. 


RELIURES AUX ARMES. 


Capucins de l’Annonciation. — SoToMaAIOR, Interpretatio Cantici, 
1605, in-fol ; 164. 

Capucins du Marais. — La Fayozce, Génie de Tertullien, 1658, 
in-4° ; 16136. 

Récolettes de Sainte-Claire (ou de l’Immaculée Conception). — 
Theologia mystica, trad. THéoPice, 1580, in-8° ; divers 541. 


pa 


Il n'entre pas dans le programme de la Revue de donner 
un compte-rendu des ouvrages biographiques concernant 
nos contemporains, nous nous contentons de signaler le 
livre intéressant du P. RoserT D’APPRieu, O. M. Cap., Un 
converti de quinze ans, Fr. Joseph de Palerme, novice 
capucin (1864-1886), Paris, librairie S. François, 1926: 
In-8°, 324 p., avec deux portraits hors texte. 0 fr., franco 
10 fr. 


— La librairie Bloud et Gay annonce l'apparition pro- 
Chaine comme tome II de la Bibliothèque catholique illus- 
trée de Saint François d'Assise, par Louis GiLLer, biogra- 
phie du saint qui formera un volume petit in-8° Dune 
soixantaine de pages. 


CHRONIQUE 107 


LIVRES ANNONCÉS BRIÉVEMENT 


Libretti di vita. Le regole e il testamento di san Francesco, tradu- 
zione e prefazione di Augusto HEeRMEL. — Torino, G. B. Paravia 
[1926]. In-16, xvi-97 p. 


Cet opuscule de vulgarisation contient la traduction des règles de 
1221 et de 1223 ; de la règle de 1228 ou du Tiers-Ordre, de celle des 
Clarisses et enfin du Testament de saint François. 


Avvertimenti di santo Francesco a frate Bernardo, suo compagno, 
con prefazione di Piero MisctATELL1. — Siena, Libreria editrice 
Senese, [1926]. In-16, xxn1-37 p. 


Petit opuscule de vulgarisation où revit la délicieuse figure de 
frère Bernardo da Quintavalle, premier disciple de saint François. 
P. Misciatelli y publie une «epistola » tirée d'un manuscrit siennois 
du Trecento (codice V. 3. 13. Biblioteca comunale di Siena) qui est, 
dit-il, certainement la vulgarisation d’un texte latin antérieur. L'intérêt 

de cet écrit anonyme est d’être un lumineux commentaire de la pre- 
mière et deuxième règles des‘Frères Mineurs d’après la pure tradi- 
tion des Spirituels. 


L'Italia monumentale, collezione di monografie, sotto il patro- 
nato del Touring-Club italiano e della « Dante Alighieri.» La 
Basilica d'Assisi. Sessanta quattro illustrazioni con testo di 
Carlo Trioenrr. — Firenze, fratelli Alinari, 1926. In-16, 43 p., 
64 pl. 


Petite monographie de la Basilique d’Assise publiée en italien, 
en français et en anglais et suivie d’assez bonnes reproductions 
photographiques des principales peintures contenues dans l’église 
inférieure et supérieure. 


R. Q. 


Le sacre no7ze del beato Francesco con Madonna Povertä, nuova 
traduzione del P. Ermenegildo Piste, delle Scuole Pie. — Foli- 
gn0, Franco Campitelli [1926]. In-16, xv-133 p. 


C'est avec l'intention de la voir pénétrer dans la masse que le P. 
Pistelli a entrepris cette traduction du « Sacrum Commercium beati 
Francisci cum domina Paupertate », dont il n’existait, à sa connais- 
sance, que deux versions anciennes et fort insuffisantes. Il a suivi le 

manuscrit de la Casanatense tout en se servant pour certains passa- 

ges de ceux qui ont été collationnés par le P. Édouard d’Alençon, et 


108 CHRONIQUE 


il s'excuse de n’avoir pu attendre la publication d'une édition critique 
de cette œuvre entreprise par le collège de Quaracchi sur les onze 
manuscrits connus. Telle qu’il nous la présente, cette traduction est 
d'une lecture aisée et elle pourra donner, à ceux qui en ont la curio- 
sité, une idée de cette littérature allégorico-ascétique qui fut jadis si 
en honneur, mais qui est trop dépourvue de vie pour qu’on la trouve 
encore attachante aujourd’hui. 
Rose QUÉZEL. 


Fr. Domenico Bacci, dei Minori, $S. Francesco d'Assisi attraverso le 
leggende pugliesi. — Brindisi, tipografia di V. Ragione, 1925. In- 
16, XvI-296 p. 


L'auteur a réuni dans ce volume la plupart des légendes qui sont 
nées ou se sont acclimatées au cours des siècles dans cette ardente 
région des Pouilles que saint François dut traverser lorsqu'il se rendit 
en Terre Sainte ou en revint. Les précisions historiques font défaut 
sur la date exacte de ce voyage et sur les lieux que le saint a visités : 
qu’à cela ne tienne ; il n’est pas de ville qui ne revendique l'honneur 
d’avoir abrité le Poverello au moins une nuit; pas de rocher de 
quelque importance d’où ce dernier n'ait fait jaillir quelque source 
vive, pas de bourgade où il n'ait guéri quelque malade ou ressuscité 
quelque mort. Et à côté de ses réminiscences des « Fioretti » ou 
autres légendes antérieures, le P. Bacci a collectionné toute une série 
de croyances qui illustrent de façon assez curieuse le caractère 
pompeusement superstitieux de ces populations méridionales inaptes 
à toute espèce d’abstraction et pour lesquelles les manifestations 
extérieures d’une force psychique ou morale importent seules. 
Malgré l'intérêt psychologique de quelques-uns de ces récits, avouons 
que la plupart sont fades et l’érudit ne doit pas compter y recueillir 
une moisson abondante. ._« 

Rose QUÉZEL. 


P.Ciro ORToLANI da Pesaro, O. F. M. La Madre del Santo d'Assisi. 
— Tolentino, Stab. tipografico F. Fielfo, 1926. In-16, Lv-300 p. 


Le but nettement édificateur de ce volume nous en explique assez 
le médiocre intérêt historique. On en est toujours à découvrir la 
véritable origine de Pica ; quant à l'influence qu’elle eut sur l'éduca- 
tion de son fils, en dehors des quelques renseignements que nous 
trouvons dans la légende des Trois Compagnons et dans la « Vita 12» 
de Celano, nous ne savons rien. Donc vouloir actuellement entre- 
prendre une biographie de Pica c’est se condamner à recourir aux 
hypothèses ; et en effet rien n’eût pu être plus séduisant que d’entrer 
délibérément dans le domaine de la fantaisie et de faire œuvre d'art 
en campant le personnage dans une atmosphère adéquate. Mais nous 
sommes bien loin du compte, car nous nous trouvons simplement en 


CHRONIQUE 109 


f ace d'une série de récits édulcorés concernant la naissance et l’ado- 
Lescence du futur Poverello où Pica joue à peine le rôle de comparse. 

Ajoutons que le livre débute par une série de 18 bois dont les 
4 premiers représentent l'état actuel des restes de la maison de Ber- 
nardone : nous nous sentons ici sur un terrain assez solide ! Mais un 
plaisir tout différent nous attend en feuilletant les 12 ou 13 autres 
planches : nous voguons alors en pleine fantaisie et les siècles n'ont 
plus de nom ni de physionomie ; Pica est drapée à l'antique ; le vieux 
mendiant, qui voulut toucher François nouveau-né a dérobé à saint 
Jean-Baptiste sa peau de bête, et François prisonnier à Pérouse est 
revêtu de l’armure de Jeanne d’Arc! 

Mais ce livre, on le sait, n'est pas destiné aux érudits. 

Rose QUEZEL. 


L.Garzen, prêtre. !mitation du séraphique et très noble saint François 
d'Assise. — Paris, librairie S. François, 1927. In-16 carré, 280 p. 
— 12 fr., franco 13 fr. 


Œuvre de spiritualité basée sur les écrits de saint François, ses 
Vies par Th. de Celano, saint Bonaventure, les Trois Compagnons 
ét les Fioretti; divisée en cinq livres : son amour pour Dieu, sa 
tendresse pour les hommes, sa parfaite obéissance, les sources de sa 

vie spirituelle et ses vertus pénitentiaires. — Nous n'avons pas à 
apprécier le fond de l’ouvrage destiné sans nul doute aux âmes 
pieuses, mais, est-ce bien conforme à la simplicité franciscaine, sœur 
du bon goût tout court, que de parler de cathèdres, de salutations 
du forum {place publique), p. 131, et de l'idée « dévotieuse qui ouvre 
un ah-ah sur son âme » ? p. 170. — Au point de vue historique nous 
constatons que l'A. s’est servi d'une Vie de saint François démodée. 
Elle raconte qu'à l'automne de 1220, au retour de Terre-Sainte, le 
Saint en rentrant à la Portioncule vit frère Elie venir à lui avec un 
habit somptueux... p. 98-99. Il ignore que frère Élie était en Orient 
depuis 1217 et rentra avec saint François. — M. G. attribue l’/mita- 
lion de J.-Ch. à Gerson qu'il appelle « le moine-chancelier », p. 167. 
N'était-ce point un docteur séculier ? — Nous renonçons à parler de 
l'illustration. 

FR. DE S. 


ÜUsauv D'Auexcon, O. M. C. L'Ame franciscaine, 3° éd. (Collection 
«il Poverello », 1° série, XX VI). — Paris, librairie Saint-Fran- 
Sois, 1926. In-8, 197 p. 


Le fait que cet ouvrage voit paraître sa 3° édition montre assez le 
Succès qu'il a obtenu depuis quatorze ans qu’il vit d’abord le jour 
dans la Revue de philosophie (1912). Depuis cette date, bien des tra- 
vaux importants ont été publiés et nous aurions souhaité que l’auteur 
en eût tenu quelque compte en mettant la nouvelle édition au cou- 


110 CHRONIQUE 


rant. Au sujet de la pauvreté notamment il semble que l’auteur aurait 
pu ne pas ignorer ce qu’en dit le P. HiLARIN DE LUCERNE, dans son 
Idéal de saint François (Paris, 1925, t. 1e", p. 180, 208, 229-230) et 
notre collaborateur M. BEAUFRETON, dans son saint François d'Assise 
(Paris [1925], p. 55); les mêmes idées avaient précédemment été 
émises par le P. Leone BracaLont (Archiv. francisc. hist., t. VII, 
p. 467-481) et par le P. ANTOINE DE SÉRENT (ibid., p. 448-460). 

H. L. 


Josepx DELTeic, Discours aux oiseaux par saint François d'Assise, 
avec un portrait de l'auteur et un dessin par ERNEST Hueerr. 
— Paris, édition des Cahiers libres, 1926, 14 X 19, 40 p., tirage 
limité. 

M. Joseph Delteil a jugé bon de refaire le discours de saint François 
d'Assise aux oiseaux. Félicitons-le, sans mesure, de son audace et de 
la confiance qu'il témoigne en son propre génie. Beaucoup de braves 
gens s'imaginaient que le discours de Bevagna avait été fait une fois 
pour toutes, et qu'il était au nombre de ces très rares œuvres défini- 
tives, sur lesquelles personne n'osait plus porter la main. Que ces 
pauvres naïfs se détrompent! De telles idées ne méritent qu’un haus- 
sement dédaigneux d’épaules | 

Ainsi, saint François d’Assise parla une seconde fois aux oiseaux, 
par le truchement de M. Joseph Delteil. Notons, en passant, que 
saint François d’Assise est maintenant « un grand homme droit et 
mûr... ». Nous nous imaginions tous, sur la foi des contemporains, 
que saint François était plutôt petit. Il est vrai que, depuis sept cents 
ans, il a eu le temps de grandir. 

Saint François tient donc aux oiseaux un discours nouveau, et où il 
ne semble pas avoir atteint à la même simplicité que la première 
fois. C'est ainsi qu’il dit à ses auditeurs : 

« Vous êtes mes satellites et je suis votre planète centrale. Vous 
êtes les forces centripètes de mon moi, les nerfs de mon arrondis- 
sement... » 

Etil conclut sa harangue en ces termes : 

« La création est une, et ses divers éléments s’enchevêtrent les uns 
aux autres, au moyen de gosiers, d'œsophages et d’anus.. La vie se 
réduit à deux épisodes : manger et être mangé; manger son frère et 
être mangé par son frère. L’essentielle fonction de l'être est de servir 
de nourriture à un autre être. La véritable concorde réside dans 
l'estomac. Mes frères, la suprême fraternité, c’est la fraternité des 
ventres ». 

Je ne me sens ni le talent, ni la compétence nécessaires à juger de 
telles et si sublimes paroles. J'avoue qu’elles me dépassent. D'ailleurs 
M. Joseph Delteil écrit dans son avant-propos : 

«a Ce discours ne s’adresse qu'aux oiseaux, c'est-à-dire aux hommes 
du ciel. Que les quadrupèdes et les bipèdes dorment en paix| » 


CHRONIQUE 111 


Je ne suis, hélas, qu'un bipède.. Donc, je ne m’en mêle pas. 

Mais j'ai réussi à connaitre l’avis des oiseaux qui ont entendu ce 
second discours. Il s’est précisément trouvé qu'ils étaient les lointains 
descendants des oiseaux de Bevagna. 

Je ne dissimule pas d’ailleurs que les réponses qu’ils ont faites à 
mes questions étaient d’allure un peu sibylline. De bonne foi, voici 
ce qu'il me semble avoir compris : 

— Ce n'est pas luil ce n’est pas lui! 

— Il prononce des paroles harmonieuses et subtiles, mais qui ne 
ressemblent point à celles que nos grands parents nous ont trans- 
mises. 

Un merle fut encore plus audacieux : 

— Je l'ai traité, me sifla-t-il, comme les pigeons de Venise traitent 
le parvis de Saint-Marc. Et ainsi il connaîtra, par expérience, quelle 
est la loi des ventres qu'il nous a prêchée... 

J'ai voulu dire à ce merle qu'il était un oiseau grossier et stupide 
etqu'il ne comprenait rien à l’art de M. Joseph Delteil. Mais il est 
parti sans daigner m’écouter.… 

ALEXANDRE MASSERON. 


Lauv (M.). Assise, guide du pèlerin et de l'artiste. — Paris, librairie 
de l'art catholique [1926]. In-16, 113 p., fig., pl. et plans. 


Cest un petit guide commode que le voyageur peut facilement 
mettre en poche quand il parcourt les rues d'Assise. Le plan en est 
excellent. Ilest seulement regrettable que l’auteur, p. 8, ait placé le 
Noël de Greccio à l’année 1224 et les stigmates de saint François au 
14 Septembre 1225 : faut-il ne voir là que des coquilles d'impression ? 
le volume en est plein; mais il est d’autres inadvertances qu’on ne 
PEUT imputer au prote; dans la Bibliographie, p. 106, on trouve 
parmi les ouvrages du xme siècle les Fioretti. 11 faut espérer que 
dans une nouvelle édition ces fautes d’inattention auront disparu. 

H. L. 


Mesrica (Giovanni). S, Francesco, Dante e Giotto. — Macerata, Bis- 
son e Leopardi, 1926. In-80, 168 p., ill. 

KoLroxski (Dr. Alexander). St. Francis of Assisi and Giotto, trans- 
lated from the Polish by Edward Weinrez, B. A. — London, 
Sampson Low, Marston, 1926. In-18, 118 p. fig. 


Les noms ma 
définissent par e 
l'un 
des e 


Bnifiques associés dans les titres de ces ouvrages 
: Ux-mêmes le dessein de leurs auteurs. Et, en effet, 
et l'autre NOUS offrent une étude fervente et souvent éloquente 
*PréSslons qu'a rencontrées dans l'œuvre de Giotto et dans 
celle de Dante la rayonnante personnalité du poverello. 


ARNOLD GOFFIN. 


= ee — 


, 
ee — ——  ———  ——  - 


112 CHRONIQUE 


UN QUATRIÈME ORDRE 
DE SAINT FRANÇOIS D'’ASSISE : 
LES FRANCISCANISANTS 


M. Alfred PEREIRE a fait paraitre dans le n° du 30 janvier 
1927, du Journal des Débats un long article dont nos 
lecteurs ne liront pas sans intérêt les passages principaux. 


M. l'abbé Bremond a lancé le mot à travers le monde : le qua- 
trième ordre de saint François d'Assise : « les Franciscanisants ». 
L'expression a fait fortune naturellement. Déjà maintes personnes, 
désireuses par avance de se soumettre à cette règle nouvelle (si tant 
est que cette nouvelle fraternité ait déjà sa règle) ont manifesté le 
désir de connaître le but de ce quatrième ordre, les engagements 
qu'il comprenait, les avantages qu’il pouvait donner, 

Le premier ordre des Frères Mineurs et le second ordre des Cla- 
risses peuvent étre considérés comme l’armée active du camp de 
Dieu. Déja le Tiers-Ordre forme une milice auxiliaire. Tous ceux-là 
vivent au plein ciel d'Assise, mais, dans l’ombre, circule une portion 
d'humanité qui, tout en restant éloignée des rites obligatoires, veut, 
elle aussi, faire partie intégrante de la famille franciscaine. En face 
de l’acharnement humain, des luttes insensées, des divisions incom- 
préhensibles du siècle, se dressent tous les hommes de bonne volonté 
que l’idée divine inspire et que l’ordre dirige. Ce sont là les amis de 
saint François : « les Franciscanisants ». 

La vie de ces Franciscanisants ne subira aucune modification 
apparente ; aucune mortification ne serait imposée, hormis celle de 
répudier l'hérésie du Moi. Seront accueillis tous ceux que tourmente 
le désir de parfaire le noviciat du cœur et de regarder leur prochain, 
non plus comme l'ennemi qu'on rançonne, mais comme un frère 
d'élite. 

Cette humble petite Société des nations franciscaines prend Assise 
comme siège universel. On affirme mème que l’un des vœux les plus 
chers de ce Quatrième ordre est de réunir dans une des plus grandes 
capitales du monde tous les livres consacrés à l’histoire de l'Ordre 
de saint François qui a su faire ce que n’ont pu réussir aucun des 
grands maîtres du monde, une œuvre demeurée intacte pendant 
sept siècles. Comme le disait Maurice Barrès dans l’une de ses véhé- 


mentes incantations, c’est « tout le divin à la rescousse ». 
ALFRED PEREIRE. 


Le Gérant : Josepn GAMON. 


Le Puy-en-Velay. — Impr. La Haute-Loire. 


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duc Sbistoire 
NnCiSCUNIS 


TOME IV. AUG © 3ce- N° 2. 
AVRIL-JUIN 1927. . 


A. van Genner. Essai SUR LE CULTE rncnne SR ÉALIFSS 


SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE.,,.... 113 
À. Dornier. SOURCES DE L’HISTOIRE FRANCISCAINE EN 
FRANCHE-COMTÉ {Suite et fin)........ 212 
MÉLANGES 


Jean Vinor-Prérontaine : Les Capucins pompiers à Beauvais, 222. 


COMPTES RENDUS 


P, RaNaA : S, Francesco d'Assisi e li s 0, 4 f . = LA 
fluence : piriti cavallereschi, 228. L'in 
des, François d'Assise sur ta éfvifisation italienne, 229. — A. Du- 
He: d he ie et les religieux, 232. — La pen os des trois compa- 
RES Le Picuann, 233.— 1 Fioretti, éd. M. CaseLLa, 233. — R. DE 
RRicéeco Dette LAURENT : S. François d'Assise, 234. — F. Camozzini : 
LL Coren : Fr. arte, 234, — L. Gizzer : S. François d'Assise, 235. — 
RC 235 Tére François d'Assise, 235. — N. Cavana : L'Ombrie fran- 
ne Live Cuérancs : Ste Elisabeth de Hongrie, 236. — E. Des 

S d'un ouvrage récent sur la b. Marg. de Lorraine, 236. 
€ da Todi, 237. — S. BonavenruRrA : Opuscoli mistici, 
138 — L. Ba 0227, — F. Peisrer : S. Thomae de Aquino quaestiones, 
ex Po : S, Thomae Aquinatis de ente et essentia, 238. — P. GLo- 
| rs er reCtOrium Corrüptorii Quare, 239. — C. KENNETH BRAMPTON : 
B.M inter TU M ebponuficum potestate of W. of. Ockham, 240. — 
los A: G. Terreni quaestio, 241.— Z. van de WozsTyne : Cursus 


ef le * F6. Roy : Les vieilles églises de la province de 
— Collection D. Psionnaires, 246. — À: Meunier : Giotto, 247. 


PÉRIODIQUES, 249. — CHRONIQUE, 260. 


PARIS (Ve) 
CIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 


6, PLACE DE LA SORBONNE 


MRstue Sbistoire franciscaine 


DIRECTEUR : Henr LEMAÎTRE 


Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d'Art. 


ot me 


La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous 
les trois mois, par livraison de 152 pagés environ; elle forme 
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de 
nombreux hors-texte. 

La direction, entendant ne publier que des travaux d'érudi- 
tion, n'acceptera que des articles présentant toutes garanties à 
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute 
la responsabilité des opinions qu'ils pourraient émettre. 


RÉDACTION. — Les manuscrits, livres à rendre compte, 
revues en échange, doivent être adressés à Monsieur le Direc- 
teur de la ‘‘ Revue d'Histoire Franciscaine ‘”, 11, rue Gué- 
négaud, Paris-6e. 


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complets, qui ne seront vendus qu'avec les années suivantes. 
Le prix des trois volumes est fixé à 240 fr. 

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ESSAI 


SUR LE CULTE POPULAIRE 
| DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 


CHAPITRE PREMIER 


OBSERVATIONS GÉNÉRALES 


L'importation et la diffusion du culte des saints francis- 
(ans Se Sont produites en Savoie à une époque où de nom- 


(1) Le point de vue auquel on se place ici, qui est celui du folklore, est 
le même que dans les mémoires précédemment parus sur : 

Le Cycle de Carême et Carnaval, Journal de psychologie du 15 mai, 
P- 421-445, du 15 juillet, p. 585-612 ct du 15 novembre 1925, p. 728-567 
naveéc carte): 

Le Cycle de Pâques, Revue de l'Institut de sociologie Solvay, mars 1926, 
P- 191-230 (avec Carte) ; | 

Le Cycle de Mai, Revue de l'Institut de sociologie Solvay, juillet 1925, 
P- 1-33 (avec carte) : 

La Saint-Jean, Journal de psychologie, 1927, p. 26-77 {avec carte); 

Le Cycle des Douze jours (Noël, Jour de l'An, Rois), Revue de l'Institut 
de Sociologie Solvay, janvier-mars 1927, P. 1-66 (avec carte). 

Et le culte des saints ou bienheureux : 

Jean d'Espagne, Revue de l'histoire des religions, 1916, t. LXXIII, 
P. 203-229; 

François de Sales, Mercure de France du 1er février 1924, p. 612-640 ; 

“ges Revue d'ethnographie et des traditions populaires, 1924, p. 28- 


| 
| | 
INTRODUCTION (1). 


35 
os Blaise, tbidem, p. 136-148 ; 
pa crandeleur et la Saint-Valentin, ibidem, p. 225-245; 
Épa Faucigny-, ibidem, p. 323-342; 
ule, Genava, 1925, p. 268-287 (avec carte); 


Revue D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1937. 


114 A. VAN GENNEP 


breux cultes locaux étaient déjà fortement constitués dans 
nos pays. Il leur fallut donc s’intercaler entre les diverses 
catégories de saints déjà existantes. On peut en effet dis- 
tinguer plusieurs couches religieuses en Savoie. Sans par- 
ler des traditions néolithiques-lacustres et allobroges, 
romaines et gallo-romaines, chrétiennes-ariennes avec les 
Burgondes, qui ont laissé leurs traces dans la mentalité 
populaire, le culte chrétien qui s'est répandu dans le pays 
à partir de la domination des Mérovingiens se subdivise 
en plusieurs strates secondaires. La plus ancienne com- 
porte avec le culte du Christ, celui de la Vierge et des 
Apôtres ; vient ensuite la série des martyrs orientaux, à 
laquelle se joint celle des saints mérovingiens; enfin 
apparaissent les saints monastiques (des Bénédictins, 
Augustiniens, Chartreux, etc.). Ce n’est que lorsque s’est 
déjà opéré une sorte d'amalgame entre ces diverses classes 
de saints dans la dévotion liturgique et populaire, plus 
ou moins cohérent selon les régions de la Savoie, qu'ap- 
parurent saint François d'Assise et sainte Claire, puis les 
autres saints et bienheureux franciscains, dont quelques- 
uns sont universels et dont d’autres sont strictement 
locaux. [ls constituèrent ainsi comme un groupe cérémo- 
niel spécial, dont on tentera ici de définir les facteurs de 
formation et de disparition. 

Le grand mouvement sentimental qui a pour centre la 
mémoire de saint François d’Assise est resté en Savoie, au 
point de vue populaire, à peine superficiel; voudrait-on 
ressusciter son culte dans le peuple savoyard, qu'on n'y 
parviendrait pas, non plus que les efforts des Char- 
treux, dans les décades qui ont précédé la loi de Sépara- 
tion, n’ont pu ressusciter en Savoie le culte de saint Bruno, 
qui reste strictement localisé en Dauphiné, ni celui d'autres 
saints ou bienheureux cartusiens comme Jean d'Espagne ou 


Antoine, Actes et Mémoires du Congrès d'histoire des religions, octobre 
1923, Paris, 1926, t. I, p. 152-105 {avec carte); 

Barbe, Genava, 1926, p. 138-146. 

Pour un exposé général de la méthode, voir encore : Actes du Congrès 
jubilaire de Bruges, p. 255-257 et Journal de psychologie, 15 juillet 1926, 
p. 773-775. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 119 


Anthelme de Chignin. Les Chartreux avaient fait ériger en 
l'honneur de ce dernier, à l’angle de la route de Chambéry 
à Montmélian et de la route des Marches, une belle cha- 
pelle néo-gothique: elle est actuellement en ruines, ses arcs 
délicats sont brisés, ses vitraux ont été réduits en miettes, 
alors que pendant mon enfance J'ai vu des processions 
de plusieurs milliers de pélerins se rendre à ce sanctuaire 
édifié à grands frais. | 

Cet abandon successif des cultes monastiques qui se 
sont succédé en Savoie (1) prouve, je crois, qu’ils ont eu 
de tout temps un caractère relativement artificiel, qu'ils 
n'ont pas pris vraiment racine dans le peuple. Le fait con- 
traire, je veux dire la survivance d’autres cultes en 
dehors de toute action originaire des cours, des villes ou 
des couvents, se présente sous diverses formes et avec 
assez de précision pour qu’on puisse affirmer l'existence 
en Savoie, au cours des siècles, d’un double courant de. 
psychologie religieuse : persistance tenace du «primitif», 
rapide disparition du « civilisé ». 

Le sort des saints franciscains dans notre dévotion 
populaire n’est donc pas dû à leur qualité spécifiquement 
franciscaine, mais bien à ce qu'ils étaient regardés par le 
peuple comme importés; ils sont venus en Savoie à une 
époque où le crédo populaire était déjà fixé, où les attri- 
butions utiles à la vie rurale étaient déjà réparties entre 
divers intercesseurs. Seul saint Antoine de Padoue a réussi 
à garder sa place parce qu'aucun intercesseur n’était avant 
lui spécialisé dans la récupération des objets perdus. Et 
comme la distraction est un défaut durable et répandu, 
saint Antoine de Padoue conserve en Savoie par endroits 
un culte vraiment populaire, alors que saint François 
d'Assise et sainte Claire sont tombés dans l'oubli, sauf 


(1) J'ai limité la recherche à la Savoie constituée de nos jours par les 
deux départements qui au point de vue ecclésiastique comprennent les ter- 
ritoires des anciens dioeèses de Tarentaise, Maurienne, Grenoble {(décanat de 
Chambéry), Belley (Petit-Bugey}, Genevois (devenu Annecy), mais en lais- 
sant de côté Genève même, où les Franciscains ont aussi joué un rôle consi- 
dérable. C'est la raison pourquoi, entre autres, j'ai omis saint Christophe, 
dont une image ornait le couvent des Capucins de Genève mais qui en 
Savoie ne semble être nulle part en relation avec les Capucins. 


116 A. VAN GENNEP 


peut-être dans les milieux de la bourgeoïsie instruite et 
de la petite noblesse locale. 

Il va de soi que la suppression des couvents francis- 
cains de toutes sortes, Cordeliers, Capucins, etc., pendant 
la Révolution et l'occupation françaises, puis au cours du 
dix-neuvième siècle, enfin après la loi de Séparation, doit 
avoir contribué à cette disparition. Mais je tiens à faire 
remarquer que ces couvents étaient situés dans les villes; 
que si la dévotion des campagnes venait s’y manifester, ce 
ne pouvait être que sporadiquement et temporairement; 
que par suite aucun des autels, aucune des chapelles de 
saints franciscains n’a pu jouer dans les dévotions ruralesle 
même rôle que telle chapelle de Notre-Dame de Bon- 
Secours ou de Délivrance, que tel oratoire consacré à saint 
Guérin, protecteur du bétail, à saint Sigismond, guérisseur 
de fièvres, à sainte Apolline, invoquée contre les maux de 
dents, à saint Urbain qui redressait les enfants noués. 

Bien que les Capucins parcourussent les campagnes, 
bien que les Clarisses fussent honorées pour leur humi- 
lité, le peuple des montagnes, pauvre lui-même, n'était 
guère disposé à délaisser pour les nouveaux saints fran- 
ciscains des cultes locaux déjà éprouvés par maints bien- 
faits et miracles et dont les desservants se contentaient 
d’offrandes minimes, en nature. 

Pour bien comprendre l'évolution. en Savoie du. culte 
populaire des saints franciscains, il faudrait posséder aussi 
des documents détaillés sur l'attitude, à l'égard de ces 
saints et des couvents de moines et de nonnes, des desser- 
vants de paroisses rurales. Il y eut lutte en Savoie comme 
ailleurs entre le clergé séculier et le clergé régulier ; mais 
l'un et l’autre n'ont que rarement laissé des témoignages 
écrits. Quelques manuscrits retrouvés, dus à des curés du 
xvin* siècle, ne parlent que de faits extérieurs; les curés 
de nos paroisses étaient en général trop peu instruits, 
ou trop prudents, pour se mêler de querelles dont la direc- 
tion appartenait normalement aux ‘évêques et aux vicaires 
généraux. Pourtant par endroits, dans tous les diocèses 
de la Savoie, perce assez tôt un esprit frondeur. 

Je ne puis, dans cet Essai, que poser le problème, qui 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVQLE 117 


vaut d’ailleurs aussi pour les Chartreux et tous les autres 
Ordres savoyards, y compris les Carmélites et les Visi- 
tandines. Bien qu'il s'agisse d'événements passés depuis 
longtemps, on est en Savoie très susceptible, même de nos 
jours, quand il s’agit d'étudier l’évolution des croyances 
locales et surtout l'attitude réciproque des deux clergés. 
Ainsi l'abbé Marie Rannaud, voulant faire canoniser 
Ponce de Faucigny, qui était Augustinien, félicite les Char- 
treux de n'avoir que rarement demandé à Rome la canoni- 
sation de membres de leur Ordre pourtant renommés pour 
leurs vertus ; il est bien vrai que le Chartreux Jean d’Es- 
pagne du Reposoir est resté au rang des bienheureux ; 
mais si l'abbé Rannaud n'a jamais réussi à faire déclarer 
saint le bienheureux Ponce de Faucigny, Augustinien, 
cest précisément à cause de l'opposition, à Rome, des 
Chartreux (1). 

Pour les Franciscains, la lutte n'eut pas son point de 
départ en Savoie : les principaux saints ou bienheureux 
franciscains avaient déjà un statut acquis quand ils 
entrèrent en Savoie dans le culte officiel, ce courant étant 
intimement lié à un côté pratique, utilitaire, celui des 
soins donnés aux malades, de l'hospitalité accordée aux 
pélerins et aux voyageurs qui se rendaient, très nombreux, 
de France en Italie. Cette utilité hautement appré- 
ciée par les Savoyards eux-mêmes a certainement con- 
tribué à la diffusion du culte des saints franciscains tout 
autant qu'à celle des couvents de Cordeliers et de Capu- 
cins. 

L'extension des hotelleries et des hôpitaux laïques a 
naturellement porté le coup de grâce à ces établissements 
et a par suite influé aussi sur l'importance religieuse des 
saints de l'Ordre. A la fin du dix-septième siècle, la vogue 
des saints franciscains commence à décliner en Savoie, 
d'abord au profit des saints visitandins, saint Francois de 
Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal, puis au pro- 
fit des saints jésuites tels que saint François-Xavier, le 


(1) Pour les détails, voir mon mémoire sur Le Culte de Ponce de Fauci- 
gnY.. 


118 + A. VAN GENNEP 


bienheureux Favre et d’autres dont il sera parlé ailleurs. 


Il n'ÿ a pas eu suppression à proprement parler, mais : 


remplacement, souvent d'après la similitude des noms. 
Le fait est surtout remarquable pour saint François de 
Sales comme remplaçant, dans la dévotion populaire, 
de saint François d'Assise. Au xix° siècle et maintenant, 
on constate une disparition totale du culte des saints 
monastiques et une survivance tenace des saints des 
anciennes séries, apôtres, anachorètes, martyrs de la pre- 
mière heure (ou supposés tels) qui pour la plupart ont des 
spécialités médicales et thérapeutiques. 

Ainsi sainte Claire n’est plus invoquée nulle part en 
Savoie, mais saint Clair, qui guérit les maux d’yeux, l'est 
encore dans ses vieux sanctuaires. Saint Antoine, ermite, 
est toujours encore le protecteur du 17 janvier, invoqué 
pour les équidés, les porcs, etc., mais saint Charles Borro- 
mée est délaissé, autant que saint Roch qu'il avait éliminé, 
car il n’y a plus de peste. Les saints franciscains protecteurs 
de corporations sont tombés avec elles, tel saint Yves, 
tout autant que les saints franciscains de cour comme la 
bienheureuse Louise de Savoie et le bienheureux Amédée. 

La dévotion populaire savoyarde s'est orientée vers des 
Notre-Dames d'aspect universel, comme celle de la Salette 
ou celle de Lourdes, ainsi que vers saint Joseph, protec- 
teur de l'Église. 

Bien mieux, même ces dévotions du xix° siècle ont 
actuellement tendance à être repoussées au deuxième plan 
à leur tour par des cultes nouveaux, de Jeanne d’Arc, du 
curé d’Ars et de sainte Philomène, de sainte Thérèse-de- 
l'Enfant-Jésus, etc., conformément à une sorte de besoin 
psychologique et social qui rend nécessaires ces renouvel- 
lements et ces rajeunissements périodiques. 

Pour la commodité de l'exposé, on décrira d’abord 
brièvement la marche de la diffusion des Ordres francis- 
cains en Savoie, puis le culte rendu aux saints, en com- 
mençant par ceux venus d Italie, passant ensuite à ceux 
venus de France, et signalant enfin ceux d'origine savoyar- 
de ; on suivra le même ordre en ce qui concerne les saintes; 
et on indiquera pour terminer les rapports qui ont existé 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 119 


entre le mouvement franciscain et le culte du Christ ou de 
la Vierge ; une mention spéciale devra être faite du culte 
de sainte Marie Égyptienne. Il est bien entendu que le pro- 
blème général posé est non pas tant d'ordre purement his- 
torique que d'ordre psychologique et folklorique; et qu'il 


uesta SJanti Be ne dirioneeprovañt de 

à la Porn incossocon rette dvozione.e |À 
' (en EÆdemol lu virluos «a cœnfeguire cle , 
à Dico Jpiréua li  rrezie el oyni «prediente de-|f 
ne Æmpora 
À Original (dé prpriu mare srite del Jos 
« Pace SFancs) ri comerva ne ln Basiliea d'Arsisé 


Fig. 1. — Image populaire de saint François. 
La bénédiction de Frère Léon. 


no discerner quelle a été la réaction, sur des croyan- 
he ae locales, de l'introduction en Savoie, à 
d u moyen âge, d’un corps cohérent de doctrines et 
Un groupement spécial de personnes. 
a. _Roch doit être à quelque degré regardé comme 
Série : son culte s'est répandu chez nous non pas uni- 
lement grâce aux couvents, mais aussi d’une manière 


120 A. VAN GENNEP 


directement populaire, par raccord, si je puis dire, au culte 
antérieur de saint Sébastien, et par application du prin- 
cipe, lui aussi populaire, qu’en cas de danger grave, comme 
la peste, mieux vaut l’intercession de deux saints, ou même 
plus, que d’un seul. C'est la raison aussi pourquoi saint 
Charles Borromée se trouve en Savoie associé aux deux 
saints anti-pesteux précédents. 

Il y a un domaine enfin sur lequel je n’ai que peu de 
renseignements : sur le rôle joué par les Capucins dans 
la médecine et les « superstitions » populaires. Ce rôle a été 
considérable dans maints pays de France, dans la Suisse 
romande, la Bavière, l'empire des Habsbourg, la Belgique ; 
il semble que chaque couvent de Capucins, ou presque, 
possédait des recettes secrètes (1) et dans les pays cités, les 
paysans demandaient aux Frères quêteurs communica- 
tion de ces recettes, guérison des gens et des bêtes, bénédic- 
tions spéciales (du même type que la bénédiction qui 
accompagnait la remise de la médaille de saint Benoît) 
en échange de leurs aumônes en nature. 

C’est un aspect de l’activité des Ordres franciscains dans 
les campagnes qui mériterait une monographie compara- 
tive ; les documents savoyards ne donnent malheureuse- 
ment que peu de chose sous ce rapport. A titre d'exemples, 
je citerai quelques faits de régions limitrophes de la Savoie, 
les cantons du Valais et de Vaud. 

D’après une légende recueillie dans le Val Ferret, le 
village d’Issert risquait d'être englouti par un torrent et 
écrasé par un énorme rocher, au-dessous duquel sor- 
taient des bruits épouvantables. « Évidemment, une multi- 
tude de mauvais esprits ou d'âmes du Purgatoire s’occu- 
paient sans relâche à dégarnir le rocher, afin de le précipiter 
sur le village ». Le danger devenant plus menaçant, 


«une députation alla trouver le curé de la paroisse à Orsières et 
l’engagea à venir exorciser la montagne, afin d'en chasser ses dange- 


(1) Le célèbre baume tranquille a été inventé par le R. Capucin Aignan 
(en religion Tranquille); on le faisait primitivement avec des crapauds bouil- 
lis dans de l'huile,ce qui rappelle la pharmacopée magique du moyen âge ; 
voir à ce sujet une lettre intéressante de Mme de Sévigné du 15 décembre 
1684. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE I21 


reux habitants. Le prêtre leur conseilla d'aller quérir un Capucin qui 
avait grand pouvoir sur les démons. Quand l’homme de Dieu arriva à 
Issert, le torrent était plus terrible que jamais... Le ministre divin 
encouragea les habitants et leur conseilla de le suivre en procession 
et en récitant des prières jusqu’au sinistre rocher. Là, le religieux, 
anres de ferventes oraisons latines, répandit tout autour du rocher 
des poignées de poussière fine provenant d’herbes sèches qu'il avait 
brovees et bénites. Pendant ces invocations, on entendit de sourdes 
rumeurs sortir du torrent, des cris de fureur, des paroles que seul 
le Capucin pouvait comprendre. Enfin lorsque ce dernier eut achevé 
de répandre la poussière bénite, il se fit un grand calme; on n’en- 
teadit plus le moindre chuchotement. Les travailleurs étaient invi- 
sibles pour tout le monde, mais le religieux déclara qu'il les voyait 
tres bien. Il s’offrit même à les faire voir aux gens qui le suivaient. 
I suffisait pour cela que chacun vint se poser à tour de rôle devant 
lui, de façon que son talon touchât le bout des sandales du Capucin. 
Toutefois, il ne leur conseilla pas de le faire, car ils auraient pu voir 
parmi ces esprits certains de leurs parents trépassés. Aussi personne 
ne fut assez hardi pour tenter l'expérience. Soudain les voix mys- 
térieuses se firent de nouveau entendre d'une façon compréhensible 
pour chacun: « Pousse, Nicolas, dit une voix. — À quoi bon pousser ? 
répondit une autre voix, tout le rocher est couvert de hénit. — Le 
vilage d'[ssert mérite une punition, répondit la première voix.... On 
n vobserve pas le dimanche. — Cela est vrai, reprit l’autre, mais par 
contre il ÿ a pour préserver le village trois femmes enceintes ettrois 
muets qui sont innocents. Malheur au village d’Issert quand iln’y 
aura plus trois muets. » Les gens terrifiés promirent au Capucin de 
mieux observer le dimanche ; ils tinrent parole et depuis le torrent 
ést presque toujours à sec. Chose curieuse... depuis 1] y a toujours 
eu trois muets au village, pas un de moins » (1). 


Dans le pays d'En-Haut (Gruyère vaudoise) ont sub- 
sisté jusqu'à ces années dernières un grand nombre d'in- 
tantations et de formules magiques, d’'exorcismes et de 
“ secrets », ne dérivant pas du Grand ni du Petit Albert, 
dont Ed. Lambelet a publié une intéressante collec- 


(1 J. JeGerRLEuxER, Sagen aus dem Unterwallis, Publications de la 
Suctété suisse des traditions populaires, vol. VI, Bâle, 1909 p. 58-60. 

La légende offre une combinaison de thèmes intéressants dont celui qui 
Siprose que le contact du pied d’une personne sacrée (moine ou curé) 
permet de voir les démons, les trépassés, les âmes du Purgatoire, est très 
rare ;cf., à ce propos, une note comparative de H. Baechtold, dans JEGER- 
LEHXER, Sagen aus dem Oberwallis, ibidem, IX, Bâle, 1913, p. 297; ce savant 
blkloriste déclare qu'il ne connaît pas de parallèles au thème de la sauve- 
garde due à trois femmes enceintes ou à trois muets. 


122 A. VAN GENNEP 


tion (1). Il a posé la question d'origine et constaté que ces 
secrets « font volontiers allusion à des faits bibliques que 
seuls des prêtres et des moines pouvaient connaître dans 
un temps d'ignorance comme le moyen âge »; il ajoute à 
ce propos : « de tout temps les Capucins ont eu la répu- 
tation d'exorciseurs puissants; 1l n’y a pas très longtemps 
que certaines gens de la contrée allaient à Bulle requérir 
l'intervention de ces moines dans certains cas où la sor- 
cellerie avait fait des siennes » 2). 

Cette confiance se manifeste dans une autre légende valar- 
sane, du val de Bagnes, qui met en scène les Capucins du 
célèbre couvent de Sion: une nuit le troupeau de vaches de 
la montagne de Lourtier fut subitement pris de panique et 
toutes les bêtes disparurent en peu d’'instants derrière les 
rochers qui bornent l'alpage du côté du val de Nendaz. 
Malgré leurs recherches, les bergers ne purent retrouver 
les vaches ; ils décidèrent d'aller conter le fait aux Capucins 
de Sion, qui les rassurèrent, et leur promirent le prompt 
retour du troupeau s'ils se conformaient exactement à 
leurs conseils : les bergers devaient continuer leur train 
de vie habituel comme si tout était en ordre; matin 
et soir, ils devaient simuler la traite des vaches absentes: 
le lait arriverait dans les seaux par l'effet d'un pouvoir 
magique ; le fromager devrait faire son fromage sans nul 
embarras aux heures ordinaires ; ils iraient en champs 
comme s'ils gardaient leur troupeau. 


« Ainsi qu'il leur fut ordonné, ainsi fut-il fait. Deux fois par jour, 
les pâtres prenaient leurs seaux et faisaient semblant de traire une 
à une les vaches absentes et, sans jamais manquer, un lait abondant 
coulait dans les seaux. Ils partaient ensuite au pâturage, où une 
herbe épaisse et savoureuse disparaissait en quelques heures, man- 
gée par des bouches invisibles, tandis que les sonnailles familières 
faisaient un tapage étourdissant. L'étrange manège dura trois jours, 
puis les vaches revinrent une à une sans se presser, en paraissant 
très lasses et se rendirent directement au chalet. Toutes étaient là; 


(1) Ed. LausezeT, Les croyances populaires au Pays d'En-Haut (Haute 
Gruyère), dans Archives suisses des traditions populaires, t. XII (1908), 
P. 91-124. 

(2) 1bidem, p. 96 et note. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 123 


mais chaque vache avait accrochée à son collier de cuir une branche 
de vigne » (1). 


On ne connut jamais la solution du problème, mais on 
admira beaucoup les Capucins. 

Îl s'agit évidemment du thème de la double-vue, d'un 
type assez répandu en pays dits celtiques, mais rare dans 
les Alpes: ce don ne semble pas avoir été reconnu à d'autres 
Ordres monastiques qu'aux Gapucins (2). 


II 


La DIFFUSION DES COUVENTS FRANCISCAINS EN SAVOIE. 


L'histoire des couvents franciscains en Savoie a été 
partiellement écrite par un enfant du pays, le Père Fodéré. 
Il appartenait à une famille de la Maurienne qui a produit 
d'autres savants distingués ; novice à Myans, il a pu voir 
de près le culte qu’on rendaitdans cette localité à la Vierge 
Noire ; il a recueilli les légendes locales et traité avec 
Un Soin particulier tout ce qui concerne l'expansion de 
son Ordre en Savoie. Son histoire des couvents de Saint- 
François et Sainte-Claire a été ensuite complétée par 
Besson, Grillet et par la publication de divers documents 
d'archives ou par des monographies historiques spéciales, 
Notamment par la Géographie historique des établissements 
de l'Ordre de saint François en Bourgogne que M. Henri 
Lemaître publiera dans un des prochains n° de cette 
RE et dont il a bien voulu me communiquer le manus- 
rit. 

En réduisant toutes ces données en tableau, on obtient 
la liste Chronologique suivante, sauf petites erreurs de date 
WoUjours possibles : 

1213 (ou avant), Clarisses, Chambéry. 


ei Frères Mineurs (Cordeliers, Conventuels), Cham- 
Ty. 


pr JEGERE EnER, Unterwallis, p. 109-110 ; dans une autre légende, le 
de la CH la fuite des vaches et de la branche de vigne est rattaché à celui 
(2) V ‘Asse Sauvage, ibidem, p. 94-95. 
OT plus loin le cas décrit par Fodéré. 


124 A. VAN GENNEP 


1343 (1365 ou 1369), Cordeliers, La Chambre (Mau- 
rienne). 

1458, Colétans (Observantins), Myans (Savoie-Propre). 

1458, Colettines (Clarisses réformées), Évian (Chablais). 

1407, Colétans (Observantins), Chambéry (Sainte-Marie- 


Egyptienne). 
1470, Colétans, Saint-Michel-sur-Moûtiers (Tarentaise). 
1470, » , Cluses (Faucigny). 


1470, D , Chambéry. 
1470, Colettines, Chambéry. 
1477, Cordeliers, Genève. 
1477, Urbanistes, Genève. 
1533, Observantins, Annecy. 
1536, Cordeliers, Évian. 
1580, Capucins, Chambéry. 


1580, » _., Saint-Jean-de-Maurienne. 
1586, » , Montmélian (Combe). 
1593, » , Annecy. 

1612, » , Moûtiers (Tarentaise). 
1616, » , Saint-Julien (Genevois). 
1616, » , Sallanches (Faucigny). 


1617, » , La Roche {Faucigny). 

1019, » , Rumilly (Albanais). 

1626, ) , Conflans (sur Albertville). 

1627, Clarisses (Moûtiers). 

1633, Capucins, Bourg-Saint-Maurice (Tarentaise). 

1642, ” , Yenne (Petit Bugey). 

En ce qui concerne spécialement les Capucins, la pro-: 
vince de Savoie ne fut créée que le 1° juillet 1610, par 
séparation de la province de Lyon ; elle fut placée sous 
le vocable de Notre-Dame de Compassion, fut dénommée 
province des Missions et eut pour sceau une représen- 
tation de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Au début elle 
ne comprit que les quatre couvents de Chambéry, Saint- 
Jean-de-Maurienne, Montmélian et Annecy, ainsi que les 
hospices de Thonon et de Saint-Julien, érigés en couvents 
le premier en 1612 et le second en 1616. En 1748 cette 
province comprenait en outre des couvents à Bourg-Saint- 
Maurice, Moûtiers, la Roche, Rumilly, Sallanches, Ta- 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 125 


ninges, puis la chapelle de sainte Apolline (ou Apollonie) 
à Chambéry (1); elle fut supprimée en 1793 et rétablie 
en 1817 par le P. Eugène, de Rumilly. En 1880 il restait 
encore sept couvents (Chambéry, Albertville, Yenne, Tho- 
non, Annecy, Meylan près Grenoble et l’hospice de Saint- 
Jean de Maurienne) (2). 

La véritable cause de l'extension du mouvement fran- 
ciscain en Savoie est d’abord d'ordre princier. On sait que 
saint Louis de France est réputé avoir appartenu au Tiers 
Ordre et est considéré comme le protecteur spécial de cette 
partie de l'Ordre franciscain ; sa sœur aussi était affiliée 
etcest elle qui fit adoucir la règle des Clarisses ensuite 
nommées Urbanistes. Or à ce moment les relations entre 
là cour de France et la cour de Savoie étaient rétablies sur 
un pied d'amitié. Il n'est peut-être pas sans importance 
pour l’histoire des Franciscains en Savoie de rappeler que 
saint Louis avait épousé Marguerite de Provence, fille de 
Béatrice de Savoie : et que ce roi servit d’arbitre entre le 
comte de Savoie Philippe et le dauphin Guigues VII. 

Une deuxième date importante pourrait bien être le 
mariage en 1355 d'Amédée VI, le comte Vert, avec Bonne 
de Bourbon, qui éprouvait une sympathie particulière pour 
les Franciscains puisque, pendant son voyage de noces de 
Paris à Chambéry, elle fit remettre un florin d’or en aumône 
aux Frères Mineurs de Mâcon et autant ensuite à ceux de 
L'on (3). Or, on trouve signalé plus tard dans le trésor 
des comtes puis ducs de Savoie, un fragment de la tunique 
Et un morceau du cordon de saint Francois donnés par 
Bonne de Bourbon (4). Pourtant, quand la comtesse désira 
Un fils, en 1356 ou 1357, elle fit faire une statuette de cire 
& Sa propre image mais c’est devant la Vierge de la cathé- 
drale de Lausanne qu’elle la déposa ; les comptes de 
trésorerie donnent même le nom de l’ouvrier de cette 


(ji s'agit probablement de la chapelle située dans l'hospice fondé par 
la famille des Bonivard ; cf. ChaPreroN, Chambéry, p. 270-237. 

‘4: Pour d'autres détails sur les Capucins en Savoie voir entre autres 
Taccuer, Le Père Chérubin, p. 296-297. 

1: Corver, Les Comtes de Savoie, p. 86. 

\4) Coco, Église, p. 33, note. 


TR RER Te ee qi 


126 : A. VAN GENNEP 


« ymage », Guillaume Anelico (1). Les Frères Mineurs et 
les Clarisses ont été tout particulièrement protégés par les 
princes et princesses de la maison de Savoie. Cette protec- 
tion s'était marquée en Tarentaise dès le treizième siècle, 
peut-être par l'entremise du couvent de Chambéry qui 
dépendait alors de l’évêque de Moûtiers et non pas de celui 
de Grenoble (2). En Maurienne, l’évêque Anthelme de Cler- 
mont légua en 1269 son psautier commenté aux Frères 
Mineurs de Chambéry (3); un autre évêque de Maurienne, 
Amédée de Savoie, établit les Cordeliers à La Chambre ; sa 
sœur était Clarisse (4). On connaît aussi des legs faits aux 
Franciscains de Chambéry par les comtes de Savoie Boni- 
face en 1264 et Thomas en 1282, et Sibylle de Baugé en 
1294. Au quatorzième siècle, un legs fut fait par Louis de 
Savoie, comte de Vaud, aux Frères Mineurs de Chambéry, 
en 1340; le comte Aimon fonda une messe conventuelle; de 
même fit le comte Amédée en 1385 (5). C'est surtout au 
quinzième siècle que la protection de la maison régnante 
agit en faveur des Franciscains : Yolande de France, du- 
chesse de Savoie, établit en 1471 à Chambéry les Cla- 
risses de la réforme de sainte Colette et fonda le couvent 
de Sainte-Claire-en-Ville (6); Janus de Savoie, apanagé du 
Faucigny, appela à Cluses en 1470, les religieux de l'Ob- 
servance de Myans pour lutter contre « une secte extra- 
vagante qui s'était répandue dans la vallée de l’Arve et 
faisait de la grotte de la Balme et du château de Rozières 
près Passy des centres de débauche et de supersti- 
tions »(7);, Louis, duc de Savoie, qui avait fondé le couvent 
de l’Assomption à Belley, protégea aussi les Franciscains 


(1) J. CoRDEY up. cit., p. 210, n. 1. 

(2) RasBurT, Obituaire, p. 61, note. 

(3) Anczzy, Histoire, p. 146. 

(4) Jbidem, p. 192. 

(5) Rasur, Obituaire, p. 16 ; pour les dons des particuliers, voir ibidem, 
p. 16-18. 

7 (6) CHaPpeRON, Chambéry, p. 151; Pérouse, Vieux Chambéry, p. 106. 
(7) GrizceT, Dictionnaire, t. 11, p. 230 ; Poncer, Cathédrale, p. 92, qui 

tous deux ne semblent s'appuyer que sur un passage de Fonéré, Narra- 

tion, première partie, p.838 ; il s’agit sans doute de « vauderies » du type de 

celles de Chamonix, qui seront étudiées dans le volume consacré à la Sor- 

cellerie et à la Médecine populaire en Savoie. 


en te 


Henlum istum e 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 127 


de Chambéry (1) et voulut, lors de sa mort, en 1485, qu’on 
l'ensevelit à Genève « sous l’habit franciscain », près de sa 
femme, Anne de Chypre-Lusignan (2). 

Cette liste, même incomplète, suffit à donner l'impres- 
sion qu'à la cour de Savoie comme à la cour de France l’in- 
fuence franciscaine fut considérable. Ce n'est pas pour 
dire que nos princes furent réellement affiliés à l'Ordre 
sous l’une ou l’autre de ses formes. Aucun des textes que 
jai consultés ne permet de supposer cette « inscrip- 
tion » (3). De nos jours « on peut être reçu individuellement 
au Tiers-Ordre; mais depuis quand cet usage a-t-il été 
introduit ? Existait-il au premier quart du seizième siècle ? 
Peut-on en fournir un exemple? Sainte Élisabeth, saint 
Louis, saint Yves, Robert d'Anjou, saint Elzéar etune foule 
d'autres n'ont jamais appartenu à une fraternité » (4); il 
En a probablement été de même des princes et princesses 
régnants de la Maison de Savoie, même du duc Amé- 
dée IX qui devint en 1677 bienheureux spécial de l'Ordre 
franciscain, ]] y a là un problème historique que des do- 


tUments d'archives résoudraient peut-être. 


Malgré cet appui princier, il s'est écoulé un siècle et 
demi Avant que le mouvement franciscain ait essaimé de 
Chambéry dans les autres localités principales de la Savoie. 
-0mme Chambéry se trouvait sur la voie des grands péle- 
inages de France à Rome par le Cenis ou par le Petit- 
Saint-Bernard, on peut supposer que la première clien- 
tèle des couvents de Frères Mineurs et de Clarisses a 
té constituée par des étrangers, soititaiiens, soit français. 
Cette hypothèse expliquerait l'absence de documents sur 
k fondation des deux premiers établissements. Un fait 


(1) CHAPPERON 


A, aus . Chambéry, p. 133. 


(3) Ainsi Le 0 luaire, P- 3a et note ; Cocuon, Église, P. 34 note. 
ac ducis Sa xte de l'Obituaire de Chambéry, Obitus Illustrissimi principis 
Francisci ; fudie domini Ludouici sepulti in habitu seraphici patris nostri 
Juncti in un Ale Gebennarum in nos{ro _conuentu dicte ciuitatis et de- 
doter ‘late Lugdunensi XXIX januari 1485, ni celui de l'Obituaire 
des Frères Mineurs de Genève. obiit…. et aportatus ad con- 
éPultusque in habitu nostro in capella sua juxta illustrissimam 
* R€ permettent de supposer l’affiliation à l’Ordre du duc Louis. 
SEssnvalee, in Rev. d'hist. francisc., t. 111, 1926, p. 159. 


(4j Fr. 


128 A. VAN GENNEP 


curieux est que Fodéré l'a passée sous silence. M. Jules 
Cochon, qui a étudié avec soin l’histoire de l’église Saint- 
François de Chambéry, suppose (1) que Fodéré avait pris 


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L'Rrunratke) I erndce re nrfle, Pinto. Arte; 

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Fig. 2, — Image populaire de saint François. — [La bénédiction 
de Frère Léon. 


parti dans une querelle de moines et constate qu'il igno- 
rait l'Obituaire rédigé à partir de la seconde moitié du 


(1) CocHon, Église, p. 20, note : « Le Père Fodéré s'est abstenu de nom- 
mer les Frères Mineurs de Chambéry dans son tableau des provinces, bien 
qu'il leur consacre quelques lignes où l’on devine aisément quelque rivalité 
inspirée par leurs confrères de l'Observance du couvent de Sainte-Marie- 
l'Égyptienne établi en 1462 et réuni en 1771 aux FF. Mineurs. Il ne 
paraît pas d'ailleurs avoir connu l'Obituaire, qu'on refusa sans doute de lui 
communiquer ». 


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CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 129 


quinzième siècle, mais qui donne des faits à partir de 1374; 
le silence de Fodéré a entraîné celui de Gonzaga (1). 

À côté de l'aide des princes et des dévotions individuel- 
les de personnes plus ou moins nobles ou plus ou moins 
riches, il a existé un autre facteur encore de diffusion des 
couvents franciscains qui présente un certain caractère 
“populaires. Je fais allusion ici aux indulgences qui ont 
été accordées presque dès les débuts par les papes à diver- 
ses pratiques franciscaines, lesquelles se sont rapidement 
répandues parmi les foules rurales à cause de cette vertu. 
Cest surtout à partir du quinzième siècle que l'importance 
desindulgences, notamment de celles qui étaient attachées 
à la récitation de certaines prières (comme celle de saint 
François lui-même, dont nous donnons ici quelques spéci- 
mens d'après des impressions populaires du dix-huitième 
siècle) s'est développée dans les campagnes non seulement 
de l'Italie mais aussi de la France et de la Savoie. Il ne 
Paraït pas exister encore de monographie comparative sur 
Ce sujet, et par suite, en ce qui concerne la Savoie, je ne 
puis qu'en indiquer les éléments ; son étude mériterait des 
recherches dans nos archives. Les historiens, qui se sont 
Ocupés des Franciscains de Chambéry ne font pas allu- 
sion aux indulgences ; je reviendrai sur ce point dans le 
Chapitre consacré à la Portioncule. 


(1) Gonzaca, Tertia pars, p. 789-790 qui donne la liste : Assomption de 
Belley 1453, Myans 1457, Cluses 1470, Saint-Michel, Tarentaise, 1471, 
Sai Me-Marie-Égyptienne à Chambéry, Sainte-Croix à Annecy, et parle en 
Passant des deux monastères de Clarisses à Chambéry et à Annecy, sans 
donner la date de fondation. 


Revue D'Hisrommg PRANCISCAINE, t. III, 1927. ; 


130 A. VAN GENNEP 


CHAPITRE II 


CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS : 
HOMMES 


IT 


SAINT FRANÇOIS D’Assise (4 octobre). 


On a vu que le premier couvent franciscain de femmes 
fut fondé à Chambéry avant 1213 et le premier d'hommes 
en 1220, donc du vivant même de saint François ; « on 
assure que le patriarche séraphique visita ces deux mai- 
sons et que la magnifique église qui fut élevée en 1430 fut 
disposée de telle sorte que le sanctuaire s'’élevât sur 
l'emplacement qu'occupait la cellule qu'avait habi- 
tée saint François » (1). Cette légende qui date du quin- 
zième siècle sert uniquement à dissimuler ce fait, qu’on 
ne savait plus à ce moment par qui avait été fondé le 
couvent. Ni Fodéré, ni Gonzaga n'en savaient plus long 
que nous sur ce point. 

Comme reliques, l'abbé Burlet n'en signale qu'en 1548 
a Thorens (Genevois) d’après les Archives de la Haute- 
Savoie (2), mais il en existait d'autres à Chambéry: « les 
ducs de Savoie conservaient comme reliques dans leur 
chapelle un fragment de la manche, de la tunique et du 
cordon de saint François donnés par Bonne de Bourbon, 
femme d’Amédée VI, morte en 1402 » (3); ces reliques ne 
sont pas indiquées dans l'inventaire de 1483; mais celui 
de 1542 parle d'un « coffre de boys dans lequel il y a une 
manche de sainct François avesque plusieurs aultres reli- 


ques (4) ». 


(1) Groëe, Notre-Dame, p. 483. 
(2) BurzzT, Culte, p. 153. 
(3) Cocuon, Église, p. 33, note. 
(4) FaABRE, Trésor, p. 128. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 131 


© Remarquable est d'autre part le fait qu'aucune paroisse 
des cinq diocèses de l'ancienne Savoie n’a pris saint 
François d'Assise comme patron, fait fréquent d’ailleurs 
en Savoie pour les saints monastiques, sauf pour saint 


pi 


4] 


ENEDIZIONE DI $: FRANCESCO DASS 
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[7€ 100 Image populaire de saint François. — La bénédiction 
de Frère Léon. 


- 


sou ermite, dont le culte fut propagé par les Hospita- 
s. 


a document folklorique ancien ni moderne ne 


ke le les Spécialités pour lesquelles était invoqué]saint 


rancoi à , NE 
étai S01S en Savoie: mais on peut voir que ces spécialités 


e 
hi de (rès nombreuses d’après le texte des images volan- 
»Q1 


tes « de préservation », qui furent tirées en Italie à 


132 A. VAN GENNEP 


des centaines de milliers d'exemplaires au cours des dix- 
septième et dix-huitième siècles, images qui se présentent 
sous plusieurs formes dont nous reproduisons les types 
fondamentaux; elles furent importées en masse en Savoie, 
distribuées par les moines et les pélerins et mises en vente 
dans les sanctuaires dirigés par des Franciscains. La prière 
dite de saint François protégeait «contre les démons, les 
sorcières, les maléfices, les ligatures, les tentations, le ton- 
nerre, les éclairs, les pestes, le mal-caduc, les périls de la 
mer, les embüûches des démons, les revenants, les fantômes, 
les tempêtes, les naufrages, les incendies, les douleurs 
de l’enfantement, les fièvres, la mort subite et une infinité 
d’autres maux et de périls. » Il est difficile dans ces con- 
ditions de savoir dans quel but spécial les personnes 
pieuses de la Savoie venaient brûler des cierges et pro- 
noncer l’oraison célèbre devant la statue ou dans la chapelle 
du saint d'Assise. 

Il n’y a pas en Savoie de fêtes comme celle de Lausanne, 
où l’on faisait à certains jours de l’année une ronde au- 
tour de la fontaine de saint François d’Assise (1). L'ac- 
tion qu'il a exercée en tant de pays au profit des crèches 
de Noël (2) a été nulle en Savoie puisque la coutume 
n'est ancienne que dans quelques villages de la haute 
Maurienne qui ont subi l'influence piémontaise et est tout 
à fait récente dans quelques autres localités, surtout les 
grandes villes (3). 

Des chapelles d'église ont été consacrées à saint Fran- 
çois en premier lieu dans les couvents de son Ordre; du 
moins on est en droit de supposer qu'il en aété ainsi par- 
tout, bien que le catalogue de l'abbé Burlet n’en signale 
que pour les Franciscains et les Clarisses de Chambéry, 
l'hôpital Saint-François et l’église franciscaine de Sainte- 
Marie de la même ville, dans le couvent des Célestins, 
puis Cordeliers d'Annecy, le couvent des Capucins de 
Thonon, mais non à la Chambre, ni à Cluses, etc. Il y 


(1) BLavicnac, Empro genevois, 2° édit., Genève, 1875, p. 25. 

(2) Voir entre autres, CHasort, Les Crèches de Noël dans tous les pays, 
Pithiviers, 1905, p. 17. 

(3) Cf. mon mémoire sur Les Douze Jours. 


= - RS RE 


ne - 


2 ms. mm He Tu — 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 133 


a là une anomalie qui s'explique peut-être par des condi- 
tions locales du même ordre que celle dont on parlera plus 
loin à propos de la cathédrale d'Annecy. 
Des chapelles rurales consacrées à saint François d’'As- 
sise, fort peu sont anciennes, sauf celle de Saint-Alban, 
non loin de Chambéry, qui est signalée dès 1497 et celle 
d'Aime dès 1436, mais où le saint est associé aux Onze 
Mille Vierges. L'émergence historique ne se produit 
ensuite qu'au seizième siècle : à Mieussy et Saint-Jeoire- 
en-Faucigny en 1554, Arith, Boëge, Bonneville, Flumet, 
le Petit Bornand et Sallanches en 1580 ; Alby, Annecy-le- 
Vieux, Balmont et Lornay en 1581. Toutes les autres cha- 
pelles n'apparaissent dans les documents qu'après 1608 (1), 
ce qui ne veut pas dire, pourtant, qu'elles n'aient pas existé 
antérieurement (2). 

On vient de voir que saint François est associé dans une 
chapelle aux Onze Mille Vierges dès 1436 ; on le trouve 
de même associé à la Sainte-Croix à Annecy dès la fonda- 
tion de l’église, à sainte Catherine et à saint Georges à 
Aime en 1608, à saint Martin dans l’église d'Orelle en 1720, 
à saint Bernard au Petit-Bornand en 1607 (3), à saint 
Georges à Flumet en 1606 (4), à saint Michel à Boëège en 
1606 {5), à saint Théodule à Mieussy, en 1606 (6); quant 
à la chapelle d’Alby, où saint François était associé à 
Notre Dame et à saint Pierre, elle était en ruines en 1606 
et le visiteur ordonna de la réunir au maître-autel (7). Ce 


(1) Diocèse de Genève: 1613, Grésy-sur-Aix ; 1617, Thonon, église des 
Capucins ; 1649, Chamonix ; 1663, Le Biot ; 1695, Sillingy ; 1731, Cessens ; 
1764, Le Châtelard; 1765, Champanges et Mégevette. 

Petit Bugey : 1656, Yenne. 

Tarentaise : 1608, Aime (deux chapelles) ; 1653, Marthod ; 1731, La 
Bathie ; 1732, Bourg-Saint-Maurice ; 1732, Bozel et Granier. 

Maurienne : 1720, Orelle ; 1730, Aiton, Coisc, Saint-Julien ; 1732, Bra- 
mans, Lanslebourg, Saint-André, Saint-Michel, Valoire et Valmeinier ; 1741, 
Villardhéry (d'après Burlet, Culte, p. 153-154). 

2; Sur le problème de l'émergence historique en hagiographie, voir mon 
memoire sur Saint Theodule. 

G, Rasonn, Visites, t. Il, p. 495. 

(4) Ibidem, t. 11, p. 303. 

51 Ibidem, p. 103. 

(6) Ibidem, p. 428. 
(7) ibidem, p- 22. 


134 A. VAN GENNEP 


n'est pas le signe que les croyants associaient de même 
deux ou plusieurs saints dans leur dévotion ou dans 
leurs prières, mais seulement la conséquence de règlements 
d'ordre intérieur, le plus souvent pour des raisons de 


fiscalité. Les procès-verbaux des visites pastorales de 
saint François de Sales au début du dix-septième siècle 


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Fig. 4. — Image populaire de saint François. — La bénédiction 
de Frère Léon. 


permettent de comprendre le mécanisme de ces associations 
et de ces déplacements de culte. 

Un déplacement typique se constate à Annecy; il se fit 
par étapes depuis 1535 jusqu’en 1771, et fut définitivement 
acquis à partir de ce moment. Au commencement du 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 135 


seizième siècle (r519), Pierre Lambert, pour répondre 
aux intentions de son oncle Thomas, avait appelé les 
Célestins à Annecy et leur avait fait construire un cou- 
vent. Mais par suite de difficultés avec les habitants, les 
Célestins furent dépossédés et remplacés en 1534 par les 
Cordeliers (1). C’est alors que fut faite la dédicace de 
l'église, à la Sainte-Croix et à saint François d’Assise, 
comme le prouve l'inscription suivante : 


SALUTIFERE CRUCI AC DIVO FRANCISCO LAMBERTORUM 
PROPAGO DICAVIT 1535. 


Mais cette même année les chanoines de Saint-Pierre à 
Genève furent chassés de leur cathédrale par les hugue- 
nots. Ils se réfugièrent à Rumilly, puis à Annecy, et recu- 
rent en 1540 du pape Paul III l'autorisation de s'établir 
dans le couvent des Frères Mineurs d'Annecy, ainsi que 
de se servir de l’église fondée par Lambert. Ils avaient 
naturellement apporté avec eux leur saint patron et en 
célébrèrent la fête dans cette église. Or, en 1771, en vertu 
d'un bref papal du 24 août, les Frères Mineurs de l'Obser- 
vance et les Frères Mineurs Conventuels de la Custodie 
de Savoie furent unis et les Cordeliers d'Annecy se réfu- 
gièrent chez ies Cordeliers de Chambéry. Les chanoines 
de Saint-Pierre restaient ainsi seuls maîtres de l’église, 
dont ils remplacèrent aussitôt les vocables par celui de 
leur patron. Cette modification fut consacrée par une 
bulle relative au diocèse d'Annecy du 15 février 1821 (2). 
C'est encore sous le patronage de saint Pierre que se 
trouve cette église, devenue cathédrale (3). 

Aucune des représentations figurées de saint Francois 
d'Assise, ne semble avoir joué le rôle « d'image miracu- 
leuse ». On signale des statues anciennes en argent du saint 


(1) Voir en dernier lieu sur cette première période CLauDr FAURE, 
Les Célestins et les Cordeliers d'Annecy, Rev. d'hist. francisc., t. IV, 
1917, p. 12 et suiv. (avec documents inédits). 

(2) Pour les détails, voir Poncer, Cathédrale, p. 11-14 et REBsorp cité par 
Faume, loc. cit., p. 14, note. 

(3) Voir plus loin un déplacement homonymique à Chambéry ; dans les 
deux cas, il s'agit de la cathédrale. 


136 A. VAN GENNEP 


d'Assise à Chambéry (1) et à Moûtiers (2), un tableau 
ancien à Myans (3), une sculpture le représentant sur un 
siège abbatial, datant du quinzième siècle, dans la cathé- 
drale de Moûtiers (4). L'inventaire du trésor de la Sainte- 
Chapelle de Chambéry de 1483 dit qu’: « On le voyt repré- 
senté en email sur un calice en argent doré, avec l'Annon- 
ciation et saint Jean Baptiste » (5), probablement donné à 
la Sainte-Chapelle par Yolande de France. L'inventaire de 
1542 parle d’un « reliquayre d'ung demy grand pied de 
long, dont l’image est de saint François tenant en sa main 
une petite croys perlie et alentour du pied une senture 
de pierres et aultres pierres, ledit reliquayre d'argent 
douré » (6), mais ces reliques n'étaient pas nécessairement 
celles de saint François. Il existait encore des tableaux 
dans plusieurs églises, urbaines ou rurales. Mais aucun 
document folklorique ne leur attribue une efficacité sem- 
blable à celle qui est reconnue aux images de nombreuses 
vierges ou saints de la Savoie. 


IV 


LE RÔLE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES (29 janvier). 


Bien que le saint évêque de Genève et Annecy ne puisse 
pas être regardé comme un saint franciscain proprement 
dit, il est impossible de n’en pas faire mention ici, non 
seulement parce qu’il a professé une grande admiration 
pour son saint patron et pour saint Charles Borromée et 
qu'il a été régulièrement affilié à l’ordre des Capucins (7), 


(1) RasurT, Obituaire, p. 52, statue en argent datant d'avant 1650. 

(2) Borrez, Monuments, p. 246; statue en argent portée a Turin en 1793. 

(3) Anonyme, Myans, p. 10 et 13. 

(4) Borrez, Afonuments, p. 255 et pl. 91-92. 

(5) Fasre, Trésor, p. 75. 

(6) 1bidem, p. 125-126. 

(7) Parmi les documents originaux utilisés par CHARLES-AUGUSTE DE SALES 
pour la rédaction de la Vie de son oncle, on trouve : tome Il, p. 298, n° 83 : 
« Lettres patentes de filiation et participation de tous les biens de la religion 
des Frères Mineurs Capucins de saint François, concédées à François de 
Sales, prévost de l'église de Genève [donc avant son arrivée à l’episcopat), 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 137 


mais aussi parce que son culte a par endroits déplacé et 
remplacé celui de saint François d'Assise. 
Le prénom de François était devenu au cours des x1v° 
et xv' siècles l’un des plus répandus dela Savoie. C'est 
par suite d’une dévotion spéciale au saint d'Assise dans la 
noble famille de Boissy et de Sales que le saint d'Annecy 
porta son nom (1). Le père de François de Sales s'appelait 
François, sa mère Françoise; il reçut son prénom le 
21 août 1567 de son parrain, François de la Fléchère, 
prieur de Cellengy (Sillingy) (2). Au moment de sa nais- 
sance, le culte de saint François d'Assise était déjà solide- 
ment établi dans toute la Savoie. Plus tard, dans la liste 
des saints « spécialement honorés » dans le diocèse de 
Genève par ordre de saint François de Sales, le saint 
d'Assise n'arrive avec saint Louis de France qu'en dernière 
ligne, sur le même rang que les saints Augustin, Thomas 
d'Aquin, Sébastien, Bernard, alors que des prescriptions 
spéciales avaient été édictées par lui pour bien d’autres 


par le General de l'Ordre, Hierosme de Castelferretto du mont Albod, le 
dixiesme jour du mois de lanvier, l’an mille six cens ; signées Fra Giro- 
lamo, scellées en cire jaune. Nous avons l'original en papier ». 

Ibidem, p. 299, n° 89: « Lettres patentes de filiation et participation de 
tous les biens de l'Ordre des Capucins, à François de Sales, evesque de 
Geneve, concedees par le Pere General frère Paul de Cesene, à Lyon le huic- 
tiesme jour du mois de novembre, l’an mille six cents dix et sept, scellées en 
cire jaune. Nous avons l'original en papier. » Aussi les Capucins contribuè- 
rent-1ls à sa béatification ; Charles-Auguste cite, parmi les documents qu'il 
a utilisés pour rédiger la Vie de son oncle un mémoire du frère Antoine, 
Mineur Récollet, et une oraison funèbre du P. Philibert de la Bonneville, 
provincial des Capucins en Savoie; ibidem, p.299 et 300, 300. 

Sur les relations de saint Francois de Sales à Paris avec des Cordeliers 
savoyards, les PP. Valentin Sureau, Michel Frépier, Claude Gallois et d'au- 
tres, cf. P. Usaznp 'ALENÇON, À propos du P. Jacques Berson, Rev. d’hist. 
Jrancisc., t. IIL, 1926, 396-397. 

(1La dévotion de la mère de saint François alla surtout au Saint-Suaire, 
qu'étant sans enfants elle alla à prier quand on l'apporta à Annecy et 
auquel elle attribua sa primogéniture ; voir CHARLES-AUGUSTE, Vie, tome I, 
p. 2, qui reproduit évidemment unc tradition familiale. N 

(2) Cuanzes-AuGusTe, Vie, tome |, p. 3. Son deuxième prénom était Bona- 
venture parce que c'était celui de sa grand'mère de Chevron-Villette, Pic- 
Cand, Saint François de Sales, p. 21; sur le prénom de François en 
Savoie, cf. encore J. Désormaux, in Revue Savoisienne, 1920, p. 25 et suiv. 
Je ne sais sur quelle tradition se fonde l'observation de J. Cocnow, Église, 

P. 101, que le prénom fut donné à l'enfant d'après une «image de saint Fran- 

çois d'Assise ». 


138 A. VAN GENNEP 


saints, notamment pour ceux de la légion thébéenne, puis 
pour saint Claude du Jura, saint Grat d’Aoste, etc. (1). Que 
les saints franciscains n'aient pas joui d'un traitement de 
faveur de la part de l’évêque de Genève est encore prouvé 
par ceci, que dans cette liste on ne rencontre ni le nom de 
saint Antoine de Padoue (ville où pourtant saint Francois 
de Sales avait fait ses études de droit), ni celui de sainte 
Claire alors qu'il s'était occupé de la réforme de leur 
Ordre (2). On peut supposer que les préférences de l’évêque 
allèrent à l'Ordre qu'il avait créé lui-même, avec sainte 
Marie-Jeanne-Francoise de Chantal, celui de ses « chères 
filles » de la Visitation. 

Par rapport aux Ordres réguliers existants, saint Fran- 
çois de Sales, jouant son rôle d'évêque en lutte avec le pro- 
testantisme voisin, tâächa de tenir la balance égale entre 
eux et on le voit, au témoignage de son neveu, tout autant 
affilié.aux Chartreux qu'aux Barnabites et aux Feuillants, 
réformant les Augustiniens non moins que les Bénédictins. 
Lors de son apostolat du Chablais, il avait eu besoin des 
Capucins, dont un représentant célébre, le Père Chérubin, 
lui rendit d'éminents services. Il ne faut pas oublier que 
saint Francois de Sales avait d'abord, avant que d’être 
d'église, fait de fortes études de droit à Padoue, sur l’ordre 
de son père et sous la direction des Jésuites (3), auxquels 
il voulut du bien toute sa vie, et qui le lui rendirent, 
voyant en lui l’un de leurs disciples les plus remarquables. 

Ainsi que le dit fort bien Charles-Auguste, « ce très- 
religieux prélat aymoit tous les Ordres religieux, comme 
il etoit aussi aymé de tous et certes il s’est tousjours 
employé très soigneusement pour tous » (4). Comme saint 
François de Sales a été l’un des meilleurs diplomates du 
début du xvu* siècle, qu'il a été chargé à ce titre de maintes 
missions délicates (5), que, grâce à son talent, la Savoie a 


fr) Zbidem, p. 374-376. 

(2) CF. CHARLES-AUGUSTR DE SALES, Vie,t. Il, p. 287. 

(3) Voir pour tous ces noms, ibidem,t.1[, index ; et pour le séjour en Ita- 
lie (1588-1589), Piccaro, Saint François de Sales, chap. x. 

(4) Vie,t. Il, p. 173. 

(5) C'est au retour d'une de ses missions en Italie, que François de Sales 
consacra en 1614 l'église des Capucins de Moüuers et approuva les habi- 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 139 


évité d’être dépecée par des voisins avides, que dans les 
questions d’argent, tant familiales (1) qu'ecclésiastiques, il 
a été extrêmement adroit, n’en déplaise à l'image surtout 
romantique et littéraire qu'on en donne communément, 
il est naturel que, ayant la charge d’un évêché-frontière, 
il ait tenu à ne négliger aucune arme. Les Franciscains, 
pourtant, sous leurs diverses formes, ne pouvaient lui être 
d'un secours que relatif, sauf dans des cas épisodiques, 
comme l'apostolat du Chablais (2). 

Aussi ne doit-on pas trop s'étonner de ne pas voir saint 
François prescrire une dévotion spéciale à l'égard de son 
parrain d'Assise, ni à celui d’autres saints franciscains, 
sauf peut-être de saint Louis, sans doute par politique (3). 
Le seul saint franciscain auquel il ait rendu publiquement 
et plusieurs fois hommage est saint Charles Borromée, 
dont certains traits de caractère le touchèrent sans doute 
plus particulièrement. Il alla tout exprès à Milan pour le 
vénérer (4); mais bien que ce voyage fût en principe un 
pèlerinage pieux, il eut aussi pour objet une négociation 
délicate qui montre clairement les qualités diplomatiques 
de saint François : à cette occasion (5) ce ne fut pas à des 
Franciscains mais à des Barnabites que l’évêque de Genève 
fit appel, peut-être à cause de leur spécialité pédagogique, 
mais aussi parce que cet Ordre, sans racines en Savoie, ne 
pouvait pas contrecarrer son activité séculière, activité qui 
fut très autocratique (si l'on veut bien interpréter les Vies 
publiées par ses panégyristes ou se reporter à sa corres- 
pondance) vis-à-vis des pouvoirs établis, mais douce et 
charitable vis-à-vis des petits et des humbles. 

L'admiration professée par saint François de Sales pour 


tants de Conflans (Albertville) d'établir aussi des Capucins dans leur ville; 
cf. Pérouse, Conflans, p. 11-12. 

(1) Nombreux détails dans Piccarp, op. cit. 

(2) Divers auteurs ont prétendu, plus ou moins franchement, que saint 
François s'était approprié la gloire de l'œuvre en réalité organisée par le 
Père Chérubin et d'autres Capucins; voir entre autres TRUCHET. 

(3) C'était un hommage déguisé aux rois de France; peut-être faut-il aussi 
rappeler à ce propos l'amitié qui liait l'évêque de Genève à saint Vincent 
de Paul. 

(4) CHanLes-Aucusrs, Vie, t. I, p. 175 ett. Il, p. 80. 
(5) Ibidem, t. II, p. 85-90, où la tractation est exposée assez naïvement. 


140 A. VAN GENNEP 


saint Charles Borromée ne dépassa pas les gestes d’une 
politesse qui est de règle entre personnes de bonne condi- 
tion et de même occupation ; il ne recommanda pas spé- 
cialement son culte dans le diocèse de Genevois et ne fit 
aucune tentative pour déterminer le remplacement des 
saints antérieurement consacrés à la lutte contre la peste, 
saint Sébastien et saint Roch, par le saint de Milan; on 
peut dire, sans doute, que saint Roch aussi était classé 
comme tertiaire de saint François d'Assise; mais précisé- 
ment, si saint François de Sales avait tenu à donner une 
marque personnelle de faveur aux Franciscains, il lui aurait 
été plus facile qu'à tout autre d'opérer ici un remplacement 
liturgique et cultuel. 

C'est lui-même qui a été un instrument de remplacement 
de cet ordre dans la ferveur populaire. On a dit plus haut 
que les chapelles consacrées à saint François d'Assise 
étaient nombreuses en Savoie au début du xvu* siècle : 
comme François de Sales a été canonisé par Rome après 
avoir été tenu pour saint de son vivant dans le diocèse 
qu'il administrait, et comme dans le catalogue des saints, 
le prénom seul importait au peuple, il y a eu très vite un 
transfert du culte populaire du saint d’Assise à celui d’An- 
necy, et d'autant plus volontiers qu'il s'agissait là d'un 
saint du pays, que des personnes encore vivantes avaient 
connu et rencontré, marchant simplement par les rues et 
faisant des miracles au vu et au su de tout le monde (1). 

Quiconque a étudié les mœurs populaires, sait que les 
confusions et les assimilations verbales et surtout ono- 
mastiques obéissent à des lois générales très simples. Invo- 
quer saint François signifiait d'abord invoquer saint Fran- 
çois d’Assise ; puis ce fut invoquer saint François de Sales; 
la canonisation assura une consécration officielle à la ten- 
dance populaire et en quelques décades les chapelles dé- 
diées au saint savoyard se multiplièrent (2). 

La confusion augmenta pendant le xvin* siècle : elle 
s'étendit du Genevois aux autres régions de la Savoie ; lors 


(1) Voir mon mémoire sur Le culte populaire de saint François de Sales. 
(2) BureerT, en donne la liste, Culte, p. 155-156. 


CULTE POPULAIRE DES 6AINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 141 


de la Révolution et de l'occupation francaise, les deux 

saints étaient complètement identifiés et d'autant plus 
quétant relativement récents, ils ne possédaient pas une 
spécialité thérapeutique populaire. comme saint Clair qui 
guérit les maux d’yeux, saiñte Apolline les maux de dents, 
ou sainte Agathe qu'on invoque pour les maladies des 
seins et contre l'incendie, sainte Barbe contre la foudre et 
la mort subite, etc. Les deux saints prénommés François 
étaient des saints à tout guérir et à tout obtenir, également 
bons contre les fièvres et contre les démons, protégeant 
contre tous les malheurs possibles et assurant des succès 
de toute sorte. C’est là un phénomène hagiographique qui 
se constate aussi quand on étudie comparativement le 
culte rendu aux diverses Notre-Dames : les plus anciennes 
sont localisées et ont une activité spécialisée; les plus 
récentes (Notre-Dame de Lorette, de la Salette, de Lour- 
des, etc.) ont une activité universelle et totale. 

Que saint François de Sales ait remplacé dans ces con- 
ditions saint François d'Assise à Annecy et dans les cam- 
pagnes du diocèse de Genevois est donc normal. Ce qui 
l'est moins, c’est qu'il ait éliminé saint François d'Assise 
de son sanctuaire le plus vénérable et le plus ancien en 
Savoie, celui de Chambéry, ville où les Frères Mineurs 
avaient pendant des siècles joué un rôle hospitalier impor- 
tant et où leur influence était renforcée par celle des Cla- 
risses. [l suffit pourtant d’une interruption de quinze ans 
à peine pour faire oublier au peuple de Chambéry et des 
environs la réalité historique et pour lui imposer, sans 
quil protestàt, la dédicacé de la cathédrale, lors du réta- 
bissement du culte en 1805, à saint François de Sales au 
leu de saint François d’Assise (1). De nos jours, le rem- 
placement est définitif : il n’y a pas un paysan des environs 
de Chambéry, il n'y a pas dix Chambériens sur cent, qui 
ne soutiendraient que la cathédrale a toujours été consacrée 
à saint Francois de Sales; le saint d'Assise, s’il réclamait, 
ne ferait figure que d'imposteur. 

Pour les campagnes, les documents explicatifs manquent 


1) Pour les détails, voir mon mémoire sur saint François de Sales. 


142 A. VAN GENNEP 


souvent. Au Châtelard avait été fondée, avant 1667, par 
messire Henri-Francçcoys de Mailliard de Tournon, une 
chapelle dédiée à saint François d'Assise, saint François 
de Sales et saint Henri; mais en 1764, deux de ces saints 
ne sont plus mentionnés, il ne reste que saint François de 
Sales. Dans le même ordre d'idées on peut signaler que 
les dernières cartes postales éditées à Myans pour les péle- 
rins groupent autour de la Vierge Noire « les saints illus- 
tres de la Savoie » : saint Anthelme de Chignin (Char- 
treux), saint François de Sales, saint Bernard de Menthon 
et saint Pierre de Tarentaise (Cistercien). Or l’église a 
été d’abord construite par les Observants et, comme il sera 
dit plus loin, était un sanctuaire franciscain important; 
de nos jours, saint Francois et sainte Claire y sont élimi- 
nés même de la dévotion officielle. 


V 


SAINT ANTOINE DE PADOUE (13 juin). 


Comme dans la plupart des autres pays catholiques, ce 
saint est invoqué pour faire retrouver les objets perdus ; 
l'abbé Burlet donne la crovance comme universelle en 
Savoie (1) et le fait est que j'ai de nombreuses réponses 
directes dans ce sens ; on me signale aussi l’existence dans 
de nombreuses églises d’un tronc spécial où l'on met l'of- 
frande en argent (avant la guerre : 10 centimes). D'ordi- 
naire ce tronc se rencontre dans les églises où il y a une 
chapelle consacrée au saint, mais pas toujours ; par exem- 
ple à Gruffy il y a un tronc mais pas de chapelle. 

L'émergence historique de saint Antoine de Padoue se 
fait d'abord en Savoie à Chambéry, dans l'église 
Saint-François, en 1377; une chapelle est aussi consacrée 
au saint dans l'église Saint-Léger dès 1497; mais toutes 


(1) Burier, Culte, p. 18; la chapelle de l’église Saint-François (primitive) 
avait été « fondée par les comtes de Savoie; on y célébrait une messe 
quotidienne »; CHAPPERON, Chambéry, p. 138, note 2. Fondation et cha- 
pelle disparurent lors de la construction de la nouvelle église (cathédrale). 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 143 


les autres chapelles ne sont signalées qu'au cours des xvu* 
etxvir' siècles (1). Comme aucune pratique populaire de 
cette époque n’est indiquée, je crois inutile d’en donner 
plus que la liste. Tout au plus peut-on remarquer que s'il 
y avait sept chapelles däns le décanat de Savoie (2) et neuf 
dans le diocèse de Genevois (3), il n’en existait qu’une 
seule dans le diocèse de Maurienne, à Bessans, cinq dans 
celui de Tarentaise (4), aucune dans celui de Belley. La 
répartition géographique de ces chapelles ne semble pas 
signifier grand'chose; la plupart ont dû être fondées par 
l'initiative privée, sans qu'on puisse reconstituer les mo- 
tifs de cette fondation. 

Ainsi fin 1699, Révérend Carrier consacra au Châtelard- 
en-Bauges une chapelle à Notre-Dame de Bon-Secours, 
l'Ange Gardien, saint Joseph, saint Antoine de Padoue et 
saint Roch, mais on ne sait pour quelle raison spéciale ces 
divers cultes se sont trouvés groupés en cet endroit (5). 
Peut-être, étant donné la présence de saint Roch, faut-il 
admettre que le but de Révérend Carrier a été de remer- 
cier ces saints et Notre-Dame pour une protection efficace 
contre la peste, ou de protéger Le Châtelard dans l'avenir 
contre un retour du fléau. 

Saint Antoine de Padoue a été invoqué contre la peste 
dans la région de Chambéry au xvu® siècle. Après la ter- 
rible épidémie de 1630, les habitants du faubourg de Mont- 
mélian fondèrent une confrérie qu’ils placèrent sous Îla 
protection de ce saint; cette confrérie subsistait encore, 
avec le même patronage, en 1747 (6). En 1772 il y avait à 
Moûtiers une confrérie uniquement religieuse qui avait 
aussi pour patron saint Antoine de Padoue; la chapelle 
de cette confrérie était située dans l’église des Cordeliers (7). 


(1) Burzer, Culte, p. 101-102. 
(2) Les trois de Chambéry, Saint-Jean-de-la-Porte, Saint-Sulpice, Ser- 


volex, Thoiry. 

(3; Passy (1555), Challonges (1581), la Biolle, Annecy, Sillingy, le Chà- 
telard, Groisy, Champanges et Saint-Jean-d'Aups. 

(4) Beaufort, Villaroger, l'Hôpital (Albertville), Saint-Martin-de-Belleville 
et Val-de-Tignes. 

(5) Lettre de M. l'abbé Pico, curé du Châtelard, 1925. 

(6) Marie Giron, Notice, p. 4-5 et note. 

(7) MonanD, Corporations, p. 177. 


144 | A. VAN GENNEP 


Dans un certain nombre de cas, il y a eu confusion popu- 
laire entre les deux saints nommés Antoine. On vient de 
voir qu'en Maurienne la seule chapelle qui ait été consa- 
crée à saint Antoine de Padoue est celle de Bessans; or 
dans la commune de La Chapelle en Maurienne a été notée 
la légende suivante : « Entre le village de Gondran et le 
chef-lieu de la commune existe un vieil oratoire dédié à 
saint Antoine de Padoue. Un officier, de passage devant 
cet oratoire, entra tout à coup dans une violente colère en 
apercevant l’image ou la statue du saint. [Il tira à bout por- 
tant un coup de pistolet chargé à balle sur la statue; mais, 
par un prodige inattendu, la balle fit ricochet et revint 
frapper en pleine poitrine l'officier qui tomba roide mort. 
On l’ensevelit à côté de l’oratoire. Depuis lors, on n’osait 
plus s’aventurer dans cet endroit une fois la nuit venue; 
un fantôme, racontait-on, se voyait rôdant autour de l’ora- 
toire ou glissant à travers champs » (1). 

Les deux thèmes du revenant et de la balle (dans les ver- 
sions plus anciennes, comme à Rumilly, de la flèche) 
revenant et blessant ou tuant l'impie appartiennent au 
folklore international. Mais l'attribution du miracle à saint 
Antoine de Padoue est extraordinaire et s'explique par une 
confusion de noms; cet oratoire était primitivement consa- 
cré à saint Antoine ermite. 

Une confusion semblable s’est produite en Tarentaise. 
Ainsi aux Chapelles, on $e rend à l’oratoire de saint Antoine 
prier le saint quand une bête est malade (ce qui est en effet 
la spécialité du saint ermite) ou qu'on a perdu quelque 
chose (spécialité du saint franciscain) (2). Aux Brévières 
aussi, la date de la bénédiction des étables, 17 janvier, 
prouve qu'il s'agissait de saint Antoine ermite, qui sem- 
ble avoir remplacé saint Antoine de Padoue, cas de retour 
en arrière bien caractérisé et qui confirme la thèse générale 
exposée dans l'introduction; enfin tous deux furent élimi- 
nés au profit de saint Joseph : 


(1) Instiluteurs de Maurienne, t. 1, p. 203. 
(2) Voir mon mémoire sur Le culte de saint Antoine ermite en Savoie, 


P. 140. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 145 


« L'autel actuellement dédié à saint Joseph, dans l’église à gauche 
en entrant, était dédié, depuis la consécration même de l’église(1727), 
à saint Antoine de Padoue. Il avait été décemment orné autrefois 
par les soins de dame Anne-Lucie Martin, épouse du fondateur; 
mais comme il n'y avait aucune autre indication, on ne pouvait savoir 
au juste s'il s'agissait de saint Antoine ermite ou de saint Antoine de 
Padoue. En vérité le tableau de cet autel représentait saint Antoine 
de Padoue et Notre-Dame des Suffrages, mais la dévotion des fidèles 
semblait aller de préférence à saint Antoine ermite, dont on fait la 
fête le 17 janvier, si bien qu’en définitive il semblait difficile de s'y 
reconnaître. C’est pourquoi Rd. Rullier profita d’une occasion de 
restaurations, en 1872, pour changer l’autel de saint Antoine en celui 

de saint Joseph qui venait d’être proclamé patron de l’Église ‘uni- 
verselle. Cependant on y remit sa statue qui était ancienne » (1). 


Aucune des statues du saint, même à Chambéry (faite 
avant 1481) (2) ou à Moûtiers (3), ni son image peinte à 
Myans (4) ne semblent avoir été l’objet de dévotions popu- 
laires. 


VI 


SAINT CHARLES BoRROMÉE (4 novembre). 


Ce saint, qui a tant fait lui-même pour développer le 
culte des saints, n’a pas été en Savoie l’objet d'une dévo- 
tion spéciale. Sans doute il a été à diverses reprises invoqué 
contre la peste (5), puisque telle était sa spécialité chez nos 
voisins d'Italie ; d’autre part son nom est associé à la 
dévotion rendue en Savoie au Saint-Suaire et c’est d’ail- 
leurs sa faute si cette relique insigne a été transportée 
à Turin et y est restée (6). Mais dans les campagnes on 
possédait déjà plusieurs protecteurs spécialisés contre la 
peste, qui se sont remplacés au cours des siècles, saint 
Sébastien, saint Antoine ermite, Notre-Dame de Myans, 


4 


saint Roch, plus tard saint François de Sales; et c’est à 


U) Goxruaner, Brévières, p. 174-175 et 306-307. 

GR} Rasur, Obituaire, p. 25, 51 (statue en argent). 

() Bone, Monuments, p. 246, statue en argent portée à Turin en 1793. 
(4 Anonyme, Myans, p. 11. 

G\ Buauer, Culte, p. 17. 

(6) Voir plus loin le chapitre consacré au Saint-Suaire. 


Rrvuz D'Hisroing FRANCISCAINE, t. IV, 1937. 10 


146 A. VAN GENNEP 


eux plutôt qu'au saint franciscain qu'on s'adressait dans 
nos villages. 

La confrérie contre la peste fondée à Annecy en 1614 
sous son patronage le fut partiellement sous l'influence de 
saint François de Sales. Des chapelles consacrées à saint 
Charles Borromée n'apparaissent en Savoie qu'après 1617 
dans le diocèse de Genève, au xvui* dans les autres et 
leur total ne se monte qu'à neuf, dont deux dans des cou- 
vents franciscains (Thonon et Bonneville) (1). 


VII 


SAINT BONAVENTURE (14 juillet). 


L'abbé Burlet ne signale que quatre chapelles consacrées 
à ce sainten Savoie : à Cluses en 1460 dans l’église des 
Cordeliers ; au xv° siècle à Entremont-le-Vieux où, d’après 
mon enquête personnelle, son culte a complètement dis- 
paru; puis en 1730 à Hauteville-en-Maurienne et en 1747 
à Chambéry, dans l’église Sainte-Marie-Égyptieane qui 
était franciscaine (2). J'ajoute que le saint était représenté 
par une statue ou sur un tableau à Mvans (3) et qu'il exis- 
tait d’après l'Obituaire une statue en argent dans le cou- 
vent des Franciscains de Chambéry qui avait été faite 
avant 1527 (4). 

Bien que la Savoie fit partie de la province franciscaine 
qui portait son nom, saint Bonaventure ne semble jamais 
avoir été l’objet de dévotions populaires et paraît avoir été 
ignoré de nos paysans; mais peut-être était-il l’objet d'un 
culte spécial dans les couvents.: 


(1) Burzer, Culte, p. 125-126; les autres chapelles étaient situées à 
Contamine-sur-Marlioz, Bonneville (avec saint Christophe), Saint-Pierre- 
d’Albigny (avec saint Sébastien et sainte Brigitte), Saint-Jean-de-la-Porte 
(avec sainte Barbe et saint François de Sales), Hauteville, Val-de-Tignes, 
Hautecour et Saint-Julien-en-Genevois. 

(2) BüRLET, Culte, p. 110. 

(3) Anonyme, My-ans, p. 11. 

(4) RaBuT, Obituaire, p. 65. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 147 


VIII 


SAINT BERNARDIN DE SIENNE (20 mai). 


Il était représenté à Myans (1) et avait des chapelles dans 
la collégiale d'Annecy (elle fut démolie en 1610), à Cham- 
bery (église Saint-François) au xv° siècle (émergence en 
1488), enfin à Bonne en 1580 d’après Burlet (2). Les 
Visites pastorales de saint Francois de Sales signalent 
aussi l’existence à Menthon, en 1607, d'une « chapelle de 
N. Dame et S. Bernardin de la présentation des Floc- 
card » (3). En 1606 la chapelle de Saint-Bernardin à 

Bonne, « de la présentation des nobles Du Clouz, était 
sans recteur ni revenu » ; le visiteur ordonna de la remettre 
en état (4), mais de nos jours elle a disparu, sans doute 
par incorporation au maître-autel. Son culte ne s’est donc 
pas répandu dans les campagnes. Aucun document mo- 
derne ne laisse non plus soupçonner qu'il ait été l’objet 
d'un culte populaire. On sait qu’il a contribué à la diffu- 
sion du monogramme du Christ et qu'il a été souvent . 
associé à saint Louis; tel a été le cas à Genève (5) mais 
pas en Savoie. La statue qu'il avait à Chambéry avait été 
faite avant 1452, par ordre du prieur Hugues de Cluses (6). 

Peut-être faut-il regarder comme une relique du saint la 
ceinture dont il est parlé dans l'inventaire de 1542 du trésor 
de la Sainte-Chapelle : « Plus ung aultre coffre semblable 
la ou respouse l’aultre teste des unze mille vierges, aves- 
que une aultre belle gibassiere de la mesme fasson, ornce 
en franges que dessus, aussi il y a une centure de sainct 
Bernardin; lesqueulx coffres ont leur serreure sans 
clefs » (7). 


(1) Anonyme, Afyans, p. 11. 

(2) BuruerT, Culte, p. 114. 

(3) Resonn, Visites, t. Il, p. 420. 

(4) Tbidem, t. Il, p. 106. 

(5) W. Deoxxa, dans Revue de l'histoire des religions, t. LXXIV (1916), 
p. 222et note. 

(6) RaBurT, Obituaire, p. 58; en 1483 mourut le prieur Jacobus Thafardi, 
qui avait été le socius de saint Bernardin (mort en 1444); ibidem, p. 56-57 

(3) Fasne, Trésor, p. 128; pas dans BuRLET. * 


148 A. VAN GENNEP 


' IX 


SAINT Louis DE FRANCE (25 août). 


Son culte n’a été introduit que relativement tard en 
Savoie, ce qui se comprend pour des raisons politiques. 
C'est en 1525 seulement qu’on signale une chapelle qui 
lui est dédiée à La Touvière, c'est-à-dire à Évian (1); lors 
des visites pastorales de saint François de Sales en 1606, 
elle n’est déjà plus indépendante, mais rattachée à la cha- 
pelle de Saint-Étienne : « autrefois elle était de la nomi- 
nation du seigneur Golliod et Delallex, ladite famille 
Delallex défallie, excepté ung qui est hérétique » (2). Ilest 
vrai que Louis XIII fonda une chapelle en l'honneur de 
son ancêtre à Seyssel, dans le couvent des Capucins, en 
1610, et qu’on trouve au cours du même siècle des chapelles 
à saint Louis dans les paroisses d'École et du Biot, puis 
au xvin* siècle à Boëège ; mais ce furent des fondations par- 
ticulières, sans action sur le culte populaire. 

Le fait mérite d'autant plus d'être signalé que saint 
Louis était, et est encore, le protecteur spécial des frères 
du Tiers-Ordre et qu'il a été « l'ami de la confrérie du 
Scapulaire » qui s'était répandue en Savoie (3). Si donc on 
peut admettre que le culte rendu à saint Louis a été plus 
important qu'il ne ressort des simples documents d'ar- 
chives, ce culte n’a guère dû sortir des couvents. Encore 
est-il étrange que nos couvents de Cordeliers et de Capucins 
n'aient pas consacré de chapelles à ce saint; peut-être ceci 
eût-1l déplu aux rois de Sardaigne, comtes de Savoie. 


X 


SAINT Roc (16 août). 


[l n’y a pas lieu d’insister ici sur le culte renduen Savoie 


(1) BurLer, Culte, p. 193. 
(2) ReBorn, Visites, t. II, p. 466. 
(3) Grosez, Notre-Dame, p. 449. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 149 


à saint Roch, aux siècles passés, comme protecteur contre 

la peste. La plupart des cérémonies en son honneur se sont 

continuées plus ou moins longtemps dans les paroisses 

qu'il avait protégées, cérémonies qui étaient pour la plu- 
part des « fêtes de vœu ». Il est arrivé que pour les raisons 
financières et administratives exposées dans les Visites 
pastorales, le vœu a été déplacé; ainsi dans la paroisse de 
Notre-Dame du Pré, il y avait au xvin° siècle une fête « en 
l'honneur de saint Roch et sainte Marguerite » (1); dans 
un certain nombre de cas, saint Roch a été associé à saint 
Théodule du Valais, dont la fête tombait le même jour, 
par exemple à Veyrier du Lac (2), et dans plus de cas 
encore à saint Sébastien, qui l'avait précédé en Savoie 
comme protecteur contre la peste (3). 

La plupart des chapelles d'église consacrées à saint 
Roch ont été désaffectées au cours du xix° siècle, et la 
plupart des oratoires sont tombés en ruines; il en subsiste 
quelques-uns de ci de là, par exemple à Saint-Julien-de- 
Maurienne, à Doucy en Tarentaise. Pour les formes popu- 
laires actuelles du culte qui m'ontété signalées à Hermillon 
et à Thonon, je renvoie à un article précédent (4). Mais on 
remarquera ici, puisque nous nous plaçons au point de 
vue franciscain, que le culte du saint de Montpellier ne 
semble pas avoir dû sa diffusion en Savoie aux frères et 
sœurs de son Ordre. Les seules reliques signalées en Savoie 
étaient, à Chambéry, non pas dans des couvents francis- 
cains, mais dans l’église des Antonins et n’émergent d'ail- 
leurs historiquement qu'en 1617, donc à un moment où 
cette affectation peut sembler contradictoire, puisque les 
Antonins avaient déjà leur grand saint comme protecteur 
de la peste. C’est au xvm siècle seulement que saint Roch 
devient patron d'une paroisse, Villardhéry en Maurienne, 


(1) Pérouse, Paroisses rurales, p. 31. 

(2) Voir mon mémoire sur Saint Théodule. 

(3) Par exemple à Valezan en 1631, PErouse, Paroïsses rurales, p. 67; à 
Villargrondan, Saint-Michel, Montvernier, Saint-Colomban-des-Villards, 
La Table, Le Bourget-en-Huile en Maurienne, etc.; voir Burcer, Culte, 
p. 235-238. 

(4) Dans la Revue d’hist. francisc., t. II], 1926, p. 460-461. 


150 A. VAN GENNFP 


dont le patron actuel est saint Martin (1}. Sur les 94 cha- 
pelles antérieures à la Révolution citées par l'abbé Burlet, 
il n'y en avait pas une seule placée dans les couvents de 
Cordeliers ou de Capucins, de Clarisses ou d'Urbanistes ; 
si on invoquait saint Roch à Annecy, c'était à l'Hôpital des 
Pestiférés. A Cluses et à La Roche, où il y avait des 
Capucins, saint Roch n'avait même de chapelle dans aucune 
église. 

Pourtant l'association existe dans le culte en d'autres 
pays, notamment en Îtalie au xvin* siècle. En Savoie, là 
où elle se constate, elle semble très moderne; ainsi dans 
l'église de Mieussy on voit presque côte à côte des statues 
récentes de saint Roch et de saint Antoine de Padoue, avec 
au-dessous d’eux un tronc pour les otfrandes et un tableau 
explicatif, alors que ni l'un ni l'autre de ces saints n’ont eu 
de chapelle ni de culte spécial dans cette église avant la 
Révolution, il est vrai que saint Francois d'Assise en 
avait une, ainsi que saint Théodule. 


XI 


SAINT ŸVES (19 mai). 


Comme l'a bien démontré M. Jobbé-Duval dans l’excel- 
lente monographie qu'il a consacrée au culte populaire de 
ce saint dans son pays d'origine, saint Yves n'est pas tant, 
primitivement, le patron des avocats et des autres hommes 
de loi que le « patron du serment de vérité »; aussi l'une 
de ses spécialités pratiques est-elle de faire retrouver les 
voleurs (2). En Savoie, le culte du saint breton n'apparaît 
qu'assez tardivement: dans le diocèse de Genève au milieu 
du xv° siècle (Cluses et Samoens en 1554, La Compote 
et Saint-Pierre de Runnilly en 1580, Minzier en 1581) ou 
au début du xvi° (Grand Bornand en 1607), puis dans le 
diocèse de Tarentaise au xvin* (en 1732 à Montgirod et à 


(1) Burcer, Culte, p. 254. 
(2 Jossr-Duvar., Zdces primitives, p. 64 (bibliographie), 93 Pr 
145 et suiv. (mecanisme de diffusion de son culte). 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 151 


Peisey) (1). L'autel de la chapelle de Saint-Yves à Cluses 
servait aussi, d’ailleurs, au commencement du xvu° siècle, 
aux membres de la confrérie de Saint-Crépin, c’est-à-dire 
aux cordonniers ; et le visiteur ajoute que comme cet 
autel est très incommode, on réunira la chapelle à celle de 
saint Antoine ermite (25. À la même épôque, la chapelle 
de Saint-Yves à Samoens n'était déjà plus indépendante, 
mais rattachée à celle de Saint-Jacques (3). On peut ajouter 
qu'à Moûtiers il avait une chapelle (non signalée par 
l'abbé Burlet) qui était située dans l'église paroissiale de 
Sainte-Marie et entretenue par « la corporation des avocats, 
procureurs, notaires et praticiens de ces divers arts » ; elle 
existait encore lors du recensement des hôpitaux, confré- 
ries, etc., dressé en 1772, mais semble avoir disparu pen- 
dant la Révolution (4). Remarquable est le fait qu'il n'y 
avait pas de corporation correspondante des hommes de 
lot à Chainbéry ni à Annecy. 

Le culte semble disparu dans la plupart des paroisses 
citées, mais il subsiste à Montgirod, d'où me vient ce ren- 
seignement, qu'on s'y rend de toute la région alentour 
« pour la guérison des enfants ». De quelle maladie s’agit- 
il? [l est difficile de le savoir; mais un fait dauphinois 
peut mettre sur la voie : « les muletiers du Dauphiné for- 
maient autrefois une corporation; leur patron était saint 
Antoine ; des fois ils lui associaient saint Yves, par suite 
sans doute d’un assez mauvais jeu de mots : ivit, prétérit 
de tre. marcher : on comprend qu'il faille au mulet let au 
muletier; un pied ferme et solide. principalement dans nos 
Montagnes » 15. Peut-être porte-t-on «x Montgirod Îles 
enfants qui sont « noués » et qui sont en retard pour 
marcher. 

Au début du xvu* siècle, saint Yves partage la chapelle 
de Saint-Pierre-de-Rumilly avec saint Roch; elle était en 
1606 « sans recteur ni revenu, et de la nomination de 


1 Buruer, Culte, p. 253. 

Qi Risorn, Visites, t. 11, p. 201. 

3: Tbidem, t. I, p. 611. 

4 Momxo, Corporations, p. 177, 182. 
(3, Pinor, Usages, t. 11, p. 198, 229. 


152 A. VAN GENNEP 


Pierre Sautier, auquel a été enjoinct de la fere plastrir, 
blanchir, parer et doter et fere le vitre dans le mois » (71). 
Mais j'ai déjà dit à plusieurs reprises que ces associations 
de deux ou de plusieurs saints dans une même chapelle ou 
à un même autel ne prouvent rien quant à la forme spé- 
ciale de leur culte. 


XII 


LE BIENHEUREUX AMÉDÉE DE SAVOIE (30 mars). 


Avec le bienheureux Amédée de Savoie, nous arrivons 
à la catégorie des Franciscains d’origine savoyarde qui ont 
attiré sur eux l'attention ecclésiastique ou publique par 
leurs vertus chrétiennes. [Il ne faut pas confondre le bien- 
heureux Amédée, qui régna comme duc sous le nom 
d’'Amédée IX (1465-1472), fut l'époux d'Yolande de France, 
très dévouée aux Franciscains, et le père de la bienheureuse 
Louise, avec saint Amédée, évêque de Lausanne en 1145, 
qui n'avait d’ailleurs pas de patronage ni de chapelle en 
Savoie. Cette confusion, sur laquelle on a souvent attiré 
l'attention (2), tient à ce que le peuple ne fait guère de 
différence dans les titulatures et traita Amédée IX non pas 
de bienheureux, mais de saint (3). 

Ce culte, comme celui de saint Louis, est partiellement 
politique par son origine; vénérer et prier un saint de la 
maison régnante était en quelque sorte faire sa cour ; aussi 


(1) Resorn, Visites, t. Il, p. 593. 

(2) Voir en dernier lieu Coco, Église, P. 19. 

(3) Il en est de même pour les bienheureux Jean d'Espagne et Ponce de 
Faucigny. Ainsi les Savoyards établis dans le Valais, ayant résolu de fon- 
der une sorte de société de secours mutuels, prirent pour patron « saint 
Amédé » et firent faire un tableau le représentant, qu'ils obtinrent de pla- 
cer dans l’église de Saint-Maurice pour y faire leurs dévotions; ce patro- 
nage leur valut, naturellement, l'approbation et même l'aide du roi de 
Sardaigne. Fondée en 1764, cette confrérie avait pour but de grouper les 
Savoyards établis dans la Suisse entière ; elle subsistait encore en 1806; 
mais la plupart des anciennes familles étaient éteintes, et la majeure partie 
des autres devenue valaisane. Voir Bour8on, Confrérie, surtout p. 321-322 
et 330, 352; mais il n'est pas donné de renseignements sur le culte rendu 
au « saint ». 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 153 


voit-on les fondations et les donations en l’honneur du 
bienheureux Amédée provenir non pas tant du petit peuple 
que des nobles ou de ceux qui, occupant des charges, 
comptaient se faire anoblir. La béatification n'eut lieu 
qu’en 1677; pourtant, dès 1617 l'église des Capucins de 
Thonon avait été dédiée à saint François d'Assise et au 
B. Amédée {1}, ce qui semble contraire aux règles de 
l'Église. Si l'église cathédrale de Chambéry fut dédiée au 
même bienheureux ainsi qu’à Notre-Dame de l'Annon- 
clation, ce ne fut qu’en 1779, après élimination temporaire 
de saint François d’Assise. On venait de démolir l'église 
paroissiale Saint-Léger et il fut convenu que « les fonc- 
tions paroissiales de Saint-Léger s'y exerceraient de fait. 
Le choix de ce nouveau patronage dut probablement, tout 
en continuant la tradition de jour férié déjà observée à la 
vieille église, s'inspirer de sentiments dynastiques et d’ap- 
pel aux largesses royales attendues en l’honneur de l'Ordre 
suprême de l’Annonciade et d’un ancêtre béatifié; mais il 
répondait aussi peut-être aux habitudes populaires de dési- 
gnation pour le passage qui portait l’image de l’Annoncia- 
tion et subsistait encore en 1793 » (2). Ceci ne prouve pas, 
soit dit en passant, que le culte de l’autre patron, Amédée, 
fût spécifiquement populaire, bien que celui de l’Annon- 
cation ou Annonciade le fût (3). 

[l'est vrai que, à défaut de chapelles, le duc Amédée fut 
représenté par des images qui furent, selon l'expression 
de l'abbé Burlet, « vénérées » à : Annecy dès 1479, dans 
l'église des Dominicains ; à Chambéry dès 1480, dans l’église 


(1) Buauer, Culte, citant Œuvres de saint François de Sales, Lettre 8e, 
V, 22 et Gonruiex, Biographie du B. Amédée, Œuvres, t. I, p. 561 ett. II. 
P. 118. 

(2) Cocnox, Églis p. 40-41. 

(3) En France, l’ordre royal de l'Annonciade avait été fondé en 1501 par 
Jeanne de Valois, du Tiers-Ordre, et le bienheureux Gabriel-Maria, approuvé 
en 1502 par un Privilège d'Alexandre VI (confirmé en 1507 par Jules Il), 
et placé sous la juridiction des Frères Mineurs de l'Observance; la relation 
de l'Ordre saroyard et des Franciscains devrait étre étudiée de près. Sur les 
induigences spéciales à cet Ordre, voir les documents publiés par F. De- 
LORME et analysés par H. Lemaîrre, Rev. d'hist. francisc.,.t. IV, 1927, 
P- 88-93, concernant les Annonciades de Bourges et d'Albi, mais dont 
divers éléments valent pour la Savoie. | 


154 A. VAN GENNEP 


Saint-François; à Seyssel dès 1600, dans l'église des Augus- 
tins; ce qui donnerait à supposer que le culte populaire 
urbain a précédé la reconnaissance papale et l'inscription 
liturgique. À Annecy il y avait aussi une chapelle dans 
l'église de la Visitation dès 1610, alors qu'à Thonon la 
chapelle de la Sainte-Maison ne fut fondée qu'en 1677. 
donc l’année même de la béatification. Plus tard, on trouve 
une chapelle, toujours à Annecy, dans l'hôpital de la Pro- 
vidence, en 1693, et à Montmélian dans l'église du fort, 
démoli depuis, en 1782 (1). Cette dernière était évidem- 
ment militaire et dynastique; mais on remarquera que 
toutes les autres manifestations du culte étaient conven- 
tuelles et citadines. Le seul cas rural est le patronage de 
Saint-Amédée-de-la-Côte, paroisse de Tarentaise, qui n'est 
signalé qu’en 1758. A la liste de l'abbé Burlet j'ajoute le 
tableau « représentant le petit Jésus, Nostre Dame, sainte 
Anne, saint Anthoyne et le bienheureux Amed », indiqué 
dans l'inventaire de 1686 de la chapelle Sr Bts à 
Marin (Chablais) (2). 

Aucun document, semble-t-il, ne permet de dire dans 
quel but on invoquait le bienheureux Amédée. Pour 
Annecy seulement on peut supposer que c'était contre la 
peste, puisqu'il y était co-patron avec saint Charles Bor- 
romée de la confrérie fondée dans ce but en 1614 dontil a 
été parlé ci-dessus. Par contre, son patronage à Chambérr 
des perruquiers, érigés en confrérie-corporation en 1726 
sous la règle de Victor-Amédée IT (3), ne s'explique que 
par des raisons « dynastiques ». À ce moment les corpo- 
rations avaient déjà pour la plupart abandonné leurs ancien- 
nes cérémonies. dont quelques-unes étaient fort pittores- 
ques ; la nouvelle corporation des perruquiers se contenta 
de faire dire une messe solennelle le jour de la fête du 
patron et de s'occuper des réparations de la chapelle qui 
lui était consacrée {4), sans consécration ni distribution 


(1) BurLET, Culte de Dieu, p. 87-88. 

(2) Inventaire de la chapelle Sainte-Anne à Marin, 23 août 1686, Mém. el 
doc. de l'Académie chablaisienne,t. IV, 1890, p. 212. 

(5) Moraxo, Corporations, p. 152-154. 

(4) MoraNo ne dit pas où était située cette chapelle: s'il s'agit de celle de 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 155 


solennelle de pain bénit, comme faisaient les autres cor- 
porations. 
On doit sans doute interpréter de la même manière une 
teatative de culte en l'honneur d'Amédée de Savoie qui 
parait s'être manifestée, au moins à la fin du xvu siècle, 
dans le couvent des Capucins de Saint-Jean-de-Maurienne; 
ce couvent s’intéressait vivement aux pèlerinages non 
seulement populaires, mais aussi princiers, qui se faisaient 
à Notre-Dame du Charmaix; lorsque le Père d'Orly, Capu- 
cin de cette ville, rédigea son recueil des Merveilles dont 
il sera parlé plus loin, il le dédia au bienheureux Amédée 
et « exalta en termes pompeux ses vertus en général et 
spécialement son amour pour les pauvres et sa dévotion 
singulière envers la Sainte Vierge » (1). Mais cette tentative 
du Père d'Orly pour attirer sur le couvent de Saint-Jean 
les faveurs princières ne servit sans doute pas à grand'- 
chose, puisque les Capucins ne fondèrent même pas de 
chapelle en l’honneur du bienheureux. 


XIII 


JEAN-VICTOR DE SONNAZ. 


Membre d’une ancienne et illustre famille de Savoie, 
leR. P. M. Jean-Victor de Sonnaz entra très jeune au 
couvent de Chambéry, fut de suite appelé à des postes 
importants, V renonca, revint à Chambéry et v vécut si 
chrétiennement que les autres frères et le petit peuple 
de la ville le regardèrent comme un saint ; j'ignore (en 
tout cas je ne le trouve pas cité dans le Manuel du Tiers- 
Ordre de 1898), si l'opinion populaire a été consacrée 
à Rome. Jean-Victor de Sonnaz mourut le 17 décembre 
d'une année comprise entre 1352 et 1785, au dessus de 
quatre-vingts ans ; « cuJus sanclitalis sacrae adeo percre- 
buerat ut nedum assistientes sed et finitimi popult tur- 


l'église Saint-François, les perruquiers ont simplement annexé un culte qui 
tUstait déjà dès 1480. 
W'Moux, Charmaix, P. vin. 


156 A. VAN GENNEP 


batim ad ejus exequias accurrerint et multi vestis illius ac 
cordae frusta tanquam reliquias susceperint » (1). 

Ce partage de morceaux de vêtements et, dans le cas 
des Franciscains, de fragments de corde devant servir de 
reliques, opéré spontanément par le peuple, est en général 
un excellent élément dans les procès de canonisation; 
le fait s’était produit aussi à la mort de saint François de 
Sales et se produisit même au dix-neuvième siècle à la 
mort de Mgr. Rey, évêque d'Annecy. Mais aucun docu- 
ment ne laisse supposer qu'un culte proprement dit du 
P. Jean-Victor de Sonnaz se soit organisé à Chambéry; 
s'ilen a été ainsi, la Révolution y a mis bientôt obstacle. 


XIV 
AUTRES FRANCISCAINS VÉNÉRÉS EN SAVOIE. 


Peut-être des pratiques populaires du même genre ont- 
elles été exécutées ailleurs en Savoie, là où il y avait des 
couvents, à la mort de certains frères ou pères renommés 
localement pour leur vertus. Ainsi Fodéré raconte qu'à la 
mort d’un certain père Bourgeoys, qui jouissait à Cham- 
béry d’une réputation de sainteté et qui mourut à Lyon, 
la croix érigée par lui au roc Bastonnet, au dessus de la 
chapelle des Trois-Maries, elle-même située non loin de 
l’église de Sainte-Marie-Égyptienne et du couvent de l'Ob- 
servance (voir plus loin Notre-Dame de Myans), croix 
« laquelle avoit les croysons tournés du costé de Sep- 
tentrion, au moment de sa mort se tourna d'elle-même, 
par une vertu Divine, droit du costé du couchant qui 
regarde contre Lyon» (2). Depuis longtemps, ajoute Chap- 
peron, la croix n'existe plus ; mais on reconnaît encore sur 
le rocher l'endroit où elle avait été plantée (3). 

Plusieurs Franciscains ont joui de leur vivant d'une 
grande réputation; ainsi le P. Jean d'Albiez en Maurienne, 


(1) Rasur, Obituaire, p. 88-89. 
(2) FonéRé, Narration ire partie, p. 943. 
(3) CnarPeroN, Chambéry, p. 150. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 157 


qui fonda en 1627 la nouvelle chapelle de N-D. de Bonne- 
Nouvelle dont il sera parlé plus loin; le P. Chérubin, 
qui évangélisa le Chablais avant saint François de Sales 
et eut le mérite d'introduire dans le diocèse la cérémonie 
des Quarante Heures, fondée à Milan par un Capucin, 
en 1536 (1); le P. Sébastien, Capucin, qui introduisit 
chez nous les confréries du Saint-Sacrement et du Ro- 
saire 2); le P. Bernardin, de Thônes, Capucin, etc.; mais 
aucun d'eux ne semble être devenu l’objet d’un culte popu- 
laire, même pas le Frère Jean de Parcu, Capucin de Clu- 
ses, qui, au témoignage de Fodéré, était doué de la dou- 
ble vue : 


« de noble extraction, il réussit en un grand prédicateur, accom- 
pagné d’une singulière faconde, doué de plusieurs autres dons du S. 
Esprit, particulièrement il prédisoit plusieurs choses futures,et com- 
me un autre Elisée connaissoit les choses absentes comme présentes. 
Arriva un jour Nativité Nostre Dame que preschant en la ville de 
Tono (3), près Annessi, il s’arresta quelque peu au milieu de sa pré- 
dication sans parler les yeux fixes contre la muraille qui estoit 
prospective et puis tout à coup avec exclamation il répéta trois fois 
Jésus, Jésus, Jésus et puis dit que quelqu’un de vous autres courent 
promptement au pont de Nan (qui est sur une petite rivière qui flue 
hors la ville) (4) il trouvera une fille qui porte un petit enfant dans 
une corbeille cachée dans les immundices et bailleures de la mai- 
Son, pour le jetter et noyer dans la rivière. Subitement quelques uns 
Yaccoururent, qui trouvèrent la chose comme ce bon Pere l’avoit 
dit. ll fit encore un semblable trait preschant le caresme en ceste 
‘ille de Tono ; un jour il interrompit le discours de son sermon et 
Sescria avec une grande exaggération, disant: Ha! Messieurs de 
Tono, si le grand nombre de pies qui gazouillent, jargonnent et 
Cnent d'une façon extraordinaire sur le toict d’une telle maison 
Pouvoient parler voix humaine, elles diroient bien qu'elles crient et 
demandent vengeance, contre huict hommes débauchés et perdus, 
lesquels depuis hyer au soir, ont continué et continuent à yvron- 


“1 Taucuer, P. Chérubin, p. 377, document n° 5. A compléter par 
E Vuanxer, Découverte d'un livre de 1598 relatif à la célébration des 
Quarante Heures de Thonon, Mém. doc. Acad. chablaisienne, Thonon, 
1913, p. 1-62; c'est la réédition d'un petit livre rarissime intitulé La 
Volontaire Conversion de Pierre Petit, etc., dont l’auteur semble avoir été 
Antoine de Saint-Michel, baron d'Avully. 

() Taucuer, P. Chérubin, p. 370. 

G} Il sagit de Thônes. 

(4j Aujourd'hui le Nom, affluent du Fier. 


158 A. VAN GENNEP 


gner et jouer avec blasphèmes exorbitants et exécrables contre Dieu 
leur créateur. Aussitost le magistrat de la ville y envoya ses officiers 
lesquels virent au dessus de la maison un nombre de pies, lesquelles 
le bec torné contre le ciel, crioient d'une façon espouventable et 
treuvèrent dans la maison ces huict hommes débauchés qu’estoienten 
querelle et furie les uns contre les autres, reniant, blasphémant 
le nom de Dieu, comme s'ils se fussent voulus escorger » (1). 


CHAPITRE IiIl 


CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS :. 
FEMMES 


XV 


SAINTE CLAIRE (12 août). 


Il n'a existé en Savoie ni reliques, ni patronages, ni cha- 
pelles de sainte Claire, peut-être parce que ce culte était 
essentiellement monastique. Mais il est probable que dans 
les couvents mêmes de Clarisses et d'Urbanistes on mani- 
festait à son égard une dévotion au moins aussi impor- 
tante que celle dont étaient l'objet saint Francois et les 
autres premiers Franciscains. En tout cas, elle était repré- 
sentée à Myans (2), sur un tableau d’âge non déterminé, 
qu’une tradition locale fait remonter jusqu'aux Montina- 
yeur. En outre, les Clarisses avaient un culte spécial pour 
le Saint-Suaire de Chambéry, comme il sera dit plus loin. 
Le catalogue du Musée de Chambéry (3) signale, sous le 
n° 8663, un « reliquaire en bois sculpté supporté par 
un groupe de religieuses clarisses. de chaque côté un 
ange debout en tunique rouge», sans dire dé quelles reli- 
ques il s'agit. | 


(1) FODÉRE, Narration, 1° partie, p. 843. 
(2) Voir plus loin, à Notre-Dame de Myans. 
(3) Daisay, Catalogue, Chambéry, 1894. 


UUTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 159 


XVI 


SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE (19 novembre). 


Le culte de sainte Élisabeth, qui a pris dans d’autres 
Pays une si grande extension populaire (1), ne paraît 
guère avoir pris racine en Savoie. Selon l'abbé Burlet et un 
document d'archives, il en existait des reliques en 1548 
dans l'église de Thorens, laquelle dépendait du chapitre 
de Saint-Pierre de Genève; c'est donc peut-être une impor- 
tation de cette ville. Des chapelles sont signalées à Aime 
en 1630, à Fessons-de-Salins en 1732 et à Abondance, 
siège d'une abbaye augustinienne, en 1680 (2). 

Bien que le culte de cette sainte ait été répandu dans 
un grand nombre de pays par les couvents de Clarisses, il 
ne semble pas y avoir eu en sa faveur d’action de cet 
Ordre en Savoie. 

Il ne faut pas confondre cette sainte avec sainte Élisabeth 
de Portugal, dont, paraît-il, le culte aurait été introduit en 

Maurienne pendant l'occupation espagnole (3), ni avec 
la mère de saint Jean-Baptiste, qu'on voyait sur une 
Peinture à fresque, réprésentent la Visitation, dans 
l'église Saint-François (4) et sur un retable de l’église 
des Antonins (5) à Chambéry. Mais c'est bien sous le 
Pälronage de sainte Élisabeth de Hongrie qu'était placée 
la Congrégation de l'Humilité ou du Sac, d'abord consa- 


‘16e à l'œuvre des filles repenties et plus tard à celle des 
orphelines (6). 


1) Par ecxem 
él'au culte de 
francisc., à. 1] 


Ple en Belgique, ct. Lucien Crick, Notes relatives au souvenir 
Sainte Élisabeth de Hongrie en Belgique, dans Revue d'hist. 
» 1925, p. 403. 


. Ci Culte de Dieu, p. 141 
(y Ce Hist. du dioc. de Maurienne, p. 376. 
6) nel Chambery, p. 131 et note. 
Patronne Hospitaliers, p. 46 et 109. Elle cest dans les Ardennes lu 
6) Mons 8 éCieurs de long, Meyrac, Légende dorée, p. 230. | 
PA ue L'Orphelinat de Chambéry, p. 47 ; Marie-Giron, Notice, 


HS in, à Sainte Marie- 
_#1Æ ditleine. œuvre des Madelonettes, voir plus loin, à S 


160 A. VAN GENNEP 


XVII 


SAINTE COLETTE (16 mars). 


Sainte Colette fut en relations personnelles avec le duc 
Amédée VIII (pape sous le nom de Félix V), qui décida 
en 1424 de fonder un couvent réformé à Vevey; celui de 
Chambéry date de 1445. Il ne semble pas que la réfor- 
matrice, qui ne fut d’ailleurs canonisée qu'en 18c7, ait été 
l’objet d’un culte en Savoie; aucune chapelle ne lui est 
consacrée, et il ne paraît pas qu'à Chambéry on l'ait, 
comme en Belgique (1), invoquée en qualité de protectrice 
spéciale des femmes en couches. Peut-être y a-t-il eu un 
culte dans les couvents ; en ce qui concerne celui d’Évian, 
ni l'Obituaire nile Livre des Élections, manuscrits dépouil- 
lés par le P. L. de Marlioz, ne donnent de détails sur le 
culte intérieur ; on peut tout juste signaler que le Cou- 
tumier rédigé en 1722 ajoute à l'invocation Jésus-Marie- 
Joseph celle de François-Colète (2). 


XVIII 


SAINTE ROSE DE VITER8E (4 septembre). 


Ici au contraire le culte n’est pas conventuel, mais uni- 
quement rural, puisqu’aucune chapelle n'est signalée dans 
les couvents franciscains, au lieu qu'il en existait une au 
Châtelard-en-Bauges en 1665 et une autre [ou plutôt un 
oratoire] à Nances, dans le Petit Bugey, en 1672 (3). Dès la 
visite pastorale du 12 juillet 1606 il n’est déjà plus fait 
mention de la chapelle du Châtelard (4) et M. l'abbé Picon, 
curé de cette ville, a bien voulu m'écrire en 1925 que de 


(1) Voir entre autres J. CHaLon, Fétiches, idoles et amulettes, Saint- 
Servais (1923), t. Il, p. 127. ° 

(2) L. ne Maruioz, Clarisses d'Évian, P. 49. 

(3) Burzer, Culte, p. 239 

(4) Resomn, Visites, t. Il, p. 165-167. 


re POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 161 


nOS \0ürs la mémoire de sainte Rose est complètement 

oubliée dansle pays. | 
Pour la chapelle de Nances, voici les renseignements 
que m'a aimablement communiqués, en 1925, M. l'abbé N. 
Favre, d'après les archives de sa paroisse : « Par testa- 
ment du 4 octobre 1672, M. Claude Deschamps, de Nan- 
ces, bourgeois de Chambéry, a ordonné de donner 100 flo- 
rins pour faire construire une chapelle à l'honneur de 
sainte Rose au bas de la montagne Despines, proche les 
grands chemins qui tendaient alors de Novalaise et Nan- 
ces à Chambéry. L'année suivante, honorable Claudine 
Chambaz, veuve dudit Claude Deschamps, a fondé 2 mes- 
ses à ladite chapelle. A la même date Rd M'° Claude 
Charpine, curé de la paroisse de Nances, y a aussi fondé 
6 messes. L'intention des fondateurs était « d'attirer une 
dévotion à ladite chapelle à l'entrée des deux grands che- 
mins qui allaient depuis ladite montagne aux paroisses 
de Nances et de Novalaise et donner à ceux qui passaient 
le moyen de prier Dieu. Mais comme depuis, les ravines 
d'eau et les éboulements de pierres et de terre venus et 
revenus de ladite montagne ont rendu ces chemins 
Impraticables et inaccessibles et menacent de détruire la- 
dite chapelle, et que de plus, sur l'ordre de feue S. A. Char- 
ls-Emmanuel, ils ont été transportés ailleurs, il est par 
suite devenu impossible de remplir lesdites intentions. 
Pour y remédier et mettre à l'abri ladite chapelle, M. Jac- 
ques Deschamps, fils et héritier de feu Claude a, avec l’au- 
Wrisation de Mgr. l'Evêque de Belley, a fait démolir ladite 
chapelle ét l’a fait reconstruire à l'endroit où elle est à 

Présent et ce par un acte du 16 décembre 1722 ». 
on AU culte rendu à sainte Rose, ajoute M. l'abbé 
Pi fu en a pas d'officiel. On ne dit plus la messe 
| apelle. Mais dans les années de sécheresse, les 
a po ISINES se réunissent et processionnellement 
Re ei sainte Rose et demander la pluie. Iln'ya 

* A tableau représentant sainte Rose ». 

FE 1925 existait encore-une coutume populaire 
Vijageur die. signalait déjà l'intérêt en 1872 ; le même 
it en outre que non loin de la chapelle se trou- 


Revuz D'Hisronx rnanciscaiNs, t. IV, 1927. 11 


162 | A. VAN GENNEP 


vent une source et un rocher nommé la Table Sainte, ce 
qui m'avait amené à supposer qu'il y avait un lien entre les 
trois faits (1), les renseignements nouveaux de M. l'abbé 
Favre ne détruisent pas cette hypothèse, mais font savoir 
qu'il y a eu deux chapelles, dont la seconde seule est deve- 
nue un lieu de pélerinage contre la sécheresse. 

L'abbé Burlet affirme (2) que «sainte Rose de Viterbe 
était invoquée à Chambéry, dans la vallée de la Novalaise 
et en Bauges pour obtenir la pluie »; mais les documents 
connus ne parlent que des paroisses « voisines », et aucun 
texte ne permet d'affirmer qu’on venait dans ce but à 
Nances ou au Châtelard depuis Chambéry. Reste à savoir 
d'où pouvait venir cette spécialité (3). L'hypothèse de 
la source sacrée vaut pour Nances, mais non pas pour le 
Châtelard. Rien, dans la vié de la sainte, qui mourut à 
18 ans, ne donne la clef du problème, sinon peut-être ce 
détail qu'elle «resta 3 heures au milieu d'un grand brasier 
sans en être atteinte» (4). On aurait alors ici un de ces cas 
assez rares dont parle le P. Hippolyte Delehaye, de la 
Société des Bollandistes, où «un culte a été créé de toutes 
pièces par la légende » (5). 


XIX 


SAINTE MARGUERITE DE CORTONE (22 février). 


Cette pénitente du Tiers Ordre mena d'abord une vie 
scandaleuse, puis se convertit, devint la troisième lu- 
mière de l'Ordre, mourut en 1297, et fut canonisée par 
Benoît XIII ; pas de chapelles n1 de patronages en Savoie. 
Mais son homonyme,la martyre d'Antioche, qu'invoquent 
les femmes en couches, en a un très grand nombre et il 


(1) Notes de folklore, p. 23. 

(2) Burzer, Culte, p. 18. 

(3) Dans la plupart des pays catholiques, sainte Rose est invoquée contre 
les rougeurs, l'érysipèle, l'eczéma; pour la Belgique, cf. CnaLon, loc. cit. 
t. 11,p. 32, 154. 

(4) Manuel, p. 79. 

(5) H. Decenaye, La Vie de sainte Théeodiste de Lesbos, Extr. de Bygçan- 
tion, t. 1; cf. p. 198. 


cu 
ÜTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 163 


n ES Pas interdit de penser que certaines d'entre elles 
étalent consacrées à la sainte pénitente franciscaine. Ce 
pourrait être le cas pour la chapelle signalée au début du 
dix-huitième siècle à Chambéry dans l'église de Sainte- 
Marie-Égyptienne, dont la légende est de même type, et 
qui était spécialement vénérée par les Franciscains. 


XX 


SAINTE BERNARDE . 


Elle avait une chapelle à Bellentre (Tarentaise) en 1732, 
selon un document d'archives signalé par l'abbé Burlet, 
qui ajoute : «il n’y a pas de sainte ou de bienheureuse de 
ce nom dans le catalogue officiel des saints:il s'agit, ou 
d'une pieuse Clarisse morte en 1532 (fête le 25 mars), ou 
d'une Tertiaire de Saint-François (fête le 21 septembre), 
vénérées dans quelques monastères » (1). On remarquera 
Pourtant que la bienheureuse fêtée le 21 septembre s’ap- 
pelle non pas Bernarde mais Bernardine de Foligno, et 
quelle est très honorée en Espagne (2), ce qui permettrait 
Peut-être, s'il s’agit d'elle, d’attribuer sa localisation en 
Savoie à l'occupation espagnole (3). 


XXI 


LE RÔLE D'YŸOLANDE DE FRANCE. 


On a déjà parlé de la grande dévotion d'Yolande de 
Trance, qui, conformément à la coutume séculaire de sa 
nille (coutume qui cessa lors de l'avènement des Valois) 
*itensevelir comme Franciscaine. On a parlé aussi de 


Tiers Org Le rmarde signalée à aucune de ces dates dans le Manuel du 
re, éd, de 1898 
R} L' d ni € I 9 e 
\ ab FAIRE ane . 
Ætris is Burlet n'indiquant pas les ouvrages où il s'est documenté, je 
nile Naïissant à mes lecteurs de me renseigner sur cette sainte Ber- 


164 A. VAN GENNEP 


l'appui qu'elle accorda à l'Ordre; il convient de citer 
ici deux documents intéressants, peut-être encore conser- 
vés à Munich, ou emportés par les Wittelsbach. Il s'agit 
de lettres écrites par Yolande et qui devaient être remises 
à la Vierge par l'entremise de saint François d’Assise et 
de sainte Marie-Madeleine. Le thème des « Lettres tombées 
du Ciel » est assez fréquent dans le folklore hagiographi- 
que, non seulement européen, mais universel; par contre 
on a peu de documents détaillés sur le thème des « Lettres 
envoyées au Ciel» et c'est la raison pourquoi nous don- 
nons en entier le texte du manuscrit « apporté par les Cla- 
risses d'Orbe dans leur monastère d'Evian ». 


« Laus DEo. S’ensuit 13 teneur des epistres très deuottes que feue 
ma tres redoubtee Dame, Madame, la mere de cette tant saincte Dame 
deuanditte, qu’estoit nommee Madame Yolant de France, par la 
grace de Dieu Duchesse de Sauoye, fit à la Saincte Vierge Marie par 
grande ferueur et deuotion pour luy donner et offrir elle, et ses 
enfans et tout son faict (1). 


« Jesus Maria, 


«Glorieuse Vierge Marie, Mere de Dieu et Madame ma maistresse, 
ie Yolant de France, miserable pecheresse et Vostre esclaue, confesse 
et vous promet de toute sa puissance par la foy qu'elle doibt a Dieu 
et a vous, et confesse vous auoir faict homage, de corps, d'ame et 
de biens, et vous baille toute la Signeurie, et ses enfants et le païis, et 
toute la justice et puissance qu’elle at en ce monde, a vostre gouer- 
nement ; et s’en demet, et vous le remet, et des ce ior en auant vous 
rent sondict corps et ame, sesdicts enfans, pais et Signeurie, et 
vous supplye que l’ayez pour recommandé, et les veuillez garder de 
leurs ennemis et de tout ce qui leur pourroit estre en malefice, et 
aussi me veuillez garder a l’heure de la mort de l’ennemi et de sa 
puissance ; car le luy renonce,et au monde idem ; et si ma per- 
sonne par fragilité tomboit en peché, qu'a l’heure de mon trepasse- 
ment ilne me puisse rien demander ; car je vous at baillé toute ma 
vie depuis ma cognoissance par hommage, i’en di tout chascun ior 
XV Aue Maria, et en temoing de verité,et aussy que tout ce que 
l’ay escript de ma main, ie vuex ‘qu’il soit faict, et depuis ma nais- 
sance l'ennemi a ie ne puisse rien demander en corps, ame, et aussi 
le paiïs lequel ie vous baille, ray escript ces presentes de ma main, et 
scellees de mon scel a Pignerol,douziesme iour de Septembre 

« Vostre miserable esclaue, 
«Yolant de France. » 


(1) Faict signite ici domaine. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 165 


Monsieur Sainct-François et vous Madame Marie-Magdelaine ie 
vous supplye de presenter ceste epistre a la Vierge Marie,et a 
l'heure de mondict trepassement soiez-en mes temoings contre 
l'ennemy et protestez a mon bon ange, comme a mon aduocat, que 
le ne suis qu’a la Vierge Marie. » 


Teneur d’une autre epistre que maditte tres redoubtee 
Dame fit après quand elle fust vefue. 


«lesus Maria, 


«A vous Glorieuse Vierge Marie, Mere de Dieu et ma Dame et Mai- 
tresse. le Yolant de France, poure pecheresse, et vostre taillable et 
esclaue, tout comme administreresse, et tutrice de la duché de Sauoye 
et du Piedmont et autres Signeuries approuue et ratifie la lettre 
escripte cy deuan et premierement en lui baiïllant mondict corps et 
ame, et mes enfans, et lui remet toute la puissance que par les estats 
mat esté baillee ; vous supplyant qu’il vous aggree l’accepter et gou- 
uerner les dicts pais et enfans,et moi aussy,et les garder de leurs 
ennemys en maniere que puisse faire chose qu'après cette mortelle 
vie puisse auoir la perdurable, et de ceste heure me demet de 
toute mienne puissance et la vous remet; et que choses par fragilité 
que fasse ou puisse faire contre vostre volonté, proteste qu’a l'heure 
de ma mort ne me puisse rien demander l’ennemi ; carie renonce a 
luy et a tous ses faicts, et au monde aussy, et par homage vous di 
tous les iours XV Aue Maria en signe d'estre vostre taillable. Vous 
suppliant, Glorieuse Mere de Dieu, qu’a l'heure de mondict treppas- 
sementen veuillez estre mon temoing, et que ie ne veux, ny entend 
qu'il puisse auoir puissance sur moy; et veux viure et mourir en 
vostre loy, et comme en bonne chrestienne, et en temoing de verité 
ay confirmé et approuué ladicte premiere lettre estre valable et cette 
cÿ escripte de ma main et scellee de mon scel. Donné a Versail (1) 
second iour de Feurier, et le premier de ma tutelle et adminis- 
tration. 

« Vostre tres humble et miserable esclaue, 
«a Yolant de France ». 

«* Monsieur Sainct Francois et vous Madame Saincte Marie-Made- 
line, présentez icelle lettre a la Glorieuse Vierge Marie, protestant 
auec Sainct lacque, a qui je suis pelerine, que ie ne suis qu'a elle, 
tt veuille receuoir mon dict corps, et tous mesdicts enfans et pais 
en cette mortelle vie, et l’ame quand elle partirat de ce poure corps, 
afin que ses dicts soient véritables : qu'elle est aduocate des pecheurs, 
desquels je me vois des plus poures et i’en demande mon bon 
ange en temoing » (2). 


(1) Verceil en Piémont. 
(1) Vie de Louise, p. 158-160; ces deux lettres avaient déja été copiées par 


166 A. VAN GENNEP 


On voit que la duchesse se donne à la Vierge, ainsi que 
sa famille et ses domaines, et ceci surtout dans l'espoir de 
n'être pas emportée par le diable en enfer, et afin d'obte- 
nir, par l’intercession de saint François et de sainte 
Madeleine, puis de saint Jacques et de son Ange Gardien, 
place au Paradis. Il s'agit donc d’une lettre d'exorcisme, 
du même type que certaines des incantations dont 1l a été 
parlé ci-dessus. C'était en même temps une sorte de pas- 
seport; car une annotation ajoutée au texte original par 
une religieuse du couvent d’Orbe déclare : 


« Ces deux lettres auoit baillé en garde cette vaillante Dame a vne 
de ses femmes, et luy deffendit que iamais nul ne les vit, mais quand 
elle verroit qu’elle seroit à l’heure de sa mort qu’elle les luy apportat, 
et mit entre ses mains ; mais ladicte femme fust si surprise d'icelle 
mort, qu'elle oubliat le commandement de sa Dame et Maitresse. » 


Quand elle y pensa, elle les apporta au Conseil, qui 
refusa de les donner à Louise, « car l’on voulust qu'elles 
demeurassent en la maison de Sauoye ». Louise les fit 
donc copier et les porta toujours sur elle. Cette copie fut 
envoyée par les religieuses de Sainte-Claire, avec les 
dépouilles de sa chambre, comme reliques, aux cours de 
Savoie et de Bavière, selon une note de l’abbé Rey, con- 
fesseur des Clarisses d'Évian, datée de 1749 (1). 


XXII 


LA BIENHEUREUSE LOUISE DE SAVOIE (2) (1*" octobre). 


J'ai fait allusion ci-dessus, à plusieurs reprises, à la possi- 
bilité de cultes spéciaux à l’intérieur des couvents francis- 


l'abbé Rey, en 1720, dans sa Vie manuscrite de Louise de Savoie qui fut 
communiquée au chanoine GroseL, lequel les imprima dans Notre-Dame 
de Savoie, p. 526-528 en orthographe moderne. 

(1) JEANNERET dans Vie de Louise, p. 161. 

(2) Pour la rectihication des données spécialement historiques, voir entre 
autres JEUNET, Louise de Savoie, p. 200; un certain nombre d'erreurs se 
sont glissées dans le Manuel du Tiers-Ordre et dans le Palmier Seraphique; 
cf. ibidem ; plus nombreuses encore ont été les erreurs biographiques et 
chronologiques de FoDÉRé, 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 167 


cains. Un cas typique de ce genre est fourni par la vénéra- 
tion dont a joui, et jouit encore, chez les Clarisses réformées, 
Louise de Savoie, dont la béatification solennelle n'eut lieu 
que le 31 août 1839, bien que, comme dit son biographe, 
«elle eût été tenue pour Bienheureuse dès sa mort», 
survenue le 24 juillet 1503(1). Fille du bienheureux Amé- 
dée IX et d'Yolande de France, zélés protecteurs des 
Franciscains, elle suivit les traditions de ses deux familles ; 
sans doute elle épousa d’abord Hugues de Chalon, prince 
d'Orange, en 1479, mais non sans avoir fait vœu d'entrer 
aussitôt que possible en religion; en conséquence de quoi, 
devenue veuve «elle porta pendant deux ans l'habit de 
Sainte-Claire sous ses vêtements de princesse » et entra au 
monastère d'Orbe (fondé par sainte Colette) en juin 1492, 
en même temps que deux de ses dames d'honneur, dont 
l'une Catherine de Saulx, d’origine franc-comtoise, rédi- 
gea sa vie (2). 

En 1555 les sœurs d'Orbe durent se réfugier à Évian, 
où, en 1569, Emmanuel-Philibert ordonna de leur donner 
le couvent des Cordeliers ; elles y restèrent jusqu'en 1589, 
en furent chassées par les Genevois, et n’y revinrent 
qu'en 1593 ; elles y derneurèrent ensuite jusqu’à la Révolu- 
tion. Malgré ces vicissitudes, elles gardèrent toujours un 
vif souvenir de Louise de Savoie, et d’autant plus qu’elle 
avalent réussi à conserver la Vie manuscrite jadis rédi- 
gée par Catherine de Saulx. 

Le biographe ajoute que «les dépouilles de la cham- 
bre de Louise de Savoie furent envoyées après sa mort 
comme reliques aux cours de Savoie et de Bavière », en 
1789 1l restait encore au monastère le reliquaire de cette 
princesse où se trouvait un morceau de la Vraie Croix, 
sa cuillère d’enfance, sa tasse en bois bordée d’un petit 
cercle d'argent, etc. Cette dernière existe encore à la 

cure d’Évian (3) et rappelle l'écuelle en bois de Jean d’Es- 


(1; Jaxnemxr, Notice, p. 18. 

:) Voir pour une biographie de Catherine de Saulx, JBANNERET, loc. cit., 
P- 200-201, | 

5) lbidem, P: 19-20. 


108 A. VAN GENNEP 


pagne, Chartreux (1). Charles III, duc de Savoie, avait 
bien « résolu de retirer le corps de Louise de Savoie 
et d'Amédée IX pour les réunir et en faire un objet de 
dévotion spéciale, mais les guerres de Charles-Quint l’en 
empêchèrent » (2). J'ajoute qu’une autre princesse de Sa- 
voie, Blanche, fille d' Amédée comte de Genève, appartint 
au même couvent en 1490 (3). On peut donc regarder 
la vénération vouée à Louise par les Clarisses comme 
partiellement d'ordre dynastique. 

C'est surtout dans la Vie de la bienheureuse par Cathe- 
rine de Saulx qu’on peut voir sous quelle forme cette 
vénération prit corps parmi les Clarisses d'Orbe et d'Évian. 
En premier lieu, on rencontre le thème hagiographique 
banal de l’odeur suave : 


« Au lieu où elle auoit coustume de soy tenir et faire ses oraisons 
et aultres chouses, le iour qu'elle feust ensepvellie, les sœurs y alle- 
rent, et la sentirent merveuilleuse odeur, comme si lesdicts lieux 
feussent tous pleins de violettes très flairans, sans que creature 
mortelle y eust mis ny tenu quelcunque odeur, ne par aduant : de 
quoy lesdictes sœurs feurent en grand-admiration. Et pareillement 
les draps, comme coure-chief, et aultres chouses que à son bénit 
usage auoient esté, flairoient, quand on les eust laués, marueilleuse- 
ment bon, sans y auoir oncques eu, par moyen de creature mortelle, 
queuque odeur en façon qu'il soit. » (4). 


Une autre preuve de sa sainteté fut donnée par la guéri- 
son du confesseur du couvent, qui avait été subitement 
privé d’appétit, « que c’étoit chose piteuse ». Il avait essayé 
de tout, mais rendait tout; ceci se passait du vivant de 
Louise de Savoie, qui révérait beaucoup ce confesseur 
et désirait le voir guéri. Or, après sa mort, 


(1) Voir mon mémoire sur Jean d'Espagne. 

(2) Le corps de Louise de Savoie, morte en 1503, et celui de Philippine 
de Chalon, sa belle-sæur, morte aussi au monastère d'Orbe, en 1507, furent 
transportés à Nozeroy et ensevelis dans l’église des Cordeliers en 1531 ; en 
1839 le roi de Sardaigne Charlies-Albert obtint de les transférer à Turin 
pour les placer près l'autel du bienheureux Amédée, dans la chapelle du 
palais royal ; JEUN&T, loc. cit., p. 205. 

(3) Jbidem, p. 21 

(4) Vie, p. 125. 


TE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 169 


€ lesdictes sœurs sçachiant ladicte grande compaission et deplai- 
Sance qu'en sa vie en portoit, après son trepas, comme à celle que 
de grande saincteté auoient esprouvee estre, vont demander à Dieu 
que par les saincts merites de cette benoiste Dame, lui pleust rendre 
appestit à notredict Reuerend Maistre, car aultrement s’en alloit 
mourir. Et sur la fosse de cette tant digne amie de Nostre Seigneur 
en faisant neufvaine, laqueule apcheuee, incontinament ledict Maistre 
s'en va recouurer sondict appestit perfectement, comme lui-mesme 
est temoing » (1). 


Encore du vivant de Louise, la mère abbesse était 
sujette à«un merueilleux grand tremblement de teste 
lequieulx lui procedoit et uenoit de grande debelité de 
nerues ». Après la mort de Louise, la mère abbesse fut 
subitement guérie et ceci, selon son opinion, grâce à l’in- 
tercession de Louise de Savoie ; tel fut aussi l'avis des 
autres sœurs, « lesquelles se trouent bien consolees quand 
elles se recommandent en leurs desirs et necessités ès 
grands saincts merites et intercession de ceste digne 
Dame Saincte » (2). Catherine de Saulx ne cite donc que 
(rois cas, qu'elle regarde comme les mieux caractérisés, qui 
sont de nature à prouver la sainteté de Louise de Savoie. 
Aux archives de Sainte-Claire d'Évian se trouvait autre- 
fois un manuscrit rédigé en 1599 et déposé plus tard à 
Rome, probablement lors du procès de béatification. Ce 
Petit traité énumère «les vertus et merveilleux dons de 
nostre Mère Madame Loyse de Sauoye » ; la dernière sec- 
On est consacrée au « don des miracles qu'elle repceut »; 
elle énumère : 1° Ja guérison d’une enfant en danger de 
M0TT; 2° l’exorcisme d’une « femme debauchee et iurogne 
TI eUst Une uision du demon» et en fut délivrée en se 
“Uvrant de a robe de la sœur ; 3° la guérison de vomis- 
us Qu'elle avait elle-même ; 4° la multiplication du 
"M Version peu connue, je crois, d’un thème très répandu 
rs la littérature hagiographique (3); c’est pourquoi je 
0nne le texte en entier : 
(1) Pie, p. 126. 
A) lbidem, P. 126-127. 
(3) P. Sa / 


NTYvEs, Essais de folklore biblique, Paris, Nourry, 1923, p. 242 


à suiv, Ajo : ; . 
Ses, éd loUterS. François de Sales, Histoire, par CHARLES-AUGUSTE DE 


lis * de 1820, t. 1, p. 183-184. ; JRGERLEUNER, Sagen aus dem Oberwal- 
 P+ 297, note 6. 


170 A. VAN GENNEP 


a C’estoyt son industrie ordinaire que d'attribuer aux aultres les 
effects miraculeux que Dieu operoyt par elle. Ce qu'elle fist paroistre 
un iour que le vin manqua au conuent pour la messe ; la sacristaine 
vinst s'adresser à elle pour sauoir comme l'on pourroit en auoir. 
Ceste bonne Dame lui dit d’en retirer du tonneau accoustumé; la sœur 
resplique : « ma sœur Loyse, il n’y en a plus ». Elle, toute remplie de 
confiance, lui dit d’aller, ce qu’elle fist, et ledict tonneau se treuua 
tout plein» (1). 


5° La vision du Christ sur la croix et 6° la prédiction de 
sa propre mort, qui sont également des thèmes courants. 

Du milieu du seizième siècle (au moins d'avant 1555) 
date aussi une invocation en français à la bienheureuse 
Louise de Savoie dont je cite les vers suivants, qui prou- 
vent bien un culte dès cette époque : 


Helas Dame, que bien me tarde 
D’estre en vostre protection 

Car ai conceu deuottion 

De vous tenir pour ma Princesse, 
Mon aduocate, mon adresse 

En l'accident qui m'est uenu 
Dont en douleurs suis detenu 

Et ne puys faire mon office, 

Ni à longue faire seruice 

À uosfilles du conuent d’Orbe 
Puisque m'est uenu ce destorbe. 


O noble fleur de Sauoye 

Ce viateur ne peult, la voye 

Nises voiages bien parfaire ; 

Pourquoy requiert vostre adiutoire. 
. Vous auez la puissance tielle 

Que qui est en vostre tutielle 

Il aura par vous ce bonheur 

Que gardé sera de malheur, 

De dangier et d’infortune. 


L'orant ajoute que si la bienheureuse accepte d'intervenir, 
il lui sera possible de voyager « de iour ou à la lune» etde 
déjouer les attaques et les embûches de ses ennemis (2). 
Louise de Savoie était donc ici invoquée à peu près dans 


(1) Vie, p. 178. 
(2) Zbidem, p. 178-170. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 171 


le même sens que saint Christophe, saint Martin ou saint 
Julien, patrons des voyageurs; mais il est difficile de 
savoir s’il s’agit du messager ordinaire du couvent, ou bien 
du confesseur faisant sa tournée, ou d’un particulier. 
D'autre part Fodéré déclare, mais sans donner de détails, 
que plusieurs miracles furent obtenus au xvi° siècle par le 
seul attouchement des os de sœur Louise de Savoie, mira- 
clesenregistrés par notarres publics (1). | 
Peut-être existe-t-il d'autres documents qui nous inté- 
resseraient dans le dossier de béatification. En tout cas, 
le « Décret touchant la confirmation du culte», daté du 


3 août 1839 (2), contient ce passage : 


« La pâleur de la mort ne changea pas son visage, et même son 
lit, sa cellule, ses habits et tout ce qui avait servi à son usage répan- 
dait une certaine odeur céleste. Ces prodiges, et d’autres encore, qui 
ne furent pas rares à son ensevelissement, ne confirmèrent pas seule- 
ment d’une manière très positive, mais répandirent encore partout la 
croyance générale de sa grande sainteté. Par ce motif elle fut placée 
dans un tombeau honorable et commença à être appelée par tout le 
monde la Bienheureuse, surtout parce que plusieurs personnes avaient 
obtenu auprès de sa tombe soulagement et guérison ». 


Il ne semble pas que Louise de Savoie ait jamais acquis 
une véritable popularité dans le culte proprement savoyard, 
même à Chambéry du temps où la maison de Savoie y 
résidait. De nos jours, sa fête est inscrite dans les nouveaux 
Propres des diocèses de Chambéry, Annecy, Tarentaise 
et Saint-Claude (3). 


XXIII 


AUTRES FRANCISCAINES VÉNÉRÉES EN SAVOIE. 


Bien qu’elles n'aient pas été l’objet d’un culte reconnu, 
deux des fondatrices du couvent de Sainte-Claire à Cham- 
béry furent tenues en grande vénération, Jeanne de Durvé 
qui avait été amenée du couvent de Seurres et Marie Che- 


(1) Fovéné, Narration, 2° partie, p. 87-88. 
U)Terte in extenso dans Vie, p. 183-186. 
()Dom Bauvox, Dict. hagiogr., p. 415-416. 


172 A. VAN GENNEP 


valier, de Vevey, qui avait recu l'habit et le voile des 
mains mêmes de sainte Colette. Elles furent les premiè- 
res abbesses du nouveau couvent (1). 


« Adonque quelque cent ans après, les riuières à l’entour dudit 
Chambéry furent si espouuantablement desbordees qu’on ne cuidoit 
rien moins sinon que la ville seroit entièrement submergee. L’eau 
entra dans... ledict Monastere de sorte que... les fosses furent enfon- 
cees et bouleuersees, dont les deux corps de ces deux Beates vin- 
drent au dessus, auec leurs habits qui estoient encore aucunement 
entiers : mais pour auoir esté si long teins en terre, en les maniant 
lesdicts habits se rompoient et les pieces demeuroient ès mains. Ces 
deux corps rendirent une odeur si souef et aromatique que tout 
ledict Monastere en estoit moult merueilleusement parfumé, mesmes 
l'odeur auoit tellement penestré par tous les membres des bastiments 
qu’en y entrant on eust dict qu'ils estoient pleins de fleurs odorifé- 


rantes. » 
4 


# 


Les sœurs cherchèrent dans les registres quels étaient 
ces corps et reconnurent ceux des deux premières abbes- 
ses (2). 


CHAPITRE IV 


CULTES UNIVERSELS DANS L'EGLISE 


XXIV 


Les CRÈCHES DE NoEL. 


On sait que la diffusion des crèches de Noël dans toute 
la chrétienté est principalement due aux Franciscains. 
Quelle que soit la date de l'introduction à Rome des reli- 
ques de la Vraie Crèche (transportées par Pie IX sous 
l’autel de Sainte-Marie-Majeure), c'est certainement la 


(1) Voir JæannereT, Vie de Louise, Notice, p. 15-16, pour d'autres détails. 
(2) lbidem, p. 15, note a; Fonéreé, Narration, Il° partie, p. 115. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 173 


célèbre cérémonie exécutée sous la direction même de 
saint François dans le bois de Greccio trois ans avant sa 
mort, et dont la description a été donnée par Celano et 
par saint Bonaventure, qui a « popularisé » une représen- 
tation animée jusque-là restée liturgique en majeure par- 
tie. Sainte Claire, elle aussi, prépara des crèches de ses 
mains et en introduisit l'usage dans ses couvents. D'Italie, 
cette coutume se répandit ainsi dans toute l’Europe (1). 

Il se pose d’ailleurs ici un problème qui ne nous con- 
cerne qu'indirectement. Quelques savants provençaux 
ont prétendu en effet que si saint François institua la crè- 
che du Greccio, c'est que sa mère étant provençale, il se 
souvenait des plaisirs de son enfance, et qu'il n’a fait 
qu'introduire en Italie une coutume depuis longtemps 
connue en Provence (2). Elle a donc pu venir en Savoie 
soit du Midi, soit de l'Italie, par le Cenis. J'ai montré 
ailleurs (3) que la répartition actuelle des crèches per- 
met de discerner deux zones, l'une en haute Maurienne, 
l'autre en Faucigny ; mais les documents historiques 
semblent complètement manquer. 

Rien ne permet donc d'affirmer, mais non plus de nier, 
que les diverses catégories de Franciscains aient fait des 
crèches dans les couvents de la Savoie. 


XXV 
LE SaiNT-Nom-pE-JÉsus (14 janvier). 


Le culte du Saint-Nom, bien oublié de nos jours dans 
les campagnes, ne fut pas adopté sans luttes dans l'Eglise. 


(1 Pour d'autres détails et des références, voir Mor. Cuasor, Les crè- 
ches de Noël dans tous les pays, Pithiviers, 1905, p. 13-21. Ce n'est qu'au 
dix-septième siècle, selon cet auteur, que «les crèches débordèrent des 
chapelles de couvents dans les églises paroissiales »; ibidem, p. 27. 

(3. Bouerizzy, La Vie populaire dans les Bouches-du-Rhône, Marseille, 

1921, p. 41, mais le comte de Villeneuve dit dans la Sfatislique des Bou- 

Ches-du-Rhône de 1826, 1, III, p. 227, après avoir rappelé la crèche de saint 

François, que ce furent les Pères de l'Oratoire qui les introduisirent d’abord 

AMarseille, dans la paroisse des Accoules. 

(3\ Le Cycle des Douze Jours, p. 38-39. 


174 A. VAN GENNEP 


Ces contestations eurent lieu surtout sous le pontificat 
de Martin V. «Plus de soixante docteurs s'étaient char- 
gés de démontrer que la dévotion au Saint-Nom de Jésus 
était entachée d'idolàtrie ; saint Bernardin de Sienne et 
saint Jean de Capistran confondirent leurs accusateurs; 
la fête fut établie dans l’Ordre en 1530 et étendue à toute 
l'Église en 1721; une indulgence de 100 jours a été atta- 
chée à ce culte » (1). 

En Savoie, le Saint-Nom avait déjà une chapelle à 
Chambéry (à l'hôpital de Maché) dès 1420; celle de Saint- 
Jean-de-Maurienne date de 1535; les autres, au nombre 
de cinq, datent des dix-septième et dix-huitième siècles. 
Du dix-septième siècle datent aussi onze confréries du 
diocèse de Genevois (la douzième, à Héry-sur-Ugine, 
n'étant signalée qu'en 1732), alors que la confrérie d'Aime 
en Tarentaise remonte au moins à 1591. (2) Elle était 
richement dotée, se recrutait dans toutes les paroisses des 
environs, et avait sa chapelle propre, où se célébraient 
quantité d'offices (3). A défaut de renseignements détail- 
lés (car la plupart de ces chapelles et confréries ne nous 
sont connues que par une simple mention d'archives ou 
de visites pastorales), on ne saurait affirmer que l'exten- 
sion du culte du Saint-Nom en Savoie est due aux Fran- 
ciscains ; pourtant on ne voit pas d'autre facteur monas- 
tique qui aurait pu agir en sa faveur. 


XXVI 


LE SAINT-SÉPULCRE 


Les sanctuaires consacrés au Saint-Sépulcre en Savoie 
sont à la fois peu nombreux et relativement récents. 
L'abbé Burlet donne les dates suivantes d’émergence his- 
torique: (4) 


) Manuel, p. 2. 

} BurceT, Culte de Dieu, p. 48-40. 

) PÉROUSE, Paroisses rurales, p. 34-75. 
) 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 175 


Annecy, 1348, église du Saint-Sépulcre ; 
Marlens, 1439, chapelle dans l'église paroissiale ; 
Chambérv, 1497, cimetière de Lémenc ; 

Aix-les-Bains, 1497, chapelle dans l'église paroissiale ; 

Chambéry, 1583, chapelle dans l'église des Antonins; 

Montmélian, 1673, chapelle dans l'église paroissiale; 

Pont-de-Beauvoisin, chapelle existant au xiv° siècle, 

On remarquera que ce culte n'est signalé ni dans le 
diocèse de Tarentaise, ni dans celui de Maurienne. 

Les Visites pastorales de saint Francois de Sales 
signalent en 1606 la chapelle consacrée au Saint-Sépulcre 
dans l'église de Marlens comme «sans recteur et mainte- 
nant rasée » (1). L'église du Saint-Sépulcre d’Annecy fai- 
sait partie d'un prieuré de chanoines réguliers de Saint- 
Augustin qui y officièrent seuls ; à la Révolution, elle ser- 
vit d’abord d’écurie, puis devint une poterie, ce qu’elle 
est encore en partie maintenant. De l'étude détaillée que 
P. Jacquet a faite de ce monument ressort « qu'après 
l'achèvement de leur église au quinzième siècle les cha- 
noines y apportèrent quelques modifications dans le cou- 
rant du dix-huitième ; puis 1ls finirent par la délaisser ; et 
lorsque la Révolution s'en empara, la fameuse église du 
Saint-Sépulcre était bien près de sa ruine ».(2). Elle com- 
prenait une chapelle de la Trinité et le tombeau d'André 
d'Antioche dans lequel «on a trouvé pêle-mêle et brisées 
de belles sculptures du xv* siècle qui faisaient partie d’un 
ensemble représentant une Mise au tombeau » (3). 

Une autre Mise au Tombeau, en pierre tendre de Seys- 
sel, se trouvait autrefois dans la chapelle du Saint-Sépul- 
cre et de sainte Catherine de l'église Saint-Antoine à 
Chambéry. Les personnages, plus grands que nature, 
sont: la Vierge, saint Jean, les trois Maries et deux anges 
puis, de part et d'autre, Nicodème et Joseph d'Arimathie 

tenavant, trois gardes couchés ; d'après les costumes, 


(1) Resono, Visites, t. 1], p. 407. 

(ai jacquer, L'Église, etc., p.114; l'auteur donne p. 103, note 1, la 
bibliographie de cette église. 

(G)Jacquer, ibidem, p. 109. Ces fragments sont maintenant au Musée 
d'Annecy. 


176 A. VAN GENNEP 


on peut attribuer l’œuvre, qui semble due à un artiste 
indigène (ou peut-être aussi à quelque sculpteur qu'on 
aura fait venir du Piémont, où ce genre de représentations 
était en honneur), au début du xv° siècle ; l’église ne fut 
d’ailleurs achevée qu’en 1372. En 1617, d'après la visite 
pastorale, ce groupe était peint et doré; c’est aussi ce pro- 
cès-verbal (1) qui a détruit la légende selon laquelle la 
Mise au tombeau aurait été placée d’abord dans l'église 
des Franciscains (2), ce qui nous évite de discuter ici les 
formes populaires du culte rendu au Saint-Sépulcre (5) 
et de rechercher dans quelles conditions les thèmes de la 
Mise au tombeau et du Saint-Sépulcre ont pu se répan- 
dre en Savoie (4). Actuellement, les diverses pièces du 
groupe sont conservées dans la crypte de l’église de 
Lémenc (5). 

Il peut n'être pas sans intérêt de signaler que parmi les 
objets conservés dans le trésor de la Sainte-Chapelle de 
Chambéry, il y avait selon l'inventaire de 1483 « un pare- 
ment d’autel en tapisserie de couleur verte, sur lequelsont 
représentés le sépulcre et la résurection de Notre Sei- 
gneur (6), puis un drap violet avec l’image du Christ au 
sépulcre et six autres grandes figures » (7). L'inventaire 
de 1542 décrit trois « payx d’argent, l'une d'yvoire 
enchassée en argent avesque le Sainct Sépulchre » (8), et 
« ung parement de vellour noÿyr au mistaire du Sainct 


(1; PerniN, Hospitaliers, p. 47; cf. pour le texte original, p. 102. 

(2) CHaPPERON, Chambéry, p. 78 ; Raverat, Savoie, p. 553-554. 

(3) Voir entre autres E. STuEckELBERG, Die Verehrung des Heiligen Gra- 
bes, dans Archives suisses des Frad. pop., 1898, p. 104 et suiv. (illumi- 
nation en Carème, représentation de mystères); sur une dramatisation 
populaire de la scène dans le Jura bernois voir Schweizer Volkskunde, 
1925, p. 4-9. 

(4) Voir à ce sujet É. Gizson, Saint Bonaventure et l’iconographie de la 
Passion dans Revue d'hist. francisc., t. Ier, 1924, p. 405-424. 

(5) Comparer les personnages savoyards à ceux étudiés par A. PuiLiPrs 
et P. Manor, Le Sépulcre de l'église des Cordeliers de Neufchaleau, dans 
Rev. d'hist. francisc. t. Icr, p. 144-166. 

(6) Fasre, Trésor, p. 77. 

(7) {bidem, p. 82. 

(8) Ibidem, p. 124; une paix est un petit tableau, une image, un crucitix 
que le prêtre donne à baiser aux fidèles à l'offertoire de la messe en disant 
pax tibi. Les paix au Saint-Sépulcre paraissent rares. 


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CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 177 


Sépulchre » (1); mais les deux étoffes de l'inventaire de 
1483 ont disparu. Le culte du Saint-Sépulcre était donc 
développé à la cour de Savoie et sans doute en relation 
avec celui du Saint-Suaire. 


XXVII 


LE SAINT-SUAIRE. 


Le Saint-Suaire dit de Turin, qui a donné lieu à une 
formidable littérature apologétique et critique, a été pen- 
dant son séjour à Chambéry, de 1453 à 1578, l'objet 
d’une grande dévotion vraiment populaire, dans laquelle 
les Franciscains ont joué un rôle important à quatre 
reprises; c'est pourquoi il convient d'en parler ici. 

Louis, duc de Savoie, ayant acquis le Saint-Suaire de 
Marguerite de Charny, qui le conservait à Lirey, ne sut 
d'abord où le déposer et résolut de lui faire construire un 
Sanctuaire spécial, qui prit plus tard le nom de Sainte- 
Chapelle (du Château) ou de Chapelle du Suaire. La reli- 
que ayant été apportée à Chambéry, le duc en confia la 
garde et le dépôt à l'église des Frères Mineurs (qui est 
devenue la Cathédrale actuelle ou église Saint-François). 
Elle resta jusqu'au 11 juin de l'année 1502. « Ce fut 
son Premier stade en Savoie, qu’on pourrait appeler de 
“NONSation , qui dura près d'un demi-siècle, jusqu’en 1502 
[date de l'achèvement de la chapelle du Château], auquel 
Succéda le stade d'invocation, de 1502 à 1578, tantôt 
dans la chapelle du Château, tantôt dans les déplacements 

‘ 4 COUr, attirant de nombreux pélerins, pour finir par 
€ stade d'adoration, après son transfert à Turin » (2). 
dire Le pas avoir de renseignements sur le rôle 
Bré son m Ordeliers pendant la première période ; ue mal- 
re Oins riche apparat, la présence du Saint-Suaire 
en Selon Pingon, par de multiples miracles, qui 

Parler les muets, entendre les sourds, voir les aveu- 


(1) léidem, p. 3 3 


= 
” SR Église, p.35. 
ï V'Hisroins FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 12 


178 A. VAN GENNEP 


gles, marcher les infirmes, d’après les nombreuses tablet- 
tes exposées aux murs de l'édifice, et personne de la cité 
ne put ignorer ces prodiges. Mais, ajoute M. Cochon, 
il ne subsiste sur ces mêmes murs aucun cénotaphe de ce 
séjourillustre, pas même la reproduction sur toile ancienne 
datant du seizième siècle signalée dans l’église Notre- 
Dame, laquelle, nous semble-t-il, a dû appartenir à 
l'église des Frères Mineurs et avoir été enlevée par eux en 
1777 lors de leur transfert dans l'église des Jésuites qui 
leur était affectée » (1). Un autre auteur pourtant disait en 
1891 qu'il «existe dans l’église Notre-Dame un fac-similé 
sur sole long de 1 m. 44 (l'original a 4 m. 10) appendu 
dans un cadre de bois au mur du vestiaire des enfants de 
chœur » (2). 

Quoi qu’il en soit, l’église des Frères Mineurs a dû pro- 
fiter du séjour en ses murs du Saint-Suaire, à moins que 
les offrandes n'aient été réservées pour l’achèvement de la 
Sainte-Chapelle. | 

Celle-ci fut incendiée le 4 décembre 1532. « Le feu prit 
aux stalles des chanoines et des chantres ; en un instant, 
il avait gagné la sacristie; la foule accourut; une seule 
pensée la préoccupait : sauver le Saint-Suaire. » Il le fut, 
en effet, par un gentilhomme accompagné de plusieurs 
serruriers et de deux religieux Cordeliers. Ils le portèrent 
dans la cour du Château et le montrèrent à la foule; il 
était intact, sauf en quelques points roussis, ou rom- 
pus (3). | 

Le bruit se répandit d'ailleurs que le vrai Suaire avait 
brûlé tout entier et que celui qu'on montrait aux pélerins 
était un faux, bruit dont Calvin s’est fait l'écho dans son 
Traité des Reliques : «la peinture du nouveau, dit-il, était 
si fresche que le mentir n'y valoit rien ». Le duc Charles] 
demanda au pape une reconnaissance officielle d'authen- 
ticité, qui fut faite sous la direction du cardinal Louis de 
Gorrevod, évêque de Maurienne, le 28 avril 1533, dans 


(1) Coco, Église, p. 35. 
(2) Boucuace, Saint-Suaire, p. 281. 
(3) 1bidem, p. 263. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 1759 


Je couvent de Sainte-Claire-en-Ville, où le Saint-Suaire 
avait été transporté. 

L'abbé Léon Bouchage a retrouvé une copie, qu'il 
affirme authentique, de la relation, qu'on croyait perdue, 
rédigée par des sœurs anonymes de Sainte-Claire, et dont 
l'hagiographe Piano avait entendu parler (1). Cette rela- 
tion est intéressante en ce qu'elle décrit les processions 
de transfert, la cérémonie d’authentification, les procédés 
de réparation, l’affluence des péleriüs, qui se montait, est- 
il dit, à plus de mille personnes par jour, venues de tous 
pays, Même de Rome et de Jérusalem; enfin les précau- 
tions prises sur l'ordre du duc pour qu'il n’arrivät point 
de malheur. La relation donne aussi une description 
détaillée de la peinture sur la toile et remarque que la 


Couronne d'épines, étant données les traces qu'elle a lais-. 


sées, n'était pas en forme « de cercle telle que les pein- 
tres la représentent» mais était « faite en chapeau ». 

Le Saint-Suaire resta au couvent pendant quinze jours; 
le duc vint se rendre compte de l’état des réparations; 
PUIS on enroula la relique dans du taffetas violet et on 
l'emporta au Château de facon à pouvoir l’exposer au peu- 
Ple le 4 mai, jour de sa fête officielle, «en grande solen- 
NIté, et nous demeurâmes pauvres orphelines de Celui 
qui nous avait si bénignement visitées par sa sainte 
IMage » (2). 
Une dernière intervention franciscaine, celle de saint 
Charles Borromée, qui avait manifesté l'intention d'ado- 
Ter en personne le Saint-Suaire à Chambéry, fut cause 
du transfert de la relique à Turin, où elle est restée. 


XX VIII 


N ’ 
°TRE- D AME-DES-ANGES ET LA PORTIONCULE (12 août). 


En 14: | 
1453, noble Étienne Rosset, «homme fortadonné aux 


(1) La 
esu ip Giuseppe Piano, Comentarii sopra la SS. Sindone di N. S. 
(2) Pour Te ere in Torino, 1883, cité par BoucHacE, op. cit. p. 269. 


texte intégral voir BOUCHAGE, op. cit., p. 270-278. 


D Em ti 


180 A. VAN GENNEP 


pratiques religieuses », obtint de l'évêque de Grenoble 
l'autorisation de construire sur des terrains lui apparte- 
nant une chapelle sous le vocable de Notre-Dame-des-Anges 
et de Sainte-Marie Égyptienne; le pape autorisa tous les 
ecclésiastiques à y célébrer la messe; la consécration eut 
lieu en 1462. Or, «les religieux observantins du couvent de 
Notre-Dame de Myans, fondé en 1458, venaient souvent 
recueillir des aumônes à Chambéry; noble Rosset les 
recevait volontiers dans une maison qu'il possédait près 
de la chapelle » (1). Le 17 octobre 1466, 107 habitants de 
Chambéry formulèrent une demande pour établir défini- 
tivement les religieux de l’Observance dans cette maison. 
Noble Rosset la leur donna en 1467; puis, en 1474, on leur 
permit de chanter les offices dans la chapelle, en 1490 de 
construire une église à côté de cette chapelle ; enfin en 
1494 une bulle sépara des Observantins de Myans ceux 
de Sainte-Marie ; la chapelle primitive disparut et le nom 
passa à l’église où, en 1530, fut fondée par Humbert Ves- 
peris, chanoine de la Sainte-Chapelle, une chapelle dédiée 
à Notre-Dame de Lorette où s'opérait le miracle des en- 
fants morts sans baptême et ressuscités (2). Cette église 
existait encore en 1824; depuis elle a été démolie et le 
couvent a été transformé en caserne de cavalerie (3). 

Un fait digne de remarque est que les deux couvents 
de Clarisses de Chambéry se partagèrent les deux vocables 
introduits par Étienne Rosset : les religieuses de Sainte- 
Claire-en-Ville fondèrent en 1487 une chapelle consacrée 
à Notre-Dame-des-Anges (4) et celles de Sainte-Claire- 
hors-Ville, en 1497, une chapelle à Sainte-Marie-Égyp- 
tienne (5), ce qui s'explique peut-être par le fait que les 
confesseurs de ces couvents étaient des Observants. 


(1) On sait que la basilique de Sainte-Marie-des-Anges, à côté d'Assise, 
est l'église mère des Observants et que la diffusion du vocable a corres- 
pondu à l'expansion de cette réforme dans les pays où elle s'est répandue ; 
ainsi s'explique le choix de noble Étienne Rosset. 

(2) CHAPPERON, Chambéry, p. 147-148. 

(3) Pérouse, Vieux Chambery, p. 158. 

(4) Burzer, Culte de Dieu, p. 204, citant J. Marion, Cartulaire de Gre- 
noble, 

(5) CHaPPperoN, Chambéry, p. 152, fondée par Philippe de Chevrier. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 181 


Le seul autre sanctuaire consacré à Notre-Dame-des- 
Anges en Savoie était situé à Mégève ; il est signalé lors de 
la visite pastorale de 1606 (1), mais il n’en est plus ques- 
tion ensuite; ce culte n'est donc pas devenu populaire 
en Savoie, au moins sous ce nom. 

C'est dans la basilique près d'Assise que s’obtenait : 
sous certaines conditions l’indulgence plénière dite de 
la Portioncule (2), qui fut l’un des éléments d'expansion 
les plus puissants des Franciscains. Le rituel spécial de 
la Portioncule fut certainement importé en Savoie et il 
en subsista des formes semi-populaires jusque vers la fin 
du dernier siècle: « À Chambéry, dans le faubourg Mont- 
mélian, quand existait encore le couvent des Capucins, 
désaffecté depuis et devenu école primaire supérieure 
des filles, pendant la nuit du 2 août, l'église restait ouverte 
toute la nuit: les fidèles disaient en entrant 5 Peter et 
5 Ave, ressortaient, puis rentraient de nouveau, faisaient 
lamême prière, et recommençaient autant de fois qu'ils dé- 
siraient obtenir d’indulgences plénières; dans la cour et 
aux environs dans le quartier, des femmes faisaient Île 
café en plein air pendant la durée de cette nuit (3) ». 

Des indulgences étaient aussi attachées aux aumônes et 
aux dons faits en faveur de diverses œuvres pies, notam- 
ment de l'édification de sanctuaires et de couvents; à 


(1) Resonn, Visites, t. II, p. 415; cette chapelle manque dans le catalogue 
de Burlet. | : 

(2) Pour les origines de cette indulgence, voir M. B&=AUFRETON, L'Indulgence 
de la Portioncule, Rev. d'hist. francisc.,t. 1, 1924, p. 125-143; c'est surtout 
en Italie qu'il y eut d’abord des doutes sur la « véracité » de cette indulgence 
plénière, qui semble avoir été imposée aux papes par la dévotion populaire; 
mais je ne sais si elle a été introduite à Chambéry dès la fondation des 
couvents énumérés ci-dessus. L'indulgence plénière de la Portioncule n’a 
été étendue à tous les couvents des divers Ordres franciscains que par 
Paul V, Grégoire XV et Urbain VIII (RP. Léon [de CLarx}, l'Auréole séra- 
phique, Paris [1882], t. L1I, p. 130). J'ignore aussi s’il a existé en Savoie des 
*afiiches d'induigences» comme celles dont parle Henri Lemaîrre, Revue 
d'hist. francisc., t. 1, 1924, p. 208 et suiv. Sur la signification primitive 
des indulgences surtout collectives, voir H. DELEHAvR& in Analecta Bollan- 
diana, 1. XLIV, 1926, p. 343 et suiv. 

L'induigence de la Portioncule, qui était annuelle, est devenue quoti- 
dienne en 1921. 

(3) Je dois ce document à Léon Challier. 


182 A. VAN GENNEP 


Chambéry, ces aumônes furent surtout nombreuses à 
partir du quinzième siècle et c'est grâce à elles que put être 
construite l’église Saint-François (1). L'Obifuaire cite les 
principaux dons et quelques donateurs importants; mais 
ce sont surtout les aumônes du petit peuple qui furent 
abondantes, comme l’abbé Besson (2) le remarquait au 
dix-huitième siècle. 


XXIX 


NoTRE-DAME-DE-MYaxs. 


Si, comme je l’ai dit ci-dessus, le culte des saints 
d'origine conventuelle ne s'est jamais répandu beaucoup 
dans nos campagnes, c'est surtout que les divers Ordres 
avaient pour patron la Vierge, exception faite pourtant 
de certains Ordres vraiment anciens comme les Templiers 
et les Hospitaliers, qui répandirent le culte de saint An- 
toine, et les chevaliers de Saint-Jean, puis de Maite, qui 
agirent fortement en faveur du culte de saint Jean-Baptiste 
et de saint Jean Évangéliste, le plus souvent confondus 
dans la dévotion populaire. 

Quand les Franciscains s’établirent en Savoie, ils trou- 
vèrent constitués plusieurs sanctuaires de grand renom: 
il serait intéressant de décrire en détail les luttes des divers 
Ordres pour la mainmise sur ces sanctuaires, et comment 
les Franciscains évincèrent les Bénédictins ou les Augus- 
tins, puis furent évincés à leur tour par les Jésuites. Les 
Frères Mineurs réussirent à annexer l'église Saint-Léger 
de Chambéry puis, à quelques kilomètres, le célèbre lieu de 
pélerinage de N.-D. de Myans; les Clarisses de Chambéry 
profitèrent de la dévotion à sainte Marie- -Égyptienne et au 
Saint-Suaire et eurent aussi la haute main sur le culte 
rendu à Notre-Dame-des-Anges; les Capucins de Maurienne 
tentèrent de diriger les destinées de Notre-Dame du Char- 
maix et les Clarisses réformées eurent à Evian un sanc- 
tuaire pourvu d'une image miraculeuse de la Vierge. Au 


(1) RaBuT, Obituaire, p. 14; CocHoN, Église, p. 20. 
(2) Besson, Mémoires pour l'histoire ecclésiastique, etc., p. 522. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 183 


cours du dix-huitième siècle, les Capucins furent les orga- 
nisateurs, Un peu partout en Savoie, du culte marial, 
malgré la Concurrence active des Jésuites; dans cette lutte, 
certains Ordres, comme les Barnabites, furent vite évin- 
cés et d'autres recoururent à une spécialisation nouvelle, 
par exemple les Visitandines et les Carmélites (1). 

Typique à ce point de vue est l’histoire de Myans. 

La chapelle de Notre-Dame de Myans émerge histori- 
quement (2) dès le début du douzième siècle puisqu'elle 
est inscrite dans le cartulaire de saint Hugues, qui mourut 
en 1132. Au milieu du treizième siècle, quand se produi- 
sit l’éboulement du mont Granier, la paroisse de Myans 
faisait partie du décanat de Savoie, dont le doyen, rési- 
dant à Saint-André (ville ensevelie sous l'éboulement), 

était chanoine régulier de Saint-Augustin. 

Le siège du décanat fut alors transféré à Chambéry et 
le décanat lui-même supprimé en 1348. A un quart de 
lieue de Myans, vers Apremont, se trouvait un prieuré de 

Bénédictins dépendant de l'abbaye de Saint-Rambert-en- 

Bugey, que Jacques Bonivard, favori du frère d’Amé- 

dée IV, comte de Savoie, réussit à se faire donner en 

toute propriété par le pape Innocent IV. Fodéré rapporte 
la légende locale selon laquelle le mont Granier tomba 
sur Saint-André, seize villages et le prieuré, pour punir 
Bonivard et ses amis « d'avoir chassé les religieux avec 
toute violence et rigueur »; mais les roches s’arrêtèrent 
Juste devant la chapelle de Myans. 

. St aussi Fodéré qui raconte comment Jacques de 

Cntmayeur, ayant accompagné son père en Terre Sainte, 
Te le roi de Castille contre les Sarrasins et étant 

ngleterre visiter le tombeau de saint Patrice, réso- 
lt, de retour en Savoie, d ire à M 
en à savoie, de construire yans un cou- 
PRE l'Observance de saint François. Ayant obtenu 
PA du pape Calixte III de construire ce couvent 
Joindre la chapelle de Myans, il fit venir quatre 


ion ren vera des renseignements, plus ou moins complets, sur l’évo- 

(2) Voir sur a en Savoie dans les ouvrages de GroreL et de BURLET. 

&äphie de Fe faits historiques les monographies, citées dans la Biblio- 
Onyme, de Despine et de MaiLLerT. 


184 A. VAN GENNEP 


Observantins de Belley et le 25 avril 1458, leur remit 
solennellement la chapelle. On commença aussitôt la 
construction de l’église actuelle par-dessus la crypte de 
la première et toutes deux furent consacrées « l’an 1466, 
la supérieure à l'honneur de saint François et la basse 
dédiée à Nostre-Dame ». 

De nos jours, l'église double entière est consacrée à la 
Vierge: Fodéré ne dit pas à quel moment la dédicace à 
saint François a été supprimée et l'on peut croire que c’est 
à dessein qu'il a glissé sur ce détail qui nous intéresse. 
Peut-être est-ce déjà en 1498, quand René, bâtard de 
Savoie, recut de son père le marquisat de Villard en Bresse 
ainsi que la seigneurie d’Apremont qui avait été confis- 
quée aux Montmayeur : «tout aussitost il fit abattre le cou- 
vert du chœur et le fit vouter selon le modelle des deux 
précédentes voutes qu'’estoient du costé du grand autel ». 
Quoi qu'il en soit, au temps de Fodéré, saint François 
n'avait plus l'église supérieure, mais seulement une 
chapelle iatérale : «du depuis, l’on a basti quatre belles 
chapelles voutées en l’église basse, sçavoir, deux collaté- 
rales à celle de Nostre Dame, celle qui est du costé du 
septentrion, sacrée sous le nom de S. Francois, fut faicte 
par noble dame Françcoyse de Montmayeur, sœur de 
Jacque de Montmayeur, premier et principal fondateur du 
couvent, dans laquelle elle voulust estre inhumée; et celle 
qu'est du costé du midy dédiée à saint Bernardin, fut faicte 
par illustre dame Loyse de La Chambre, femme dudit 
fondateur. Les deux autres chapelles sont du long dela 
nef du costé du septentrion: noble Jacques du Pont 
fit faire la première qu'est de S. Bonaventure et }y 
voulust estre enterré. Noble Hugues de Challes.. prieur 
du prieuré de S. Georges (que le Vulgaire appelleS. Joyre) 
tit faire l'autre d’après à l’honneur de S. Antoine de 
Padoue » (1). 

On remarquera que saint Charles Borromée ne fut 
jamais représenté à Myans, peut-être parce qu'on l'invo- 
quait généralement contre la peste et que c'était déjà 


1) Fonéré, Narration, 1r° partie, p. 796 et suiv. 
P P- 79 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 185 


une spécialité particulièrement dévolue à la Vierge Noire 

de Myans (1). 

Quatre grands saints franciscains se trouvaient ainsi 
groupés dans la crypte. On constate que la famille de 

Montmayeur était restée fidèle à ses amitiés franciscaines 
et que ce sont aussi les membres de deux autres grandes 
familles nobles de Savoie qui ont complété leur don; ces 
chapelles n’ont donc pas été le résultat de dévotions popu- 
laires, fait d'autant plus curieux que l’église était le centre 
d'innombrables pélerinages collectifs et individuels. Au 
témoignage même de Fodéré, la dévotion n'allait qu'à la 
Vierge Noire, en telle quantité il est vrai que dès le milieu 
du quinzième siècle le couvent, peuplé de vingt-cinq reli- 
gieux, dut envisager l'organisation d’un noviciat, qui fut 
en effet créé en 1467. 

Fodéré, d’une bonne famille de Maurienne, vint à Myans 
pour être novice et cite avec éloges plusieurs Franciscains, 
dont deux Savoyards, Jofredy et le médecin Pierre Démo- 
lis, qui furent célèbres en leur temps. Si l'on consulte 
les brochures parues au milieu du dix-neuvième siècle, 
au moment où il fut question de fondre une énorme 
Vierge pour sommer le clocher de Myans, on constate 
que le culte des saints franciscains était depuis long- 
temps passé du stade de dévotion au stade de curiosité 
historique. Fodéré lui-même, qui a dressé un catalogue 
des miracles accomplis à Myans, les donne tous comme 
uniquement dus à la Vierge Noire, mais non aux quatre 
saints franciscains des chapelles. Originaire de Challes- 
les-Eaux, je suis allé à Myans une trentaine de fois, à 
divers moments de l’été et jamais je n’y ai constaté de 
dévotions autres que mariales. 

Il est vrai qu’en 1824 le sanctuaire avait été acheté par 
l'évêque de Chambéry et confié plus tard aux Jésuites, qui 
ne firentrien pour maintenir ou renouveler le culte des 
saints franciscains. C'était l'aboutissement d'une lutte sécu- 
laire, qui régna d’abord entre les Observantins de Myans 


(1) Voir, en outre des monographies citées, GrosEeL, Notre-Dame, p. 210; 
Cuarpænon, Chambéry, p. 263. 


186 A. VAN GENNEP 


et ceux de Chambéry (Sainte-Marie-Égyptienne), puis entre 
ceux-ci et l'évêché, enfin entre l’évêché et d’autres ordres 
religieux, chacun ne cachant nullement son désir de 
s'assurer la haute main sur l'administration d’un lieu de 
pèlerinage si fréquenté. Comme ces querelles ne concer- 
nent pas les cultes populaires, je n y insiste pas. 

Dès le début du dix-huitième siècle les quatre chapelles. 
franciscaines avaient déjà été modifiées; deux d’entre elles 
avaient été comblées, on ne sait au juste quand; et des 
deux qui restaient, celle de gauche avait été dédiée à Notre- 
Dame de Bon-Secours et celle de droite à saint Joseph: il 
ne subsistait que les initiales des fondateurs gravées aux 
clefs de voûte. Puis, lors de la consécration de 1855, on 
construisit une chapelle nouvelle qui élimina complètement 
de la mémoire populaire le rôle des Franciscains dans la 
construction de ce sanctuaire. [| reste cependant tout au 
fond du chœur une fresque représentant l’Assomption et, 
de chaque côté de la Vierge, saint Francois d'Assise et 
sainte Claire, lors de ma dernière visite, en 1y20, ces fres- 
ques étaient devenues presques invisibles. 

L'arrangement primitif des thèmes iconographiques 
nous a été conservé grâce à des gravures qui remontent 
au début du dix-septième siècle, peut-être d’après le 
livre de Fodéré; des exemplaires sont conservés à Myans 
même, un tirage de l’une d'elles, classé au Cabinet des 
Estampes dans la série hagiographique et signé Hum- 
belot, est reproduit fig. 5. On remarquera que les moi- 
nes Bénédictins du prieuré proche Myans et Saint-An- 
dré y ont été représentés sous l'habit de religieux de 
l’'Observance de Saint-François; les démons font allusion 
à la légende rapportée par Fodéré et dont j'étudierai 
ailleurs les éléments constitutifs. Dans le haut, la Vierge 
debout sur un croissant est entre saint François 
d'Assise et sainte Claire, le premier avec la croix et la 
seconde avec l'ostensoir comme attributs. Une étude de 
la planche originale en cuivre qui a été donnée à Myans 
par le chanoine Chevray lors de l'inauguration, en 1855, 
de la statue monumentale (r), a fait supposer à l'abbé 


(1) Anonyme de 1856, p. 47. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 


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5. — Notre-Dame de Myans, gravure sur cuivre d'Humbelot, commencement du xvuf siècle. 


Fig. 


188 A. VAN GENNEP 


Pierre Maillet qu’elle a subi des retouches postérieu- 
res (1). 

Une autre gravure sur cuivre, «éditée en 1618 et retou- 
chée en 1718 par les soins du R. P. Belfils, bachelier de 
Sorbonne, et peut-être plus tard encore au cours de ce 
même siècle» représente elle aussi la scène de l'éboule- 
ment et, par groupes de deux, huit miracles attribués à 
N.-D. de Myans. Ce qu'il y a d'intéressant à notre point 
de vue actuel, c’est que six colonnes torses partagent la 
façade du tabernacle en cinq compartiments; celui du 
milieu s’avance en saillie avec la porte, ornée d’un péli- 
can (2); deux autres, placés de biais, forment les côtés 
avec saint Bonaventure et « un saint évêque » dans leurs 
niches ; les deux suivants abritent deux saints francis- 
cains, peut-être saint Bernardin de Sienne et saint An- 
toine de Padoue, qui avaient leur chapelle dans le sanc- 
tuaire (3). Ce « saint évêque» serait-il saint Louis d'Anjou, 
que nous n'avons retrouvé nulle part jusqu'à présent en 
Savoie ? | 

Enfin dans le bas de la gravure, on voit le duc de 
Savoie, agenouillé, offrir sa couronne et son sceptre à 
Notre-Dame-de-Myans et à l'opposé, deux religieux Obser- 
vantins agenouillés et, les mains jointes, priant la Vierge. 
Quant à la représentation de la Vierge Noire de Mvyans 
dans l'Atlas Marianus du jésuite Gumpenberg (1657), 
elle semble avoir été faite de chic, si je puis dire (4), et 
ne fait aucune allusion aux Franciscains. 


XXX 


NoTre&-DAME-DEÆ-CONCEPTION ET L'IMMACULÉE 
CoNCEPTION. 


Le chanoine Grobel affirmait que, si le culte de la 


(1) Maizzer, Myans, p. 67-71. 

(2) Ce thème iconographique du pélican se voit aussi sur la croix du 
célèbre bénitier franciscain de Cluses dont il sera parlé plus loin. 

(3) MaizueT, p. 73. 

(4) Jbidem, p. 75. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 189 


Vierge fut d'abord répandu en Savoie par les Bénédictins 

d'Ainay (Lyon) qui avaient fondé en ce pays les prieurés 

de Lémenc, de Bellevaux, etc., « tout porte à croire que la 

croyance au plus insigne des privilèges de Marie ne devint 
générale dans nos contrées que depuis que les Franciscains 
s'y furent établis et grâce à leur zèle pour la défense de 
cette prérogative de la Mère de Dieu» (1); et plus loin : 
« il est à remarquer en effet que tout ce qui s’est fait chez 
nous en faveur de l’Immaculée Conception et qui se trouve 
consigné dans l’histoire et dans nos anciens documents 
ne remonte qu’à l'époque où les Frères Mineurs purent 
déja exercer leur salutaire influence dans nos diocè- 
ses » (2). 

Si, d'autre part, on se reporte aux documents manuscrits 
et imprimés dépouillés par l'abbé Burlet pour son catalo- 
gue, on constate que la fête de la Conception est déjà ins- 
crite, comme office versifié, au bréviaire de Genève du 
douzième siècle, en Maurienne au treizième mais n’appa- 
rait dans les bréviaires de Grenoble et de Belley qu'au début 
du seizième (3). Le monastère de Hautecombe est voué à 
« Sanctac genitrici Dei Mariae » dès le début du douzième 
siècle et la paroisse de Châtel est dite « Sanctae Dei Geni- 
tricis » dès 887 (4); mais ce n'est peut-être pas une preuve 
sufisante de la croyance à l'Immaculée Conception. 

Les églises et chapelles consacrées à la Conception de 
la Vierge étaient assez nombreuses en Savoie, mais peu 
dentre elles sont anciennes ; la plupart n'apparaissent 
qu'au seizième et au dix-septième siècle. [l est difficile dans 
chaque cas particulier de savoir s'il s'agit: 1° de la con- 
cepion de la Vierge par sainte Anne; 2° de la même 
conception, mais immaculée, dogme consacré seulement 
par Pie IX. Les patronages ruraux savoyards les plus 
anciens sont tous dénommés Beatae Mariae; au cours des 
siècles, il y a eu soit dénomination locale {par exemple 
Notre-Dame de Bellevaux), soit répartition entre les qua- 


(1) Grosee, Notre-Dame de Savoie, p. 244, 245, 482-485. 
(2) Jbidem, p. 484. 

(3) Bunuer, loc. cit., p. 54. 

(4) lbidem, p 33 et 62. 


190 A. VAN GENNEP 


hficatifs liturgiques (Annonciation, Assomption), soit 
identification à des Vierges célèbres dans toute la chré- 
tienté (de Pitié, du Puy, des Neiges, des Sept Douleurs, 
de Lorette, etc.). La transformation de Beata Maria en 
Notre-Dame de Conception n'est signalée dans les tables 
de l'abbé Burlet que pour Thoiry, Verel-Pragondran et 
Arvillard, postérieurement au xu° siècle. 

Comme aucun de mes documents folkloriques ne donne 
de renseignements sur le culte spécial aux sanctuaires de 
Notre-Dame de Conception ou de l'Immaculée Con- 
ception, je n'insiste pas davantage (1). Le fait négatif est 
remarquable parce que Notre-Dame des Neiges, Notre- 
Dame d'Août, Notre-Dame de Grâce, Notre-Dame de 
Lorette, Notre-Dame de la Vie, etc., ont été l'objet de 
pélerinages et de rites populaires. Sans vouloir pousser 
à l'extrême cet argument négatif, on peut du moins l’utili- 
ser comme une preuve d'appoint en faveur de cette opinion 
générale, que les cultes introduits par les Franciscains 
sont restés conventuels et nobles. Pourtant un cas de 
dévotion populaire, appartenant à la catégorie des péle- 
rinages et offrandes de « vœux », paraît être celui de la 
fondation «d'une chapelle de l'Immaculée-Conception sur 
un méplat de là montagne de Têtes au dessus de l'église 
paroissiale de Sallanches, érigée en suite d'un vœu que les 
habitants de la ville formulèrent à la sainte Vierge pour 
la supplier de prendre sous sa divine protection la nou- 
velle cité » (2), reconstruite après le terrible incendie de 
Pâques 1840. 


(1) Le doute est permis aussi en ce qui concerne la chapelle fondée à 
Orbe par Louise de Savoie lors de son entrée en religion et dont l'autel fut 
consacré « en l'honneur et révérence de la glorieuse Conception de Notre- 
Dame »; JEANNERET, iVotice, p. 19; texte de la fondation, tbidem, Documents, 
p. 161-168. 

(2) RAvERAT, Maute-Savoie, p. 455. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 101 


XXXI 


NoOTRE-DAME DE BonNNE-NOUVELLE. 


Une exception semble devoir être faite aussi pour Notre- 
Dame de Bonne-Nouvelle sur le coteau de Prinsan, à 
peu près à égale distance de la cathédrale de Saint-Jean de 
Maurienne et de la grotte de Sainte-Thècle. Les renseigne- 
ments historiques dignes de foi sur l'origine de cette cha- 
pelle sont rares ; par contre les légendes sont abondantes; 
l'une d’elles, d’origine iconographique, affirme que le sanc- 
tuaire fut fondé « par un prince de la maison de Savoie 
au seizième siècle » parce qu'un tableau déposé en ex-voto 
dans la chapelle représente « en effet un chef d'armée au 
milieu du feu d’une bataille, et la sainte Vierge qui lui 
apparait pour lui donner du secours » (1). Le chanoine 
Grobel n’ose pas remonter plus haut; il se contente de 
dire que « dès le seizième siècle les habitants de Saint-Jean 
de Maurienne semblèrent choisir le charmant sanctuaire 
de N.-D. de Bonne-Nouvelle pour théâtre principal de 
leur dévotion envers la Sainte Vierge » (2). Les recherches 
ultérieures n'ont pas, je crois, apporté grand’chose de 
nouveau. ; 

Ce qu’il y a d’intéressant du point de vue auquel nous 
nous placons ici, c’est qu’au début du dix-septième siècle 
l yeut une mainmise par les Franciscains sur ce sanc- 
tuaire, qui valait cher (3), et dont il s’agissait de savoir sous 
quelle titulature on inscrirait les dons qui lui étaient 
offerts par les dévots. Je fais allusion aux hésitations et aux 


(1) Grosaz, Notre-Dame de Savoie, p. 96. 

2: lbidem, p.95; en réalité la chapelle fut fondée en 1529 par le chanoine 
Antoine Polliari et détruite en 1628 par un incendie; Trucuer, Histoire ha- 
giologique, p. 311. 

(Gi {bidem, p. 100 : « Pendant les mauvais jours de la Révolution... un 
discours du Président D. de la Société des Amis de la liberté et de l'égalité. 
ne permet pas de douter que le concours à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle 
ne füt très considérable ; l'autel rendait à son recteur plus de 800 livres 
chaque année, parce que la nature faisait parler quelques personnes et en fai- 
tait marcher quelques autres. » 


192 A. VAN GENNEP 


legs d'un Capucin originaire d’Albiez-le-Vieux, en Mau- 
rienne, et donne ici quelques passages empruntés à des 
documents qui se trouvaient dans les archives des (Capu- 
cins de Chambéry et qui ont été utilisés par divers au- 
teurs (1). 

« Un jeune Capucin qui était novice à Saint-Jean-de-Mau- 
rienne, nommé Frère Jean, se voyait au moment de faire ses 
vœux et il ne savait comment disposer des biens dontil 
devait se dépouiller par sa profession». Il comptait d’abord 
les donner à l'hôpital et à la chapelle de Notre-Dame de 
la Miséricorde ; mais en entendant les lecons de l'office de 
Notre-Dame des Neiges,il changea d'avis. « Fort embar- 
rassé, 1] pria la Vierge de lui faire connaître quel parti 
prendre. Trois jours à peine le séparaient de sa profession; 
la veille, il se trouva aussi incertain que de coutume. La nuit 
étant venue, il se retira dans sa cellule, se coucha et s’endor- 
mit. Mais voilà que pendant son sommeil il voit se dresser 
devant lui le coteau de Bonne-Nouvelle, un incendie se 
déclare et consume la chapelle tout entière. Alors la Vierge 
apparaît à frère Jean et lui ordonne de rebäâtir la chapelle. 
Frère Jean crut à son réveil qu'il n'avait eu qu'un songe 
ordinaire, mais dans la matinée on vint annoncer au cou- 
vent que le sanctuaire de Bonne-Nouvelle avait été en effet 
la proie des flammes. L’incendie avait eu lieu au moment 
même‘où le jeune novice avait vu la Vierge en songe ». 

Frère Jean fit donc son testament et légua à Notre-Dame 
de Bonne-Nouvelle sa part d’héritage, qui se montait à 
6.110 écus. Ses deux beaux-frères voulurent s’y opposer, 
mais l’un fut dépouillé de tous ses biens par arrêt du Sénat 
de Savoie et l'autre recut un coup de sabre au bras qui le 
fit mourir quelques années après à la fleur de l’âge. « Ces 
coups de la Providence donnèrent toute leur efficacité aux 
intentions de Frère Jean » et on construisit la chapelle de 
Notre-Dame de Bonne-Nouvelle qui existe encore de nos 
jours. 

J'ai suivt de près le texte de Grobel, emprunté au 
manuscrit des Capucins de Chambéry. On reconnait la 


(1) GROBEL, p. 97-100 ; TRUCHET, Histoire hagiologique, p. 311-312. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 193 


mise en œuvre de thèmes bien connus grâce aux travaux 
des Bollandistes, encore que le thème de la télépathie soit 
assez rare, sinon dans l’hagiographie en général, du moins 
dans celle de la Savoie. Or, trois formes cultuelles de la 
Vierge sonticien présence : Notre-Dame de Bonne-Nou- 
velle n’a primitivement rien à faire avec Notre-Dame 
des Neiges, qui se fête d’ailleurs au 5 août, alors que 
Notre-Dame de Bonne-Nouvelle est une Vierge de Mai et, 
dans le sanctuaire qui nous occupe, secondairement du 
8 décembre, donc de l’Immaculée-Conception, mais depuis 
le dix-neuvième siècle seulement (1). On voit Notre-Dame 
des Neiges, de Sainte-Marie-Majeure, cataloguée parmi 
les Vierges de première importance chezles Franciscains; 
maïs les sanctuaires consacrés à Notre-Dame des Neiges 
en Savoie, et qui sont assez nombreux,se sont constitués 
Sans intervention des Franciscains. Ce qui revient à dire 
que frère Jean a introduit, par son legs, dans le cycle fran- 
ciscain savoyard un sanctuaire de la Vierge qui était autre- 
fois autonome, et ceci aux dépens d’un sanctuaire nettement 
franciscain lui-même, consacré à Notre-Dame de Misé- 
ricorde, qui S’identifie en Savoie à Notre-Dame de Con- 
solation, avec confrérie à Saint-Jean-de-Maurienne à partir 
de1520 (2) et Chapelles à Chanaz en 1664 et à Saint-Martin 
dela-Porte EN 173213)et qui se rattachait à Notre-Dame de 
Pitié, dont le Culte en Savoie semble avoir été considérable 
et certainement en relation avec l'expansion des Francis- 
Gains sous leurs diverses formes, bien que primitivement 
répandu aussi par les Templiers et les commanderies (4). 
Les rapports des divers vocables de la Vierge avec les 


Nes Ordres religieux ne sont d’ailleurs pas toujours 
faciles à discerner (5). 


(1) Grosez. ibidem, P. 101. 

(2) BurLer, Culte de Dieu, p. 56. 
(3) Ibidem, P- 64 et 65 

(4) Pexmx, Co : 

PA d m 

Ü) J'étudier haie ete 


en Savoi ai ailleurs en détail les formes populaires du culte rendu 
Fans Vierges locales. Sur une statue représentant la Vicrge de 
Mabtiene *PTOvenant, dit-on, de la région d'Annecy (mais je la crois plutôt 
d'archéolons COnservée au Musée de Genève, voir W. Dsonna, Questions 

st religieuse et symbolique, dans Revue de l'histoire des reli- 


Revue D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1927. L 


194 A. VAN GENNEP 


XXXII 


NoOTRE-DAME pu CHARMAIX. 


Comme Notre-Dame de Myans, Notre-Dame du Char- 
maix estune Vierge noire, du mêmetype que Notre-Dame 
de Lorette. Le sanctuaire, situé dans une gorge, dépendait 
d’abord de la cure de Modane, puis, pendant une partie 
du dix-septième siècle et le dix-huitième il eut un recteur 
spécial jusqu'en 1793, et fut de nouveau placé sous la 
dépendance du curé de Modane en 1808. Le premier histo- 
rien du sanctuaire et du pélerinage est un médecin de 
Saint-Jean-de-Maurienne, le D" Bertrand, qui rédigea un 
opuscule en 1623, sur la demande du duc de Savoie; 
c'est la source où a puisé en majeure partie l’auteur des 
Merveilles de Notre-Dame du Charmaix (1660), le Père 
d'Orly, Capucin du couvent de Saint-Jean-de-Maurienne, 
en faisant précéder ses descriptions d’une dédicace à 
l'adresse du bienheureux Amédée de Savoie. 

C'est, semble-t-il, grâce à l'influence des Capucins qu'en 
1665 la chapelle fut séparée de la cure de Modane et recut 
un recteur à part, qui fut Rd Benoit Genin, prêtre origi- 
naire de la paroisse de Sollières ; c'était un ami du Père 
d'Orly ; il appela les Capucins au Charmaix pour y prêcher 
aux principales fêtes de la Vierge (1). La dévotion à 
Notre-Dame du Charmaix fut répandue par les Capu- 
cins dans les campagnes non seulement de la Savoie, 
mais aussi du Dauphiné; et c'est à leur couvent de 
Saint-Jean qu'on centralisa les relations de miracles 
qui permirent au Père d'Orlv de rédiger son recueil de 
Merveilles (2) ; il semble y avoir eu ensuite un registre du 


gtons, 1916,t. LXXIV, p. 190-227 (avec planche). Deonna la regarde comme 
une protectrice contre la peste, 1bidem, p. 201, 204-205. 

(1) Mouin, Charmaix, p. 26 et/30: cf. p. 83-85 pour les démélés de Benoit 
Genin avec la commune et le curé de Modane, qui prétendait avoir droit aux 
concessions d’indulgences et au produit des offrandes; Notre-Dame du 
Charmaix était un lieu de pèlerinage ducal et royal. 

(2) Ibidem, p. 74. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 105 


même ordre à Modane, mais il est perdu({1). Au dix-neu- 
vième siècle, ce sont les Dominicains qui vinrent prêcher 
au Charmaix. 


XXXIII 


NoTRrE-DAME-DE-GRACE À Evian. 


Fodéré dit qu’en entrant en religion la bienheureuse 
Louise de Savoie donna au couvent d’Orbe une « image 
en bois de Notre-Dame-de-Grâce ». Cette image fut 
conservée à Orbe jusqu’au moment où, comme il a été 
dit ci-dessus, les sœurs en furent chassées. Elles résolurent 
de traverser le lac Léman pour se réfugier à Évian ; mais 
une tempête les assaillit et pour se sauver, elles jetèrent 
à l'eau tous leurs bagages et même l’image de Notre- 
Dame (2). Or, quelques jours après, des pêcheurs de Meille- 
rie firent savoir à Évian qu'ils avaient vu briller une image 
de la Sainte Vierge « au millieu de la nuit près de leurs 
rochers ». On reconnut aussitôt Notre-Dame-de-Grâce 
et une procession, accompagnée des Clarisses, alla cher- 
cher cette image et la rapporta en grande pompe à Évian. 
Elle fut déposée dans la chapelle provisoire et plus tard dans 
celle du couvent assigné aux Clarisses. « Pendant deux siè- 
cles cette image fut l’objet de nombreuses dévotions et de 
pélerinages » (3). Cette image, dite «statue » par les uns 
et «tableau » par les autres, est en fait un bas-relief en bois 
peint. [1 disparut quelque temps pendant la Révolution, fut 
retrouvé ensuite (comme toutes les images miraculeuses 
de cette catégorie), et se conserve actuellement dans l'église 
paroissiale d'Évian (4). 


(1) fbidem, p. 75. 

(2) Grosec, Notre-Dame de Savoie, p. 40-41. 

3) {bidem, p. 42 ; Grobel renvoie pour tout ce qui concerne l'historique 
de cette image sacrée à un article des Annales Catholiques de Genève d'août 
1858. 

(4 En 1830, « Henri de Blonay essaya d'acquérir ce tableau pour sa fa- 
mille, en l'achetant à Sion à deux religieuses de l'ancien monastère d' Évian 
encore survivantes; elles firent la cession demandée » {voir le texte dans L. 
8 Manuioz, loc. cit., p. 31-32); mais « cette démonstration n'eut pas de suite, 
car la Sainte Image se voit toujours dans l'église paroissiale d'Évian ». 


196 A. VAN GENNEP 


Il est évident que la possession de cette représentation 
de la sainte Vierge a beaucoup contribué à consolider à 
Évian la situation des Clarisses: mais à défaut d’autres 
renseignements, on ne saurait Îui attribuer un caractère 
spécifiquement franciscain (1); Louise de Savoie l'avait 
probablement apportée de Nozeroy (2). 


XXXIV 


SAINTE ANNE (26 juillet). 


C'est un fait digne de remarque que le culte de sainte 
Anne n'émerge historiquement en Savoie que vers le 
troisième quart du quinzième siècle, tant pour la liturgie, 
dans les Bréviaires de Genève, Grenoble (dont dépendait 
Chambéry) et Belley (dont dépendait le Petit Bugey), que 
pour ses chapelles (Annecy et Viuz-Faverges en 1470) et 
ses reliques, on en signale à Cons en 1477 et à la Sainte- 
Chapelle de Chambéry en 1483; puis, en 1617 seulement, 
aussi à Chambéry, dans l’église des Antonins; les reli- 
ques conservées à Marin et signalées au dix-septième siècle 
sont sans authentique. Le seul cas antérieur d'émergence 
est celui d’une chapelle située à Saint-Jean-de-Maurienne 
en 1260, dans la cathédrale... 

Deux patronages datent du seizième siècle, 15135 à Cha- 
moux, collégiale Sainte-Anne ; et 1576, Chambéry, corpo- 
ration des menuisiers ; il n’y a pas d'autres patronages en 
Savoie. Une seule confrérie, à Faverges, en 1626. 

Très nombreuses par contre sont les chapelles : 13 
émergent au seizième siècle, 24 au dix-septième et 40 au 
dix-huitième, selon le catalogue de l'abbé Burlet (3) ; mais 


(1) Une autre image miraculeuse de la Vierge, dite Notre-Dame de la 
Mer ou des Ondes, qui a,semble-t-il, disparu en 1795, existait au couvent 
des Ursulines de Thonon; cf. L. De MarLioz, Clarisses, p. 30. 

(2) J'ai admis l'authenticité de ce tableau, mais je dois signaler qu'il 
n'est pas inscrit dans l'inventaire dressé par l'abbé Rey des objets apportés 
d'Orbe à Evian; JkaxnereT, Notice, p. 20 et note b; il n'en est pas parlé 
non plus dans la Vie, ni dans l’acte de fondation de la chapelle d'Orbe 
publié in-extenso, 1bidem. 

(5) Burcer, Culte de Dieu, p. 91-94. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 107 


je rappelle que cette date d'émergence, qui est celle de 
l'inscription aux archives paroissiales ou aux procès-ver- 
baux des visites pastorales, n’est pas nécessairement, ni 
dans tous les cas, la date de fondation de la chapelle. La 
répartition géographique ne manifeste ni séries (le long 
d’une rivière par exemple, ou le long du Léman), ni groupes 
(vallées, massifs montagneux). Pourtant la diffusion, même 
liturgique seulement, du culte de sainte Anne en Savoie a 
dû obéir à certaines lois générales. 

Deux influences, l’une personnelle, celle de la duchesse 
Anne de Chypre-Lusignan (1439-1465), l’autre collective, 
celle des cultes franciscains, peuvent être admises. La 
duchesse Anne fonda au quinzième siècle une chapelle en 
l'honneur de sa patronne dans le couvent des Dominicains 
de Chambéry bien qu’elle protégeât aussi les Francis- 
cains (1); le culte de la sainte a été à ce moment un culte de 
cour que les nobles, les fonctionnaires de toute sorte et 
le clergé ont dû porter de divers côtés dans les campagnes. 
D'autre part on signale en 1727 dans l’église Sainte-Marie- 
Égyptienne, qui appartenait aux Observants, une chapelle 
de sainte Anneet c'est aussi entre 1710 et 1730 qu'émer- 
gent la plupart des chapelles rurales, ceci dans tous les 
diocèses ; il faut donc admettre un mouvement spécial en 
faveur de ce culte dans nos pays vers la fin du dix-septième 
siècle. | 

Ce mouvement est-il dû aux Franciscains, et surtout aux 
Capucins ? On sait que la fête de sainte Anne a été intro- 
duite dans le calendrier franciscain en 1263, lors du cha- 
pitre général de Pise présidé par saint Bonaventure; à la 
suite de cette décision, « le missel et le bréviaire francis- 
cains contribuèrent certainement à répandre le culte de la 
sainte à travers la chrétienté » (2). 

Comme je n'ai pas de texte précis, je ne puis que signa- 
ler cette possibilité. Les influences en jeu ont dû être nom- 
breuses et diverses, comme on peut voir en étudiant les 


(1) On a vu ci-dessus, p. 127, qu'Anne de Chypre fut inhumée dans Île 
couvent des Frères Mineurs de Genève. . 
. (2) H. Laits, dans Rev. d'hist. francisc.,t. 111, 1926, p. 172, 370. 


© 9 EE en 2 


198 A. VAN GENNEP 


éléments du culte de sainte Anne à Marin (Chablais), qui 
est l'un de ses sanctuaires importants en Savoie. Il appa- 
raît d’abord dans les procès-verbaux des Visites Pastorales 
de 1570 (1); mais on remarquera que le patron de l'église 
paroissiale était saint Jean-Baptiste au moins dès 1480 (2), 
sinon méme dès la fondation. La visite de 1606 signale 
dans cette église trois chapelles indépendantes, l'une du 
Saint-Esprit, l'autre de saint Antoine ermite, la troisième 
de sainte Anne, toutes trois « dela fondation et de la pre- 
sentation des seigneurs de La Chapelle» et ordonne en 
même temps de «lever les images estant sus l'autel au 
cueur pour estre difformes » (3). La visite de 1617 ajoute 
comme patronage la « Nativité de Nostre Dame », constate 
qu'à l'église a été jointe une chapelle de sainte Marie- 
Magdeleine (probablement en tant que patronne de l'an- 
cienne Maladière de Marin), à laquelle est unie aussi celle 
de sainte Anne; les deux autres autels, du Saint-Esprit et 
de saint Antoine, subsistent indépendants. Or, ni dans 
l'inventaire de 1606, ni dans celui de 1617 il n'est fait 
mention de reliques ou de pélerinages; celui de 1619 parle 
de deux bourses de reliques, assez riches avec plusieurs 
reliques dans icelles, sans autres détails ; en 1620 et 1621 
il n'en est plus question (4). Or, pour toutes les paroisses 
où il y a des reliques à ce moment, on enjoint de déter- 
miner si les authentiques existent et d’autre part, lors- 
qu’il y a pélerinages, on en fait soigneusement mention 
en spécifiant s'ils sont ou non « de bonne dévotion », c'est- 
à-dire rémunérateurs (5). 

Deux possibilités se présentent: ou bien les seigneurs 
de La Chapelle, en fondant ces trois chapelles ont donné 
aussi des reliques justifiant leur dévotion personnelle ou 
familiale et les Visites ont oublié d’en parler ; ou bien il 


(1) Burzer, Culle de Dieu, p.92, citant GontTuier, Œuvres, t. Il, p.213, 

(2) {bidem, p. 176. 

(3) Resorn, Visites, t. II, p. 404-405. 

(4) lbidem,t. 1, p. 320-326. 

(5) Il est dit seulement en 1617 que la « chapelle jointe à ladicte église 
sous le vocable de Marie-Magdeleyne et Sainte Anne. est d'un très bon 
revenu et se trouve presbitérale », ibidem, p. 321. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 199 


n'y avait vraiment pas de reliques de sainte Anne à Marin 
au commencement du dix-septième siècle. 

Par contre l'inventaire détaillé dressé en 1686 de la cha- 
pelle de « Ste Anne, St Anthoine et Ste Marie-Magdeleine » 
de Marin « à l'instance de l’Aumonier de la Sainte-Mai- 
son de Thonon », donc à un moment où les trois cha- 
pelles jadis autonomes sont déjà unies en une seule, atñirme 
l'existence de nombreuses reliques; « un pied d'argent dans 
lequel il y a les cinq doigts du pied gauche de sainte Anne 
attachés ensemble sauf le petit doigt qui est attaché avec 
du fil de soye ; .… une piece de la colonne de Nostre Sei- 
gneur ; ... plus du cilice de saint Amateur, plus de la 
tunique de saint Jean Liege, plus de sainte Catherine, …. 
plus autres neufs petits paquets de reliques trouvés dans 
un corporal … plus une petite boete de bois dans laquelle 
il y a six petits paquets de reliques, avec quatre attesta- 
tions des graces receues de divers particuliers par l’inter- 
cession de sainte Anne, et une lettre ... de 1675; ... plus 
une croix de bois argentée avec son pied où il y a sept 
petits vittres garnys de reliques et une autre...garnie de 
reliques... plus divers objets aux armes du comte et de la 
comtesse de Verrüe », des tableaux de divers saints, etc., 
dont « un vieux de saint Anthoyne et de saint Fran- 
cols »w{1). 

Il y a donc eu entre 1621 et 1686 un don important à 
l'église de Marin de reliques et d'objets précieux ; mais 
rien ne prouve que les quatre attestations proviennent de 
sens du pays; elles peuvent venir du même trésor sacré 
que les autres objets. En tout cas le culte de sainte Anne 
à Marin ne peut guère remonter au delà du milieu du sei- 
zième siècle (2) et ses formes populaires modernes, dont 
je parlerai ailleurs, ne peuvent pas être expliquées par 


(1) {nventaire, dans Mém.et doc. de l'Académie chablaisienne, t. IV, 1890, 
P. 208-211. 

(2) C'est peut-être parce que l’origine de ces reliques était inconnue que 
l'abbé Burlet n'a pas inscrit les saints énumérés (saints Amateur, Jean de 
Liége, etc.) dans son catalogue, pas plus qu'il n'a signalé ces reliques de 
sainte Anne, mais s'est contenté (p. 92) de renvoyer à l’Inventaire sans tenir 
compte de son contenu. 


200 A. VAN GENNEP 


la survivance d'un culte très ancien (1). Le donateur ou 
la donatrice avait certainement une dévotion spéciale aussi 
pour des saints franciscains ; bien que la chapelle ancienne 
de Marin ait été dédiée à saint Antoine ermite, il est 
évident que le tableau « vieux de saint Anthoyne et de 
saint François » n’a pu représenter qu’Antoine de. Padoue 
et François d'Assise ; on a déjà dit que parmi les tableaux 
offerts à l’église de Marin s'en trouvait un « représentant 
le petit Jésus, Nostre-Dame, sainte Anne, saint Anthoyne 
et le bienheureux Amed », c'est-à dire Amédée de Savoie ; 
ici aussi on peut supposer que son compagnon est non pas 
saint Antoine ermite, mais saint Antoine de Padoue; le 
grand tableau de l’autel, donné par le comte de Verrue, 
représentait la Sainte-Famille «et divers autres saints» que 
le procès-verbal n'identifie pas. Peut-être d’autres reliques 
franciscaines se trouvaient-elles dans les reliquaires énu- 
mérés par l'inventaire. Si les objets portant les armoiries du 
comte et de la comtesse de Verrue peuvent servir de certi- 
ficat d’origine, on peut admettre l'introductionà Marin de 
cultes spécifiquement piémontais; l'attribution franciscaine 
devient alors plus probable encore. 


CHAPITRE V ° 


CULTES ANNEXES 


XXXV 


SAINTE MARIE-MADELEINE (22 juillet). 


Il se peut que la diffusion du culte de cette sainte en 
Savoie ait été, au moins partiellement, favorisée par les 


(1) La tradition populaire moderne est que « l’orteil de sainte Anne a 
été rapporté à Marin de Terre-Sainte par un ancien curé. » (Communic. de 
CI. Servettaz). 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 201 


Franciscains. En principe la sainte est en Savoie la protec- 
trice des hôpitaux, des lazarets, des maladreries surtout, 
où onisolait les lépreux. A ce titre elle est en relation 
plutôt, dès le principe, avec les couvents et hôpitaux des 
Antonins et de leurs successeurs, les chevaliers de Saint- 
Jean et de Malte : c’est le cas non seulement à la Com- 
manderie des Échelles, mais aussi à Chambéry où la 
« maladière de la Madeleine» date de 1245 au moins (1). 
Antérieur serait le patronage de Tresserve (près d’Aix) 
qui est signalé dès le « douzième siècle » (2). 

En 1154 se rendirent en pélerinage à Vézelay Alice de 
Savoie, veuve de Louis le Gros, roi de France, et sa sœur 
Agnès de Savoie, duchesse de Bourbon (3). Peut-on 
admettre que la dévotion de ces deux princesses de notre 
Maison à sainte Marie-Madeleine ait déterminé l’éclosion 
de son culte en Savoie ? Le fait remarquable est en tout 
cas que la sainte n'apparaît d’abord qu’en Maurienne dans 
un Obituaire du treizième siècle et à Genève dansun Bré- 
viaire du même siècle. alors que son culte s'était fortement 
développé en Provence, en Dauphiné et en Bourgogne bien 
antérieurement. Si le culte est venu de Vézelay, il a dû être 
importé par les Bénédictins, comme l'ont été d'autres 
cultes que j'étudierai ailleurs. 

C'est au seizième siècle seulement que la sainte est 
inscrite dans le diocèse de Grenoble (Bréviaire de 1513) et 
de Belley (Bréviaire de 1518). Or en 1492, Jean Tisserant, 
Observant, avait fondé à Paris un refuge pour les filles 
repenties, dites ensuite Madelonnettes (4). Cette spécialité 
nouvelle, fondée sur certains éléments de la légende, a pu 
se propager par les couvents dans quelques villes de la 
Savoie, mais ne pouvait guère intéresser les campagnes. 
L'extraordinaire floraison de chapelles et d’oratoires (80 


(1) Peanix, Hospitaliers, p. 68. Au moyen äge « le grand pré de Saint-An- 
toine recevoit chaque année le 22 juillet, un grand concours de pélerins ; 
ce fut l'origine de la vogue de la Madeleine, une des plus belles des envi- 
rons de Chambéry » ; lbidem, p. 73. 

(2) Bunuer, Culte de Dieu, p. 201-204. 

(3) Pissixn, Culle de Ste Marie-Madeleine à Vézelay, Saint-Père, 1923, 
p. 31. 

(4) Hexni Leuaîres, dans Rev. d'hist. francisc., t. 11I, 1926, p. 337. 


202 A. VAN GENNEP 


au moins) consacrés à sainte Marie-Madeleine à partir du 
quinzième siècle jusque dans les hameaux les plus reculés 
de nos montagnes ne saurait s'expliquer par un phénomène 
social typiquement urbain. Aucun document folklorique 
ne me permet de préciser sous quelle forme et dans quel 
but se faisaient les pélerinages, parfois même les proces- 
sions collectives, aux oratoires consacrés à la sainte, 
souvent situés au sommet de cols, ou à des tournants 
dangereux. Quelques faits bien localisés font supposer que 
sainte Marie-Madeleine a été en Savoie une protectrice 
des passages et des voyageurs. (1) 

Ily avait une chapelle dédiée à la sainte dans l'église 
Saint-François à Chambéry dès 1488 ; mais il y en avait 
une aussi plus tard dans l'église des Dominicains (2) à 
laquelle «le président Castagnery de Châteauneuf {mort 
en 1662] avoit volonté de faire une bonne fondation, mais 
parla mauvaise intelligence de religieux de céans qui firent 
des faux rapports l'un contre l’autre audit président, il 
nous quitta et alla à Saint-François » (3), église à laquelle il 
fit en effet des dons considérables, décrits dans l'Obituaire 
des Frères Mineurs. 

Sainte Marie-Madeleine semble avoir été aussi l’objet 
d'un culte spécial à Cluses ; sinon on ne comprendrait pas 
qu'un Franciscain anonyme l'ait représentée au pied du 
célèbre bénitier aujourd'hui conservé dans l’église parois- 
siale de cette ville (4). Ce bénitier présente quant à ses 
origines et au point de vue iconographique un problème 
non encore résolu. Voicila description qu’en donne Francis 
Wey, qui parcourut la Haute-Savoie en 1862 : « L'église 
est du seizième siècle. Elle possède au bas de la nef un 
bénitier très curieux, de 1500 à 1530... Isolé de toutes 
parts, il forme une haute pyramide, composée d’une 
large cuve octogone en granit poli, dressée sur un piédouche 


.1) Par exemple la situation de la chapelle au col de la Madeleine ; la 
sainte semble avoir au contraire joué un rôle agraire dans la région 
des Echelles, à la chapelle du Menuet. 

(2) Omise par BURLET. 

(3) RasuT, Obituaire, p. 41, note citant le Livre des Procureurs de S. 
Dominique, manuscrit du xviro siècle. 

(4) C'est l'ancienne église du couvent, 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 203 


d'un élégant profil. Du centre de la cuve surgit, reflétée 
dans l'eau, une croix noire en basalte de trois mètres de hau- 
teur, décorée de figurines, d'arabesques, d’armoiries et d’un 
réseau de moulures compliquées. Au pied de l'arbre, dont 
elle embrasse le tronc, est prosternée une des saintes fem- 
mes. La symbolique du crucifix est d’une frappante singu- 
larité. Il est à double face : d'un côté se développe le Christ, 
Surmontéd'un pélican emblématique, déchirant de son bec 
ses flancs ouverts et fécondés. Au revers, la Vierge est éga- 
lement crucifiée, avec le divin Enfant étendu sur sa poi- 
trine. Au soubassement du bénitier, un ange porte un écus- 
Son Mi-Parti, dont le deuxième quartier est losangé d'un 
chevron Séparant deux étoiles, tandis que le premier se 
tompose d'un frêne avec ses racines. Ce blason, répété 
en cul de lampe sous les pieds du Christ, supporte un 
timier surmonté d’un ourson issant. Ce sont les armes 
parlantes d'un membre de la famille Martin du Fresnoy, 
qui fut père temporel des Cordeliers» (1). 

Bien d’autres auteurs, Dessaix, Raverat, Poncet, Lavorel, 
€ Sont OCCUpés de ce bénitier, dont une légende locale 
attribue la Sculpture à un moine anonyme qui « mit, dit- 
0n, cinq ans à le sculpter en pierre de taille du pays » (2). 
La femme agenouillée a été regardée par les uns comme 
“l'une des saintes femmes », par d’autres comme la Vierge 
* échevelée », En fait, l’hésitation n'est pas possible: 
is agit de Marie-Madeleine. La présence du pélicanau som- 
se de la croix est caratéristique de l’iconographie du 
treizième au quinzième siècles ; l'oiseau symbolise alors 
la Rédemption, selon l'Adora te de saint Thomas d'Aquin; 
: n'est qu'au dix-huitiéme siècle qu'il en arrive à symbo- 
liser l'Eucharistie (3). Quand le pélican somme la croix, 
celle-ci est bossuée de manière à rappeler plus ou moins 
“tronc d'arbre noueux (croix écotée) (4). 


(1) Francis Way, Haute-Savoie, p. 206 ; la date indiquée par F. Wey et 


ui . | é | 
Si Ris AVOir empruntée à Grillet a été adoptée sans discussion par 
(2) % “teurs Postérieurs et parles Guides Joanne et Boule. 
ONCET, Cathédrale, P. 03. 


(3) Barr DE MonTauLT, Zraité d'iconographie chrétienne, 1. II, p.98. 
(4) Ibidem, P. 155 


204 A. VAN GENNEP 


Or, sur le bénitier de Cluses, le pélican ne somme pas la 
croix, à proprement parler; mais le tronc rappelle encore 
par quelques détails la représentation antérieure d’un 
arbre noueux. On a donc affaire ici à une œuvre qui cons- 
titue, au début du seizième siècle, une survivance attardée 
(provinciale) et une modification dégénérée d'un thème 
iconographique en voie de disparition. Le moine sculpteur 
qui en fut l’auteur, selon la tradition populaire et con- 
ventuelle, avait sans doute vu ailleurs ce même thème, 
dont on connaît d'assez nombreux exemples italiens et 
français. Bien que la matière du bénitier soit locale, le 
sculpteur n'était pas nécessairement du pays. En tout cas, 
la combinaison particulière des divers thèmes animés et 
décoratifs empêche de croire à une copie, ou à l’usage d’une 
gravure ou d'un dessin. En ce sens l'œuvre est parfaitement 
originale. 

Est-elle la preuve d’un culte spécial rendu à sainte Marie- 
Madeleine à Cluses? L'abbé Burlet signale pour cette 
ville une chapelle consacrée à la sainte en 1554 (visite 
pastorale) et qui était dans l'église paroissiale, désaffectée 
depuis et remplacée par l'église des Cordeliers; mais celle- 
cf n’en avait pas (1). 


XXXVI 


SAINTE MARIE-EGYPTIENNE (2 et 9 avril). 


On ne sait pas grand’chose de la forme populaire du 
culte rendu à cette sainte en Savoie. Elle n’était d'ailleurs 
représentée que dans deux sanctuaires, tous deux fran- 
ciscains. On a vu ci-dessus que noble Étienne Rosset lui 
dédia,en même temps qu à Notre-Dame-des-Anges, la pre- 
mière église des Observants; 1l s’agit donc d’une impor- 
tation italienne; il a été dit aussi que l’un des couvents de 
Clarisses contenait une chapelle dédiée à cette sainte. On 


(1) Voir la liste des chapelles de Cluses dans Burzær, loc. cit., p. 296. 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 205 


ne la trouve représentée nulle part ailleurs en Savoie (1). 

Même dans ces deux sanctuaires elle n'était pas seule. 
Dans l’église des Observants elle était associée à sainte 
Geneviève, patronne de la corporation des ciergiers de 
Chambéry qui venaient y faire leurs dévotions (2); et dans 
la chapelle du couvent de Sainte-Claire-hors-Ville, il y 
avait un autel consacré à un saint Isidore, non encore 
identifié, dont la fête se célébrait le 7 janvier (3), date qui 
interdit d’y voir saint Isidore d'Espagne, patron des la- 
boureurs, dont la fète est partout le 4 avril. 


XXXVII 


LES ANGES GARDIENS (1° octobre). 


Ce culte fut justifié par Jean Colombi, Cordelier, et 
organisé par François d'Estaing à Avignon; l'office fut 
rédigé de 1506 à 1510 et approuvé par Léon Xen 1518 (4), 
mais la fête ne fut instituée qu'en 1608 par Paul V. La 
première chapelle consacrée à ce nouveau culte en Savoie 
est de 1623, à Grésy-sur-Aix. Peut-être celles de Mieussy 
(1650), du Chätelard (1699), de Saint-Michel-de-Maurienne 
et du Thyl(1732) sont-elles dues à l'influence franciscaine; 
en tout cas une chapelle consacrée aux Anges Gardiens est 
signalée en 1720 dans l'église de Sainte-Marie-Egyp- 
tienne (5) qui appartenait, comme il est dit ci-dessus, aux 
Observants. 

On n’a pas de renseignements sur le culte populaire ; 
mais la croyance existe partout en Savoie aux Anges qui 
protègent les enfants. 


(1) À remarquer que les Cordeliers et les Capucins de la Savoic l'ont 
laissée de côté, au moins officicllement. 

(2) Morann, Corporations, p. 147. 

(3) Burner, Culte de Dieu, p. 170. 

(4) Pour d'autres détails, voir Revue d'hist. francisc., t. III, 1926, p. 1357- 
158. 


(5) Buruer, Culte de Dieu, p. 91. 


206 A. VAN GENNEP 


CHAPITRE V 


CONCLUSIONS ET BIBLIOGRAPHIE 


XXXVIII 


ConcCLuSsIONS. 


Il ressort des documents analysés que l'on ne sait encore 
que très peu de choses sur les formes vraiment populaires 
du culte des saints franciscains en Savoie et sur l'action 
que les Ordres franciscains ont pu exercer sur d'autres 
cultes. Il doit se trouver dans les archives publiques et 
privées des documents inédits qui complèteraient cet 
Essai. Encore n'ai-je pas examiné certaines séries de faits 
où cette influence a dû jouer aussi, comme le culte du 
Saint-Sacrement, ou la diffusion des Cheminsde Croix(1), 
faits sur lesquels on a moins de renseignements encore 
pour la Savoie, du point de vue franciscain, que sur ceux 
qui ontété passés en revue. Il semble d'ailleurs que l'as- 
pect folklorique du franciscanisme n’a guère attiré jusqu'ici 


(1) Le P. Bertrand Kurtscheid a montré récemment que « le premier 
document pontitical concernant l'érection exclusive du Chemin de Croix 
par ies Frères Mineurs n'est pas antérieur au 3 avril 1731. Cependant ils 
avaient obtenu des indulgences d'Innocent XI (6 novembre 16%6), d'Inno- 
cent XII (24 décembre 1692, 27 juillet et 16 décembre 1695), pour eux- 
mêmes et pour leurs confréries, relativement aux stations du Chemin de 
Croix uniquement érigées dans leurs églises et autres lieux en dépendant. 
Le 3 mars 1726, Benoit XIII étendit ces indulgences à tous les fidèles qui 
parcouraicnt ces stations dans les églises franciscaines. Peu après, le 
16 janvier 1731, à l'instance des Frères Mineurs, Clément XII leur permit 
d'ériger la Via crucis en dehors des églises de l'Ordre. Le 30 août 1741, 
Benoît XIV confirma cette concession, en la lirmitant aux villes où n'exis- 
terait pas un couvent de Frères Mineurs. Enfin, le 14 mai 1871, Pie IX 
abrogea la restriction de Benoit XIV, en l'étendant à toutes les églises, 
sans déroger néanmoins au priviège des Franciscains d'ériger les stations. 
— Ceci aidera les archéologues à s'expliquer la rareté des stations de la 
Via crucis dans les églises avant le xix° siècle ». (Antfonianum, 1926, 


P. 449-464). 


CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 207 


l'attention des savants, du moins en France ; car en Italie 
les formes populaires du culte rendu à saint François et 
à sainte Claire, à saint Antoine de Padoue et à saint 
Charles Borromée ont fait déjà l’objet de plusieurs mé- 
moires et monographies. Îl est vrai*que ces saints, étant 
italiens, se sont aussitôt classés dans les cadres des croyan- 
ces et des coutumes communes au peuple tout entier, au 
lieu qu'en France ils ont dû s’intercaler parmi des cultes 
antérieurs, différents comme modalités sociales et psycho- 
logiques. 

En ce qui concerne l'iconographie des saints francis- 
cains en Savoie, je n’ai pas essayé de dresser un relevé 
complet de leurs représentations figurées, car seules nous 
intéressaient ici celles d’entre ces représentations qui ont 
pu être un objet de culte et un prétexte à légendes, en 
tant qu'images miraculeuses, comme le sont par exemple 
nos Vierges Noires; je compte traiter ailleurs, en détail, 
de l'iconographie des Vierges et Saints de la Savoie. Mal- 
heureusement, un grand nombre de statues anciennes ont 
été détruites dans le diocèse de Genevois sur les ordres de 
saint Francois de Sales; et depuis un siècle, beaucoup 
d'autres ont été aliénées pour être remplacées par les hor- 
reurs du quartier Saint-Sulpice. Quelques-unes d’entre 
ces statues anciennes ont été mises à l'abri dans les mu- 
sées de Chambéry, Annecy, Genève, peut-être ailleurs 
encore; mais une fois expatriées, elles perdent de leur 
valeur documentaire religieuse. Avec leur départ, les for- 
mes anciennes des cultes locaux ont disparu ou se sont 
modifiées. Ce cas est frappant pour le culte de saint Grat, 
par exemple, et pour celui de saint Théodule du Valais. 
Disparues aussi, pour la plupart, les petites statues des 
oratoires situés aux tournants dangereux et aux carrefours; 
d'où la cessation des pélerinages individuels et collectifs. 

Ces conditions générales font qu'il est très difficile de 
reconstituer les formes anciennes de la foi dans nos cam- 
pagnes : une étude comme celle-ci aurait dû être entre- 
prise il y a cinquante ans; mais à ce moment, le folklore 
n'avait encore ni son domaine propre, ni ses méthodes 
particulières. 


208 A. VAN GENNEP . 


On espère que le présent Essai donnera à des cher- 
cheurs. d’autres provinces l’idée d'étudier également les 
formes populaires qu'y peut avoir revêtues le culte des 


saints franciscains. 


XXXIX 


BIBLIOGRAPHIE. 


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cois de Sales lors du Concordat de 
1801-1802; Mémoires et Docu- 
ments publiés par la Société savoi- 
sienne d'histoire et d'archéologie, 
t. LVIII (1918), p. 419-522. (Je 
cite d'après le tir. à p., Chambéry, 
1918). 

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CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 209 


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210 A. VAN GENNEP 


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CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 211 


INDEX 


CHAPITRE I 
OBSERVATIONS GÉNERALES. 


[, Introduction............. 113 
Il. La diffusion des couvents 
de Franciscains en Savoie 123 


CHAPITRE II 


CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS : 
HOMMES, 


[II. Saint François d’Assise.. 130 
IV. Le rôle de saint François 
de Sales ............... 136 
V. Saint Antoine de Padoue. 142 
VL. Saint Charles Borromée. 145 
VII. Saint Bonaventure....... 146 
VIIL Saint Bernardin de Sienne 147 
IX. Saint Louis de France... 148 


X. Saint Roch.............. 148 
XI. Saint Yves.............. . 190 
XII. Le bienheureux Amédée 

de Savoie.......... ose 


XIII. Jean-Victor de Sonnaz... 155 
XIV. Autres Franciscains véné- 
rés en Savoie.......... 156 


CHAPITRE Ill 


CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS : 


FEMNES. 

XV. Sainte Claire............. 158 

XVI. Sainte Élisabeth de Hon- 
BC. sieste. Here 159 

XVII. Sainte Colette........... 160 


AVIIT. Sainte Rose de Viterbe.. 160 
XIX. Sainte Marguerite de Cor- 


(ONE issus ere 162 

XX. Sainte Bernarde......... 163 
XXL Le rôle d'Yolande de 

France ............... 163 


XXII. La bienheureuse Louise 


_de Savoie............. 166 
XXIII. Autres Franciscaines vé- 
nérées en Savoie...... 171 


CHAPITRE IV 
CULTES UNIVERSELS DANS L'ÉGLISE. 


XXIV. Les crèches de Noël. 172 
XXV. Le Saint-Nom de Jé- 


US situe 173 
XXVI. Le Saint-Sépulcre.... 174 
XXVII. Le Saint-Suaire..... 177 


XX VIIE. Notre-Dame-des-Anges 
et la Portioncule.. 179 
XXIX. Notre-Dame de Myans 182 
XXX. Notre-Dame -de-Con- 
ception et l’'Immacu- 
lée-Conception .... 188 
XXXI. Notre-Dame de Bonne- 


Nouvelle .......... 191 
XXXIIL. Notre-Dame du Char- 
MAIL desserte 194 
XXXIII. Notre - Dame-de-Grâce 
à Evian: sure 195 
XXXIV. Sainte Anne......... 196 


CHAPITRE V 
CULTES ANNEXES. 
XXX V. Sainte Marie-Made- 


eines; pes. 200 
XXXVI. Sainte Marie-Egyptien- 
Deer dieser 204 


XXXVII. Les Anges Gardiens. 205 


CHAPITRE VI 


XXX VIII. Conclusions......... 206 
XXXIX. Bibliographie ....... 208 


SOURCES 


DE L'HISTOIRE FRANCISCAINE 
EN FRANCHE-COMTÉ 


(Suite et fin). 


ANALYSE SOMMAIRE 


DES DOCUMENTS TIRÉS DES FONDS MONASTIQUES DE LA PROVINCE 
ET DU TRÉSOR DES CHARTES DU COMTÉ DE BOURGOGNE 


CONSERVÉS AUX ARCHIVES DU DOUBS. 


CaPuciNs DE BESANÇON (1). 
(1 article). 


1. — Extrait du livre de fondation et établissement des 
Pères Capucins de Besançon : Le 27 mars 1607, le Magis- 


(1) Voir Les Capucins en Franche-Comté, par l'abbé J. Morey, curé de 
Baudoncourt. — Paris, Poussielgue frères, 1882. In-12, 410 p. 

Le Père Thomas, Capucin de la résidence de Crest (Drôme), actuelle- 
ment gardien de Saint-Étienne, possède un gros ms. in-fol. de 5092 pages 
qui lui a été donné en 1924 par les Clarisses de Poligny. Dans ce précieux 
document on trouve d'abord les chapitres généraux depuis le début de la 
réforme des Capucins, 1529, jusqu'en 1782. Ils ont été collationnés par 
Aimable de Villerserine, secrétaire à Rome de Louis de Turin, procureur, 
custode général et depuis évêque de Bobbio. On voit ensuite l'établisse- 
ment des Capucins en France; l'origine de la province de Lyon ou de 
Saint-Bonaventure, 1575 ; d'Avignon, 1576; de la province de Bourgogne : 
Salins, 2 avril 1582; Dole, 5 sept. 1589; Gray, 1588; Vesoul, 1604 ; 
Besançon, 8 juillet 1607; Lons-le-Saunier, 1612 ; Pesmes, 1612; Cham- 
plitte, Baume-les-Dames et Pontarlier, 1618; Belfort, 1619; Luxeuil et 
Jussey, 1622; Saint-Amour et Faucogney, 1634 ; Saint-Claude, 1636 ; Gy, 
1650; Vercel, 1661-1700; Vuillafans, 1668; Orgelet, 1725, etc. Puis, aux 
pages 73, chapitres provinciaux; 411, chapitres successivement placés ; 
412, chapitres suivant les couvents ; 414, liste des provinciaux ; 416, liste 


ARCHIVES DES CAPUCINS DE BESANCON 213 


trat de la ville de Besancon décide, sur le rapport des 
sieurs Buson et de Gonsans, qu’on recevrait les Capucins 
et les Minimes. Peu de jours après, le Révérend Père 
Ange d'Avignon, provincial, accompagné des pères défi- 
finiteurs et d’autres religieux se rendent à Besancon où la 
croix des Capucins fut bénite le 13 mai dans l'église 
métropolitaine par l'archevêque Ferdinand de Rye. Après 
le sermon donné par le père Basile, Capucin de Bordeaux, 
la croix fut portée solennellement à Chamars, sur l’empla- 
cement, donné par M'e Borrey, où fut édifié le monas- 
tère, par douze Capucins dont quatre avaient été provin- 
ciaux : les pères Ange, Abonde, Natal et Antoine. 

Le 8 juillet de la même année la première pierre du 
bâtiment fut posée et bénite. « Parmi tout ce bonheur il 
arriva une merveille digne d’êstre logée au temple de la 
mémoire et admirée de la postérité, c'est que comme on 
fouilloit au lieu désigné pour le bâtiment de ce monas- 
tère, non seulement on rencontra plusieurs pierres res- 
tantes des anciens édifices, des murailles souterraines qui 
traversoient d’une part et d'autre et dans quelques unes 
de ces murailles on trouva des corps d'excessive grandeur 
comme de géans dont la teste passoit d'un côté de la 
muraille et les pieds de l’autre; on y rencontra quantité 
d'antiques et médailles, des statues et des idoles et beau- 
coup de plomb qui a servi du depuis au couvent; mais le 
miracle, du moins la merveille, est qu'après avoir tracé sur 
terre les fondements de l'église de part et d’autre et spé- 
cialement du chœur, en les creusant on les trouva tous 
faits comme ils étoient marqués et furent jugés si bons et 
solides par les maistres qu'on ne fit point de difficulté de 
bâtir et élever la dessus les murailles et voûtes mêmes qui 
jusques à présent n’ont point crevées ny manquées... » 


des définiteurs ; 418, vocaux du chapitre général ; 419, liste des Pères mai- 
tres; 420, liste des lecteurs; 421, confesseurs des Clarisses; 425, prises 
d'habit des religieux ; 479, religieux morts dans la province; 545, religieux 
morts hors de la province; 549, liste des gardiens; 589, table des faits 
principaux. 

On verra aussi avec intérêt le ms. n° 31 de la coll. Dunand, conservé à 
la bibl. de Besançon, qui donne une petite notice sur chacun des établisse- 
ments de Franche-Comté. 


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214 A. DORNIER ; 


Liste des religieux capucins composant, vers 1665, les 
divers établissements de la province : 

Besançon : pères Pacifique, Barthélemi, Jean-Baptiste 
[de Dole], Félix, Constantin, Henri, Alphonse et Benoît; 
— frères Léopold, Faustin, Fabien, Valentin, Jovite, 
Bruno, Justinien et Antides ; — frères lais : Emmanuel, 
Gérard, Justin, Hugues. 

Baume : pères Florence, Denis, Augustin, Jules, Mar- 
celin, Gervais; — frère Jérémie ; — frères lais : Claude, 
Ferjeux, Donat. 

Belfort : pères Sérapion, Paulin, Angélique, Timothée, 
Jean-Luc, Joseph ; — frères lais : Germain, Othon, Victo- 
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Champlitte : pères Remy, Colombain, Gillebert, Simpli- 
cien ; — frères Constance, Claude-Antoine, Francois, Boni- 
face. 

Dole : pères Antoine, Marcilien, Mathias, René, Ludo- 
vic, François, Candide, Alexis, Ange-François, Chris- 
tophe, Athanase, Clément, Sigismond; — frères Grégoire, 
Emmanuel, Eustache, Jean-Francois, François-Marie, 
Paschal ; — frères lais : Félix, Maure, Théophile, Gile. 

Faucogney : pères Bénigne, George, Cyrille, Sulpis ; 
— frères Odile, Thadée, Séverin, Apdilinaire. 

Gray : pères Thomas, Julien, Victor, Basile, Pélerin, 
Dorothée, Dominique ; — frères Médar, Maximin, Frédé- 
ric, Ruffin, Théodore. 

Gy : pères Edmond, Barnabé, Placide, Michel, Jacques- 
François; — frères Claude, Modeste, Guillaume, Ignace. 

Jussey : pères Ambroise, Laurent, Bernardin, Cyprien, 
Gabriel, Pierre-François ; — frères lais : Benoît, Hilarion, 
Léonard. 

Lons-le-Saunier : pères Ferréol, Michel-Ange, Fidel, 
Ferdinand, Balthazar, Antoine-François, Louis; — frères 
lais : Pacifique, Léon, Cosme. 

Luxeuil : pères Ange, Maximilien, Anatoile, Clément ; 
— frères Humbert, Théodose ; — frères lais : François- 
Georges, Renobert, Jérémie. 

Pesmes : pères Anselme, Calixte, Mathieu, Isidore, 
Désiré; — frères Séraphin, Martin; — frères lais : Jean- 
Marie, Blaise, Urbain. 


ARCHIVES DES CAPUCINS DE VUILLAFANS 215 


Poligny : pères Jovit, Luc, Damien, André, Philippe, 
Just; — frères Honoré, Jean; — frères lais : Policarpe, 
Thaurin, Félicien. 

Pontarlier : pères Jean-Claude, Bernard, Patrice, Mau- 
rice, Marcel, Jacques, Sylvestre ; — frères Jérôme, Pierre; 
— frères lais : Vital, Laurent, Hippolyte. 

Saint-Amour : pères Raphaël, Hyacinthe, Daniel, 
Romain, Joachim ; — frères Agapit, Jean-Claude, Roch, 
Célestin. 

Saint-Claude : pères Albert, Étienne [de Poligny], Au- 
gustin, Paul, Gratien, Melchior ; — frères Antonin, [llu- 
miné, Alexis, Marc. 

Salins : pères Samuel, Eusèbe, Philibert, Joachim, 
Claude-Francçois [de Salins], Protade, Florence, Chrisos- 
tome, Martinien, Théodule, Hilaire, Marc-Antoine, Da- 
mascène, Sébastien, Alexandre, Égide, Gratien, Jean-Jac- 
ques; — frères lais : Innocent, Juvénal, Fortunat. 

Vesoul : pères Agathange, François-Marie, Adrien, Tran- 
quille (1); — novices : frères Firmin, Richard, Vincent. 


Domaines nationaux. Série Q. Vente du mobilier des Capucins, 
art. 286. — Division et estimation des biens du couvent, art. 458. — 
Attribution de ses immeubles, art 782. 

Bibliothèque de Besançon. Ms. 782. « Nécrologue de tous les Ca- 
pucins du Comté de Bourgogne morts dedans et hors de la province, 
âvec l’année et le lieu de leurs sépultures, selon les jours du calen- 
drier ». 


Carucins DE VUILLAFANS (2). 


(7 articles). 


1. — Établissement du couvent. Liste des habitants de 
Vuillafans qui désirent l’établissement d’un couvent de 


(1) Le P. Tranquille Pariset, originaire de Gevigney, entré chez les Ca- 
Pucins, le 4 octobre 1676, à l âge de 18 ans, mort en 1730, au couvent de 
Jussey, dont il était gardien ; il l'avait été à Vesoul en 1721. 

(2) Cant. d'Ornans (D.). 


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216 A. DORNIER 


Capucins {1617). — Mandement des archiduc Albert et 
archiduchesse Isabelle-Claire-Eugénie, ordonnant le ver- 
sement à François Gay, de Vuillafans, de la somme de 
59 francs indûment détenue par Francçois-Gillebert Son- 
net, sieur de Calmoutier, et destinée à aider à la bâtisse du 
couvent (1621). — Consentement donné à cet établis- 
sement par les échevins et notables de la communauté et 
conditions sous lesquelles les Capucins y seront recus 
(1664). — Supplique adressée au roi par la marquise de 
Varambon pour obtenir son consentement; mêmes requê- 
tes adressées au prince d'Aremberg, gouverneur de la pro- 
vince, par les habitants et par le sieur Reud, procureur 
général du parlement (1668). — Permissions du roi pour 
l’établissement du couvent (1668, 4 novembre) et de 
l'archevêque de Besancon, sur l'exposé du frère Jovitte 
de Cervin, provincial des Capucins de Bourgogne (1668). 
— Consécration de l'église des Capucins (1672). 
1617-1672. 


2. — Titres généraux. Lettre du frère Gratien de 
Montfort, provincial de Gray, à l'archevêque de Besançon 
le remerciant d’avoir choisi le Père Dorothé de Quingey, 
pour la prédication de l'avent et du carême à Besançon 
(1627). — Donation au couvent, par Jeanne-Philippe de 
Rye, marquise de Varambon, comtesse de Saint-Vallier, 
etc., et Ferdinand-Francçois de Poitiers, son fils aïné, en 
exécution des dernières volontés de Ferdinand-Éléonore 
de Poitiers, leur mari et père, de la maison de Chevroz 
avec verger et dépendances, située à Vuillafans, pour 
permettre aux Capucins d'y construire un couvent (1668). 
— Permission donnée à la marquise de Varambon de 
visiter le couvent (1671). — Lettre du frère Léopold 
de Faucogney, provincial des Capucins de Besançon, 
relative aux prières demandées par le frère Bernardin 
[d’Arezzo], révér. père général, pour le feu roi de Pologne 
(1696). — Permission d’absoudre des cas réservés donnée 
au gardien et aux deux plus anciens religieux du couvent 
(1700). — Lettre du R. procureur général relative aux 
missions étrangères (1715). — Mémoire des livres fournis 


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ARCHIVES DES CAPUCINS DE VUILLAFANS 217 


aux Capucins de Vuillafans, par le libraire Charmet, de 
Besançon (1716). — « Liste des noms des personnes qu'on 
a receu à la profession du Tiers-Ordre de Saint-François 
avec la permission du Rév. père provincial, 1721 ». — 
« Conventus nostri Vuillaffanensis origo, status et adja- 
centia », rédigé par le frère Jean-Candide d'Apremont, 
gardien (1725). — Le R. P. Hartmann de Sedan 
demande des missionnaires (1729). — Copie faite en 1731 
de la vie de saint Gengulphe écrite en 1570. — Lettre du 
frère Basile, relative à la bénédiction des chapelets de 
sainte Brigitte (1736). — L'archevêque de Besançon rap- 
pelle aux Capucins qu’ils ne doivent pas sortir seuls de 
leur couvent (1756). — Lettres du frère Charles de Cra- 
mans, provincial des capucins de Besancon, au sujet des 
missions de l'Amérique et des prières à dire pour la guéri- 
son et la conservation du roi, victime d'un attentat le 


5 janvier 1757. — Caveau dans le monastère accordé à la 
famille Marguet dont le fils a été syndic apostolique du 
couvent de Vuillafans (1767). — Catalogue des livres de la 


bibliothèque du couvent (1790). — Partage ayant été fait 
entre les Capucins des linges, livres et argent en égale 
portion, sans croire faire tort à la Nation, au moment de 
ce partage, les religieux reproduisent tous ces objets dont 
l'inventaire est fait par les officiers municipaux de Vuilla- 


fans (1791). — Autre inventaire des titres, papiers et mo- 
bilier des Capucins (1791). 
Privilèges. — Privilèges des religieux Frères Mineurs 


de l'Ordre de Saint-François, donnés en 1518, confirmés 
par le Saint-Siège et de nouveau publiés en 1643 en faveur 
de la mendication évangélique. — Autres confirmations 
par les papes et les souverains des privilèges accordés à 
perpétuité aux grands autels des églises des Capucins, les 
lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine (1705- 
1725). — Maître-autel privilégié à perpétuité de même 
que la chapelle des infirmeries, pour tous les religieux 
dans l'impossibilité de célébrer leur messe dans l’église 
(1750). 

Quêtes. — Permission donnée par l'archevêque aux 
Capucins de quêter dans les campagnes (1669), et sans obli- 


218 A. DORNIER 


gation de prêcher ou de catéchiser (1673). — Les officiers 
municipaux d'Ornans leur permettent de faire la quête des 
vendanges dans leur ville, puisque celle de Vuillafans a été 
médiocre (1747). 

Abjurations. — Abjuration de la religion de Calvin par : 
Rose Rochet et Anne Baudet, de Berne ; Jean-Louis de 
Ranchin, du Velay (1677); Jean Philippe, de Milville en 
Alsace (1680); David Rison, de Beac en Vasconie (1682) 


et Jacques Mathey, suisse (1753), etc. 
1668-1753. 


3. — Canonisations et béatifications de Capucins. — 
Décret de canonisation de saint Fidèle [de Sigmaringen) 
(1744); — bulles de canonisation : de saint Joseph de Léo- 
nisse (1747); — de saint Séraphin [de Montegranaro](1767) 
et du bienheureux Laurent de Brindisi (1783). — Ins- 
tructions sur la manière dont seront célébrées les solen- 
nités de béatification des Capucins. 1744-1783. 


4. — Religques. Cessions à diverses églises ou à des par- 
culiers des reliques de saint Augustin (1739); de saint 
Joseph de Léonisse (1750); des saints Constant, Fortuné, 
etc. (1754); de saint Laurent (1761); de saint Just, de 
saint Modeste et de saint Clément, de saint Fructueux et 
de saint Vincent; de saint Probe et de saint Fortunat ; de 
saint Eugène; de saint Ambroise (1761); de saint Jérôme 


(1762). 
1750-1702. 


5. — Indulgences. — Indulgence plénière et perpé- 
tuelle accordée pour le jour de la Portioncule, par le 
pape Grégoire XI, aux églises des Capucins (1622). — 
Formulaire des indulgences ordinaires selon le décret 
d'Alexandre VII (1657). — Indulgence plénière accordée 
par le pape Clément X, pour le jour des Stigmates de 
saint François, durable pendant 7 ans (1674); autre, pour 
7 ans, le jour de la fête du bienheureux Félix [de Can- 
talice], Capucin (1702); — autre, perpétuelle, pour la fête 
de saint Jean de Capistran et de saint Pascal [Baylon] 


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ARCHIVES DES CAPUCINS DE VUILLAFANS 219 


(1713). — Lettre relative à la fête et à l’indulgence de 
la Conception, renouvelée pour 4 ans, avec un décret de 
la Sacrée Congrégation qui établit pour 4 ans le père 
Michel-Ange de Besançon, préfet des missions du Comté 
(1714). — Indulgence perpétuelle pour le jour de fête de 
sainte Catherine de Bologne (1714); autres, accordées 
pour le jour de la béatification de saint Fidèle [de Sigma- 
ringen] (1729) et pour la fête de sainte Rose de Viterbe 


(1756). — Lettre du frère Séraphin, provincial, sur Îla 
nécessité de la confession pour gagner ane indulgence 
(1738). — Indulgence concédée à l’occasion de la cano- 


nisation de saint Séraphin [de Montegranaroj, Capucin, 
et de Jcanne-Françoise Frémiot de Chantal, fondatrice des 
religieuses de la Visitation (1768), etc. 1622-1773. 


6. — Bâtiments. Marchés passés par François Gauthe- : 
ron, de Vuillafans, père temporel des Capucins avec 
Claude Guinchard, de Montflovin (1}, pour la fourniture 
de la chaux nécessaire à la maçonnerie du couvent; avec 
maitre Léonard Descouchon, de la Haute-Marche en 
Bourbonnais, pour Ja construction des bâtiments, église 
et dortoir du monastère ; avec Simon Burgillard, de San- 
cey-le-Grand (2) pour couverture des bâtiments (1669). — 
Plan du monastère. Devis des ouvrages de charpenterie à 
faire par Antoine Gérard, de Vuillafans et Louis Prou- 
dhon, de Chanans (3) (1670). — Autre marché passé avec 
Adrien Amiot d'Étalans (4) pour le pavage de l'église, du 
cloître, des allées intérieures, cuisine et autres officines du 
Couvent (1671). — État des dons faits pour la construction 
du cloître. Recettes : 3 fr. de Pernette Perrenot, femme 
de Jean-Claude Godard, de Vuillafans; 2 fr. d'Antoine 
Amyotte-Michel, de Vernierfontaine (5), servante de Jean- 
François Gautheron ; 16 fr. de Jeanne Peressot, femme de 
Jean-Claude Vaillandet; 33 fr. de Jean-Baptiste Briet, 


(1) Cant. de Montbenoit (D.) 
(2) Cant. de Clerval (D.) 

(3) Cant. de Verceil (D.). 

(4) Ibid. 

(5) Ibid. 


220 A. DORNIER 


prêtre, de Mouthier (1); 10 fr. d'Étienne Roy et de Clauda 
Gauya, sa femme, du même lieu ; 8 fr. versés par Antoine 
Arbelet qu'il tenait d'un Savoyard qui s’est noyé à Scey (2); 
100 fr. de Claude-Francçois Estignard, prêtre, au nom de 
sa mère, Simone Trésoret; 50 fr. par Jean Bailly le jeune, 
au nom de sa mère, Jeanne Vaïillandet; 4 fr. et demi, 
reçus de François Bel; 25 fr. et demi d'Anne Tirode, 
d'Ouhans (3); 5 fr. de Claude Demougeot, de la part 
d'Outhenin Roussel, d'Ornans; 50 fr. de Guillaume 
Doney, au nom de Jean-Baptiste Miellet, son beau-père; 
16 fr. et demi d'Anne Lambert, veuve du sieur Roussel, 
pour un legs fait par Anatoile Huty; 25 fr. 9 gros de 
Mathieu Loriod, de Lièvremont (4); 25 fr. de Jean Phisa- 
lix, de Mouthier; 16 fr. et demi du comte d'Aremberg, 
etc. — Sommes reçues depuis que le père François-Marie 
est gardien, pour être employées à la construction de la 
sacristie : 21 fr. 10 gros ? blancs donnés par Antoine 
Estignard; 20 fr. 3 gros par Pierre Perrinot, procureur 
postulant à Ornans; 40 fr. par la veuve de Claude-Fran- 
cois Binétruy, etc. — Don de 09 fr. pour achat de livres. 
— État des sommes payées à divers pour la construction 
des bâtiments et dépendances, etc. — Quittances des 
fournisseurs, etc. — Réparations à faire au tabernacle 
(1745). M. Marguet syndic apostolique, donne 200 fr. 
pour la fontaine (1763); — construction des tombeaux, 
du maître-autel et de la chapelle de la Sainte-Vierge, due 
à la libéralité de Jeanne-Pierrette Humbert, de Vuilla- 
fans (1765), etc. — Plan du couvent et dépendances fait 
par l'architecte Joly (1791). 1669-1791. 


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7. — Registre de sépultures des Capucins décédés au 
couvent de 1766 à 1790. — Décès : de Ferdinand Mon- 
nier, de Vuillafans, Cordelier de Dole, âgé de 25 ans 
(1766); du Père Félicien, Capucin depuis le 4 octobre 1717 
(1767); du Père Arsène Desbiez, de Saule (5), Capucin 


(1) Cant. d'Ornans (D). 

(2) Ibid. 

(3) Cant. de Montbenoît (D.). 
(4) Ibid. 

(5) Cant. d’'Ornans (D.). 


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ARCHIVES DES CAPUCINS DE LURE 221 


depuis 1725, âgé de 67 ans (1771); de Nicolas Marguet, 
âgé d'environ 86 ans (1771); du Père Basile Richardin, 
d'Ornans, Capucin depuis 1733 et ex-provincial (1777) ; — 
inhumation, dans le caveau de la famille Marguet, de 
Thérèse Vienot, de Vuillafans (1780); du père Agathange 
Banque, Capucin dès 1726, âgé de 76 ans (1782); du frère 
Claude Baudran, de Pesmes (1), (1783); du Père Paschal 
Mourelot, de Montigny-les-Cherlieu (2), (1784); du Père 
Archange Nicot, d'Arc-sous-Cicon (3), (1790); de Fran- 
çois-Xavier Marguet, curé de Vernierfontaine, enterré 
dans le caveau de famille (1790). 


Voir Domaines nationaux, série Q : Inventaire et vente des meubles 
du couvent 1791, art. 322. — Inventaire et déclaration de ses revenus, 
art. 484. 


CaPuCcINS DE LURE. 
(z article). 


1. — Claude-François du Houx, ancien gouverneur de 
Dole, et Barbe Vinochey, sa femme, ayant entretenu les 
Pères Jean-Baptiste de Dole, provincial, Claude-Francois 
de Salins, Bonaventure de Salins, Irénée de Besancon, 
et Étienne de Poligny, définiteurs de la province des RR. 
PP. Capucins de Bourgogne, de leur intention d'exécuter 
le pieux dessein qu'avait le Père Chérubin, appelé au 
monde Claude Vinochey, d'établir à Lure un couvent de. 
l'Ordre, promettent, par les présentes, « de loger et aber- 
ger ceux qui seront députés par lesdits RR. PP. provin- 
clal et définiteur pour la bâtisse et établissement d’un 
couvent en la ville de Lure, dans la maison mortuaire 
dudit fut sieur Vinoché, pendant l’espace de quatre ans, 
affin que pendant tel temps ils ayent moyen d'establir un 
logement... » (1654). 


A. DORNIER. 


(1) Arr. de Gray (H.-S.). 
(2) Cant. de Vitrey (H.-S.). 
3) Cant. de Montbenoît (D). 


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LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS. 


Le 2 décembre 1746, sur les sept heures du soir, un vio- 
lent incendie se déclarait à Beauvais dans le voisinage de 
l'Hôtel de Ville, chez un cordonnier nommé Soutil, près 
l’auberge Saint-Christophe en la rue de l'Écu. Après neuf 
heures d'efforts, le désastre était conjuré: quatre ou cinq 
maisons avaient été la proie des flammes (1). 

Quelques jours plus tôt (23 novembre), l’évêque, M. de 
Gesvres, avait réuni les Trois-Corps en son palais, c'est- 
à-dire les représentants de l'évêché, du chapitre et de la 
ville pour délibérer sur l’achat décidé de nouvelles pompes 
contre les incendies (2). Mais ces pompes, achetées l’une 
par le chapitre, les deux autres par la ville, ne devaient ar- 
river que le 16 décembre (3), quinze jours trop tard, par 
conséquent, pour secourir les habitants de la rue de l’Écu. 
Ceux-ci n'avaient donc, dans la nuit du 2 au 3 décembre, 
pour combattre le fléau menaçant, que les moyens impar- 
faits dont la ville disposait alors : les pompes, sans doute 
démodées, dont Georges-François Vualon, était l'inspecteur 
général (4) et que l’on jugeait utile de remplacer, les « pa- 
niers à feu » que les notables étaient tenus d'avoir chez 
eux (5), et la bonne volonté des habitants auxquels étaient 


(1) Mémoires du chanoine Le Cat (recopiés et continués par le chanoine 
Danse, ms. xvi-xvint s. Bibliothèque de l'Évéché). 

(2) Journal du chanoine Vaslin (Ms. xvuie s. Bibliothèque municipale, t. 1, 
p. 377). 

(3) Archives communales, DD 48. 

(4) Archives communales, CC 122. 

(5) Collection Bucquet-Aux Cousteaux (Bibliothèque municipale, t. LXXIX, 


p. 459). 


LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS 223 


venus se joindre les Pères Capucins, malgré l'hiver et la 
nuit, et bien que leur couvent fut situé hors la ville, à mi- 
chemin entre Beauvais et la paroisse de Notre-Dame du 
Thil (1). 

Ceci ne doit pas surprendre. Avant que les corps de 
pompiers ne fussent régulièrement constitués, les Francis- 
cains, dans nombre de villes, se dévouaient au service des 
incendies. 

Le 11 décembre, l’Intendant, M. de Sauvigny, adressait 
cette lettre à son subdélégué, M. Le Mareschal : 

« Je vous envoie, Monsieur, une lettre du P. Polycarpe 
« de Béthune, Capucin de Beauvais, qui se plaint d’avoir 
«été maltraité de coups et de paroles par un particulier de 
«cette ville dans une circonstance où ce religieux travail- 
« lait à secourir l'incendie du 2 de ce mois. Je vous prie de 
« vérifier si la plainte est bien fondée, et en ce cas de con- 
« certer avec son supérieur la satisfaction qui peut lui être 
« due, et que vous obligerez ce particulier de lui faire. Vous 
« voudrez bien, en me renvoyant la lettre, me marquer 
“comme les choses se seront passées » (2). 

Le « particulier » dont il était question dans cette lettre 
était un officier, d'une famille importante de Beauvais, 
Pierre-Michel de Lannoy. 

M. Le Mareschal reçut la.lettre de l’Intendant le 16; il 
fit aussitôt procéder à l'audition de M. de Lannoy, lequel 
déclara que « sortant d'une maison où le feu était prêt de 
« prendre, pour y faire porter le secours de plusieurs échel- 
«les, il fut aveuglé d’un seau d’eau qu'il reçut sur le 
« visage qu'il sentit bien avoir été jeté par méchanceté ou 
«par malice; qu'il s’avança d'un pas,la canne à la main, 
«en frappant celui d’où l'insulte partait; qu'il entendit : 
« ‘je suis capucin et prêtre ”; qu'il s'arrêta sur le champ 
«en répondant sans doute ce que la chaleur et le trouble 
«dans lequel il se trouvait a pu lui dicter ; qu'un peu re- 
«venu à lui, 1l apercut effectivement le Père Capucin, mais 


(1) Sur l'emplacement du cimetière actuel. 
(2) Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 84, original auto- 
graphe. 


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224 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE 


« dans un équipage à le rendre méconnaissable. Le Père 
« se remit à passer des seaux, et lorsque le sieur de Lannoy 
« ne songeait qu'à se décrotter le visage, le Révérend Père, 
« alors plein de fureur, vint tout à coup le prendre à la 
« gorgeet vouloir arracher la canne qui l'avait frappé. Le 
« sieur de Lannoy défendit la canne avec toute la modé- 
« ration et la patience imaginables, et demanda grâce de 
« la respiration avec la douceur d'un homme qui sait res- 
« pecter et l’habit de religieux et le caractère de prêtre, que 
« depuis ce jour il a cherché à rendre à ces deux qualités 
« tout ce qui leur est dû et réparer le coup que le malheur 
« lui avait arraché; qu'il a fait sonder par diverses per- 
« sonnes quelles réparations il devait et à la religion et 
« au sacerdoce offensés ; que ne recevant de la part du 
« Capucin que des paroles de hauteur et de menaces, il 
« aurait envoyé vers le Gardien un beau-frère et un neveu 
« avec charge d’accepter telles réparations qu'il voudrait 
« imposer ; que le Père Gardien aurait fait tout ce qui 
« dépendait de lui pour amener le Père à s’en contenter et 
«à venir avec lui chez M. le Lieutenant-Général (1) où 
« l'affaire se terminerait ; que le Père Gardien se serait 
« effectivement rendu chez ledit sieur, mais sans avoir pu 
« déterminer le Père à lui accompagner ; que le sieur de 
« Lannoy, pour épuiser toutes les voies de conciliation, 
« était enfin rendu chez les Pères Capucins assisté d'un 
« beau-frère et d'un neveu ; qu'il y vit le Père Gardien et 
«une partie de la communauté mais qu’il ne fut pas 
« possible de déterminer le Père à se montrer » (2). 

M. Le Mareschal entendit sans doute aussi le Père Poly- 


(1) René de Malinguehen, baron de Bretizel (1696-1747). pére temporel 
des Capucins. Sa famille avait de nombreuses attaches avec les couvents 
franciscains de Beauvais. Disons notamment que Marguerite et Louise de 
Malinguehen furent religieuses au couvent des Sœurs grises, et rappelons 
le grave confit que le retus de M. de Gesvres d'accepter le chanoine Henri- 
François de Malinguehen qu'elles avaient choisi comme supérieur, provo- 
qua chez ces religieuses. Nous connaissons un portrait de la plus jeune fille 
de René de Malinguehen, Mme Cot, la représentant en moine : robe de 
bure, mains jointes et chapelet au bras. (Miniature appartenant au général 
J.-B. Dumas, ancien commandant de corps d'armée). 

(2) Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t, xxxix, p. 76, fragment non 
signé. 


LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS 225 


carpe, dont Îles déclarations toutefois ne nous sont pas 
connues. [1 avait mené rondement l'affaire : le 18 décembre 
il avisait le Père Gardien du couvent du résultat de son 
enquête et de la manière dont il entendait la clore. Le 
même jour, le Père Gardien lui répondit: 

a J'aurai l'honneur de me rendre chez vous avec le P. 
« Polycarpe à l’heure de neuf heures du matin pour rece- 
« voir vos ordres au sujet de l'affaire dont il est question. 

« Souffrez que j'aie l'avantage de me dire avec un pro- 
« fond respect, Monsieur, votre très humble et très obéis- 
«a sans serviteur. 


F. Siméon d'Amiens, gardien des Capucins » (1). 


Effectivement, le lendemain, était dressé le procès-ver- 
bal suivant qui mit fin à l'incident et dont un double fut 
adressé à M. de Sauvigny : 


« L'an mil sept cent quarante-six, le lundi dix-neuf 
« décembre, par devant nous, Claude-Joseph Le Mareschal, 
« conseiller et avocat du roi au Présidial et subdélégué à 
« l'Intendance de Paris à Beauvais, est comparu le sieur 
« Pierre Michel de Lannoy, officier de la maison du roi, 
«demeurant à Beauvais, lequel, en présence de KR. P. 
« Siméon d'Amiens, supérieur des Capucins de Beauvais, 
«et du P.Polycarpe de Béthune, prêtre et religieux de la 
«“ même maison, nous a dit que la nuit du deux au trois 
«de ce mois, il avait eu le malheur de donner dans un 
« premier mouvement un coup de canne au R.P. Poly- 
« carpe, capucin ; que, quoique les circonstances dans les- 
« quelles ilse trouvait puissent rendre son procédé moins 
“ coupable, puisqu'il sortait d’une des maisons incendiées 
« dans laquelle il travaillait depuis plus de quatre heures; 
« qu échaufté par le feu et par la fumée dans laquelle :ïl 
« était depuis ce temps, il fut obligé de descendre dans la 
«rue pour prendre l'air et pour se reposer ; qu'étant dans 
« cette situation il fut couvert d'un plein panier à feu rem- 


(1) Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. xxxix, p. 80, original autogra- 
phe. 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. 1V, 1927. 15 


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226 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE 


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pli d'eau et de boue puisée dans le ruisseau ; que dans 
ce premier mouvement,sans connaître celui qui lui avait 
jeté cette eau, il lui donna un coup de canne sur le dos; 
etsur la représentation qui lui fut faite que celui qu'il 
venait de maltraiter était capucin, il croit avoir répondu 
en termes très indécents à son égard et dont il ne se 
souvient plus, il a néanmoins reconnu toute la faute 
qu'il avait faite en maltraitant de paroles et par voies 
de fait un religieux ; qu’en conséquence, n’osant pas se 
présenter tout d'un coup devant ledit P. Polycarpe, 
il a envoyé de sa part deux personnes de sa famille au 
P, supérieur pour parvenir ensuite à faire aud. P. Poly- 
carpe toutes les excuses convenables ; qu'espérant que 
led. P. Polycarpe se trouverait avec son supérieur chez 
M. de Malinguehen, lieutenant-général et syndic des 
Capucins où ledit Père supérieur avait dit qu'il tâcherait 
d'engager led. P. Polycarpe de se trouver, il s’y était 


« rendu afin de lui faire toute la satisfaction convenable : 


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que n'ayant trouvé chez M. de Malinguehen que led. 
Père supérieur, le P. Polycarpe n'ayant pas voulu y 
venir, lui sieur Michel avait été au couvent avec deux 
personnes de ses parents afin de faire aud. P. Polycarpe 
chez lui et à sa personne, toute satisfaction; qu'il a 
vu à ce sujet led. P. Supérieur mais qu'ayant demandé 
et n'ayant pu voir led. P. Polycarpe, il lui réitère de 
nouveau en présense du supérieur, de mondit sieur de 
Malinguehen, et de nous, qu'il reconnait la faute qu'il 
a faite de l'avoir maltraité, quoique dans un premier 
mouvement; qu’il reconnait qu'il en doit satisfaction à 
sa personne, à son état, à son caractère; qu'il la fait par 
ces présentes ; qu'il le prie d'en recevoir ses excuses et 
de lui pardonner ainsi que lui, sieur Michel, le ferait et 
que tout chrétien doit faire, ce qui a été accepté par led. 
P. Supérieur et P. Polycarpe, lequel a déclaré qu'il reçoit 
et accepte les excuses que led. sieur Michel lui fait et 
qu'il renonce à tout ce qu'il pourrait prétendre à ce 
sujet. 

« Et ont lesd. Père Supérieur et Polycarpe, led. sieur 
Michel et M. de Malinguehen signé avec nous. 


LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS 227 


« Fait à Beauvais lesd. jour et an. 
« F. Siméon d'Amiens, gardien des Capucins ; F. Poly- 


“carpe de Béthune, prêtre, capucin; de Malinguehen; 
«P. Michel; Le Mareschal ». (1). 


JEAN VINOT PRÉFONTAINE. 


- Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 86, original autogra- 
phe. 


COMPTES RENDUS 


Pio Rasa. S. Francesco d’Assisi e gli spiriti cavallereschi. — Rome 
in-8°, 13 p. (Extrait de la Nuova Antologia, 16 octobre 1926.) 


Rien de ce qui sort de la plume d’un maître comme Pio Rajna ne 
doit passer inaperçu, car le soin méticuleux avec lequel il retourne 
en tous sens les moindres questions qu’il aborde lui permet d’appor- 
ter bien des vues précieuses sur quantité de détails. Retenons de cet 
article les questions suivantes : le prénom « Francesco » s'explique 
par la présence de Pietro di Bernadone en France au moment où lui 
naquit ce fils : inutile de supposer que sa mère, Donna Pica était 
française (la tradition tardive qui fait d’elle une Provençale est 
dépourvue de toute autorité); tout au plus pourrait-on penser que 
son nom, « Pica », est une abréviation de « Picarda », et qu’elle serait 
donc venue de Picardie, où le drapier d'Assise pouvait avoir été 
appelé par ses affaires; mais cela n’est pas nécessaire, le prénom 
Piccarda étant fréquent alors en Italie, et l’hypothèse d’une mère 
française parait à P. Rajna se heurter à de sérieuses objections. — 
Mais ce prénom, François, imposé par le père, peut avoir eu quelque 
influence pour inspirer au jeune homme une affection spéciale pour 
notre langue que pourtant il savait mal. Il est probable qu’il l'ap- 
prit seulement des jongleurs, ces « cantores Francigenarum », qui se 
répandirent en Italie dès le xue siècle. 

Aucun récit ne semble avoir pu exercer plus d'influence sur la 
jeunesse du futur saint que l'histoire de Florent, issu de sang royal, 
mais élevé comme un fils de marchand, et qui de bonne heure mani- 
feste une passion intense pour les exercices chevaleresques, qui 
groupe autour de lui des jeunes gens de son âge et devient leur chef, 
et qui dépense à tort et à travers l'argent de son père putatif. Quant 
aux chansons qu’au temps de sa jeunesse folle François aimait à 
chanter, P. Rajna estime qu’elles étaient en français, mais qu'elles 
étaient importées d’outre-monts par la jeunesse qui affluait à 
Bologne, non par les jongleurs des places publiques D’autre part, il 
ne paraît pas douteux que François ait eu connaissance de plusieurs 
romans de la Table Ronde, qui, au témoignage de Dante, circulaient 
alors en français. A tout cela s'ajoutent la noblesse de ses manières, 
sa générosité, son goût de l'élégance; il avait l'esprit vraiment cheva- 
leresque : « je sais que je serai un grand prince », lui font dire les 
Trois Compagnons — et la prévision se réalisa — mais dans un 
autre sens que le sens littéral. Au moment où se produit la conver- 


COMPTES RENDUS 229 


sion du saint, P. Rajna incline à y voir non une modification de la 
nature de François, mais une application à d’autres objets des traits 
fondamentaux de son caractère, libéralité, gaîté, amour des chants, 
persistance à se déclarer « chevalier » du Christ, et à rendre les 
hommages qui lui sont dûs à une dame de son choix : Dame Pau- 
vreté. Les entreprises mêmes qu'il envisagea ou réalisa par la suite 
— pour aller convertir d’abord le Seigneur du Maroc, puis le Sou- 
dan d'Égypte —, se rattachent moins à la soif du martyre, dont 


parle Dante, qu'au goût des aventures périlleuses, au service de son 
Maître. 
H. HAUVETTE. 


L'Influence de saint François d'Assise sur la civilisation italienne. Con- 
férences tenues à la Sorbonne sous le patronage de l'Union Intellec- 
tuelle Franco-ltalienne. — Paris, Leroux, 1926. In-8°, vur-128 p. 
avec 12 pl. hors texte. Prix 12 fr. | 


Ces conférences, au nombre de six, ont eu lieu en mars-avril 1925, 
à l'exception cependant de la première qui n’a pu être prononcée, en 
raison de la mauvaise santé de son auteur. Ce fut une préparation au 
centenaire de saint François « à laquelle ont collaboré des hommes 
venus de points fort différents de l'horizon philosophique et reli- 
gieux, mais unis dans le culte de l'homme vraiment divin qui a mar- 
qué d’une empreinte indélébile la civilisation des peuples chrétiens » 
(p. vin). 


I. Pauz SABATIER. L'actualité de la figure de saint François (p. 3- 
20). — Cette actualité tient à ce que depuis trente ans il a été étudié 
avec une vraie critique. Au moment où E. Renan annonçait la résur- 
rection franciscaine, fin 1884, le P. Ehrle, S. J. (aujourd’hui cardi- 
nal).s’apprêtait à publier l’histoire des Franciscains Spirituels et les 
premières Constitutions de l’Ordre de 1260. En France, depuis 
1894, l'A. lançait sa Vie de saint François, la Collection d’études et de 
documents..., ainsi que les Opuscules de critique historique, qui ont 
fait la liaison entre les principaux franciscanisants sur le terrain 
scientifique. — 11 ajoute, fort délicatement pour nous, que « les 
résultats obtenus furent excellents; mais si la guerre n’a pas permis 
de continuer la publication de ces ouvrages d'érudition dont les 
frais d'impression atteignent maintenant des prix prohibitifs, leur 
place a été prise récemment par la jeune et vaillante Revue d'histoire 
franciscaine, à laquelle je suis heureux de souhaiter la bienvenue, 
en la recommandant très chaleureusement à tous ceux qui se 
réjouissent de la place de plus en plus importante que prend, sans 
cesse, l'effort scientifique franciscain. » — Les hérétiques eux- 
mêmes sont venus à saint François. Pourquoi ? Peut-être, parce que 
de son temps il n’avait jamais discuté contre l’hérésie, mais il avait 
jugé « que le seul moyen de guérir les plaies de la chrétienté serait 
de la doter d’une école de sainteté et de sacrifice, créée non pas 


230 COMPTES RENDUS 


contre les égarés, mais pour l’amour et le bénéfice de tous les 
hommes. » 


IT. ALEXANDRE MassERON. Assise de saint François (p. 21-41). — 
C'est le renversement des termes, mais combien suggestif et vrai! 
Assise, petite ville de l’Ombrie, serait oubliée, dédaignée, si saint 
François n’y était né, n’y avait vécu, n’y était mort. Dans cette ville 
la paix réside : miracle de la prière et de la charité. Grâce à lui sur- 
vit un coin d'amour qui fait l’union des cœurs. D'où vient la séduc- 
tion d’Assise? D’un contraste. Assise est un tombeau. D’ordinaire 
un tombeau est évocateur de pensées amères et tristes. Mais de 
celui de saint François jaillissent des flots de joie. Et la ville 
rayonne autour de ce mystique foyer. — A l'appui de sa démonstra- 
tion, M. M. fit passer sur l'écran une vingtaine de vues d'Assise, 
qu’il accompagna d'aussi lumineuses explications. 


III. HeNkI HAUVETTE. Dante et saint François (p. 43-59). — Au 
XI° chant du Paradis composé entre 1315 et 1320, Dante met sur les 
lèvres de saint Thomas d’Aquin l’éloge de saint François, on pour- 
rait dire son portrait. Ce portrait n’a pas été tracé avec le souci de 
l’érudition et de l'exactitude historique. Mais si l’Immortel Poète a 
vu l’Assisiate dans un cadre idéal et radieux, son dessin n’en est pas 
moins vrai, d'une vérité plus haute, car c’est l’âme même du saint 
qui nous est révélée : une âme ardente, un cœur de séraphin brüû- 
lant. Il fut d’une humilité si profonde que rien ne put la faire chan- 
celer, pas même la vénération enthousiaste des foules. La pauvreté 
est sa parure la plus chère et la plus durement conquise. Pour la 
décrire Dante emploie la comparaison de « noces mystiques, allégo- 
rie qu’il ne trouva pas dans les biographes officiels, mais qui est un 
écho des prédications populaires des premiers compagnons de saint 
François. Dépouillé de tout, il devient l’homme de la paix; c'est ce 
qui ravit le grand Florentin, victime errante de luttes fratricides. 
Quelques autres traits achèvent le portrait du saint, comme son 
expédition en Orient; et enfin le triomphe par l'impression des 
Stigmates du Christ sur l’Alverne. — Dante fut-il soumis à l’in- 
fluence dominicaine plus qu’à celle des Franciscains? L’A. paraît 
pencher pour la première (p. 57), tout en faisant du poète un admi- 
rateur enthousiaste de l’œuvre de saint François. Il nous a paru 
cependant qu’il avait ignoré La Conclusion de la Divine Comédie et la 
mystique franciscaine par M. GiLson, parue dans notre Revue, €. I, 
p. 55-63. 


IV. Henri Focri.con. Saint François d'Assise et la peinture ita- 
lienne au xii° et xive siècle (p. 61-82). — Au x siècle, deux cou- 
rants dans la peinture. L’un d’origine théologique et métaphysique, 
plein d’élévation et de raffinement. L'’autre, d’origine populaire, 
contenant des œuvres très irrégulières ; on y remarque l'importance 
attribuée aux scènes miraçuleuses, De cette double tendance, trois 


COMPTES RENDUS 231 


formules vont se dégager et s'imposer. La formule byzantine fait 
naître un art provincial incomparable, solennel et majestueux. La 
deuxième formule produira un art romain au service de l'influence 
pontificale. La dernière manifeste des influences lointaines, appor- 
tées par le contact des croisés avec les civilisations exotiques. Au 
milieu de ces tendances diverses se manifeste la pensée franciscaine 
qui veut agir et émouvoir. L’idée de pauvreté, qui semblerait fatale 
au développement de l’art, n’a fait que le débarrasser de la débauche 
d'or du byzantinisme et le ramener au superbe réalisme de la nature. 
Les scènes de la vie du Christ décrites par saint Bonaventure et 
surtout par le pseudo-Bonaventure dans ses fameuses Méditations 
fournissent des thèmes jusqu'alors inusités. La vie de saint François 
elle-même, passée en majeure partie sur les routes, dans les bois, en 
contact avec ses contemporains, a forcé les artistes à la représenter 
dans son cadre. Ainsi ils ont fait hommage au saint d'Assise de l’en- 
tourage de cette belle nature qu’il avait si bien chantée. 


V. Énienne Gizson. Saint François et la pensée médiévale (p. 83- 
93). — Comment saint François qui, sans être ennemi de la science, 
lui fut totalement étranger, a-t-il pu influencer les savants? C’est 
dans la science du Christ crucifié qu’il possédait à fond, c’est là que 
se trouve son secret. Ïl a placé le Christ au centre de tout. Ses dis- 
ciples, Alexandre de Halès, saint Bonaventure, le bienheureux Jean 
Duns Scot, par la méditation de la vie et des écrits de leur Père 
qu'ils avaient fait passer comme dans leur sang, ont imprégné leur 
doctrine des idées franciscaines. Si saint François est un penseur, 
il est surtout un apôtre. Voilà pourquoi Roger Bacon et le bien- 
heureux Raymond Lulle dérivent directement de lui. Pourquoi le 
Savant anglais préconise-t-il l’étude des langues, si ce n’est pour 
donner une version critique de la Bible et atteindre plus sûrement: 
les juifs et les orientaux schismatiques? De même le docteur espa- 
gnol ne travaille à son Grand Art que pour convertir plus facilement 
les disciples de Mahomet. 


VI. Évouaro Jorpan. Les premiers Franciscains et la France 
(P. 99-128). — Après avoir rappelé l’amour de saint François pour la 
France, comment le fondateur des Mineurs avait été admirablement 
compris par un prélat français, Jacques de Vitry, l’A. regrette que 
nous n’ayons pas sur l'introduction de l'Ordre en notre pays des 
détails aussi circonstanciés que pour l'Angleterre et l'Allemagne. 
C'est vrai, cependant il a oublié de mentionner l’intéressant récit de 
l’arrivée des premiers Franciscains à Valenciennes, en 1220, récit 
publié par la France Franciscaine, t. III, 1914-1920, p. 45-89, d’après 
les Monumenta Germaniae historica. — [l nous retrace les débuts à 
Paris, l'organisation des études au grand couvent universitaire qui 
restera jusqu'à la Révolution le cerveau de l'Ordre, et les luttes 
contre les maîtres séculiers de Paris. « Rien n’en subsiste aujour- 


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232 COMPTES RENDUS 


d'hui » (p. 106) de ce couvent qui passait « pour le plus remarquable 
de l’Université ». Si, il en reste le magnifique réfectoire du début du 
xvi® siècle, devenu le musée Dupuytren. — Enfin, pour nous donner 
une idée de la vie franciscaine au x siècle, avec son charmant 
laisser-aller, il utilise le voyage de fra Salimbene en France et nous 
raconte ses amusantes anecdotes. 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE, 


ALBERT DurourcQ. Ce qu'est la vie des religieux. Son plus éclatant 
modèle : la vie de saint François d'Assise. — Dans La France et les 
Religieux. Pour un régime légal nouveau. — Paris, Éditions Spes, 
1926. — In-16, p. 45-06. 


Brillante esquisse où l’auteur de L’Avenir du christianisme retrace 
à grands traits le printemps, la moisson et la passion de saint Fran- 
çois. C’est surtout dans la troisième partie, que brisant avec les bio- 
graphes conventionnels de la sainteté, il nous montre l'alliage joint 
à l'or primitif de l’œuvre du saint d'Assise « ... Imaginez, mainte- 
nant, que cet « extrémiste » de la vie parfaite et sainte, du dépouille- 
ment et de l’amour de Dieu, rencontre sur sa route des âmes banales, 
prisonnières de l’amour du monde, des enfants de l’autre Italie, 
l'Italie de la « combinazione ». Et mesurez la brutalité du choc. Or, 
nous le savons de façon très certaine, le Franciscanisme a réussi 
très vite, surtout en Italie. La foule s’est donc précipitée.… au 
secours de la victoire.…; les habiles ont voulu l’exploiter, obtenir 
les places, présider, commander... Il était inévitable qu'ils l’empor- 
tassent. Vous n’imaginez pas saint François bataillant contre cette 
racaille, qui entoure, qui sert et qui compromet [le cardinal] Hugo- 
lin, d’ailleurs adroite et bien munie de textes. Il a été écœuré, il est 
parti... » (p. 83). 

En somme, saint François était un créateur, il n’avait rien d’un 
organisateur. Sans lui l'Ordre des Mineurs ne fût pas né. C'est lui, 
et pas un autre, qui a donné à son œuvre ses caractéristiques fonda- 
mentales de la pauvreté en commun, de la prédication, des missions 
à l’étranger, de la bonne humeur, de l’amour de la nature, et de 
l'initiative sous tous les rapports, car Thomas de Celano l'a bien 
défini : non modicum audax; mais il a laissé à d’autres esprits moins 
géniaux le soin des détails. Ceci est affaire de tempérament. 

Sans chercher chicane à M. D., est-il bien sûr que saint François 
était oppose à la science théologique ? L’école fondée à Bologne par 
Pierre de Staccia, sans son autorisation, n’était-elle pas plutôt une 
école de droit? (p. 72). — Le savant professeur revient encore à la 
théorie du P. Mandonnet, bien des fois réfutée, que primitivement 
« il y avait parmi les Frères Mineurs, deux groupes de gens : les 
mariés et les.non-mariés » (p. 75, 80). — « Nicolas Chiaramonti, qui 
sera cardinal » (p. 69) n'appartient pas aux Franciscains (Arch. fran- 
cisc. hist., t. XIX, 1926, p. 286-289). Et une malheureuse faute d’im- 


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COMPTES RENDUS 233 


pression, à la même page, fait passer pour polonais Jean Parenti, 
professeur à Bologne. 
FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


La Légende des trois compagnons, vie de saint François d'Assise, par 
frère Léon, frère ANGE, frère RuriN, traduite du latin par l’abbé 
Louis PicHARD... — Paris, l’Artisan du livre, 1926. In-16, 232 p. 


On connaît actuellement seize manuscrits anciens de la Légende 
des trois compagnons, treize en latin, dont quatre à Rome, quatre à 
Bruxelles, deux à Paris, un à Florence, un à Foligno et un à Hall en 
Tyrol, trois traductions italiennes du xvie siècle, à Florence, à 
Bologne et à Volterra. Tous ces textes sont identiques sauf le ms. 
Vatican 1739, qui commence par le récit d’une prédiction faite à 
Assise le jour de la naissance de saint François et se termine par 
une comparaison entre Samson et le Poverello. M. Pichard a utilisé 
le ms. 989 de la bibliothèque Mazarine, qui présente sensiblement 
le même texte que celui du ms. de Louvain, publié dans les Acta 
Sanctorum, t. 11 d'octobre, p. 723 et suiv. La Légende comprend 
dans ce ms. les ff. 95-111, chaque page a deux colonnes serrées de 
40 lignes, l'écriture assez soignée contient beaucoup d’abréviations; 
l'explicit de ce ms. est du 10 mai 1460. 

Nous ne saurions trop louer le goût du traducteur ; il a transposé 
avec un tel sentiment des nuances, avec une telle délicatesse de 
touche que rien de ce qui fait le charme de l'original n’a été perdu. 


HE: 


Î Fioretti di san Francesco, riveduti nel testo e commentati da 
Mario CasEzLA. — Florence, Sansoni, 1926. In-12, xvi-144 p., 
illustrations. 


Ce volume fait partie de la Biblioteca scolastica di classici italiani 
già diretta da Giosuë Caroucci. Il ne contient que les cinquante- 
trois chapitres des Fioretti proprement dits, sans les appendices qui 
figurent à leur suite dans la plupart des éditions. 

s Les questions d’inutile érudition, écrit M. Mario Casella dans 
l'avertissement au lecteur, ont été éliminées; les questions de carac- 
tère historique, renfermées en d’étroites limites et traitées sans dis- 
Cussion. » En d’autres termes, le commentaire de M. Mario Casella 
eSt presque exclusivement de caractère esthétique et mystique. Ces 
données admises, on a plaisir à reconnaître que ce commentaire est 
excellent, et très propre à faire goûter à des jeunes gens la beauté 
spirituelle des Fioretti, que M. Casella appelle si joliment « le petit 
livre des grandes consolations franciscaines. » 

Les brèves notes historiques sont en général très sûres. Cepen- 
dant, même sans s'attarder à de longues controverses, il eût parfois 
té bon de signaler ce que certaines indications avaient d’hypothé- 


SNS RL MRLLASUS 


234 COMPTES RENDUS 


tique. Exemple : « Sainte Claire, de la famille Sciffi d'Assise... prit 


‘en 1212 l’habit religieux à la Portioncule » (p. 39). 


ALEXANDRE MASSERON. 


Chanoine R. De Thomas DE SainT-LAURENT, Saint François d'Assise. 
— Avignon, Aubanel frères, [1926]. In-16, 88 pp. 


«a Nous ne nous proposons pas, écrit l’auteur, d'étudier le rôle que 
notre héros a joué dans l'histoire religieuse et politique du moyen 
âge. Nous ne prétendons même pas écrire sa biographie. Nous 
essaierons simplement d’esquisser en quelques pages son portrait 
moral. » 

Le portrait n’est pas faux, mais il manque de relief. Qui ne con- 
naïîtrait, sur saint François d'Assise, que cette plaquette, n’aurait, il 
est à craindre, qu’une idée un peu confuse de la puissante originalité 
du Poverello, 

Quant aux assertions historiques, quelques citations suffiront : 
« Notre saint naquit à Assise le 26 septembre 1181 (p. 11); — Fran- 
çois conçut le projet de fonder à Assise un cercle littéraire... (p. 13); 
— Pierre Bernardone en arriva à séquestrer le jeune homme, qui lui 
avait rendu visite, espérant le désarmer par sa douceur (p. 28); — 
« Dans le feu l'Amour m'a jeté », chantait François (p. 54). » 

Les pages consacrées à la vie mystique du saint forment la meil- 
leure partie de ce petit livre, qui peut rendre aux âmes pieuses de 
très bons services. 

ALEXANDRE MASsERON. 


Ferruccio Camozzini. Santo Francesco nell' arte. — Turin et Gênes, 
Lattes, 1926. In-8°, 72 p., LIV planches, 110 reproductions. 


Deux parties : un discours sur l'influence que saint François d’As- 
sise a exercée sur l’art depuis la fin du xime siècle jusqu’au xvin:* ; 
un commentaire analytique dilucidativo (qu’on me permette de ne 
pas traduire) des œuvres d'art reproduites à la fin du volume. 

Rien absolument de neuf. dans ce que j'ai lu; mais un style 
ampoulé, suant l'effort, chargé et surchargé d’adjectifs interminable- 
ment alignés à la file, et qui serait une magnifique réussite si le but 
de l’auteur avait été, — ce qui après tout est possible, — d'escamo- 
ter les idées sous le clinquant du style. 

Exemple : ... l’infiammato santo Francesco, il semplice giocondo 
ispirato popolare rigeneratore di riaffermate evangeliche necessità € 
di tollerante uguaglianza pietosa su ribelli pullulanti eretici travol- 
gimenti per materiali egoistiche concupiscenze simoniache... (p. 14). 

Qu’on veuille bien me pardonner! Mais le courage m'a manqué 
pour aller jusqu’au bout de cet exercice de rhétorique! 

Saint François recommandait à ses disciples l’'humble vertu de sim- 
plicité.… 


COMPTES RENDUS 235 


L'illustration de ce volume est extrêmement remarquable; on y 
trouvera la reproduction d’un grand nombre d'œuvres d’art fort peu 
connues. 

ALEXANDRE MAssERON. 


Saint-François d'Assise, par Louis GiLLET (Bibliothèque catholique 
illustrée). — Paris, Bloud et Gay [1926]. In-8°, 56 p.., fig. 


Écrit dans un style animé et imagé, ce petit volume donne au 
grand public un clair aperçu de la vie de saint François. L’auteur a 
puisé aux meilleures sources, mais pourquoi s’est-il fait l’écho de 
ceux qui font remonter sainte Claire à la famille des Schifi (p. 32). 
Son illustration, variée et pleine d’attraits, fait connaître une foule 
d'œuvres restées peu connues. La rédaction des légendes aurait pu 
toutefois être revisée avec un peu plus de soin; on aurait évité ainsi 
d'imprimer que le corps de saint François avait été déposé dans le 
sarcophage de saint Rufin. 

H. L. 


Frère François d'Assise, le tout petit dans le Seigneur, raconté par 
les contemporains, par Arnold Gorrin. — Bruxelles, A. Dewit, 
1927. În-16, 74 p. pl. 


Cet élégant petit volume est un florilège de scènes de la vie de 
saint François tirées de la Légende des trois compagnons, des deux 
Vies de Celano, de la Légende de saint Bonaventure, du Speculum 
perfectionis et des Fioretti. L'auteur aurait bien fait de ne pas dater 
ce dernier recueil de la fin du x siècle. On ne peut cependant que 
le féliciter de son choix et de la discrétion avec laquelle il a encadré 
ces récits. 


H::L, 


L'Ombrie franciscaine, décrite par leR. Père N. Uavanna, des Frères 
Mineurs, traduction de T. De Wyzewa. Avant-propos d'Alexandre 
MasseroN. — Paris, Perrin, 1926. In-16, x1v-293 p., pl. 


L'édition italienne du livre du P. Cavanna a paru en 1910 à 
Pérouse et elle est aujourd’hui à peu près introuvable ; aussi la tra- 
duction française que vient d'éditer la librairie Perrin sera-t-elle la 
bienvenue. 11 ne faut pas demander à ce volume plus qu'il ne peut 
donner ; c'est un guide destiné au grand public, où sont notés, pour 
tous les points de la carte de l’Ombrie, les faits historiques ou les 
légendes franciscaines ; le folk-lore y a une part abondante. Il est 
regrettable que la mort ait empêché Wyzewa de mettre la dernière 
Main à cette traduction, car il ne l’eût certainement pas laissée 
paraître ainsi sous son nom; il aurait tranché au vif dans la prose 
pieusarde de l’auteur. 


H. L. 


236 COMPTES RENDUS 


Léoporb DE CHÉRANCÉ, O. M. Cap. Sainte Élisabeth de Hongrie. 
— Paris, librairie Saint-François, 1927. In-8°, 246 p. — 9 fr., 
franco 10 fr. 


Œuvre d’édification illustrée de nombreux dessins à la plume, mais 
nullement critique. L’A. n’a pas fait une étude des sources, il ignore 
l'excellent ouvrage de Fr. ScumozL, Die heilige Elisabeth in der bil- 
denden Kunst des 13, bis 16. Jahrhunderts, Marburg, 1918, in-8°; il 
attribue à la sainte franciscaine (p. 170-173) les Révélations de la 
Vierge qui appartiennent à sainte Élisabeth de Schônau, O.S. B. 
(cf. Antonianum, t. I, p. 24-83) ; il ne semble pas avoir connu l'opinion 
de notre Revue {t. II, p. 275-276) sur les reliques de la duchesse de 
Thuringe. Notons aussi la confusion de Roubaix avec le Roubeau de 
Marseille (p. 228). 

’ FR. DES. 


E. pes Roëerr. À propos d'un ouvrage récent sur la bienheureuse 
Marguerite de Lorraine. Les armoiries de la maison de Lorraine 
(Extrait des Mémoires de l’Académie de Stanislas). — Nancy, Ber- 
ger-Levrault, 1927. In-8°, 14 p., 1 pi. 


Le monastère des Clarisses d'Alençon conserve deux bandes de 
broderie sur toile découpée, que la tradition considère comme 
l’œuvre personnelle de la bienheureuse Marguerite de Lorraine, 
veuve de René, duc d'Alençon, laquelle fit profession au couvent de 
Sainte-Claire d’Argentan, en 1520. Ces pièces de broderie ont été 
exposées parmi les reliques de la pieuse princesse, lors des fêtes qui 
ont suivi la reconnaissance de son culte en 1921. Plusieurs auteurs 
en ont parlé sans émettre de doutes touchant leur authenticité. 

Ce qui a inspiré confiance au public religieux et à quelques éru- 
dits, c’est la présence aux deux extrémités de l’une des bandes, des 
armes de Lorraine formées de huit quartiers : Hongrie, Anjou- 
Sicile, Jérusalem et Aragon, en chef; Anjou moderne, Gueldres, 
Juliers et Bar en pointe, avec l’écu propre de Lorraine brochant sur 
le tout. 

Or, de ces huit quartiers, il en est deux (Gueldres et Juliers) qui 
ne sont entrés dans les armes de Lorraine que vers 1545. Marguerite 
de Lorraine est morte en 1521. Le blason deux fois représenté sur 
la broderie des Clarisses ne peut donc être considéré comme le 
sien. 

C'est ce que M. des Robert démontre fort clairement. A ce propos, 
il donne un historique des armoiries des ducs de Lorraine, aux xv° 

et xvie siècles, Il est regrettable que l’auteur, à l’appui d'opinions 
très justes, cite certains monuments qui ne méritent aucune con- 
fiance. Je veux parler d'un émail de la collection de Valencia de Don 
Juan, et d’une chaire, naguère encore exposée au Musée de Cluny. 


COMPTES RENDUS 237 


Ces meubles ont subi, l’un et l’autre, au xixe siècle, des restaurations 
indiscrètes : les parties armoriées en sont toutes modernes. 
Max PRINET. 


E. Sraarr. Quelques observations sur les recueils de « laude » d'Udine 
et de Pordenone. — Güteborg, 1925; in-40, 23 p. (Extrait des 
Mélanges de Philologie offerts à J. Vising). 

— Notice sur un manuscrit des « Laude » de Jacopone da Todi con- 
servé au musée Condé (Chantilly). (Extrait des Studi Romanzi de 
la « Società Filologica Romana », t. XVIII, p. 47-63). 

— Sur un manuscrit de Jacopone da Todi conservé à la Bibliothèque 
royale de Copenhague. — Paris, in-80, 16 p. (Extrait de la Roma- 
nia,t. LII). 


Dans ces trois communications, M. E. Staaff a consigné quelques 
résultats de l’enquête méthodique qu’il a entreprise sur la tradition 
manuscrite des recueils de « laude », de celles en particulier de Jaco- 
pone. Le premier de ces mémoires est destiné à faire mieux con- 
naître le manuscrit de Paris (Bibl. nat., ital. 2104), négligé par les 
savants italiens, bien que F. Neri ait attiré sur lui l’attention dès 
1408-1909. M. Staaff met en valeur la parenté étroite de ce ms., qui 
provient de Pordenone, avec le ms. d’Udine, publié en 1907 par 
M. G. Fabris dans 1 più antico laudario veneto (Vicence\; il semble 
que les deux mss. remontent, plus ou moins directement, à un origi- 
nal commun. 

Le manuscrit des « Laude » de Jacopone, conservé à Chantilly, 
est étroitement apparenté au ms. 2306 de la Bibl. Angelica de Rome, 
dont il paraît être la source plus ou moins immédiate. Peut-être est- 
ce en lui, non dans le ms. romain, qu’il faut reconnaitre un des 
« doi exemplari Todini assai antichi » dont parle Bonaccorsi dans sa 
préface (1490), car il est du xiv° siècle, et l'exemplaire de l’Angelica 
date de 1464. 

Enfin M. Staaff décrit en détail, dans la Romania, un manuscrit de 
Jacopone, entré en 1920 à la Bibliothèque royale de Copenhague, et 
qui est resté jusqu'ici peu connu; l'écriture en paraît remonter à la 
fin du xiv° siècle ou au début du xv° au plus tard. Le recueil appar- 
tient au groupe vénitien des mss. de Jacopone, et s'apparente sur- 
tout au manuscrit florentin Laur. Gadd. 27. 


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S. BONAVENTURA DA BAGNorEGIo, Opuscoli mistici, volgarizzati dal 
latino con introduzione del P. AGosrTiNo GEMELL1, Francescano. — 
Milan, Società editrice « Vita e pensiero », [1926]. In-16,534 p. 
Traduction en langue italienne, faite par le R. P. N. Rosadi, 

O.F. M., et Mwe Maria Sticco, et accompagnée de notes, des dix 

opuscules mystiques de saint Bonaventure, tenus pour authentiques 

par les Pères de Quaracchi dans la monumentale édition bien con- 


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238 COMPTES RENDUS 


nue et reproduits dans l’édition mineure : Decem opuscula Seraphici 
Doctoris S. Bonaventurae ad theologiam mysticam spectantia, in 
textu correcta et notis illustram a PP. Collegii S. Bonaventurae, edi- 
tio secunda, ad Claras Aquas, 1900. 

Cette traduction est précédée d’une magistrale introduction, du 
R. P. Gemelli, O. F. M., à l'étude de la mystique bonaventurienne, 
introduction d’une cinquantaine de pages, qui évidemment n’épuise 
pas le sujet, mais qui a le très grand mérite de mettre à la portée des 
profanes, sous une forme d’une remarquable clarté, les notions 
nécessaires pour pouvoir aborder avec fruit l’étude des opuscules. 

Ce nous est un vif plaisir de noter en passant l’hommage rendu, 
dans sa bibliographie, par le R. P. Gemelli au livre, — classique 
peut-on dire; — de l’'éminent collaborateur de cette revue, M. Étienne 
Gilson : ...richiamando in modo particolare l'attenzione del lettore 
sul volume del Gilson che è la monografia più recente e più pene- 


trante (p. 50). 
ALEXANDRE MASSERON. 


FR. PELsTER S. J., S. Thomae de Aquino quaestiones de natura fidei 
(Opuscula'et textus historiam Ecclesiae... illustrantia. Series scho- 
lastica et mystica, ed. M. Grabmann et Fr. Pelster. Fasc. Ill). 
— Monasterii, Aschendorff, 1926. In-16, 64 p. 


Les textes sur la foi édités par le P. Pelster sont les Dist. 23-24 du 
Commentaire sur les Sentences de saint Thomas d'Aquin. L'éditeur 
les a choisies de préférence aux Quaestiones de Veritate, qu. 14, ou 
à la Summa theologica na na qu. 1-7, pour la raison, fort bonnè 
d’ailleurs, que le texte du commentaire est le plus difficilement acces- 
sible aux étudiants. En outre, ce texte étant le plus ancien des trois, 
il permet d'étudier le développement de la pensée thomiste sur ce 
point important. Le texte du livre des Sentences a été établi d'après 
le manuscrit de Munich 18109 corrigé à l’aide de l'édition francis- 
caine de Quaracchi, 1916. Le texte de saint Thomas suit principale- 
ment le Vat. — Ottob. lat. 190; il est excellent. 

ET. GiLson. 


Lun. Baur, S. Thomae Aquinatis de ente et essentia (Opuscula et 
textus historiam Ecclesiae.... illustrantia. Series scholastica et 
mystica, ed. M. Grabmann et Fr. Pelster, Fasc. I). — Monas- 
terii, Aschendorff, 1926. In-16, 60 p. 


Le de ente et essentia de saint Thomas était un texte tout désigné 
pour inaugurer une collection destinée à l’usage scolaire; il est 
concis, hérissé à souhait de difficultés techniques, à quoi s'ajoute que 
les textes imprimés jusqu’à présent restaient très fautifs. M. Lud. 
Baur a établi son édition sur huit manuscrits des xarre et xiv° siècles. 
Le texte ainsi obtenu réalise un progrès très net par rapport à ceux 
dont nous disposions. Par une intéressante coïncidence, on peut la 


COMPTES RENDUS 239 


comparer avec celui que publiait dans le même temps le P. Roland- 
Gosselin (Le De ente et essentia de S. Thomas d'Aquin, Bibl. Tho- 
miste, VIII : Le Saulchoir, 1926). La comparaison est d'autant plus 
intéressante que le P. Roland-Gosselin a établi son texte sur huit 
manuscrits parisiens, dont pas un n’a été utilisé par M. L. Baur, et 
que l’accord des résultats est en somme des plus satisfaisants. Les 
références aux textes d’Avicenne et d’Averroès sont soigneusement 
données par M. L. Baur bien que, de ce point de vue, son édition 
reste loin de celle du P. Roland-Gosselin dont le commentaire his- 
torique est merveilleusement riche et précis. Il n’est que juste 
d'ajouter que le plan de la collection où paraît l’édition de M. C. Baur 
ne comportait pas ces développements. | 
ÉTIENNE GiLson. 


P. GLortEUx, Le Correctorium corruptorii « Quare».— Le Saulchoir- 
Kain (Belgique) ; 1927. Gr. In-8, Lvi-452 p., 5o fr. 


On sait que dans une lettre en date du rer juin 1285, le Franciscain 
Jean Peckham, archevêque de Cantorbéry, s'élevait en termes éner- 
giques contre les philosophes qui, depuis une vingtaine d’années, 
s'employaient à battre en brèche les enseignements de saint Augustin 
sur les idées éternelles, les puissances de l’âme et les raisons sémi- 
nales disposées dans la matière. Les théories nouvelles visées par 
l’archevêque avaient pour principal représentant Thomas d'Aquin. 
Sentant bien qu’il n’était pas possible de se défendre contre un pen- 
seur d’une telle envergure par simple suppression de contact, un 
Frère Mineur de l’Université d'Oxford, G. de la Mare, entreprit de cor- 
riger ses œuvres, d'y relater les thèses dangereuses en les faisant 
suivre de leur réfutation. Le Correctoire de G. de la Mare se répandit 
très vite dans les écoles. Au chapitre général tenu à Strasbourg en 
1282, les Frères mineurs décidèrent que la Somme de saint Thomas 
ne serait plus mise entre les mains des lecteurs en théologie qu’ac- 
compagnée des corrections du maître d'Oxford. Les Dominicains 
répondirent par de nombreuses répliques, qu'un facile jeu de mots 
leur fit intituler Correctorium corruptorii. Nous en connaissons 
actuellement quatre : les correctoires « Sciendum», « Questione », 
« Circa » et « Quare ». Ce dernier présente deux avantages : il con- 
tient la réfutation de tous les articles de G. de la Mare ; il reproduit 
intégralement le texte du maître franciscain de sorte qu’en le lisant 
on a à la fois sous les yeux l’attaque et la riposte. Il convenait donc 
de le choisir pour le livrer au public. 

Douze manuscrits appartenant par portions égales au xv*, xive et 
une siècles contiennent ce Correctorium. M. l’abbé Glorieux n’en a 
utilisé que six pour l’établissement du texte et principalement l’otto- 
bonien-latin 184 de la Bibliothèque vaticane. Visant moins à donner 
une édition critique qu’un ouvrage d'étude, il n’a pas indiqué les 
variantes d'intérêt secondaire, différences d’orthographe, transposi- 


… 


POTTER 


240 COMPTES RENDUS 


tions ou inversions de mots. Quant aux variantes très importantes 
qu'offrent les manuscrits, l'éditeur les mentionne dans le troisième 
paragraphe de son introduction, il en indique la nature et l’ampleur, 
et 1l donne en même temps les raisons qui lui ont fait préférer telle 
ou telle version. 

Ces divergences sont trop profondes pour qu’on les puisse expli- 
quer par des erreurs de transcription ou des gloses de copistes. 
Leur étude a tout naturellement conduit l'éditeur à un autre pro- 
blème, celui de la rédaction de l’ouvrage. Deux conclusions se déga- 
gent de ses recherches : 1° Le Correctoire « Quare » a connu deux 
rédactions successives : une première dont le manuscrit ottobonien, 
serait le meilleur témoin, une seconde qui aurait consisté dans un 
remaniement l’ouvrage primitif, afin de le compléter et de l’unifier, 
et qui serait la source des autres manuscrits. 2° Dans la rédaction 
primitive il y aurait lieu de distinguer deux mains différentes ou tout 
au moins deux manières. La première aurait conduit l'ouvrage jus- 
qu’à la fin de la Ila [fac 

Les catalogues et les manuscrits mettent en avant sept noms d’au- 
teurs qui auraient composé des réponses au correctoire de G. de la 
Mare. Dans une analyse qui nous a paru parfaitement conduite, 
M. Glorieux montre d’abord que l'auteur du Correctoritum « quare» 
n’est pas, comme on l’a cru longtemps, Gilles de Rome, puisque c’est 
certainement un Dominicain et un Dominicain d'Angleterre. Compa- 
rant ensuite divers passages du Correctoire avec certaines thèses de 
Richard Clapvell que Jean Peckham condamna solennellement le 
30 avril 1286, et qui lui sont identiques pour le fond et jusque dans 
la forme, il en revendique pour lui la paternité. Cette hypothèse s’ac- 
corde d’ailleurs et avec les notes que portent les manuscrits et avec 
le texte du traité. Elle trouve enfin une confirmation dans le fait que 
Guillaume de Torto Collo n'a pas écrit le Correctorium « quare» 
mais, ainsi que l’a établi le Père Bertrand de Hérédia, le Correcto- 
rium « Sciendum ». 

Une table des articles, une table analytique des matières, une 
table des citations et enfin des noms propres, achèvent de donner à 
cet ouvrage, témoin d’un immense labeur, toutes les qualités que l'on 
est en droit d'exiger de ce genre de publication. 

L. Baupry. 


C. KENNETH BRAMPTON. The « De imperatorum et pontificum pote- 
state » of W. of Ockham. — Oxford, the University press, 1927. 
In-12, xxxvi1-108 p. Prix : 7/6. 


C. Kenneth Brampton donne dans cet ouvrage le texte du De impe- 
ratorum et pontificum potestate de G. d’Occam d'après un manuscrit 
que possède le British Museum. Des notes, que malheureusement il 
rejette à la fin du volume, indiquent les restitutions auxquelles l’édi- 
teur a dû se livrer et les raisons qui l’ont déterminé à choisir telle ou 


COMPTES RENDUS 241 


telle version, ou bien encore éclaircissent les allusions historiques, 
renvoient aux lieux parallèles des différents écrits de G. d’Occam. 
Dans une introduction il résume à grands traits la vie du Franciscain 
et s'efforce de replacer sa doctrine dans le courant des idées médié- 
vales en matière de politique. Rédigée d’après l'article bien connu de 
Poole dans le Dictionary of national biography, cette biographie ne 
contient rien qui ne soit déjà connu. M. Kenneth Brampton paraît 
même ignorer les travaux de Mgr Pelzer, de J. Hôfer et du cardinal 
Ehrle. S'il les avait consultés, il n’aurait pas affirmé par exemple que 
G. d'Occam mourut en 1347, avant L. de Bavière et Bonagratia de 
Bergame. Erreur plus grave, M. Kenneth Brampton présente ce 
traité comme inédit et comme nous ayant été conservé dans le seul 
maauscrit du British Museum. Or l'ouvrage a déjà été publié — et, 
d'après ce même manuscrit — en 1914, par Richard Scholz, dans 
son Unbekannte kirchenpolitische Streitschriften aus der Zeit Ludwigs 
des Bayern, t. 11, p. 453-480. D'autre part l’auteur ne semble pas 
s'être aperçu, ce qui n'avait pas échappé à R. Scholz, que le texte du 
manuscrit qu’il reproduit appelle une suite. C'est cette suite que le 
Père Mulder a publiée dans l’Arch. francisc. hist., t. XVI, p. 469- 
492, d'après un manuscrit plus complet qu’il a retrouvé à la biblio- 
thèque de D'eventer. | 

L'édition de M. Kenneth Brampton présente sur celle de R. Scholz 
l'avantage d’être accompagnée de notes critiques. Malheureusement 
elle ne renferme même pas l'ébauche d’une bibliographie. Ajoutons 
que, dans l'introduction, l’auteur ne produit aucune référence. 


L. Baupey. 


BarthoLomaeus M. Hiserra, O. Carm. Guidonis Terreni Quaestio 
de magisterio infallibili romani pontificis (Opuscula et textus histo- 
nam ecclesiae... illustrantia. Series scholastica et mystica, ed. 
M. Grabmann et Fr. Pelster, Fasc. II). — Monasterii, Aschen- 
dorfi, 1926. In-10, 32 p. 


Cette question est empruntée à la Concordia quatuor evangelio- 
rum de Guy Terré, éditée à Cologne en 1632. Le P. Hiberta s’est 
servi, pour établir son texte, du seul manuscrit Vatican. — Ross., 
1065 (xve siècle). Tel quel, le texte en est effectivement fort bon; 
certaines graphies extraordinaires sont néanmoins si surprenantes 
qu'on se demande si ce sont des fautes d'impression, ou si elles 
résultent d’un parti-pris de suivre le copiste jusque dans ses erreurs 
évidentes, En l’absence de toute explication sur ce point, il est difi- 
cile d'en décider : p. 9,1. 11-12, trroneum pour erroneum que l’on 
trouve sous sa forme correcte quatre lignes plus haut; p. 14, 1. 23 : 
actoritate, pour auctoritate ; même graphie, p. 15,1. 2, 1. 7-8, 1. 13, 
|. 24, ce qui semble un système, mais cède la place à auctoritatis, 
p.17. 1, 15; p. 26, 1. x1 : Cayfas et 1. 20 : Capha, etc. Un mot d’ex- 
plication eût été le bienvenu. Quant à son contenu, la question a 


Revux D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 16 


242 COMPTES RENDUS 


pour objet de prouver que ce que le souverain pontife a décrété être 
de foi, avec le conseil des cardinaux, ne saurait être révoqué et con- 
tredit par son successeur. Le point le plus intéressant pour l’histoire 
franciscaine est la démonstration fournie par Guy Terré, de cette 
thèse, qu’en interprétant la Constitution de Nicolas III sur l'Usus 
pauper dans l'Ordre des Mineurs, Jean XXII n’a rien révoqué qui 
touchât la foi (p. 22). Il s'emploie très habilement à montrer que 
Nicolas III entendait les choses dans le même sens que Jean XXII et 
que, d'ailleurs, le problème de savoir ce que les Frères Mineurs pos- 
sèdent ou peuvent posséder n'est pas une question qui concerne la 
foi ni les mœurs de l’Église (p. 24); si donc Jean XXII avait vraiment 
révoqué une constitution de Nicolas III sur ce point, l’infaillibilite 


du pape n'en serait pas mise en péril. 
ET. Gicson. 


P. F. ZacHarias vaN DE WoEsTyne, O. F. M. Scholae franciscanae 
aptatus cursus philosophicus. T. II. — Mechliniae, 1925. Gr. in-êe, 
820 P. 

Il ne nous est pas possible d'examiner ce gros volume en detail. 
Signalons simplement que le Père van de Woestyne s'efforce de déga- 
ger, à propos des principaux problèines de la Cosmologie, de la Psy- 
chologie et de la Théodicée, la position prise par l’école franciscaine. 
Des deux grands penseurs de l’Ordre, de saint Bonaventure et de 
Duns Scot, c'est surtout au deuxième que l’auteur se réfère. Il utilise 
tout particulièrement l'Opus Oxoniense. Des notes nombreuses ren- 
voient également aux auteurs contemporains dont les théories sont 
exposées et critiquées. On ne peut que se louer de la publication de 
ce travail. Il n'est pas mauvais, il est au contraire excellent, qu’à côté 
des nombreux manuels de philosophie scolastique ad mentem sancti 
Thomae, vienne prendre place un traité ad mentem beati Scoti. Nous 
regrettons que l’auteur ait rédigé son livre avant de connaître les 
travaux de M. Et. Gilson et tout particulièrement son saint Bona- 
venture; enfin, lorsque la philosophie de Duns Scot aura été étudiée 
plus à fond au point de vue proprement historique, l’auteur sera 
sans doute amené à corriger tels et tels détails. Il pourrait dès main- 
tenant supprimer toutes les références — et elles sont nombreuses, 
— au de rerum principio, puisque ce traite n’est certainement pas 


de Duns Scot. 
L. BauDry. 


[Pierre-Georges Roy.] Les vieilles églises de la province de Québec, 
1647-1800, publié par la Commission des monuments historiques 
de la province de Québec. — Québec, impr. de L.-A. Proulx, 
1925. Gr. in-80, vin-323 p., pl. en noir et en couleurs. 


La Commission des monuments historiques de la province de Qué- 
bec, fondée depuis quelques années, s’est assigné comme but de con. 
server les restes du passé qui tendent à disparaître de plus en plus, 


COMPTES RENDUS 243 


notamment les églises, dont il ne demeure pas une vingtaine qui 
remontent à la doinination française, les vieilles maisons, les moulins 
à vent de jadis. 

Le beau volume qu'elle a consacré aux Églises est destiné à attirer 
l'attention du public sur son œuvre. Nous en extrayons les passages 
relatifs aux évangélisateurs de Ia contrée, appartenant à l'Ordre de 
Saint-François. 

La CHAPELLE DE L'HÔPITAL GÉNÉRAL DE QuÉBec. C'est en 1618 que 
les Récollets prirent possession du terrain où s'élève aujourd’hui le 
monastère de l'hôpital général de Québec. 

« Ce lieu, dit le P. Leclercq, représente une espèce de petite île 
entourée de forêts naturelles... Ce fut en cet endroit... que nos pères 
entreprirent de bâtir la première église, le premier couvent et le pre- 
mier séminaire qui fût jamais dans ces vastes pays de la Nouvelle- 
France ». 

La première pierre de l’église, marquée aux armes de France et 
à celles du prince de Condé, vice-roi de la Nouvelle-France, fut 
posée solennellement en leur nom le 3 juin 1620 par le Père Dolbeau, 
supérieur de la mission en l’absence du Père Jamay. L'église fut 
bénite sous le vocable de Notre-Dame des Anges, le 25 mai 1621. La 
maison conventuelle avait été achevée et rendue habitable dès l'année 
précédente. 

Les Récollets habitèrent leur couvent de Notre-Dame des Anges 
jusqu’en 1629. Lorsque les frères Kirke s’emparèrent de Québec dans 
l'été de 1629, ils renvoyèrent en France tous les Pères Jésuites et 
Récollets. Le couvent de Notre-Dame des Anges resta inoccupé jus- 
qu'en 1632, année du retour des Jésuites au Canada: ceux-ci se 
logèrent dans le couvent délabré en attendant mieux. 

En 1670, les Récollets revinrent à Québec. « On laisse à penser, dit 
le Père Leclercq, avec quel sentiment de douleur et de zèle, le Père 
Allart, cet autre Néhémias, considéra les tristes débris de notre 
ancienne maison ; on lui marqua tout l'emplacement que les construc- 
tions avaient occupé autrefois ». Le Père Allart, voyant qu'il ne pou- 
vait rien tirer d'une maison livrée pendant près de quarante ans à 
une entière décadence se décida à rebâtir entièrement à neuf. 

La première pierre de la nouvelle église fut posée le 22 juin 1671 
par l'intendant Talon. Le temple rebâti fut bénit dans l'été de 1672. 
Quatre ans plus tard en 1677, le gouverneur Frontenac fit élever à 
ses frais un corps de logis de soixante pieds de longueur sur vingt-et- 
un de largeur pour loger plus convenablement les religieux dont le 
nombre augmentait sensiblement. 

« En l’année 1678, dit le Père Leclercq, on ajouta une très belle 
chapelle en rond point à notre église de Notre-Dame des Anges et 
l'année suivante une grande sacristie par le bas et un chœur au-des- 
sus pour chanter l'office divin, un grand dortoir de pierre qui fut 


achevé les années suivantes avec tous les oflices réguliers et un grand 
cloître ». 


244 COMPTES RENDUS 


Lors de son séjour en France en 1691-1692, Mgr de Saint-Vallier 
s'était fait donner par Louis XIV des lettres-patentes pour J'érection 
d'un hôpital général à Québec... L’évêque de Québec crut qu'il ne 
pouvait avoir de meilleure maison pour installer son hôpital que le 
monastère des Récollets. Le r3 septembre 1692, le contrat d'achat 
était signé entre Mgr de Saint-Vallier et le gouverneur Frontenac 
« faisant et stipulant en cette partie au nom et comme syndic aposto- 
lique des Pères Récollets ». Par les clauses de ce contrat, les Pères 
cédaient à l'évêque les cent six arpents de terre qu'ils possédaient 
sur la rivière Saint-Charles, leur église et leur couvent de Notre- 
Dame des Anges consistant « en un cloître en carré long, composé de 
sept et huit arcades de chaque côté, dont l'un desdits côtés au sud 
était le long de ladite église ; le deuxième était sous partie et le long 
d’un dortoir bâti de pierres, contenant vingt-quatre cellules ; sous 
lequel dortoir étaient les dépense, cuisine, réfectoire et vestibule, et 
les caves au-dessous; par-dessus un grenier de toute la longueur ; le 
troisième desdits côtés dudit cloitre était le long d’un bâtiment de 
colombages, qui consistait en chambres et offices que Mgr le comte 
de Frontenac avait fait bâtir, lequel était appelé pour ce sujet le bäti- 
ment de Monsieur le comte ; et le quatrième côté au nord-est était 
une simple allée de cloître sans bâtiment ». 

Le 30 octobre 1692, Mgr de Saint-Vallier faisait venir au couvent 
des Récollets les pauvres... hospitalisés... 

Les Récollets, en quittant leur monastère, avaient emporté les lam- 
bris, les tableaux, le tabernacle et en général tout ce qu'ils avaient 
pu détacher dela chapelle. Ils n’avaient laissé que le retable nu, parce 
qu’il paraissait si vieux et si usé qu’ils n’avaient pas daigné le defaire 
pour le faire transporter. « Le plancher était tout en pièces de pour- 
riture et les murs étaient si noirs et si sales que l’église, dans ce déla- 
brement, ressemblait à une vieille maison ruinée ». (P. 17-10.) 

L'ÉGLise DE L'ANGE-GaRDIEN. [Fondée en 1675-1676.] « Quant aux 
deux tableaux qui ornent les autels latéraux, nous croyons qu'ils sont 
dus au pinceau du Frère Luc, Récollet de Québec (écrit M. l’abbe 
CasGraIN, dans son Histoire de la paroisse de l'Ange Gardien.) 

Voici ce que dit à ce sujet le P. Leclercq : « Le Frère L.uc Lefran- 
çois était excellent peintre. Il s'occupa de la décoration des églises : 
il fit le grand tableau au grand aufel de l’église des Franciscains et 
celui de la chapelle. Il enrichit l'église de la paroisse d’un grand 
tableau de la Sainte-Famille, celui des RR. PP. Jésuites d’un tableau 
de l’Assomption de la sainte Vierge et acheva celui du maître autel 
qui représente l’adoration des rois. Les églises de l’Ange-Gardien, 
du Château-Richer, à la côte de Beaupré, celles de la Sainte-Famille, 
dans l'ile d'Orléans, et de l'hôpital de Québec ont été pareillement 
gratifiées de ses ouvrages ». 

Si cette date est exacte, les deux tableaux de l’Ange-Gardien ont 
dû être placés dans l’église vers 1680 par le séminaire de Québec, 
qui était alors chargé de cette cure. Ils sont de valeur médiocre, le 


COMPTES RENDUS 245 


coloris n’est pas mauvais mais le dessin manque de correction. (P.35- 
36.) 

L'ÉGLISE ANGLICANE DES TRois-RiviëRES (ANCIENNE ÉGLISEg DES 
RécouLers). Dès 1692 le syndic des Récollets, M. de Frontenac, gou- 
verneur du Canada, avait acquis pour ces religieux le terrain sur 
lequel les années suivantes s’élevèrent leur couvent et leur église aux 
Trois-Rivières. Ces constructions, dirigées par le Père Luc Filiastre, 
étaient probablement en bois; on sait que le Frère Didace [Pelletier] 
y travaillait à la charpente lorsqu'il mourut en 1699 ; elles ne furent 
terminées qu’au début du xviue siècle... Dans une requête des 
citoyens des Trois-Rivières au comte Dalhousie, gouverneur, 23 dé- 
cembre 1821 [Histoire des Ursulines de Trois-Rivières] nous lisons : 

« Ce monastère a été autrefois érigé au moyen des souscriptions, 
aumônes et offrandes des anciens habitants de cette ville et paroisse, 
pour servir de logement aux religieux franciscains qui devaient être 
etontété en effet les seuls curés et desservants de cette ville et 
paroisse jusqu'à l’époque où nous sommes devenus Îles heureux 
sujets de Sa Majesté britannique. 

«Ces mêmes religieux ont constamment entretenu dans leur mo- 
nastère une école gratuite pour les petits garçons. 

« Parlant de l'église des Récollets devenue chapelle protestante en 
1762, la Mère Baby de Thérèse de Jésus dit dans une lettre adressée 
à son frère : « Des débris furent portés à notre maison par les citoyens 
de la ville. Ils ne valaient rien, le plus beau et le meilleur a été trans- 
porté à leur maison de Québec, à l'exception d'un tabernacle doré 
que M. le grand vicaire Saint-Onge nous a rendu six cents livres dont 
lui-même a remis le montant au Père Bercy. | 

« Ce monastère et une partie de leur chapelle servirent ensuite 
pendant cinquante ans de palais de justice et de prison. Les citoyens 
avaient vu avec peine la destination qu’en faisait le gouvernement, 
Car ici comme ailleurs l'Ordre de Saint-François jouissait de la béné- 
diction, de la popularité qui fait que partout où il existe cet Ordre est 
aimé du peuple. 

« Ces Pères, en s'éloignant des Trois-Rivières, ne laissèrent pas de 
richesse derrière eux mais ils emportaient ce qu'on ne pouvait leur 
enlever : les mille bénédictions de la reconnaissance populaire et la 
gloire de la pauvreté religieuse. 

«Leurs anciennes propriétés aux Trois-Rivières sont peut-être les 
seuls édifices qui restent de cet Ordre religieux au Canada. C’est un 
édifice de pierre solide et de belle mine. 

« Lors des dernières réparations vers 1871, les ouvriers découvri- 
rent dans les mansardes une pierre portant le millésime de 1720. Elle 
avait sans doute été placée autrefois au-dessus de la porte principale. 

M. L grand vicaire Caron, notre chapelain actuel [des Ursulines] 
, Obtint qu'elle lui fût remise : il la donna au séminaire de cette ville 
dont il était alors le supérieur ». 
L'église des Récollets est aujourd’hui affectée au culte anglican et 


246 COMPTES RINDUS 


le ministre habite leur monastère. Le corps du bon frère Didace 
repose dans la crypte. Des tentatives vaines furent faites par les 
Franciscains, il y a une quinzaine d’années, pour son exhumation. 
(P. 91-92; des pl. reproduisent la vue de l’église et du couvent.) 

L'Écitse DE SAINT-JEAN DE L'ILE D'ORLEANS... & Au temps de 
M. Alexis Pinet, curé (1775-1777), on.fit reconstruire « à la forme des 
Récollets » l’ancien clocher qui avait été renversé par le vent», 
[D'après le] Plan général de l'état présent des missions du Canada fait 
en l'année 1683, de Mgr de Saint-Vallier. (P. 137.) 

La CHaPeLLe DE Taboussac. La première chapelle ou église de 
Tadoussac fut la cabane d’écorce élevée par le P. Le Caron, Récol- 
let, au commencement de l'été de 1617. Cette cabane servait a la fois 
de chapelle et d'habitation. 

Plus tard en 1640, quand les Jésuites remplacèrent les Récollets à 
Tadoussac, la messe fut aussi célébrée dans une cabane... (P. 170.1 

L'Écuise De BERTHIER-EN-Haur... C’est au Père Michel Levasseur, 
Récollet, que revient l'honneur d’avoir été le premier curé résident; 
il demeura à Berthier de 1745 à 1751. (P. 26%.) 

Henri LeMAÎTRr. 


Capucins missionnaires. Missions françaises. Notes historiques et sta- 
tistiques. — Paris, librairie Saint-François. In-8e, 1v-96 p., pl. — 
6 fr., franco 7 francs. 


En 1599 le P. Chérubin de Maurienne, Capucin, avait eu l'idée de 
fonder à Rome une congrégation chargée de la vie catholique chez 
les infidèles. Ce sont deux autres Capucins, Jérôme de Narni et le 
cardinal Barberini, qui contribuent à établir la Propagande en 1622, 
et un troisième, saint Fidèle de Sigmaringen, qui en est le premier 
martyr, la même année. La brochure qui nous occupe redit suc- 
cinctement les travaux des missionnaires capucins dans le passé, elle 
insiste davantage sur ceux de l’époque actuelle. Les quatre provinces 
continentales françaises sont chargées de plusieurs missions à l'étran- 
ger. Celle de Lyon entretient les missions de Syrie et de Mesopo- 
tamie, depuis 1903 et 1893. Celle de Paris entretient le séminaire 
oriental de Constantinople et la chapellenie de l'ambassade de France 
depuis 1881, et la mission de Rajpoutana, dans les Indes Anglaises, 
depuis 1890. Celle de Savoie entretient depuis 1863 la mission des 
Iles Seychelles, dans l'Océan Indien, et la mission du Rio Grande do 
Sul, le plus méridional des États-Unis du Brésil, fondée en 1800. 
Celle de Toulouse entretient la mission des Gallas en Abyssinie, 
fondée en 1846, et la mission des Micmacqs au Canada, depuis 1894. 
— Au total, 1156 missionnaires capucins, français et des autres pays 
catholiques, propageaient la foi chrétienne dans le monde en 1920: 
— On pourra lire dans le corps de la brochure le résultat de leurs 
œuvres vivantes et bien dignes d'intérêt, 


H. L. 


COMPTES RENDUS 247 


MEUNIER (Alix). Giotto, avec une préface de M. G. GEFFRoY. — Paris, 
éditions Nilsson (s. d.). In-18, ill. 


Cette nouvelle monographie de Giotto ne nous apporte rien de 
nouveau : œuvre de vulgarisation plutôt que de critique. Nous n’en 
blämerons pas l’auteur; ne lui reprochons pas de n'avoir point tenté 
de faire prévaloir une chronologie inédite des œuvres du maître 
ou une répartition de certains des ouvrages qui lui sont attribués 
entre des contemporains ou des disciples plus ou moins anonymes. 

Tout cela a été fait et refait vingt fois, et, étant donné la pénurie 
de documents probants, et l’aide d’arguments purement subjectifs, 
susceptibles, heureusement, d'alimenter une controverse dont nous 
ne verrons pas la fin. 

On pourrait trouver, néanmoins, que Mlle Meunier professe une 
foi par trop béate dans l'exactitude des récits de Ghiberti ou de 
Vasari. Elle les invoque comme des autorités, et c'en sont en effet, 
et de fort considérables, mais dont les dires doivent être soumis à 
un contrôle très strict. Ghiberti ne se contredit-il pas, d’une partie à 
l’autre de ses Commentaires, quant à la part de Giotto dans la créa- 
tion ou l'exécution des bas-reliefs du Campanile ?... D'un autre côté, 
du point de vue qui nous intéresse ici, nous reprocherons doucement 
à Mi: Meunier d’avoir lu bien superficiellement Thode qu’elle cite 
pourtant parmi ses références. Du moins, ne peut-on se soustraire à 
cette supposition devant l'interprétation, ou insuffisante, ou singu- 
lière, qu’elle donne de certaines des fresques de l’église haute d’As- 
sise. Et elle tend à s’aggraver encore lorsqu'on la voit imposer à 
l'une des fresques de la petite chapelle Bardi, à Santa Croce, ce titre 
fantaisiste : Saint François écoutant la lecture. Apparition à l’éveque. 
— Cette peinture qui s'inspire, comme toutes les autres et comme 
toutes celles de la Basilique d'Assise, de la Légende de saint Bona- 
venture, représente — tout comme la fresque XXI d'Assise — l’appa- 
rition simultanée de saint François, le jour de sa mort, et à l’évèque 
d'Assise et à un frère nommé Augustin, qui se trouvaient à ce moment, 
l’un à Saint-Michel au Mont Gargano, l'autre, dans la Terre de 
Labour. 

Malgré ces petites imperfections, qui ne sont gênantes que pour les 
initiés, le livre de Mlle Meunier n’en captivera pas moins les lecteurs 
aussi bien par l'enthousiasme dont il est tout animé que par la clarté 
du précis qu’il nous fait de la carrière du grand maitre florentin. 

ARNOLD GOFFIN. 


Collection « Caritas ». Recueil d'œuvres spirituelles anciennes et 
modernes d'origine ou d'inspiration franciscaine, publié par un 
groupe de Frères Mineurs. — Paris, Bloud et Gay. In-16. 


I. Boniracr Maëes, Récollet. Théologie mystique ou traité de vie 


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248 COMPTES RENDUS 


spirituelle. Traduit du latin par le P. Martial LEekgux. — [1926]. 
183 p. 

II. Indica mihi... Très pieuses méditations sur la vie et la passion 
du Christ, d’après un manuscrit du xve siècle par un auteur francis- 
cain inconnu, traduit du vieux flamand par Marie-Magdeleine 
SARYEYS. 1926, 211 P. 

III. 7 Fioretti, les petites fleurs de la vie du petit pauvre de Jésus- 
Christ, Saint-François d'Assise, traduction, introduction et notes par 
Arnold GoFFiN. — 1927, 233 p. 


I. Le P. Maes (1627-1706), originaire de Gand, appartenait à la 
province Saint-Joseph des Récollets dans le comté de Flandre. Son 
ouvrage parut en 1668, en flamand, et l’année suivante en latin. Au 
bout de très peu de temps, il connut dix éditions. Son auteur le des- 
tinait aux religieux, aux confesseurs et aux pieux fidèles. 

Ce court traité ne renferme rien de spécifiquement franciscain. Il 
résume avec une grande simplicité les auteurs de l’époque. 

II. Le 2° volume renferme six traités : 1° Méditations sur la vie et 
la passion du Christ, p. 13-111; 2° Exercice d'union aux plaies de 
Jésus, p. 113 144; 3° Les neuf petites fleurs de la passion, p. 145- 
169 ; 4° Le septenaire sacré, p. 171-178; 5° Les heures canoniales, 
p. 179-186; 6° Dix-neuf sentences ou conseils de perfection tirés de 
l'Écriture, p. 187-197. 

On conjecture que l’auteur était Frère Mineur de l’Observance ej 
confesseur à Amsterdam, La copie du ms. d'Anvers qui fournit les 
présents traités fut terminée le 16 février 1500. Ils ne méritaient 
guère d’être sortis de l’oubli. 

III. Tout a été dit sur les Fioretti, ou peu s’en faut. M. G. nous a 
donné une traduction très vivante du charmant recueil. On regrettera 
toutefois qu’il ne l’ait pas annoté davantage. Les lecteurs ont besoin 
d'être avertis que les épisodes du repas de saint. François et de 
sainte Claire (p. 86), de la rencontre de saint Louis et de frère Gilles 
à Péroux (p. 157), pour ne parler que de ceux-là, sont purement 
légendaires. 1] fallait expliquer aussi que l'interdiction de la viande, 
attribuée à frère Élie (p. 51) provenait en réalité des vicaires de 
l'Ordre, Mathieu de Narni et Grégoire de Naples, alors que frère 
Élie était provincial de Terre-Sainte. Les Spirituels en ont fait le 
bouc émissaire de toutes les iniquités de l'Observance large, de 
même qu'ils l’avaient condamné à l'enfer (p. 168). Saint Bonaventure 
n’est guère mieux traité par eux. La cruauté dont ils le chargent vis- 
à-vis du bienheureux Jean de Parme (p. 205) ne repose sur rien 
d'historique. — Pour finir, nous rappellerons que ce n’est pas à la fin 
de 1219 que saint François rentra d'Orient (p. 119), mais l’année 
suivante. j 

HENRI LEMAÏÎTRE. 


PÉRIODIQUES 


Archivum franciscanum historicum. Periodica publicatio trimestris, 
cura P.P. Collegii D. Bonaventurae. — Quaracchi. In-8o. 


Tome XIX, 1926. 


Bena KzescHmipr, O. F. M. Das Leben des hl. Bonaventura in 
einem Gemaeldezyclus von Francisco Herrera dem Aelteren und 
Francisco Zurbaran, p. 3-16. — Vers 1630, l’église des Francis- 
cains de Séville, dédiée à saint Bonaventure, fut ornée de huit 
tableaux par Fr. Herrera, l’ancien (1576-1656) et Fr. Zurbaran 
(1598-1662) : I. S. B. enfant, présenté à François par ses parents, en 
obtient sa guérison ; II. B. subit l’examen des candidats à l'Ordre des 
Frères Mineurs; III. B. communié miraculeusement par un ange; 
IV. B. montre à saint Thomas d’Aquin le Crucifix d’où il tire sa 
science ; V. B. demande à Dieu de lui indiquer quel pape les cardi- 
naux en désaccord doivent élire; VI. B. au concile de Lyon traite 
des affaires de l’Église; VII. Obsèques de B. célébrées par le pape 
et les pères du concile; VIII. Le viatique miraculeusement admi- 
nistré à B. — Ces tableaux, moins le dernier, sont reproduits hors 
texte. Les artistes ont revêtu leurs personnages des costumes du 
xvnit siècle, et Bonaventure du rochet, de la manteletta et de la 
barette cardinalice qu'il n’a jamais portés. — En 1812 cette galerie 
de peinture fut dispersée en différents pays. Le n° 1 est conservé à 
Madrid, les n° 2 et 3 en France, dans des collections privées ; le n° 4 
à Berlin; le n° 5 à Dresde, les nos 6 et 7 à Paris au Louvre. 

LEONARDUS LEMMENS O. F. M. Relationes nationem Chaldaeorum 
inter et custodiam Terrae Sanctae (1551-1629), p. 17-28. — Rôle 
des Franciscains de Terre-Sainte dans les essais d'union à l’Église 
romaine des Chaldéens professant les erreurs de Nestorius. Après 
de nombreuses tergiversations, le 17 août 1627, Simon, curé des 
Chaldéens d’Alep, suivi de presque toute sa nation, émit sa profes- 
sion de foi catholique; et le P. Quaresmius, custode de Terre-Sainte, 
à qui ce retour était dû en grande partie, à Alep et à Jérusalem, fut 
nommé vicaire patriarcal des nouveaux convertis. — Ces chrétiens 
orientaux n’avaient qu'un sanctuaire transitoire dans la basilique du 
Saint-Sépulcre, à la fin du xve siècle. Ils obtinrent du pape Gré- 
goire XIII, à la fin du xvie siècle, la chapelle franciscaine de Sainte- 
Marie-Madeleine. Sous Paul V {en 1614), ils usèrent de moyens assez 
ténébreux pour obtenir encore davantage (cf. p. 118-119). A partir de 


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250 PÉRIODIQUES 


1719 un passage conduisant à la nouvelle sacristie des Franciscains 
remplace leur sanctuaire. 

MirosLav PREMROU. Serie dei Vescovi romano-cattolici di Beograd. 
Studio storico composto in base à documenti degli Archivi Vaticani. 
Cf. t. XVII, 1924, p. 489-508; t. XVIII, 1025, p. 33-62; t. XIX, 
P. 29-45. — Dans cette étude qui s'étend de 1618 à 1739, 1l faut noter 
parmi les évêques de Belgrade, fr. Alberto Rengiic, O. M., 19 février 
1625-mars 1630 (p. 505-508); fr. Giacomo Boncarpi O. M. Conx., 
5 mars 1640-7 oct. 1647 (p. 40-45); fr. Marino Ibrisimovic, O. M. 
Obs., 7 oct. 1647-21 janv. 1650 (p. 45-47); fr. Matteo Benlic, O. M. 
Obs., 27 février 1651-30 janvier 1674 (p. 48-54); fr. Roberto Korla- 
tovic, O. M. Obs., 6 mai 1675-oct. 1675 (p. 54-56); fr. Mattia Bern- 
jakovic, O. M. Obs., 20 déc. 1675, + 10 janvier 1707 (p. 56-Sai. — 
En outre de la vie et de l'administration de ces prélats, on trouve un 
grand nombre de documents concernant les Frères Mineurs. L’ar- 
chevêque actuel, Mgr Raffaele Rodic, O. F. M., de la province de 
Croatie, a été consacré le 7 décembre 1024. 

Eowinus AuweiLER, O. F. M. De vitis Sanctorum Fratrum Mino- 
rum provinciae Saxoniae. Cf. t. XVIII, 1925, p. 211-225; t. XIX. 
p. 46-62, 181-193. — D'après un ms. du xive siècle de la bibliothèque 
de l'église Saint-Nicolas de Greifswald en Poméranie. Vie de Jean de 
Plancarpin, qui introduisit l'Ordre en Allemagne et devint archevêque 
d’Antivari de 1248 à 1257 (p. 219-225). Du saint fr. Nicolas lecteur 
p.47-56) ; de l'entrée dans l'Ordre de fr. Jean de Osterwieck, presque 
centenaire, avec ses trois fils (p. 56) dont l’un fr. Frédéric (p. 57-60) 
et l'autre fr. Heydenric (p. 60-62). Du saint fr. Lefard {p. 181-185; 
du saint fr. Adolphe {p. 185-186) ; du saint fr. Conrad (p. 186-100); 
du saint fr. Robert (p. 190-193). — A part Jean de Plancarpin sur la 
vie duquel on possède de sérieuses données, les autres étaient à peu 
près inconnus jusqu'ici. Tous vivaient au x siècle. Récits, dans le 
genre des Fioretti, qui aideront à mieux comprendre le premier siè- 
cle de l'Ordre. : 

MicHez Bixz, O. F. M. Duae epistolae s. Joannis a Capistrano, 
altera ad Ladislaum regem, altera de victoria Belgradensi (an. 1453 
et 1450), p. 63-75. — S. J. de Cap., O. M., écrit de Cracovie, le 8 nov. 
1453, au roi de Bohème Ladislas, pour lui demander un sauf-conduit 
afin d'aller à Prague prêcher aux Hussites. Le roi lui répond que le 
moment ne lui paraît pas opportun. — Le 23 juillet 1456, au lende- 
main de la bataille de Belgrade, le saint écrit au pape Calixte II 
pour lui donner des détails sur la victoire. C’est la seconde inédite) 
des trois lettres qu'il lui adressa à cette occasion. Comme celle à 
Ladislas, elle est tirée d’un ms., de 1460 environ, conservé au monas- 
tère bénédictin de Salzbourg. 

Paozo Sevesr, O. F. M. 11 Monastero delle Clarisse in S. Apol- 
linare di Milano (Documenti sec. XITII-XVIII), cf. t. XVII, 1924, 
p. 338-364, 520-544; t XVIII, 10925, p. 226-247, 525-558 ; t. XIX, 
p. 76-09. — Le 11 février 1223, un terrain était vendu pour la cons- 


PÉRIODIQUES 251 


truction d’un monastère de Damianites, près de l’église de Saint- 
Apollinaire située hors des murs de Milan. L'année suivante l’ar- 
chevèque donnait l'église et ses dépendances aux moniales, à la 
prière du cardinal Hugolin. Le cardinal, devenu pape, confiait les 
religieuses à la direction de fr. Pacifique O. M., son représentant, 
27 juillet 1227. Au début, le monastère avait vécu dans la parfaite 
pauvreté franciscaine. Peu à peu, il accepta des revenus, notamment 
les biens de l'hôpital de San Biagio de Monza, dont Grégoire IX 
confirma l'incorporation, 18 février 1233. En 1255 les moniales 
étaient au nombre de 7o environ. Elles durent accepter en 1265 la 
règle approuvée deux ans auparavant par Urbain IV, sous peine de 
perdre leur exemption. Le monastère qui dépendait des Frères 
Mineurs de la province de Milan, depuis 1246, passa sous la juri- 
diction des Observants en 1472, et reprit une nouvelle ferveur. I] 
faut signaler en 1578 une intervention énergique de saint Charles 
Borromée. En 1728, les religieuses mécontentes-des Franciscains qui 
ne sintéressaient pas suffisamment à la situation financière de la 
communauté, demandèrent à passer sous l'obédience de l'arche- 
vêque ; ce que Clément XII leur accorda, 13 sept. 1730. Enfin, l’em- 
pereur Joseph II décréta la suppression du monastère, 9 février 1782, 
et l'exécution eut lieu le 16 mars suivant. — Le P. Sevesi a résumé 
en quelques pages les faits les plus saillants de l’histoire des Cla- 
risses de Saint-Apollinaire ; il a publié ou analysé 148 documents et 
donné la liste des abbesses de 1224 à 1784. 

Josepn M. Pou y Marri, O. F. M. Index regestorum Familiae 
ultramontanae, p. 100-105, suite (1694-1697) et à suivre. 

WicriBrorDus LAMPEN, O. F. M. Utrum Richardus de Mediavilla 
fuerit S. Ludovici magister, p. 113-116. — R. de M. entendit une 
fois saint Louis prêchant ou traitant de théolugie, mais les docu- 
ments s'opposent à la tradition selon laquelle il aurait été son 
maitre. 

Cornecio L. Sacui. Puccio Capanna e gli affreschi recentemente 
Scoperti e restaurati nella Basilica di S. Chiara in Assisi, p. 116-118. 
— Une tradition attribuait divers travaux à ce peintre dans la basi- 
lique de Saint-François à Assise, mais la critique moderne le con- 
testait. En réalité, il aurait plutôt travaillé dans l’église de Sainte- 
Claire. Trois compositions à double étage qui viennent d’être décou- 
vértes et restaurées seraient son œuvre. 

R. Mauriac. Œuvres de Fr. Thomas Illyricus. Note complémen- 
taire, p. 118. Cf. Revue, t. III, p. 347. Il s’agit d'un ouvrage de ce 
prédicateur dont un exemplaire, unique jusqu'ici, se trouve à la 
bibliothèque des Fr. Min. de New York. 

Paozo Sevesi, O. F. M. Due Lettere autografe del B. Tommaso 
da Cori, O. F. M., p. 119-120. — L'une est de 1720, l'autre de 1721, 
Sans intérêt spécial. 

P. GLorieux. Essai sur la chronologie de S. Bonaventure (1257- 
1274), p. 145-168. — Grâce aux indications d’ordre liturgique et topo- 


252 PÉRIODIQUES 


graphique fournies par les en-tête des sermons de saint Bonaventure, 
l'A. a pu établir, au moyen de combinaisons ingénieuses, des dates, 
les unes certaines, les autres probables, de l'itinéraire du docteur 
séraphique, depuis son généralat jusqu’à sa mort. — Nous lui signa- 
lons sa présence à Compiègne en 1268 (cf. Revue, III, 141), son pas- 
sage à Vendôme en 1274, avant de se rendre à Lyon, d’après Bull. de 
la Soc. archéol. du Vendômois, 1878, p. 44. 

ConraD WALMESLEY, O. F. M. The Venerable Thomas Cort, O. 
F. M., an identification, p. 169-180. — L’A. essaye de prouver que 
Th. C. est le même que Bernardin Covert, O.M.Obs., qui fut gardien 
de Cambridge en 1534 et mourut pour la foi, le 27 juillet 1537, dans 
les prisons de Londres. Bernardin était son nom de religion. Quant 
au nom de famille, il varie selon les documents : Cowart, Covert, 
Couert, Court, Cort. 

ANTONIO FANTOZz1, O. F. M. Documenti intorno alla B. Cecilia 
Coppoli Clarissa (1426-1500), p. 194-225, 334-384. — Elle naquit à 
Pérouse en 1426 et fut appelée Hélène au baptême. Mariée par sa 
sa famille, sans son consentement, elle s'enfuit au monastère des 
Clarisses de Foligno, où elle mourut en 1500, après avoir exercé la 
charge d’abbesse. L’A. a rassemblé les éléments pour une vie com- 
plète de la bienheureuse. 

Giovanni Saccani, La Predicazione del B. Bernardino da Feltre in 
Reggio Emilia, p. 226-246. — Publication de 23 documents de 1484 , 
à 1494 concernant ce célèbre prédicateur. 

BENVENUTUS BuGHETTI, O. F. M. Manipulus pontificiorum diploma- 
tum in Conventualium defensionem collectus. Codex Archivi natio- 
nalis florentini, « Arch. 92,n. 355 » e Florentino conventu S. Crucis, 
p. 247-258. — Recueil authentiqué de 24 bulles et 1 bref, dont la 
plupart sont déjà publiés. Dans le dernier document concernant la 
province de France, il est question de la réforme du couvent d'Amiens 
en 1502 et de l’excommunication de deux religieux, dont l’un bien 
connu, Robert Le Messier, par le provincial Jean Le Bel. 

MicneL Biac, O. F. M. De Johanne de S. Paulo, cardinali episcopo 
Sabinensi, primo S. Francisci in curia romana an. 1209 fautore, 
p. 282-285. — Le célèbre cardinal appartenait à la famille Colonna et 
avait été Bénédictin au monastère de Saint-Paul à Rome. Il essaya 
de persuader à saint François d’embrasser la vie monastique ou éré- 
mitique. Devant ses résistances motivées, il l’appuya auprès d’Inno- 
cent III pour l’obtention de la vie évangélique. I1 dut mourir entre 
le 21 avril 1214 et nov. 1215. 

Inem. Nicolaus de Romanis (+ 1219) fueritne primus cardinalis 
O. F. M.? — Le fr. Nicolas, dont parle Jacques de Vitry, qui avant 
octobre 1216 s'était enfui chez les Frères Mineurs, et avait été rap- 
pelé à la cour pontificale par Honorius III, doit être probablement 
(pour ne pas dire certainement), fr. Nicolas de Casamario, de l’Ordre 
de Citeaux. 

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PÉRIODIQUES 253 


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to England in 1259, p. 289-291. — Il est possible que saint Bona- 
venture, avant son entrée dans l'Ordre, ait étudié à Oxford. C’est 
une hypothèse appuyée sur quelque fondement. En tout cas, le saint 
visita l'Angleterre, probablement au mois de juillet ou d'août 1259. 

ANDRÉ CALLEBAUT, O. F. M. La Somme d'Alexandre de Halès 
che; les Dominicains de Barcelone et de Pise vers la moitié du 
xuie siècle, p. 291-295. — Pour saisir la portée de cet article, il faut 
se rappeler que d’après une thèse récente ce qu’on appelle la Somme 
d'A. de Halès ne serait qu’une compilation extraite de la Somme de 
saint Thomas. Au contraire, le P. C. la montre en usage chez les 
Frères Prêcheurs avant que les écrits du Docteur angélique ne 
fussent en circulation. 

Ineu. Une nouvelle lettre de S. Bonaventure du 27 sept. 1263, 
p. 295-297. — Elle est adressée au provincial d'Aragon au sujet des 
Clarisses, et a été publiée dans les Estudis franciscans, t. XXXVII, 
1926, P. 112-117. 

Paozo SEvest, O. F. M. 11 B. Bernardino Caimi da Milano predi- 
catore della Crociata, p. 297-300. — C’est un acte notarié daté de 
Casal, le 14 janvier 1482, par lequel le B. Ange de Chivasso, O. M. 
délègue le B. B. C. pour prêcher la croisade contre les Turcs dans 
les diverses parties du monde. 

BENvENUTO BucHEeTTi, O. F. M. Alcune idee fondamentali sui « Fio- 
retti di S. Francesco », p. 321-333. — Le recueil comprend deux par- 
ties : les 53 premiers chapitres et le traité des Stigmates en cinq 
considérations. Ces 53 chapitres viennent des Actus B. Francisci et 
sociorum ejus, mais dans un ordre différent. L’opuscule latin qui 
porterait le nom de Floretum n’a jamais existé. Le traité des Stig- 
mates est une nouvelle compilation empruntée à cinq autres cha- 
pitres des Actus, avec des additions prises dans Thomas de Celano, 
saint Bonaventure et la tradition de l’Alverne. Les auteurs des Actus 
sont indiqués dans l'ouvrage lui-même : fr. Hugolin de Mont-Sainte- 
Marie et son disciple inconnu. Quant au traducteur italien, c’est un 
Frère Mineur né sur le territoire de Florence, excellent écrivain de 
la seconde moitié du xive siècle. Le fondement historique, tant des 
Actus que des Fioretti, repose sur une réelle tradition franciscaine 
et populaire ; il ne faut la rejeter que lorsqu'elle contredit des 
sources authentiques. — Les Vies de fr. Junipère et du bienheureux 
fr. Gilles, insérées dans les éditions modernes, sont des additions 
postérieures au texte des Fioretti. 

Lorenzo Lopez, O. F. M. Fr. Jeronimo de Jesus, restaurador de 
las misiones en el Japon, sus cartas y relaciones, p. 387-417. (Suite et 
à suivre). 

JÉRÔME Goyens, O. F. M. Le bienheureux Thierri Coelde de Muns- 
ter, O. F. M. (+ 1515). Bibliographie et documents sur ses reliques, 
P. 418-430. — Th. C. naquit à Munster en Westphalie, vers 1435. 
Il entra d’abord chez les Ermites de Saint-Augustin, puis passa chez 
les Mineurs Observants de la province de Cologne. Prédicateur 


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254 PÉRIODIQUES 


populaire très éloquent, il se distingua par son zèle généreux dans la 
grande peste de Bruxelles en 1489-1490. Ses reliques reposent au cou- 
vent franciscain de Saint-Trond en Belgique. 

ANDRÉ CALLEBAUT, O. F. M. L’Année de la mort de Guilliume de 
Melitona, p. 431-434. — D’après le calcul de l’A. basé sur des docu- 
ments contemporains, G. de M., O.F. M., maître en théologie, mou- 
rut au couvent de Paris, un jour qu’il prêcha en cette ville, entre 
février et septembre 1257. 

Paozo Sevesi, O. F. M.S. Maria del Lavello in Calolzio, santuario 
offerto ai Minori dell Osservanza, p. 434-438. — Publication d’un 
acte notarié du 27 février 1494 concernant ce sanctuaire situé près 
de Bergame. 

Micez Bin, O. F. M. De nomine S. Francisci, p. 469-529. — 
Étude très fouillée sur la famille de saint Fr. et sur son nom posté- 
rieur de « François » déjà en usage en 995. 

ANDRÉ CALLEBAUT, O. F. M. Autour de la rencontre à Florence de 
S. François et du cardinal Hugolin (en été 1217), p. 530-558. — Ingé- 
nieux rapprochements entre le futur cardinal Jacques de Vitry, auteur 
de la Vie de Marie d'Oignies à Liége, venu à Pérouse où il rencontra 
le cardinal Hugolin, 17 juillet 1216, et saint François qui s’y trouvait 
pareillement, et qui, l’année suivante, se disposait à partir pour la 
Gaule-Belgique, poussé par son zèle pour le culte du Saint-Sacre- 
ment prôné à Liége par Marie d'Oignies. 

LEeoNARDUS LEMMENS, O. F.M. De sancto Francisco Christuim prae- 
dicante coram sultano Aegypti, p. 559-578. — Étude critique des 
récits des xrnit et xive siècles concernant le sultan d'Égypte, en 1210- 
1220, et les différentes concessions qu'il aurait faites à saint Fran- 
ÇOIs. 

ALBINA HENRION. Santa Chiara d'Assisi la cooperatrice di S. Fran- 
cesco, p. 579-609. — Onze tableaux largement brossés où l’A. résume 
la vie de la plus fidèle disciple de S. Fr. 

RemiGius BovinG, O. F. M. Das aktive Verhältnis des hl. Franz zur 
bildenden Kunst, p. 610-635. — L'influence de saint François sur les 
arts libéraux provient de sa tendance à considérer la création tout 
entière comme une échelle pour monter vers Dieu, de sa tendance 
par conséquent à concrétiser. D'où sa tournure d’esprit réaliste qui 
se manifeste dans sa parole, dans ses sermons, dans ses écrits, dans 
sa vie où il dramatise tous les événements. Cette hérédité paternelle 
a passé dans ses fils, même les philosophes et les théologiens. D'autre 
part, artiste lui-même, aimant les artistes, les artistes le lui ont rendu 
en interprétant sa vie merveilleuse dans leurs compositions sculptu- 
rales ou picturales, et ainsi, sans l’avoir cherché directement, il a 
contribué à faire évoluer l’art. 

Benvenuro BuGuerrTi, O. F. M. Vita e miracoli di S. Francesco 
nelle tavole istoriate dei secoli XIII e XIV, p. 636-732. — L’A. étudie 
dix tableaux : 1, celui de Berlinghieri à Pescia, 1235; 2, celui de 
l’église de Saint-François à Pise; 3, du musée de Pistoie; 4, de 


PÉRIODIQUES 255 


Sainte-Croix de Florence; 5, de Saint-François de Colle Val d’Elsa, 
copie du précédent; 6, de la pinacothèque du Vatican; 7, de la sacris- 
tie de Saint-François à Assise ; 8, de l'Académie de Sienne ; 9, de 
l'église d'Ottana en Sardaigne ; 10, de Saint-Antoine d’Amalfi. Les 
sept premiers contiennent les seuls miracles opérés après la mort du 
saint (2, 6, 7), ou les scènes de sa vie et en mème temps ses miracles 
(1,3,4. 5); les trois autres renferment seulement des scènes de sa vie 
(8, 9, 10). Le premier, daté de 1235, a inspiré tous les autres. — Tous 
ces tableaux sont admirablement reproduits en photographie à la fin 
du copieux fascicule consacré au centenaire de saint François, — 
Après la description approfondie de ces peintures, le P. B. consacre 
quelques pages très sensées (714-721) à la controverse aigüe de la 
seconde moitié du xvie siècle qui cherchait des monuments à l’appui 
de sa thèse, pour connaitre le véritable hahit de saint François. Les 
reproductions des peintures primitives furent plus ou moins sollici- 
tees, exagérées dans l’un ou l’autre sens : capuchons allongés et 
appointés, mozettes élargies... « vaines craintes et vains remèdes », 
écrit l’A. ; il n’y a ni à se réjouir ni à s’attrister de ces peintures, car 
elles n’ont pas été exécutées avec le souci de la réalité. Pour l'artiste 
du moyen âge qui portraicture saint François, il suffit de mettre une 
tunique et un capuchon quelconque; tout au plus dessinera-t:il Ja 
corde, caractéristique des Mineurs (on remarquera que jusqu’au 
xvue siècle elle est toujours dans l’axe) ; un visage imberbe signi- 
fiera la jeunesse, un visage avec barbe symbolisera l’âge mûr ou la 
vieillesse. De portrait fidèle de saint François, il n’en existe pas. Le 
but de l’art était uniquement de faire mieux connaître et mieux 
aimer le séraphique Pere. — Suit un appendice en 16 numéros indi- 
quant les différentes représentations de saint François en Italie (et à 
Hanovre) jusqu'a la fin du xve siècle. 

WiLLiBRORDUS LAMPEN, O. F. M. De Spiritu S. Francisci in operibus 
S. Gertrudis magnae, p. 733-753. — L'influence de saint François a 
débordé son Ordre et son pays, elle a même atteint d'autres familles 
religieuses. Sainte Gertrude, O. S. B (1256-1302) en est la preuve. 
L’A. relève l'éloge enthousiaste qu'elle fait de saint François, les 
ressemblances de tempérament, de vie et de piété, entre ces deux 
saints. 1] termine par les noms de plusieurs Frères Mineurs en rela- 
tion avec la sainte moniale. — P. PourRAT, La Spiritualité... II, 
128, avait déjà remarqué la manière franciscaine de la Bénédictine 
de s'élever à Dieu par le spectacle de la création. 

Eusese CLor, O. F. M.S. François et la liturgie de la chapelle 
papale, p. 353-802. — Le R. P. conclue son étude par ces trois pro- 
positions : « Saint François prit le bréviaire de la curie, pour lui et 
les siens, sans y rien changer. Fr. Haymon, ministre général, accom- 
moda les rubriques pour l’usage des Frères. Le pape Nicolas IV ren- 
dit ce bréviaire obligatoire pour le clergé universel » (p. 802). Cette 
dernière proposition est entièrement inexacte. C'est Nicolas III 
(1277-1280) qui le prescrivit aux églises de Rome; son ordre ne fut 


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256 PÉRIODIQUES 


pas d’ailleurs complètement exécuté, puisque Grégoire XI (1370- 
1378) dut l’imposer de nouveau au chapitre de Saint-Jean de Latran. 
(Cf. Baümer, Hist. du bréviaire, Paris, 1905, II, 24). Il faudra atten- 
dre la seconde moitié du xvie siècle, pour que saint Pie V le rende 
obligatoire à l’Église latine, là où les bréviaires particuliers ne jus- 
tifiaient pas de 200 ans d’existence. — Impossible d'analyser ce tra- 
vail confus, où tant d’inexactitudes se mêlent à d'excellentes choses. 

A. G. Lirrce. The Franciscan School at Oxford in the Thirteenth 
Century, p. 803-874. — Remarquable étude où M. L. traite : 1° de 
l’origine de l'école franciscaine d'Oxford et de son importance dans 
la province d’Angleterre et dans l'Ordre des Frères Mineurs au 
xt siècle ; 2° des relations de cette école avec l’université d'Oxford, 
car les Frères prenaient les grades dans les facultés de théologie et 
de droit canonique; 3° de la succession des lecteurs, ou maîtres, 
auxquels il consacre des notices détaillées ; 4° de ceux qui ont 
enseigné dans cette école comme bacheliers. 

EPHREM LONGPRÉ, O.F. M. Fr. Thomas d’York, O. F. M. La pre- 
mière Somme métaphysique du x siècle, p. 875-930. — Thomas 
d’York était déjà en contact avec la Metaphysique d’Aristote en 1245. 
Son Sapientiale, ou Somme philosophique, connu par trois mss., 
deux du Vatican et un de la Bibl. nat. de Florence, comprend 
208 chapitres. L’ouvrage n’est aucunement un commentaire de la 
Métaphysique d’Aristote, mais une somme embrassant les matières 
philosophiques agitées au xine siècle. Le contenu est distribué 
d’après un plan bien raisonné, qui synthétise les recherches autour 
de Dieu et du créé, de la métaphysique générale et de la métaphy- 
sique spéciale, mais qui n’est point original de itout point, car son 
auteur s’est visiblement inspiré, au livre IIT et V, de la Philosophie 
d’Algazel. L'œuvre de Th. d’York est d’une importance considérable 
pour l’histoire de la pensée médiévale. Sa signification lui vient 
d’abord du fait que le Sapientiale constitue « le premier essai de 
systématisation métaphysique que le xui° siècle ait produit », et que 
cette synthèse a été précisément élaborée par un représentant, non 
du péripatétisme, mais de l’augustinisme authentique. 

MicEL Bine, O. F. M. De quodam elencho Assisano testium ocula- 
torum S. Francisci stigmatum, p. 931-936. — Il s’agit d’une simple 
feuille de parchemin, de la première moitié du xin siècle, conservée 
à la bibl. mun. d’Assise, où un scribe a consigné les noms des té- 
moins qui ont vu les stigmates de saint François, les uns pendant sa 
vie, les autres après sa mort. Une reproduction photographique en 
est donnée à la fin du volume, pl. XXXII. 

B. Bucuerri, O. F. M. Di un presunto nuovo ritratto di S. Fran- 
cesco, p. 936-939. — Au côté droit de la chapelle de Saint-Grégoire, 
dans l'église bénédictine de Subiaco, se trouve le portrait bien 
connu de saint François tenant en main le Pax huic domui. Au côté 
gauche, dans la scène de la consécration de l’église par le cardinal 
Hugolin, peinte vers 1228-1229, on voit la tête d'un autre person- 


PÉRIODIQUES 20 


nage coiflée d’un capuce, absolument en tout semblable à celui de 
saint François. On en a tiré la conséquence récemment que nous 
étions en présence d’un nouveau portrait de l’Assisiate, plus ancien, 
car le premier aurait été retouché à la face en 1855. Le R. P. con- 
clut : 1° la figure de saint François authentique de Subiaco est celle 
que le peintre a prêtée à tous ses personnages au moins ecclésias- 
tiques ; 2° son capuce est le capuce monacal ou bénédictin de son 
temps et de son art; 3° il n'y a aucune raison historique ni artistique 
qui nous induise à appeler un autre saint François le personnage de 
la scène de la consécration, et c’est la raison morale qui nous porte 
à voir en lui un moine de Subiaco et probablement l’abbé du monas- 
tère. Cf. à l’appendice, pl. XXXI. 

Inem. La Tavola di Santa Chiara nella sua basilica d'Assisi, p. 939- 
945. — C'est un tableau sur bois, imitant un tryptique, dont la par- 
tie centrale encadre l’image en pied de sainte Claire, et les deux 
faux volets renferment huit scènes de sa vie. A. Venturi, l’historien 
de l'art italien, attribue l'œuvre à un peintre du xvre siècle qui aurait 
copié le tryptique primitif. D’après le P. B., le tableau actuel serait 
lui-même l'original de la fin du xure siècle (1283), mais au xvu®s., un 
artiste aurait retouché le portrait central, sans toucher aux scènes 
latérales, et aurait encore remplacé par des lettres romaines l’ins- 
cription gothique, peut-être endommagée, qui se lisait aux pieds de 
la sainte. Cf. la reproduction à l’appendice, pl. XXVI-XXVIII. 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


Het Boek. — La Haye, M. Nijhoff. In-8°, 1927, p. 49-74. 
M. E. KRONENBERG. Tweede aanvulling op de nederlandsche biblio- 
graphie van 1500-1540. 


Nous relevons les titres suivants : 


BONAvVENTURA (s.). Boeck van die vier oefeninghen (soliloquium). 
Antwerpen, Adr. van Berghen, 1507, in-8°. — Cat. Six van Vro- 
made (Nov. 1925), 36. 

Calendarium perpetuum cum rubricis secundum usum Fratrum 
Minorum et Sororum S. Clarae provinciae Coloniae. [Antwerpen, 
Mich. Hillen van Hoschstraten?, 1528) in-8°. — Gand, Bibl. univ. 

Privilegia Fratrum et Sororum tercii ordinis S. Francisci de Peni- 
tencia nuncupati. Amsterdam en Den Hem, bÿ Schoonhoven, fr. 
Heynricus de Oudewater, 1512, in-4°. — Zutphen, Gemeente-Ar- 
chief. 

Regula Fratrum Minorum cum testamento S. Francisci… Ant- 
werpen, Henr. Peetersen van Middelburch, 1529, in-16. — London, 
the British Museum. 

Statuta generalia Fratrum Minorum regularis observantie... 
Brugge, Hubertus de Croock, 20 oct. 1524,in-4°. — Bruges, Bibl. 
municipale. 


RevuEz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 17 


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258 PÉRIODIQUES 


Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, 20° année, 1925, p. 29-32. 


LÉON GERMAIN DE Maivy, Épitaphe de Mahaut des Armoises, 
abbesse des Clarisses de Neufchâteau (1602). 


M. Léon Germain de Maidy publie l’épitaphe gravée sur la pierre 
tombale de Mahaut des Armoises, abbesse des Clarisses de Neufchä- 
teau. Cette pierre, aujourd’hui disparue, servait, quelques années 
avant la guerre encore, de margelle au puits d’un jardinier de Neuf- 
château. Elle vint échouer là après que l’église des Clarisses fut 
détruite pendant la Révolution. L’épitaphe est ainsi conçue : « Cy 
gist honorée dame religieuse Mahault des Armoises en son vivant 
mère abbesse de ce couvent qu’elle a gouverné pendant l'espace de 
six ans et cinq mois en vertueuse et religieuse observance de la 
sainte religion, rendit son âme à Dieu le 23 octobre 1602. Priez Dieu 
pour elle ». | 

M. Germain de Maidy n’a pas retrouvé le nom de cette Mahaut 
des Armoises dans la médiocre généalogie de la famille des Armoises 
donnée par Dom Calmet. Peut-être Mahaut faisait-elle partie de la 
branche d’Autrey. Chose curieuse, M. Germain de Maidy n’a pas 
consulté le fonds des Clarisses de Neufchâteau conservé aux archives 
des Vosges. Il aurait pu y découvrir quelques renseignements sur 
cette abbesse qui ne lui est connue que par sa pierre tombale. 

F. Manor. 


Le Moyen äge. Fasc. janvier-avril 1927. 


Marcel Gouron. Aliénor de Castille en Guienne (1286-1289). 


P. 27. « Au sens du faste et au soin des affaires qu’eut déjà Aliénor 
d'Aquitaine, elle joignait la dévotion ardente de Blanche de Castille. 
Les Franciscains établissaient leurs maisons un peu partout, dans le 
Sud-Ouest depuis près de soixante ans et jamais l'enthousiasme que 
soulevait la doctrine du Poverello n'avait été aussi grand... Aussi, ne 
pouvant suivre Édouard [Ie d’Angleterre] qui circulait sans cesse, 
elle préférait s'arrêter dans la paix des pauvres monastères béarnais 
à Luc, à Morlas,au pont d’Orthez, à Oloron. Un peu de méfiance se 
glissait alors dans la politique royale (n. 28) à l'égard des riches 
abbayes bénédictines, probablement en secret sympathiques à la 
cause française. Aliénor s’employa à supprimer toute discorde entre 
les Frères Mineurs et les Bénédictins, mais en favorisant les premiers. 
Ainsi fit-elle à Saint-Sever ». (« Mediante excellentissima domina 
Alienora, regina Anglie, domina Hibernie et ducissa Aquitanie »… 
Arch. dép. des Landes, H2. — Cf. Decerr, Histoire des évêques 
d’Aire, p. 85.) 


PÉRIODIQUES 259 


Philosophisches Jahrbuch der Gôrres-Gesellschaft. — Fulda, in-8e. 
39. Bd. 2 Heft, 1926, P. 172-178. 


Franz PeLsTER, S. J. Die Herkunft des Richard de Mediavilla. L'au- 
teur étudie de nouveau la nationalité de Richard, que deux nouvelles 
graphies de son nom remettent en question. D’un côté le ms. 144 
d'Assise, fol. 143r0 porte la mention : Explicit tertium quodlibet 
fratris Ricardi de Menevile de Ordine Fratrum Minorum; d'autre 
part l’auteur a découvert dans le ms. 139 (L. 1-10) de Merton col- 
lege, à Oxford, fol. 162r0 le passage suivant : Tria quodlibet fratris 
R{icardi] de Mediavilla. Ce nom de Meneville est donné dans les 
Rolls series à plusieurs personnages anglais des xni* et xive siècles : 
Robert de Meynevill (ailleurs Menevill), nommé en 1266, 1268, 
1272 et 1282 : Adam de Menevill, 1306-1307; William de Menevill, 
1371, ce qui fait supposer qu’une famille portait ce nom et que 
Richard aurait appartenu à cette famille. Le P. Pelster aurait pu 
signaler que d’après le Dictionnaire des Postes il existe en France 
deux localités du nom de Menneville, l’une dans l’Aisne, arr. de 
Laon, cant. de Neufchâtel, l’autre dans le Pas-de-Calais, arr. de 
Boulogne-sur-Mer, cant. de Desvres. Il paraît très vraisemblable 
qu'un des compagnons de Guillaume le Conquérant ait été originaire 
de cette dernière localité et ait fait souche dans le Northumberland. 

H. L. 


La Semaine religieuse du diocèse de Verdun, 1925. P. 206-209. 


A. Leuoy. Les Capucins d'Étain à la fin du xvii® siècle. (Fondé 
en 1635, visité par Louis XIV en 1677, le couvent d’Etain fut fermé 
2n 1792. Notice sommaire et incomplète). 


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CHRONIQUE 


Notre collaborateur M.-J. FERRÉ a donné le lundi à cinq 
heures et quart une série de conférences à l'Institut catho- 
lique sur La Spiritualité de sainte Angèle de Foligno. 


re lecon. — 2 mai 1927. La physionomie de sainte 
Angèle. 

2° leçon. — 9 mai 1927. Le trésor de l'amour. 

3° leçon. — 18 mai 1027. Les affres de l'incertitude. 

4° lecon. — 23 mai 1027. L'erreur éducatrice. 

5° lecon. — 30 mai 1927. Directeur et dirigée. 


6° lecon. — 13 juin 1927. La liberté des enfants de Dieu. 


CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES 
TENU A LA SORBONNE 


Séance du 19 avril 1927. 


M. E. HourTx, membre de la Société historique et 
archéologique de Pontoise et du Vexin, analyse une étude 
sur les couvents de l'Ordre de Saint-François, de 1230 à 
1792, ayant existé sur le territoire formant aujourd’hui le 
département de Seine-et-Oise. Aucun ne remonte au temps 
de saint François. M. Houth signale les dates et circons- 
tances de la fondation des couvents des Cordeliers, des 
Capucins, des Récollets et du Tiers-Ordre. 

A propos de cette communication, M. LesorT attire 
l'attention sur les rapports des Récollets de Saint-Ger- 
main avec le Canada et signale le profit qu’on peut tirer 
de la consultation des registres paroissiaux pour l’histoire 
des maisons de l'Ordre de Saint-François. M. Lorin 
donne des informations sur le couvent de Montfort- 
l’'Amaury et son rôle dans l’enseignement des pages à 
Versailles. | 

(Journal officiel du 20 avril 1927, p. 4391). 


CHRONIQUE 261 


A PROPOS DE GAUTIER DE BRUGES 


Le R. P. Callebaut veut bien nous avertir d’une erreur 
de date que Rédet aurait commise dans sa publication du 
Grand Gautier et qui nous aurait fait invoquer à deux 
époques différentes de l'épiscopat de Gautier de Bruges à 
Poitiers le même acte pour en tirer, au moins la première 
fois, des conséquences un peu trop étendues. Le texte du 
Grand Gautier établi par Rédet (Archives historiques du 
Poitou, t. X, p. 62), présente, selon notre correspondant, 
une bulle du pape Nicolas IV comme édictée par Nico- 
las III. Or la bulle, adressée à Gautier par Nicolas IV le 
g mars 1289, se réfère au démêlé de l’évêque de Poitiers 
avec Geoffroi de Valée et le Parlement de Philippe le Bel; 
elle ne le précède pas. Nous l’avions trouvée à sa date 
dans les archives ecclésiastiques de la Vienne ; l'identité 
de son texte avec l'acte transcrit par Rédet nous avait 
échappé. Si la seule bulle autorisant Gautier à user de 
l'arme de l'excommunication contre les officiers royaux 
émane de Nicolas IV en 1289, on ne doit pas attribuer, 
comme nous étions tenté de le faire, une intention agres- 
sive a priori à la Papauté contre l’administration du roi 
de France. Mais si, dès son origine, la querelle circons- 
crite au diocèse de Poitiers n’a pas eu le caractère d’hos- 
tilité entre la puissance temporelle et la puissance spiri- 
tuelle, elle l’a pris dans son développement et la démarche 
collective des suffragants de Bordeaux, faite le 29 oc- 
tobre 1281, prouve que les autorités ecclésiastiques étaient 
tout au moins sur la défensive à l'égard du pouvoir royal, 
même avant que Philippe le Bel en exagérât les droits 
et prétentions. Nicolas IV d’ailleurs n'engage-t-il pas en 
1289 l’évèque de Poitiers à sévir contre les officiers royaux 
« nonobstant quelque privilège, lettre ou licence accordée 
par Philippe, illustre roi de France, ou ses prédécesseurs ». 


H. GaAiLLaARD. 


262 CHRONIQUE 


LETTRES D'INDULGENCE 


Dans le t. III (p. 648) de cette Revue, j'ai signalé un 
certain nombre de bulles d'indulgence collectives, publiées 
par le R. P. Hippolyte DELEHAYE dans les Analecta bollan- 
diana (t. XLIV, 3°-4° fasc.). Dans le fasc. 1-2 du t. XLV, 
le P. Delehaye fait paraître un regeste des bulles d'indui- 
gence du x siècle. Nous y relevons les indications sui- 
vantes : 1286, avril 15. Aquilée. Le patriarche Raymond 
confirme les indulgences accordées par III évêques à l'église 
des Frères Mineurs de Cindale (Archir für Kunde üster- 
reichischer Geschichtsquellen, XXIV, 450, n. 516). 

1289. Rome. Indulgence accordée par III évêques à 
l'église Saint-Sauveur des Clarisses de San-Severino, dio- 
cèse de Camerino. (FaLoci-PuziGNant, Miscellanea fran- 
cescana, XI, 109). 

1289. Rome. Indulgence accordée par XI évêques à la 
même église (Zbid.). 

1298. Rome. Indulgence accordée par XXIV évêques à 
l'église Saint-François d’Ascoli. (A. F. Marraarus, Sar- 
dinia sacra, 289). 

1299. Anagni. Indulgence accordée par XII évêques au 
monastère de Sainte-Claire de Gand. (Cf. Rev. hist. 
francisc., t. III, p. 648). 

H. L. 


Dans une circulaire adressée aux religieux de sa pro- 
vince, en date du 11 février 1927, le R. P. Godefroy 
Decamps, ministre d'Aquitaine, après avoir annoncé la 
nouvelle collection d’études franciscaines, sous le titre de 
Franciscus docens, s'exprime ainsi : « ...nous n'avons 
pas voulu fonder une revue nouvelle : celles qui paraissent 
sont assez nombreuses. Cependant nous sommes assurés 
de la sympathie de l'éminent Directeur de la Revue d'His- 
toire franciscaine et, par lui, du concours effect de ses 
collaborateurs religieux, prêtres séculiers, universitaires 
auxquels s’adjoindront ceux que nous pourrons susciter 
par nos relations personnelles. 


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« Administrée par le R. P. Félix LanDeLe, la Collection AL 
d'études franciscaines aura pour conseillers techniques | del 
des spécialistes pris dans nos diverses provinces, déjà bien 
connus pour leur compétence et leurs travaux : les 4 LE IN 
R R. PP. DéonarT pe Bascy, Ferdinand DELORME, Séra- | 

phin BELMoNrT, Ignace FREUDENREICH. 

« Le premier ouvrage qui paraitra est dû à la plume du L: DFI 
ER. P. Acxizee LÉoN, O. F. M., de la province de Saint- fl ER ER ! 
Denys. Il aura pour titre: Les Franciscains... Œuvre de | 
vulgarisation, sans doute, mais qui, débarrassée de toute 
su rcharge d'érudition, tiendra compte des récents travaux 
de la critique. 

« Avant longtemps, une part active nous sera faite dans 
ladite collection. Grâce à Dieu nous avons toujours eu des ose: [ 
religieux qui ont fait bonne figure dans les travaux de l'es- | 
Prit. Il nous sera possible de produire davantage, si cer- LEE POP 

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taines activités consentent à faire.l’effort nécessaire pour SE dt: 
Se livrer à l’apostolat de la plume par le livre ou les articles | EH 
de revue. En ce qui me concerne, je suis entièrement dis- 
POSé à favoriser toute bonne volonté qui se manifestera 
dans ce sens. 

« A l’heure actuelle, six de nos jeunes prêtres s’appli- 
IuUent courageusement aux Études supérieures dans les 
Diversités de Rome, Fribourg et Toulouse. Et, s’il plaît 
: Dieu, l'année ne s’achèvera pas que nous ne comptions à 

SUXx ou trois docteurs en théologie. Ce seront les pre- | 
a Sd qui, formés par nos soins, aient, depuis la Révo- 
Ution française, conquis ces grades académiques. ». 


ects due À 
e — 


LA BIENHEUREUSE BÉATRIX DE SILVA 


Le 28 juillet 1926, S. S. Pie XI a confirmé le culte 
Tendu à une Franciscaine du xv° siècle, sur les instances | | 
de S . M. le roi Alphonse XIII et d'une grande partie de 
Ù Ég lise d'Espagne. Nous donnons le résumé de la vie de 
à mouvelle Bienheureuse, d’après le décret de confir- 
Mation. 


Béatrix de Silva, fille de Rui Gomez de Silva et d’Élisabeth de 


264 | CHRONIQUE 


Meneses, naquit en Portugal l’an 1424. Elle était sœur du Bx Amédée 
de Silva, fondateur d’une congrégation réformée de Franciscains, et 
nièce de l’infante Isabelle de Portugal, femme de Jean IT, roi de Cas- 
tille, qui l’admit parmi ses demoiselles d'honneur. Belle, vertueuse 
et aimable, elle fut demandée en mariage par plusieurs puissants 
princes qui se battirent entre eux dans la fureur de leur jalousie. La 
reine s’en émut, l'accusa bien à tort de légèreté et d'impudence, et la 
fit enfermer pendant trois ans dans un réduit où la nourriture et la 
boisson lui étaient strictement mesurées. Béatrix souffrit tout cou- 
rageusement et se recommanda à la Vierge qui la consola aussitôt. 
Sortie de sa prison, elle dit adieu au monde et fait le vœu de chas- 
teté perpétuelle. Un peu après, elle sort furtivement de Tordesillas 
pour se rendre à Tolède. On raconte que dans ce voyage saint 
François et saint Antoine lui apparurent, la réconfortèrent et lui 
prédirent qu’elle serait la mère spirituelle d'un grand nombre de 
vierges. Arrivée à Tolède avec ses deux suivantes, elle est reçue au 
monastère des Cisterciennes de San Domingo où elle passe environ 
quarante ans, dans leur familiarité, en suivant saintement leur vie, 
bien qu'en habit séculier. Entre temps, comme elle était très dévote 
au mystère de l'Immaculée Conception de Notre-Dame, elle pensait 
à fonder un Ordre religieux sous ce titre. La reine Isabelle la 
Catholique approuva son dessein et lui aida à le réaliser en lui don- 
nant son palais de Galiana et l’église annexe de Santa-Fé. En 1484 
Béatrix se rendait avec douze jeunes filles dans le nouveau monass- 
tère. Ainsi commença l'Ordre des Conceptionistes. Sur les ins- 
tances de la reine Isabelle, la règle composée par la fondatrice fut 
approuvée par le pape Innocent VIII en 1489. On dit que la bulle 
d'approbation perdue en mer pendant une tempête, fut retrouvée 
par Beatrix dans un écrin, sur la révélation d’un ange. L’arche- 
vêque de Tolède, entouré de son clergé et de la foule, l’aurait solen- 
nellement portée au monastère, au milieu de la joie débordante des 
assistants, en invitant les fidèles à assister à la profession prochaine 
des jeunes novices. Un an après, alors que la fondatrice se prépa- 
rait à prendre l’habit de son Ordre, la Vierge l’avertit de l’immi- 
nence de sa mort et de l'accroissement de son institut après des 
troubles passagers. Elle appela son confesseur, un Franciscain, qui 
lui administra les sacrements, la revêtit de la tunique blanche et du 
manteau bleu des Conceptionistes, comme la Vierge le lui avait 
montré en vision. Après avoir prononcé ses vœux, elle mourut le 
16 août 1490, à l'âge de soixante ans. On raconte qu’au même 
moment une brillante étoile d’or vint se reposer sur son front, et que 
la bienheureuse, ainsi qu'elle l'avait promis, apparut au Père Jean 
de Tolosa, ministre de la province franciscaine de Castille. Celui-ci, 
pour accomplir les ordres de la « très douce mère », se rendit à 
Tolède, raconta l'apparition aux religieuses de la Conception, les 
consola et les exhorta à la persévérance. 
Le corps de Béatrix fut enterré avec grande solennité et concours 


CHRONIQUE 265 


de peuple dans l’église de Santa-Fé, dénommée peu après du titre 
de la Très Sainte Conception. Pour des causes diverses, la sainte 
dépouille fut transférée dans le monastère des Sœurs de la Mère de 
Dieu, où elle demeura douze ans, en attendant que fût résolue la 
controverse élevée entre Dominicains et Franciscains sur le droit de 
la posséder. Le pape s'étant prononcé en faveur des Frères Mineurs, 
on rapporta le corps à l'église des Conceptionistes, le 27 oc- 
tobre 1511, veille des SS. Simon et Jude. 


— M. Joseph CuveuiEer, archiviste général du royaume 
de Belgique, vient de publier récemment les Travaux du 
cours pratique d'archivéconomie donné pendant les années 
1920-1925 (Bruxelles, impr. de Stevens frères, 1926, 
in-8°, xr-232 p.). Nous y avons relevé un certain nombre 
de mentions qu'il importe de signaler ici. Nous les repro- 
duisons dans l’ordre où elles figurent dans le volume. 


Inventaire des archives de la Jointe des amortissements, par 
PI. Lerëvre. Couvents : 


276. Germanie inférieure, provincial des Récollets (4 déc. 1754). 
277. Louvain. Annonciades (7 juillet 1755). 

278. Meerle. Capucins (7 juillet 1755). 

279. Bruxelles. Récollets (15 juillet 1755). 

289. Anvers. Annonciades (9 août 1755). 

293. Aerschot. Cordeliers (21 août 1755). 

302. Tirlemont. Sœurs grises (12 sept. 1755). 

305. Hoogstraeten. Pauvres Claires (25 sept. 1755). 

313. Anvers. Religieuses tertiaires de Saint-François (24 oct. 1755). 
333. Baerle-Duc. Item (24 février 1756). 

335. Arendonck. Item (24 février 1756). 

350. Anvers. Sœurs grises (29 oct. 1757). 

382. Léau. Religieuses hospitalières (22 oct. 1755). 

625. Bruges. Annonciades (13 juillet 1755). 

620. Velsique-Ruddershove. Sœurs grises (15 juillet 1755). 
627. Dixmude. Pénitentes récollettines (15 juillet 1755). 
629. Nieuport. Item (15 juillet 1755). 

630. Bruges. Urbanistes {15 juillet 1755). 

635. Bruges. Sœurs grises (26 juillet 1755). 

639. Gand. Urbanistes, Pénitentes tertiaires (17 août 1755). 
644. Ostende. Conceptionistes (18 sept. 1755). 

645. Courtrai. Pénitentes capucines (109 sept. 1755). 

653. Comines. Sœurs grises (21 sept. 1755). 

654. Alost, Annonciades (21 nov. 1755). 


266 "| CHRONIQUE 


679. Ninove. Hospitalières (2 sept. 1755). 

724. Ruremonde. Récollets (y août 1755). 

725. Ruremonde. Pénitentes (20 août 1755). 

831, 845 et 850. Ath, Pénitentes capucines (19 juillet, 2 oct. 1755 
et 24 février 1756). 

838. Flobecq. Tertiaires de Saint-François (18 sept. 1755). 

840. Frasnes-lez-Buissenal. Item (24 sept. 1755). 

842 et 852. Lessines. Sœurs noires (30 sept. 1755 et 20 mai 1756). 

844. Leuze. Maîtresses dela Charité de St-François (1°" oct. 1755). 

847. Hautrage, Sœurs grises de Saint-François (17 oct. 1755). 

848. Mons. Item (18 oct. 1755). 

859. Blicquy. Hospitalières (19 sept. 1755). 

862. Condé. Item (27 oct. 1755). 

865. Soignies. Item (2 août 1756). 

867. Mons. Hôpital de l'Enfant Jésus (28 mars 1757). 

884. Néau. Capucins (24 février 1756). 

900. Durbuy. Récolettines. 

930. Malines. Récollets (26 juillet 1756). 

955. Fleurus. Récollets. — Charleroi, Capucins. 

998. Fosses. Hospitalières (rer oct. 1755). 

1040. Courtrai. Sœurs grises (15 sept. 1755). 

1051. Bruges. Annonciades (21 janv. 1753). 

1081. Bruxelles. Pauvres Claires (15 oct. 1755). 

1109. Gand. Legs en faveur des Annonciades (5 avril 1760). 
1126. Brabant. Éconduction pour demande d’exemption faite par 
le provincial des Récollets (23 déc. 1753). 

1127. Fleurus et Nivelles. Éconduction pour demande de validité 
de legs et donations aux Récollets (1° février 1754). 

r131. Bruxelles. Econduction pour demande d’amortissement en 
faveur des Capucins (24 sept. 1754). NN 

1142. Iseghem. Éconduction pour acquisition nouvelle faite par les 
Sœurs grises (20 sept. 1755). 

1149. Chièvres. Éconduction pour demande de retrait contre les 
Sœurs grises (21 août 1756). 

1154. Fosses. Econduction pour demande d'amortissement faite 
par les Hospitalières (31 juillet 1754). 


Inventaire des archives 'du Comité de la caisse de religion, Pa 
MM. A: Cosemans et J. LAVALLEYE. 


173. Alost. Annonciades. 

174. Anvers. Annonciades, Capucines. 

175. Anvers. Tertiaires de Saint-François à Luythaegen. 
176. Anvers. Pauvres Claires. 

178. Anvers. Urbanistes. 

179. Ath. Capucines. 

180. Audenarde, Pauvres Claires, Pénitentes récollectines. 


CHRONIQUE 267 


182. Baerle-Duc. Tertiaires de Saint-François, Mont Ste-Cathe- 
rine. 

184. Binche. Récollectines. 

185. Bruges. Annonciades, Capucines, Pauvres Claires, Péni- 
tentes, Récollectines, Sœurs grises, Urbanistes. 

186. Bruxelles. Annonciades. 

187. Bruxelles. Capucines. 

190. Bruxelles. Pauvres Claires. 

191. Bruxelles. Urbanistes. 

192. Courtrai. Capucines. 

194. Enghien. Conceptionistes. 

197. Gand. Capucines, Conceptionistes, Pauvres Claires, Péni- 
tentes, Urbanistes. 

205. Hoogstraeten. Pauvres Claires. 

212. Louvain. Annonciades. 

215. Louvain. Urbanistes. 

221. Mons. Annonciades, Capucines. 

223. Mons. Pauvres Claires. 

224. Mons. Pénitentes. 

225. Namur. Annonciades et Annonciades célestes. 

226. Nevele. Pénitentes. 

227. Nieuport. Annonciades, Pénitentes récollectines. 

228. Nivelles. Annonciades. 

231. Peteghem. Urbanistes. 

232. Poperinghe. Pénitentes. | 

234. Ruremonde. Tertiaires de Saint-François, Gods Weert. 

235. Ruremonde. Pauvres Claires, Récollectines. 

239. Tirlemont. Annonciades. 

244. Tournai. Pauvres Claires. 

251. Ypres. Capucins, Urbanistes. 


ARCHIVES DES COUVENTS. 


316. Anvers. Annonciades. | 

311. Anvers. Tertiaires de Saint-François à Luythaegen. 

324. Anvers. Pauvres Claires. 

328. Anvers. Urbanistes. 

329. Ath. Capucines. 

331. Ath. Pauvres Claires. 

343. Audenarde. Tertiaires de Saint-François, Mont- Se Cathe- 
rine. 

346. Binche. Récollectines. 

347. Bruges. Annonciades. 

349. Bruges. Capucines. 

358. Bruges. Pauvres Claires. 

359. Bruges. Récollectines. 

361. Bruges. Sœurs grises. 


268 CHRONIQUE 


362. Bruges. Urbanistes. 
363.Bruxelles. Annonciades. 
300-367. Bruxelles. Capucines. 
376. Bruxelles. Pauvres Claires. 
380-381. Bruxelles. Urbanistes. 
382. Courtrai. Capucines. 

384. Echternach. Urbanistes 
386. Furnes. Pénitentes. 

387. Gand. Annonciades. 

388. Gand. Capucines. | 

392. Gand. Conceptionistes. 

397. Gand. Pauvres Claires. 

398. Gand. Pénitentes de Saint-Jacques 
402-404. Gand. Urbanistes. 

416. Hoogstraeten. Urbanistes. 
426-427. Louvain. Annonciades. 
434. Louvain. Urbanistes. 
436-437. Luxembourg. Urbanistes 
445. Malines. Pauvres Claires. 
448. Malines. Urbanistes. 
450-451. Mons. Annonciades. 
453. Mons. Pauvres Claires. 

454. Mons. Pénitentes. 

455. Namur. Annonciades. 

403. Nevele. Pénitentes. 

464-405. Nieuport. Annonciades. 
467. Nivelles. Annonciades. 
478-479. Peteghem. Urbanistes. 
488. Ruremonde. Tertiaires de Saint-François, Gods Weert 
490. Ruremonde. Pauvres Claires. 
491. Ruremonde. Récollectines. 
499. Tournai. Annonciades. 

505. Tournai. Pauvres Claires. 
514. Ypres. Capucines. 

510. Ypres. Pauvres Claires. 


La seconde partie du Catalogue de la Bibliothèque de 
feu M. Hector De Backer, président de la Société des 
bibliophiles et iconophiles de Belgique, que vient de publier 
avec un luxueux album de planches M. L. GirauD-BaDIN 
(Paris, 1927, 2 vol. gr. in-8°) contient diverses mentions 
que nous Jugeons utile de reproduire : 


CHRONIQUE 269 


2627. ANTIPHONARIUM. — In-32 de 1 et 215 ff., ais de 
bois recouverts de velours rouge, fermoirs (rel. anc.). 


Manuscrit sur vélin du xive siècle, orné d’une miniature placée en 
frontispice. Cette miniature, de style byzantin, à fond d’or uni 
représente saint Antoine de Padoue et saint François d'Assise. Dans 
le vol. toutes les initiales sont décorées d'ornements filiformes 
bleus et rouges. Hauteur 65 mm. 


2687. [MICHAEL DE CARCHANO. SERMONES QUADRAGESI- 
MALES de decem praeceptis]. (Fol. 1) : Quadragesimale seu 
sermonarium duljplicatum scilicet per adventum et qua- 
dragejsimam de penitentia et ejus partibus, editum || a 
venerabili viro fratre Michaele de Mediolano, Ordinis 
Minorum Observantium. Prologus. || In fine : Impressum 
optimaque || castigatione emendatum, cura et impensis 
Nicholai Franckfort, 3 idus decembris, annolf]salutis 1487 ; 
Venetiis. || Laus Deo. — In-4°, 2 ff. lim. n. ch., 221 ff. 
ch. et 1 fol. blanc à 2 de 49-50 lignes, ais de bois recou- 
verts de peau de truie estampée à froid, le premier plat 
couvert d’une sorte de fleur de lis florentine répétée 42 fois, 
encadrement gothique; le second plat est semé de fers 
divers, restes de fermoirs (Rel. du xv° s.). 


Hain-Copinger, 4506. — Proctor, 4805. — Pellechet,.3290. — 
Cat. of the Brit. Museum, t. V, p. 336. — Initiales rubriquées ; 
l'exemplaire porte à l’intérieur l’ex-libris du couvent des Frères 
Mineurs de Lucerne ; provient de la bibliothèque Wassermann (cat. 
D° 1014). 


. 


2697. (€ RicHarpus be MEpiaviLLa, Ordinis divi Fran- 
cisci, sacre theologie professoris perspicacissimi, in Quar- 
tum Sententiarum theologicarum Petri Lombardi, Parrhi- 
siensis episcopi, opus preclarissimum apprime divini 
Verbi seminatoribus scelerumque auditoribus et denique 
cuilibet ecclesiastico viro utile ac necessarium cui plura 
in margine recenter adjecta sunt insuper et index tertius 
questionum titulos complectens. (In fine :) .….Anno salu- 
tis humane 1517, die vero 21 mensis novembris. — [Lyon] 
In-4°, ais de bois recouverts de veau fauve estampé de 
losanges à froid enfermant des trèfles, des aigles et des 
fleurs de lis florentines, restes de fermoir (rel. anc.). — Le 


he cmt om _ 
——— 


270 CHRONIQUE 


titre porte la marque de Simon Vincent, libraire à Lyon. 
Ex., dans une reliure belge du début du xvi* siècle, pro- 
venant du monastère bénédictin de Stavelot, dont la 
bibliothèque a été vendue en 1847. 

2724. HISTORIE VAN B. CORNELIS ADRIAENSEN van Dor- 
drecht, || Minrebroeder binnen die stadt van Brugghe, in 
de welcke warachtelick verhaelt wert || de Discipline en de 
secrete penitencie of geesselinghe f die hij ghebruycte 
met zijn devotarigen, de welcke veroorsaect hebben zeer 
veel wonderlicke sermoenen || die hij te Brugge gepredict 
heeft || teghen den Magistraet aldaer||ende teghen die vier 
Leden des lants van Vlaenderen : Item tegen het verga- 
deren van de Generale Staten || ende tegen die tsamen 
gheconfederier de edellieden, met noch veel andere gruwe- 
licke blasphemien teghen Godt ende de natuere : Oock 
veel bloetdorstighe sermoenen tegen de calvinisten,||luthe- 
rianen en doopers vol leelicke leugenen ende abominabile 
woorden : Inhoudende ooc twe vermaen brieven van Ste- 
phanus Lindius an denselven B. Cornelis in latine geson- 
den || ende nu overgheset in Nederlants : Met noch som- 
mighe pasquillen ende refereynen tusschen de sermoenen 
begrepen.— (S. 1.) ghedruct in’t jaer 1569, pet. in-8°, car. 
goth., 4 ff. lim. n. ch., 236 ff. ch, 36-271 et 1 ff. n. ch., rel. 
vélin à recouvrements (rel. anc.). 


Cet ex. passe pour le seul ex. connu de la 1re éd. de ces sermons 
curieux qu'aucun bibliographe n'a décrit. Les auteurs de ces ser- 
mons, imprimés sous le nom de fr. Corneille ADbRIAENSEN sont 
Hubert GoLTzius et surtout Jean DE CASTEELE ou CASTELIUS, curé de 
Saint-Jacques à Bruges, caché sous le pseudonyme de Stephanus 
Linoius. Le nom de Christianus NEUTER se lit en tête de la préface 
comme éditeur du livre. On conçoit que c’est un pseudonyme 
(neuter — aucun des deux). Le vol. ne porte pas d’indication de lieu 
d'impression; il est fort probable qu’il a été imprimé à Norwich en 
Angleterre, comme le second livre des Sermons de Cornelis Adriaen- 
sen. Sur le fol. de garde se lit une note manuscrite du xvie s. : John 
Symonds de Jarmouth en Engleterre, escrites a la mer, Dieu nous 
donne bien à arriver à Hamborgh. Provient de la bibl. A. Willems. 


3038. [Vina DE SANTA Rosa DE Lima por fray Antonio 
Gonçcalez de Acuña, obispo de Caracas]. — (S. I. n. d. 
1671?) In-4°, 4 ff. lim. n. ch. 363 p. et 12 p. n. ch. 


CHRONIQUE 271 
t 


table, mar. rouge, petite dentelle, coins ornés à petits 
fers, dos orné, tr. dor. (rel. anc.). 


On connaît plusieurs éd. en différentes langues de cette vie: dans 
la Bibliotheca americana, n° 1683, Ch. Lecrerc les mentionne et 
ajoute : « L’auteur en fit seulement une traduction espagnole qui 
serait restée inédite d’après Antonio ». C’est probablement du pré- 
sent vol. qu’il entendait parler ; l’absence de privilège, la dédicace à 
un personnage dont l’auteur était chapelain, semblent indiquer que 
le livre a été tiré à très petit nombre et qu’il fut seulement distribué 
à quelques personnes. Il dut paraître en 1671 ou 1672 au moment 
de la canonisation de la sainte. La reliure porte les armes de Pierre 
d'Aragon. 

H. L. 


SOLENNITÉ EN L'HONNEUR 
DES MISSIONS FRANCISCAINES A ASSISE 
29-31 juillet 1927. 


Pour clore l’année du Centenaire, le Comité internatio- 
nal franciscain d'Assise et le Comité central catholique 
pour le 7° centenaire franciscain ont organisé à Assise à la 
fin de juillet toute une suite de cérémonies sous le patro- 
nage de l’épiscopat ombrien, des représentants des Ordres 
religieux missionnaires, autres que les Frères Mineurs, du 
Collège de la Propagande, du Collège éthiopique et des 
trois Collèges orientaux. En voici le programme : 


29 juillet. 


9 heures. Inauguration solennelle de la basilique de Sainte-Marie 
des Anges, Cérémonie religieuse selon le rit oriental. 

10 heures. 1° Conférence sur S. Francesco iniziatore dell’ aposto- 
lato missionario moderno, par le R. P. Adriano Dani, O. F. M. 

16 heures et demie. 2e Conférence sur l’Ordine francescano e la 
Propagazione della Fede fra gli infedeli, par R. P. Stefano Icnuni, 

: M. Conv. 

La Schola cantorum de la Basilique exécutera un choix de musique 
classique. 


30 juillet 


7 heures. Cérémonie religieuse pour les œuvres missionnaires 
Pontificales à l’église de S. Maria sopra Minerva à Assise. 


272 CHRONIQUE 


Messe de la communion générale et discours par le R. P. Giovanni 
ZaAFFRANI, ministre provincial du Tiers-Ordre Régulier de Saint- 
François. | 

9 heures. 3e Conférence dans la basilique de Sainte-Claire, sur 
l’Opera della Suora francescana nelle missionni par le R. P. Vittorino 
FaccuinerTri, O. F. M. 

10 heures et demie. Cérémonie religieuse selon le rit oriental à 
Sainte-Claire. 

17 heures. 4° Conférence dans la même basilique sur l’Opera mis- 
sionaria dei Francescani nel campo di beneficen;a par le R. P. Si- 
VESTRO DA VARAZZE, O. M. Carp. 

19 heures et demie. Reception à l'Hôtel de ville. Allocution du 
Podesta. 


31 juillet. 

9 heures. 5e Conférence à la basilique de Saint-François sur 7 Mis 
sionari francescani e la civiltà delle popolaziont evangelizzate par 
le R. P. Lonovico DA FossoMBRONE, O. M. Cap. - 

10 heures et demie. Cérémonie selon la rit oriental dans la meme 
basilique. 

16 heures. 6e Conférence à la cathédrale de Saint-Rufin sur la Tes- 
timonianza del sangue attraverso à sette secoli della vita missionari 
dei Francescani par le R P. Filippo GEerarot, O. M. Conv. 

19 heures et demie. Procession eucharistique de clôture, partant 
de la cathédrale et allant à le basilique de Saint-François. Ensuite 
Te Deum d'action de grâces, Tantum ergo et bénédiction du Saint- 
Sacrement. 


Pour tout renseignement au sujet du logement et de la 
nourriture s'adresser à M.le Chan. Luigi MarFori, aux 
bons soins du Comitato internazionale francescano di 
Assisi avant le 15 juillet. 

La carte du Centenaire, qu'on peut se procurer pour 
la circonstance, donnera droit à la réduction surles che- 
mins de fer. 

Une carte spéciale délivrée par les Comités organisateurs 
donne droit d'assister aux cérémonies et aux conférences. 


Le Gérant : JosePnh GAMON. 


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Le Puy-en-Velay. — Impr. La Haute-Loire. 


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VIENT DE PARAITRE 
COLLECTION DE TEXTES FRANCISCAINS 


PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION » HENRI LEMAÎTRE 


LE 


LIVRE DE L'EXPÉRIENCE 
DES VRAIS FIDÈLES 


PAR 
SAINTE ANGËÈLE DE FOLIGNO 


IEXTE LATIN PUBLIÉ D'APRÈS LE MANUSCRIT D'ASSISE 


PAR 
M.-J. FERRÉ 
TRADUIT AVEC LA COLLABORATION DE 


L. BAUDRY 


PARIS 


K.. ÉDITIONS E. DROZ 
LE 13, AVENUE FÉLIX FAURE, XV:< 


1927 


Unvolume in-16 carré de plus de 400 pages, tiré sur Alfa 
1... 40 fr. 


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TC POME : IV. No 3 
_ _ JUILLET-SEPTEMBRE 1927. / 


Les RÉCOLLETS DE Ms un (i6d6-155 2 — 273 
ORIGINE DE LA PROVINCE DES CAPUCINS 
- DE LYON, DITE DE SAINT BONAVENTURE  3o1 
La MISSION DE FRÈRE BATTISTA D'IMOLA 
EN ABYSSINIE (1482-1483).,,......... 308 
_ L'ÉGLISE ET LE COUVENT DES ANNON- 
OR A AE TT in, Poe 341 
UNE BULLE INÉDITE DE SiXTE IV (1474). 361 


MÉLANGES 


PRÉFONTAINE : Lettre de nomination de syndic du couvent des 
e Besuvais 360. — ANDRÉ Paiipre : La Mise au Sépulcre des 
tillon-sur-Scine, 371. 


COMPTES RENDUS 


it Francis of Assisi, essays in commemoration, 1374 — AÀ.-G. LiTre : 
| on the exhibition of the Brit. Miseumne 378. = V. Faccunerri : Saint 
1çoi 4 se dans l'histoire, 378, — E. ‘Mamx : Le Baiser de saint 
FRE Gizuiar-SuiTm : Saint Anthony of Padua, 385, — À. Lr- 
« : Les oisses et le diocèse de Saint-Brieuc, 386; lés Actes des 
res inserm ntés de l’ancien diocèse de Rennes, 396. — Tuomas or 
LESTO Ho of the Friars Minors to England, 397. — A. Har- 
Ne E =xamp ples of san Bernardino, 398. — E. Hutron : ‘he Francis- 
s 1n Englanc …—ÆE. H: Day : Saint Francis and the Grey Friars, 
A. F æ. s BOURDIN : The Order of nn in England,.402. — 
A us de S. Porciano, 404. — M, GRABMANN : Mittelaiterli- 
ben, 407. — V.-M. Breton : Le Christ de l'âme franciscaine, 
RRINO : Storia della provincia napoletana di S. Pietro ad 
: Hucor : Le P. Joseph Denis, 414. — Dr. K. Kuensrue : 


Elena. 
SX 
PÉRIODIQUES. 418. — CHRONIQUE, 438. 


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DIRECTEUR : Hem LEMAÎTRE 


Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d’Art. 


La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous 
les trois mois, par livraison de 152 pages environ; elle forme 
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de 
nombreux hors-texte. 

La direction, entendant ne publier que.des travaux d'érudi= 
tion, n'acceptera que des articles présentant toutes garanties à 
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute 
la responsabilité des opinions qu'ils pourraient émettre. 


RÉDACTION. — Les manuscrits, livres à rendre compte, 
revues en échange, doivent être adressés à Monsieur le Direc- 
teur de la ‘‘ Revue d'Histoire Franciscaine ”, 11, rue Gué- 
négaud, Paris-6e. 


ADMINISTRATION. — Les abonnements, réclamations, 
changements. d'adresse et renseignements divers doivent être 
adressés à la Librairie J. VRIN, 6, Place de la Sorbonne 
Paris-5°, 


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CONDITIONS. — Les abonnements sont annuels: ils se 
paient en janvier, 


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Etranger, demi-tarif postal : 70 fr.; plein tarif : 90 fr. 
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Il ne reste de la première année que quelques exemplaires 
complets, qui ne seront vendus qu'avec les añnées suivantes. 
Le prix des trois volumes est fixé à 240 fr. 

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l'année. 


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LES RÉCOLLETS DE MELUN 


(1606-1792) 


L'ancien couvent des Récollets de Melun est aujourd'hui 
l'hôpital civil. Ses bâtiments ont été généralement respec- 
tés, seuls les arrières ont été développés pour les besoins 
de la nouvelle destination ; mais lorsqu'on pénètre dans le 
cloître, on éprouve l'impression d'être dans un couvent, 
toujours habité par les religieux, car rien de profane ou de 
mondain n'est venu remplacer la modeste décoration mo- 
nastique des voûtes et des arceaux. L'église est toujours 
ouverte au culte. Rebâtie en 1761, elle n'offre aucun intérêt 
architectural, mais elle contient quelques inscriptions que 
je rapporterai tout à l’heure. | 

Les constructions se dressent sur une petite colline, ce 
qui contribue à leur donner un aspect imposant. Elles sont 
situées au faubourg Saint-Liesne, assez loin de l’ancienne 
agglomération urbaine. 

Les Récollets s’établirent à Melun en 1606 (1). Personne 
ne trouva alors qu’ils étaient de trop dans la petite ville, 
bien que, en cette même année, les Capucins, religieux 
mendiants eux aussi, y aient fondé un couvent (2). Cette 
coïncidence des deux fondations simultanées explique 
pourquoi, quelque soixante ans plus tard (3), l’on sentit de 
part et d'autre le besoin de faire un contrat ayant pour 
objet la préséance à observer dans toutes les processions 
générales qui avaient lieu dans la ville. 

Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, qui gouverna 


(1) GazzæmanT, Provincia S. Dionysii Fratrum Minorum Recollectorum 
im Gallia, p. 136 ss. — H. Le Fesvre, Histoire chronol. des Récollets de la 
prov. de S. Denys, p. 73. 

(2) Je dois ce renseignement à l’obligeance de M. Maurice Lecomte. 

(3) Arch. hôp. Melun, Ill, DI : Libvre du couvent, p. 67. 


Revuz D'HISTOIRE PRANCISCAINE, t. IV, 1927. 18 


274 ACHILLE LÉON 


l’archevêché de Sens de 1646 à 1674, résolut le problème 
en décidant qu'à l'avenir Récollets et Capucins marche- 
raient alternativement les premiers ou les derniers. Très 
heureuse solution, très simpliste aussi, qui dut satisfaire 
les partis en présence. Pour leur compte personnel, les 
Récollets eurent bien soin de noter quelle avait été leur 
place à telle procession, afin que l'on sût, lors de la pro- 
chaine, qui devait marcher en tête aussitôt après la ban- 
nière. Le cas de l’alternative revenait assez fréquemment, 
car il y avait non-seulement la procession annuelle de l'As- 
somption, mais celles que l’on devait faire à l'annonce d'une 
victoire, ou de la publication de la paix, ou lors de la nais- 
sance d’un prince royal, ou à la clôture d'un Jubilé, d'une 
Mission, ou pour la guérison du Roi et la prospérité du 
royaume. 

En arrivant à Melun, les Récollets furent recus par le 
Marquis de Rostaing. C'était le 26 avril, au dire du P. Gal- 
lemant, qui regarde cette date comme celle de la fondation. 
La veille avait eu lieu le contrat par lequel M. de Rostaing 
cédait aux religieux sa propriété du faubourg de Liesme (1). 
Pendant plusieurs années, ils durent se contenter d'une 
maison modeste et provisoire, car la construction défni- 
tive du couvent et de l’église n'eut lieu qu’en 1616. 

Ce n'est pas que les permissions requises pour bâtir leur 
aient manqué. Dès le début, ils avaient eu celle de l’arche- 
vêque de Sens, Regnault, et celle d'Henri IV, qui fut 
ensuite confirmée par Marie de Médicis puis par 
Louis XIII (2). 

Enfin, le 10 novembre 1612, Jacques Garnier de Chap- 
pouin, premier ministre provincial de Saint-Denys, avait 
accepté les conditions de la fondation du couvent de 
Melun (3). 

C’est le 20 août 1616 que fut bénie et posée la première 
pierre, comme en témoignent une lettre transcrite dans le 
« Libvre du couvent », et les deux inscriptions suivantes 


(1) Arch.hôp. Melun, III, DI : Libvre du couvent, p. 25 ss. 
(2) Zbid., p. 1755. 
(3) Arch. hôp. Melun, IIf, BI, n° 30. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 275 


que l’on voit encore sur deux plaques de marbre à l'inté- 
rieur de l’église et au-dessus de la porte d'entrée : 


[| LUDOVICUS TERTIUS DECIMUS 
REX GALLIAE ET NAVARRAE 
PRIMARIUM HUNC LAPIDEM 
POSUIT PER CLARISSIMUM VIRUM 
DOMINUM CAROLUM MARCHIO- 
NEM DE ROSTAING EQUITEM 
ANNO REGNI SUI SEXTO 
DIE MENSIS AUGUSTI VIGESIMO. 


IL. CLARISSIMI AC POTENSISSIMI 
DOMINI CAROLUS MARCHIO DE ROSTAING 
EQUES DUX QUINQUAGENARIUS COMES 
DE (OLDUNES?) BARO DE BROU ET 
VAU ET A CONSILIIS SECRETIS SUAE 
MAJESTATIS ET DOMINA ANNA 
HURAULT EJUS CONJUX PRIMARIUM HUNC 


LAPIDEM POSUERUNT LORUM AEDIFICATIONIS 
ELARGITI ANNO A CHRISTO NATO 

MILLESIMI SEXCENTESIMO DECIMO SEXTO 
MENSIS AUGUSTI DIE VIGESIMA. 


Quant à la bénédiction de la prernière pierre, elle avait 
été donnée par l'évêque de Troyes, René du Breslay, qui 
en avait obtenu la permission du cardinal du Perron, 
archevêque de Sens (+ 1618) (1). 

Le vocable choisi pour la nouvelle fondation fut celui 
de la Conception Immaculée de la Vierge Marie (2). 

Les religieux qui vinrent à Melun en 1606 ne nous sont 
pas connus. Îls appartenaient à la custodie récollette qui, 
depuis 1597, avait commencé de se former dans la pro- 
vince observante de France-parisienne et qui, depuis 1603, 
en vertu d'une bulle de Clément VIII (1601), jouissait, 
sous la direction d'un custode, d’un gouvernement presque 


(1) Arch. hôp. Melun, Il, DI. Libyre du couvent, p. 17 ss. 


(2) GALLEMANT, 2, ©. — WanDiNG-FERMENDZIN, Annales Minorum, 
tome XXV, p. 6. 


276 ACHILLE LÉON 


totalement indépendant de la province. Le premier cus- 
tode fut le Père Marc DE SaiNT-Denys, Picard d’orisine, 
le même qui avait inauguré la récollection au couvent de 
Nevers en 1597, et avait été nommé, par le Ministre géne- 
ral, premier supérieur de ce couvent, jusqu’en 1598 où le 
chapitre provincial lui donna comme successeur le Père 
Denys Le Tellier (1). 

Dans le temps où il fut custode, c’est-à-dire de 1603 à 
1005, Marc de Saint-Denys eut sous sa juridiction les cou- 
vents récollets de Nevers, Montargis, LaCharité-sur-Loire, 
et Paris. Peut-être, déchargé de sa fonction, est-il le fon- 
dateur du couvent de Melun en 1606. Il en fut certaine- 
ment le premier gardien nemmé en 1607, et le resta trois 
ans de suite (2). Plus tard, on le retrouve à Rome, lors du 
Chapitre général de 1612, où il s'employa avec succès à 
la création de la province de Saint-Denys, formée des trois 
custodies récollettes de France, de France-parisienne et de 
Touraine (3). Au retour, il fut nommé définiteur par la 
première Congrégation provinciale, tenue à Paris en jan- 
vier 1613 (4); de plus on le désigna comme gardien du 
couvent de Châteaudun ; il mourut en cette même année, 
le 14 novembre (5). 

Au cours du xvi° siècle, l'ordre des couvents de la pro- 
vince de Saint-Denys fut établi d’après la date de leur 
fondation. Certains d’entre eux remontaient au x siècle; 
à l’époque du mouvement de la récollection, ils avaient 
accepté cette réforme ou avaient été désignés pour rece- 
voir les frères désireux de suivre un genre de vie plus 
austère. D'autres, comme Melun, furent fondés par les 
Récollets eux-mêmes. 

L'ordre de préséance des couvents fut donc le suivant : 
1° Metz, fondé en 1216; 2° Verdun (1222); 3° Nevers 
(avant 1253); 4° Châteauvillain (1280); 5° Montargis (1599); 
6° La Charité-sur-Loire (1602); 7° Paris, faubourg Saint- 


) H. Le FeBvre, L. c., p. 35 ss. 

) 1bid., p. 73. 

) Jbid., p. 35 ss. — GALLEMANT, !. C., p. 19 ss. 
) Le FEBVRE, /. C., p. 4255. 

5) GALLEMANT, l, C., p. 19 ss. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 277 


Laurent-Saint- Martin (1603); 8° Saint-Denis (1605); 
9° Melun (1606), etc. (1)... 

D’autres couvents ou résidences, une quinzaine environ, 
enrichirent dans la suite cette liste où Melun occupe le 
neuvième rang. 

Dans les premières années, quatorze religieux habitaient 
le couvent. Parmi eux, le Père Gallemant compte neuf 
prêtres dont sept prédicateurs, puis deux jeunes étudiants, 
et trois frères convers (2). Je ne pense pas que ce chiffre 
ait jamais été dépassé. En 1673, ils étaient onze. Au 
xvui* siècle, on en compte douze en 1766 (3), dix profès 
en 1770 (4), et six religieux seulement en 1590 (5). 

Malgré ses apparences de grandeur, le couvent ne dis- 
posait pas de nombreux logements. Il ne s’y tint jamais, 
au moins pendant le xvu' siècle, de chapitres provinciaux, 
mais seulement deux Congrégations intermédiaires qui, 
sans doute ne réunissaient que le ministre provincial et 
ses quatre définiteurs ; elles eurent lieu à Melun en 1636 
et 1665 (6). 

La prédication était l'occupation principale des Pères. 
Ils en avaient obtenu l'autorisation une première fois en 
1607 de M. Prévost, grand vicaire de l'archevêque de 
Sens, et une deuxième fois en 1619 sous le successeur du 
cardinal du Perron (7). 

Un pouvoir particulier et personnel fut concédé au Père 
GRÉGoIRE Du Vivier, gardien de 1633 à 1635, celui d’ab- 
soudre d'hérésie un certain GILBERT DE RÉGNY D'ALBOUZE, 
et il lui fut donné par l’évêque de Clermont dont le con- 
verti était le diocésain (8). 

Enfin après 1658, en vertu de la permission octroyée 
par Alexandre VIT, l'on put faire chaque année les prières 
des Quarante-Heures en l'église conventuelle (9). 

(1) Jbid., p. 136. 

(2) Ibid. 

(3) Arch. nat., G? 60. 

(4) Arch. nat.. G? 58. | 

(5) Arch. dép. Seine-et-Marne, G 1536. 

(6) Lx Fravere, L. C., p. 42 ss. 

(7) Arch. hôp. Melun, III, DI, p. 3 ss. 


(8) Jbid, 
(9) Jbid. 


278 ACHILLE LÉON 


Comme dans tous les couvents franciscains, la quête fut 
le grand moyen de subsistance de celui de Melun. C'était 
une chose très importante que la délimitation des contrées 
assignées à chaque couvent pour leurs quêtes respectives, 
et l’on ne manquait pas de rappeler à l’ordre ceux qui 
avaient dépassé indûment les frontières de leurs districts. 
Vers 1706, une raison de ce genre amena une petite 
brouille entre le gardien des Récollets de Nemours et celui 
de Melun, qui était alors le Père BALTHAZAR BRUCHON ; on 
en profita de part et d'autre pour délimiter avec plus de 
précision le secteur réservé à chacun (1). 

Dans ces vastes plaines d’une merveilleuse fertilité, et 
dont la culture du blé occupe la majeure partie, on ne man- 
quait pas, une fois les moissons et les vendanges terminées, 
de faire la quête. Le Libvre du couvent de Melun nous ren- 
seigne à ce sujet d’une facon fort intéressante, car, sur les 
indications d'un quêteur avisé et qui a gardé mémoire 
des endroits où il a été bien recu, l'on a soigneusement 
noté les villages où l’on peut faire la quête, les personnes 
qui donnent volontiers à manger, ou chez qui l'on est 
recu pour coucher. Tout cela pour que les bonnes tradi- 
tions se maintiennent, et que les nouveaux quêteurs ne 
soient pas embarrassés dans leurs démarches (2). 

Ainsi à Champeaux (3), pays du célèbre Guillaume, et 
où se trouve un Chapitre, le prévôt recoit le quêteur à la 
table commune; mais c'est une dame Riot qui l'héberge 
pour la nuit. 

A Bréau (4), où 1l y a un couvent de Pénitents du Tiers- 
Ordre, c'est là que l’on a le gîte et le couvert; de plus, 
ces bons Pères sont généreux envers leurs frères du Pre- 
mier Ordre; que le quêteur aille à leur moulin et on lui 
donnera du blé. É 

Dans la paroisse de Lady (5), qui compte six ou sept 
fermes, M. de Villaroche, grand propriétaire, fournit au 


(1) Zbid. — À lafin du Libvre du couvent, pages non numérotées. 
(2) Jbid., p.51ss. 

(3) Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant. de Normant. 

(4) 1bid. 

(5) Jbid. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 279 


pauvre besacier franciscain la table et le logement; et ses 
fermiers ont recu l'ordre d'agir de la même façon envers 
les religieux de passage. 

Le quêteur note encore pour Grandpuits (1) : « Giste 
chez M. le Curé, et il donne »; pour Chaulme, il signale 
que l’on doit descendre chez « Messieurs les Religieux », 
et ne pas oublier d'aller « voir M. Ballé, notre bon amy, et 
sa mère aussy ». À Boissise le Roy (2), il faudra se con- 
tenter d’un logement plus modeste chez le jardinier. A 
Vernouillet (3), c’est la coutume que le château donne un 
septier de blé ; et quand même Madame serait absente, le 
frère sera logé. À Grisenois (4), 1l y a trois fermes; c'est 
M. le Curé qui offre le couvert, et le château le logement. 
À Champigny (5) enfin, pour terminer là une énumération 
qui pourrait être plus longue, trois fermes également; 
« on loge chez M. le Curé qui donne très bien sa charité 
de blé ». 

La charge de quêteur a toujours été très pénible, elle 
l'était encore davantage à cette époque où les communi- 
cations n'étaient pas faciles, où les chemins étaient mau- 
vais et où il fallait porter constamment la besace. Aussi 
le nécrologe des Récollets de Melun a-t-il eu soin et raison 
de mentionner spécialement le décès de l’un de ses qué- 
teurs, mort à la peine. Il s’agit du frère Bruno IMBAULT, 
mort le 25 mars 1720, au retour d'une quête qui lui avait 
été particulièrement dure, et pendant laquelle il n'avait 
pas voulu se faire soigner, de peur de se rendre incom- 
mode à ses hôtes (6). 

Le Libvre du couvent a eu bien garde d’oublier aussi les 
bienfaiteurs. Il mentionne leurs noms dans un paragraphe 
spécial, et parmi eux il faut se contenter de signaler le 


(1) Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant. de Normant. 

(2) Seine-et-Marne, cant. et arr. de Melun. 

(3) Comm. de Lieusaint, Seine-et-Marne, arr. de Melun, canton de Brie- 
Comte-Robert. 

(4) Crisenoy, Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant. de Mormant. 

(5) Ancienne paroisse sur Crisenoy, Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant. 
de Mormant. 


(6) Jbid., p. 36 ss. 


280 ACHILLE LÉON 


marquis de Rostaing, fondateur du couvent, et son soutien 
continuel pendant de longues années (1). 

Plusieurs furent inhumés dans l'église des Récollets. 
L'un d’eux s'appelait François Quantin, seigneur de Si- 
chem. Longtemps il avait hébergé dans son château tous 
les Récollets qui se rendaient de Nevers à Clamecy. Ré- 
duit à une extrême pauvreté, il demanda à se retirer au 
couvent de Melun, et c’est là qu'il décéda le 1°" septembre 
1674 (2). 

Plus tard, une noble dame nommée Françoise de Berny, 
fut inhumée, sur sa demande, dans l'église des Pères. Elle 
mourut le 27 mars 1726 (3). 

Quelques-uns des Récollets morts à Melun méritent ici 
une mention spéciale pour leurs mérites personnels et 
les services qu'ils ont rendus. 

Le premier qui se présente à nous dans l’ordre chrono- 
logique est aussi celui qui, par son dévouement, a donné 
le plus de gloire au couvent de Melun et lui a mérité l’es- 
time des habitants. Le Père BoNAVENTURE JoLivET, origi- 
naire de Troyes, avait pris l'habit franciscain dans l’Ob- 
servance. Îl avait ensuite adopté la réforme des Récollets, 
introduite au couvent de Verdun en 1599; et il y avait 
renouvelé ses vœux en 1605. Il fut gardien de ce couvent 
de 1607 à 1609, puis de celui de Châlons en 1616 et 1617, 
enfin de celui de Melun en 1623. L'année suivante, il y 
eut une grande peste dans la ville, et la mortalité atteignit 
des proportions effrayantes. Le P. Bonaventure était-il 
encore gardien à cette époque? Toujours est-il qu'il paya 
de sa personne en se mettant généreusement au service 
des pestiférés. Lui-même fut victime de l'épidémie ; il mou- 
rut le 23 août 1624, et fut inhumé au pied de la grande 
croix du cimetière de la ville (4). 

Le Père SyzvesTRE LE Roy, qui remplaca le P. Jolivet 


(1) Zbid., p. 43. 

(2) Zbid., p. 37 ss. 

(3) Zbid., p. 106 ss. 

(4) GALLEMANT, LL. c., p. 16. — H. Le Fravre, [. c., p. 63, 73, 75, 120. — 
Arch. hôp. Melun, IT, DI. Libvre du couvent, p. 37. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 281 


dans son ministère de dévouement, échappa heureusement 
au fléau (1). 

A l’année 1661 ou 1662, au 27 janvier, nous rencon- 
trons le décès du Père UrBaiN Le Dru. Il avait été gardien 
de Melun en 1636 et 1637, de Chaumont en Vexin en 1638; 
puis il avait accompagné les troupes royales au siège de 
Hesdin en 1639 et au siège d'Arras en 1640. Le marquis 
de Coaslin ayant été tué devant cette ville, 1l avait ramené 
son corps au couvent de Saint-Denis où on l'inhuma. De 
1642 à 1644, il fut gardien de Metz. Dans les années qui 
suivirent il fut désigné avec le Père CyrizLE GiRIEUX pour 
faire partie de l'ambassade du duc de Chaumont à la cour 
de Danemark. Le duc avait demandé au provincial de 
Saint-Denys de mettre à sa disposition deux Pères capables 
de soutenir à l’occasion une controverse avec les Protes- 
tants. Au dire du P. Le Febvre, ils remplirent fort bien 
leur mission, pour laquelle ils avaient dû revêtir des 
habits séculiers. La carrière du P. Urbain Le Dru se ter- 
mina à Melun, peu de jours après son retour de Rosoy où 
il avait prêché l’Avent (2). 

Nombreux sont les Récollets de Saint-Denys, qui, 
comme le P. Le Dru, ont été jadis aumôniers militaires 
des troupes royales depuis le siège de la Rochelle en 1628 
jusqu'aux campagnes de Bohême et du Hanovre pendant 
la guerre de Sept ans (1756-1763). Le P. Le Febvre énu- 
mère pour le xvu* siècle environ 250 religieux, la plupart 
de sa province, qui assistèrent les soldats sur le champ de 
bataille ou dans les hôpitaux et ambulances (3). Dans une 
déclaration du 5 février 1790, le Père Amand Merlin, gar- 
dien des Récollets de Paris, signale que 25 religieux 
étaient morts au cours des deux campagnes de Bohème, et 
plus de 30 pendant celle du Hanovre (4). 

La section nécrologique du Libyre du couvent de Melun, 
nous donne, à la date du 2r décembre 1684, le nom du 


G)H. Le Fesvres, /. C., p. 120. 

(2) Bibl. nat., ms. fr. 13875. Nécrologe. — Mortuologe. — Arch. hôp. 
Melun, III, DI. Libvre du couvent, p. 38 ss. — H. Le FeBvre, l. c., pp. 61, 
75, 84, 126, 137, 

(3) Le Fesvre, [. c., p. 137 ss. 

(4) Arch. nat. S 4354. 


282 ACHILLE LÉON 


Père EMMANUEL DE LA Mare, l’un des 17 religieux préposés 
en 1670 au soin spirituel des soldats du camp de Saint- 
Germain-en-Laye, où, chaque semaine, ils devaient don- 
ner deux sermons etune controverse; ils eurent la conso- 
lation d'enregistrer plus de vingt conversions de protes- 
tants pendant le séjour des troupes au camp (1). 

A la date du 19 (ou 18) septembre 1722, nous trouvons 
mention du décès à Melun du Père LAURENT LAMOUREUX, 
âgé de 80 ans, dont 60 de religion. Lui aussi avait fait 
partie, en 1670, du groupe des aumôniers militaires de 
Saint-Germain; et, en 1672, il avait participé à la cam- 
pagne de Hollande (2). Il fut aussi gardien de Melun de 
1680 à 1682 et en 1687-1688-00, 1698-1700 et 1713; de 
plus :il fut définiteur en 1690 en même temps que 
gardien (3). | 

J'ajouterai seulement à ces noms celui d’un religieux 
mort en odeur de sainteté, le Père DoroTHÉE Cousix, 
décédé à Melun le 14 janvier 1730, âgé de 84, dont 64 de 

religion (4). 

Parmi les religieux qui vécurent à Melun, plusieurs, en 
plus des fondateurs et du P. Bonaventure Jolivet dont 
nous avons parlé, vinrent de l'Observance. Une fois entrés 
dans la Récollection, ils devaient faire une année de pro- 
bation, après laquelle ils renouvelaient leurs vœux. Si les 
cérémonies de réception étaient les mêmes dans la pro- 
vince de Saint-Denys que dans celle de Saint-François de 
Lyon, voici comment les choses se passaient : 

De bon matin, la communauté se réunit à la salle capi- 
tulaire. On chante le Veni Creator. Ensuite le supérieur 
interroge les Observants sur l'objet de leur démarche. 
Ceux-ci, prosternés répondent : « Nous demandons la 
miséricorde de Dieu et la vôtre, afin que vous daigniez nous 
admettre à votre sainte Réforme et dans votre Congréga- 
tion ». Le supérieur leur adresse alors une exhortation, 
suivie d'un questionnaire sur la sincérité de leurs inten- 


(1) H. Le Fesvres, L. c., p.137 ss. 

(2) Jbid. | 
(3) Zbid., p. 73. — Arch. hôp. Melun, III, DI, Libyre du couvent, passim: 
(4) Zbid. 


LES -RÉCOLLETS DE MELUN 283 


tions, sur la désappropriation de leurs biens; puis :l 
déclare l’année de probation commencée. On les revêt 
enfin de l’habit des Récollets, et tout se termine par le 
chant du Te Deum. 

L'année suivante, on les recoit à la rénovation de leurs 
vœux (1). 

Le Libvre du couvent de Melun nous a conservé les noms 
de deux religieux de l’Observance qui passèrent à la Ré- 
collection. 

C'est d'abord le P. BERNARDIN Loysi, natif de Rouen, 
qui fut recu au couvent de Melun le 1° novembre 1641 ; 
il était alors âgé de 40 ans; 1l renouvela ses vœux le 
3 novembre 1642. - 

C'est ensuite le frère SÉRAPHIN DoRLOT, convers, né à 
Beauvais ; il resta vingt mois dans l’Observance, et entra 
chez les Récollets de Melun le 18 septembre 1646. Le 
document ne nous dit pas s’il renouvela sa profession; et 
le Nécrologe ni le Mortuologe de la province de Saint- 
Denys ne contiennent son nom pas plus que celui du P. 
Bernardin Loysil. | 

., 

L'histoire matérielle du couvent des Récollets de Melun 
offre quelques détails intéressants. 

Trois périodes sont à distinguer : 

1° de la fondation en 1606 jusqu'à l’année 1682 ; 

2° De 1682, où l’on décide d'importantes transforma- 
tions, jusqu’en 1760; 

3° de 1760, où eut lieu l'incendie du couventetde l’église, 
jusqu’en 1792, au 1°" février, où fut promulgué le décret 
d'aliénation du couvent. 


1° pour la première période, l'essentiel a été dit au com- 
mencement de cette monographie. 

Il faut y ajouter cependant les travaux entrepris pour 
amener l'eau au couvent. Le terrain sur lequel était bâtie 


{) Cf. : Rituale Fratrum Minorum Recollectorum provinciae S. Fran- 
cisci in Gallia, Lugduni, 1630, p. 27 ss. 


284 ACHILLE LÉON 


la maison des Récollets étant dépourvu de sources, il fal- 
lut faire venir l'eau de la fontaine Saint-Liesne. M. de Ros- 
taing fit don en 1608 de dix lignes d’eau en diamètre à 
prendre dans la source qui alimentait cette fontaine. Ce 
fut l'occasion d’une longue série de rapports, de jugements, 
de contrats, sans parler des travaux d'aménagement de 
l'aqueduc, qui s’échelonnent jusqu'à l’année 1681. Sur les 
46 pièces qui composent le dossier inscrit sous la rubrique 
des dix lignes d’eau à prendre dans la fontaine Saint- 
Liesne, il n'y en a pas moins de 43 se rapportant directe- 
ment à ce sujet (1). 

2° Avec l’année 1682 commence une longue période de 
travaux. Il semble bien, au début, et l'on ne sait pour quel 
motif, que l’on n'ait pas eu grande hâte d'aboutir. Le 
16 juillet 1682, l’on entreprend l'agrandissement du dor- 
toir (2); en réalité c'est un nouveau couvent que l’on ajoute 
à l'ancien, comme il est facile de s’en rendre compte 
lorsque l’on visite aujourd’hui encore les locaux conven- 
tüels. Dès le r9 juillet 1701 seulement a lieu la pose de la 
première pierre du nouveau cloître (3). Voilà donc près de 
vingt ans que l’on a commencé les travaux, et ils ne sont 
pas terminés. Le 3 juin 1702, le Père Salvien Pâquin, 
ministre provincial, manifeste quelque impatience de cette 
lenteur. Il décide que l’on en finisse au plus tôt avec ces 
constructions qui traînent depuis si longtemps, et, pour 
encourager la bonne volonté des ouvriers, avance 
1.200 livres. Un frère convers architecte, le fr. ANSELME 
Barbo, est chargé de conduire les travaux (4}. 

Dès le 10 juin, celui-ci fait démolir les anciennes fenêtres 
de l'église pour les remplacer par de plus belles, de plus 
larges et de plus hautes (5). 

En somme, c'est une réfection totale du couvent que 
l'on réalise en même temps qu’on l’agrandit. Mais bientôt 
de nouveaux ennuis surgissent. L'eau n'arrive plus en 


(1) Arch. hôp. Melun, Ill, BI Fonds des Récollets. 

(2) Arch. hôp. Melun, Ill, DI, Libvre du couvent, p. 51. 
(3) 1bid., p. 83. 

(4) Jbid. 

(5) bid., p. 54. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 285 


quantité suffisante. Tout d’abord l'on croit à un ralentis- 
sement du débit de la source ; et le Père INNocENT MicauLrT, 
qui était gardien vers 1705 recherche les moyens de remé- 
dier à la situation : « L’extrême nécessité dans laquelle, 
écrit-1l, ce couvent était réduit par une entière privation de 
l'eau qui est si nécessaire à la vie, lui a fait prendre réso- 
lution de chercher tous les moyens possibles pour remé- 
dier au besoing ». Il compose ensuite tout un traité sur 
les titres que possèdent les Récollets de Melun et qui éta- 
blissent leurs droits sur les eaux de la fontaine Saint- 
Liesne. Mais ce n'est pas une solution pratique au pro- 
blème qui se pose avec tant d’acuité. Néanmoins le pauvre 
gardien se console en écrivant à la fin de son traité : 
« J'ay cru être obligé d'escrire toutes ces choses pour 


4 


servir d'instruction à tous ceux qui viendront après 
nous ». 

Heureusement celui qui vint après lui, le Père Bar- 
THAZAR BRUCHON, devina tout de suite la cause du mal. 
Ayant fait procéder à la reconnaissance des conduites d’eau, 
il découvrit que les tuyaux de plomb étaient bouchés. 
Aussitôt l'on se mit à l’œuvre pour réparer l'aqueduc, et 
en 1708, celui-ci faisait de nouveau affluer l’eau au cou- 
vent (1). 

Lorsque tous ces ennuis et ces travaux furent terminés, 
l'on s’apercut qu’il manquait encore quelque chose au 
bonheur de la communauté. Ce quelque chose était une 
cloche, et l'église n'en avait pas pour annoncer les offices. 
Mais comme tout allait lentement à Melun, il fallut attendre 
jusqu’en 1721. La cloche porta le nom de Marie-Anne et 
fut bénite le 13 janvier, le Père Raymond Portepain étant 
gardien (2). 

D'importants travaux de réfection furent encore exécutés 
en 1733, puis en 1744 et 1745, sous les gardianats des 
Pères Prosper Dubois et Rupert Delecourt (3). 

Enfin en 1754, le 3 septembre, le Père Thomas Antoine, 


(11 lbid., p. 33. Chapitre des fontaines. 
(2) lbid., p. 91. 
G) Ibid. p. 102 ss. 


286 ACHILLE LÉON 


gardien, bénit une deuxième cloche qui reçut les noms de 
Marie-Gilberte-Henriette (1). 

3° Le bonheur et la tranquillité furent de courte durée. 

Dans la nuit du 19 au 20 juillet 1760, au cours d’un gros 
orage, la foudre tomba sur le couvent des Récollets et y 
alluma un incendie qui le consuma presque en entier, 
ainsi que l’église. Au son dutocsin, les autorités de la ville 
firent amener la pompe. Ce fut en vain. Ce qui aurait pu 
être sauvé fut enlevé et pillé par une certaine populace qui 
se rencontre toujours en pareilles circonstances; elle se 
trouva d'autant plus libre d’opérer, que la plupart des 
Pères étaient absents pour cause de ministère dans les 
paroisses voisines (2). 

Le mardi suivant, 22 Juillet, un procès-verbal de constat 
des dégâts fut dressé par le conseiller du Roi, le maireet 
les échevins. « Nous avons trouvé, disent-ils dans leur 
rapport, le R. P. Thomas Antoine, vicaire et ancien gar- 
dien, Léonard Camille, Charles Bonbel, Gérosme Guelle- 
rin et Hilaire Decoux, tous religieux prêtres... audit cou- 
vent, [qui] nous auraient priés constater par procès-verbal 
les malheurs à eux arrivés pendant la nuit du samedi 19 
au dimanche 20 du présent mois, par l’incendie de la tota- 
lité de leur église et autres bâtiments, causé par le feu du 
ciel... » Suit un état détaillé de tous les dommages subis. 
Le procès-verbal fut envoyé en copie aux archives de la 
province de Saint-Denys à Versailles, et certifié conforme 
à l'original par le P. Raymond Messant, secrétaire de la 
Province (3). 

Il fallut rebâtir, et les travaux furent menés cette fois 
avec vigueur; et les religieux purent rentrer assez vite 
dans leur couvent. Quant à l’église, la première pierre en 
fut posée le 6 octobre 1761 par Albert de Luynes, arche- 
vêque de Sens (4). 


(1) Zbid., p. 106 ss. — Article intercalé dans la liste nécrologique du 
couvent, après le n° 41. 

!2) Arch. dép. Seine-et-Oise, H. Fonds des Récollets, carton I, 8° liassé 
et Arch. hôp. Melun, III, DI, Libyre du Couvent, p. 113. 

(3) Jbid. | 

(4) Ibid, 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 287 


La bénédiction de l'église eut lieu le 5 février 1763 ; elle 
fut faite, en présence du Père Raymond Courrèges, pro- 
vincial, par le Père Tiburce Barat, ex-provincial, délégué 
par l'archevêque de Sens (1). 


* 
» s 


A la fin du document qui relate la cérémonie de la pose 
de la première pierre en 1761, l'on trouve expriméce vœu: 
« Utinam ædificata supra hanc firmam et tam solemniter 
benedictam petram stabilis et integra permancat, usque- 
dum supremus Judex veniat judicare sæculum per 
ignem ! » (2). | 

Ce vœu a été jusqu’à ce jour matériellement réalisé, car 
l'église est toujours là, telle que la rebätirent les Récollets. 
Eux sont partis. 

Ils étaient alors bien loin de se douter qu’ils ne jouiraient 
de leur nouvelle habitation que pendant un quart de siècle 
environ. 

Lorsqu’éclata la Révolution, les Récollets de Melun 
étaient au nombre de six (3), 4 Pères et 2 frères, dont voici 
les noms, suivis de quelques détails concernant leur vie, 
d'après l'Inventaire du 7 mai 1300, les extraits des regis- 
tres de profession, et autres documents (4). 

1° P. Justin (Jean-François) BicHEILBERGER, gardien. 
L'Inventaire le dit alors âgé de 41 ans; mais cela paraît 
bien invraisemblable ; car le même Père figure au tableau 
capitulaire de-1770, au titre de directeur du Tiers-Ordre 
dans la paroisse que dirigeaient à Sarrelouis les Récollets 
de Saint-Denys ; et même ilest confirmé dans sa charge(5); 
il n'aurait eu alors que 21 ans! L’Inventaire s'est manifes- 
tement trompé en inscrivant 41 ans. 

2° P. JEAN-NÉPOMUCÈNE (Jean-Pierre) Pour, vicaire. Né 
et baptisé à Sarrelouis le 4 juillet 1732 par le P. Joseph 


(1) Arch. hôp. Melun, ibid. 

(2; Arch. dép. Seine-et-Oise, L. c. 
(3; Arch. dép. Seine-et-Marne, 1556. 
(4) Zbid. 

(5) Bibl. nat. Ld34. 155. 


288 ACHILLE LÉON 


Jenson, vicaire de la paroisse, il prit l’habit franciscain au 
convent de Paris en 1748, des mains du P. Jean l'Évan- 
géliste Dupain, vicaire du couvent, et fit profession entre 
les mains du même le 22 juin 1749. Il avait donc 58 ans 
en 1700 (1). 

3° P. GEorGes-RicHarp (Jean-Baptiste) FribericH. Né et 
baptisé dans la paroisse Saint-Michel de Luxembourg le 
17 juin 1703, il prit l'habit au couvent de Paris, le 6 mai 
1724, et fit profession le 7 mai 1325, entre les mains du 
P. Louis-Hyacinthe de la Place, alors gardien. Il fut deux 
fois gardien de Melun, en 1767 et en 1770-1972. Dans l'in- 
tervalle 1l fut définiteur (2). Il avait 87 ans en 1700. Ayant 
connu les premières horreurs de la Révolution, il eut la 
consolation de mourir au milieu de ses frères, le 8 décem- 
bre 1790, et fut inhumé le lendemain dans le caveau de la 
chapelle de la Vierge. A cette cérémonie assistait, en plus 
de la communauté, un Cordelier nommé Bonnet qui prêé- 
chait alors l'Avent à Melun (3). 

4 P. Ouvre (Albert-Francçois-Régis) LEFEBVRE (ou 
Lefébure). Né à Cambrai (en 1747?), 1l prit l'habit au cou- 
vent de Rouen le 20 juillet 1767 et fit profession le 21 juil- 
let 1763 entre les raains du P. Cajetan Paillyart, gar- 
dien (4). 

5° F. Fuccence (François) PLuT, tierçaire. Né à Vitry- 
en-Perthois (diocèse de Chälons-sur-Marne) et baptisé 
dans la paroisse Saint-Memie le 22 octobre 1724, il prit 
l’habit du Ficers-Ordre au couvent de Melun le 29 novem- 
bre 1750 et fit profession entre les mains du P. Thomas 
Antoine, gardien, le 4 décembre 1752. Ses deux votations 
du 15 juin 1751 et du 9 février 1752 lui avaient été favora- 
bles. Il avait 65 ans révolus en 1790 (5). 

6° F. Béraro (Pierre-Étienne) DEGRAvE, convers. Né et 
baptisé dans la paroisse Saint-Philippe-du-Roule (Paris), 
le 10 décembre 1753, il reçut l’habit au couvent de Paris 


(1) Arch. dép. Seine-et-Marne, H 851 et Q 1556. 

(2) Arch. hôp. Melun, HE, DI, Libvre du Couvent, passim. (cfr. infra 
Appendice Ill). : 

(3) Jbid., p. 106 ss.,n° 44 et Arch. dép. Seine-et-Marne, H 851. 

(4) Arch. dép. Seince-ct-Marne, H 851. 

(5) Zbid. et Arch. hôp. Melun, /. c., p. 48 ss. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 289 


le ro mars 1781, des mains du P. Sulpice Richardin, pré- 
dicateur, et fit profession le 11 mars 1782 entre les mains 
du P. Jean l’Évangéliste Journet, gardien de Paris. Il était 
âgé de 37 ans en 1790 (1). | 

Interrogés sur leurs intentions de rester ou non dans la 
vie religieuse, les six Récollets furent unanimes dans leur 
volonté de persévérer dans l'Ordre. Ils étaient encore au 
couvent le 14 septembre 1792, lors d’une perquisition, la 
dernière, opérée chez eux avant leur départ définitif qui, au 
terme de la loi, devait être effectué le 1° octobre suivant. 
Leur supérieur légal était alors le P. Jean-Népomucène 
Pour, qui, à cause de son âge plus avancé, avait remplacé 
le P. Justin Bichelberger. La perquisition eut pour résultat 
de faire enlever tous les objets du culte. On ne laissa, sous 
la responsabilité du supérieur, que la bibliothèque qui, dit 
le procès-verbal, « ne méritait aucune description » (2). 

Quelques jours plus tard, le couvent des Récollets de 
Melun avait cessé d'exister ; il avait duré 186 ans. 


APPENDICE I 


NoTe sur LE PÈRE MéÉpéRIC MoOLIÈRE, CORDELIER. 
1585-1627 


A l'intérieur et presque au bas de l'église des Récollets de 
Melun, au-dessus d’une porte pratiquée dans la muraille de 
gauche, l'on peut voir fixée au mur une pierre tombale repré- 
sentant un Cordelier les mains jointes, coiffé d’une ample calotte, 
la mosette dépassant les épaules, la corde pendant dans l'axe, la 
tunique ample et bien plissée. 

Dans l’encadrement on lit cette inscription : 


€ Cy gist célèbre Prédicateur le V. P. F. Médéric Molière, 
« Premier confesseur en la Réforme de ce saint monastère, 


(1) Arch. dép. Seine-et-Marne, H 851. 
(2) Arch. dép. Seine-et-Marne, Q 1536. 


Revu D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 19 


200 ACHILLE LÉON 


« (au) grand regret d’un chacun (trépassé ? le) 22 ? d'avril 
« 1627, âgé de quarante-deux ans. 
« Priez Dieu pour le repos de son âme s. 


A Melun existait, depuis une date que je n’ai pu trouver, un 
monastère d'Annonciades sous la juridiction des Cordeliers f1}. 
Le P. Médéric Molière y fut envoyé pour y remplir une impor- 
tante mission, que l'inscription nous suggère avoir été une 
réforme à opérer; et c'est pendant son séjour à Melun qu'il 
décéda. D'après une note que M. l’archiviste départemental de 
Seine-et-Marne m’a gracieusement copiée dans le Bulletin de la 
Société d'archéologie de Seine-et-Marne (tome VIII, 1878, 
p. Lx1), le décès aurait eu lieu le 17 avril. Le P. Molière fut 
inhumé chez les Annonciades, avec l'inscription ci-dessus, où 
il faudrait peut-être lire « inhumé » au lieu de « trépassé », ce 
qui pourrait concilier les deux dates divergentes, encore qu'il 
soit difficile d'admettre tant de distance entre le décès et l'inhu- 
mation : cinq jours ? 

Longtemps après la Révolution, la pierre tombale fut trouvée 
dans une propriété de la rue Saint-Liesne. L'on demanda qu'elle 
fût transportée à l’ancienne église des Récollets, ce que l'on 
obtint facilement. Sauf quelques mots et chiffres qui ne sont 
plus lisibles dans l'inscription, elle est dans un parfait état de 
conservation. 


APPENDICE II 


LISTE DES PRISES D'HABIT ET DES PROFESSIONS DANS LE Tiers-ORDRE 
AU CouvEnT DE MELUN (2). 


Il ne s'agit pas ici du Tiers-Ordre séculier à Melun, sur lequel 
nous n'avons aucun renseignementt, sinon qu’il y était établi 
puisqu'un Père du couvent était désigné dans les tables capitu- 
laires pour le diriger (3). Il s’agit d’une catégorie de religieux, 


(1)- Cf. France Franciscaine, tome IV (1921), p. 92. 

(2) Arch. hôp. Melun, III, DI : Libyre du Couvent, passim. 

(3) En 1706 c'était le P. Ephrem Genée, cfr. Libvre du couvent, à la fin 
du registre, lors de la prise d’habit du fr. Charlemagne, 26 novembre 1706. 

En 17970 ce fut le P. Hilaire Decoux. Cf. Bibl. nat., Ld*, 155. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 291 


recus alors à titre définitif pour remplir les mêmes fonctions 
que les frères convers, mais qui, pour certaines raisons, ne pre- 
naient pas l’habit du Premier Ordre ; ils étaient revêtus de l’ha- 
bit religieux sans le capuce, et prononcçaient les vœux de chasteté 
et d’obéissance, mais non celui de pauvreté ; ces vœux cessaient 
par le seul fait du départ de l'Ordre. Cette sorte de religieux 
tertiaires ou oblats perpétuels existe encore aujourd'hui dans 
les couvents du Premier Ordre franciscain. 


1. — 2 novembre 1637. Prise d'habit du frère Marc Rousseau. 

15 janvier 1640. Profession du frère Dipace Rousseau 
(le même vraisemblablement). 

2. — 16 avril 1662. — Prise d’habit de Nicozas VauGon, 24 ans, 
sous le nom de frère ELzéar. 

De ce que sa profession ne soit pas signalée ensuite, on ne 
peut conclure qu'il ait quitté l'Ordre. Les tertiaires- 
oblats pouvaient et peuvent toujours être envoyés dans 
un autre couvent pendant leur noviciat. Certains, d'ail- 
leurs, ont fait leur profession à Melun, et avaient pris 
l'habit dans une autre maison de la province, comme on 
va le voir dans la suite. 

3. — 30 juin 1685. Profession du frère Juzren HERsois entre les 
mains du P. Hyacinthe Le Febvre, provincial, au temps 
de sa visite. 

4. — 22 février 1688. Profession du frère CvyriLpe Bonnirr. 

5. — 13 août 1690. Prise d’habit du frère Laurenr ; il fut ren- 
voyé le 16 mai 1692. 

6. — 26 juin 1698. Prise d’habit du frère Jean-Baprisre MERLIN. 

4 octobre 1700. Profession du même. 

7. — 26 novembre 1706. Prise d'habit de PIERRE DE GaALLE, sous 
le nom de frère CHARLEMAGNE, « après une messe haulte 
du Saint-Esprit, solennellement chantée ». 

8. — 26 avril 1722. Profession du frère Laurenr Rousseau, entre 
les mains du P. Pacifique Mesnidrieux, ex-gardien, 
vicaire actuel et père-maître, par commission donnée au 
P. Raymond Portepain, gardien actuel, et, en son 
absence, au P. Vicaire. 

9. — 29 novembre 1750. Prise d'habit de François PLuT, sous 
le nom de frère FULGENCE. 

4 décembre 1752. Profession du même. 


y ee ne NE — 


292 ACHILLE LÉON 


APPENDICE III 


LISTE DES GARDIENS DE MELUN. 


1"* Partie. — Liste donnée par le P. Hyacinrue Le FEevre 
(Hist. Chron. des Réc. de la prov. de S. Denys, p. 73-74, XVI- 
XVIII), depuis 1607 jusqu’en 1687. 


Marc DE SAINT-DENYS, 1607-1608-1609. 
BONAVENTURE PÉRIER, 1, 1610-1611-1612. 
François LE BÈGUE, 1613-1614. 

ANGE CaRier, 1615. 

Basice PicHarD, 1616-1617-1618. 
GUILLAUME GALLERAN, 1, 1619-1620-1621. 
Louis Desmarais, 1622. 

BoNAVENTURE JOLIVET, 1623. 

Hicaire MANSIRE, 1, 1624-1625. 
Bonaventure Périer, 2, 1626. 

Marc LE TELLIER, 1627-1628. 
Guillaume Galleran. 2, 1629. 

BERNaR9 OZ0oN, 1630-1631-1632. 
GRrÉGoIRE Du Vivier, 1633-1634-1635. 
UrsaiN LE Dru, 1636-1637. 

BéNIN HactTE, 1638-1639. 

LEONARD FLANDRIN, 1640. 

Hilaire Mansire, 2, 1641-1642-1643. 
AUGUSTIN AUDRU, 1644. 

Vincent DE Parrapuc, 1645-1646. 
PaciFiQuE VATTIER, 1647-1648-1640. 
ANGE SALOMON, 1650-1051-1652-1653. 
FéLiciEN DE La Croix, 1654. 

IRÉNÉE PRisye, 1655-1656. 

SuLpicE ROYER, 1657. 

TIMOTHÉE BECHANT, 1658-1659. 
ALPHONSE Tissu, 1660. 

BERNARD VIAIRE, 1661-1662-1603, 
CHaRLES GIFFÉ, 1664-1665-1666 (1). 


(1) Ily a lieu d'ajouter pour l’année 1666 le P. Zacharie Moreau qui était 
certainement gardien des Récollets de Melun, comme en fait foi le contrat 


RE — 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 203 


CurysoLoGue DE L'ÉpPinov, 1667. 
Marais BoucHEer, 1668-1669-1670. 
Simon Givry, 1671. 

InNNOcENT MicauLr, 1672-1673-1674. 
ANTONIN DESPRÉS, 1675. 

FERDINAND Moreau, 1676. 

ANTONIN DE LOBEL, 1677. 

PacÔuE PERAULT, 1678. 
CHARLEMAGNE LE GRAND, 1679. 
LAURENT LAMOUREUX, 1, 1680-1681-1682. 
CazixTe Manor, 1683. 

MODESTE FORTIER, 1684. 

Porycarre Rivor, 1685-1686. 
Laurent Lamoureux, 2, 1687. 


2° Partie. — Liste formée d’après divers documents d'archives 
depuis 1687 jusqu’à la Révolution (1792). Cette deuxième liste 
est incomplète. 


Noms. Dates de leur présence comme gardiens. 


Laurent Lamoureux, 22 février 1688 et 5 août 1688; 
33 août 1690. 
ARCHANGE DE CEZ (ou SÉs), 25 mai 1698. 


Laurent Lamoureux, 3, 16 et 26 juin 1698 

1700. | 
EPHREX GENÉE, 10 juillet 1701. 
BacTHasar BRucHON, 1, 1705 ?-26 novembre 1706. 
HiLariON GUERRIN, 1707 + le 17 janvier 1707. 
Balthasar Bruchon, 2, 1707-1708. 


20 avril 1709. 
HyacinTHEe BENIER (ou BERRIER), 17 octobre 1710. 


Laurent Lamoureux, 4, 22 janvier 1713. 
Pacirique MesniDRiEUx ? (1) 
RayuonD PORTEPAIN, 25 mars 1720. 


13 janvier 1721. 
26 avril 1722. 


passé avec le gardien des Capucins le 3 septembre 1666, au sujet de la pré- 
séance à observer dans les processions (cfr. supra, p. 273). 

(r) Ce religieux fut vicaire du couvent sous le gardiennat du P. Raymond 
Portepain. Le 26 avril 1722, il reçoit la profession du fr. Laurent Rous- 
seau, tertiaire (cfr. supra, p. 291) et se déclare alors ex-gardien, vicaire 
actuel et père-maître. 


294 


Louis LAURENT, 
Jean-François CaLLET, 
FéLiciEeN RENARD, 
PorycarpE MOTTE, 
ProsPER Dugois, 
PACIFIQUE LEFEBVRE, 
CHARLEMAGNE CUVIER, 
EUSTACHE PAVIE, 
SÉRAPHIN Boupry, 
RuPERT DELECOURT, 


THoMASs ANTOINE, 
RaymonD MESssanr, 


Thomas Antoine, 


SuLPICE RICHARDIN, 


GEoRrGEs-RicHarp FRIDERICH, 


Hiraire DEcoux, 
Georges-R. Friderich, 


MaxiIMILIiEN Pour, 
Jean-NéPomucÈNE Pour, 


ACHILLE LÉON 


19 septembre 1722. 
27 Mars 1726. 

14 janvier 1730. 

24 août 1730. 
1735. 

19 novembre 1733. 
24 août 1737. 


_ 8 mai 1740. 


5 mai 1741. 

22 Mars 1744. 
1744-1745 

30 septembre 1746. 

29 novembre 1750. 
1751. 

ro novembre 1751. 

9 février et 23 avril 1752. 
2, 4 décembre 1752. 

3 septembre 1754. 

11 octobre 1758. 

13 mai 1762. 

5 février 1763. 

1, 6 janvier et 8 mai 1767. 
1er février 1768. 

5 mai1770. 

7 janvier 1772. 

17 avril 1778. 

14 novembre 1780. 


JusriN BICHELBERGER, 7 mai, 26 septembre et 8 décembre 1790, 
2 janvier 1791. 


APPENDICE IV 
LisTre Des RÉCOLLETS DÉCÉDÉS À MELUN 


(d'après le « Nécrologe de la Province... de Saint-Denys » (ms. 
fr. 13875 de la Bibl. nat.), le « Mortuologe », et le « Libvre 
du Couvent de Melun »). 


1. — 26 mars 1622 ou 1623, frère FLORENT BAUDET, convers, 
âgé de 24 ans. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 295 


2. — 23 août 1624, P. BONAvVENTURE Jouiver (cfr. supra, p. 280). 
3. — 30 août 1624, fr. Louis Juizcian (ou Juizrarr), convers, 
quêteur, 21 ans de religion. 

4: — 17 septembre 1633, fr. HiLaiRE GAUTIER (ou CARTIER), 
convers, 23 ans de religion. Mort au moment de prendre 
le bateau pour Paris où il était de communauté. 

3. — 30 septembre 1638, P. Jérôme Corbier, prédicateur, âgé 
de 39 ans, dont 20 en religion. 

6. — 10 ou 20 octobre 1640, P. JEAN PRUNIER. Était venu de 
l'Observance et avait renouvelé ses vœux à Verdun en 
1602. 41 ans de religion. 

7° — 22 mars 1652, P. VaLENTIN PEZÉ, âgé de 49 ans, dont 29 
en religion. 

8. — 19 mai 1660, P. Honoré LeBEAU, âgé de 62 ans, dont 43 
en religion. 

9. — 27 janvier 1661 ou 1662, P. UrBain Dru (ou Le Dru), 
(cfr. supra, p.281). 
10. — 8 octobre 1669, P. Francois ANGoT, âgé de 25 ans, dont 6 
en religion. 
11. — 25 novembre 1674, P. LEON ManTRan, ee de 28 (ou 29) 
ans, 9 ans de religion. 
12. — 23 août 1680, P. THÉOPHILE LEGaLis. 
13. — 21 décembre 1684, P. Emmanuez pe La Mare (cfr. supra, 
p. 281-282), âgé de 47 ans, dont 25 en religion. 
14. — 23 décembre 1684, fr. Puiripre PETITIEAN, convers, âgé 
de 35 ans, dont 10 en religion. 
15. — 4 février 1692, P. Ferpinann Du Tec (Dureir ?), âgé de 
26 (ou 24) ans, dont 5 de religion. 
16. — 16 juin 1698, P. François FEvitER, irlandais, âgé de 
55 ans. 
17+ — 10 juillet 1701, P. AuGusrin Du Coupray, âgé de 47 (ou 
50) ans, dont 17 de religion. 
18. — 11 (ou .. janvier 1705, P. HiLarioN GuÉnin (ou GUÉRIN), 
gardien, âgé de 63 ans, dont 44 en religion. 
19. — 19 (ou 20) avril 1709, P. Francois Nicoas, âgé de 62 
ans, dont 43 de religion. 
20. — 22 (ou 23) janvier 1713, P. MaLacniE VINCENT, âgé de 
51 ans, dont 35 en religion. 
+ — 25 (ou 27) mars 1720, P. Bruno ImBauLzT, convers, âgé de 
57 ans, dont 34 en religion (cfr. supra, p. 279). 
22. — ;8{(ou 19) septembre 1722, P. Laurenr Lamoureux (ctr. 
Supra, p. 282), âgé de 80 ans, dont 60 en religion, ex- 
gardien. 


21 


es 


296 ACHILLE LÉON 


23. — 14 janvier 1730, P. Dorornée Cousin, (cfr. supra, p.282), 
âgé de 84 ans, dont 64 en religion. 

24. — 24 août (ou avril) 1730, fr. LauRENT Rousseau (cf. p. 291), 
tierçaire, quêteur, âgé de 37 ans, dont 11 en religion. 

25. — (18) ou 19 novembre 1733, P. Gervais HaAUTIER, âgé de 
43 (ou 44) ans, dont 23 de religion. 

26. — 7 ou 8 mai 1740, P. Noër FRÉRET, âgé de 46 ans, dont 2; 
de religion. Il décéda à Fontainebleau, et son corps fut 
ramené à Melun. 

27. — 5 mai 1741, P. Louis LAURENT, ex-gardien, âgé de 67 ans, 
dont 50 en religion. 

28. — 21 ou 22 mars 1744, P. Hucues MainrRay (ou Hunrray), 
âgé de 72 (ou 73) ans, dont 53 (ou 54) en religion. 

29. — 20 septembre 1746, P. DIEUDONNÉ B&RTHELIN, ex-lecteur 
en théologie et ex-gardien (de Melun ?), âgé de 83 {ou 84) 
ans, dont 67 en religion. 


30. — 13 septembre 1751, P. RarHaëz RicHarp, _ de 55 (ou 
56) ans, dont 36 (ou 37) de religion. 
31. — 10 novembre 1751, P. Luc Roserr, âgé de 37 (ou 39) ans, 


dont 18 (ou 20) en religion. 

32. — 13 mai 1762, fr. Fuccence Rexacee, tierçaire, âgé de 
68 ans, dont 34 en religion. 

33. - 6 janvier 1767, P. LÉoNarD CauiLe, âgé de 52 ans, dont 

_ 34en religion. 

34. — 1e février 1768, Inhumation du P. Modeste Marion, 
ancien gardien dans la province de Lyon, reçu dans la 
province de Saint-Denys en 1758, et de famille au couvent 
de Melun depuis ce temps. Décédé à Lissy-en-Brie. 

35, — 7 janvier 1772, fr. ALexis CHARLIER, tierçaire, âgé de 
57 ans, dont 35 en religion. 

36. — 1 avril 1778, P. ArnouzD Couvreur, âgé de 82 ans, dont 
64 en religion. 

37. — 14 novembre 1780, P. AuGusriN PinGenor, ex-lecteur en 
théologie, âgé de 58 ans, dont 36 en religion. 

38. — 8 décembre 1790, P. GEorGEs-RicHarD FRIDERICH, €- 
gardien, ex-définiteur (cf. supra, p. 288), âgé de 87 ans, 

dont 65 en religion. 


Dans le « Nécrologe » et le « Mortuologe », plusieurs religieux 
sont mentionnés décédés à Melun, qui, chose curieuse, ne figu- 
rent pas dans la nomenclature nécrologique du « Libvre » de ce 

. 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 2097 


couvent. Jusqu’à plus ample informé, c’est ce dernier document 
qui doit faire foi ; les autres ont été rédigés en une seule fois et 
d'après un plan (ordre alphabétique pour le « Nécrologe », ordre 
des mois de l’année pour le « Mortuologe ») et les copistes ont 
pu commettre des erreurs. Il est difficile d'admettre les mêmes 
erreurs dans un document concernant le couvent lui-même et 
rédigé sur place au fur et à mesure des décès de ce couvent. 
Voici les noms dont il s'agit : 


1. — 7 octobre 1637, fr. Rémy DELÉPINE, convers, 36 ans de 
religion. 

2. — 17 avril 1647 ou 1649, P. Siméon Wixonp, âgé de 59 ans, 
dont 21 en religion. | 

3. — 29 juin 1659, fr. Daniez Hacre (ou Hacxe), convers, âgé 
de 48 ans, dont 26 en religion. 

4. — 19 mars 1663 ou 1665, P. Gérarp ALron. D'après le 
« Nécrologe », serait mort au couvent de Montereau. 
D'après le « Mortuologe », est mort à Melun. 

5. — 23 août 1681, fr. THouas LEeGazis, convers. — Notons ici 
que le « Nécrologe » n’a pas mentionné le décès du 
P. Théophile Legalis à Melun le 23 août 1680. Par contre 
il mentionne le décès d’un religieux du même nom à 
Mézières le 18 avril 1695. 

6. — 3 février 1692, P. Ferpinann Duvar, inscrit au supplé- 
ment du « Nécrologe ». Le copiste n'a-t-il pas voulu 
écrire Ferdinand Dutel, mort à Melun, le 4 février 1692 ? 
Ce nom est cependant déjà inscrit dans le corps du 
« Nécrologe »! — D'autre part le nom du P. Ferdinand 
Duval se trouve mentionné dansle corps du « Nécrologe » 
sans date ni lieu de décès, avec ce seul mot énigmatique : 
absent. 


APPENDICE V 


AUTRES PERSONNES INHUMÉES CHEZ LES RÉCOLLETS DE MELUN 
(d'après le « Libvre du couvent »). 


1, — 1672, PiERRE, garçon du couvent. 
3. — 20 janvier 1674, GuicraumE BRIÈRE, garçon du couvent, 


208 ACHILLE LÉON 


«tué en travaillant aux tranchées pour la conduite de 
l'eau ». | 

3. — 1" septembre 1674, Décès de FRANCOIS Quanrin, seigneur 
de Sichem (cfr. supra, p. 280). 

4. — 3 août 1688, Louis Boyer, garçon du couvent. 

5. — 27 mars 1726, « Noble Dame Françoise DE BERNY, qui 
demanda à être inhumée dans notre église ». 

6. — 11 octobre 1758, SÉBASTIEN BREVET, domestique. 


APPENDICE VI 


LISTE DES DOCUMENTS UTILISÉS. 


1. ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE , SEINE-ET-Ouse : Fonds des 
Récollets; 1°" carton, ®*° liasse. — Deux pièces concernant l'in- 
cendie survenu au couvent dans la nuit du 19 au 20 juillet 1760, 
et la pose de la première pierre de la nouvelle église le 9 octo- 
bre 1761. 

2. ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE Setne-eT-Manne : H 851: 
Divers actes de naissance et de profession de religieux récol- 
lets, fournis à l’époque rÉAOMIONRRIS, et un certificat de 
sépulture de l’année 1790. 

Q 1536. Deux pièces relatant l'Inventaire fait au couvent le 
7 mai 1790, avec l’état du personnel et les déclarations des reli- 
gieux ; 2° la dernière perquisition opérée chez les Récollets le 
14 septembre 1792, peu de jours avant leur expulsion détr 
nitive. 

3. ARCHIVES DE L'Hôpriraz pe Mecun : 1° ZZ1, D. I. Registre 
intitulé : « Libvre du couvent des Pères Recollectz de Melun 
a de la province de Paris, dans lequel, par ordre du chapitre] 
« pro{vinci]al, célébré le 1° may 1638 à Paris, et congrégation 
« tenue audfit] lieu le 4° febvrier 1639, et ordonnance duR. 
« P. Antonin Bauldron, profvincijal, en suitte doibvent esiré 
« mis touttes les bulles, rescriptz des papes, décretz des Re" 
« Pères g[énérjaulx, et Rds. Pères pro[vinci]aulx, des chapitres 
« et congréga{tijons ; : lettres royalles d'establissement ; donë- 
« [tilons et concessions, fondaltilons, octroys, acquisitions de 
« qui que ce soit; actes, contractz, transportz, aliénaltijons, 


LES RÉCOLLETS DE MELUN 299 


«eschanges, accordz ; les choses notables qui se passent dans 
«la province; et g[é]n{[ér]allement touttes affaires et actions 
«qui sont arrivées et peuvent arriver à l'advenir, concernantes 
«le bien, honneur et utilité de la province et couvent : les 
«noms des Mortz, tant de nos frères, que de ceux qui sont 
« enterrez en nos Couventz; les Aumosnes principalles, et les 
«noms des bienfaiteurs de la maison ; — Le tout avec ordre 
«et distinction, compilants les principalles pièces, et noter les 
“autres avec icelles par chifres et lettres alphabétiques, qui se 
«“ rapporteront aux liasses, affin de trouver sans confusion ce 
« dont l’on peut avoir besoing. 


« frère Antonin Bauldron, 
« provincial ». 


Il est inutile de souligner l'importance de ce document auquel 
St empruntée la majeure partie des renseignements de cette 
monographie. 

2° ZZI, B. I. Fonds des Récollets, 46 pièces sous le titre géné- 
ral: « Titres de propriété de 10 lignes d’eau à prendre dans la 
«fontaine Saint-Liesne, concédées par le Marquis de Rostaing 
“aux Récollets en 1608 ». | 

4. BIBLIOTHÈQUE NATIONALE : a) Manuscrit français 13875 : 
“Nécrologe des Frères-Mineurs Récollets de la province de 
«“ Saint-Denys en France depuis sa fondation ». — Les notices 
nécrologiques concernant les religieux décédés à Melun vont de 
1622 à 1762. Quelques-unes se retrouvent dans le Mortuologe 
de la même Province, composé par le P. Antoine QuicLé 
(f1702), et conservé chez les Frères-Mineurs du Canada. La 
Plupart sont identiques à celles données dans le « Libvre du 
touvent... de Melun » ; cependant quelques-unes sont seulement 
indiquées dans le « Nécrologe » et le « Mortuologe », et l’on 
s'étonne de ne pas les rencontrer dans le « Libvre du couvent »; 
celui-ci, par contre, ajoute depuis 1767 jusqu’en 1790, plusieurs 
noms inconnus au « Nécrologe ». 

B) Sous la cote Ld*. 118, 119, les deux ouvrages historiques 
Sur l’ancienne Province de Saint-Denys des Pères PLacibe Ga.- 
LEMANT et HyaciNTHe LE FEBVRE : 

1° Provincia Sancti Dionysii Fratrum Minorum Recollecto- 
"Um in Gallia, a Venerando Patre Placido Gallemant, ejusdem 
Provinciae diffinitore. — Catalauni, apud Henricum Geoffroy 
Ypographum, 1649. In-8°, 1v-250 p. 

2 Histoire chronologique des Récollets de la province de 


300 ACHILLE LÉON 


Saint-Denys..” par le Père HyaciNTHe LE FEBvRE. — Paris, 
D. Thierry, 1677-1688. In-8°, 8 ff. lim., 172-xxx-x1i p. 

Ces deux ouvrages renferment quelques détails sur la fonda- 
tion du couvent de Melun, etle dernier nous donne une liste 
des gardiens depuis 1607 jusqu’en 1687. 

Cette liste s'accroît, jusqu'à la Révolution, des noms fournis 
ici et là par les autres documents déjà mentionnés, surtout par 
le « Libvre du couvent », et encore par les petits opuscules de 
la Bibl. nat. cotés Ld*, 123, 126, 155, qui contiennent les 
divers « statuts » de la province de Saint-Denys, avec l'appro- 
bation de tous les supérieurs de la province, et une Table capi- 
tulaire de 1770. 

5. ARCHIVES NATIONALES, G9 58, 60. — De ces pièces concer- 
nant la fameuse Commission des Réguliers, l'on retire quelques 
détails sur le nombre des religieux du couvent de Melun dans 
la deuxième moitié du xviu* siècle, chiffre qui fut toujours assez 
restreint depuis l'époque du Père Gallemant jusqu’à celle des 
Inventaires de la Révolution. 


Acuizce Léon, O. F. M. 


Bernay, 26 janvier 1927. 


ORIGINE 
DE LA PROVINCE DES CAPUCINS 


DE LYON 


DITE DE SAINT BONAVENTURE 


Dans un article publié dans le fascicule précédent (p. 212), 
M. A DorniEr signalait (note 1), un manuscrit donné en 1924 par 
les Clarisses de Poligny au R. P. Thoms de Crest, O. M. Cap. Il a 
bien voulu sur notre demande copier dans cet important recueil les 
pages que nous publions ci-dessous. 


Le Père Jérôme de Milan partit de Paris pour se rendre 
à Lyon ; il étoit chargé d’une lettre de la reine Régente 
pour Messieurs les échevins, datée de Paris du 28 avril 
1575, on conserve l'original de cette lettre qui produisit 
tout l'effet que l’on pouvoit en attendre. 

Le chapitre général, tenu à Rome cette même année 
1575 le 19 mai, députa un successeur au P. Pacifique de 
Saint-Gervais dont le Père Jérôme avait eu ordre d’exer- 
cer, en attendant, la commission. 

Ce successeur fut le R. P. Mathias de Salo (1), premier 
définiteur général, provincial de la province de Milan. En 
PaSSant à Thurin il obtint de Son Altesse de Savoie, 
Emmanuel-Philibert, le pouvoir de bâtir un couvent à 
Chambéri, ce qu'il commença la même année qui étoit 
1576 et il est le premier de la province de Savoie. 


(1) Le P. M. Bellintani, de Salo, précha le carême à Marseille en 1578. 
Précédemment il publia une Pratique de l'oraison mentale, Brescia, 1573, 
QU'IT revit, augmenta et republia plusieurs fois: elle fut traduite en fran- 
Le Lyon, 1601, et en latin. Ébouarp D'ALENCON, O. M. Cap., article 
ns Mineurs, dans Dictionnaire de théologie catholique, Paris, 1013, 

SC: 44, col. 851. Cf. sur le même personnage, notre Revue, t. [[, 1925, 
P: 422, 423; t. IIL, 1926, p. 324, 325. 


302 PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON 


De Chambéri ce R. P. prit la route de Lyon; y étant 
arrivé cette année 1576 et trouvant les religieux déjà occu- 
pés à la bâtisse du couvent, il s'emploia à la prédication de 
la parole de Dieu et comme il étoit un des plus habiles 
prédicateurs de son temps, il prêcha, c'étoit toujours en 
1576, dans la ville de Lyon, avec grand applaudissement 
et édification de tout le monde; plusieurs jeunes gens 
émus de ses prédications et bons exemples, prirent l’ha- 
bit de Capucin et luy servirent pour peupler les couvents 
de Lyon et de Chambéri. 

Il établit pour supérieur et premier gardien de Lyon 
le susdit R. P. Jérôme de Milan et fit venir d'Italie plu- 
sieurs bons Pères grandement zélés pour jetter ensemble 
les fondemens de cette province, entr'autres un P. Sau- 
veur de Cité de Castel, grand prédicateur; P. Thomas de 
Turin, P. Nicolas de Cité de Castel, fr. Ange de Côme et 
fr. Maure de Lodi, lais. 


AVIGNON 


En même temps le R. P. Mathias, ayant recu des lettres 
d'un noble et riche personnage d'Avignon, nommé Pierre 
de Saint-Sixte, lequel, ému de la bonne renommée des 
Capucins, le supplioit d’en envoyer audit Avignon pour y 
fonder un couvent qu'il offroit de faire bätir de ses 
propres deniers ; il y envoia le R. P. Jérôme de Milan qui 
cette même année 1576 prit ledit couvent qui est le pre- 
mier de la province de Provence autrement dite de Saint- 
Louis. 


ROANNE 


L'an 1577 fut celui de la fondation du couvent de 
Roanne; jusques là le KR. P. Mathias de Salo avoit été 
commissaire général en France et supérieur majeur de 
tous les couvens qui s’y établiroient; mais les couvens 
commencant à se multiplier en vertu des lettres patentes 
accordées par Henri III, roi de France et de Pologne, vues 


PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON 303 


et approuvées au Parlement l’année 1576, et la distance 
étant trop grande de Paris à Lyon, le T. R. P. géné- 
ral (1) envoia deux commissaires généraux l’un pour 
Paris et l'autre pour Lyon, c'étoit en 1578. 

Le premier étoit le R. P. Anselme de Petra Molaris, 
celui qu'autrefois le pape Pie V et le R. P. général Marius 
de Foro Sarzihio (2) envoyèrent pour supérieur des trente 
Capucins qui assistèrent à la bataille de Lépante en 1571; 
le second fut le R. P. Jérôme de Milan. 

La bonne conduite et la sainte vie des religieux qui 
d'Italie étoient passés en France pour y établir la réforme 
gagnèrent l'estime et l’affection des séculiers ; la science, 
la vertu, la prudence des supérieurs qui la plupart 
étoient grands prédicateurs, faisoient voler la réputation 
des Capucins de toute part; les villes, les provinces, cha- 
cun vouloit en avoir chez soi, ce qui fut cause que la pro- 
vince de Lyon s'étendit considérablement en peu de temps 
et qu'outre le Lyonnais elle comprenoit encore la Savoie, 
le Comté de Bourgogne, le Comtat d'Avignon, la Pro- 


vence, la Lorraine, le Dauphiné, le Duché de Bourgogne 
et l'Auvergne. 


ÉTABLISSEMENT DES CAPUCINS AU 
COMTÉ DE BOURGOGNE 


Nous en avons l'obligation à M. Pierre Moureau, doc- 
eur en théologie, chanoine de l'église collégiale de 
Saint-Anatole et curé de la paroisse de Saint-Jean- 
Baptiste de la même ville (Salins) (3) homme également 
lécommandable par son zèle et sa vertu. 

Dans un voyage qu’il fit à Rome il avoit conçu pour les 
Capucins une estime et une affection singulière; leur vie 
humble, pauvre et détachée l’avoit ravi d'admiration ; la 


ni Jérôme de Montefiorito était ministre général des Capucins en 1578. 
h a Hoczarrec, Manuale historiae Ord. Fr. Min. Fribourg, 1909, 
. 67, 
(2) Le nom latin de ce général est M. de Mercato Saraceno. I] fut élu à 
“ en 1567 et gouverna jusqu'à 1573. 
(3) Salins (Jura), arr. de Poligny, ch.-1. de c. 


304 PROVINCE. DES CAPUCINS DE LYON 


vie surtout du f. Félix de Cantalice (1) dont la sainteté 
et les miracles attiroient tout le monde, lui faisoient dési- 
rer passionnément de voir de ces religieux s'établir à 
Salins. Dans ces sentiments il revint chez lui bien déter- 
miné à exécuter son projet, si la Providence lui en four- 
nissoit les moyens. 

Une circonstance le décida à mettre la main à l’œuvre; 
un jour de solemnité qu’il étoit dans l’église des Révérends 
Pères Conventuels (2), il vit avec étonnement que pendant 
la prédication, on portoit un plat pour recevoir l’argent 
que les fidèles donneroient; aussitôt il communiqua sa 
pensée à un sien ami, M. Gilles Le Maire, prévôt de Saint- 
Maurice et prieur de Jussey (3), et de son avis et de celui 
de M. Nicolas Béreur, de Dole, fermier du puits à muire, 
neveu du sieur Le Maire, il se mit en devoir de consom- 
mer son projet. 

Il ne pouvoit s’y prendre d'une manière plus prudente 
et plus conforme à nos usages; d'abord il sollicita et obtint 
l'agrément de Mgr le card. de la Baume, arch. de Besan- 
çon; il fit la même chose et avec le même succès auprès de 
Mgr François de Vergy, gouverneur de la province, ensuite 
il pressentit les dispositions des principaux Messieurs de 
Salins. 

Muni de ces agrémens et assuré de la disposition de ses 
concitoyens il partit pour Lyon; sitôt qu'il fut arrivé il 
alla trouver le R. P. Jérôme de Milan, provincial, et fit tant 
auprès de lui qu'il en obtint deux religieux, fr. François 
Marchand, de Salins, et fr. Innocent Roubhier, de Luné- 
ville (4), et reprit avec eux le chemin de Salins. 

En rentrant dans cette ville comme ils passoient devant 
le couvent des PP. Conventuels, quantité de personnes 
sortoient de l’église de ces Pères ; c’étoit un jour de fête; 
l'aspect de deux hommes couverts d’un pauvre habit 


(1) S. Félix de Cantalice, frère convers capucin, 1513-1587, canonisé par 
Clément XI qui régna de 1700 à 1721. Cf. FRA ANGeLO Maria Rosstr, Vita 
del B. Felice da Cantalice, Rome, 1706 (dédiée à Clément XI); Léon pe 
CLary, O. M., L'Auréole Séraphique, Paris, s. d. [1882], t. II, p. 210-227. 

(2) Sur les Conventuels de Salins, cf. notre Revue, t. III, p. 283 et 285. 

(3; Jussey (Haute-Saône), arr. de Vesoul, ch.-l. de c. 

(4) Lunéville (Meurthe-et-Moselle), ch.-l. d’arr. 


305 


chargé de pièces, ceints d’une grosse corde et marchant 
nuds pieds, les saisit d'étonnement; chacun s'arrêta pour 
les examiner ; alors M. Moureau prenant la parole, « mes 
amis, leur dit-il, ne vous étonnés pas, ce sont-des bons et 
saints religieux, vrais enfans de saint François, que je 
vous amène en votre ville, pour demeurer avec vous et 
contribuer à votre salut par leurs bons exemples, avis, 
instructions, austérités, pieuses prédications.. » 

La première demeure et habitation des Capucins au 
Comté de Bourgogne a donc été Salins, à l’hermitage vul- 
gairement appelé de Saint-Jean proche la ville, situé un 
peu plus bas que la cime de la montagne du Mont d'Or, 
où nous avons été reçus le 2 août 1582. 


PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON 


CHAPITRES DEPUIS L'ÉTABLISSEMENT DE NOTRE PROVINCE 


CHAPITRES DE LA PROVINCE DE FRANCHE-COMTÉ 


Duo, 
Gray, 

- SALINS, 

* Poicny, 

+ BESaNÇON, 
DoLs, 


JMmL'R SD 7 


14 septembre 
13 septembre 
4 septembre 
10 septembre 
2 septembre 


19 avril 


1618 
1619 
1620 
1621 
1622 
1024 


* Lons-Le-SAUNIER, 12 sept. 1625 


8. 
9. 
10. 
11. 
12. 


13. 
14. 


Ravux D'Hisroins FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 


VESOUL, 11 septembre 
BAUME, 10 septembre 
POoNTARLIER, 8 septembre 
BESANÇON, 4 janvier 
PESMES, 6 septembre 
SALINS, 12 septembre 
GRAY, 4 octobre 


20 


Premier. Lron, tenu en 1580 21. Lyon, septembre 1604 
2. AVIGNON, 1582 22. SALINS, janvier 1606 
3. Lyon, 1583 23. Lyon, 15 septembre 1606 
4. — août 1584 24. — 17 août 1607 
5 — . 1588 25. Riox, 19 septembre 1608 
6 — septembre 1589 26. Dion, 3 octobre 1609 
7 — 1590 27. Docs, 22 avril 1611 
8 — 1591 28. MÂcon, 7 septembre 1612 
9 — 1592 29. CHALON, 13 septembre 1613 
10 — septembre 1593 30. Mouzins, 3 septembre 1614 
11. SAINS, septembre 1594 31. ROANNE, 28 août 1615 
12. CHAMBÉRY, 1595 32. CHALON, 24 octobre 1616 
13. Lyon, novembre 1596 33. Lyon, 31 octobre 1617 
14. ANNECY, septembre 1597 34. Dion, 14 septembre 1618 
15. SaLINS, septembre 1598 
16. DoLe, 1599 Ce fut le dernier où nos supé- 
17. Lron, septembre 1600 | rieurs se trouvèrent rassemblés avec 
18. — septembre 1601 | les PP. de Lyon, celui où notre pro- 
19. — 1602 | vince fut érigée et par conséquent 
20. — septembre 1603 | le premier de notre province. 


1626 
1627 
1628 
1630 
1630 
1631 
1632 


PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON 


15. Dore, 16 septembre 
16. PoLicny, septembre 
17. DoLe, 27 juillet 
18. BEsANÇON, 16 avril 
19. — 21 octobre 
20. SALINS, 7 septembre 
21. BESANÇON, 30 août 
22. — 29 août 
23. SALINS, 23 octobre 
24. Dors, 26 août 
25. BESANÇON, 2 juin 
26. GRay, 17 août 
27. DoLe, 30 août 
28. SALINS, 24 juillet 
29. BESANÇON, 27 août 
30. GRAY, 30 septembre 
31. LONS-LE-SAULNIER, 1° sep. 
32. Pozicnwy, 6 septembre 
33. Bauue, 5 septembre 
34. BESANÇON, 28 août 
35. Sans, 27 août 
36. Vrsouz, 20 avril 
37. Dos, 18 octobre 
38. SAINT-CLAUDE, 5 sept. 
39. BesançoN, 3 septembre 
40. PESMES. 2 septembre 
41. PONTARLIER, 15 sept. 
- 42. GyY, 31 août 
43. SALINS, 11 juillet 
44. FAUCOGNEY, 4 septembre 
45. CHAMPLITTE, 10 sept. 
46. GRaY, 9 septembre 
47- BAUME, 5 septembre 
48. LuxEuIL, 6 mai 
49. BESANÇON, 1° septembre 
50. SALINS, 3 mai 
51. ARBOIS, 4 septembre 
52. Doce, 27 août 
53. SALINS, 16 septembre 
54. BESANÇON, 22 septembre 
55. Dour, 4 septembre 
56. SALINS, 3 septembre 
57. BesANÇON, 1° septembre 
58. GRaY; 7 septembre 
59. DoLe, 6 septembre 
Go. SALINs, 19 septembre 
61. BESANÇON, 21 avril 
62. Does, 26 octobre 
63. BESANÇON, 24 octobre 
64. VESOUL, 25 juin 
65. Gray, 26 août 
66. PONTARLIER, 31 août 


1635 
1634 
1635 
1638 
1639 
1640 
1641 
1642 
1643 
1644 
1645 
1646 
1647 
1648 
1649 
1650 
1651 
1652 
1653 
1654 
1655 
1657 
1658 
1659 
1660 
1661 
1662 
1663 
1664 
1665 
1666 
1667 
1670 
1072 
1673 
1675 
1676 
1677 
1678 
1679 
1682 
1685 
1684 
1685 
1686 
1687 
1690 
1691 
1692 
1694 
1695 
1696 


67. Gy, 30 août 
68. BESANÇON, 12 septembre 
69. SALINs, 28 septembre 
70. PESMES, 3 septembre 
71. Docs, 30 août 
72. LoNs-LE-SAULNIER, 28 sep. 
73. BesANÇON, 31 août 
74.  — 5 septembre 
75. Doce, 4 Septembre 
76. SaLiNs, 3 septembre 
77. GRAY, 2 septembre 
78. BauxE, 7 septembre 
79. Doce, 6 septembre 
80. BESANÇON, 5 septembre 
81. SALINS, 28 août 
82. Doce, 2 septembre 
83. BESANÇON, 13 avril 
84. — 6 septembre 
85. Gray, 2 octobre 
86. BELFORT, 19 août 
87. BESANÇON, 18 avril 
88. — 29 août 
89. — 16 avril 
90. — 1er septembre 
91. VEsouL., 27 septembre 
92. BESANÇON, 16 avril 
93. GRAY, 17 octobre 
94. LURE, 20 avril 
95. Besançon, 5 septembre 
96. SALINS, 14 Mai 
97. Docs, 2 septembre 
98. PoLicNy, 10 mai 
99. SALINS, 5 septembre 
100. BESANÇON, 1° septembre 
101. SALINS, 26 avril 
102. LONS-L&-SAULNIER, 4 sept. 
103. BAUXME, 6 mai 
104. BESANÇON, 1°" septembre 
105. — 28 août 
106. SALINS, 31 août 
107. DOLeE, 27 août 
108. BESANÇON, 24 août 
109. SALINS, 13 août 
110. BESANÇON, 23 août 
111. SALINS, 19 août 
112. BESANÇON, 3 juillet 
113. GRAY, 25 août 
114. BESANÇON, 19 août 
115. VesouL, 22 août 
116. SALINS, 22 août 
117. Does, 22 août 
118. ARBOIS, 18 août 


PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON 


LISTE DES PROVINCIAUX 


R. P. 
JÉRÔME DE MiLan, dès 1580 à 
Tuouas De Turix, 1584 T 


1584 
1588 


Vice-prov. R. P. ALexis DE MIiLan, 


1 586- 
1588- 


ABONDE DE CÔME, 
THÉODOSE DE BERGAME jusqu’en 
ABONDE DE CÔME, 2 id. 


1588 
1591 
1594 
1507 


ANGE D’'AVIGNON jusq'en 
ANTOINE DE TOURNON id. 
NATAL DE PUPETIÈRES id. 
ANGE D AVIGNON, 2 id. 


NATAL DE PUPETIÈRES, 2 id. 
PIERRE DE QUINGEY id. 
NATAL DE PUPETIÈRES, 3 id. 
AUGUSTIN DE LANGRES id. 
ARCHANGE DE Lyon id. 


PROVINCIAUX DEPUIS L'ÉRECTION DE NOTRE PROVINCE 


R. P. 


GRATIEN DE MONTFORT, 14 sept. 
Louis D&e SaINT-CLAUDE, 105. 
GRATIEN, 2, 19 avril 
Désire De LoNs-Le-S., 10 sept. 
GRATIEN, 3, 6 septembre 
Luoovic DE DoLE, 4 octobre 
DESIRÉ, 2, 27 juillet 
GILBERT DE PENNESIÈRES, 21 O. 
Désirs, 3, 29 août 
JEAN-BaPTistTE DE DOLE, 2 juin 
DESIRÉ, 4, 24 juillet 
Crauos-FRr. DE SALINS, 30 sept. 


Désiré, 5, 5 septembre 
JEAN-BAPTISTE, 2, 28 août 
Joaciu D'Uzier, 20 avril 
Hilaire DE Pesues, 5 sept. 


MaARCILIEN DE VUILLAFANS, 15 S. 
CHéruBIN DE LURE, 11 juillet 
Jovire px Cervixs, 9 septembre 
CHÉRUBIN, 2, 5 septembre 
dovite, 2, 1er septembre 
CHÉRUBIN, 3, 4 septembre 
François DE VOLAURE, 22 sept. 
CHéruBIN, 4, 4 septembre 
FRANÇOIS DE ST-AMOUR, 7 sept. 
ALBERT DE PENNESIÈRES, 21 av. 
François, 2, 24 octobre 
Léopouo DE FaucoGneEY, 26 avril 
François, 3, 17 septembre 


1618 
1621 
1024 
1627 
1630 
1632 
1635 
1639 
1642 
1645 
1648 
1650 
1653 
1654 
1657 
1659 
1662 
1664 
1667 
1670 
1673 
1076 
1679 
1682 
1685 
1690 
1692 
1695 
1698 


LéoPpoLp, 2, 30 août 
EMMANUEL DE FAUCOGNEY, 55. 
LEopoLo, 3, 2 septembre 
EMMANUEL, 2, 5 septembre 
MiCHEL-ANGE DE BESANCON, 25. 
AUGusTIN DE Moiraxs, 6 sept. 
MICHEL-AÂNGE, 2, 19 août 
ARCHANGE DK VESOUL, 18 avril 
BasiLE D'ORNANS, 16 avril 
ARCHANGE, 2, 27 septembre 
BASILE, 2, 17 octobre 
SERAPION DE JUSSEY, 5 sept. 
BASILE, 3, 2 septembre 
Louis pe VEsouz, 5 septembre 
ALEXANDRE DE JUSSEY, 17 sept. 
Louis, 2, 4 septembre 
ALEXANDRE, 2, 1°" septembre 
SILVESTRE DE MoiRaxs, 28 août 
JosepH DE GOUHENANS, 31 août 
CHARLES DE CRAMANS, 2, 27 août 
J.-Cu. De DAMPVALLÉE, 24 août 
JosErH, 2, 13 août 
BasiLe D'ORNANS, 23 août 
CHARLES D& CRAMANS, 2, 19 aOÙt 


BASILE, 2, 23 août 
CLÉMENT DE SALINS, 19 août 
JÉRÉMIE DE BOUCLANS, 22 août 


Puiippe DE NEUREY, 
BALTHAZAR DE BAUME, 
TiBurCcE D& JUSSEY, 


307 


1600 
1603 
1606 
1609 
1612 
1615 
1616 
1617 
1618 


1701 
1704 
1707 
1710 
1712 
1715 
1718 
1720 
1723 
1726 
1729 
1732 
1735 
1738 
1741 
1744 
1747 
1750 
1753 
1756 
1759 
1702 
1705 
1768 
1771 
1774 
1757 
1780 
1783 
1780 


LA MISSION 
DE FRÈRE BATTISTA D'IMOLA 


EN ABYSSINIE (1482-1483) 


Les commissaires délégués par le Saint-Siège (1) auprès 
du roi d'Éthiopie, un Franciscain espagnol qui fut par la 
suite vicaire général de l'Ordre, Frère Francisco SAGARA, 
et un Franciscain italien, prêtre également, Frère Gio- 
VANNI DI CALABRIA, étaient accompagnés du donat Frèrè 
BATTISTA D’Imoca, revenu de Rome. Le Frère Sagara 
tomba malade dès son arrivée au Caire, et, forcé d’aban- 
donner la mission, remit à ses confrères les lettres desti- 
nées au roi d'Éthiopie (2). 

Frère Battista d’Imola nous a conservé l'itinéraire que 
suivit la mission à travers l'Égypte et l’Abyssinie. On 
peut le reconstituer dans ses grandes lignes, encore que 
certaines petites localités soient difficiles à identifier. 
Remontant le Nil, les Franciscains vont en bateau jusqu’à 
Nakada au delà de Qouït. Le fleuve traversé, ils prennent 
à chameau la route de Qoséir., lieu d'embarquement habi- 
tuel pour Souakim. A Souakim, les voyageurs étaient 
astreints à une singulière taxe : ils devaient offrir au sul- 
tan local un tapis, un burnous... et du savon. De ce port, 
on gagnait d'ordinaire, en longeant les îles Dahlak et Dis- 
seh, la baie d’Adulis et l’Abyssinie. Mais, faute d'y trouver 


(1) Cette notice paraitra dans le tome III de la Découverte de l'Afrique 
au moyen âge, qu'imprime cn ce moment l’Imprimerie nationale. Nous 
remercions très vivement l’auteur de cet ouvrage, M. Charles de LA Ron- 
CIÈRE d’avoir bien voulu donner la primeur de cette étude à nos lecteurs. 


(2) Fr. Juan De CALAHORRA, p. 298. 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 309 


un boutre de transport, les Franciscains durent abandon- 
ner la route de mer pour reprendre leurs chameaux. 

Ils entrèrent en Abyssinie par Asmara. Leur route vers 
le sud se trouve ensuite jalonnée par les réceptions que 
leur firent des gouverneurs de province, le choum de la 
province de Saraoué, le makonnen du royaume du Tigré. 

Mais les montagnes de l’Amhara dressent leur barrière, 
qui est infranchissable à dos de chameau. Il faut prendre 
des mules. Pendant douze jours, la mission chemine dans 
la montagne à dos de mulet, pour arriver à Ghannata 
Giyorgis, l'église où reposait BA‘’EoA MAryam. La crue du 
Nil Bleu contraint les voyageurs à séjourner un mois 
entier dans la cluse d'Achi Afadj. Le fleuve franchi, ils 
sont dans le Godjam : dix jours plus tard, ils sont au 
terme de leur voyage, à la cour du jeune roi ESKENDER. 

L'accueil de la cour manqua de chaleur. Les ras étaient 
mécontents de n'avoir pas vu exaucer leur désir : Aucun 
prélat pour procéder au couronnement du roi: Ils ne 
pouvaient non plus comprendre comment les délégués 
abyssins étaient restés à Jérusalem en gardant en leur 
possession les cadeaux du pape. C'était, pour la mission, 
un fâcheux début. 

Elle avait comme auxiliaires, il est vrai, les Italiens et 
autres Européens qui séjournaient à la cour. Mais une 
partie d’entre eux étaient des gens aigris. Retenus contre 
leur gré, ils déblatéraient contre leurs hôtes, « race pusil- 
lanime, sans résistance à la fatigue, rusée, orgueilleuse et 
Pourtant grossière, pleine de poux. » Mais ils exaltaient en 
eux « des champions de la foi, d'esprit plus ardent que 
tout autre peuple chrétien. » Avec des flèches et des lances 
en roseaux pour toute arme de guerre, sans solde, simple- 
ment nourris et exempts d'impôts, les guerriers abyssins 
entraient en campagne au nombre de deux ou trois cent 
mille. » Il n’y avait pas d’année que le Prêtre Jean ne 
combattit pour la foi. Recrutés au choix et enrôlés, ses 
soldats étaient marqués au bras, au fer rouge, de l'insigne 
royal (1). C'était leur uniforme. 


(1) Relation de Barrisra p'IuoLa, ci-dessous, p. 339. 


310 CH. DE LA RONCIÈRE 


L'observation demande explication : « ZaR'A YA'EQo8 
avait prescrit à tous ses sujets d'écrire sur leur front les 
mots qui signifient : Du Père, du Fils et du Saint-Esprit; 
— sur le bras droit : Je renie le diable maudit, moi, je suis 
le serviteur de Marie, mère du Créateur de l'Univers; — 
et sur le bras gauche : Je rente le diable impur et vain, et 
j'adore le Christ. Quiconque ne se conformait pas à cette 
prescription, voyait confisquer ses biens, puis était mis à 
mort (1). » 

BATTISTA b’ImoLa s'enquit naturellement des richesses 
de l'Éthiopie dont parlait déjà, au début du xiv* siècle, le 
Père JourpaiN CATALANI DE SÉVÉRAC pour en avoir disserté 
avec des Abyssins : «il y a là, disait-il, deux montagnes de 
feu et, au milieu, il y a une montagne d'or que gardent 
des griffons (2). » Beaucoup plus prosaïquement, selon 
BATTISTA D’IMoLA, « le roi d'Éthiopie tenait sous bonne 
garde son trésor dans des grottes. Le pays avait, du reste, 
de l’or à l'infini, peu de blé, pas de vin, beaucoup de 
viande et une population innombrable. » | 

Le délégué apostolique Frère Giovanni Di CaLABRIA, las 
de voir qu’il n’obtenait pas audience du jeune roi et que 
les ras restaient prévenus contre lui, se décida à renvoyer, 
au bout de huit mois, son compagnon à Jérusalem. Bar- 
TISTA D’ImoLa, l'humble porteur d’aumônes de son con- 
frère, était de retour au couvent du Mont Sion le surlen- 
demain de Noël de l’année 1483. L'un des griefs de la 
cour du négus était l’envoi de simples religieux, au lieu 
d'un légat, par la Cour pontificale. Était-ce prudence de 
la part du Saint-Siège, pour ne pas porter ombrage au Sul- 
tan qui voyait d'un mauvais œil des relations s'établir 
entre les Chrétiens d'Europe et ceux d'Éthiopie? Peut- 
être. 

Le gardien du couvent du Mont Sion s'efforca en tous 
cas de dissiper ces préventions dans une lettre adressée 
en 1484, du Cénacle du Christ au Mont Sion, au « roi 


(1) Les Chroniques de Zar'a Yd'egob, éd. PERRUCHON, p. 6, 202. 

(2) « Mirabilia descripta. » Les Merveilles de l'Asie, par le Père JouRDaix 
CATALANI DE SÉVÉRAC, texte latin, fac similé et traduction par Henri Cor- 
DIER, Paris, 1925, in-4°, p. 89. 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 311 


d'Éthiopie nommé Prêtre Jean. » Ai-je besoin d’ajouter 
qu'il la confiait à son infatigable courrier d’ambassade ? 
Mais BATTISTA D'IMoLA était accompagné cette fois du reli- 
gleux abyssin nommé ANTOINE, qui avait été reçu par le 
pape Sixte IV. La lettre du Père gardien Paolo DE 
CaxeDo retraçait tout l'historique des négociations : elle 
rappelait les conditions dans lesquelles était arrivée à Jéru- 
salem l'ambassade éthiopienne, la mission des deux reli- 
gleux abyssins à Rome, l'apostasie de l’un d'eux à son 
retour et les temporisations du second, ANTOINE, qui 
séjournait depuis deux ans à Jérusalem, au lieu de porter 
au Prêtre Jean le portrait du Souverain Pontife, les autres 
présents offerts par le pape Sixte IV et les lettres qui les 
accompagnaient, aussi paternelles qu'affables. « Mais 
Frère Giovanni Di CALABRIA, après avoir surmonté de nom- 
breux dangers, a pu arriver en présence de ta Seigneurie. 
Tu as pu apprendre de lui que l'Église Catholique et 
Romaine, pas plus que son missionnaire, ne recherche 
l'or, ni l’argent, mais bien votre salut... que ton Excel- 
lence, en vrai fils du Christ et de son Vicaire, le Souverain 
Pontife, réponde à tant d'amour. Donnes-en les preuves à 
son missionnaire, Frère Giovanni : confronte avec lui tes 
Savants, tes docteurs, tes évêques, tes religieux, pour 
qu’ils viennent à la lumière de la Sainte Église Romaine. 
À ta Seigneurie d'écrire, et au Saint-Siège de bénir et 
confirmer ton trône. » 

L'auteur qui nous a conservé l’histoire de ces voyages 
en Abyssinie, un Franciscain du Mont Sion, Frère FRAN- 
CESCO SURIANO, avait vécu quatre mois au Caire dont il a 
laissé le plus pittoresque tableau : rues barrées la nuit 
pour assurer la police de la ville; théories de chameaux 
porteurs d’eau ou, le vendredi soir, de femmes qui s'ache- 
minent, des bouquets de basilic à la main, vers la tombe 
de leurs défunts; cuisines en plein air alimentées avec 
des briquettes de charbon de terre; vente, au boisseau, 
des poussins sortis des couveuses; nids d’aigles cachés 
dans les oreilles du Sphinx; vertu de l’eau du Nil, la plus 
saine qui soit parce qu’en sortant du Paradis terrestre, 


312 CH. DE LA RONCIÈRE 


elle passe en Éthiopie sur un lit d’or fin (1). Ah! comme 
la relation du voyage en Abyssinie eût été autrement colo- 
rée sous sa plume, au lieu d’être faite par l’'humble donat 
qu'était Battista d'Imola! 

Un des passages les plus saillants du Traité de Fran- 


CESCO SURIANO est la description du Canal des Deux Mers, 
depuis longtemps à sec : | 


« Du Caire au Mont Sinaï, il y a onze jours de voyage à cha- 
meau et douze de marche : C'est ce que dura mon voyage. Le 
deuxième jour après notre départ du Caire, nous aperçûmes la 
mer Rouge, et le lendemain, nous franchimes un grand fossé, 
celui que fit creuser Sesostris, roi d'Égypte, puis Darius, roi de 
Perse, et Ptolémée : large de cent pieds, c'est-à-dire de trente- 
cinq pas, et haut de trente pieds, destiné à unir la mer Rouge à 
la Méditerranée. Mais comme l'Océan Indien a un niveau plus 
élevé que la Méditerranée, ces rois ne voulurent point achever 
le canal, car la jonction des deux mers eût submergé toute 
l'Égypte. À présent encore, les vestiges qui en restent rein- 
plissent de stupeur, encore que le sable transporté par le 
simoun, l'ait à demi comblé en certains endroits (2). » 


Lorsque les Portugais entrèrent en relations avec 
l’Abyssinie au temps du roi DAwir IE, ils évincèrent les 
Européens qui étaient à la cour du négus. Ce n'étaient 
plus des Vénitiens, mais des Génois qui étaient en faveur : 
les autres Francs provenaient, deux de Catalogne, un de 
Biscaïe, un autre d'Allemagne et le dernier de Chio. Il y 


(1) Frate Francesco Suri4no, {1 Trattato di Terra Santa e dell'Oriente 
[1485], edito per la prima volta dal P. Girolamo Gocusovic, Milano, 1900, 
in-8°, p. 478. 

(2) « Dal Cayro sino al monte Synai, sono undece giornate de gambello e 
dodecc de camino, e tanto vi steti quando vi andai; el secundo giorno che 
partimo da lo Cayro, trovamo el mare Rosso et lo di sequèente pasammo 
uno grande fosso, lo quale fece far Sesostre, re de Hegypto, Dario, re de 
Persia, Ptolomco; largo cento piedi, zioë trenta cinque passa, et alto trenta 
piedi, per congiongere el predicto inare (del sino Arabicho) cum lo mare 
Mediterraneo. E perchè lo mare Indico è più alto che lo Mediterraneo 
nostro, congiongendosi haveria sprofondato toto lo Egypto, non lo volsero 
perticere. Et sino al presente se vedc le vestigie stupendissime, per ben che 
la harena, portata da li venti fortunevoli, lo habia quasi reinpito in alcuni 
loci, non per tuto » (Francesco SURIANO, p. 174). 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 313 


avait encore des Syriens, des Grecs et des Égyptiens du 
Caire, qu’on désignait du terme générique de Ghibetes (1). 

La cartographie de l’Abyssinie, loin de progresser 
depuis la carte de Fra Mauro, avait subi une régression 
complète en Italie. Le négus fut tributaire, en géographie, 
des Portugais. Dieco LoPes de SEQUEIRA avait apporté en 
1520 au roi DAwir II une mappemonde qui fut, quatre ans 
plus tard, l’objet d’une retouche. « Les lettres écrites sur 
cette carte désignent-elles les terres? avait demandé le roi 
à FRANcISCO ALVAREZ. — Oui, Sire. — Alors, mettez au- 
dessous de chaque nom sa transcription en éthiopien pour 
que je puisse savoir ce qu’il est. » Quand l'opération fut 
faite : « que l'Espagne et le Portugal sont petits ! s’écria le 
roi. Il faudra que la France se joigne à eux pour occuper la 
mer Rouge. — Vous faites erreur, Sire, observa audacieu- 
sement le diplomate. L'Espagne et le Portugal sont figu- 
rés sur un petit espace parce qu'ils sont bien connus. Mais 
voyez vos États : l'Éthiopie, pour n’être pas connue, 
occupe un grand espace, plein de montagnes, de fleuves, 
de lions, d’éléphants et d’autres animaux : on n’y voit 
écrit ni un nom de ville, ni un nom de château » (2). 

On ne pouvait mieux définir l’état lamentable dans 
lequel était tombée la cartographie de l'intérieur du con- 
tinent noir, au lendemain de la découverte de l'Amérique. 


Ch. DE LA RONCIÈRE. 


(1) Francisco ALVAREZ. 
(2) Francisco Acvarez, cap. cxuri. 


314 CH. DE LA RONCIÈRE 


APPENDICE I 


L'Itinéraire de Frère Paul Walther. 


Comme je me trouvais à Venise au couvent de Avinea (1) 
en décembre 1481, j'eus entre les mains une lettre en italien 
vulgaire, dont le sens était celui-ci, autant que j'ai pu com- 
prendre à la lecture qu’en faisait un des religieux et que me 
traduisait un interprète. 


« Très Saint Père, etc. 


« Que Votre Sainteté ait connaissance de la mort du roi des 
Indes appelé Prêtre Jean (2), chrétien comme tout son peuple. 
Il s'agissait jusqu'ici d'un Chrétien de rite grec. Celui qui a été 
élu à sa place, est tellement attaché à la foi catholique et au 
vrai rite chrétien qu'il ne veut tenir que d'un prélat catholique 
l’onction sainte et la couronne. | 

« [l a dépêché à Babylone [au Caire] vers le sultan d'Egypte, 


nt 


Itinerarium fratris Pauli WALTHERI. 


(Tübingen, 1892, in-8°, p. 37). 


Stante me sic Venetiis in conventu de Avinea (dec. 1481), 
oblata michi fuit certa littera ad manus meas, scripta vulgafl 
italice, et in quantum percipere potui, dum a fratre uno legt- 
retur, et per interpretem, eratille sensus verborum : 

« Beatissime pater, etc. Sanctitati Vestre sit notum, regem 
Indorum nunc mortuum, qui vocabatur Johannes presbyter él, 
ut fertur, christianus cum tota sua terra et gente, sed hucus- 
que vixit secundum ritum Grecorum. Alius quoque loco sui és! 
electus (3). Hic tantum afficitur ad fidem catholicam et ad verum 
ritum Christianorum, quod non vult inungi nec coronari nil 
per prelatum catholice fidei. 

« Et misit notabilem ambasiatorem cum magno thesauro tl 


(1) Saint-François des Vignes, fondé en 1253. Cf. Fr. Gonzaca, de Originé 
seraphicae religionis, Rome, 1587, in-fol., p. 2g1-2. 

(2) Ba’eda Märyäm, mort en 1478. 

(3) Eskender, 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 315 


de qui relèvent Jérusalem et la Terre-Sainte, un ambassadeur 
en renom, chargé de trésors et de présents. L'ambassadeur a 
offert au Sultan la valeur de plus de 40.000 ducats, conclu avec 
lui un traité de paix et obtenu pour lui et sa suite un sauf-con- 
duit qui leur permit de gagner Jérusalem, la Terre-Sainte, puis 
la Grèce, d'où il devait ramener des Chrétiens pour couronner 
son maître. Toutes ses demandes ont reçu satisfaction. 

a Arrivé à Jérusalem, après une visite dévote aux Lieux 
Saints, il est venu trouver nos Frères au couvent du Mont Sion. 
Leur genre de vie lui a beaucoup plu. En grande familiarité 
avec eux, causant, mangeant et buvant au couvent, il a fini par 
leur révéler l'objet de sa mission qui était d'aller quérir en 
Grèce un prélat chrétien pour imposer la couronne à son 
maitre. — « Seigneur, pourquoi voulez-vous que ce soient des 
Grecs qui couronnent votre roi, observa le gardien du Mont 
Sion ? Loin d'être des catholiques, ce sont des hérétiques et des 
schismatiques excommuniés par la véritable Église. 

— C'est que je ne connaïs pas d'autres Chrétiens, répondit 
l'ambassadeur. Venez, je vous en prie, avec moi, accompagné 
d'une douzaine de vos religieux, et couronnez mon maître. 
Restez ensuite chez nous : vous instruirez dans la vraie foi et 
les pratiques chrétiennes le roi et tout son peuple. 


multis muneribus ad Babyloniam ad regem Soldanum, qui 
preest Jherusalem et Terre Sancte, offerens idem soldano in 
sigulis plus quam quadraginta milia ducatos, fecitque cum eo 
confederationem pacis, et obtinuit ab eo salvum conductum 
pro se et aliis ad pergendum Jherusalem, ad Terram Sanctam 
et ad Greciam adducendum quosdam Christianos, qui corona- 
rent suum regem. Et concessit sibi soldanus cuncta, que petivit. 

« Demum venit Jherosolimam, devote visitans Loca Sancta et 
fratres nostros in monte Syon, et maxime placuit sibi vita et 
mos vivendi Fratrum Minorum et nostrorum. Et magnam fami- 
liaritatem habuit cum fratribus conversando, comedendo et 
bibendo ; et tandem reseravit eis negotium suum, scilicet quod 
vellet ire ad Greciam et afferre christianum prelatum, qui coro- 
naret dominum suum. Responditgardianus montis Syon dicens : 
« Domine ! quare vultis a Grecis regem vestrum coronari, cum 
non sint veri catholici sed heretici et scismatici et a vera ecclesia 
excomunicati ». 


— Respondit legatus : « Nescio alios christianos. Rogo vos : 


316 CH. DE LA RONCIÈRE 


— Je ne puis le faire, répliqua le gardien. Cela relève du 
pape, pontife suprême, et du vicaire général de notre Ordre, à 
qui il appartient de donner des ordres en conséquence et d'y 
pourveoir. | 

— Que faire et comment aller vers eux? gémit l'ambassadeur. 
Enseignez-le moi, «et je ferai toute diligence. 

— Il faut passer la mer et vous rendre à Rome : là, vous 
trouverez le pape, le vrai représentant du Christ, le chef de 
l'Église Universelle et le prélat de toute la Chrétienté. 

— C'est trop loin, répondit l'ambassadeur : mais jy enverrai 
volontiers de mes gens munis de pleins pouvoirs, comme si 
j'étais présent en personne, pourvu que vos religieux les accom- 
pagnent. Pour moi, j'attendrai pendant cinq mois au Grand 
Caire leur retour : impossible de m'attarder davantage ». 

Et ainsi ces délégués partirent avec des lettres pour le Sou- 
verain Pontife. Parmi les lettres expédiées par le gardien au 
Pape, il y en avait une du sultan aux religieux de Jérusalem, 
qui leur prescrivait de prêter assistance et conseil à l’ambassa- 
deur en toutes ses demandes, sous peine d’être expulsés de Terre- 
Sainte. 


venite mecum, assumptis vobis 12 fratribus de vestris, et coro- 
nate dominum meum. Et manete apud nos et regem omnemque 
populum terre informetis de vera fide catholica et vita chri- 
stiana ». 

— Respondit pater gardianus : « Hoc non habeo facere, sed 
papa, summus pontifex, et nostri Ordinis generalis vicarius 
talia habent ordinare et providere ». 

— Respondit legatus : « Quid faciam et quomodo pergam, 
informetis me et faciam omnem diligentiam ? » 

— Dixitque gardianus : « Oportet vos transfretare mare et ire 
Romam, ibique invenietis papam, qui est verus Christianus 
Christi et caput totius Ecclesie et prelatus omnium Christia- 
norum ». 

— Respondit legatus : « Nimis distat; placet mihi mittere de 
meis cum vestris fratribus, quibus dabo plenam auctoritatem, 
ac si essem personaliter presens. Ego quoque expectabo in 
magno Cayro per quinque menses;, amplius manere non pos- 
sum ». 

Et sic miserunt legationem et scripta ad summum pontificem. 
Scripsit etiam soldanus rex cum legato fratribus in Jherusalem, 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 317 


Parvenus à destination avec leurs lettres, les délégués pré- 
tèrent obéissance à l'Église, au nom du roi des Indes. Dans leur 
joie, le pape et toute la Cour rendaient grâces à Dieu de n'avoir 
pas abandonné son épouse, la Sainte Église, et de l’avoir grati- 
fiée d'une royale recrue. Dans l’audience accordée aux délé- 
gués, le pape leur promit de faire diligence. Mandé aussitôt 
par un bref pontifical, le vicaire général de l'Ordre des Frères 
Mineurs accourut ; ct des Pères furent désignés pour aller [en 
Éthiopiel. Ceci se passait en 1481, au moment de l'Avent ». 


APPENDICE II 


Lettre adressée au duc de Milan par les ambassadeurs 
milanais résidant à Rome. 


Rome, 16 novembre 1481. 


« {llustrissime prince et très excellent Seigneur, notre maître 
tout particulier. 


« Pour porter à la connaissance de votre Excellence toutes 


ut prompte prestent viro consilium et auxilium in cunctis, que 
péteret, et si non fecerint, minatus est omnes fratres expellere 
de Terra Sancta. Et hanc litteram soldani misit gardianus cum 
ceteris summo pontifici. 

Perventis legatis cum liiteris ad papam fecerunt obedientiam 
Ecclesie ex parte regis Indie. Et gavisus est papa et omnis curia, 
gratias agentes Deco, qui suam sponsam sanctam Ecciesiam non 
dereliquit, sed ampliare intendit per obedientiam istius regis : 
ét recepit eos salvos et promisit facere omnem diligentiam. Et 
Statim misit papa breve ad vicarium generalem, ut indelate 
veniret ad curiam. Percepto breve statim ivit, et deputati sunt 
Patres ad iter, etc. Hec facta sunt anno Domini 1481 et in 
adventu Domini ». 


« [llustrissime princeps et excellentissime Domine, Domine 
noster singularissime. 


« Adcid que Vostra Excellentia habia noticia de quanto 


319 CH. DE LA RONCIÈRE 


lcs nouvelles de cette cour, nous l’avisons de l’arrivée récente 
d'un ambassadeur envoyé par le Prêtre Jean à Sa Sainteté. Admis 
en présence du Consistoire privé, il a exposé que, son souverain 
étant mort, on en avait élu un autre. La coutume est, en pareil 
cas, d'envoyer à Jérusalem ou ailleurs chercher quelque véné- 
rable religieux pour imposer la couronne et présider aux 
autres cérémonies du sacre. Conformément à l'usage, un cou- 
sin du Prêtre Jean fut mandé et il alla chez tels de ces gens 
qui se disent Chrétiens, mais qui ont des erreurs de doctrine 
incompatibles avec la foi chrétienne. Avant de révéler l’objet de 
sa mission, il alla trouver [à Jérusalem] les Franciscains de 
l'Observance. Témoin des règles de l'Ordre et charmé de ce 
genre de vie, il invita le gardien du coùvent à accepter la charge 
d'aller couronner son maître. Le gardien toutefois se récusa : 
il ne voulait pas s'y rendre, parce que les sujets du Prêtre Jean 
étaient attachés à leurs erreurs contraires à notre foi. Mais il 
conseilla à l'ambassadeur d'aller à Rome trouver le prince de 
toute la Chrétienté, le pape. Sa Béatitude, avisée de leur désir, 
manderait au Prêtre Jean prélats et religieux capables pour 
prêcher la vraie foi et extirper l'erreur. Et ainsi, au lieu de tenir 


accade in questa corte, l’advisamo como al presente è venuto 
uno ambassatore del Sig. Prete Janni quà alla Sanctità de no- 
stro Signore ; il quale, admisso al conspecto de questo Consi- 
storio privato, ha exposto che, essendo morto el suo grande 
Signore,etelectone uno da quelli a cui specta, dicto novoelecto, 
per continuare la sua consuetudine, che è in simile caso de man- 
dare in Jerusalem o qualche altro loco ad ricerchare qualche 
venerabile religioso che gli vada ad dare la corona et fare l'altre 
cerimonie, secondo el loro costume, hanno mandato un cusino 
del... dicto Prete Janni, el quale essendo capitato a casa de uno 
qui tenetur sectam d.…. fiteantur nomine Christianum, rtamen 
hanno de molti errori contra la fede cristiana..... uno de dicta 
secta. Sed prima che facesse la sua expositione, andd a trovare 
1 frati de Sancto Francesco de Observantia, ed havendo veduto 
le regole del loro ordine, li piaquero molto. Per il che fece inten- 
dere al guardiano.... di sua, pregandolo che I volesse acceptare 
l’impresa di andare a incoronare il suo Signore, perd che molto 
gli era piaciuto el vivere suo. Ma il dicto guardiano scusandosi 
non volergli andare, perchè teneno ad errori contro la fede 
nostra, consiglid el supradicto dicto ambasatore ad mandare a 
Roma, perd chè gli è el papa quale è principe de tutta la reli- 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 319 


la couronne d'un simple religieux, le Prêtre Jean pourrait venir 
ensuite à Rome pour la recevoir, suprême honneur, des mains 
du chef de toute la chrétienté. 

« Le cousin et orateur du Prêtre Jean se rendit à ces raisons 
et recommandations. Ce sont ses envoyés qui venaient trans- 
mettre ici sa requête : que sa Béatitude daignât mander des 
personnes d’autorité, des prédicateurs capables d'extirper l'er- 
reur en vue du couronnement du roi, et ils offraient de verser 
au Saint-Siège un cens honorable, comme aussi de fonder à 
Rome un collège de cent des leurs qui viendraient s'instruire 
dans la foi et les cérémonies de l'Église, et qui, leur éducation 
achevée, seraient remplacés par d’autres. En foi de leur mission 
et de leur exposé, ces envoyés exhibèrent des lettres adressées 
parle gardien au pape, où ilexpliquait complètement la situation 
de fait et tout ce qu'il était nécessaire de faire. 

« À ces lettres Sa Sainteté prête la plus grande créance, jusqu'à 
dire à tous les cardinaux : « Je connais ce gardien et je sais que 
ce n'est pas une personne à écrire une chose pour une autre ». 
La réponse qu'Elle fit à l’orateur du Prêtre Jean, fut conforme 
à ce qu'avait écrit le gardien. 


gione christiana : la cui Beatitudine intendendo tale desyderio, 
mandaria prelati et religiosi notabili al Prete Janni ad predicarli 
et levarli quelli errori in quali sono contro la fede christiana ; 
per modo che poterebe poi venire a Roma ad incoronarsi, et 
che gli seria magiore honore prehendere la corona de mano del 
Signore de tutta la christianità, che da une semplice religioso. 

Et che ad questi conforti et suasioni, quello cusino et oratore 
del predicto Signore Prete Janni li haveva mandati qua loro ad 
richiedere alla sua Beatitudine, se dignasse mandargli qualche 
persona di auctorità, cum alcuni altri che fussero sufficienti, 
levarli etextiparli quelli suoi errori etincoronare el suo Signore, 
offerendo che’! recognoscera la Sede apostolica de qualche hono- 
revole censo. Et che mandarano quà ad Roma la provisione per 
fargli uno loco dove tenerano continuamente cento persone dele 
\oro per instruerli nella fede et cerimonie della Chiesa, et 
secundo imprenderano, li levarano et remetterano : et per fede 
de questa sua venuta et espositione, hanno portato lettere del 
dicto guardiano al nostro Signore, per le quale gli significa ad 
plenum, quid sit de facto, et quanto sia necessario da fare. 

« Alle quale lettere nostro Signore presta grandissima fede, 


320 CH. DE LA RONCIÈRE 


« Le pape a résolu d'envoyer au Prêtre Jean, pour prêcher et 
combattre l’erreur, douze religieux de l’Observance de Saint 
François, des plus doctes, expérimentés et éprouvés, qu'accom- 
pagneront des prélats, évêques et archevêques. Déjà il a écrit 
au vicaire général des Franciscains de procéder à leur choix. 
A ce propos, le vénérable archevêque de Rouen [Guillaume 
d’Estouteville], avec l'expérience qu'il a comme doyen d'âge des 
cardinaux, a rappelé les tentatives faites plusieurs fois par le 
pape Eugène IV pour ramener ces peuples à la vraie foi, sans 
arriver à rien. [l encouragea le pape à reprendre l'entreprise, 
qui, en cas de réussite, pourrait donner une indubitable sécu- 
rité : le Prêtre Jean est, en effet, très puissant et très capable 
d'attaquer le Turc [avec son armée]. Sa Sainteté a confié aux 
révérendissimes cardinaux de Saint... le soin de définir les 
erreurs de doctrine de ces gens, pour pouvoir... quand le Prêtre 
Jean, qui est jeune, viendra à Rome se faire couronner. 

« Selon l’envoyé, son maître a adressé à son cousin un don 
évalué deux cent mille ducats, et, entre autres choses, une lance, 
un écu et un arc, tous en or massif, ainsi que beaucoup d’autres 
choses précieuses. Ceci dit, parce que nous l’entendons répéter, 


con dire a tutti li cardinali che’l cognosce dicto guardiano et sà 
che’l è persona che non scriveria una per un'altra. Et cossi per 
el scrivere del predicto guardiano, fece una resposta del predicto 
oratore conforme alle dicte lettere. 

« Nostro Signore ha deliberato mandare..... xij religiosi 
dela Observantia de Sancto Francesco deli più docti, experti et 
probati, et alcuni altri prelati, videlicet arcivescovi et vescovi, 
al dicto Prete Janni ad predicare et levarvi quelli errori che 
teneno contro la fede nostra; et già ha scripto al vicario gene- 
rale del dicto Ordine che ne faccia la electione. Ad questo pro- 
posito, el reverendissimo cardinale Rohano, come quello che 
hà.. più che per essere el più antiquo cardinaleche gli sia, disse 
che papa Eugenio altre volte tent conducere dicto Signore in 
tutto alla fede nostra et levarli quelli suoi errori... nihil ope- 
ratus est, confortando nostro Signore ad abbrazare la impresa, 
perchè quando bene succeda, se poteria havere indubitata segu- 
reza... per che dicto Signore à potentissimo et aptissimo 
offendere el Turco... sua. Nostro Signore ha commisso alli 
Reverendissimi Cardinali de Sancto... intendano li erroriin 
quibus sunt, per potere... eza che'l predicto Prete Janni verrà 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 321 


même par des cardinaux, mais sans y attacher plus de foi qu'il 
ne convient. 

« L'interprète de l’envoyé est un certain Giovanni Battista 
d'Imola, jadis familier du comte Girolamo, chez qui il était en 
excellente condition et crédit. [l est venu avec eux (sic) de Jéru- 
salem, où il leur persuada de faire le voyage, prenant charge de 
leur conduite et introduction près du pape. 

« Nous nous recommandons humblement à Votre Seigneurie. 
Rome, 16 novembre 1481. De votre illustrissime et excellen- 
tissime Seigneurie les très fidèles serviteurs : 


« Branda, évêque de Côme, 
« Antoine Trivulce, protonotaire apostolique, 
« et Branda de Castiliono ». 


ad Roma ad incoronarlo, intanto che è giovane ; perchè, quando 
succeda, serà grandissima gloria della Sede apostolica et... dela 
nostra religione cristiana. 

«... isse ancora dicto oratore che’l predicto suo Signore 
ha mandato uno dono al cusino, che è estimato ducati ducen- 
tomillia, et tra l’altre cose, dice havergli mandato una lanza, 
uno scudo et uno arco, tutti de oro massizo, con molte altre 
cose preciose. Questa parte scrivemo per essere dicta quà et da 
cardinali, non perchè eli prestiamo più fede che si convenga. 

« Interprete del dicto oratore si è uno Joanne Baptista da 
Imola, quale stava alias col’illustre Conte Hieronymo et haveva 
bonissima conditione et credito cum sua Signoria. El quale è 
Yenuto con loro da Jerusalem in quà, et ritrovandose là, li per- 
Suase al venire et tolse caricho de condurli et introducerli al 
nostro Signore. 

« Ne raccemandiamo humelmente alla Signoria Vostra. 
Roma, XVI novembris 1481. Ejusdem illustrissime et excel- 
lentissime dominationis fidelissimi servi : 

« Branda, episcopus Comensis, 
« Antonius Trivultius, apostolicus protonotarius, 
« et Branda de Castiliono ». 


(Publié, d'après l’Archivio di Stato de Milan, par P. Guinzoni, 
Un Ambasciata del Prete Gianni a Roma nel 1481, dans l’Archivio 
Slorico lombardo, série II, vol. VI, Milano, 1889, p. 151.) 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 21 


322 CH. DE LA RONCIÈRE 


APPENDICE Ill 


El viagio que fecero li Fratri nostri, quando andarono 
al Prete ITane. 
Relation du voyage des Franciscains Giovanni di Calabria 
et Battista d’Imola en Abyssinie. 
D'après FRaNcEscO SURIANO (1482-1483). 


En 1480 (sic pour 1482), tandis que j'étais de commu- 
nauté au Mont Sion, deux religieux de ce couvent furent 
envoyés comme nonces et commissaires du Saint-Siège au 
très puissant roi d’Éthiopie, au Prêtre Jean. L'un, le Révé- 
rend Père Frère Francisco Sacara, un Espagnol dont la 
grande sainteté égalait la science, devint par la suite 
vicaire général au delà des Monts ; l’autre s'appelait Frère 
Giovanni Di CaLaBkiA, Ils allaient montrer leurs erreurs 
aux Éthiopiens qui y demeuraient plongés plus par igno- 
rance que par malice et qu'ils allaient instruire de la foi 
catholique. 


Il Trattato de Terra Santa e dell Oriente di Frate FRAN- 
CESCO SURIANO, MISssionario e viaggiatore del secolo XV 
(Siria, Palestina, Arabia, Egitto, Abissinia, etc.), edito per 
la prima volta dal P. Girolamo Gocusovircx, Milano, 
1900, in-8°, p. 79: 


Del mille quatrocento e octanta, stando 10 de famiglia 
in Monte Syon, como nuncii et commissarii de la Sede 
apostolica, ad questo effecto furono mandati de la famiglia 
de monte Syon doi frati, zioè el Patre Venerando Frate 
FRANCESCO SaGara, Spagnolo, homo integerrimo de san- 
ctità et scientia, el qual da poi fu vicario generale ultramon- 
tano, e frate IoaNE DE CALABRIA, al potentissimo Signor 
de la Ethiopia, Prete Jane, azid li havesse a dechiararli lor 
errori, nelli quali permangono più presto per ignorantia, 
che per malitia; et etiam l1 havesse ad instruire ne la catho- 
lica fede. 


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UNE MISSION EN ABYSSINIE 323 


La Sœur. — Auriez-vous l'obligeance de me dire ce qui 
advint de ces religieux, et quel résultat heureux eut leur 
voyage. 

Le FRÈRE. — En 1483 [le 27 décembre] (1), fut de 
retour au Mont Sion le donat BATTISTA D’IMoLA que j'avais 
vu partir avec eux comme porteur d’aumônes. Il rapportait 
des lettres des religieux, d’après lesquelles ils avaient 
atteint, huit mois auparavant, le but de leur voyage, la 
résidence du Grand Prêtre Jean. Ils n’en avaient jamais 
pu avoir audience : le souverain était mort. Son successeur, 
son fils ALEXANDRE, n'étant pas d'âge adulte, le gouverne- 
ment du royaume était assuré par quelques seigneurs, à 
qui la venue des religieux était déplaisante. Ils étaient 
mécontents de s'être vus frustrés de leur espoir, surtout 
que les ambassadeurs envoyés de leur part au Saint-Siège 
dans un but de réconciliation, étaient revenus à Jérusalem 


SORA. — Haveva caro me dicesti quello ne seguità de li 
Predicti frati, et che effecto bono ne sortite da quella loro 
andata. | 

FRATE. — Nel mille quatrocento otantatre [a di XXVII 
de dicembre] (1), ritornd ad Monte Syon lo famiglio che 
mena ron per portar la elymosina, stando io in monte Syon, 
Chiamato BaTrisrA DA IMOLA, portando littere de li pre- 
dicti frati, in le qual se conteniva esser octo mesi pasati 
che erano gionti al loco desiderato, et alla presentia del 
MaäBNO Prete lane. Nè mai haveano potuto haver audientia, 
PT éSser morto lo predicto signore (2), et lo suo fiolo era 
SUCCessoin suo loco chiamato ALExANbRo. Et per non esser 
IR Età adulta, governavan el regno alquanti signori, a li 
quali non piaceva lor andata, per il che stavano malcon- 
nti vedendose defraudati dal lor desiderio, et maxima- 
mente che li ambassiatori che erano de li loro andati alla 

de apostolica per tal reconciliatione, retornati in Hieru- 


l De 
: Les additions entre crochets proviennent d’un autre manuscrit du 
a) É Soriano. Les deux manuscrits sont à Pérouse. 

& eda Märyäm, mort en 1478. 


te 


324 CH. DE LA RONCIÈRE 


(] 


et y restaient avec les nombreux cadeaux du Souverain 
Pontife SixTE : l’un de ces ambassadeurs avait même apos- 
tasié, suprême honte ! à Jérusalem pour se faire musulman. 
L'autre n’osait revenir se présenter devant le Prêtre Jean. 

Devant cette déception des missionnaires, le Père gar- 
dien décida, à l'incitation des frères de son couvent, de 
renvoyer en Éthiopie BarrTisTA b'ImoLA en compagnie de 
l'ambassadeur abyssin pour aller à la cour du Prêtre Jean. 

Le gardien du Mont Sion, Frère Paoro DE Canepo, de 
Mantoue, rédigea en conséquence à l’adresse de ce souverain 
une lettre que j'écrivis sous sa dictée : 


Lettre envoyée par Frère Paolo da Canedo, 
gardien du Mont Sion au roi d'Ethiopie, nommé Prêtre Jean : 


« Sérénissime et tout puissant seigneur, la connaissance de 
« la vérité et la victoire du Ciel te soient données. La Sainte 
« Église Catholique et Romaine, instaurée et fondée par Notre- 
« Sauveur Jésus-Christ, se propagea par les Saints Apôtres, dont 
« le chef et le prince fut l’apôtre Pierre, institué vicaire du Christ 


salem cum molti doni, da la presentia de Sixro, pontifice 
maximo; l’uno de li quali renegd la fede in Hierusalem, 
cum gran vituperio et fecesi saraceno. L'altro non era 
ardito retornar alla presentia regale del Prete Jane. Vedendo 
adunque li Frati tale deceptione, volendo remandare el 
predicto BATTisTA el Padre guardiano (per persuasione de 
li Frati del loco), iterum in Ethiopia al predicto Prete 
Jane, el predicto ambassiator Abassino ritornû in suo paest 
cum lo predicto famiglio de li frati, a la corte del Prete 
Jane. 

Al quale Frate Pauco na CaNEn0o, Mantoano et guardiano 
de Monte Syon, scripse una spistola al predicto signore, 
lui detando et io scrivendo. 


Epistola mandata da frate Pauro pa CHanEDo, guardiano 
del Monte Syon, al rè de la Ethiopia, chiamato Prete Janni. 


« Serenissimo e potentissimo Rè, cognitione de la verita € 
« victoria del cielo te siano subministrate. La sancta e catholica 


UNE MISSION EN ABYSSINIE _ 325 


«comme le sont tous ses successeurs : aussi n’a-t-elle cessé de 
«parcourir et d'envelopper l’Univers pour gagner les peuples à 
«Dieu et leur faire abandonner leurs erreurs et connaître le 
«culte du vrai Dieu, créateur de toutes choses. C'est ce qui 
«apparait dans la dispersion des saints apôtres, disciples du Sau- 
«veur. Leurs voix et leurs prédications se firent entendre dans 
«l'univers entier et jusqu'aux extrémités du monde retentirent 
«leurs paroles : si bien que l’Éthiopie et tout le territoire sou- 
«mis à ton vaste empire ont été stimulés par leurs voix. Il ne 
“reste plus à l'Église qu'à visiter, réconforter et instruire avec 
«une diligente sollicitude l'assemblée universelle des chrétiens, 
«àempêcher qu'il arrive malheur au troupeau qui lui est confié : 
« l'expérience enseigne en effet que les troupeaux sans pasteur 
« sont tracassés par des hérésies variées et sont consumés par 
«les infirmités sans nombre du vice et de l'erreur. Affligée, en 
“mère compatissante, que les innombrables peuples soumis à 
“ta domination, pourtant chrétien, manquent du lait de sa 
* doctrine catholique si suave, elle a tenté plusieurs fois de r'en- 
“voyer, par ses missionnaires, Pères et maitres, de quoi se 
“repaître de la nourriture de la vérité catholique et les moyens 


a 
e 


“eromana Chiesia, la quale initiata e fondata dal Salvator no- 
“STO Christo, pululd e germinà ne li santi apostoli, de li quali 
“ECapo e principe Pietro apostolo, e vicario suo istituito da 
“Christo, e per lo simile tuti li soi successori, si come non ha 
“Mai cessato de discurere e circuire lo universo per aggregare 
“ POpulo a Dio fidele, li quali lassando li pristini errori, cogno- 
TSCéSse el culto del vero Dio e de tutte le cosse creatore, como 
“aPPare ne la divisione de li santi apostoli e discipuli del Sal- 
“ValOre; le voce e predicatione de li quali se extesero ne lo 
“WAlvVerso mondo e da le ultime parte de la terra passarono le 
“loro parole, si che la Ethiopia e tutta la terra al amplo tuo 
: dominio subjecta da tale voce à stata excitata ; cosi non resta 
“Mai çon sollicita diligentia de visitare, confortare et admonire 
“là universale congregatione christiana, aziochè non accada al 
"éTêge à lei commesso patire detrimento, conoscendo per vera 
« “*Perientia le pecore, che dal pastore non sono curate, da scabie 
"de diverse heresie e de varie infirmità de vicii et errori consu- 
"Marse, Per tanto attendendo quella, como piatosa madre, 
"AU merabili populi a tua Signoria subjecti, li quali confes- 


326 CH. DE LA RONCIÈRE 


« 
« 
« 
« 


« 


"m 


d’éclaircir les questions mal comprises, d’extirper les obser- 
vances mauvaises ou erronées et de consolider celles qui sont 
bonnes et saintes. Mais retenus à mi-chemin par de diaboli- 
ques obstacles, ses missionnaires n'ont pu accomplir cette 
pieuse intention. 

« Comme l’amour et la charité n’ont pas de repos et ne se 
contentent pas d’une seule tentative, sache, Seigneur, ce qu'ils 


« ont accompli et finalement trouvé, à la suite de la venue en 


CS 


CS 


md 
PR 


cette sainte cité de Jérusalem des ambassadeurs de ton Excel- 
lence, avertis par eux de tes bonnes et saintes dispositions, de 
ton grand désir de connaître la vérité, deux de nos frères, 
appartenant comme moi au célèbre et très excellent Ordre de 
Saint-François, partirent avec la commission et l'aveu du 
Saint-Siège et de mon prédécesseur Frère Giovanni THoMA- 
ZELLO, gentilhomme napolitain : pour le salut de ta Majesté et 
de tes peuples, faisant fi de leur vie, ils se disposaient à 
venir en présence de ta Sérénité. Bien que l'un d’eux, Frère 
FRANCISCO SAGARA, ait été retenu en route par une maladie, l’au- 
tre, Frère Giovanni p1 CALaBRIA, après avoir surmonté de nom- 
breux dangers et supporté des souffrances de tous genres, est 


« parvenu au but, il a pu arriver en présence de ta Seigneurie. 


À 


ES 


«a 


« 


« 


« 


« 


sano Christo, manchar dal lacte de la sua catholica e suave 
doctrina, ha tempato più volte de mandarti, per suoi messi, 
padri e maestri, li quali del pabulo e cibo de la catholica verità 
ve havessero appascere, le cose mal intese dichiarare, le male 
et erronee observantie extirpare, e ne le bone e sancte confir- 
mare. Ma detenuti dal diabolico in mezo posto impedimento, 
non hanno possuto la sua piatosa intentione exequire. 

« E perchè lo amore et charità non ha quiete, ne de una sola 
inquisitione se contenta et è satisfacta; in questo tempo, 
cognosci, Signor, quello che dolcemente ha exequito e final- 
mente ritrovato ; che essendo venuti li ambasiatori de tua 
Excellentia alla cità sancta de Hierusalem, et havendo quelli 
fato cognoscere il bono et santo proposito de quella, lo affecto 


«grande de la cognitione de la veritade, de comissione et au- 


ctorità de essa Apostolica Sede e del mio predecessor Frate 
JOANNE THOMAazELLO, gentil homo napolitano, sonose partiti 
doi Frati miei ct de la inclita et excellentissima Religione de 
Sancto Francesco et mia, li quali accesi de la salute de tua 
Maicstade e populi toi, postponendo la propria vita, se hanno 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 327 


«a Tu as pu apprendre de lui que l’Église Catholique et Romaine, 
« pas plus que son missionnaire, ne recherche l'or, ni l'argent, 
« mais bien votre salut, votre réforme, s’il est possible. 

« Tu auras pu apprendre de lui l'affection et l'amour que le 
« Saint-Siège vous porte. Son chef, le prince de l'Église qui 
« occupe ce Siège, le Souverain Pontife SixTEe IV, a montré des 
« plusclairement son paternel amour à l'égard de ton Excellence. 
Deux de tes religieux, habitant ici à Jérusalem, ayant été 
envoyés à Rome vers le Souverain Pontife comme tes ambas- 
sadeurs, avec quelle allégresse et quelle joie ils ont été recus, 
avec quelle cordialité ils ont été traités, quels honneurs leur 
ont été rendus en ton nom, avec quelle célérité on a expédié 
leur affaire, je ne saurais te l'écrire. 
a Je ne les croyais pas encore arrivés à Rome que déjà ils 
«a étaient de retour à Jérusalem, en route pour retrouver ta Sei- 
« gneurie avecles instructions du Souverain Pontife. L'un d’eux, 
« pour la grande honte du nom chrétien et de sa nation, a renié 
« la foi : l’autre du nom d’ANTOINE, depuis deux ans qu'il est 
arrivé ici, garde les lettres pontificales aussi paternelles qu’ami- 
cales, les présents envoyés en signe d'affection, le propre por- 
trait du Souverain Pontife, et l'anneau de son doigt qu’il 


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posti ad venire a la presentia de tua Serenitade. E ben che uno, 
zoè Frate Francesco SAGARA, restasse per la via detenudo da 
infirmitade, l'altro, zioè Frate JoANNE DE CaLaBria, da poi 
« moiti pericoli, patite e sopportate molte e varie angustie, è per- 
« venuto allo optato loco et alla fazia desiderata de tua Signo- 
« ria, dal quale haverà potuto intendere che la romana e catho- 
« lica Chiesa, [e] neancho lo nominato suo nuncio, non recerca 
« Oro, nè argento, ma si la salute vostra, la reformation in 
« meglior stato, se el sarà possibile. 

« Da quello haverà possuto intendere lo affecto e dilectione 
« de essa Apostolica Sede verso de vui : lo cappo € principe de 
« la quale è quello lo quale in essa Sede, pontihice maximo, papa 
« SIXTO QUARTO, per più chiaramente demonstrare lo paterno 
« amore verso tua Excellentia; doi de toi Religiosi, [che] habi- 
«tano qui in Hierusalem, mandati ad Roma et alla presentia 
« del predicto pontifice da li prenominati toi ambasciadori, 
« cum quanta letitia et gaudio siano stati recevuti, cum quanta 
« humanità siano stati da esso tractati, de quanto honore in tuo 
« nome recevuti, cum quanta humanità siano stati da lesso tra- 


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328 CH. DE LA RONCIÈRE 


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adressait à ton Excellence en signe de fidèles épousailles: 
alléguant la difficulté de la route, il dépense l'argent qu'il a 
recu pour le voyage et fraude le Saint-Siège comme ta Séré- 
nité dans leur intention : je ne puis le rapporter sans verser 
des larmes. 

« D'un fait si consolant j'ai voulu te faire part; ta Majesté con- 
naîtra ainsi, ce dont je veux la persuader comme d'une vérité, 
que le Saint-Siège cherche à te faire connaître son amour très 
ardent pour toi et à te manifester le vif désir de votre salut, 
que ton Excellence donc, en vrai fils du Christ et de son 
vicaire, le Souverain Pontife, réponde à tant d'amour. Donnes- 


« en la preuve à son missionnaire, Frère Giovanni. Confronte 
« avec lui tes savants, tes docteurs, tes évêques, tes religieux. 


pour qu'ils viennent à la lumière de la Sainte Église Romaine; 
qu'ils confèrent; qu'ils s'éclairent sur ce qui est à maintenir: 
qu'ils le confirment, qu'ils abandonnent ce qui sera reconnu 
erroné. À ta Seigneurie d'écrire au Saint-Siège de bénir et 
confirmer ton trône, en te ramenant à une si grande vérité. 
Et ainsi pour le bien public et universel, il n'y a besoin ni 
de nombreuses consultations, ni de longues délibérations, sois 


ctati, de quanto honore in tuo nome recevuti, cum quanta 
celerità siano stati expediti, non tel poria scrivere. 

« Si che quando credea che anchora non fossero gionti, sono 
ritornati in Hierusalem, al camino ed alla presentia de tua 
Signoria da esso summo Pontefice disposti et ordinati. De Ii 
quali l’uno, in grande confusione del nome christiano e de la 
sua natione, ha renegato la fede : l'altro, chiamato AnTHonio, 
già doi anni da poi el suo giongere qui, ritiene le paterne et 
amicabile littere, li presenti in segno de amore, la ymagine de 
esso summo Pontefice, lo anelo del proprio dito, in signo de 
fidele disponsatione ad tua Excellentia da quello drizate. Et 
allegando la difficultà del venire, consuma la pecunia a lui 
donata per lo viaggio, defrauda la dicta Sede dal suo intento 
e tua Serenità, che senza lachryme nol proferisco. 

« Di tanta consolazione questo ho voluto interponere, azid 
che tua Maestà cognosca esser vero questo che ad quella 
voglio cum verità persuadere che la dicta Sede cercha de farte 
cognoscere l’ardentissima charità verso de te et de la salute 
vostra lo suo acceso desiderio manifestarti. Perd tua Excel- 
lentia, como vero fiolo de Christo e del vicario suo, Ponuifice 


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UNE MISSION EN ABYSSINIE 329 


« expéditif, net, prompt à te résoudre : sans épargner l'or, mande 


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des hommes dignes de ta Royale Majesté. Ne tergiverse pas, 
car c'est dans le retard qu'est le péril. Bien qu'enfant par 
l’âge, montre que tu es chenu et mûr dans les sentiments. 
Agis en sorte que les faits correspondent au rapport de tes 
ambassadeurs, et puisque tu as recu le nom d'Alexandre, 
applique-toi à lui ressembler par la vertu, hérite de sa réputa- 
tion et de la grandeur de son empire temporel, va plus loin, 
et passe de cet empire au domaine spirituel et céleste; ta Sei- 
gneurie l’obtiendra si elle prête l'oreille à mes avis, si elle 
donne créance à l'envoyé apostolique et à moi, si elle réclame 
par ses orateurs et ambassadeurs l'union de son peuple à 
l'Église Catholique et Romaine. Autrement, ce qu’à Dieu ne 
plaise, et je ne crois pas que tu le fasses, il en résulterait la 
honte du Christ Notre Seigneur et l'indignation des apôtres 
saint Pierre et Saint Paul et de notre glorieux père saint Fran- 
çois. 

« Donné en la sainte cité de Jérusalem, au Mont Sion, dans 
le Saint Cénacle du Christ, en 1484 ». 


maximo, corrispondi ad tanto amore : Dali expeditione al dicto 
messo, Frate Joanne : Mandi cum lui li soi sapienti, li soi 


« docti, li soi vescovi, li soi religiosi; li quali vengano al vero 
« lume de la sancta Chiesia romana; qui conferiscano; qui se 


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dichiarino, in quello sarâ da tenere; (qui se confirmino :) 
quello sarà, como erroneo, da lassare qui lo lassino. Ad tua 
Signoria littere et alla Sede Apostolica benedictione, la quale 
confirmi el throno tuo, et te riportino ad tanta verità. Et 
cossi publico et universal bene non bisognano molte consul- 
tatione, non bisognano longe deliberatione. Expedissi, spaza, 
accelera, delibera : non sparagnar oro, manda homeni digni 
de tua regal Maestà : non induciare, perocchè ne la mora è lo 
pericolo. E benchè la pueritia sia ne li anni, demonstra esser 
la canitie et antiquità ne li sentimenti : fa che li facti corris- 
pondino al referir de toi ambasiatori, e poi chè hai conseguito 
el nome de ALExANDRO, studia te de conseguire la virtude, 
hereditare la fama e l’amplitudine de suo dominio temporale. 
Excedi e trapassa de dominio e possessione spirituale e celes- 
tiale : la qual conseguirà tua Signoria, se a la mia persuasione 
prestarà orechie, se al messo apostolico e mio darà expedi- 
tione, se cum la romana et catholica Chiesia rechiedarà, per 


330 CH. DE LA RONCIÈRE 


La Sœur. — Pourquoi le Saint-Siège n'a-t-il pas envoyé 
à un si grand Seigneur des légats a latere, comme il a cou- 
tume de le faire ? 

Le FRÈRE. — C’est qu’il redoutait que le Grand Sultan 
du Caire, comme on croit, ne miît obstacle à un pareil 
voyage, dans la crainte d'une éventualité qui pouvait faci- 
lement arriver, la conquête en peu de temps de son empire, 
si le Saint-Siège s'accordait avec le Prêtre Jean. Autre 
motif : les légats vont avec une pompe mondaine et ne sont 
pas aptes à supporter les très grandes incommodités que 
comportent ces pays. Pour nos religieux, au contraire, rom- 
pus à la souffrance et à la pénitence, il convenait de leur 
imposer pareille charge. Ainsi agit le pape Léon X quand 
il m'envoya deux fois en Maromé, en une année je fis six 
mille milles. Une troisième raison, la plus efficiente, a été 
que notre père saint François a fondé un Ordre porté et 
destiné par Dieu à servir de lumière au monde, de telle 
sorte qu’au jour du jugement les peuples n’ayent pas 


« soi oratori et nuntii, unione, altramente facendo {che Dio nol 
« voglia) et non lo credo, ne seguirà ignominia de Christo 
« Nostro Signore, de li apostoli soi Pietro e Paulo, del glorioso 
« Padre nostro sancto Francesco indignatione. 

« Date ne la cità santa di Hierusalem, in Monte Syon, nel 
« sachro Cenaculo de Christo, nel mille quattrocento e otan- 
« taquatro ». 


SorA. — Per chè non ha mandato la Sede Apostolica ad 
tanto Signore li soi legati a latere como costumo da fare? 

FRATE. — Questo è stato per dubitatione et paura del 
gran Soldano del Cayro, como piatosamente se crede, azid 
non havesse impedito tanto viagio, per paura de quello che 
facilmente li poteva intervenire, zioè, che concordandose 
la Chiesia cum el dito Prete lane, in breve tempo aqui- 
stariano tuto el suo dominio. Et ancho perchè li legati vano 
cum pompa mundana, e non sono apti a patir quello 
rechiede quelli paese, zioè desdasii assai. Ma li Frati nestri 
suefati a mal patire et a penitentia, ad essi è stato conve- 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 331 


d'excuse. Donc, avec la permission de Dieu, en Perse, en 
Anatolie, en Valachie, en Scythie, en Circassie, en Tur- 
quie, en Tartarie, en Albanie, il y a des religieux de cet 
Ordre pour illuminer les âmes qui veulent se rapprocher 
de Dieu et pour garder les convertis. De même, le pays 
d'Éthiopie, l'Inde et l'Afrique jouissent de la faveur d’un 
pareil bienfait : véritables serviteurs de Jésus-Christ, les 
Frères Mineurs n'ont de zèle à travailler que pour l'hon- 
neur de Dieu et le salut des âmes fidèles. 

La Sœur. — Cette dernière raison que vous avez dite, 
me semble plausible et me plaît pour se rapprocher de la 
vérité. Mais, je vous en prie, racontez-moi en combien de 
temps les religieux firent un si long voyage. 

Ici est noté le voyage que firent nos Frères, quand ils se 
rendirent chez le Prêtre Jean en l'an du Seigneur 1480 
(sic pour 1482). 

Le FRÈRE. — A la question que je lui posai sur la durée 
du voyage : — Onze mois, me répondit BATTISTA [D'ImoLA|]. 


niente de imponere tal graveza: Como fece Leone papa 
decimo, quando me mandà doe fiate in Maronia (che in 
uno anno feci sei millia miglia). La tertia causa efficacis- 
sima è stata cum sit che el Padre nostro sancto Francisco, 
cum la sua inclinata Religione è stata destinata da Dio per 
illuminatione del mondo, azid quelli populi, al di del judi- 
tio, non se possino excusare. Adunque, Dio ha permesso 
che cossi, como ne la Persia, Natolia, Vlachia, Zichia, 
Circhasia, Turchia, Tartaria, Albania, siano de li Frati de 
questa religione per illuminare le anime che a Dio se vo- 
gliono accostare, e custodire le convertite, similmente el 
paese de la Ethiopia, India et Africa sia illustrato de la 
gratia de tanto beneficio e de li veraci servi de Yesu Christo, 
Frati Minori, et zelo et operatione de li quali non è altro 
che honor de Dio, et salute de le anime fidele. 

Sora. — Questa ultima rasone che hai dicta, molto me 
consona e piace per accostarsi alla verita. Ma pregote, me 
dichi in quanto andorono li Frati ad si longo viagio. 

Qui se dinota el viagio que fecero li Frati nostri, quando 


332 CH. DE LA RONCIÈRE 


« 


Invité par moi à relater dans l’ordre l'itinéraire et les 
détails du voyage, il répondit : 

« Partis du Caire en janvier 1481 (vieux style, pour 1482), 
nous remontons le Nil en barque, naviguant toujours à la 
voile, pendant trente jours, jusqu’à une ville du sultan du 
Caire nommé Nakada {1) : coût du fret, un ducat par tête. 
Nous y demeurons un mois entier, parce que les routes 
n'étaient pas sûres. De là, nous passons sur la rive orien- 
tale du Nil et cheminons tout le jour. Le soir, nous arri- 
vons à un village appelé Acherman ? et nous y louons pour 
sept ducats trois chameaux comme montures et bêtes de 
somme pour porter nos vivres jusqu'à Qoséir (2) : le trajet 
dura quatre jours. Qoséir est sur le bord de la mer Rouge : 
le même jour, nous nous embarquons et, pendant trente- 
cinq jours, nous voguons à travers la mer Rouge avec vent 
favorable, à la vitesse de cinquante milles ou environ par 
jour : et selon l'usage, nous payons comme fret trois ducats 
par tête et un demi sac de farine pour nous tous. Nous 


andarono al Prete Iane, che fo nel l'anni del Signor Mile 
quatrocento ottanta. 

FRATE. — Adimandando io questo BATIsTA in quanto 
tempo erano andanti, me disse che erano stato undece mesi. 

Pregailo etiam che me dicesse per ordine el camino et 
viagio che haviano facto. Me (rijrispose e disse : 

«Noi partimo dal Cayro [de gennaïo 1481], e caminamo 
per barcha su per lo Nilo contro aqua, sempre andando 
cum la vela, giorni trenta : poi arivamo ad una villa del 
Soldan del Chayro chiamata Nachada (1), e pagamo uno 
ducato per uno de nollito. Et 1vi stemo uno mese continuo, 
perchè le strade non erano secure. Partendose de li, pas- 
samo el Nillo da la parte orientale, e caminamo tuto quel 
giorno. La sera arivamo ad una villa chiamata Acherman 
et ivi tolemo a victura tre gamelli per cavalcare e portar la 
victuoria per fino allo Chosairo (2), per ducati sete; al qual 


(1) Nakada, en amont de Kouft, sur la rive occidentale du Nil, ville de 
. plus de 10.000 habitants. 
(2) Kosseir ou Qoseir, 


UNE NISSION EN ABYSSINIE 333 


arrivons enfin à Souakim (1), ville arabe située sur une île 
à un demi-mille de terre. Au seigneur du lieu, nous don. 
nons, selon la coutume, un tapis, un burnous et cinq mor- 
ceaux de savon. 

« De cette île, on peut aller par mer, à cinq cents milles 
de là, à Achanon, ville très commercante, qui relève du 
Prêtre Jean. Durant la traversée. on trouve beaucoup de 
grandes îles : l'une nommée Dahlak (2), où se pèchent de 
grosses perles, est peuplée de musulmans, encore qu'elle 
dépende du Prêtre Jean, de même qu'une autre nommée 
Disseh (3), riche en bétail. Mais ne trouvant pas de passage 
à bord d'un navire, nous passons sur le continent et ache- 
tons pour huit ducats deux chameaux. Pourvus d'un bon 
guide, nous nous rendons à Menna, village habité de 
Maures, qui relève néanmoins du Sultan de Souakim : 


loco andamo in giorni quatro. Questo Chosairo è alla ripa 
del mare Indico; e quel medesimo giorno partimo cum 
nave e navigamo per lo dito mare Indico cum vento pros- 
pero giorni trenta cinque, facendo miglia cinquanta al 
giorno, vel circha : e secundo la usanza, pagamo ducati 
tre de nolo per uno, e mezo sacho de farina tra tuti. Etin 
fine arivamo ad Sevachim (1), la qual è una villa sopra una 
insula, appresso terra ferma, mezo miglio, in la quale habi- 
tano Arrabi. Al signore de la quale demo per usanza uno 
tapeto et uno bronusso, e cinque pecie de sapone. 

« Da questa insula sino Achanon se po’ andar per mare 
distante miglia cinquecento. La qual cità è del Prete Jane 
molto mercantesca, e fra questo spatio se trovano molte 
insule maxime, una chiamata A/ech (2), in la quale se pes- 
cano le matre perne; la quale è de Saraceni, tamen l’è 
reconmandata al Prete Jane, e similiter un altra che ha 
molto bestiame chiamata Dassi (3), de la quale non trovando 


(1) Souakim. 
(2) Alech ou Zaleyh, comme l'appellent les auteurs arabes, est l'ile Dah- 
lak, la plus grande ile de la mer Rouge, à la hauteur de Massaouah. Renom- 


mée dés l'antiquité pour ses péchcries de perles, elle a laissé péricliter 
cette industrie. | 


(3) L'ile Disseh, à l'entrée d'Annesley Bay ou baie d'Adulis. 


334 CH. DE LA RONCIÈRE 


notez que, dans cette contrée, tous les seigneurs se disent 
sultans, terme synonyme. De là, nous gagnons, au pied 
d'une montagne, un autre village peuplé de Musulmans et 
d’Abyssins. Nous y restons quinze jours faute de trouver 
une caravane suffisante pour passer en Abyssinie. Alors, 
bien accompagnés, nous partons en emportant du mais à 
manger, car pendant quinze jours nous avons à traverser 
un désert. 

« Nous arrivons enfin à moitié morts, à une ville nommée 
Maria (1), aux confins du pays du Prêtre Jean, où nous 
nous reposons trois Jours. 

Puis nous partons et, après sept jours de route, arrivons 
chez un seigneur abyssin nommé Choum-Saroué (2), qui 
nous hospitalise trois jours, nous donnant vaches et mou- 
tons, et nous fait accompagner pendant huit jours jusqu’à 


passagio per mare, passamo su la terra ferma, e compramo 
doi gamelli per ducati octo : e cum bona guida andamo ad 
una villa chiamata Menna, habitata da Mori, niente dimeno, 
è subjecta al soldan de Semachi [Senachij : à nota che tuti 
li Signori in quel paese se chiamano Soldani, id est Signori. 
De la qual andamo ad un altra, infra montagne, habitata 
de Saraceni et Abassini. E li stemo quindece giorni per 
non trovar compagnia sufficiente, che passasse in terra de 
Abassini. Da poi partimo ben accompagnati e caminamo 
giorni quindece, portando cum nui melega per mangiare, 
per essere deserto tuto quel camino. 

« Finalmente mezi morti, arrivamo ad una villa chiamata 
Maria (1), alli confini del paese del Prete Jane, e ivine 
repossamo tre glorni. 

Da poi partimo e caminamo giorni sete, et arivamo ad 
uno signor de Abassini chiamato SYONSIRAVE SYONFIAVE] (2), 


(1) Dans l'itinéraire du temps de Dawit I®", on entre en Abyssinie par le 
Mont Maria. Asmara est à six journées de marche dans l'intérieur (cf. 
CH. DE LA RoNGiÈRE. Découverte de l'Afrique, t. I, p. 114). | | 

(2) Choum-Saraoué, le gouverneur ou choum de la province de Saraouc. 
Saraoué, proche de l'Asmara, n'était pas gouverné par un ras comme la 
plupart des royaumes et provinces d'Abyssinie, mais par un choum, de 
rang inférieur au ras. 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 335 


la limite de sa circonscription, nous défrayant de tout 
partout où nous passions. Le guide qu'il nous avait fourni, 
ne s'en retourna qu'après nous avoir conduits chez un 
autre seigneur du nom de A/chadi (1), qui agit de même 
avec nous. Nous nous acheminons ensuite sans guide, trois 
jours durant, vers le village d'un Abyssin qui nous accom- 
pagnait. Là, repos de trois jours. 

Durant tout ce voyage, pas de vin à boire, mais seule- 
ment de l’eau au miel et de la cervoise faite de blé et de 
maïs. Puis de là, quinze jours de route, avec arrêts la nuit 
pour dormir dans des logements convenables. Nous som- 
mes parvenus chez un grand seigneur abyssin, le Tigré 
Makonnen (2), auquel nous ne sommes pas présentés. Nous : 
nous arrêtons deux Jours. 


el quale ce accepto in casa sua, e donoce vache e castroni, 
cum lo qual stemo tre giorni. Dopo ne fece accompagnare 
octo glornate, quanto teniva el suo dominio, facendoce far 
le spese per tute le ville, dove arrivavamo, habundante- 
mente. Ë conduto che ne habe ad uno altro:signore chia- 
mato AscHaDi | ALcHADi], ritorn0 arieto la guida predicta. 
E questo Signore ce fece el simile al primo. Da poi ne 
partimo senza guida, e caminando tre di continui, arivamo 
ad una villa de uno Abassino che havevamo in nostra com- 
pagnia : e li se riposamo tre giorni. 

. Nè per tuto questo viagio trovamo vino da bere, ma 
solum aqua mellata e cervosa facta de formento e melega. 
Da poi ne partimo e caminamo giorni quindece, sempre 
dormendo la nocte a lozamenti conpetenti. Finalmente 
pervenimo ad uno gran Signore Abassino chiamato TEcri- 
MACONA [ HEGRUNACHONNE] (2), al qual non se apresentamo 
et ivi stemo doi giorni. 


(1) L'itinéraire de Battista d'Imola est désormais trop clairsemé pour 
qu'on puisse identifier la plupart des localités Elles ne se trouvent point 
dans l'itinéraire très détaillé que donne un autre missionnaire en 1519 
(cf. Ch. De LA Roncière, La Découverte de l'Afrique au moyen âge, 1. 1, 
p. 115, note 2). 

(2) Le prince du Tigré, qui était et qui est encore un des principaux États 
de l'Ethiopie. 


3306 | CH. DE LA RONCIÈRE 


« De là, sept jours de chemin pour arriver à une grande 
ville nommée Fendum. Nous en partons le lendemain 
matin'et, après quatre jours de route, arrivons à Reeldete. 
Nous nous y arrêtons deux jours. De là, nous gagnons en 
cinq Jours une grande ville appelée Vaansol : nous y ven- 
dons les chameaux, tant à cause de leur fatigue que de 
l'impossibilité où ils étaient de cheminer à cause des 
grandes pluies. Nous achetons deux mules pour quinze 
ducats. 

« À partir de là, nous cheminons douze jours et parve- 
nons à l’église où le roi venait d'être enseveli (1). Dans 
cette église le Ghannata Giyorgis, autrement dit « Église 
de Saint-Georges » (2), aussi grande que Sainte-Marie- 
des-Anges, nous fûmes tous stupéfaits de voir un grand 
orguc très orné, fabriqué à l’italienne. 

De là, nous gagnons en une journée un village nommé 


« Partendone dal dito loco, caminamo giorni sete, et 
arivamo ad una grande villa chiamata Fendum. Da poi 
partimo la matina sequente, e caminamo giorni quatro et 
arivamo ad una villa chiamata Reeldele, ct ivi stemo doi 
giornt. Da la quale partendone, andamo ad una grande 
villa chiamata Vaansol [ Vaasonl] in cinque giornate, et ivi 
vendemo li gambelli, si che per la stancheza, e si etiam 
per le grande pioge, per le quale li gameli sono impediti 
a caminare, e compramo doi muli per ducati quindece. 

« Partendoce inde, caminamo giorni dodece, et andamo 
fino alla chiesia de lo Re; in la qual de quelli di, era stato 
sepellito (1) : in la qual vedemo uno grande et ornato 
organo, facto alla taliana [ala ytaliana, grande como la 
chiesia de Sancta Maria delli Angelli, chiamata Geneth 
Joryos (2), cioè chiesia de Sancto Georgio], et fossimo tuti 
stupefacti. 

« De li partendoce, andamo ad una villa, luntano una 


(1) Ba‘cda Märyäm était dans la province de Wadji, à Arâri, au sud de 
l’'Abyssinie en l'année 1478, quand il mourut à trente ans, après dix ans 
de règne. 

(2) L'église de Ghannata Gyiorgis, décorée comme nous l'avons vu, par 
Brancaleone. 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 337 


Akhi Afadj (1). Nous y séjournons trente jours, faute de 
pouvoir passer le Nil; la pluie et le mauvais temps qui 
sévissait, avaient provoqué une grande inondation. Le 
fleuve une fois passé, nous cheminons dix jours, et nous 
arrivons à la cour de ce grand roi qu'est le Prêtre Jean : 
elle était dans un endroit appelé Béraralh (2). 

A la cour, nous rencontrons dix Italiens de bonne répu- 
tation : 

Messire GaABriEz, Napolitain ; 

Messire Giacomo p1 GaRzoNiI, Vénitien ; 

Messire Pierro pA MoNTE, Vénitien : 

Messire PaiiprE LE BOURGUIGNON ; 

Messire GONZALVE LE CATALAN ; 

Messire Giovanni FiescHi, Génois ; 


Messire Lyas pe BEYROUTH, qui apporta des lettres pon- 
ficales ; 


giornata chiamata Chiafeg (1), et ivi stemo giorni trenta, 
per non poter passar lo Nillo, per la grande inundantia 
del acque piovane e mali tempi che usava. Passato che 
havemo lo fiume, caminamo giorni diece, et arivamo alla 
corte de lo Re magno Prete lane; la qual era in uno loco 
chiamato Barar (2). 

« [n la qual corte trovamo dieci Taliani, homini de bona 
reputatione, zioè : Miser GABRIEL, napolitano; Miser IAcomo 
Di GARZONI, venitiano; Miser Pietro bA Monte, de Venetia : 
Miser Paizypro, Brogognon; Miser Consazvo, Cattalano; 
Miser loAnE pA FIEsco, zenovese ; Miser Lyas ba BARuTHo, 
el qual and cum littere papale. Tuti questi erano stati là 
anni venticinque ; ma del mile quatrocento otanta vi sono 
andati; Miser Zuan Darouino, nepote de Niccoid DA LE 


(1) La cluse d’Akhi Afadj (Cf. Ch. De LA Roncière, op. cit., IE, 127). 

(2) Ba’eda Märyäam, comme Zar’a Ya’eq6b, résidait à Dabra Berhän : ils 
avaient construit, non loin de là, les églises de Bêta Girgôs et d'Atronsa 
Maryäm {Jules PerrucHox, Les Chroniques de Zar'a Ya‘egob, p.xxxvi). En 
1519, un autre missionnaire arrivait également à la cour du négus, alors 
Däwit Il, « in la provincia di Orab, dove Barara e metropolis, et su el monte 
€ uno castelleto dove sta il patriarcha » (Cf. Ch. pe LA RONCIÈRE, op. cit., 
CIE, p.115). 


Revuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 22 


338 CH. DE LA RONCIÈRE 


(Tous ceux-là étaient là depuis vingt-cinq ans; mais 
depuis 1480 [1482!, ils en sont partis). 

Messire Giovanni DarDuINo, neveu de NiccoLd DA LE 
CARTE, vénitien et mon compagnon très cher, homme intè- 
gre et de bonnes mœurs; 

Coci ni Rossi, Romain, qui changea son nom en celui 
de GEORGES ; 

MATHEO DA PIEMONTE; 

Niccozd LE MANTOUAN ; 

Messire Niccozd BRANCALEONE, de Venise ; 

Le susdit Frère GiovANNI D1 CALABRIA ; 

Et BATTISTA D'ImoLa. 

« Qu'êtes-vous allés faire dans ce pays étranger, deman- 
dai-je à ces hommes? 

— Découvrir des joyaux et des pierres précieuses, me 
répondirent-ils. Mais comme le Roi ne nous laisse pas 
retourner chez nous, nous sommes tous mécontents, encore 
qu'il nous traite et nous récompense bien, chacun selon 
notre rang. Ilse complaît dans nos conversations politiques. 

— Parlez-moi de l’état de ce pays et de la condition de 
ses habitants, demandaïi-je encore ? 


CARTE, venitiano e mio caro compagno, homo integro de 
ogni bon costumo ; Cour pr Rosi, romano, el qual se muto 
el nome in Zorzi; MaTHIo DA PiAMoNTE ; Nicozo ManTo- 
vANo: Miser Nicozo BRANCHALION, venitiano ; FRATE IOANNE 
predicto DE CALABRIA, € BATTISTA DA ÎMOLA. 

« Adimandi io questi homini, che vi erano andati a fare 
in quel stranio paese? Me risposero e dissero, che lor 
intention era de trovar zoye et pietre preciose. Ma poi che 
quel re non li lassava ritornar, stavano tuti malcontenti, 
per ben che da lo re fossero tuti, secundo el grado di 
ziascuno, ben premiati e provisionati. E molto li piaceva 
lor conversatione politica e civile. — Poi lo dimandai de 
la conditione de quel paese e soi habitatori. — Diseme che 
lor case et habitatione sono facte de chanuze linite de luto 
dentro e de fori. Et in dicto quel paese non si trova veruna 
casa de muro lavorata, nè altre habitatione; excepto che 


UNE MISSION EN ABYSSINIE 339 


— Les habitations sont faites de roseaux plâtrés de boue 
au dedans et au dehors. On ne trouve dans ce pays ni 
maison, ni édifice construit en pierres, sauf que tout roi, 
à son avènement, bâtit une église où il sera enterré. Le roi 
tient ses trésors dans des grottes sous bonne garde. 

« Ce pays a de l’or à l'infini, peu de blé, pas de vin, beau- 
coup de viande, une population innombrable, grossière, 
rude et sans esprit. Pas d'armes de guerre, des flèches 
et des lances de roseaux. Le roi n’entre pas en campagne 
avec moins de deux cent mille, voire trois cent mille hom- 
mes. Pas d'année qu'il ne combatte pour la foi. Il ne paie 
aucun de ses guerriers, mais il les nourrit et les exempte de 
tout impôt royal. Tous les combattants sont recrutés au 
choix, portés sur une liste et marqués au bras, au fer rouge, 
de l'insigne royal. Leurs habits ne sont pas en draps de 
laine, — ils n’en ont pas, — mais en lin. Tous, hommes 
et femmes, ont le haut du corps nu à partir du nombril et 
marchent pieds nus. Ils sont toujours pleins de poux. Race 
pusillanime, ni forte ni résistante à la fatigue, mais orgueil- 
leuse. Ce sont des champions de la foi, d'esprit plus ardent 


ogni re, quando è creato, fabrica una chiesa dove deve 
essere sepellito. EI suo thesoro tiene lo re in grote cum 
buona guardia. 

« Quelo paese ha oro infinito : poco grano e senza vino; 
carne assai; populo infinito; gente bruta, ruza e senza 
ingegno. Non hano arme da combattere : le sagite e lanze 
fano de canne. Lo re non andaria in campo ad combatere 
cum meno de ducento milia persone o trecento milia. 
Ogni anno combate per la fede. Non paga verun che va in 
campo, ma li fa le spese di bocha, e fa li exempti questi 
combatenti de ogni angaria regale. E tuti questi combatenti 
sono ellecti, descripti e catterizati su lo brazo del signo 
regale cum foco. Non veste veruno panni de lana per che 
non hano, ma de lino. Tuti si homini come femine vano 
nudi da l'ombilico in su, e vano scalzi ; sempre sono pieni 
de pedochii. Gente pusilanima e de pocha forza e faticha, 
ma superbi. Sono zelanti de la fede e ferventi de spirito, 


340 CH. DE LA RONCIÈRE 


qud tout autre peuple chrétien. Mes interlocuteurs m'ap- 
prirent beaucoup d'autres choses que je ne consigne pas 
pour ne pas ennuyer les lecteurs, et aussi pour retourner 
à notre sujet, c'est-à-dire aux indulgences et aux questions 
spirituelles ». 


sopra tuti li altri Christiani. Molte altre cosse me disse le 
qual non pongo per non esser tedioso alli legenti, et anche 
‘per ritornar a la prima nostra intentione de le indulgentie 
e cosse spirituale ». 


L'ÉGLISE ET LE COUVENT 
DES ANNONCIADES A ALBI 


HISTOIRE ET DESCRIPTION 


(1325-1790) 


I. Le site et l'état présent des ruines. 


La gloire d’Albi, c'est sa cathédrale et son vieux palais 
épiscopal, bloc énorme de briques d'aspect violemment 
féodal qui n’a nulle part ailleurs son pareil. Une plus 
ancienne cathédrale, flanquée de son cloître, les séparait 
jadis, qui ne fut démolie qu'au déclin du xv° siècle. 

Vis-à-vis du chevet de ce vénérable édifice, condamné à 
disparaitre, se dressait, au-delà d’un fossé, sur une bosse 
du terrain, le prieuré Notre-Dame de Fargues, fondé en 
1325, qui devint en 1508 le couvent de l’Annonciade. 

Aujourd'hui le souvenir de Fargues n'est perpétué que 
par le nom d'une rue qui longe au sud le prieuré et dévale, 
en un court raidillon, droit sur l’ancien fossé. De l’église, 
le passant distrait ne remarque guère qu'un arc doubleau, 
dressé dans les airs, celui de la façade, accosté de deux 
tours inégales. Sur la moitié de son périmètre, au nord et 
a l'ouest, l'édifice est masqué par des bâtiments ou dissi- 
mulé dans un jardin privé. En 1918, lorsque le plan ci- 
joint fut levé, le mur de rive était encore fort bien recon- 
naissable même à l’est et au sud, dans les rues de Fargues 
et de la Souque. On a démoli depuis et rebâti, mais rebâti 
surles fondations, en sorte que le parti général demeure 
Me Le mur avec ses contreforts et ses percements, 

la grosse tour de l'escalier en vis, se peuvent bien observer 


342 L. DE LACGER 


sur le flanc nord dans l’ancien préau et cimetière du 
couvent. 

L'aire de la chapelle, dans l'enceinte de ses parois, est 
obstruée depuis longtemps par une maison de rapport, des 
communs et remises, de moindre élévation que l’arceau, 
mais cachant la vue de ses supports. Il n’y a pas de recul 
suffisant pour le photographe. Tout au plus pourrait-on 
dessiner l'ensemble de cette façade, et seulement par son 
côté intérieur. D'où l'insuffisance de notre cliché. 

Le jardin est sans doute la partie du couvent qui s’est le 
mieux conservée. Il donne par une haute terrasse sur la 
place de l’Archevêché. On y voit encore quelque dalle 
funéraire en place ; d’autres forment les degrés d’un 
escalier au perron de la maison adjacente. Une longue 
voûte en berceau dans un sous-sol servait peut-être d'abri 
aux charrois des fermiers du monastère, lorsqu'ils lui 
apportaient le vin, le grain et le bois de chauffage. 

Plus d’un siècle a passé depuis que les filles de la bien- 
heureuse Jeanne de France, épouse répudiée de Louis XII, 
ont dû s'éloigner de leur étroite retraite après un séjour 
de deux cent quatre-vingt-quatre ans. Elles ne sont pas 
revenues. Leur souvenir mérite de ne point périr. Puisqu'il 
reste encore attaché à des lambeaux de murailles, menacés 
eux aussi par d'éventuelles démolitions, essayons, pour le 
retenir, de fixer l’état présent des choses, en nous éclairant 
sur les origines au moyen des monuments écrits sauvés 
du naufrage. 


Il. Les deux Louis d’'Amboise, évêques d'Albi, fondateurs; 
Mise en possession, le 22 avril 1506. 


La fondation d’une maison des Annonciades à Albi fut 
la dernière pensée de la sainte duchesse de Berri. Elle 
s'était éteinte prématurément en 1505, à l'âge de qu.- 
rante ans, et n'avait pu voir encore s'ouvrir à Bourges, 
auprès de son palais, que le berceau du nouvel Ordre. 
Mais elle emportait dans la tombe la promesse qu'une 
bouture serait prochainement transplantée à Albi. L'évé- 


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LES ANNONCIADES D’ALBI 


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PLAN DE LA CHAPELLE To Fr 
Norke-Daue DE FARGUES, PUY > d 
levé en 1918. Dr 1, 
‘ 
4. Ancienne tour de l'horloge, devenue Î I à l, 
à tour clocher en 1686. | + r 
b. Chapiteau de support ayant survéeu. ñ (n,7 È \ ï 
€. Piédroit mouluré de la porte déplacée °°° ç  ” 
en 166. AR TRS ES RE 
, S \ 4” L … D 
d. Grand clocher voûté, arasé en 1686. MT = — — | g 
€. Escalier suggéré par la déclivité du sol. a || 
J. Appui de fenêtre. En face, sans doute, = — — — - — 


l'entrée des fidèles. 


CT = 


343 


on 


2P 


344 L. DE LACGER 


que de cette cité languedocienne, un Tourangeau, Mes- 
sire Louis d'Amboise, était pour elle un ami. Elle lui 
donnait ce nom, comme celui de cousin. Ministre de 
Louis X[, de trente ans plus âgé qu'elle, il l’avait vu naître 
et grandir. Discrètement il avait soutenu la cause de son 
mari, le duc d'Orléans, sous Charles VIII, et c'est lui qui, 
en fait, avait dirigé l’enquête préparatoire à la cassation 
de son mariage en 1498 (1). Avait-il rien à refuser à cette 
fille et épouse de rois, ses bienfaiteurs, disgraciée par la 
nature et victime infortunée de la politique? Il promit; 
mais, la mort l'ayant frappé dès 1503, au lendemain de la 
création du nouvel institut, 1l ne-put pas tenir lui-même 
secs engagefhents,; donc ïl en confia l'exécution à son 
successeur et neveu, autre Louis d'Amboise, inscrivant 
la future fondation dans son testament pour un legs de 
4000 livres. 

Le neveu prit l'affaire à cœur. Mais où loger le nouvel 
essaim des moniales ? Pas de place disponible à l’intérieur 
des murs, à moins de les substituer à un institut antérieur. 
Il est probable que l’ancien d'Amboise avait jeté ses vues 
sur le prieuré de Fargues, si voisin du palais, dont la col- 
lation appartenait à l'évêché, où chapelle et résidence, exis- 
tant déjà, permettraient de faire l’économie de nouvelles 
constructions. Une commission d'enquête, instituée par 
l'autorité apostolique, déclara que les religieuses de 
Bourges trouveraient à Fargues, outre une belle église, 
« une demeure, un campanile avec clocher, un cimetière, 
un cloître, un réfectoire, un dortoir, un jardin d'agrément 
et potager, des communs divers», des revenus annuels 
montant bon an mal an à trois cent livres tournois (2). Le 


(1) M. ne Mauve, Procédures politiques du règne de Louis XII. (Paris, 
18835); voir une lettre de la duchesse d'Orleans à l’évéque d’Albi peu avant 
1488, p. 807, note 2. Cf. Du mème, Jeanne de France, duchesse d'Orléans 
et de Berry (Paris, 1883), et Histoire de Louis XII, 1'e partie, Louis d'Orléans 
(Paris, 1889-1891 ; 3 vol. in-8°). Dans son testament, Jeanne recommande 
instamment à Louis d'Amboïse le Jeune « d'accomplir la dévotion de feu 
Monseigneur d'Alby, son oncle, qui m'avoit promis et s'estoit obligé de taire 
un couvent de la Religion de la Vierge Marie ». 

(2) Archives du Tarn, H 771 : acte du 25 février 1507, copié par Doat, 
vol, 113, Pp. 410-415, à la Bibl. nat. | 


LS 


LES ANNONCIADES D' ALBI 345 


prieur en exercice Jean de Buis résigna. Les consuls 
approuvèrent. Bref, les formalités juridiques remplies, 
cinq professes et trois novices de Bourges, ayant à leur 
tête la mère ancelle, Catherine Gauvinelle, furent ins- 
tallées par le cardinal évêque Louis II d'Amboise, le 
22 avril 1508, en présence du vicaire général citramon- 
tain de l'Observance, Jean Sauvage, et du provincial 
d'Aquitaine. Le nom du Père Gabriel Maria, second fon- 
dateur de l'Ordre, n'est pas porté au procès-verbal (1). 
C'était la première filiale de Bourges. 

L'église retiendra notre attention. Quelques rapides 
données sur le monastère feront suite à sa description. 


TT. La Fondation du prieuré de Fargues 
par l'évèque Béraud (1325-1333). 


La chapelle était tout entière l’œuvre de Béraud de 
Fargues, évêque d'Albi de 1313 à 1334, dont les deux 
frères Raymond et Bernard furent, l’un cardinal et l’autre 
archevêque de Narbonne, neveux par leur mère du pape 
bordelais Clément V, Bertrand de Got. Il en décidait la 
construction le 20 avril 1325 (2) et organisait définitive- 
ment le prieuré destiné à desservir le 1°" juillet 1333. Par 
son testament, en date du 7 Janvier 1334, deux mois avant 
sa mort, il dotait l’église dont l’œuvre était achevée, de 
tout le mobilier de sa chapelle domestique : orfèvrerie, 
ornements, reliques, statues, et en outre, d'un capital de 
2000 livres (3). 

I l’avait voulue « belle et somptueuse », comme disait 
son successeur immédiat, Pierre de Via. Elle perpétuerait 
à Albi le nom des Fargues. Deux prêtres séculiers, outre 
le prieur, lui étaient attachés. On dirait chaque jour trois 
messes : la première à l’aurore, la messe du saint ou de la 


(1) Arch. Tarn, H 675. Voir une relation en roman dans le Cartulaire de 
la ville d'Albi, sous letitre : L'intrada de las Sors de Farguas, Arch. mun. 
d’Albi, AA 4, éditée par CL. ComPaAYRÉ, Études historiques sur l'Albigeois 
(1840, in-4°), p. 90.- 

(2) Arch. Tarn, H 676. 

(3) Testament traduit du latin dans Pirnon-Curr, Histoire de la noblesse 
du Comtat Venaissin (Paris, 1963, 2 vol. in-4°), 11, 433-490. 


346 L. DE LACGER 


férie, la seconde qui serait chantée, messe de la Vierge, la 
troisième, un Requiem pour le pape Clément V et pour le 
fondateur lui-même. L'office canonial devait être récité et 
partiellement chanté chaque jour par les trois ecclésias- 
tiques, aidés de quatre chantres et de trois clercs. Les 
grandes fêtes et tous les samedis en l'honneur de Notre. 
Dame seraient solennisés par une grand’messe (1). Ces 
charges passèrent, il va de soi, aux Annonciades. 

Le nom de l'architecte ne nous est point parvenu, pas 
plus que celui du génial créateur de la cathédrale Sainte- 
Cécile. C'était sans doute l’un des maîtres d'œuvre qui 
dirigeaient les immenses travaux d'en face. Fargues était 
une réduction de Sainte-Cécile. L'examen archéologique 
nous le montrera. Les Albigeois en avaient la sensation 
très nette. Un chroniqueur du xvn* siècle qui a sous les 
yeux les deux monuments dans leur état premier, écrit de 
l'évêque Béraud : « Il fist construire [la chapelle Notre- 
Dame] sur le modelle de Sainte-Cécile. » 

La bâtisse de la nouvelle cathédrale, décidée par l'évé- 
que Bernard de Castanet en 1277, ne progressait que très 
lentement. On l'avait inaugurée par le chevet. Au bout 
d’un demi-siècle, l’évêque Béraud faisait graver ses armes 
à la clef du troisième arc doubleau : Écartelé, au 1 el4 
d'argent à la croix pattée et alézée de gueules ; au 2et 5 
au pot de sable. Il posait six vitraux, aussi décorés de son 
blason, aux pans de l’abside octogonale. Le culte ne prit 
possession de la première moitié qu’en 1347 : le gros œuvre 
ne fut achevé qu'à la fin du siècle. Béraud put contempler 
de ses yeux du moins une miniature du prestigieux monu- 
ment. 


IV. Parallélisme entre la chapelle de Fargues 
et la cathédrale d'Albi. 


Sainte-Cécile appartient au type gothique de l'école lan- 
guedocienne dans lequel une nef unique est bordée de 


(1) Arch. Albi, AA 4. Acte copié par Doat, 113, fol. 330, date du 1" juil- 
ler 1333. 


LES ANNONCIADES D'ALBI 347 


chapelles prises entre les contreforts (1). Les échantil- 
lons, grands ou moyens, de ce modèle sont légion. Qu'il 
suffise de nommer : Saint-Alain et Saint-François de 
Lavaur, Saint-Michel et Saint-Vincent de Carcassonne, 
Saint-Jean de Perpignan et la nef de Gérone en Catalogne, 
Saint-Jacques de Montauban et Beaumont de Lomagne. 
Sainte-Cécile l'emporte sur ces églises dont toutes ne lui 
sont pas postérieures, non seulement par l'ampleur des 
dimensions, la majesté souveraine de l'espace enclos, mais 
encore par une particularité originale quin'a pasété assez 
remarquée. Tandis que ses rivales maintiennent le mur de 
rive au ras des supports et ne l'évident que pour des 
chapelles dont l’ouverture a l'avantage d'accroître la sur- 
face utilisable par les fidèles, Sainte-Cécile rejette les parois 
de clôture jusqu’à la ligne extérieure des contreforts, en 
sorte que l'arc d'ouverture des chapelles se confond avec 
les formerets, que les énormes contreforts passent tout 
entiers à l'intérieur du vaisseau et masquent les baies tout 
en laissant pénétrer la lumière à flot, comme à la Merveille 
du Mont Saint-Michel, et qu'enfin un nouvel espace est 
incorporé à l'immense volume dela nef. Par cet ingénieux 
artifice, du pavement à la voûte, la largeur de l'édifice 
dans œuvre égale sa hauteur : trente mètres. On n'a rien 
bâti en France au moyen âge de mieux équilibré et pro- 
portionné, de plus simplifié et économique, de plus anti- 
que et classique, en donnant à ces derniers mots leur sens 
gréco-romain. 

Extérieurement, ce vaisseau colossal, amas fantastique 
de briques, long de cent mètres, prend l'aspect d’une cita- 
delle avec son talus en banquette, empattant les contre- 
forts à leur base et permettant le ricochet du tir vertical, 
avec sa couronne de fausses tourelles, simple tranche 
arrondie en demi-cylindre du contrefort à sa saillie ex- 
terne, avec son massif donjon couvrant totalement la 


(1) Jean Larax, La Cathédrale d'Albi, dans la collection des Petites mono- 
graphies des grands édifices de France (Letèvre-Pontalis). Parmi les travaux 
les plus récents, E. Mize, L'Architecture gothique du midi de la France, 
dans Revue des Deux Mondes, 15 février 1926 : pages suggestives et élo- 
quentes sur la cathédrale d'Albi ; Raymond Rey, Les vieilles églises fortis 
fées du Midi de la France (Paris, Laurens, 1925,in-8°, 241 p.), p. 179-138. 


348 L. DE LACGER 


facade occidentale et offrant comme surface de fond à la 
nef les monstrueux bombements de ses tours d’angle. 

Les dimensions de Notre-Dame de Fargues étant res- 
treintes, les problèmes d’équilibre, si originalement réso- 
lus à Sainte-Cécile, ne se posaient pas pour elle. Ses 
similitudes avec la cathédrale étaient toutes dans son 
aspect de petite forteresse en briques : une sorte de bar- 
bacane clocher sur sa façade occidentale, un glacis continu 
avec empattement des contreforts, peut-être une couver- 
ture en terrasse avec parapet au faîte des murs goutterots, 
mais surtout cette ceinture de fausses tourelles demi-cylin- 
driques qui ne sont qu'un façonnement systématique de 
la paroi externe des contreforts. Cette disposition singu- 
lière n’était pas une innovation albigeoise. Camille Enlart 
nous a appris qu'elle «s’observe, dès l’époque carolin- 
gienne à Saint-Pierre de Moissac, dès le xr° siècle à Au- 
trèches (Indre-et-Loire) et dans d’autres églises voisines, 
au x1r° siècle à la chapelle de Cruas (Ardèche) » (1). Elle 
existe à Assise dans l’église haute, construite de 1232 à 
1230. À Albi, elle apparaît, un quart de siècle plus tard, 
dans la cour intérieure du château épiscopal, la Bisbie ; 
mais, c’est l'architecte de la cathédrale qui en fait un usage 
exclusif. Celui de Fargues n'eut pas à chercher au loin ses 
modèles. Peut-être se copiait-1l lui même. 

L'empattement en talus ne s'observe plus depuis 1920 
que sur le flanc septentrional. Les dix tourelles semi- 
cylindriques sont toutes arasées : il ne subsiste que Îles 
deux tours de la façade. La profondeur des contreforts 
n'était que d’un mètre quatre-vingts, dont 32 cm. à l'inté- 
rieur et 70 cm. environ à l'extérieur. C'était suffisant pour 
contrebuter des arcs doubleaux d’une portée de 9 m. 50, 
dont la clef s'élève à 15 mètres au-dessus du pavement. 
Îl se pourrait que les tourelles aient été reliées, les unes 
aux autres, par des mâchicoulis à arcs, supportant le para- 
pet, comme on en voit au palais de la Bisbie et à l'église 
des Jacobins de Toulouse. 

La nef unique, longue de 22 m. 50 dans l’œuvre, est 


(1) C. EnLart, Revue d'hist. francisc., t. UT, 1926. p. 590-602 : recension 
de J.-B. Surino, La basilica di San Francesco d'Assisi (Bologne, 1924). 


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LES ANNONCIADES D ALBI 349 


divisée en quatre travées de plan barlongues de 5 mètres 
chacune sur le petit côté, et terminée par une abside hexa- 
gonale, profonde de moitié. Les onze fenêtres — on en 
peut juger par l'appui d'une seule qui a survécu — 
ouvertes à une faible hauteur au-dessus du sol, étaient 
étroites — 1 m. 40 d'embrasure — n'occupant qu'une 
partie du plein entre deux supports, divisées en deux baies 
par un meneau central, et s'élancaient sans doute jusqu’au 
voisinage des arcs formerets. C’est la un des traits du 
gothique languedocien, et une parenté avec Sainte-Cécile. 

Point de chapelles latérales, prises entre les contreforts, 
mais contre la paroi sous la fenêtre, ici et là, un autel. 
L'un d’eux était dédié à Saint-Yves. En 1557, la veuve du 
chirurgien Vaysse d'Albi prescrivait dans son testament 
à ses héritiers de l’inhumer près de cet autel (r). L'inven- 
taire de 1790 ne signale que trois autels en tout. 

Les piliers et nervures de toute sorte, doubleaux, arcs 
diagonaux, branches d'ogives à l’abside sont tous à section 
prismatique : la courbe et la contrecourbe n’y font pas 
encore apparition. Ces bandeaux chanfreinés fusionnent 
aux sommiers des supports ou se noient dans la maçon- 
nerie. Si des chapiteaux les reçoivent, ceux-ci, sculptés 
dans la pierre, surmontés d’un tailloir octogonal, courts et 
à feuillage, ont un modelé mou’et sans mérite. Nous ne 
sortons pas des procédés de facture de l’école languedo- 
cienne. 

La seule partie bien conservée de la chapelle, c’est le 
fond de la nef qui sert de mur d'appui à des constructions 
plus récentes. On voit un arc doubleau à deux rouleaux, 
puissamment bandé entre deux tours et mourant à ses 
retombées dans la maçonnerie. Ces tours neutralisent la 
double poussée et du doubleau et des arcs formerets, en 
sorte que l'équilibre est parfaitement assuré. Elles dimi- 
nuent de diamètre à mesure quelles s'élèvent, par une 
série de ressauts que soulignent des talons renversés, 
exactement comme au donjon de la cathédrale. La plus 


(1) A. Vipaz, L'ancien diocèse d'Albi d'après les registres de notaires 
(Paris-Albi, 1913); n° 1931. 


350 L. DE LACGER 


grosse, mesurant hors œuvre à la base 3 m.20 de dia- 
mètre, sert de cage à l'escalier en vis qui montait à l’hor- 
loge. L'autre qui est pleine, est formée de la fusion de 
deux demi-cylindres de. diamètres différents dont on 
retrouvera aussi le type au donjon de Sainte-Cécile. La 
section de ce contrefort d'angle est une ellipse dont le 
grand axe atteint 2 m. 50. 

La petite tour a gardé sa flèche conique, bâtie en bri- 
ques posées à plat. C’est lemode d'amortissement adopté 
au palais et à la cathédrale. On ne peut pas mettre en 
doute que la grosse tour n'eût une semblable couverture. 

En avant de la facade occidentale s'élevait un «grand 
clocher soutenu par quatre grands piliers» dont il est 
question en 1686 au moment où sa démolition est décidée. 
Deux voûtes, peut-être superposées, supportaient un « cou- 
vert d'ardoise ». La cloche était suspendue à une arcade 
du pignon. Cette grosse tour carrée restait assez basse 
pour ne pas obstruer une « roze », ménagée au fronton de 
la façade. C'était une esquisse du futur donjon de la cathé- 
drale en construction. 

En résumé, Notre-Dame de Fargues appartient au 
groupe des églises gothiques de l’école languedocienne 
dont l'Albigeois offre maint échantillon de la même 
époque, à Gaillac, à Lisle-sur-Tarn, à Rabastens, mais 
s'apparente plus étroitement à Sainte-Cécile dont le chevet 
était alors terminé jusqu'à la troisième travée. L'intention 
d'en donner une préfiguration à une échelle réduite s’ac- 
cuse, dans l'aspect extérieur surtout, par la ceinture des 
demi-tourelles, empattées à leur base et amorties, quelques- 
unes tout au moins, en flèches coniques. 


V. La Madone en argent doré. 


L'évêque Béraud avait voulu faire du prieuré le foyer 
de la dévotion des Albigeois à la Vierge Marie. Le culte 
se matérialisait pour ainsi dire dans une madone de 
vermeil pesant trente-cinq kilogrammes, enfermée dans le 
buffet de l’autel et que l'on exhibait le samedi et les jours 


LES ANNONCIADES D’ALBI 351 


de fête. C'était elle Notre-Dame de Fargues ; carelle avait 
pris le nom du donateur. Une description contemporaine 
nous en est restée(1). C'était une vierge assise, tenant 
l'enfant Jésus sur ses genoux, selon le modèle des madones 
dites carolingiennes. Elle portait un voile sur la tête et 
sur les épaules un manteau agrafé par un aigle, en guise 
de fermail, comme la Vierge d'ivoire de l'église de Ville- 
neuve-lez-Avignon. De la main droite elle tenait un rameau 
d'argent, et l'Enfant dans la gauche un reliquaire en forme 
de fruit, surmonté d’une croix. A la cathédre, quatre anges 
se dressaient, ailes déployées, au sommet des montants ; 
quatre lions ailés lui servaient de supports ; les médaillons 
des douze apôtres entouraient le siège. Le tout était enri- 
chi d'émaux, de perles, de rubis et autres joyaux. Les 
Albigeois disputèrent, tant qu'ils le purent, cette œuvre 
d'art à l'avidité du Directoire. Ils durent se résigner à la 
voir partir pour la Monnaie, le 18 janvier 1708. Cette 
administration versait pour elle, le 1*" avril 1800, la somme 
de 7982 francs 22 centimes (2). Stupide gaspillage du patri- 
moine artistique de la France. 

Pour assurer la garde de ce monument d’orfèvrerie dont 
Albi s’éprit aussitôt comme de son palladium, l'évêque 
donateur dédoubla les responsabilités et créa un contrôle 
mutuel. Le « tabernacle », disposé sur l'autel, contenant 
avec la Madone les reliquaires, statues, calices et autres 
objets du trésor personnel qu’il léguait à la chapelle, eut 
deux serrures dissemblables et deux clefs. Le prieuré et le 
consulat furent les dépositaires de l'une et l’autre clef. 
C'était conférer à la communauté un droit tout au moins 
d'usage sur le trésor. | 

De fait, ce somptueux sanctuaire de Marie, d’une si 
expressive architecture, orné de vitraux coloriés et sans 
doute décoré de peintures, desservi par trois prêtres et 


(1) Inventaire des objets d'orfèvrerie légués à la chapelle par Béraud 
de Fargues, dressé par ordre de son successeur, Pierre de Via,en date du 
20 septembre 1335. Copie du xiv* siècle dans le Cartulaire d'Albi, aux 
Arch. d'Albi. AA 4 ; copie du xvu siècle dans Doat, vol. 113, fol. 358; édité 
partiellement dans Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, IV, 66%-09. 

l2) Archives dép. du Tarn, Q 186. 


352 L. DE LACGER 


une schola, dont la visite était encouragée par maintes 
indulgences, accordées parles papes et les évêques, où la 
Toute-puissance divine se manifestait par des guérisons 
miraculeuses, devint le foyer et l'emblème du patriotisme 
local: C'est à Fargues que les consuls avaient leurs bancs: 
c'est donc là qu'ils rendaient à Dieu le culte officiel de la 
cité. C'est là qu’ils entendaient la messe du Saint-Esprit. 
au lendemain de leur élection et à leur entrée en charge. 
La madone d’argent, tel le trésor de Delphes, leur servait, 
en temps de détresse financière, d'encaisse métallique pour 
gager un emprunt. Ce fut le cas en 1437 (1). 

Le prieur était en quelque facon le chapelain des ser 
gneurs consuls et de l'Hôtel de ville. C'était un person 
nage de premier plan, chanoine de Sainte-Cécile, favori et 
le plus souvent parent de l’évêque, patron du prieuré. Tels 
furent Bernard de Fargues, mort en 1416, Bernard de 
Casillac, élu à l'évêché d'Albi en 1434, l'archidiacre Henri 
Jouffroy, frère du cardinal évêque d'Albi, Georges 
d'Amboise, aussi frère d'évêque, qui devait atteindre au 
faite des honneurs dans l’Église et dans l’État, enfin Louis 
d'Amboise, avant de devenir coadjuteur de son oncle €t 
cardinal, celui qui installa les Annonciades (2). 


VI. La Construction du haut chœur et la démolition 
du clocher au déclin du xvu* siècle. 


L'église de Fargues n'avait pas été construite pour servif 
de chapelle à un couvent de religieuses cloîtrées. À suppo 
ser que le sanctuaire occupât l’abside et la première tra 
vée, 1l fallut, sans doute, réserver deux autres travées pour 
servir de chœur aux nouvelles venues; car leur nombre dt- 
passa bientôt la trentaine. Resta une travée pour le public. 
Une grille de bois, double peut-être et hérissée de pointes, 


(1) Pour ce fait d'ailleurs, les consuls furent excommuniés. Voir les 
pièces de cette affaire aux Arch. d'Albi, FF 61; CC 188 et 194: copie 
Doat, vol. 113, fol. 349 à la Bibl. nat. 

(2) Catalogue des prieurs de Fargues, Arch. du Tarn, H 674, édité dans 
l’Inventaire-Sommaire des séries G et H par Ch. Portaz, p. 430, et dal 
Revue du Tarn, III, 133. 


LES ANNONCIADES D’ALBI 353 


masqua partiellement aux fidèles la vue de l’autel. Le ser- 
vice religieux fut désormais assuré par des Frères 
Mineurs de l'Observance, dont le couvent Saint-François 
s'élevait hors les murs de la cité. La chapelle ne portait 
pas encore le cachet de l’Annonciade et des dévotions 
franciscaines. 

Cet état de choses ne semble pas avoir subi de modifi- 
cation importante pendant plus d’un siècle et demi, jus- 
qu'à la seconde moitié du règne de Louis XIV. Alors 
seulement des remaniements notables furent introduits, 
soit à la chapelle, soit au couvent. 

En 1678, le maître autel recut un rétable monumental 
qui figurait en bas-reliefs dorés les mystères vénérés dans 
l'Ordre et les souvenirs des déux fondateurs. Le dessin en 
fut soumis au sculpteurtoulousain, Gaillard Bor, artiste 
renommé dans la région, qui exigea 900 livres pour l’exé- 
cution. Son œuvre n’a pas survécu à la Révolution, mais 
nous en avons une description par le bail à besogne qu'il a 
signé (1). Dans la partie centrale, à la place d’une grande 
toile, Bor mettra | 


une Annonciade en basse tailhe (bas-relief) et, autour du cadre 
dudit tableau, seront placées les ditx Vertus, aussy en basse tailhe ; 
au corps d’en haut le Père éternel en bosse et à demy-corps ; dans 
les niches d’entre les deux colonnes, une saincte Jeanne en royne, 
avec la couronne sur la teste et le sceptre à la main, portant un man- 
teau royal retroussé sur le devant pour y peindre l’hermine, et, de 
l’autre costé, le Père Gabriel Maria en Cordelier, avec une crosse et 
mitre à ses pieds. Et, au-dessus des crédances, il y aura un sainct 
Joseph et un sainct Jean-Baptiste en basse tailhe. 


L'artiste donne quittance le 15 avril 1680 de ce qui lui 
restait dû. Son œuvre est mentionnée avec les additions 
qu'elle a reçue depuis, dans l'inventaire du mobilier de la 
chapelle dressé le 28 février 1790, sur l’ordre de l’Assein- 
blée Constituante /2) : 


(1) Arch. du Tarn, À 677, fol. 352. Ct. A. VipaL, op. laud., n°: 1939 et 
1972 ; et Ch. Portaz, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art du Tarn du 
Xu1° qu xx* siècle (Albi, 1925). Notice sur Gaillard Bor, p. 38-40. 

(2) Arch. du Tarn, Q 412. 


Revus D’HisToirs FRANCISCAINE, t, IV, 1927. | 23 


354 L. DE LACGER 


Un maiïtre-autel et deux petits autels, sçavoir le maitre-autel avec 
un rétable en bois, esculté, en différentes couleurs, le tabernacle en 
bois esculté peint et dauré dans lequel est enchâssé une Magdelaine 
en marbre blanc glacé. 


Huit ans après, en 1686, les religieuses résolurent de 
rendre la chapelle à l’usage du public, et de transporter 
leur chœur au fond de la nef, dans une tribune aménagée 
sur l'aire de la tour du clocher Elles seraient ainsi plus à 
leur aise et mieux dissimulées. L'Espagne avait mis à la 
mode ces chœurs supérieurs, face à l'autel. Les travaux 
comportaient la démolition totale du clocher, le transfert 
de la cloche dans la tour de l’horloge, l’évidemment pres- 
que complet de la façade occidentale, l'aménagement d’une 
haute salle, avec plafond, lambris, parquet, stalles en 
deux rangées et grille clôturant la grande baie. Un arceau 
était prévu, délimitant la baie, dont la tête serait assez 
basse pour assurer la conservation de la rosace. L'arceau 
fut construit, ainsi que le montre notre photographie, 
mais la rose fut sacrifiée. On visite encore la salle quadran- 
gulaire qu'on appela désormais le « chœur haut » : plafond 
à poutrelles apparentes, sur les murs traces de peinture 
décorative, aux parois des tours niches destinées à rece- 
voir l'appui des dernières stalles. Un mur vulgaire obstruec 
aujourd’hui la baie en place de la grille de bois. Le maître 
menuisier d'Albi, Maignial, qui entreprit ces travaux à prix 
fait, posa l’année suivante dans ce nouveau chœur qua- 
rante stalles en noyer en deux rangées superposées, avec 
lambris et pilastres contre le mur. 

Si de tels rémaniements eurent la faveur du public dévot 
à la Madone, l'esthétique extérieure du monument y perdit 
grandement. L'ancien clocher disparut. Le bail à besogne, 
consenti à l’entrepreneur Maïignial, le 27 mai 1686, fournit 
toutes les précisions désirables sur ce point, et permet de 
se représenter l’état antérieur. On y voit comme le grand 
siècle avait peu de respect pour les œuvres du moyen 


âge (1). | 


(1) Arch. Tarn, H 755, et Archives notariales de M° Malphettes à Albi, 
n°452, fol. 124 vo. Cf. A. Via, op. laud., n° 1982. — Le bail du 8 janvier 


LES ANNONCIADES D ALBI 355 


Construire un nouveau cœur quy sera placé au fond de la nef de 
l'esglise et à l'audret (endroit) où est le grand clocher souteneu par 
quatre grands pilliers suivant qu’il a esté designé audit entrepreneur, 
lequel à cest effaict demoulira le couvert d’ardoise quy couvre ledit 
clocher, après avoir marqué et faict marquer l'assemblage de bois 
dont il est composé, affin qu’il puisse estre redressé plus facilement 
à l’endroist ou lesdites dames s’en voudroient servir;.., plus demolira 
les deux voutes dudit couvert avec les quatre piliers quy le soutien- 
nent jusques et à niveau du plancher bas du cœur ;... comme aussy 
démolira la muralie du fond de ladite nef depuis la cime jusques à 
plein pied dudit cœur, tant que, sy on trouve à propos d’en laisser 
une partie pour conserver la roze qui se trouve en partie d’icelle, 1l y 
faira un arceau ou demy arceau seloun qu'il sera nécessaire pour la 
soutenir. : 

De plus, démolira la muralie où est l’entrée des Pères jusques au 
fond et remetra la porte de ladite entrée au desoubs de l’arceau quv 
sera construit vis-à-vis d’icelle ;..…., | 

Jl bastira la muralie quy fera le fond du cœur de deux pointes ou 
davantage, s’il est besoin, jusques au plancher haut dudit cœur et 
dudit plancher en haut d’une pointe et demy, lequel plancher haut 
aura du moins trois canes deux pans d’fhJauteur, et continuera d’aus- 
ser ladite muralie en pignon de la hauteur nécessaire pour placer la 
cloche en la mesme forme qu'elle est à présent, sinon que sans 
aucune incomodité elle puisse se plasser en quelque autre endroit, 
ce quy ne se pourra pourtant faire que de l'approbation desdites 
dames, après que la chose aura esté examinée. {Ayant esté examiné 
et conclud depuis les actes quy avoient esté passés, que le clocher se 
fera sur l'escalier où est à présant l’orloge]. Aussera encore les mura- 
lies des deux costés dudit cœur de la hauteur et espessur requise et 
nécessaire..... 


On voit encore au pied de l’ancienne façade, sous le 
chœur, un jambage en pierre moulurée dela porte d'entrée 
des Pères qui s'ouvrait primitivement dans le mur de 
clôture. Il se pourrait que le public n'ait eu accès dans 
l'église que par la rue de Fargues. 

Les religieuses installèrent dans te nouveau chœur, pour 
les avoir plus près d'elle, leurs plus précieux trésors : la 
célèbre madone d'argent et une statue masque de 
leur fondatrice qu'elles avaient peut-être emportées de 


1687 pour les boiseries du chœur se trouve aussi chez Me Malphettes, 
n° 453, fol. 7 v°-9. Via, n° 1983. Sur Maignial, voir Ch. Porta, Diction- 
aire... p. 195. 


356 L. DE LACGER 


Bourges et que l’une d’entre elles, sœur Marie-Jeanne 
Féral, put sauver du naufrage à la Révolution : cette effñcie 
saisissante de la morte se conserve toujours dans une 
niche située à l'église de Creyssens, au voisinage d'Albii1\ 
Les commissaires du 28 février 1790 portent à leur inven- 
taire du mobilier du couvent (2) : 


Un chœur parquetté avec les estalles doubles escultées : un grand 
pupitre en bois, un petit pupitre en fer, quatre grands tableaux fort 
vieux ; une châsse pour le buste de sainte Jeanne, garny en glace. 
une statue de la Vierge en argent, tenant l'Enfant Jésus sur les 
genoux, il y a quelques reliques dans son intérieur. 


VI. Le Couvent et sa première colonisation à Roder. 
Le prevôt Hélyon Jouffroy. 


Le monastère des Annonciades fut l'ancienne habitation 
du prieur, dûment approprié par les soins de l’évêque. Il 
se développait sur le flanc nord de l’église, étroitement 
resserré entre la place de l'évêché et la rue de la Souque, 
et limité sur son quatrième côté par une ruelle « fort 
puante et incessamment remplie d’immondicités et 
ordures ». Dans cet enclos exigu se trouvaient aménagés 
«un dortoir et unréfectoire, un potager et un cimetière, 
divers offices ». Tout cela était minuscule. Suffisant pour 
la personne du prieur et son service, comment une com- 
munauté pouvait-elle s'en accommoder? Dès 1530, les 
moniales étaient là tassées au nombre de trente-quatre, 
sans air, sans horizon, sans espace, empestées par les 
miasmes de la ruelle. Rien d'étonnant que «le plus 
souvent et ordinairement la plus grande partie d'icelles 
fussent malades v. Aucun moyen de s'étendre sur place. 
La seule issue était d'essaimer. Encore fallait-il qu’on leur 
en donnûât les moyens, car elles étaient sans ressources et 


(1) Acte de donation de l'ex-religieuse, daté du 20 octobre 1810, dans les 
Registres paroissiaux de Creyssens-Entremonts, édité par H. SaLABErT, 
Les Saints et les martyrs du diocése d'Albi (Toulouse, {1892}, p. 356, ca 
note). On connaît plusieurs répliques de cette statue-masque: celle de 
Creyssens est une des meilleures. 

(2) Archives du Tarn, Q 412. 


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LES ANNONCIADES D'ALBI 397 


les fondations nouvelles, à cette époque surtout, se heur- 
taient à des obstacles supérieurs à leur courage. 

Un ami riche et influent se rencontra dans la cité même 
d'Albi qui les conduisit à Rodez en 1519 : ce fut la pre- 
mière filiale de Fargues que suivirent ceiles de Bordeaux 
en 1521 et d'Agen en 1533. Ce protecteur généreux n'était 
autre que le prévôt de la cathédrale, le second personnage 
du clergé diocésain, Hélyon Jouffroy, neveu du cardinal 
évêque, mort en 1473, et d'Henri Jouffroy, prieur de Far- 
gues jusqu’en 1480. Héritier de la fortune et du nom de 
ses oncles, il eut à cœur de perpétuer leur souvenir, sans 
s'oublier lui-même, dans un monument de la cathédrale. 
C'était l'époque où, à l’instigation des deux d’Amboise, 
Sainte-Cécile recevait son incomparable parure de glypti- 
que et de peinture, son chœur et son jubé, ses autels et 
ses châsses, et les étages supérieurs de son donjon. 

Une équipe de peintres Romagnols, émules du Pintu- 
ricchio, et parmi eux Giovanni Francesco Donnela de 
Carpi, Lucrezia Cantora de Bologne, besognait avec. une 
stupéfiante célérité, de 1509 à 1514, à enluminer totale- 
ment la voûte et les parois de l’immense vaisseau. Le 
prévôt prit à sa charge la décoration de la chapelle de la 
Sainte-Croix, la fpremière dans la dévotion du chapitre 
dont le blason reproduisait une antique croix reliquaire 
de son trésor. Le tombeau du cardinal occupait un enfeu, 
creusé dans l'épaisseur du contretort intérieur : le monu- 
ment a disparu, mais les armoiries des Jouffroy le signa- 
lent : D'or à trois fasces de sable, la première chargée de 
deux noisettes d’or. 

Hélyon fit peindre sur les deux autres parois, en deux 
registres superposés, la vision de Constantin, la défaite 
de Maxence au Pont Milvius, l'entrée de Sainte-Hélène à 
Jérusalem et l'invention de la sainte Croix. Il réserva le 
registre inférieur du fond de la chapelle au souvenir des 
siens et de lui-même. L'artiste ne trahit passa confiance : 
on en peut juger par la photographie ci-jointe. Hélyon est 
représenté entre ses deux oncles, à genoux, les mains en 
prière, le cou dégagé, vêtu d'un long surplis, l’aumusse 
au bras droit. Sainte-Cécile, debout derrière lui, pose sur 


358 L. DE LACGER 


son épaule une main protectrice. L'’écriteau, ingénieuse- 
ment suspendu à l'entablement, porte : 

Dominus HELIUNDUS JOFFREDUS LEGUM DOCTOR PREPOSITUS 
ALBIENSIS CANTOR ET CANONICUS RUTHENENSIS. 

C'est un portrait. Admettons que les repeints de 
M. Marc Gaïda vers 1900 n’ont pas sensiblement altéré 
la ressemblance. 

Devant lui, Hélyon a fait représenter son oncle, qui fut 
évêque d'Arras et cardinal avant de monter sur le siège 
d'Albi le 10 décembre 1462 : d’où le nom de cardinal d’Ar- 
ras qu'on lui donne communément. Ce fut un personnage 
de premier plan. Ministre de Louis XI, il négocia à Rome 
avec Pie IT l'abrogation par le roi de France de la Pragma- 
tique Sanction : il prépara les opérations militaires qui 
aboutirent à la conquête du Roussillon, et forca le dernier 
Armagnac dans son retranchement de Lectoure (1). Le 
voilà humblement agenouillé, les maints jointes, En dépit 
de son chapeau écarlate, posé à terre devant lui, de sa chape 
d’évêque, ornée d’orfrois, il porte sur sa tête rasée la cou- 
ronne du moine bénédictin. Saint Jérôme qui l’assiste, a 
pendu son chapeau à un clou de l'entablement ; il tientun 
livre dans sa main droite, sans doute sa version de la Vul- 
gate ; à ses pieds, sommeille le lion de l'anachorète, hôte 
comme lui du désert. Le même personnage, identique dans 
sa barbe, son costume, ses attributs et jusqu'à sa taille, et 
en plus, avec son nom, se retrouve dans l'actuelle chapelle 
Saint-Louis qui ouvre sur la nef. 

En arrière, Hélyon a fait peindre son autre oncle, Henri 
en tout semblable à lui, sauf quelques traits du visage. 
C'était un ancien prieur de Fargues ; il mourut archidiacre 
avec le titre de Castelnau de Montmiral. Il faisait donc par- 
tie du chapitre cathédral. Saint Jean l'Evangéliste qui le 
patronne, a la figure imberbe et tient à la main le calice 
d'où sort le petit dragon. C’est son emblème traditionnel. 
La même effigie est représentée deux chapelles plus loin, à 
l'entrée de la sacristie, même pose, même taille, avec le 
texte emprunté à l'une de ses épitres : Omnis qui odit fra- 
trem suum homicida est. 


(1) Cu. FierviLe, Le Cardinal Jean Jouffroy et son temps (Coutances, 1874). 


LES ANNONCIADES D'’ALBI 359 


Quant à l’évêque debout dans l’angle du décor classi- 
que, qui porte dans sa main ouverte quatre boules de pain 
amoncelées, peut-être faut-il reconnaître en lui saint Nico- 
las qui était, dès le x siècle, l’objet d’un culte spécial 
dans la liturgie albigeoise (1). 

La noble simplicité de ces trois groupes, variés dans 
leur symétrie, donne une impression rafraichissante de 
recueillement, de distinction et d'intimité. 

Hélyon cumulait donc la chantrerie de la cathédrale de 
Rodez avec la prévôté d'Albi. Ce fut tout bénéfice pour 
Rodez qu'il dota äu déclin de sa vie de deux fondations 
religieuses : la Chartreuse et le couvent des Annonciades. 

Le saint évêque de Rodez, François d'Estaing, l’éner- 
gique et patient réformateur de son diocèse, seconda les 
vues du préchantre, quelques difficultés qu'il ait élevées au 
sujet de l'emplacement du monastère et de l'annexion du 
prieuré de Vinnac, distrait du patrimoine du chapitre 
cathédral. II était lié d'amitié avec le Père Gabriel Maria 
et vénérait la mémoire de l’ex-reine de France. Il consacra 
la nouvelle chapelle en 1524. Le couvent s'élevait au nord’ 
de la ville, tout près des remparts et du château Calde- 
gouse qui abritait les geôles épiscopales. Il n'en reste que 
la statue de Notre-Dame de l’Embergue, encore à son 
emplacement primitif, près de l'actuelle rue de Bonald (2). 

Cinq parmi les premières pionnières d’Albi inaugurè- 
rent la fondation de Rodez (3). 


VII. Le pensionnat des Nouvelles converties. 


Revenons au couvent d'Albi et aux efforts des pauvres 
moniales pour se donner de l'air et de l’espace. Elles purent 
de bonne heure acquérir la maison dite de la Guimerie 


(1) Voir le calendrier liturgique de l'église d'Albi dans les Statuts syno- 
daux du diocèse d'Albi au xin° siècle, in Revue historique du droit français 
et étranger, octobre 1927. 

(2) Camille Berimon, prêtre de Saint-Sulpice, Le bienheureux François 
d'Estaing, évêque de Rodez {/ 1460-1520), (Rodez, 1924, in-8° de xvu- 
387 p.); p. 417 sq. 

(3) Arch. Tarn, H 680. 


360 L. DE LACGER 


au-delà de la nauséabonde ruelle (1). Mais, la ville d’Albi 
ne leur permit pas de longtemps de l'annexer à leur clô- 
ture par l'absorption de l’étroite et inutile venelle. Au 
milieu du xvu° siècle encore, c'était un chanoine de la 
cathédrale, Jean du Ferrier, sieur de Cambiac, qui l'occu- 
pait comme locataire (2). 

Elles furent plus heureuses au lendemain de la révo- 
cation de l’Édit de Nantes. Le roi leur enjoignit d’héber- 
ger quelques nouvelles converties et de se consacrer à leur 
éducation. Il n’y avait qu'à s'incliner. Les Annonciades 
ajouteraient l’enseignement à l’apostolat de la contempla- 
tion. Mais un agrandissement s’imposait. On acquit un 
nouveau local de l’autre côté de la rue de la Souque pour 
le pensionnat, et, à cette occasion, une cave pour la vais- 
selle vinaire. On établit la liaison au moyen d’un passage 
en dessus dela rue de cinq cannes de largeur. Les protes- 
tations véhémentes et prolongées des riverains furent 
vaines (3). Le maitre de la France avait parlé. Les choses 
restèrent en l’état jusqu à la suppression de la maison. 
L'inventaire du 28 février 1790 porte (4) : 


Un couvent situé à Albi, consistant en deux bâtiments, divisés par 
une rue au-dessus de laquelle il y a un arceau qui va dudit monas- 
tère au pensionnat desdites religieuses. 


Aujourd'hui rien ne subsiste de l'arceau litigieux ni du 
monastère et rien ne rappelle le séjour trois fois séculaire 


des moniales qu'une pierre tombale gravée dans leur ancien 
cimetière. 


Louis DE LACGER 


Professeur d'histoire ecclésiastique 
au Grand Séminaire d’Albi. 


(1) Arch. Tarn, H. 755. 

(2) A. Vipar, op. laud., n° 1970. 

(3) Archives d'Albi, FF 151; BB 36, fol. 46 v°, 50 sq. 
(4) Arch. Tarn, Q 412. 


UNE 


BULLE INÉDITE DE SIXTE IV 


(1474) 
EN FAVEUR DES SŒURS DE LA CELLE 


Les sœurs de la Celle, comme les Sœurs grises, apparte- 
naient au Tiers Ordre régulier de Saint-François et, 
comme elles, soignaient les malades à domicile (1). Leur 
première maison se trouvait à Saint-Omer et remontait, 
s'il faut en croire les historiens de la ville, au 1ix° siècle. 
« Ces religieuses réunies d'abord au nombre de quatre et 
ensuite de douze, n'avaient d'autre titre que celui de fi/- 
les du pain pour Dieu, parce que, selon la tradition, elles 
allaient par la ville quêter en faveur des indigentes. Plus 
tard elles firent l'office de gardes-malades et en retirèrent 
quelques petits bénéfices qui servirent à l'achat de trois 
maisonnettes, sur le terrain desquelles elles construisirent 
un petit couvent et une infirmerie. Les filles du pain pour 
Dieu étaient devenues, par les services qu'elles n'avaient 
cessé de rendre depuis leur établissement, l'objet de la 
vénération publique. A la demande de l’une d'elles qui, 
Prétend-on, était la nièce du pape, et par l'intercession du 
comte de Flandre Louis III, elles obtinrent de Gré- 
goire XI en 1377 le Tiers-Ordre de saint François avec la 
qualification de Sœurs noires qui leur fut donnée à cause 


de la couleur qu'elles avaient adoptée pour leur habille- 
ment. » (2). 


pi H. Leuairre, Les soins hospitaliers à domicile donnés dès le xive siè- 
us religieuses franciscaines, les Sœurs noires et les Sœurs grises, 
$, dans Revue d'hist. francisc., t. Ir, p. 180-208. 
ha a (Jean), Histoire civile de Saint-Omer, p. 584-585 ; repro- 
HAMPS DE PAS, Histoire de Saint-Omer, p. 282-284. 


362 HENRI LEMAÎTRE 


Jusqu’à présent nous n'avons pu retrouver le texte de 
la bulle de Grégoire XI, qui serait si importante pour 
l’histoire de ces sœurs ; le premier document pontifical 
que nous possédions sur elles était de plus cent ans posté- 
rieur, c'était une bulle d’'Innocent VIII, en date du 9 jan- 
vier 1458, qui avait été publiée par Bordoni (Archivium 
bullarum, privilegiorum, instrumentorum et decretorum 
Fratrum et Sororum Tertii Ordints s. Francisci, Par- 
mac, 1658, p. 310-315) et par Wadding (Annales Mino- 
rum, t. XIV, P. 616). Cette bulle se donne comme la con- 
firmation d'un privilège précédemment accordé par 
Sixte IV, mais ce privilège était perdu. Nous venons d'avoir 
la bonne fortune d’en retrouver le texte par un heureux 
hasard, dans les reliquats du Don J. Chappée à la Biblio- 
thèque nationale (1). 

A la vérité le document sur lequel nous avons mis la 
main nest pas une expédition originale du privilège, ce 
nenest qu'une surcopie du temps, mais comme elle est 
dument authentiquée, ses leçons peuvent être acceptées 
jusqu'à ce qu’un chercheur arrive à découvrir le propre par- 
chemin émis par la chancellerie pontificale. 

Le privilège de Sixte IV est datée du Vatican, 22 mars 
1474. Bien que ses dispositions aient été reproduites dans 
la bulle de confirmation de [Innocent VIII, il ne nous pa- 
rait pas inutile de les passer en revue. 

I. Les Sœurs de la Celle, des couvents de Saint-Omer, 
de Saint-Pol et d’'Hesdin au diocèse de Thérouanne, 
d'Abbeville etde Montreuil, au diocèse d'Amiens, s'occupent 
de garder les malades; elles ont reçu du Saint-Siège la 
faculté de prononcer les trois vœux de religion; sur leur 
demande Sixte IV les place sous l'obédience du vicaire 
provincial des Frères Mineurs de l'Observance demeu- 
rant dans la province, de même que les Sœurs du Tiers- 
Ordre établies dans les diocèses de Thérouanne, de Tour- 
nai, d'Arras et Cambrai; il les fait en outre participer aux 


(1) Notre confrère, M. E. Léonard, qui était chargé de classer cette série 
avait remarqué une pièce en faveur de religieuses du Tiers Ordre francis- 
cain ; il voulut bien me la signaler aussitôt et me laisser le soin de la 


publier. Je tiens à lui exprimer ici ma très vive reconnaissance. 


UNE BULLE INÉDITE DE SIXTE IV 363 


grâces, privilèges, libertés, indulgences, indults et immu- 
nités accordés par le Saint-Siège auxdites Sœurs. 

II. Les Sœurs de la Celle ont l'habitude de porter un 
manteau noir par dessus leur habit gris lorsqu'elles sortent 
du couvent. Commeles statuts et coutumes du Tiers-Ordre 
défendent à ceux qui ont fait profession, l'usage des vête- 
ments noirs et des vêtèments blancs (1), les Sœurs ont été 
prises de scrupules et elles ont adressé au pape un mé- 
moire à ce sujet. Sixte [IV les rassure et les autorise plei- 
nement à porter le manteau noir. 

III. Sixte IV laisse à leur discrétion et à leur jugement 
les prières qu’elles doivent réciter chaque jour ; car, quoi- 
que quelques-unes sachent lire le psautier, en général 
toutes ont l'habitude de dire au lieu des heures canoniales 
un certain nombre d'oraisons dominicales, ainsi que la rè- 
gle du Tiers-Ordre le prescrit aux professes illettrées (2). 


(1) En réalité la bulle de Nicolas IV Supra montem (16 août 1289; Ant. de 
Sizzis, Sfudia, I, 8-14) ne défend qu'aux Frères du Tiers-Ordre les vête- 
ments noirs ou blancs : Fratres ipsius fraternitatis de humili panno in 
pretio et colore, nec prorsus albo vel nigro, communiter vestiantur. Voici 
ses prescriptions pour les Sœurs : Sorores etiam chlamide induantur et 
tunica de hujusmodi humili panno factis, vel saltem cum chlamide habeant 
guarnellum vel placentinum coloris albi vel nigri, aut palludellum amplum 
de canabo sive lino absque ulla crispatura consutum. Par contre la bulle de 
Jean XXII Personas vacantes (26 août 1413; Eusez, Bullarium francisca- 
num, VIII, 471-472) qui renouvelle à l’usage des Sœurs grises les prescrip- 
tions de Nicolas IV, spécifie que les vêtements seront de couleur grise : 
« Predicti fratres et sorores secondum usum communem dicti Ordinis indue- 
rentur ; et haberent fratres unam tunicam griseam vilem, que vilitas atten- 
deretur in pretio et colore, et unum scapulare, pro cingulo unam chordam 
rudem de canapo nodatam, ut moris est; haberent longum caputium et 
magnum mantellum de eodem panno ad modum simplicium hominum, soc- 
colares ligatos vel cum vincleis secondum quod paureres illius patrie habe- 
bant ; sorores autem omnia predicta haberent ut tunicam, scapulare, chordam 
et caputium, quando liceret, et etiam soccolares haberent, etiam super 
caput velum vel caputergium album, et hoc intra domum ; quando autem 
eas contingeret exire domum, possent habere mantellum de panno supra- 
dicto {id est griseo\ una parte reversa super caput ad cooperiendum caput et 
aliqualiter faciem; quando itinerarent vel laborarent possent superiores 
sui eis concedere licentiam ad portandum ipsarum caputium. C'est évi- 
demment ce texte qui aura causé les scrupules des Sœurs de la Celle et 
qui les aura fait douter de leur droit à porter le manteau noir. 

(2) Cf. Bulle de Nicolas IV Supra montem (éd. cit.) : ut illitterati alii 


pro matutino xij et proalia qualibet hora vij vicibus Pater noster cum Glo- 
ria Patri dicere non omittant. 


364 HENRI LEMAÎTRE 


IV. Dans le cas où il n’y aurait pas de couvent de l’Ob- 
servance dans le voisinage qui puisse leur fournir un pré- 
tre, le vicaire provincial sera chargé d'y pourvoir. 

V. Sixte IV autorise les religieuses, qui ont fondé une 
maison à Lessines, dans le diocèse de Cambrai, avec la 
permission de l'Ordinaire à y demeurer et à continuer 
de faire partie de la communauté des Sœurs de la Celle (r). 

Ilest à noter que cette bulle, est datée selon le style de 
la Nativité, alors que la plupart des privilèges sont datés 
selon le style de l’Annonciation. En effet si elle avait été 
datée d'après ce dernier style, l'année du pontificat ne con- 
corderait pas avec le millésime. 

Le premier vidimus a été pris sur l'original en bon état 
et entier, sans défaut et sans rature, muni de sa bulle de 
plomb pendant sur lacs de soie rouge et jaune, signe des 
privilèges. 

Il a été exécuté le 8 juin 1476 au couvent des Frères 
Mineurs de Saint-Omer par Henri Bouderaven, prêtre du 
diocèse de Thérouanne et notaire public, en présence de 
deux religieux dela maison, Pierre Lemaire (Majoris) et Mi- 
chel Smecart. Cette première copie devait être destinée aux 
Sœurs d’Hesdin, puisque le second vidimus qui le repro- 
duit a été écrit dans cette ville. Ce second vidimus a été 
rédigé le 13 avril 1488 par Rainaud Leurin, prêtre du dio- 
cèse d'Amiens et notaire public de la cour de Thérouanne, 
en présence de Guillaume Le Tieullier, notaire public, et 
de Simon Callet, tous deux prêtres. 


HENRI LEMAÎTRE. 


Vidimus en date du 13 avril 1488 à Hesdin, d'un vidi- 
mus en date du & juin 1470 à Saint-Omer, d’un privilège 
de Sixte IV, daté du 22 mars 1474, au Vatican, accor- 


(1) Pour cette maison, comme pour celles qui sont mentionnées plus haut 
cf. mon article cité au début. Par suite d’une mauvaise lecture de la bulle 
d'Innocent VIII, j'avais situé un couvent à Thérouanne, alors qu'il n'yen 
a jamais eu dans cette ville. Ce couvent est à supprimer de la liste que j'ai 
dressée. 


UNE BULLE INÉDITE LE SIXTE IV 365 


dant aux Sœurs de la Celle d'être soumises à l’obédience du 
vicaire provincial de l'Observance, de porter un manteau 
noir, de dire leurs heures à leur discrétion, de s'adresser au 
ministre provincial pour. être pourvues d'un confesseur, 
d'avoir une maison à Lessines. 


In nomine Domini. Amen.. Datum per copiam sub signo et sub- 
Scriptione solitis mei notarii publici subscripti, anno ab incarnatione 
ejusdem Domini millesimo quadringentesimo octuagesimo octavo, 
indifcitione sexta, mensis vero aprilis post festum Pasche die tertia 
decima, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri, 
domini Innocentii divina providentia pape octavi, anno quarto, quod 
sequitur sub hiis verbis : 

In nomine Domini. Amen. Per hoc presens publicum instrumen- 
tum cunctis pateat evidenter et sit notum quod hec est vera copia 
atque verum transcriptum certarum litterarum apostolicarum per 
religiosas sorores tertii ordinis sancti Francisci in provincia Francie 
consistentium, de Cella nuncupatarum, impetratarum, sanarum 
siquidem et integrarum, non vitiatarum, non cancellatarum nec su- 
Spectarum in aliqua sui parte, vera bulla plumbea sanctissimi in 
Christo patris et domini nostri, domini Sixti divina providentia pape 
quarti, cum cordula sericea rubei croceique coloris impendente sigil- 
latarum, quarum tenor de verbo ad verbum sequitur et est talis : 


Sixtus episcopus, servus servorum Dei, ad perpetuam 
rei memoriam. Utinter eterne beatitudinis amatrices que, 
habitu sacre religionis assumpto, uni viro Christo Jhesu se 
voto celibi desponsarunt valeat juxta votum quies mentis 
proficere et regularis observantia stabiliri, tanto propen- 
sioribus studiis debemus illas attollere gratiis spirituali- 
bus ac earum pia confovere proposita quanto sexu femi- 
nei fragilitas ad ferendum observantie onus potiori favore 
indigere noscitur. Unde nos, in sacra Petri sede meritis 
licet insufficientibus constituti, ut religio quelibet dilatetur 
ac florido decentique candore refulgeat luminosisque 
sanctimonie radiis ad exemplar imitationis enitescat, ope- 
rarias manus apponimus et studium efhicaciter impartimur 
ut tandem cultores cujuslibet religionis, annuente divina 
gratia, prestutis in stadio vite sub sanctorum patrum regu- 
his et institutis Deo militante felicis triumphi bravium 
valeant adipisci. Sane pro parte dilectarum in Christo 
filiarum universarum Sororum Tertii Ordinis sancti Fran- 


366 HENRI LEMAÎTRE 


cisci in provincia Francie consistentium, de Cella nuncu- 
patarum, nobis nuper exhibita petitio continebat quod ipse 
que ad custodiam infirmorum sunt deputate et in saniti 
Afu]domari et Sancti Pauli, Hesdinii, Morinensis, Abbaris- 
ville et Monsteroli, Ambianennis diocesis, op{p'idis domos 
habent ct inibi moram trahunt ipsumque Ordinem ex: 
presse professe sunt trinaque religionis vota de licenta 
sedis apostolice emittunt, infirmis quoque quacumque 1n- 
firmitate seu egritudine etiam quantumcumque contagioss 
infectis serviunt et propterea a clero pariter et populoin 
maximo favore sunt häbite, summopere desiderant ut de 
cetero sub cura et regimine vicarii provincialis Fratrum 
Ordinis Minorum, de Observantia nuncupatorum, in dicta 
provincia degentium, ad instar Sororum dicti Tertii Ordinis 
in Morinensi, Tornacensi et Attrebatensi et Cameracensi 
diocesibus constitutarum degant et Altissimo (1) famulen- 
tur. Et licet palium nigrum supra habitum griseum, dum 
foras exeunt, deportare consueverunt, tamen pro eo quod 
in statutis et consuetudinibus ac institutis regularibus 
dicti Tertii Ordinis cavere dicitur quod illum professi et 
professe non prorsus albo vel nigro communiter vestiantur, 
dubitant hujusmodi palium absque scrupulo conscientie 
deportare posse et cum illud tanto tempore detulerint sine 
multa admiratione cleri et populi novitatis nota € 
pusillorum scandalo dimittere non possent, pro parte 
ipsarum Sororum nobis fuit humiliter supplicatum uteis 
in premissis o[plportune providere de benignitate apo- 
stolica dignaremur. Nos igitur, hujusmodi supplicatio- 
nibus inclinati, auctoritate apostolica tenore presentium 
perpetuo statuimus et ordinanus quod predicte de Cell: 
nuncupate ac universe alie Sorores dicti Tertii Ordinis in 
prefata provincia ac in predictis op{plidis et domibus 
alisque locis in prefata provincia forsan edifficandis pro 
tempore degentes de cetero sub cura et regimine vicaril 
provincialis Fratrum Ordinis Minorum, de Observantia 
nuncupatorum, in ipsa provincia degentium, ad instar 5070 
rum dicti Tertit Ordinis in diocesibus predictis constituta- 


(1) Ms. altissime. 


UNE BULLE INÉDITE DE SIXTE IV 367 


rum degere et Altissimo famulari debeant ac omnibus et 
singulis gratiis, privilegiis, libertatibus, indulgenciis, in- 
dultis et immunitatibus eisdem aliis Sororibus per sedem 
predictam in genere vel in specie concessis uti, gaudere et 
potiri, necnon predictum paliuin nigrum absque scru- 
pulo conscientie portare libere et licite valeant et cum, ut 
asserunt frequentius, quantum vires 1llis suppetunt, infir- 
morum officiis occupentur quod, licet alique ex eis 
legere sciant psalterium, tamen omnes generaliter loco 
horarum canonicarum certis orationibus dominicis, ad 
quas regula dicti Tertii Ordinis in eadem professas illi- 
cteratas obligatle] sint astricte, consuete vero per easdem 
preces in earumdem discretione et arbitrio relinquantur, 
cumque nulla sit in locis circumvicinis virorum congre- 
gatio ex qua posset illis quisquam prefici in ministrum 
quoi prefatus vicarius provincialis loco ministri eisdem 
Sororibus de Cella nuncupatis sufficere valeat. Et nichilo- 
minus nonnullas Sorores in ofplpido de Lessines dicte 
Cameracensis diocesis moram trahentes et dictum Tertium 
Ordinem professas ac de licentia ordinarii tria hujusmodi 
vota emittentes que sub regimine predicti vicarii degant 
ac gratiis, privilegiis, Hbertatibus, indulgentiis, indultis et 
immunitatibus supradictis ut gaudere possint, aliarum 
Sororum de Cella nuncupatarum predictarum numero et 
consortio, de earum consensu, favorabiliter aggregamus, 
non obstantibus constitutionibus et ordinationibus aposto- 
licis ac supradictis aliisque dicti Ordinis statutis et con- 
suetudinibus juramento confirmatione apostolica vel quavis 
alla firmitate roboratis ceterisque contradictis quibuscum- 
que. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam 
nostri statuti, ordinationis et aggregationis infringere vel 
el ausu temerario contraire; si quis autem hoc attemptare 
presumpserit indignatione omnipotentis Dei et beatorum 
Petri et Pauli, apostolorum ejus, se noverit incursurum. 
Datum Rome apud Sanctum Petrum, anno Incarnationis 
dominice millesimo quadringentesimo  septuagesimo 
quarto, undecimo kalend. aprilis, pontificatus nostri anno 
tercio. | 


368 HENRI LEMAÎTRE 


Collationata et ascultata fuit hec copia sive hoc transsumptum 
cum originalibus litteris apostolicis preinsertis per me notarium 
publicum subscriptum in conventu Fratrum Minorum in Sancto 
Audomaro, anno Domini millesimo quadringentesimo septuagesimo 
sexto, indif[c]tione nona, mensis junii die octava, pontificatus sanc- 
tissimi in Christo patris et domini nostri, domini Sixti divina provi- 
dentia pape quarti, anno suo quinto, presentibus ibidem discretis et 
honestis religiosis, videlicet fratre Petro Majoris et fratre Michaele 
Smecart, viris ad collationem hujusmodi ascultantibus et adverten- 
tibus testibus ad premissa vocatis specialiter et rogatis, et ego Hen- 
ricus Bouderaven, presbiter Morinensis diocesis, publicus apostolica 
et imperiali auctoritatibus notarius quia de predicto exemplo tran- 
sumpto sive transcripto ad suas originales litteras apostolicas prein- 
sertas ut premittitur bullatas una cum prenominatis testibus colla- 
tionem feci diligentem per quam easdem litteras cum dicto exemplo 
transsumpto sive transcripto in omnibus et per omnia concordare 
inveni, nil addito vel remoto quod sensum mutet aut variet intelle- 
ctum idcirco eidem exemplo sive transcripto manu aliena me aliis 
prepedito negotiis fideliter scripto signum meum solitum et consue- 
tum hic me propria manu scribente apposui in fidem et testimonium 
omnium et singulorum premissorum requisitus et rogatus. Sign. 
Henricus Boudraven. 

Acta fuerunt hec Hesdinii in domo habitationis mee notarii 
publici subscripti, anno, indif[c]tione, mense, die et pontificatu predi- 
ctis, presentibus ibidem ascultantibus et intelligentibus providis et 
honestis viris et dominis Guillermo Le Tieullier auctoritatibus 
apostolica et imperiali notario publico et Simone Callet presbiteris 
testibus ad premissa vocatis pariter et rogatis. 

[Signum manuale R. Leurin] Et ego Reginaldus Leurin, presbiter 
Ambianensis diocesis, auctoritate apostolica et venerabilis curie 
Morinensis publicus notarius juratus, quia preinsertas litteras de 
transsumpto sive copia sanas et integras, non vitiatas, non can- 
cellatas nec in aliqua sui parte suspectas ut michi intuenti apparuit 
vidi, tenui, legi ac de verbo ad verbum de eisdem ad presentem co- 
piam diligentem collationem cum prenominatis testibus feci et eam 
concordare inveni, nil addito vel remoto quod sensum mutet seu 
variet intellectum ideo huic presenti copie manu mea fideliter scripte 
signum meum publicum et consuetum apposui hic me eadem manu 
subscribenti in testimonium omnium et singulorum premissorum 
requisitus et rogatus. 


Bibl. nat., Reliquat Chappeée, 1474. 


MÉLANGES 


LETTRE DE NOMINATION DE SYNDIC 
DU COUVENT DES CAPUCINS DE BEAUVAIS (1705) 


La pauvreté imposée par la règle de saint François aux 
couvents de son Ordre ne leur permettait pas de percevoir 
des revenus ni de posséder des propriétés. Les aumônes 
qui leur étaient faites, les biens qui leur étaient légués à 
charge de prières ou de messes, appartenaient au Saint- 
Siège représenté, pour la perception des unes et l’adminis- 
tration des autres, par des laïcs portant le nom de père 
temporel ou syndic du couvent. 

Ces syndics, qui avaient aussi la charge de soutenir les 
intérêts de la maison dans les questions contentieuses, 
étaient choisis parmi les notables habitants de la cité : 
marchands, bourgeois, échevins, magistrats, ayant déjà, en 
général, des attaches avec les couvents dont ils devenaient 
ainsi les conseillers et les représentants. 

Témoin cette lettre adressée le 10 janvier 1705 à Claude 
Aux Cousteaux de Fercourt, conseiller au présidial de 
Beauvais, et lui annonçant sa nomination de père tempo- 
rel du couvent des Capucins de cette ville. 


Monsieur, 


« Notre communauté de Beauvais ayant jeté les yeux sur vous 
« pour être syndic du couvent, j'ai acquiescé d'autant plus vo'on- 
« tiers à ce choix que je suis persuadé, il y a longtemps, de l’affec- 
«tion particulière que vous avez pour les Capucins (1) et que 


(1) Claude Aux Cousteaux, né le 25 septembre 1653, de Pierre Aux Cous- 
teaux, conseiller au présidial, et de Marie Boicervoise, était le petit-fils de 
Jehan Boicervoise et d'Anne de Dampierre, reçus enfants spirituels de 
Ordre de Saint-François en 1638 (Rev. d'hist. franciscaine, t. IV, p. 54). 

Il mourut en 1734, sans laisser de postérité de son union avec Catherine 
Le -Mareschal. 


Revuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 34 


370 JEAN VINOT PRÉFONTAINE 


« vous leur rendrez tous les services dont ils peuvent avoir be- 
« soin dans les affaires qui pourraient leur arriver. C'est ce qui 
« m'oblige à vous en envoyer les patentes selon les pouvoirs que 
« nous ont accordés les Souverains Pontifes qui vous établissent 
« eux-mêmes leur père temporel. Je vous prie de nous faire la 
a grâce de les recevoir, ce que nous tâcherons de reconnaître 
« auprès de Notre Seigneur par les prières et sacrifices que nous 
« lui offrirons pour votre conservation et pour vous assurer que 
« j'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments de respect, Mon- 
« sieur, votre très humble et trés obéissant serviteur en Jésus 
« Christ. 
Fr. Louis Mate, 
 Capucin, provincial indigne. 


« À St-Honoré, ce 10 janvier 1705'» (1). 


A cette lettre était joint le brevet résumant les droits 
et les devoirs du syndic: 


« Monsieur Claude Aux Cousteaux, seigneur de Fercourt, 
« conseiller du roi au siège présidial de Beauvais, F. Louis Ma- 
« rie d'Abbeville, provincial bien qu'indigne des Frères Mi- 
« neurs Capucins de la province de Paris, salut en Notre Sei- 
« gneur. 

« Nous étant volontairement obligés à l’observance de la ré- 
« gle des Frères Mineurs Capucins, nous nous sommes engagés 
« à une pauvreté si grande suivant l'intention de notre séraphi- 
« que Père saint François, que nous ne pouvons avoir que le 
«a simple usage des choses qui nous sont nécessaires; ayant 
« renoncé de bon cœur à la propriété et à la disposition de tous 
« les biens temporels pour avoir moyen de nous appliquer plus 
« parfaitement à l'exercice de l’oraison et travailler plus efhcace- 
« ment à l'avancement de la gloire de Dieu et des âmes; c'est 
« pourquoi afin qu'une si grande pauvreté ne fût en aucune façon 
« violée, et que d'ailleurs nous ne fussions privés des secours 
« dont nous pouvons avoir besoin, les Souverains Pontifes ont 
« jugé à propos de reinettre ce soin à quelques personnes animées 
« d’un véritable zèle de charité ; et fous ayant donné le pouvoir 
«a d'en faire le choix, nous vous supplions, Monsieur, de nous 
« rendre ce bon office ; et nous confiant en la bonté que vous 


(1) Collection Bucquet-Aux Cousteaux'Bibliothèque municipale de Beau- 
vais), t. XXXIX, p. 56. Original autographe. H,8 


« MISE AU SÉPULCRE » DES CORDELIERS DE CHATILLON 371 


«avez pour notre Ordre, nous vous choisissons et vous nom- 
« mons, en vertu de la présente, svndic de notre couvent de 
« Beauvais, pour recevoir au nom du Pape et du Saint-Siège 
« toutes les choses mobilières ou immobilières qui ne seront 
« point pécune, licitement offertes, données ou léguées à nos 
« religieux pour vendre, échanger et aliéner toutes les choses 
« dont l’usage leur est permis, appartenant audit Saint-Siège, en 
a passer contrat, en recevoir le prix et l’employer à leurs néces- 
« sités, vous recommandant tous nos religieux qui, par leurs 
« prières continuelles, tâcheront de vous obtenir les récom- 
« penses promises aux âmes charitables envers les pauvres. En 
« foi de quoi nous avons signé ces présentes de notre main, et 
« les avons fait sceller du sceau de notre office. Donné à Paris 
«en notre couvent de la rue Saint-Honoré le 9 janvier 1705. 


Fr. Louis Mate, 
Capucin, provincial indigne (1). 


JEAN VINOT PRÉFONTAINE. 


LA « MISE AU SÉPULCRE » 
DES CORDELIERS DE CHATILLON-SUR-SEINE 
(Côte-d'Or). 


Îl existe, dans une chapelle de l'église Saint-Vorles de 
Châtillon-sur-Seine, une « Mise au Sépulcre » qui provient 
de l’église des Cordeliers de cette ville, et qui fut trans- 
portée à son emplacement actuel au début du xix° siècle. 
M. Henri David en a fait une étude dans les Mémoires de 
la Commission des antiquités de la Côte d'Or (2). 

Ce groupe comporte neuf personnages, le Christ et 


(1) Collect. Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 58. Original. (Autour 
du sceau représentant saint François recevant les stigmates et l’écusson de 
France, sictztum-PRo-FR-M-CaP-FRANCIORUM). 

(2) Année 1924, novembre-décembre, p. 173-182. Cette étude est illustrée 


Par un cliché dû à M. Lorimy, président de la Société archéologique du 
Chätillonnais. 


372 ANDRÉ PHILIPPE 


deux donateurs. On y voit deux gardes, joseph d’Ari- 
mathie, Nicodème, la Vierge et saint Jean et trois Saintes 
femmes. 

Les deux donateurs, à genoux, sont Edme Régnier 
de Roinprey et sa femme, qui firent exécuter ce monu- 
ment en 1527. 

Le Christ, étendu sur le linceul dont Joseph maintient 
une extrémité, repose sur une dalle au chevet relevé qui 
recouvre un sarcophage ; la paroï antérieure de celui-ci est 
décorée de douze petits personnages en bas relief, disposés 
en deux groupes de six. 

Cet ensemble ne paraît pas être, à vrai dire, un Enseve- 
.lissement du Christ. En effet, si Joseph, à la tête, a saisi 
un pan de linceul, Nicodème est tout à fait étranger à 
l'opération, et, passif, tient dans ses deux mainsun vase. 
Deux Saintes femmes portent également des vases; il s’agit 
là vraisemblablement d'une phase intermédiaire de la 
cérémonie entre l’Onction et la Mise au tombeau, peut- 
être même simplement de l’onction (1). 

Les personnages sont indépendants les uns des autres 
et M. David constate que de cette méthode particulière 
d'exécution résulte un manque d'ensemble. Il est possible 
que la disposition actuelle des acteurs du drame autorise 
cette critique,mais, outre l'exemple de Monestiès-sur-Cerou 
(Tarn) cité par l’auteur, et où un parti analogue a été 
adopté, je puis en ajouter deux autres en Lorraine, à Neuf- 
château (Vosges) (2) et à Varangéville (Meurthe-et-Mo- 
selle). Il est fort probable que ces groupes ont été exécutés 
à l’atelier, plus ou moins loin de la localité à laquelleils 
étaient destinés ; le morcellement facilitait le transport en 
même temps qu'il permettait une disposition plus ou moins 
resserrée des personnages, suivant la configuration et l'am- 
pleur de la chapelle où ils devaient prendre place. La cri- 
tique doit donc s'appliquer plutôt à la disposition actuelle 


(r) J'inclinerais même à croîre que le pseudo-sarcophage n'est qu’un sup- 
port décoré de la pierre de l’onction. 

(2) Voy. André Puicirre et Pierre Manor, Le « Sépulcre de l'église des 
Cordeliers de Neufchâteau en Lorraine, dans Revue d'histoire franciscaine, 
t. ler, n° 2, année 1924, p. 144-106. 


se 2 ë + 
ni D  s — PRES 


« MISE AU SÉPULCRE » DES CORDELIERS DE CHATILLON 373 


qu'au savoir-faire des imagiers. Le groupe de l'Onction de 
Neufchâteau, qui est une œuvre de premier ordre, et celui 
de Varangéville sont, eux aussi, très arbitrairement as- 
semblés. 

M. David a vu très justement, dans la théorie des douze 
personnages sculptés au devant du « sarcophage », la repré- 
sentation du collège apostolique. Cette figuration est rare 
dans les Mises au tombeau, et elle est ici traitée d’une 
facon toute particulière, les deux groupes de six disciples 
marchant l’un vers l'autre. L'auteur voit dans l'allure, 
le mouvement, les draperies des personnages une influence 
italienne : « C'est, écrit-il, l'Italie et ses jolies prévenances 
et, à travers celle-ci, fidèlement transcrite par notre ima- 
gier, une inspiration de plus loin, celle même qui fai- 
sait refleurir l’art d’'outre mont, un souffle d’atticisme ». 
J'ajoute qu’il y a là une interprétation, fort près de la co- 
pie, d'un sarcophage antique. 

Le groupe de Châtillon est fort curieux par tous ces 
détails ; il est d’une bonne exécution, et, malgré quelques 
mutilations et le barbouillage dont il a été victime, il tient 
ua rang très honorable parmi les œuvres du même genre. 


ANDRÉ PHILIPPE. 


COMPTES RENDUS 


Saint Francis of Assisi : 1226-1926 : Essays in Commemoration. 
— London, the University Press, 1926, in-8°, xiv-332 p. 

À. G. Lirrie, Notes on the Exhibition of Franciscan Manuscripts in 
the British Museum. — (S. 1. n. d.} In-8°, 8 p. [Printed by Order 
of the Trustees of the British Museum.] 


La Société Britannique des Études Franciscaines se devait de 
célébrer doctement l'anniversaire de la mort de saint François. Elle 
n'y a point manqué et le volume publié par ses soins à cette occa- 
sion est une joie pour l'esprit comme pour les yeux. Une composi- 
tion fort soignée, une illustration abondante et bien choisie font de 
ce livre un trésor que tout franciscanisant voudra — en dépit de son 
prix un peu élevé pour des bourses continentales — avoir dans sa 
bibliothèque. 

Il est regrettable que la joie que nous procure ce beau volume 
soit voilée par la triste nouvelle qui nous est parvenue comme nous 
en achevions la lecture. Walter Seton, l'éditeur (au sens anglais du 
mot} de ces Essay-s, le distingué secrétaire de la Société Britannique 
des Études Franciscaines, qui avait contribué doublement à ce 
volume, a été brusquement enlevé à nos études et à l’affection des 
siens. En dépit de sa jeunesse son œuvre était déjà considérable et 
l’on pouvait prédire à ce pariait gentleman une carrière scientifique 
des plus honorables. Sa disparition laissera un vide sensible dans 
l’érudition franciscanisante anglaise et dans la Société à laquelle il 
avait voué le meilleur de son activité. C’est pourtant une consola- 
tion de savoir qu'il a pu, avant de disparaitre, voir publier le beau 
volume consacré au saint qu'il aimait tant. « Laudato sta, mio 
signore, per suor nostra morte corporale!... Beati queli che se tro- 
vano nele toe sanctissime voluntade, che la morte secunda non li 
pora far male! ». 

Ce volume contient onze mémoires : Quelques sujets franciscains 
dans l'art italien, par le professeur T. Borenius; L'étude des sources 
de la vie de saint François, par le professeur F. C. Burkirr; Saint 
François et Dante, par le professeur E. G. GaroNer ; Les petites 
fleurs de saint François, par le méme; Le dilemme de saint 
François et les deux traditions, par H. E. Goao; Le premier siècle 
de l'école franciscaine d'Oxford, par A. G. LiTree ; Pensée francis- 
caine et philosophie moderne, par le D'C. Perr1zz1; Les deux der- 


COMPTES RENDUS 375 


nières années de la vie de saint François, 1224-1226, par Walter 
SETON; La redécouverte de saint François, par le même; Saint 
François à Rome, par Mrs. Arthur Srronc; Deux mystiques fran- 
ciscains : Jacopone de Todi et Angèle de Foligno, par Miss Evelyn 
Unoernizz. Le tout est précédé d’une courte préface de M. Paul 
SABATIER, qui n’est qu’une louange du mémoire de M. Gardner sur 
saint François et Dante. 

Le travail de M. Borenius est un commentaire de l'illustration du 
volume. Celle-ci est particulièrement intéressante, puisque l’on y 
trouve reproduites les pièces suivantes : rétable de San Francesco à 
Pescia, près de Lucques, daté et signé par Berlinghieri en 1235; 
paliotito de l’église inférieure d'Assise, probablement de Giunta 
Pisano (1202-1258); rétable de l’église San Francesco à Pise par 
Ugolino de Tedice (1270-1280); rétable exécuté en 1437-1444 par 
Sassetta pour l’église San Francesco à Borgo San Sepolcro et dont 
les morceaux sont aujourd’hui dispersés dans les collections Beren- 
- son, Duveen, de Martel et le Musée Condé; enfin un fragment d’un 
tableau d'Antonio Vivarini, représentant la stigmatisation, conservé 
dans la collection du Vicomte Lascelles. 

Le mémoire de M. Burkitt est, à notre avis, le plus important de 
ceux qui sont contenus dans ces Essays et suflirait à en justifier l’ac- 
quisition. Le savant professeur de Cambridge y examine les sources 
de la vie de saint François, particulièrement à la lueur des découvertes 
recentes du R. P. Delorme et de celles, plus anciennes, de M. Little. 
Comme nous estimons que ce travail résout, pour le moment et 
tant que de nouvelles pièces ne seront pas versées au débat, le pro- 
blème délicat que posent ces sources, il nous a paru utile d’en tra- 
duire les conclusions pour les lecteurs de cette revue : « En 
résumé... certaines des sources dites originales de la vie de saint 
François ne sont pas originales et doivent être utilisées avec pré- 
Caution. Celano 1 reste : nous ne pouvons remonter plus loin 
quoique nous puissions avoir à faire des réserves, étant donné ce 
que nous savons de l’excessive discrétion de Frère Thomas et de 
son respect pour ses supérieurs immédiats. En ce qui concerne 
Celano 2 la position est différente. Pour une large partie de son 
œuvre nous possédons ses sources, soit directement comme dans 
les écrits de Frère Léon (/ntentio, Verba c. 1-2, 4-5, et j'ajouterai 
au moins Speculum [Lemmens] 8-19}, soit indirectement dans le 
manuscrit de Pérouse, sections C, D, E. De ces dernières D semble 
être rien moins que les réminiscences, jusqu'à présent inédites, 
que Léon envoya à Assise en 1246, le document même auquel se 
réfère la lettre des Trois Compagnons. : 

« Par ces écrits de Frère Léon nous pouvons nous faire une idée 
de la manière dont Celano modifie ses sources; et que l’on puisse, 
dans l’ensemble, lui faire confiance, ressort du fait qu’un certain 
nombre de choses, supposées écrites par ses adversaires, ont été 
démontrées avoir été écrites par lui. Sa valeur historique dépend 


376 COMPTES RENDUS 


entièrement de la source qu'il utilise. Là où*il se sert de matériaux 
qui ne dérivent pas de Frère Léon, nous avons au moins une occa- 
sion où il apparait comme ayant eu à sa disposition une source 
hagiographique ancienne et cela sur un point qui se donne comme 
étant un souvenir direct de saint François. 

« Les Trois Compagnons sont une compilation de basse époque et 
le Speculum sous sa forme la plus iongue n’est pas une composition 
originale mais un simple réarrangement du texte de Pérouse. Et 
cependant chacun d’eux a son utilité. Le Speculum est composé de 
si bons matériaux que le simple arrangement des éléments fournis 
par le texte de Pérouse dans un ordre différent avec, à la fin, les 
souvenirs pathétiques des derniers jours, fait apparaitre saint 
François devant nos yeux d’une manière plus vivante que ne le fait 
Celano. Les Trois Compagnons, compilés à l’origine pour compléter 
le portrait du saint, en nous donnant un récit de ses débuts et des 
stigmates (choses presqu'entièrement omises dans le Speculum), ont 
toujours une certaine valeur historique, car les récits dans lesquels 
les Trois Compagnons sont parallèles à Celano 2 ne semblent pas 
avoir été empruntés directement à cette source mais, comme le texte 
de Pérouse, aux sources de Celano 2, c'est-à-dire à la collection 
de réminiscences envoyées à Assise en 1246. 

« Mais ces mémoires ne sont pas ceux du seul Frère Léon et les 
souvenirs de Léon ont tous le caractère de contes et de propos 
détachés. Angelo Clareno se trompait en disant que Léon avait écrit 
une Vita Francisci. Ce qu’il avait fait c'était de nous laisser une 
merveilleuse collection d’anecdotes qui s'ajoutent au récit de 
Celano mais ne le remplacent pas ». 


Les deux mémoires de M. Gardner portent la marque habituelle 
de cet auteur, c’est-à-dire qu'ils sont d’une lecture agréable et 
témoignent d’une connaissance remarquable des littératures dan- 
tesque et franciscaine. L'article sur Dante et saint François montre 
avec clarté l'influence subie par l’altissime poète avec, je le crains, 
une tendance à considérer comme particulièrement franciscaines des 
idées courantes dans la littérature médiévale des xrrt et xive siècles : 
la courtoisie, par exemple. On notera avec intérêt les emprunts de 
Dante à l’Arbor Vitae d’Ubertin de Casal et d'une façon générale 
tout ce que dit M. Gardner sur les sources franciscaines de ls 
Divine Comédie. La fin de l’article est consacrée à la question de 
l'identité du mystérieux Frère Illuminato dont il est question au 
chant XII du Paradis. J'avoue qu’elle m'a paru inférieure au reste 
de l’article et qu’en particulier je demeure insensible à l'argument, 
d'ordre purement sentimental, qui rallie M. Gardner à l'opinion 
courante. Frère Bartolomeo de Pise me semble sure point avoif 
donné la vraie solution dans le Liber Conformitatum. 

Le commentaire sur les Fioretti qui forme l'objet du second 
article de M. Gardner aurait, je crois, gagné à tenir compte des 


COMPTES RENDUS 377 


résultats établis par M. Burkitt. Néanmoins c’est dans l’ensemble 
un exposé clair, sinon très neuf, de la question. 

En fondant son Ordre, saint François avait devant lui un dilemne : 
son Ordre aurait-il un caractère érémitique ou au contraire aposto- 
lique ? Le saint lui-même n’a jamais pu prendre une décision nette 
sur ce point et, après lui, l’Ordre a subi l’action de ces deux ten- 
dances. Ce sont ces variations qu’étudie M. Goad avec une sympa- 
thie, peut-être un peu trop marquée, pour les solutions qu'a approu- 
vées l'Église. On remarquera dans ce mémoire les argumênts exposés 
P. 144 au sujet des relations à établir entre le développement des 
villes au xime siècle et celui des églises des Mineurs. Ce point d’ur- 
banisme franciscain mériterait d'être repris et développé. 

C'est aux débuts, au premier siècle, de l’école franciscaine d’Ox- 
ford qu'est consacré le mémoire de M. Little. Le succès de celle-ci, 
dû à l’heureuse coïncidence d’une dispersion des étudiants pari- 
siens et de la présence à la tête de la nouvelle fondation francis- 
caine d’un séculier de génie, Robert Grosseteste, fut foudroyant. On 
nous expose avec clarté le mode de recrutement des élèves et des 
maitres, certains de ceux-ci sont même l’objet de notices très 
neuves (Thomas d’York et John de Galles}, et leurs méthodes de 
travail. Le travail présente les qualités et les défauts habituels des 
travaux de M. Little : sûreté d’information, netteté d'exposition et. 
modestie excessive des conclusions (1). 

Il y aurait intérêt, semble-t-il à M. Pellizzi, à étudier les relations 
qui existent entre la pensée franciscaine et les philosophies 
modernes. Est-ce bien sûr? En tout cas je n’ai pas trouvé dans l’ar- 
ticle de M. Pellizzi d'arguments bien convaincants. L'article se lit 
d'ailleurs avec plaisir. 

Les deux dernières années de la vie de saint François et un exposé 
du mouvement des études franciscaines au xix® siècle forment 
l'objet des deux articles du regretté Walter Seton. Je note dans le 
second l'omission du nom d’Ozanam et de celui d'Henry Thode. 

C’est une vieille querelle qui renait dans le mémoire de Mrs. Strong. 
On veut nous y prouver que Rome a eu sur saint François une 
influence au moins égale sinon supérieure à celle d'Assise. Je crains 
fort qu’il n’en soit rien et en tout cas il faudrait que cette thèse 
fût soutenue à l’aide d’autres arguments pour avoir chance d’être 
acceptée. 

Dans le travail qui termine ce volume, Miss E. Underhill étudie 
les rapports de Jacopone de Todi et de la bienheurcuse Angèle de 
Foligno. Ces rapports sont pris du point de vue purement mystique 
et Miss Underhill conclut à une intluence exercée par le poète sur 


(1) Nous recevons au moment de corriger ces épreuves un autre article 
de M. Littie sur le même sujet paru dans l'Archivum Franciscanum His- 
(oricum, t. XIX, 1926. C'est la rédaction ad usum eruditorum de l'article 
des Essays. Nous y reviendrons, car le travail est d'importance. 


378 COMPTES RENDUS 


la tertiaire. L’argumentation de Miss Underhill m'a paru un peu 
insuffisante et je le regrette car l'idée suggérée par l’auteur de l'ac- 
tion exercée par la poésie religieuse dans la diffusion des doctrines 
est intéressante et mériterait une étude détaillée. Espérons que 
Miss Underhill y reviendra. 

En résumé un livre qui, pour n’être point sans défauts dans cer- 
taines de ses parties, contient de fort bonnes et même d'excellentes 
choses et auquel certains de ses articles assureront un succès légi- 
time et durable. Il fait le plus grand honneur à la Société Britan- 
nique des Études Franciscaines. 

Le British Museum a également célébré le centenaire de saint 
François en offrant à ses visiteurs une exposition de manuscrits 
franciscains. M. Little a été chargé par les Trustees de ce noble 
établissement de rédiger un catalogue sommaire de cette exposition. 
Espérons que celle-ci a attiré beaucoup de visiteurs et que ceux-i 
ont lu la petite brochure de M. Little. Ils y auront appris beaucoup 
et ce qu'ils auront appris sera excellent. Je n’insiste pas. Je 
signale, de peur qu’elle ne s’y égare, la variante curieuse apportée 
au texte de Celano r par un des manuscrits exposés. Dans le pas- 
sage où Celano nous dit que saint François était un commerçant 
avisé, le manuscrit signalé par M. Little ajoute une négation. Cette 
variante capitale aurait, selon M. Little, échappé aux éditeurs de 
Quaracchi et cependant « elle est requise à la fois par le sens, le 
rythme et le style habituel de Celano ». 

R. FAwWTIER. 


ViITTORINO FAccuiNETTI, O. F. M. Saint François d'Assise, dans l'his- 
toire, dans la légende, dans l'art, traduction de la comtesse de 
LoPrrixor, avec la collaboration de M. FERNAND FEUGERE.— Vanves 
(Seine), Impr. franciscaine missionnaire, 1926. In-4°, Lxrv-730 P. 
Illustré. — Prix: 100 fr. 


Au milieu de tant de publications suscitées par le 7° centenaire de 
saint François, le P. F. a su se frayer une voie, sans faire double 
emploi avec personne. Son but a été de « recueillir tous les rayons 
qui émanent de la figure du Saint » (p. 232}. Il divise son œuvre en 
dix-huit chapitres portant les titres suivants : I. Le chevalier; I. Le 
« poverello »; HI, L'ermite; IV. L'apôtre; V. Le fondateur; VI. 
Le père; VII. Les fils; VIII. Le pacificateur ; IX. Le missionnaire: 
X. Le législateur ; XI. L'inspirateur; XII. Le mystique ; XI. XVI. 
Le séraphique ; XIV. Le martyr; XV Le poète ; XVI. Le testateur; 
Le thaumaturge; XVIII. Le triomphateur. | 

Pour parer au décousu de la narration, un index chronologique 
(p. xLv-xLvI1) permet de suivre la vie du saint, année par année. — À 
noter que ce n'est pas en 1210 (p. xLvi) que fr. Pacifique vint €n 
France et les premiers Mineurs en Angleterre, mais en 1217 €tén 
1224. 


COMPTES RENDUS 379 


I. Avons-nous au moins, dans ce fort volume sur papier glacé, 
d’une impression serrée quoique très nette, avons-nous tout ce que 
les historiens nous ont appris d'authentique sur saint François ? Non. 
Pour ne parler que du plus important biographe, Thomas de Celano 
n’a pas été méthodiquement et entièrement exploité. 

Ce gros livre ne nous racontera pas la grande épreuve du Fonda- 
teur, depuis son retour de Terre-Sainte (automne 1220) jusqu'à sa 
mort en1226. — Le douloureux conflit des dernières années tient à 
une fausse interprétation de l'Évangile, saint François regardait 
comme une loi definitive la péricope du missel: Ne portez rien en 
voyage etc., alors que le Christ n’en avait fait qu’une prescription 
temporaire (1). Le cardinal Hugolin, plus canoniste que théologien, 
ne paraît pas avoir essayé de le lui démontrer, pas plus que personne. 
Si au lieu de ce littéralisme mortel, le Séraphique avait mieux lu tout 
le texte évangélique, il se serait épargné bien des angoisses à lui et à 
son Ordre. | 

Le P.F. ne nous a pas montré suffisamment les lacunes de saint 
François, son incompréhension de la science (au moins ses contra- 
dictions apparentes sur ce point) {2}, parce que lui, lintuitif, le poète, 
doué d’une merveilleuse mémoire, il ne sentait pas le besoin d’ex- 
traire des livres, comme d’une mine, au moyen d’un travail pénible: 
les notions necessaires pour s’instruire et instruire les autres. — Il 
reconnait qu’aprèsla scène de l'expulsion de « la maison des freres » 
de Bologne, fin 1220, où Hugolin dut intervenir, le cardinal agit sur 
saint François pour lui faire donner sa démission, sous prétexte de 
refaire sa santé (p. 358). Mais alors, pourquoi écrit-il (p. 452) que ce 
fut pour pratiquer l'obéissance envers un subordonné’ Au fond, 
malgré ses dénégations inspirées par l'humilité, saint François ne se 
résigna jamais à sa mise à l'écart, lui le créateur de la Fraternité. 
Th. de Celano, I], ch. cxvin, nous le dépeint dans sa dernière mala- 


(1) Mgr BauDRiLLART, S. Francois et l'Église, sermon à Notre-Dame de 
Paris, 4 octobre 1926 (Édition de La Vie franciscaine), p. 21, a bien mis 
cette idée en lumière. Il rapproche des paroles de la première mission 
celles du Christ à la Cène : «a Quand je vous ai envoyé sans sac, sans 
bourses. sans chaussures, quelque chose vous a-t-il manqué? — Rien. — 
Eh bien! maintenant, que celui qui a un sac i’emporte, et de mème celui 
qui a une bourse; que celui qui n'a pas de bourse vende sa tunique ct 
achète une épéc! ». 

(2) À la p. 356, le PF. F. n'a pas replacé dans son cadre la scène du 
novice qui demande un psautier à saint François. C'était un convers, 
sachant très peu lire, à qui fr. Élie avait concédé un psautier {sans doute 
dans le dessein de s'en faire une créature, comme la suite le démontra,car 
il s’'aäppuya de préférence sur les frères lais, plus souples et moins intelli- 
gents que les clercs\. Celui-ci voulait de plus l'assentiment de saint Fran- 
çois. Or la règle portait que les illettrés ne devaient pas chercher à étudier. 
La réponse négative du saint s'explique ainsi tout naturellement. Combien 
d'autres traits de sa vie sont inintelligibles, faute du contexte circonstancié! 


+ 


380 COMPTES RENDUS 


die, en proie à son chagrin, se dressant sur son lit et criant : « Quels 
sont-ils ceux qui m'ont arraché ma famille de mes mains? Si je puis 
aller au chapitre général, je leur montrerai quelle est ma volonté... » 
Et après la crise il retombait abattu sur sa couvhe. Pas un mot de 
cette douloureuse agonie dans le P. F. Pas une allusion à la descrip- 
tion, par le saint, du ministre général idéal, ce chef-d'œuvre inégalée 
dans les Annales des Ordres religieux. Rien de cette psychologie du 
patriarche des Mineurs, touchant les délateurs, les envieux, les 
détracteurs, que Celano, II, ch. cxv, a si bien relevée. Et combien 
d’autres particularités passées sous silence ! 

Dans le récit de la dévotion de saint François à l'Eucharistie (p. 
486-492), l'A. a omis la note manuscrite de son bréviaire-missel {1}, 
nous apprenant sa façon de suivre la messe. — Au chapitre vu: 
«a Les Fils », il a négligé de mentionner tous ceux qui ont eu des rap- 
ports avec leur Père, de son vivant, tels que les deux étudiants de 
Bologne, les BB. Rizier et Pélerin, les BB. Gui de Cortone, Bien- 
venu de Gubbio, Bentivoglio, Roger de Todi, André de Spello, tous 
sur les autels. 

Le P. F. prête à saint François (p. 262) cette parole : « Je jouis plus 
du royaume de France que son monarque lui-même... » Fr. Oza- 
nam (2) la revendiquait pour Jacopone de Todi. — En appelant son 
héros «le grand démocrate d'Assise », (p. 264) l'expression de l'A. a 
sûrement dépassé sa pensée ; il voulait dire : « le grand démophile ». 
— Les sept martyrs de Ceuta n'ont pas subi leur supplice en 1221 
(p. 223), mais en 1227. — Pierre Cattani n’était pas prêtre (p.111), 
mais seulement chanoine d'Assise ; fr. Sylvestre fut le premier prêtre 
de l’Ordre. — La lettre de fr. Élie annonçant la mort de saint Fran- 
çois ne fut pas son seul écrit (p. 674), il existe de lui une lettre anté- 
rieure adressée aux Frères de Valenciennes. — Jean Bonelli, de 
Florence, était provincial de Provence et non de France (p. 260), de 
même que le B. Agnello était custode et non provincial de Paris 
(p. 334). — On aimerait avoir plus de détails sur le « vitrail datant 
de la première moitié du xmi* siècle au Mont Saint-Michel » (p. 665), 
évoquant la mort de saint François. 

Voici une querelle plus importante. Le P. F. écrit {(p. 706) que le 
« saint aurait exprimé le désir d'être enseveli sur une colline à l’ouest 
de la ville, là où l'on faisait justice des malfaiteurs et qu’on appelait 
la colline de l'Enfer ». En note, il reconnaît la déformation populaire 
du nom de la colline appelée primitivement « colline inférieure», en 
raison de sa seule position topographique. Le P. Fratini (3) ajoute 
que le terrain, sur lequel l’église et le couvent furent bâtis, était une 


(1) CF. Speculum perfectionis, éd. P. SABATIER, Paris, 1898, p. 175, 230. 

(2) Les Poètes franciscains, dans Œuvres complètes, t. V, Paris, 1882, 
p. 166. | 

(3) G. Frarint, Min. Conv. Storia della basilica e del convento di S. 
Francesco in Assisi, Prato, 1882, p. 11, 


COMPTES RENDUS _ 381: 


propriété privée qu’il fallut acquérir. Donc ce n’était pas le lieu ordi- 
naire de l’exécution des criminels. Ce lieu, nous le connaissons, il 
était sur une des places de la ville. C’est le P. F. lui-même qui nous 
l'indique (p. 449) d’après Th. de Celano, quand il raconte comment, 
pour se punir d’une prétendue gourmandise, saint François se fit 
trainer la corde au cou, « jusqu’à la place où l’on exécutait les mal- 
faiteurs ». Encore une soi-disant tradition qui repose sur un fonde- 
ment ruiné. — Quant au Tiers-Ordre (p. 288-290), il rencontra, dit 
le R. P., « surtout dans les débuts, un succès énorme, une diffusion 


resque incroyable ». Ce succès n’est pas justifié par l’histoire. Les 
presq y Pas ]} P 


plus grandes fraternités connues d'Italie comme celle des Frères 
de Bologne, n'ont jamais atteint cent membres au xi* siècle. Et le 
P. F. lui-même (p. 290), ignore si les « deux nouvelles fraternités » 
créées par les Prêcheurs et les Mineurs, dont parle la lettre fausse- 
ment attribuée à Pierre de La Vigne, concernent le Tiers-Ordre ou 
la confrérie de « La Vierge des louanges ». Enfin, il a oublié de men- 
tionner le Tiers-Ordre pour les prêtres dont saint François avait eu 
l'idée, essai qui d’ailleurs n'aboutit pas. C'est Bernard de Besse qui 
nous l’apprend dans son De laudibus B. Francisci. 

IT. Alors que M. Beaufreton s'en tient à l’œuvre unique de Th. de 
Celano, le P. F. a imité Barthélemy de Pise qui recueillit dans ses 
Conformités toutes les belles histoires qui se racontaient sur le Père 
Séraphique. 11 s'efforce de justifier son procédé en alléguant que 
bien « souvent les épisodes même qui semblent dépourvus de toute 
autorité, peuvent avoir, et ont souvent en réalité, une grande valeur 
symbolique, parce que, formés à un esprit éminemment franciscain, 
ils deviennent véhicules d'idées morales » (p. xxxvi). Il nous permet- 
tra de faire remarquer que si l'esprit franciscain est un esprit de 
simplicité, ce n’est pas un esprit de puérilité. Telle légende, comme 
celle du corbeau qui parle (p. 530), qui va quêter pour les frères à 
l'infirmerie, qui enlève la mitre d’un évêque et le casque d’un cheva- 
lier, et finalement va mourir sur le tombeau de saint François, est 
plutôt une histoire pour Images d’Épinal que pour une Vie du saint. 

Dans ce genre, le R. P. nous déconcerte. Il n’hésite pas à emprun- 
ter à Anatole France (p. 211-212) une nouvelle au sujet de sainte 
Claire. Mais que dire de cette autre légende (p. 213) où saint Fran- 
Çois et sainte Claire se promènent seuls ensemble aux environs 
d'Assise. et « ne se quittèrent plus »? N'est-elle pas en contradic- 
tion flagrante avec ce que nous connaissons historiquement des deux 
saints ? 

Une belle légende, qui a échappé à l’auteur des Conformités (et 
C'est bien extraordinaire qu’il ne lait pas connue pour son parallé- 
lisme), veut que saint François soit né dans une étable comme Île 
Christ (p. 3-4). L’A. constate que B. Gozzoli est le premier à avoir 
réprésenté cette scène au xve siècle, mais il ne dit pas d'où il tient 
que l’étable a été « transformée en chapelle depuis le xim® siècle »? 

L'histoire de saint François, rapportée par B. de Pise, comman- 


382 COMPTES RENDUS 


dant à un futur novice de planter des choux la tète en bas, est-elle 
dans la mentalité franciscaine ? Voit-on bien l'Assisiate s'occupant du 
potager ? — L'anecdote : « Mon frère, allons prècher » {p. 466i, incon- 
nue au moyen âge, a défrayé la littérature pieuse du xix° siecle. 
Cette conception du saint parcourant la ville avec un novice, les 
yeux baissés, les mains dans les manches, est visiblement inspirée de 
la fameuse statue cspagnole d’Alonzo Cano, tout à fait dans le goût 
de la contre-réforme. Nous connaissons par les Fioretti un autre ser- 
mon typique de saint François avec fr. Rufin, à la cathédrale d'As 
sise, mais dans un costume sommaire, avec de simples fémoraur. 
Lequel des deux est le plus authentique 

Le R. P. n'a pas manqué de rapporter la légende d'après laquelle 
saint François aurait refusé le sacerdoce par humilité (p. 445}. C'est 
mal comprendre le moyen âge. Frère Elie, qui ne brillait pas par 
cette vertu, ne sentit nullement le besoin d’être prètre. On ne Ii 
même pas qu'il fût diacre. L'idée d’ailleurs très belle du sacer- 
doce, telle qu’elle est comprise aujourd’hui, remonte à l'école bérul- 
lienne. 

Il semble qu'il aurait fallu d'abord consigner tous les faits et toutes 
les paroles authentiques de saint François, et signaler en notes les 
douteux et les légendaires. Le livre y aurait gagné en valeur. 

III. Si nous avons dû faire des restrictions au sujet de l’histoire et 
de la légende, il convient de louer sans réserve l'illustration. I nya 
sans doute pas une Vie de saint François qui contienne autant de 
reproductions de tableaux de maitres, d'images et de statues, depuis 
le xuit siècle jusqu’à nos jours. Magnifique témoignage des artistes 
de toutes les époques en l’honneur de celui qui fut si sensible à !s 
beauté. L’A. s'est ingénié à les grouper, comme pour corroborer 
chacun des faits saillants de la vie du saint. Tout au plus, pourrions- 
nous lui reprocher de n'avoir pas daté, au moins approximativement, 
chacune des reproductions. Ainsi on arriverait peut-être à connaitre 
le nom de la Carmélite à la chape encore barrée de noir de la p.291. 
Une longue table donne la liste, page par page, de ces œuvres d'art 
(p. LIHI-LXIV). 

IV. La traduction française a été faite d’après la 2° édition itæ 
lienne de 1926. En général elle coule agréablement. Cependant les 
traducteurs ne paraissent pas avoir compris suffisamment tous les 
documents. Ainsi Th. de Celano II, ch. xxvi, relate une question de 
fr. Pacifique à saint François : « Qualem tribulationem tibi feci, ci 
rissima mater? » La traduction porte : « Quelle douleur t’ai-je causét, 
Ô mon bien-aimé Père? » (p. 571). — Ils traduisent par « gross 
toile » (p. 406) le latin de saccis qui signifie étoffe de drap. — Les 
biographes disent qu'après avoir rendu ses vêtements à son père, 
saint François se revêtit du manteau d'un serviteur de l'évêque. lc 
nous avons « une simple chemise dont lui avait fait cadeau un sert 
teur du prélat » (p. 406). — Au lieu de « l'antique roi des vers’ 
(p. 326) il faudrait dire « l’ancien ». — Aegidius a donné en français 


COMPTES RENDUS 383 


Gilles et non Égide (p. 227). — Le monument de « Lebretto » à l’Ara- 
cœli (p. 571) est celui du cardinal d’Albret. 

Des auteurs qui ont écrit en latin sont transformés eux et leurs 
œuvres en italien : Da Pisa, Frutto I de sa Conformità, p. 7, 9, 
123, 340 ; Cronaca dei XXIV Generali, p. 515 ÿ Specchio di perfezione, 
p.355; Giuliano da Spira, p. 14, 19; Da Giano, p. 330; Da Celano 
Trattato dei miracoli (p. xxvn), p.16; Un Specchio est attribué à 
Hubertin de Casal, p. 360, appelé ailleurs « Hubert » p. 355, qui a 
écrit l’'Arbor vitae et non le Speculum. — Des Français sont eux aussi 
habillés en italien : Pietro de Giovanni Olivi, p. 521; Claudio Fras- 
sen, p. 3; T'homassini, pour Thomassin, p. 405; P. Aureola, pour 
P. Auriol, p. 251; F. Damaironis, pour F. de Meyronnes, p. 252; 
Livaro, pour Livier Oliger, p. 114; Lorena pour Lorraine, p. 323. 
— Par contre, des noms qui devraient resteritaliens sont traduits en 
français : Montefalco devient Montfaucon, p. 478; Ognissanti de 
Florence devient le couvent de la Toussaint, etc., etc. 

Enfin, faire paraitre le Liber pontificalis de Mgr Duchesne en 1856 
(p. 58oi, au lieu de 1886, c’est un lapsus qui montre que les épreuves 
ont été hâtivement corrigées. 

[Il est regrettable que ce livre qui contient tant de documents dif- 
ficiles à trouver ailleurs, qui fait tant honneur aux presses des 
Franciscaines Missionnaires de Vanves, n'ait pas été complètement 
revu par un homme du métier, 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


Êute Maire, aumônier au collège Stanislas. Le Baïser de saint Fran- 
çois et de saint Dominique. — Paris, P. Lethielleux [1926]. Petit 
in-8°, xit1-105 p. 


Charmante brochure où M. Maire a réuni deux études concernant 
ce qu'il faut connaître des Ordres jumeaux de saint Dominique et de 
saint François. 

Dans le prologue (p. x) il écrit que « sur la foi de la tradition, une 
tradition, à vrai dire, assez tardive et pas mal contestée, elles [les 
chroniques] racontent que, lors de l’adieu définitif, après avoir 
obtenu, non sans difficulté, la corde qui servait de ceinture à François, 
à titre de souvenir d’un prix inestimable, Dominique aurait émis un 
vœu à peine croyable, le vœu de voir fondus, en une seule famille, 
l'Ordre dominicain et l'Ordre franciscain ». — Ce n’est pas une tradi- 
tion tardive. Le fait est rapporté par le premier biographe de saint 
François, Thomas de Celano (que M. M. ne cite pas dans sa bibliogra- 
phie, p. 102-103), lequel s'exprime ainsi en 1246 dans la Vita secunda, 
Cap. xc, p. 282 : «... Discedentibus autem inde, rogavit beatus Domi- 
nicus sanctum Franciscum ut sibi chordam, qua cingebatur, dignare- 
lur concedere. Lentus ad hoc sanctus Franciscus, tam humilitate : 
renuens, quam ille charitate deposcens, vicit tamen felix devotio postu- 
lantis, et concessam sibi sub inferiori tunica devotissime cinxil... 


384 COMPTES RENDUS 


Dixit autem sanctus sancto : Vellem, frater Francisce, unam fieri 
religionem tuam, et meam et in Ecclesia pari forma nos vivere...n 

Les pages concernant les Frères Mineurs reproduisent à peu près 
textuellement l’article du Dictionnaire des connaissances religieuses, 
que nous avons analysé dans cette Revue (t. III, p. 613-618). Nous 
maintenons toutes nos critiques ; elles auraient pu être plus nom- 
breuses et plus acerbes. 

M. Maire nous apprend ({p. 103) qu’il s’est documenté auprès du 
T.R.P. Rémi Leprêtre, O.F. M. Cenom est le contraire d’une recom- 
mandation; car l'ignorance du P. Rémi pourrait passer en proverbe. 
Qu'on en juge par ces quelques lignes extraites d'un article sur le 
vue centenaire des stigmates de N. P. S. François paru dans {a 
Vie franciscaine, revue mensuelle (Paris, 9, rue Marie-Rose) en 
1924. 

« Rien n'est mieux prouvé historiquement que le célèbre miracle 
de la stigmatisation de saint François; en dehors des biographes spé- 
ciaux du saint, il a été attesté par nombre d'historiens contemporains : 
Lucas, évêque de Tude, Jean Mariana, Vincent de Beauvais, Mathieu 
de Paris et saint Antonin de l'Ordre des Frères Précheurs (p. 260)». 

Lucas, évêque de Tuy en Espagne, et non de Tude, est bien con- 
temporain de saint François, puisqu'il mourut en 1247, mais son 
témoignage ne présente aucune valeur propre puisqu'il ne fait qu'in- 
voquer la légende du saint et le procès de canonisation : « ut in ejus 
sacra reperitur legenda et multorum religiosorum, laicorum et secu- 
larium qui manibus contrectare meruerunt vel corporeis oculis ante 
quinquennium aspexerunt : (Lucae Tudensis episcopt de altera vita 
fideique controversiis adversus Albigensium errores libri III, nunc 
primum in lucem prolati notisque illustrati a P. Joanne Mariana, 
Societatis Jesu, theologo. — ingolstadii, 1, Hertsroy, 1612. In-8&, 
21 ff. lim., 196 p., 1off. n. ch. Bibl. nat., C. 1958. — Voir à la 
p. 101). 

Jean Mariana n’est pas un contemporain, puisque c’est un Jésuite 
du xvi® siècle; il est seulement l’éditeur de l’ouvrage de Luc de Tuy 
que nous venons de citer. 

Vincent de Beauvais et Mathieu Paris, quoique contemporains, 
n'apportent que des témoignages de seconde main. Le premier n'a 
fait que reproduire la légende de Julien de Spire (n° 69, dans Anal. 
Bolland., t. XXI, p. 197); pour ce qui est du second, il était très 
mal informé « pessime fuisse instructum », écrit le P. Suyskens 
(AA. SS., t. IL, oct., p. 653). M. P. Sabatier, dans sa Vie de saint 
François (p. cxxv) imprime : « La notice contient presqu'autant 
d'erreurs que de phrases ». 

Quant à saint Antonin il a vécu de 1389 à 1459. 

On lit plus loin : « On croit que cette fête [des stigmates] fut éten- 
due à l’Église universelle sous le pape Sixte-Quint... » (p. 261). 

Si le P. Rémi avait seulement ouvert son bréviaire, il aurait trouvé 
à la 6° leçon du 17 septembre la phrase suivante : 


COMPTES RENDUS 385 


« Quam [solemnitatem] postea Paulus quintus, pontifex maximus, 
ut corda fidelium in Christi crucifixi accenderentur amorem, ad uni- 
versam ecclesiam extendit ». 

[ ne s’agit donc pas en l'occurrence de Sixte V (1585-1590) mais de 
Paul V qui régna de 1605 à 1621. 

Même page : « Le vén. cardinal Bellarmin qui était Tertiaire... ». 
Le cardinal Bellarmin était entré chez les Jésuites à l’âge de 16 ans, 
il n'a donc pas pu s’affilier au Tiers-Ordre avant d’entrer dans la 
Compagnie et une fois qu'il eut fait profession il ne pouvait plus 
y entrer. Mème le P. Norbert, O. M., souvent enclin à doter du 
titre de Tertiaire toutes les célébrités, ne le mentionne pas dans 
l’appendice (p. 296-347) de sa Nouvelle vie de saint Yves (Vanves, 
1892, in-8c). 

Nous ne jugeons pas utile de multiplier les exemples; ils suffirort 
a montrer à M. Maire, qui ne le savait pas, que la compétence du 
P. Rémi, en fait d'histoire, est nulle et que, loin de faire autorité, son 
nom ne peut qu'attirer la méfiance du lecteur le moins averti. 

HENRI LEMAÎTRE. 


E. Giiciatr-Smirx. Saint Anthony of Padua, according to his con- 
temporaries. — London and Toronto, J. M. Dent and Sons, 1926. 
In-8°, 224 p. 


Après les excellents travaux de MM. de Kerval, Wilk et Léopold de 
Chérancé, pour ne citer que les plus importants, il semble que seules 
des recherches d'archives puissent permettre de renouveler tant soit 
peu l’histoire si mal connue de saint Antoine de Padoue. M. Gilliat- 
Smith ne s’y est point essayé et s’est horné à mettre bout à bout les 
renseignements que nous fournissent les hagiographes et les chroni- 
queurs plus ou moins contemporains du saint. Ce n'est certainement 
pas assez et cette insuffisance est d'autant plus sensible que 
M. G.-S. a mêlé, peut-être plus que de raison, sa personnalité à 
celle du saint personnage dont il écrivait la vie. S'il s'était borné à 
laisser parler ses sources, on aurait pu accepter son livre sans trop 
de reproches; mais dès l'instant où les textes qu'il reproduit sont 
utilisés pour soutenir une thèse, on est en droit de lui demander 
d'en faire la critique et, par conséquent, de tenir compte des travaux 
auxquels a donné lieu la documentation antonienne. Or, ces tra- 
vaux, il semble que M. G.-S. les ignore. On le voit placer à la fin 
de l’été de 1230 l’arrivée du saint à Padoue et nous représenter 
celui-ci employant l'hiver 1230-1231 dans cette ville à la rédaction 
de ses sermons. M. G.-S. n’avait qu’à feuilleter les Analecta Bollan- 
diana, cet indispensable outil pour tous ceux qu’attirent les études 
hagiographiques. Il ÿ aurait vu qu’en 1911 (t. XXX, pp. 307-315) le 
R. P. Van Ortroy, d’érudite mémoire, dans une note extrêmement 
précise, a prouvé jusqu’à l'évidence que le saint est arrivé à 
Padoue à la fin de 1229 et que-les sermons ont été rédigés 


REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 25 


386 COMPTES RENDUS 


en 1226 et à Limoges! Ceci nous montre combien est insuffisante 
l'information de M. G.-S. Quant à son interprétation des textes 
elle pourra paraître mériter au moins une vérification, quand 
on le voit (p. 82}, dans un commentaire sur la signification du mot 
socius, arriver à donner à ce mot le sens de « secretary, body-ser- 
vant, confidential man », en français « valet de chambre-secrétaire ». 
Le ton général du livre est d’ailleurs fâcheux. Le moins que l’on 
puisse dire d’un a-parte tel que celui de la page 86 est qu’il eût 
mieux valu s’en abstenir, et si M. G.-S. trouve Frère Léon « irri- 
tant », je crains que cette épithète ne lui soit appliquée à lui-même 
par quelques-uns de ses lecteurs. En définitive un livre qui, n’est ni 
d'érudition, ni d'édification. 

R. FAWTIER. 


L’Abbé Auguste LEMasson. Les Paroisses et le clergé du diocèse actuel 
de Saint-Brieuc de 1789 à 1815... 1r° partie, Histoire du pays de 
Dinan, ancien archidiaconé et paroisses doloises. — Rennes, J. Pli- 
hon et L. Hommay, 1925-1927, 2 vol. in-8e. 


P. 49-57. Couvent des Cordeliers de Dinan (avec une bibliogra- 
phie). — L'église contenait entre autres chapelles : une à saint Fran- 
çois et une à sainte Élisabeth. En 1768, 6 religieux, et 3793 I. de 
revenu ; en 1790, 1633 livres en argent, 63 boisseaux et 1/2 de froment 
et 72 de seigle. Charges : 2405 |. 10 sous, dont 132 1. de dimeset 
subventions. Dettes : 2653 1. 18 sous, dont 1200 ll. à un négociant 
en vins de Libourne, 850 au boucher Arot; 458 au chirurgien 
Harrouard. — Mobilier, prisé le 4 mai 1791, 632 1. 19 sous, produit 
les 18 mai et jours suivants 1231 |. — Argenterie : 7 calices, 2 croix, 
4 chandeliers, 1: bénitier et son goupillon, r encensoir et sa navette, 
2 ostensoirs, 2 ciboires, 2 burettes et leur plateau, 1 lampe et 1 reli- 
quaire ; 8 couverts et 2 louches. — Bâtiments : avaient besoin dès 
1700 de grandes réparations. Adjugés le 6 juin 1793 pour 132001. à 
Charles-Helen-Bernardin Beslay, le futur Jdéputé libéral. Les autres 
biens vendus : jardin proche le couvent ; un autre proche la Rue- 
Neuve ; la pièce du Hangard; maison rue Chauffepieds ; verger des 
Cordeliers ; la Vallée-Brûlée au Bas Bourgneuf ; pièce des Gastines. 

Reproduit l'inventaire dresse par le peintre Laurent Le Bour- 
guignon, le 28 juillet 1701, des objets d'art de la chapelle : « Entré 
dans la sacristie, avons trouvé un édifice d’une élévation extraor- 
dinaire, dont les murs et le lambris en voûte d’ogive, tout couvert 
de peinture, mérite peu d'attention ; ce sont une infinité de saints, 
d'apôtres et d’armoiries. Au milieu de cette chapelle (dite de Monta- 
filant..….) sont accolés deux tombeaux élevés de 3 pieds, longs de 7 et 
larges de 5, sur lesquels sont couchées deux figures grandeur natu- 
relle ; sur l’un un guerrier armé, ayant son sabre et son bouclier 
pendant sur lequel on voit quatre fusils accolés et six pesons dont 
3 en chef et 3 en pointes... Ce guerrier est accompagné de 2 petits 


COMPTES RENDUS 387 


anges et a sur la tête une niche gothique et un lion sous les pieds. 
L'autre figure est une femme de même grandeur habillée en reli- 
gieuse, accompagnée de deux anges ; une niche gothique est au- 
dessus de sa tête et elle a les pieds sur une levrette... Au côté droit. 
un autre tombeau... sur lequel est couchée une figure de femme en 
religieuse ayant deux-anges à ses côtés... et un lion sous les pieds. 
Un autre tombeau d’une femme de même costume et même accom- 
pagnement, avec un chien sous chaque pied... Au côté gauche deux 
tombeaux... une figure couchée sur chaque. L’une d’un guerrier 
armé, les mains jointes, son sabre et son bouclier pendants, sur 
lequel est un écu écartelé au rer de 4 fusées accolées de 6 pesons 
dont 2 en chef, 2 en pointe ; au 2e de France ; au 3e de France, et au 
4°, 4 fusées et 6 pesons, 2 en chef et 2 en pointe (qui sont les armes 
alliancées de Dinan et Châteaubriant)... La seconde est une femme 
costumée en religieuse... Un autre tombeau... une figure de femme 
costumée en religieuse... Une mauvaise Vierge... Un mauvais 
tableau, peint sur toile, de 5 pieds 1/2 de large et 6 pieds de haut. 
Pour sujet un nom de Jésus. Un Jésus porté dessus, 2 anges adorant 
à ses côtés, plusieurs chérubins autour de la gloire qui l’environne. 
La Vierge et saint Joseph debouten bas du tableau. Entre eux saint 
François avec les marques du stigmat (sic). Deux anges à genoux. Le 
tout pitoyable ». 

Église : 1er autel au bas de l’église, côté droit 18 pieds de haut sur 
8 de large : composé de 2 ordres corinthiens, l'un de quatre colonnes, 
avec au milieu tableau d'un vœu à la sainte Famille. Entre les 
colonnes des côtés sont 2 figures en bois fort incorrectes, placées en 
des niches, l’une de sainte Catherine, l’autre de sainte Marguerite. 
Accolé sur le mur, sur un cul de lampe en bois, une mauvaise figure 
de saint Jean-Baptiste. Sous une voûte, mauvaise figure de saint 
Laurent. Accolé contre ce mur, pauvre autel, 15 pieds de haut, 6 de 
large; 2 colonnes entre lesquelles dans une niche statue de la Sainte 
Vierge, de grandeur naturelle, peinte et dorée à l'huile. A côté cette 
inscription : Autel de N.-D. des Anges, dite de la Portioncule. 

Tombeau : 3 pieds de haut, 7 de long, 5 de large : personnage 
armé, en costume du temps de Henri IV, avec cordon de Saint- 
Michel. Et une femme. Mauvaise figure de Cordelier en bois, ayant 
mitre en tête et croix en mains, haute de 4 m. — A l’entrée du chœur, 
2 autels, :17 pieds sur 12. Entre deux colonnes sous l’entablement 
cintré en éventail, tableau : Jésus dans une gloire accompagné d’anges 
et saint François à genoux en prières. Faisant pendant, Vierge 
tenant son enfant sur une nue soutenue par un ange présentant un 
cordon de saint François à 4 personnages : le pape, saint Louis et 
2 reines. — De chaque côté de l’entrée du chœur, sur cul de lampe, 
deux figures de bois de grandeur naturelle, passablement traitées, 
fort maniérées et incorrectes, par Durocher. — Buffet d’orgues 
délabré, surmonté d’un Scriste (sic), de la Vierge et de saint Jean. — 
Tombeau pris dans le mur : 2 1/2 pieds sur 6. Sur la table de boisle 


388 COMPTES RENDUS 


Sauveur couché dans une bière. Au dessus des 2 pilastres qui ter- 
minent les côtés, 2 figures de 4 pieds en bois : l’une représentant un 
Cordelier mitré et en chape, un petit Cordelier à genoux à ses pieds, 
et l’autre de 3 pieds : Madeleine. — Deux autres tombeaux. — Autel 
de 12 pieds sur 8, à 2 colonnes avec fronton en arc:au milieu, 
tableau de la Pentecôte et tableau sur toile représentant saint Fran- 
çois sur un groupe de nuées supporté par des anges : au dessus le 
Saint Esprit au milieu d’une gloire avec le Sauveur et le Père Éternel. 
— Tombeau élevé d'un pied avec 2 pierres tombales, pris dans le 
mur sous voûte ; au dessus, statue de saint Roch. — Autel pris dans 
le mur ; entre deux colonnes tableau sur toile : La Vierge Immaculée, 
d'un côté un paralytique, de l’autre trois figures dont une femme 
tenant un chapelet. Au bas est écrit : Notre Dame de Grande Puis- 
sance, et plus bas : Saint Luc pinxit 1687. Sur l’entablement, niche 
avec Vierge de bois ; aux côtés de l’autel, ange gardien conduisant 
l'enfant ; Cordelier ayant 3 mitres et 3 écussons à ses pieds; au des- 
sus : Bernardinus 1025. Au dessus de la voûte, grotesque saint Michel, 
en guerrier à la romaine, couronné, un enfant sur l'épaule. — Dans 
le chœur, grand autel, à table de 11 pieds 1/2 sur 3, retable de 
20 pieds de haut avec au dessus, dans un cartouche, les armes de 
saint François. Entre deux colonnes, tableau peint sur toile: La 
Vierge tenant un cuiller pour repaitre son enfant, saint Jean-Bap- 
tiste tenant le plat, saint Joseph derrière et dans le fond des anges 
qui apportent des présents : tableau d’après Vouet. — Aux côtés du 
grand autel. 2 autres de 14 pieds, 2 statues de Cordelfers en bois, 
grandeur naturelle : saint François avec les stigmates ; saint Antoine 
de Padoue tenant l'Enfant Jésus sur son livre. — Au côté gauche, 
dans l'épaisseur du mur, tombeau. Au dessus de la voûte, tableau 
peint sur toile représentant saint Yves, patron de Bretagne, du Tiers- 
Ordre de saint François. — Tombeau dans le mur d’un Cordelier 
couché, accompagné de 4 anges, 2 en tête, 2 au pied [Henri d’Avau- 
gour, fondateur du couvent]. — Au côté droit, 2 tombeaux accolés 
[de Guillaume de Rosnyvinen et de Perrine de Meulant]. Au dessus 
du banc des prêtres, tableau sur toile représentant sainte Rose de 
Viterbe et qui paraît étre l'exécution d’un vœu. — Entre deux vitraux, 
mauvais tableau et portrait en pied. — Dans le cloître une croix dont 
l'arbre, sculpté en tronc d'arbre, a 10 pieds de haut, avec la Vierge 
et saint Jean. 

Personnel : lean-Baptiste-François Hercouet, fils de Louis, sieur de 
la Vigne, et de Jeanne Larcher, né à Dinan (13 nov. 1741), profession 
en 1760, docteur de Sorbonne; gardien de Nantes, 1783, et de Dinan, 
1790. Exprime le 4 mai 1790 «son intention de vivre et de mourir 
dans son état religieux » ; puis change d'idée, se déclare en 1791 prêt 
à s’assermenter ; 12 Juin 1791, curé constitutionnel de Plouër, mort 
le 15 mars 1792. 

Pierre-Emmanuel Aubert, âgé de 52 ans en 1790, profès depuis 
1756. Veut garder son état. En résidence le 31 mai 17q1 au couvent 


COMPTES RENDUS 389 


= 


des Cordeliers de Rennes, expulsé le 27 janvier 1792 ; incarcéré à la 
Trinité de Rennes au milieu de 1792, transféré au Mont Saint-Michel 
en 1793. Signele 2 juillet 1795 un acte de soumission aux lois pure- 
ment civiles de La République. 

Mathunin-Joseph Dubois, né le 2 nov. 1752, profès en 1768. Déclare 
le 11 mai 1790 désirer rentrer dans le monde; 21 mai 1791 curé cons- 
titutionnel de Saint-Énogat, prête le serment de liberté-égalité 
(8 oct. 1792), administre la paroisse jusqu’en mars 1794, abdique son 
état, mais refuse de se marier et est interné au Mont Saint-Michel- 
Après sa libération, instituteur à Saint-Énogat, se conforme aux lois 
du 3 ventôse an III et du 7 vendémiaire an IV, exerce dans l’église 
de Saint-Énogat où il vivait encore en 1804. 

Mathieu Gaudicheau, profès depuis 1745, âgé de 65 ans en 1790, 
dirigeait les dames de Sainte-Claire de Dinan. Déclare vouloir rester 
fidèle à la vie religieuse. Aumônier des Clarisses jusqu'à leur disper- 
sion le 4 oct. 1792; leur continue ses secours spirituels, Entre à 
l’hôpital de Dinan {rer avril 1793). Conduit à Saint-Brieuc le 21 fé- 
vriet 1794, puis interné aux Carmélites de Guingamp. 

Henri Barraud, profès depuis 1775, âgé de 51 ans en 1790, confes- 
seur des religieuses de Sainte-Claire, déclare vouloir mener la vie 
religieuse, retiré en Vendée en 1792. 

Vincent Bertin Bouin, dit frère Bernardin, convers en 1790 et âgé 
de 53 ans. Déclare vouloir mener la vie commune si la maison de 
Dinan est conservée. | 

Le P. Bernard Gallais de La Salle, déclare vouloir mener la vie 
commune. Meurt à Dinan le 20 novembre 1790. 

P. 61-65. Couvent des Frères Mineurs Capucins. 

Ce couvent, sur l'emplacement duquel s'élèvent les bâtiments des 
Petites sœurs des Pauvres, fut fondé en 1614 par Jean d’Avaugour, 
seigneur du Bois de la Motte, avec l’aide des habitants de Dinan. En 
1790. &« cette maison ne peut contenir plus de 20 religieux ». Le 
directoire des Côtes-du-Nord, le 29 janvier 1791, désigne cette maison 
Comme pouvant être conservée, Fermée le 3 juin1791. La commu- 
nauté des Capucins, étendue sur 2 ares 40 centiares, estimée 10211 Î. 
en 1791, est vendue 21500 I. le g mai 1794, mais à cause de la dépré- 
ciation des assignats n’est payée que 8555 1. par Jean-Laurent 
Herpin, négociant natif de Saint-Domingue. Le mobilier produit 
1485 1. le 18 août 1701. | 

Personnel : Guillaume Hervé (P. Joseph de Loudéacj, né à Launay 
Marcadé en Plémet le 29 janvier 1734, de Mathurin et de Jeanne 
Moisan. Profès en 1754, gardien de Dinan en 1790. Lui et tous ses 
teligieux déclarent vouloir garder la vie religieuse. En juin 1701, le 
P. Hervé se rend dans son pays, où il demeure tout le temps de la 
Révolution et rend les plus utiles services, au péril de ses jours. 
Nombreuses dénonciations contre lui. Le 6 mai 1705, lors de l'apaise- 
ment, déclare vouloir se retirer à Loudéac et y vivre conformément 
aux lois; signalé le 27 février 1798 comme complice de Mathu- 


390 COMPTES RENDUS 


rin Cochon, vicaire de la Trinité Porhoët. L'enquête de Boullé 
(1802) le note comme n'ayant jamais eu de principes favorables au 
gouvernement. Mortle 18 mai 1814, à 80 ans, chapelain de Saint- 
Lubin en Plémet. 

Luc-François Mahé, profès depuis 1730, mort au couvent de Dinan, 
le 18 mars 1791, âgé de 80 ans. 

Jean-Mathurin Person (P. Aimé de Moncontour), profès depuis 
1750, né à Moncontour, de Pierre et d’'Yvonne Le Pagnoux. Ancien 
gardien de Dinan, âgé de 61 ans en 1790. Après la fermeture de sa 
maison, se retire dans celle de Saint-Brieuc. Lorsque celle-ci est 
fermée en septembre 1792, il entre comme insermenté sexagénaire à 
la maison des Filles de la Croix. Mis en liberté à Guingamp le 3 avril 
1793. Incarcéré à Saint-Brieuc en janvier 1709, transféré à la prison 
de Guingamp le 6 mars, libéré après le coup d'État de brumaire. 
L'enquête de Boullé en 1802 dit:73 ans, ancien provincial des 
Capucins, vit depuis 9 ansà Plérin comme simple prêtre. Mort à 
Plérin 3 janvier 1804. 

Fulgence Thonaust (P. Bonaventure de Bécherel), profès depuis 
1707, âgé de 73 ans en 1790, refuse de s'assermenter, se cache dans 
son pays natal (Miniac sous Bécherel). Mort à Miniac dans un grenier 
à foin où il s'était réfugié. 

Guillaume-François Bertho, né à Plaine Haute le 18 nov. 1750. 

Joseph-Jean Tardivel (P. Gervais de Quintin), profès depuis 1780, 
âgé de 43 ans en 1790. Prête le serment de liberté-égalité. Vicaire 
intrus à Quintin du 20 juillet au 12 décembre 1793, puis curé d’of- 
fice à Saint-Donan, dépose ses lettres de prêtrise le 4 germinal 
an II. 

François-Étienne Chrétien (Cyrille de Cancale), né à Cancale vers 
1760, fils de François et de Marie Lemonnier. Vœux en 1779 ; tonsuré 
en 1783, déclare vouloir mener la vie religieuse, mais ne persiste 
pas. Curé d'office à Saint-André des Eaux, 1er février 1791, asser- 
menté, mort réconcilié le 24 février 1824. 

Jean de La Goublaye {frère Denis de Saint-Brieuc), originaire de 
Pommeret. Profession comme frère convers en 1762, 56 ans en 
1790. S'exile comme insermenté à Jersey, le 15 sept. 17a2. Encore 
vivant le 18 novembre 1814. 

Pierre-Toussaint Jouan (frère Benjamin de Pordic), profession 
comme conversen 1780, 30 ans en 1790. Insermenté, part pour 
Jersey le 16 sept. 1792. 

Julien-François Lesturgeon (frère Hubert de Moncontour). Vœux 
de convers en 1786. Agé de 27 ans en 1790. Arrêté sous inculpation 
de chouannage le 23 août 1796. Acquitté le 6 novembre. Domicilie 
au Guildo le 29 août 1806, réclame pension comme ancien religieux. 

S'étaient adjoints au couvent de Dinan et s'y trouvaient le 8 avril 
1791 : François Gallée (P. Ambroise de Dinan), 46 ans, prêtre ; Jean- 
François Gouedart (P. Jean-François de Quintin), 48 ans, prêtre; 
René Berthelot (P. Augustin de Moncontour), 53 ans, prêtre ; Charles 


COMPTES RENDUS 391 


Hamon (fr. Charles de Paramé), 33 ans, convers; Jean-Mathurin Le 
Roy (P. Jérôme de Rennes), 66 ans, diacre. 

P. 66-70. Pauvres Clarisses. En 1790 les 35 religieuses déclarent 
vouloir continuer la vie commune. Expulsées 3 oct. 1792. Mobilier 
estimé 8541., n’en produit que 748 (26 nov. 1792). Le couvent adjugé 
(25 juin 1706) pour 25000 livres à Jean-Servan Le Peltier et François 
Bonnefin, négociants. Le jardin acheté le 27 juillet 1791 par Barthé- 
lemy-Anng Auffray. 

Personnel : I. Religieuses de chœur au 27 sept. 1792 : Marie-Olive 
La Choue, fille de Guillaume et de Marie Chaignon, née à Ploubalay 
17 déc. 1739, professe 22 avril 1763 (Dominique de Sainte-Marie), 
abbesse en 1790; Jeanne-Joseph-Marie Floyd (Jeanne de Saint- 
Joseph}, fille de Guillaume, sieur de la Salle, et de Françoise Jegou, 
née au Faouët 8 octobre 1732, professe ir mars 1757; Julienne- 
Anne Potier (Julienne de Sainte-Anne), fille de Mre Julien, sieur du 
Parc, lieutenant général au siège de Dinan, et de Marie-Anne Jour- 
dain, demoiselle de Coutances, née à Dinan 14 octobre 1723, pro- 
fesse 1er juin 1745 ; Anne-Alexandre de Miniac (Jeanne de Saint- 
Antoine), fille de Julien-Guy, seigneur de Fontenelle, et de Anne 
Françoise... née à Paris, par. de Saint-Eustache, 9 sept. 1726, pro- 
fesse du 13 août 1747, morte le 28 sept. 1793 à Dinan; Louise-Fran- 
çoise-Jacquemine du Rocher-Bois-Bouan (Angélique de Saint-Fran- 
çois), née à Pluduno 19 déc. 1730, de Jean-Baptiste et de Françoise 
Dyomar de Trémodan, professe 23 avril 1750 ; Thérèse-Yvonne de 
Langourla (Thérèse de Saint-Jérôme), née de Pierre et de Catherine 
Cabon, seigneur et dame de Langourla, 25 mars 1742, professe 
4 mai 1761 ; Michelle-Marie-Jeanne de Gouyon (Colette de Saint- 
Michel), fille de Jean-Baptiste, seigneur de la Lande et de Kerilan, 
et de Julienne Proffict, née à Plémy 28 sept. 1744, professe 24 avril 
1763; Constance-Aimée-Marie-Jeanne Damar (Constance-Marie de 
Saint-Jean), fille d'Augustin, sieur du Boisgilbert, receveur des 
fouages de l'évêché de Dol, et de Pélagie Lebrun, demoiselle de la 
Jannée, née à Dinan-Saint-Malo 29 sept. 1740, professe 16 novembre 
1763; Anne-Françoise Ballauré (Agathc-Françoise du Saint-Esprit), 
fille de Guillaume-Olivier, seigneur de Kerbalanec, et de dame Marie 
Le Choquer, née à Trefflaouenan 14 janvier 1738, professe 4 juin 
1767 ; Marie-Thérèse Le Bronnec (Gertrude de Sainte-Marie), fille 
d'Yves-Joseph, sieur de Jonville, avocat au Parlement, et de Jeanne 
Brichet, née à Pleyben 6 juin 1747, profession 2 déc. 1767; Marie- 
Augustine Clément (Marie de Saint-Joseph), fille de Joseph-Aimé et 
de Marguerite Lucas, née à Saint-Pierre de Vannes le 28 oct. 1740, 
prof. 20 février 1769 ; Marie-Anne Rehault {Marie-Anne de Sainte- 
Catherine), fille d’Étienne, sieur de Villeneuve, et de Marie-Anne 

Palin, née à Saint-Louis de Brest 31 mai 1745 ; Marie-Madeleine 
Massé Marie du Saint-Sacrement), fille de François. sieur de la 
Bernardière, et de Marie-André de Boisandré, née à Vaudremesnil, 
9 juillet 1751 ; Marie-Philippe de Kerbrat(Marie-Anne), fille de René- 


302 COMPTES RENDUS 


Philippe et de Marie Le Barre, née à Lorient 17 sept. 1747 ; Thérèse 
Chauvin Du Chastel (Cœur de Jésus), fille de Jean et d’Angélique 
Escolan, née à Plouasné 9 mars 1750 ; Marguerite Debarnaval 
(Mathurine de Saint-Marguerite), fille de Jacques et de Marguerite 
Thébault, née à Saint-Quay 4 déc. 1752 ; Jeanne-Françoise Monnier 
(Françoise-Angélique), fille de René et d'Angélique Le Merlier, née à 
Merléac, 1°r mai 1757, prof. 3 juillet 1778; Marie de Kermarquer 
(Cœur de Marie), fille de Jacques et de Gabrielle Lolliérou, née à 
Gurunhuel 24 avril 1757, professe 15 février 1779 ; Anne-Mathurine 
Grignart (Pelagie-Renée), fille de Michel et de Jeanne Tirel, née à 
Médréac 16 novembre 1754; Jeanne-Joseph Lamour de Lanjegu 
(Suzanne de Marie-Joseph)}, fille de Mathurin et de Charlotte de Belle- 
mare, née à Saint-Aubin 19 mars 1760, prof. 8 février 1782; Marie- 
Sophie-Félicité du Bois de la Villerabel (Marie des Anges), fille de 
Florent-Jacques-André, lieutenant général de l’amirauté à Saint- 
Brieuc, et de Jeanne-Laurence du Faur, dame de Launay-Créhen, née 
à Saint-Brieuc 5 janvier 1762 ; Marie-Françoise Petit (Claire de 
Saint-François), fille de Pierre Petit, sieur de Voize, et de Julienne- 
Louise Le Chapellier, demoiselle des Saudrais, née à Dinan Saint- 
Sauveur 7 oct. 1760; Julienne-Laurence Petit (Aimée de Jésus}, sa 
sœur, née à Dinan 28 avril 1769 ; Antoinette Roger (sœur Domini- 
* que de Sainte-Marie}, née à Toussaints de Rennes 29 mars 1768. 

IT. Sœurs du dehors {chargées de recueillir au dehors les aumônesi: 
Marie Jehanot (Marie-Françoise), née à Guichen 15 mars 1715, Renée 
du Bourblanc (Jeanne de Saint-François), née à Plouha 11 nov. 
1722, Céleste-Thérèse Raoul (Céleste de Saint-François), fille de 
François et de Françoise Rouxel, née le 15 janvier 1725, morte au 
château de la Roche en Guenroc, 8 avril 1804, Marie Tranchant 
(Agathe-Jeanne de Saint-Antoine), née à Pluduno 20 avril 1729: 
Marie-Rose Montjaret de Kerjegu (Marie-Anne de Saint-Dominique), 
née à Quessoy 13 nov. 1738; Françoise-Léonce Deshayes (Hélène- 
Françoise), née à Saint-Martin de Rennes 18 juin 1738 ; Anne-Louise 
Rouxel (Julic-Marie), née à Cornouillé 15 juin 1748 ; Anne-Marie 
Jehanot (Louise-Madeleine), née à Guer 13 mai 1754; Mathurine 
Lecorgne (Rosalie de Saint-Guillaume), fille de Guillaume, sieur du 
Tertre, et de Jeanne Guillard, née à Penguilly 18 janvier 1750 ; 
Hélène Conen (Renée-Hélène}), née à Quimper 13 avril 1732. 

Après leur expulsion, elles se réfugient dans la maison de la Bre- 

tonnière où les suit leur vieil aumônier le Cordelier Gaudicheau. 

_ P. 66. Vue de l'hôtel de Plouët où partie des religieuses furent 
détenues. 

P.78-70. Marie La Choue fut détenue à la maison de Plouët, avec 
les sœurs Massé, Rouxel, Lamour de Lanjégu, Anne et Marie 
Jehanot. 

P. 80. Lettre du 31 mars 1705, par laquelle lasœur de La Choue, 
abbesse cy devant de Sainte-Claire, refuse pour elle et ses religieuses 
les pensions offertes, par fidélité à la règle. 


COMPTES RENDUS 393 


P. 110. Gallée (François-Claude), en religion le P. Ambroise, fils 
de Claude et de Marie Ouice, né à Lanvallay, 10 février 1745, pro- 
fession chez les Capucins de Rennes 28 avril 1765, prêtre 11 mars 
1769, opte pour la vie commune, en résidence au couvent de Dinan 
en 1791, puis vit à Lehon. Insermenté, enfermé à Saint-Melaine de 
Rennes 1792, déporté à Jersey 13 sept. 1701. 

P.118. Fit du ministère caché à Léhon, Lanvallay, Saint-Solen,etc., 
François-Jérôme Tournois {P. Romain de Dinan), Capucin, né à 
Trelivan, 30 sept. 1765, profès à Saint-Brieuc, 20 oct. 1786, en 1790 
au couvent de la Forse à Nantes, où il opte pour la vie religieuse, 
revient après la fermeture du couvent, 6 mai 1791, dans son pays natal 
et se met à la disposition des recteurs du voisinage. En 1795, à la 
pacification, déclare vouloir faire les fonctions du culte à Lehon, 
refuse la promesse de soumission à toutes les lois en globe, assas- 
siné le 28 janvier 1796 à la Forestrie par les colonnes mobiles. 

P. 139. Le 28 mars 1792, Pierre Garel, natif de Pleudihen (7 avril 
1741), Tertiaire récollet (fr. Jérôme), à Saint-Servan 22 sept. 1769, 
déclare au district de Dinan vouloir se fixer dans son pays natal, prête 
le serment de liberté-égalité ; arrêté comme « très dangereux » Île 
23 septembre 1793 à Livet et conduit aux prisons de Dinan. 

P.178. Guillaume-Francçois Bertho (P. Félix de Quintin), né à 
Plaine-Haute 18 nov. 1750, de Barthélemy et de Marie Bigot, Capucin 
à la maison de Dinan, administre quelque temps la paroisse de 
Bobital en 1791, mais se retire en juin 1792 au couvent de Saint- 
Brieuc. Prend un passeport pour le Portugal le 15 déc. 1792, mais 
fait du ministère caché à Saint-Julien, dont il est nommé recteur en 
1806, puis passe à Saint-Brandan (1808), à Cohiniac (1811). Meurt à 
Moncontour, 2 juin 1823. | 

P.184. Mention d’une chapelle frairienne de Saint-Yves à Brusvily, 
détruite au xvuirt siècle. 

P. 207 et p. 218. L’ex-Père Hercouet, gardien des Cordeliers de 
Dinan (dont il a été parlé plus haut) est élu curé de Plouer le 13 juin 
1791. Se heurte. la résistance des fidèles. Mortle 15 mars 1792. 

P. 219. François Jamyot (fr. Pascal), Récollet du couvent de Vitré, 
né à Bréal sous Montfort, de Jean et de Marguerite Duguerron. 
Ordonné à Nevers 19 déc. 1768, résidant à Bréal en 1791, puis 
vicaire à Saint-Pierre de Rennes, vicaire de Pleurtuit en mai 1791: 
devient en même temps vicaire de Plouer, puis vicaire de Miniac- 
Morvan, mais habite Rennes où il se soumet à la loi de prairial an HI 
et prête le serment de la loi du 7 vendémiaire an IV. Mort à Rennes, 
17 décembre 1806, âgé de 71 ans. E 

P. 3o1. Le Frère Cyrille de Cancale (Jean-François Chrétien), 
Capucin de Dinan, supplée pendant sa maladie Joseph Briand, rec- 
teur de Saint-André, puis est élu curé constitutionnel du Quiou. 

P. 308. Le P. Cyrille de Cancale installé le 26 juin 1791 au Quiou, 
puis est nommé en 1792 curé à Evran. 

P. 338. Le rôle du même comme curé constitutionnel d'Evran 


304 COMPTES RENDUS 


(sept. 1782). Il abdique son état le 28 février 1794, est emprisonné 
quand même à Dinan. Épouse civilement au bourg Saint-André des 
Eaux le 16 juillet 1794 Julienne F. Il obtient en 1809 du cardinal 
Caprara une dispense pour faire régulariser son mariage et légitimer 
ses cinq enfants. Mort douanier le 24 février 1825. 

P. 352. Dans la paroisse de Saint-Juvat, chapelle de La Rionnais, 
construite en 1627, par Guillaume Suas du Rionnais, dédiée à saint 
Yves. 

P. 361-6. François-Jean Gouriou, fils de Jacques et de Madeleine 
Chevalier, né à Cesson 6 septembre 1758, profès chez les Capucins en 
1770, religieux du couvent de Guingamp en 1790, fait savoir sa 
volonté de sortir du couvent. Élu le 13 juin 1791 curé de Saint-Juvat, 
reçoit le 17 l'institution canonique de Jacob, installé le 26 juin. Il a 
contre lui la population. Une enquête faite par Claude Forcouefñe, 
notaire à Courseul et commis à ce parle district, constate par les 
dépositions recueillies que « le sieur Gouriou... tenant une conduite 
tout opposée à celle d’un vrai ecclésiastique, en s’enivrant souvent, 
en montrant le mauvais exemple, en n’enregistrant pas les actes d'état 
civil ou ne le faisant qu’à moitié, en n'enseignant pas le cathéchisme 
aux enfants, enfin en se permettant certains actes qui pouvaient faire 
soupçonner sa moralité ». Gicquel, son vicaire, également ivrogne, 
répand des propos contre les mœurs et la décence. Gouriou finit par 
s'évader le 20 novembre 1791 et se retire à Saint-Brieuc. Peut-être 
retiré à Lannion en 1793, puis à Pluneuf où il reçoit en décembre 
1793 une carte de civisme. Emprisonné à Guingamp et s’y trouve 
encore le ro vendémiaire an III. En mars-avril 1796 réfugié à Saint- 
Brieuc à cause de la chouannerie. 16 juin 1803, Mgr Cafarelli lui 
donne un exeatpour quitter son diocèse. 

P. 366-7. Michel-Guillaume Gicquel, né le 6 septembre 1745. 
Profès capucin 1762, religieux de Guingamp en 1790, exprime sa 
volonté de sortir du cloitre. Accompagne Gouriou à Saint-Juvat, 
quitte le 18 août 1791 ; vicaire à Bourg des Comptes 21 août 1791, 
curé provisoire de Poligni 19 janvier 1793, dépose ses lettres de 
prêtrise le 24 ventôse an II, mais refuse de se marier ; arrêté 14 ger- 
minal et reclus au Mont Saint-Michel jusqu'au 23 décembre 1794. 
Réfugié à Rennes, prête l’an IV le serment du 7 vendémiaire, admi- 
nistre Saulnières et le Petit Fougeray, quitte le 27 octobre 1799 pour 
aller se faire soigner à Rennes, essaie de se faire incorporer en Loir- 
et-Cher ; accueilli dans la Mayenne par Dorlodot qui le nomme (1799) 
curé de Blandouet, où 1l meurt en 1805. 

P. 367. Documents complémentaires établissant qu'après le départ 
de Gouriou, les habitants de Saint-Juvat doivent en 1792 s'adresser 
à l’ex-Capucin Chrétien, curé du Quiou, pour leurs baptèmes et leurs 
mariages. 

P. 473. Jean-Baptiste-Gabriel Hervé, né à Saint-Malo le 24 juin 
1754, fils de Gabriel-Joseph, sieur de la Ville ès Febbres en Saint- 
Jacut, procureur fiscal de l'abbaye, et de demoiselle Jeanne-Françoise 


= = 


— 


COMPTES RENDUS 395 


Gohier. Étudie à Dinan et entre au noviciat des Capucins. Diacre 
17 oct. 1783 ; prêtre à Dol 10 avril 1784. En religionle P. Jean-Marie 
de Saint-Jacut. Au moment de la Révolution, en résidence au cou- 
vent des Capucins de Saint-Malo, fait fonctions de vicaire à Saint- 
Servan. Après la fermeture de son couvent, émigre en Portugal, 
dans une maison de son ordre. Revenu de Lisbonne au mois de mai 
1822, il réside chez sa sœur à Languenan où Mgr de La Romagère 
lui offre un poste de vicaire. A Nantes en 1825 pour s'embarquer de 
nouveau en Portugal ; loge chez le P. Dagorne ; revient à Languenan, 
où il enterre sa sœur en 1828. Mort à l'hôpital général de Saint-Malo 
en Saint-Servan le 30 mars 1831. 


T. Il. p. 22 ets. Laurent-Charles Oleron, en religion le P. Bernard 
de Dinan, né à Corseul le ro août 1734 de Mathurin et de Vincente 
Ménard, Capucin au couvent de Saint-Servan, au début de la Révo- 
lution. A la fermeture de son couvent (28 mai 1791) ne quitte pas la 
ville. Court séjour à Jersey en 1792. Incarcéré à Saint-Melaine 5 sep- 
tembre 1792, puis à la Trinité, enfin au Mont Saint-Michel. Libéré 
en janvier 1795, revient à Port Solidor (Saint-Servan), fait du minis- 
tère à Roz-Landrieux, prête, avec restrictions, le serment du 11 prai- 
rial. Arrêté à la suite de la loi du 20 fructidor an III. Enfermé à la 
prison de Dol, relâché le 21 septembre 179% à la requête des habi- 
tants de Roz-Landrieux. 

P. 24. Le 18 août 1810, mort à Corseul d’une ancienne Clarisse de 
Dinan, Anne-Louise Rouxel de la Touraudais, en religion sœur Julie- 
Marie. Détenue sous la Terreur du 12 juin au 12 novembre 1794. 
Fille de Louis et d'Anne de la Bouexière ; morte âgée de 62 ans. 

P. ao. Portrait du P. Gabriel de Dinan, capucin, originaire de 
Bourseul (7 juin 1648-3 mai 1723). Cf. p. 68. 

P. 219-220. Julien Briand, en religion le P. Augustin de Dinan, 
Capucin, né au Bas-Callouët en L.anguenan le 12 juin 1740 de Jean 
et de Vincente Bezard. Après avoir fait profession chez les Capucins, 
ordonné prêtre à Saint-Malo le 31 mars 1770. Religieux du couvent 
de Saint-Brieuc en 1790, opte pour la vie commune, mais ne persiste 
pas, quitte son couvent le 6 septembre 1791 et se fixe le 14à Dinan 
au sein de sa famille. Vicaire d'office à Saint-Carné en février 1792, 
puis chapelain de l’hôpital de Dinan. Prête le serment de liberté-éga- 
lité le 17 septembre 1792, élu le 25 novembre suivant curé constitu- 
tionnel de Vildé, institué canoniquement le 7 décembre par l’évêque 
Jacob, Se plaint le 12 octobre 1793 de l'insuffisance de son traite- 
ment de 1200 1. payées en assignats. Arrêté en mars 1794 et empri- 
Sonné le 16 à Saint-Charles de Dinan. Libéré le 13 août suivant, se 
retire à Languenan et y devient maître d'école. Mort à Dinan, comme 
Prêtre habitué de l’église de Saint-Malo le 22 octobre 1824. 

P. 227. Statue de saint Roch conservée autrefois à la chapelle frai- 
rienne de Saint-Firmin, au village de Trélée, dépendant de la 
Paroisse d’Yvignac. 


306 COMPTES RENDUS 


e- 


P. 310. La paroisse de Tredias a pour patron avant la Révolution 
saint Yves (aujourd’hui c’est saint Pierre). 

P.34r. Était natif de Caulnes Vincent Le Roux, ex-Récollet de 
Tours, fils de René et de Jeanne Ledrain. Après la fermeture de son 
couvent revient à Caulnes le 18 mars 1791; accepte en septembre 
d’aller remplacer à Sévignac le récteur légitime, insermenté. Puis élu 
curé de Dolo et installé le rer avril 1792. Remet ses lettres de prêtrise 
le 8 août 1794 et renonce aux fonctions du culte. Décédé le 7 nivôse 
an [IT (27 decembre 1794). 

P. 398. Note supplémentaire sur le P. Aime Capucin (Jean Person). 

P. 400. En 1561, chapelles Saint-Yves et Saint-Louis à Saint-Malo. 

E.-G. Lepos. 


L’Abbé Auguste LEMAsson. Les Actes des prêtres insermentés de l'ar- 
8 P | 
chidiocèse de Rennes guillotinés en 1794. — Rennes, secrétariat de 
l'Archevêché, 1927. In-8°, xxu1-288 p. 


P. 128-134. Jean-René-Norbert Oger, fils de Jean et de Marguerite 
Martin, ne à La Bartière en la Chapelle Erbrée le 18 mai 1740, éleve 
par les Récollets de Vitré, chez lesquels il fait profession le 4 septembre 
1758 sous le nom de P. Barthélemy. Au moment de la Révolution, 
vicaire du couvent des Récollets de Saint-Malo, fait « l'édification de 
la ville et du pays tant par son zèle et ses talents de prédicateur que 
par l'exercice de toutes les vertus monastiques ». Déclare vouloir 
continuer à mener la vie religieuse ainsi que le P. Toussaint Duval, 
gardien du couvent. Émigre en Espagne’en juin 1791 et y séjourre 
dans un couvent de son Ordre; mais ne tarde pas à revenir à Saint- 
Malo. Hospitalisé par Angélique-Marie-Jeanne Glatin, ancienne ser- 
vante de la famille Goret de Villepepin, qui après la mort de ses 
maîtres se consacre à des œuvres de charité. Dénoncé par un nommé 
Petit, arrêté avec la Glatin le 15 thermidor an] (2 août 1794). — 
L'auteur publie les interrogatoires devant le tribunal de Saint-Malo 
et le jugement du tribunal criminel de Rennes, du 4 août 1794, qui 
les condamne à mort. Il donne aussi l’acte de naissance du P. Barthe- 
lemy et l’ordre d’écrou. 

P. 259-263. Liste des ecclésiastiques d’Ille-et-Vilaine renfermés à 
Saint-Melaine, condamnés à la déportation et dirigés sur Saint-Malo 
le 8 sept. 1702 afin d'être embarqués pour Jersey. On y relève les 
noms de Germain Boulard, Cordelier, 30 ans; Nicolas Gilbert, diacre 
Récollet, Bernou (Vannes); Jean-Baptiste Gresseau, Cordelier de 
Rennes, 35 ans ; François Hamart, cordelier, Rennes, 28 ans; Charles- 
François Le Vacher, Cordelier, 34 ans; Victor de la Moussaye, Cor- 
delier du couvent d'Amboise, 35 ans; Hyacinthe Ménager ou Le 
Ménager, Cordelier de Vannes, 52 ans ; François Nicol, gardien des 
Récollets de Vitré, 41 ans: Louis-Jean Gendrot, Jean-Florent Breton, 
Cordeliers ; Vincent Jégo, convers Cordelier : les capucins Charles 
Chevrier, Joseph Duboïs dit P. François-Marie, Jean Guillard, Fran- 


COMPTES RENDUS 397 


çois Gallais, prêtres; Guillaume Gaubert, Pierre Jouan, Charles 
Mercier, Jean Grandin, Jean dela Goublaye, Mortier, convers ; J.-B. 
Hubert dit le P. Dominique, René Pesnault dit le P. Emmanuel, 
J.-B. Ruault, Alexis Sevestre dit le P. Fidèle, Talvard, prêtre; 
Joseph Segrétain, convers. 

P. 268-274. « Liste des prêtres... transférés de l’abbaye Saint- 
Melaine au couvent de la Trinité converti en prison à la suite de 
l’arrêté du directoire d’Ille-et-Vilaine du 5 septembre 1794 ». On y 
relève les noms de : Pierre-Emmanuel-Auguste Aubret, 54 ans, Cor- 
delier de Dinan; François Bodiquel (frère Vincent), 53 ans, convers 
Capucin ; André Chauvin, 66 ans, ex-Cordelier ; Charles Chevrier 
(le P. Victorin), 59 ans, Capucin ; Jean Garnier {le P. Célestin), 
6; ans, Capucin; François Leffondré (fr. Louis), 80 ans, convers 
Capucin ; Yves Le Gaudu (P. Césaire), 43 ans, Capucin ; Louis L.e 
Monnier (P. Ange), 70 ans, gardien des Capucins de Rennes, mort le 
15 avril 1793 ; François-Michel Lucas, 54 ans, Cordelier ; Laurent 
Oléron (de Corseul), 58 ans, Capucin de Saint-Servan ; Samson 
Renault (fr. Agathange), 57 ans, convers Capucin; Vincent Richard 
(P. Pacifique), 63 ans, Capucin ; Jean Seigneur, 60 ans, convers 
Capucin. 

P. 279-280. Ecclésiastiques qui périrent dans la noyade de Nantes 
du 16 novembre 1793 (d'après A. Lallié). René-Joseph-François Le 
Grand, né à Redon le 6 août 1725, Capucin au couvent de la Forse à 
Nantes; entra au château le 23 août 1792; transféré le 10 sept. aux 
Carmélites ; Armel Perussel, né à Toussaints de Rennes le 6 août, 
1722, profès Récollet 24 décembre 1740; ancien lecteur de théologie, 
ancien provincial et visiteur général, résidant à Nantes lors de la 
Révolution, interné au Séminaire; déclare le 8 septembre qu’il res- 
tera en France vu son âge. Envoyé aux Carmélites. 

E.-G. Lepos. 


The Coming of the Friars Minor to England and Germany, being 
the Chronicles of Brother Thomas of Eccleston and Brother Jor- 
dan of Giano, translated... by E. GuRNEY SALTER. — London and 
Toronto, J. M. Dent and Sons, 1926. In-8°, xxxvi1-198 p. 

Examples of san Bernardino, chosen by Ana Harrison. — London, 
G. Howe [1926]. In-8°, x-150 p. 


Ces deux volumes sont une excellente illustration du goût pour 
les textes qui s’est répandu dans le grand public depuis la guerre. 

Miss Gurney Salter a entrepris de donner une traduction de la 
célèbre chronique de Thomas de Eccleston et de celle de Jourdain 
de Giano. La première avait déjà fait l’objet d’un travail similaire 
du R. P. Cuthbert, la seconde n'avait, à notre connaissance, jamais 
ététraduite en anglais. Miss G. S. a utilisé pour son travail les édi- 
tions, désormais classiques, de A. G. Little et de H. Boehmer et, 
dans son introduction et ses notes, s’est bornée, comme elle en fait 


398 COMPTES RENDUS 


d’ailleurs l’aveu loyal (p. x), à utiliser les travaux des deux éditeurs. 

D'une manière générale la traduction est bonne ; le texte est serré 
de près, au risque, parfois, d’un certain alourdissement de la 
phrase, mais cela vaut mieux qu'une « belle infidèle », et les lec- 
teurs anglo-saxons auront à leur disposition une image fidèle de 
ces deux textes capitaux pour l’histoire du mouvement franciscain 
en Angleterre et en Allemagne. 

Il y a, naturellement, quelques erreurs qui pourront disparaître 
dans une seconde édition : p. 7. Frère Richard d’Ingworth, après 
une carrière bien remplie, partit pour la Syrie « and there, making 
a good death, fell on sleep »; il fallait ajouter « in the Lord ». 
P. 24, la citation anglo-normande mise dans la bouche de Frère 
Richard est mal traduite : «a tenge sey en pès » ne veut pas dire 
« keep silence » mais « keep quiet ». P. 62, l’histoire de la répara- 
tion du dortoir du couvent de Londres ne me paraît pas très heu- 
reusement traduite, et j'ai quelque peine à accepter la suggestion de 
M. Little, qui veut corriger en « amotis » la lecture « amotos 
donnée par tous les manuscrits. Comment a-t-on pu consolider 
l'édifice en substituant des murs de boue (luto) aux murs de pierre 
(lapideis) ? P. 86, Miss G.-S. avoue en note ne pas voir clairement ce 
que signifie sa traduction. Il eût fallu à tout le moins joindre à 
cette note désespérée le texte latin, cause de ce désespoir. La tra- 
duction du début de la page 112 suggère une observation du même 
genre. | 

Fi y a dans le travail de Miss Harrison un élément personnel plus 
considérable. Elle avait à faire un choix parmi les nombreux 
«exempla », dont, suivant la mode franciscaine, sont semés les ser- 
mons du grand prédicateur siennois. Elle a fort bien choisi et 
sa traduction rend bien le charme de la langue de saint Bernardin. 
Dans la courte et claire introduction par laquelle s'ouvre le volume, 
je regrette que Miss H. ne se soit pas étendue un peu plus sur la 
méthode du prédicateur, qu'elle se soit interdit toute comparaison. 
Il eût été intéressant de se rendre compte ainsi de la véritable ori- 
ginalité des sermons de saint Bernardin et peut-être, ce faisant, 
aurait-on mieux compris leur succès. Mais il est difficile d’insister 
sur les critiques quand on a en main ce délicieux volume dont l'illus- 
tration par M. Robert Austin est une joie pour les yeux. 

En résumé, ces deux volumes seront utiles, parce qu’ils mettront 
le grand public en contact avec des textes où se révèle si vivement 
l'esprit franciscain, et l’on doit féliciter leurs auteurs pour la 
manière dont elles ont accompli la tâche difficile — plus difficile 
qu’on ne croit peut-être — qu’elles s'étaient fixée. 


R. FAWTIER. 


COMPTES RENDUS 309 


Eowaro Hurtown, The Franciscans in England, 1224-1538. — Lon- 
don, Constable [1926]: In-8°, 325 p. 


Il était à prévoir que les commémorations de 1924et de 1926 pro- 
voqueraient chez les lecteurs anglo-saxons le désir d’avoir une syn- 
thèse du mouvement franciscain en Angleterre. Il était évident qu'il 
se trouverait un éditeur pour satisfaire ce désir. Îl était également 
certain qu'aucun des érudits anglais qui honorent les études francis- 
caines n'oserait entreprendre une pareille tâche. Elle devait au con- 
traire tenter un polygraphe qui s’est fait des choses italiennes une 
spécialité, sans toutefois que ses travaux aient jamais dépassé les 
cadres d’une bonne vulgarfïsation. C'est le cas de M. Hutton. Son 
livre n’est pas et ne prétend pas être un livre d’érudition et l’on n’y 
trouvera point trace de recherches originales. L'auteur s’est borné à 
résumer et à mettre en œuvre les nombreux travaux de détail qui 
ont vu le jour en Angleterre durant le dernier lustre et, à ce titre, 
son livre sera de quelque intérêt, non seulement pour le grand 
public mais aussi pour les travailleurs, auxquels il fournira à tout 
le moins une bibliographie où je n'ai point relevé de graves omissions. 

Est-ce à dire que M. Hutton n'aurait pu faire mieux et plus? 
Nous ne le croyons pas et son livre qui, nous tenons à le répéter, 
rendra des services, présente un certain nombre de défauts qu’un 
peu de patience et de méthode aurait pu lui faire éviter. 

Tout d'abord il eût été nécessaire que l’auteur fit abstraction de 
ses sentiments personnels et de ses opinions politiques et religieuses 
qui, pour respectables qu'elles puissent être, n’ont rien à voir avec 
l’histoire. Il peut être amusant de dédier cette histoire du mouve- 
ment franciscain en Angleterre au salut de l’âme du roi Henri VIII, 
mais il ne fallait pas insister, et certaines phrases (page 254 par 
exemple) auraient pu être supprimées sans inconvénient sinon avec 
avantage. 

Un autre défaut, plus grave peut-être, est le manque de composi- 
tion. Les quatre premiers chapitres (L’arrivée des Frères, A Can- 
terbury, À Londres, À Oxford) sont, à peu de choses près, une tra-. 
duction plus ou moins littérale du De Adyentu Fratrum Minorum 
de Thomas d'Eccleston. [.e cinquième chapitre (Le mouvement à 
travers l’Angleterre) est composé d’une série de notices sur chaque 
Couvent, une espèce de dictionnaire des fondations franciscaines en 
Angleterre. Nous avons ensuite un chapitre sur les Clarisses anglaises 
qui, avant même que le volume eût paru, était déjà insuffisant puis- 
qu'il ne tenait pas compte du livre de Miss Bourdillon sur cette 
question. Suit un chapitre sans aucun lien avec le précédent sur 
l'organisation de l'Ordre. Nous passons ensuite au rôle joué par les 
Mineurs à l'Université d'Oxford, rôle exposé dans un chapitre que 
Suivent trois biographies (chapitres 1x, x et x1) de Roger Bacon, 
de Duns Scot et de Guillaume d’Ockham. Nous revenons à Londres 


400 COMPTES RENDUS 


et l’on nous expose l’histoire du couvent de cette ville et de ses 
bâtiments. Le chapitre suivant nous décrit la grande peste de 1348 
qui aurait, selon M. Hutton, « peut-être détruit les Mineurs » 
(p. 171}. Et pour nous montrer l’action de cette catastrophe sur 
l'Ordre en Angleterre un long chapitre, qui n'est qu'une longue 
suite de citations, nous montre ce que William Langland, Geoffrey 
Chaucer et Wyclif nous disent des Mineurs. Puis nous avons un 
nouveau chapitre sur la décadence des Mineurs, que suit une étude 
sur le mouvement des Observants et nous ‘arrivons au drame final 
avec deux chapitres, l’un sur la « suprématie royale » et l’autre sur 
la dissolution. Ce dernier est un catalogue des couvents d’Angle- 
terre à l’époque de leur suppression avec l’inventaire de ce qu'ils 
contenaient à ce moment. Et le livre s'arrête brusquement, sans 
un mot de conclusion, si ce n’est le début de l’ode XXIV du pre- 
mier livre d'Horace. Tout cela est extrêmement décousu et l'on a 
l'impression que M. Hutton n'a pas réussi à découvrir une idée 
générale qui pût servir de fil conducteur à travers les différentes 
parties de son récit. Cela tient évidemment au fait qui, n’ayant 
point fait de recherches personnelles, qu'ayant été surtout guidé par 
ses lectures, M. Hutton a subi l'influence de ses sources. Et l'on est 
tenté d’attribuer la présence de tel chapitre, non pas à l’ordre logique 
du récit, mais plutôt à l'existence d’un travail de MM. Kingsford, 
Little ou de S. É. le Cardinal Gasquet. 

Au fond on ne comprend pas ce que les Frères Mineurs sont 
venus faire en Angleterre, on ne voit pas trop ce qu'ils y ont fait, 
sauf y acquérir des biens, et l’on en vient à se demander si Henri VII, 
la bête noire de M. Hutton, n’a pas eu raison. 

Et cependant il n’y a pas de doute que les Mineurs ont eu une 
action intellectuelle et morale sur l’Angleterre et c'était cette action 
que M. Hutton aurait dû nous montrer. Il ne suffit pas de donner 
une biographie de Roger Bacon et de Guillaume d'Ockham, il aurait 
fallu montrer en quoi ces deux grands « schoolmen » étaient fran- 
ciscains et franciscains anglais. Car il est bien évident que si les 
Franciscains ont eu une action sur l'Angleterre, les termes de cette 
proposition peuvent être renversés. Ce n’est pas impunément qu'un 
Ordre et une doctrine telle que celle de saint François quittent le 
milieu où ils ont été conçus pour s'expatrier dans un pays aussl 
différent de l'Italie que l'était l'Angleterre des xinie et x1v° siècles. Le 
fait même que les Frères Mineurs de la province d'Angleterre étaient 
anglais a dû leur faire interpréter la doctrine de leur fondateur 
d'une manière spéciale, essentiellement britannique. Ils ont prêche 
en anglais et ce faisant influencé leurs contemporains. Or, ces Stf° 
mons, M. Hutton semble les avoir entièrement ignorés. Sans doult 
il est intéressant de savoir quel image d’un Frère Mineur ont pu $ 
faire un Chaucer ou un Langland, mais cela n'est pas suffisant ti 
surtout, et particulièrement dans le cas du premier, cela peut n'avoir 
qu'un intérêt purement littéraire. On aurait aimé voir M. Hutton 


COMPTES RENDUS 40 


chercher dans les documents qui nous éclairent sur la vie privée du 
peuple anglais ce qui peut s’y trouver concernant les Frères 
Mineurs. On voit mal par son travail sur quelles classes de la 
nation anglaise leur action a pu s’étendre ni quelle sorte d’action ils 
ont pu avoir. 

Un autre problème se posait. On sait que de nos jours on s’est plû 
à voir dans le petit pauvre d’Assise l’ancêtre du grand mouvement 
de la Réforme. Henry Thode n'’écrivait-il pas : « François d'Assise 
et Luther ! Quand donc viendra le troisième ? ». Je ne crois pas per- 
sonnellement que saint François ait jamais eu de semblables idées, 
mais le fait qu’on a pu ou voulu les lui prêter de nos jours montre 
qu’il n'est pas impossible que cette opinion ait jadis été tenue par 
certains. Or, l'Angleterre a produit, à l’époque où les Frères 
Mineurs y jouaient un rôle que nous estimons considérable, un des 
véritables ancêtres de la Réforme, John Wyclif. On sait que cet 
éminent professeur à l’Université d'Oxford n’a pas eu pour les dis- 
ciples de saint François des sentiments fort affectueux et M. Hutton 
lui a emprunté un certain nombre de citations à ce sujet; mais il eût 
peut-être valu la peine de voir si le curé de Luttesworth n’a pas subi 
sur certains points l'influence du Poverello, N'a-t-on pas repro- 
duit contre les Lollards quelques-unes des attaques que l’on avait 
dirigées contre les premiers Franciscains? En tout cas il y avait là 
une question à soulever sinon à éclaircir. 

Enfin il y avait la question du rôle qu’a pu avoir l'Ordre des 
Mineurs sur l’art et la littérature anglais, sujet extrêmement neuf 
et dont l'étude pourrait peut-être donner des résultats imprévus. 
Bien entendu M. Hutton n’en souffle mot. 

Il faudrait pourtant bien se rendre compte qu'écrire l’histoire 
d'un Ordre dans un pays ne consiste pas à énumérer les fondations 
dont cet Ordre a été l’objet. La vie d’un Ordre religieux est autre 
chose qu’un accroissement purement territorial ou le contraire. Il 
faut des monographies de couvents et leurs auteurs doivent presque 
s'interdire de sortir des limites classiques que comportent de tels 
sujets. Maïs les auteurs de synthèse ont une autre tâche. A eux 
revient le devoir de rapprocher les résultats locaux, de les éclairer 
les uns par les autres, d’en tirer des idées générales et surtout de 
signaler les lacunes qui existent et que les auteurs de monographies 
voient plus difficilement. C’est ce que n’a pas fait M. Hutton et 
c'est pourquoi son livre, s’il est commode pour savoir ce qui a 
été écrit sur les couvents franciscains d'Angleterre, ne nous donne 
nullement une image de la vie des Franciscains anglais. 

R. FAWTIER. 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 26 


402 COMPTES RENDUS 


E. HERMITAGE Day. Saint Francis and the Grey Friars. — London, 
Mowbray [1926]. In-8°, xv-131 p. 


Nous avons là cinq conférences faites par le Rev. H. Day dans la 
cathédrale de Hereford, durant le carême de 1926, pour préparer 
les fidèles à célébrer l’anniversaire de la mort de saint François. 
Les prédécesseurs de saint François, La vie et l'époque de saint 
François, L'esprit et le message de saint François, Les premiers 
disciples de saint François, L'arrivée des Mineurs en Angleterre, tels 
sont les titres et les sujets de ces conférences. On n’y saurait cher- 
cher ni trouver aucune originalité, mais, comme mise au point à 
l'usage du grand public des travaux essentiels de l’érudition fran- 
ciscanisante, l'ouvrage ne mérite que des compliments et nul ne 
doute que les fidèles de Hereford ne l’aient pleinement apprécié. 
P. 131 corriger Jordan of Giorno en Jordan of Giano. 

R. FAwWTIER. 


A. F. C. BourpniLon. The Order of Minoresses in England. — Man- 
chester, The University Press, 1926. In-8°, viu-107 p. [British 
Society of Franciscan Studies, vol. XII.] 


Ce travail d’une jeune fille, présenté à l'Université de Manchester 
pour le degré de Master of Arts, est un bon exemple de l’action 
exercée sur les études historiques en Angleterre par des maîtres tels 
que T. FE. Tout et A. G. Little. C’est un excellent petit livre dont je 
ne sais ce qu’il faut louer le plus, la solidité de l'information, l’élé- 
gance de la présentation ou l'intelligence du sujet qu’il prouve chez 
son auteur. Pourquoi faut-il que celle-ci n'ait pas osé résumer en 
une courte conclusion les résultats précis et solides auxquels l'a 
amenée chaque partie de son étude ? 

L'Ordre des Sœurs Mineures en Angleterre est une plante d’im- 
portation française et l’histoire de ses débuts — et même de 
son développement — illustre assez bien la thèse, chère à M. Tout, 
de la communauté de civilisation de la France et de l'Angleterre au 
moyen âge. C’est du monastère de Longchamps, près de Paris, que: 
vinrent les quatre premières religieuses du couvent de Waterbeach 
près de Cambridge, appelées en Angleterre pour y peupler la pre- 
mière maison de l'Ordre, fondée par Denise de Munchesey, une 
noble dame, affigée d’un mari à tempérament assez peu agréable. 
C’estau même couvent ou à celui de Provins que furent empruntées 
les premières religieuses qui vinrent occuper le couvent fondé à 
Londres, dans la paroisse de Saint-Botolph devant la porte Aldgate 
par Blanche de Navarre, la veuve d'Henri le Gros, roi de Navarre, 
et la femme d'Edmond, duc de Lancastre, fils du roi Henry Ill 
d'Angleterre. Ces deux maisons, comme celles qui seront fondées 
par la suite en Angleterre, suivront, non pas la règle promulguée par 


COMPTES RENDUS 403 


Urbain en 1263 pour l'Ordre des Clarisses en général, mais la règle 
particulière donnée la même année, par le même pontife, pour le 
couvent de Longchamps à la requête d'Isabelle de France, sœur de 
saint Louis et fondatrice de ce monastère. Et non seulement c’est 
la règle des Clarisses françaises qui est adoptée par l'Ordre en 
Angleterre mais leur nom même. En effet, on sait que saint Louis 
avait obtenu pour les compagnes de sa sœur le nom de « Sorores 
Minores », Sœurs Mineures, et non celui de membres de l'Ordre de 
Sainte-Claire, Clarisses, qui était réservé aux religieuses des autres 
fondations. Or, en Angleterre, les religieuses des fondations dont 
Miss Bourdillon évoque l’histoire, jouissent du même privilège, ce 
sont les « Minoresses » et non pas les « Sisters of St-Clare » qu'a 
connues l’Angleterre. Et la différence représentee par cette appella- 
tion est plus grande qu’on ne pourrait le croire au premier abord. 
L'Ordre de Sainte-Claire, c’est le second Ordre des Mineurs, nette- 
ment inférieur à celui des Frères. Les Sœurs Mineures au con- 
traire apparaissent comme les égales des Frères, la partie féminine 
du premier Ordre. On saisira toute la différence quand on saura que 
la règle suivie par les Sœurs Mineures contient une clause, qui man- 
que dans celle suivie par les Clarisses ordinaires, et d’après laquelle 
le visiteur du couvent, un Frère Mineur, après avoir imposé ses 
pénitentes, devait brûler, en présence de la communauté, tous les 
renseignements qu’il avait recueillis dans sa visite et qui avaient 
déterminé ses décisions. Les Sœurs Mineures devaient leur origine 
à des personnes de sang royal et ne l’oubliaient pas. Miss Bourdil- 
lon montre d’ailleurs, avec un grand luxe de preuves, combien 
l'aristocratie a favorisé les Sœurs Mineures anglaises et la liste des 
donations faites à ces religieuses, liste qui forme l’appendice IT du 
volume, est instructive à cet égard. Cette liste nous montre aussi 
quelque chose de curieux et qui s'était déjà révélé dans l’étude 
même des fondations. Il n’y a jamais eu en Angleterre plus de trois 
maisons de Sœurs Mineures; puisque Denny, à un mille de Water- 
beach, a remplacé cette dernière. Or, les deux fondations qui ont 
suivi celles de Waterbeach et de Londres sont l’œuvre, la pre- 
mière (Denny) de Marie de Saint-Pol, petite-nièce de Blanche de 
Navarre, fondatrice du couvent de Londres, et femme d’Aymer de 
Valence, petit-fils de Denyse de Munchesey, fondatrice de Water- 
beach, la seconde (Bruisyard dans le Comté de Suffolk) de Lionel, 
duc de Clarence, fils d'Édouard III et arrière-petit-neveu d'Isabelle 
de France, fondatrice de Longchamps. On voit donc que c’est dans 
les mêmes familles, sinon dans la même famille que se sont recrutés 
les fondateurs des couvents de Mineures anglaises. Mais il y a plus. 
« D'un total de près de 6o membres de l'aristocratie qui ont été 
trouvés en relations personnelles d’une manière quelconque avec 
les Mineures, on en a pu réunir 5o dans un même tableau généalo- 
gique ». 

Ces relations étroites avec l'aristocratie anglaise n’impliquent nul- 


404 COMPTES RENDUS 


lement que les Mineures anglaises se soient recrutées uniquement 
parmi la noblesse, [] y a eu parmi elles des filles de la bourgeoisie, 
mais c’est l'aristocratie qui a donné le ton. Qu'on lise les chapitres 
que Miss Bourdillon a consacrés aux possessions des Mineures, à 
leur vie quotidienne, et l’on s’en rend compte. Nul doute que la 
règle a été suivie, dans l’ensemble, mais on a su l'interpréter. La vie 
a été sévère mais large dans les maisons de l'Ordre ; mais si les 
Mineures n'ont pas été au monde, elles ont su laisser le monde 
venir à elles et d’un couvent, celui de Londres, Miss Bourdillon a 
pu même écrire qu'il a été non seulement un « select boarding 
establishment » mais aussi « an expensive and merciles hostel » 
(p. 67). Si quelqu'esprit chagrin voulait voir dans cette manière de 
faire une incompatibilité avec l’accomplissement des obligations 
religieuses il suffirait de rappeler l'exemple de Port-Royal. Et c’est 
un peu à Port-Royal que l’on pense quand on voit la vie quoti- 
dienne des Mineures. Ce sont des religieuses, mais ce sont aussi 
des dames. Sainte Claire elle-même ne l’était-elle pas? Elles lisent 
et nul doute qu’elles ne pensent tout en menant une vie de réciu- 
sion. Comment expliquer autrement la lettre d'Érasme aux Mineures 
de Denny où il apprécie comme il convient ces « vierges bénies 
qui, mortes au monde, vivent sur terre comme elles vivraient au 
Ciel » ? — Leurs vertus, leurs relations aristocratiques ne sauvèrent 
pas les Mineures. Elles furent supprimées en 1535 et leur souvenir 
ne demeure plus que dans le nom d’un quartier de Londres, les 
Minories. L'arrêt les supprimant fit quelques heureuses, âmes tièdes 
que la vie du cloître, sans doute imposée et non librement consen- 
tie, avaient rebutées. Mais Elizabeth Trockmorton, la dernière 
abbesse de Denny, avec quelques unes de ses compagnes continua 
de mener dans sa famille la mème vie que dans son monastère et 
nul doute que son exemple ne fût pas unique. 

Telle est l’histoire que nous conte Miss Bourdillon qui, par ce 
premier travail, se classe comme un des espoirs de nos études en 
Angleterre. 

R. FAWTIER. 


Jos. Kocn, Durandus de S. Porciano O. P. Forschungen zum Streit 
um Thomas von Aquin zu Beginn des 14. Jahrhunderts. I. Teil. 
Literargeschichtliche Grundlegung. (Beitriäge zur Geschichte der 
Philosophie des Mittelalters, Bd. xxvr, I. Halbband). — Münster 
i. W., Aschendorff, 1927. In-8°. 


Durand de Saint-Pourçain, O. P. est généralement caractérisé 
comme le tenant d'un nominalisme nuancé de conceptualisme; M. 
J. Koch, au cours de plusieurs années de recherches, n’a jamais ren- 
contré un seul adversaire de Durand de Saint-Pourçain qui lui ait 
reproché ce prétendu nominalisme. Or les adversaires ne lui ont pas 
manqué, et ils étaient thomistes. L’auteur a donc entrepris de 


COMPTES RENDUS 405 


rechercher quels problèmes étaient au foyer des intérêts intellectuels 
de Durand. Avec beaucoup de raison, il signale le tort que nous 
avons de questionner les philosophes sur les problèmes qui nous 
intéressent, plus que sur ceux qui les intéressaient. Une telle enquête 
sur le sens de l’œuvre de Durand présupposait une autre enquête sur 
les écrits même du théologien. L'œuvre de M. J. Koch comprendra 
donc deux parties : I. Histoire littéraire des écrits de Durand de 
Saint-Pourçain. II. Étude de la doctrine. C'est la première de ces 
deux parties que l’auteur vient de livrer au public. 

L'enquête historique de M. J. Koch est conduite avec une méthode 
impeccable et les résultats obtenus sont aussi sûrs qu’abondants. On 
peut les résumer ainsi : 

1° Commentaires sur les Sentences. Authenticité indiscutée. On 
admettait jusqu'ici l'existence de deux rédactions de ce Commentaire; 
d'après les recherches de M. J. Koch, il y aurait eu : a) deux rédac- 
tions du Ier Livre; b) des additiones au Is Livre, dont aucun manu- 
scrit complet n’est connu; c) trois rédactions du Commentaire sur les 
Livres II, III, IV ; la première est connue par les citations étendues 
qu'en fait Pierre de la Palu dans sa réfutation de Durand; la deu- 
xième existe en de nombreux manuscrits; la troisième est imprimée. 

La première rédaction daterait des années 1307/08 ; l'ouvrage était 
dirigé contre les doctrines de saint Thomas et mit l’auteur en confit 
avec son propre Ordre. La deuxième rédaction peut être datée des 
années 1310-1311; quant à la troisième, son terminus a quo est l’an- 
née 1317, son terminus ad quem est 1327. 

2° Écrit justificatif de Durand après la censure de son premier 
Commentaire sur les Sentences. L'existence en est connue par Her- 
veus Natalis ; on ne l’a pas encôre retrouvé. 

30 Cinq Quodlibeta; l’un est étudié par P. Glorieux : La Littérature 
quodlibetique... p. 197 ; la table des questions pour les quatre autres 
est donnée par M. J. Koch, p. 100-102. Le premier Quodlibet est de 
Paris, carème de 1312 ; le deuxième, de Paris, Avent de la même 
année ; le troisième est d'Avignon, 1314, au temps de l'Avent; les 
deux derniers sont également d'Avignon, Avent de 1315 et 1316. 

4° Tractatus de Habitibus, rédigé vers 1312-1317. 

50 Deux Quaestiones disputatae, dans l'une desquelles Durand joue 
le rôle d’opposant et dans l'autre de répondant. 

6o Un traité, non encore retrouvé, Utrum in intellectu possint esse 
plures intellectiones simul ; écrit après 1310. 

7° Quaestiones de libero arbitrio ; l'une appartient à ses vesperiae, 
les deuxième et troisième à son aula (p. 165). 

8° Ecrits divers. — a) Approbation de la constitution de Jean XXII 
Quia nonnunquam, dans le débat sur la Pauvreté (1322); ce texte 
est en partie inédit, b) De origine potestatum et jurisdictionum quibus 
populus regitur (1329). c) De visione Det quam habent animae sancto- 
rum ante judicium generale (1333). 

À ces écrits, M. Jos. Koch ajoute la Condamnation des 51 articles 


A06 COMPTES RENDUS 


tirés du Commentaire d’Ockham, en 1326 (publiée par A. Pelzer, 
Revue d'histoire ecclésiastique, 1922, p. 240 et suiv.), parce que 
Durand fut l’un des six théologiens chargés d'examiner l'œuvre 
d'Ockham et qu'il doit être considéré comme l’auteur partiellement 
responsable de cette censure. M. Jos. Koch observe à ce propos, que 
beaucoup d'idées occamistes condamnées par la commission des 
théologiens se trouvent dans la première rédaction du Commentaire 
de Durand sur les Sentences, ce qui pose le problème d’une influence 
possible d'Ockham sur Durand. Selon M. Jos. Koch, on devrait 
répondre par la négative, pour la raison que ces textes de Durand, 
qui semblent occamistes, doivent être datés de 1307/8, comme nous 
avons vu, alors qu'il n’est entré en contact avec la pensée d'Ockham 
qu'en 1325-1326 (p. 171). L’argument ne nous semble pas concluant 
car le fait que Durand fut l'un des censeurs d’Ockham en 1326 ne 
prouverait pas qu'il n'ait pu connaître plus tôt ses idées. La vraie 
preuve, du point de vue de M. J. Koch lui-même, nous semblerait 
être le fait que, si la chronologie qui précède est juste, les écrits 
« occamistes » de Durand dateraient de 1308, tandis que le Commen- 
taire d'Ockham daterait au plus tôt, de 1318-1320 (J. Horer, Bio- 
graphische Studien über W. von Ockham, dans Arch. francisc. hist., 
1913, p. 232). De toute façon, la conclusion de M. Jos. Koch reste- 
rait vraie, et il est inutile d’en souligner l’importance pour la préhis- 
toire de l’occamisme ; il se confirme de plus que la via moderna 
n'était pas une nouveauté. De ce même fait découle une autre obser- 
vation très importante de M. Jos. Koch. Il faut abandonner Ja 
légende traditionnelle d'un Durand de Saint-Pourçain qui aurait été 
d’abord thomiste et se serait ensuite retourné contre saint Thomas 
(voir l’amusante note 4, p. 188). La vérité est que Durand a com- 
mencé par être anti-thomiste, et qu'il a modéré certaines expressions 
dans les rédactions suivantes de son Commentaire (p. 190). Il n’a 
jamais abandonné certaines de ses premières idées (p. 195). 

Concernant le caractère de l'œuvre de Durand, M. Jos. Koch estime 
qu’elle est avant tout philosophique; pour lui, comme pour la plu- 
part de ses contemporains, la théologie est avant tout philosophie 
appliquée (p. 192); à l’intérieur de la philosophie, ce sont les ques- 
tions psychologiques, et surtout métaphysiques, qui le préoccupent; 
à l’intérieur de la métaphysique, il considère comme le plus impor- 
tant de tous les problèmes celui de la Relation. Sa thèse fondamen 
tale est que « relatio est alia res a suo fundamento, et tamen non 
facit compositionem » (p. 193); appliquée à la théologie, elle 
l’engagea dans des hérésies Trinitaires; appliquée à la psychologie, 
elle entraina le rejet des species et de l’intellect agent. Parti d’un 
point de vue différent de celui de saint Thomas, Durand développa 
sa doctrine en corrigeant certaines thèses, plutôt à cause de l'impres- 
sion produite sur son esprit par les arguments de certains de ses 
adversaires, qu'à cause des censures dont il fut l’objet (p. 195). 

Dans la deuxième partie de son livre, M. Jos. Koch étudie précisé- 


mnt 


COMPTES RENDUS 407 


ment les écrits des adversaires de Durand de Saint-Pourçain : Herveus 
Natalis, O. P., Petrus de Palude, Jacques de Lausanne, Jean de Na- 
ples enfin, qui représente contre Durand l'orthodoxie thomiste stricte 
(p. 314). Bernardus Lombardi, au contraire, est un adversaire plus 
modéré; néanmoins son Ille Livre des Sentences est presque entière- 
ment dirigé contre Durand, en admettant que cette œuvre soit bien 
de lui (p. 314). Durandellus, enfin, serait le dernier des adversaires 
dominicains de Durand (p. 340), ce qui nous vaut une étude entière- 
ment neuve sur son œuvre et sa personnalité. On sait que l'identité 
de ce personnage est demeurée énigmatique ; en désespoir de cause, 
on l’a souvent identifié à Durand d’Aurillac; M. Jos. Koch juge cette 
identification impossible ; l'écrit attribué à Durandellus, les Eviden- 
tiae contra Durandum, serait sorti de l’école de Jean de Naples, à 
Naples même, entre 1323 et 1345, probablement en 1330 ; la person- 
nalité même de l’auteur n’a pu être identifiée. Les résultats de cette 
enquête sont aussi précieux en ce qui concerne l'intelligence de l'œu- 
vre de Durand, que pour l’histoire de l’Université de Paris de 1307 à 
1330 et pour l'histoire de l’Ordre dominicain (p. 392-393). L’ou- 
vrage de M. J. Koch se termine par une vie de Durand de Saint- 
Pourçain (p. 395-436) Il est rare de rencontrer un travail aussi 
complètement original et aussi fécond. Ce sont les bases historiques 
de l'étude d’un tiers du xive siècle philosophique qui se trouvent 
établies, et l'exemple de ce qu’il faudrait faire pour Duns Scot et 
Pierre d'Auriol qui nous est donné. Le livre de M. Jos. Koch est 
au-delà de tout éloge et l’on attendra avec impatience l'exposé doc- 
trinal qui doit le compléter. 
ÉTIENNE GiLsoN. 


MaRTIN GRABMANN. Mittelalterliches Geistesleben, — München, 
Max Hueber, 1926. In-8° x1-585 p. 


Mgr Martin Grabmann a eu l’excellente idée de réunir en un volume 
considérable les articles qu’il avait dispersés dans une quantité de 
publications allemandes et étrangères. Ceux qui savent combien il est 
impossible d'étudier une question sans s'informer de ce que cet érudit 
en a écrit, accueilleront avec joie cette publication. I.e sous-titre du 
recueil : études sur l’histoire de la scolastique et de la mystique, en 
indique la double orientation. Il s’agit de saisir la scolastique et la 
mystique, la pensée philosophique et religieuse du moyen âge, dans 
leur étroite et intime union avec la culture médiévale ou, si l'on 
préfère, de les considérer comme formes et fonctions de la vie de 
l'esprit au moyen âge. Mgr Grabmann rappelle qu'il a déjà insisté sur 
la nécessité de connaître la philosophie et la théologie du moyen âge 
Pour comprendre la culture et l'esprit de cette époque ; il est super- 
flu de dire que nous l’approuvons : malheureusement, les historiens 
considèrent généralement comme plus facile de nier l’intérèt de ces 
doctrines que de les étudier. Même les érudits qui pratiquent avec 


408 COMPTES RENDUS 


scrupule l’histoire littéraire et s'imposent l'exactitude la plus minu- 
tieuse s’il s'agit de fixer la date d’un écrit ou d'en déterminer l’auteur, 
émettent les assertions les plus surprenantes concernant les doc- 
trines sans avoir conscience de violer les règles de la méthode his- 
torique. C'est que, semble-t-il, les idées ne sont pas encore considé- 
rées chez nous comme des objets d'histoire ; les numéros des manus- 
crits sont des faits historiques, les doctrines qu’ils contiennent n'en 
sont pas. 

À ceux qui ne désespéreraient pas de voir une collaboration s’éta- 
blir entre l’histoire littéraire et l’histoire des idées, nous conseillons 
la lecture de l’article de Mgr Grabmann, Objets et méthodes de recher- 
ches dans le domaine de la scolastique et de la mystique médiévales, 
p. 1-49 ; ils y trouverontun programme de travaux auxquels il ne 
serait pas déshonorant de coopérer. En ce qui concerne plus parti- 
culièrement l’histoire des doctrines franciscaines, on lira avec profit 
l'étude consacrée au Collège Saint-Bonaventure, à Quaracchi, et aux 
méthodes de travail que l’on y emploie ({p. 50-66). Dans le mémoire qui 
suit sur Le Droit naturel de Gratien à saint Thomas, se trouvent 
d'intéressantes pages sur Jean de la Rochelle, Alexandre de Halès, 
saint Bonaventure, Mathieu d’Aigueperse (p. 76-90). L'Étude de la phi- 
losophie linguistique au moyen âge appelle l'attention sur la Summa 
grammaticae inédite de Roger Bacon (références aux mss., p. 118) et 
prouve (p. 118-125) que la Grammatica speculativa attribuée à Duns 
Scot est de Thomas d’Erfurt. Les longues Études sur Ulrich de 
Strasbourg (p. 147-221) veulent apporter simplement quelques images 
neuves de la vie intellectuelle dans l’école d’Albert le Grand. Il con- 
viendrait, soit dit en passant, de commencer par le maitre lui-même 
dont l’œuvre est à peu près terra incognita. Mgr Grabmann discute, 
entre autres questions, l'authenticité d’un Commentaire sur les sen- 
tences attribué à Ulrich, et considère comme certain qu'il en ait 
composé un. Mlle J. Daguillon (École nationale des Chartes, Position 
des thèses soutenues par les élèves de la promotion 1927, p. 34) a établi 
que l’auteur de ce Commentaire est un second Ulrich, postérieur au 
premier. 

On peut considérer comme entièrement neuve l'étude sur les Écrits 
logiques de Nicolas de Paris (p. 222-248). Mgr Grabmann estime 
qu'il serait nécessaire de les bien connaître, afin de préciser notre 
connaissance de la Faculté des Arts de l’Université de Paris au temps 
de saint Thomas. Rien de plus juste. I] rappelle en outre les obser- 
vations de C. Michalski sur les lignes de connexion qui relient, par 
les Summulae logices de Pierre d'Espagne et les Summulae de 
Lambert d'Auxerre, le terminisme du xive siècle à l’enseignement de 
la Faculté des Arts de Paris. Notons, à ce propos, que les racines 
du terminisme qui s’épanouit au xiv‘ siècle remontent, par delà le 
xine siècle, jusqu’au xu°. La Faculté des Arts de Paris continae sim- 
plement sur ce point l’enseignement d’Abélard, qui prolonge à son 
tour celui de Roscelin, De la doctrine des voces à celle des sermones, 


COMPTES RENDUS 409 


la distance est courte, et nous nous proposons de montrer prochaine- 
ment que le soi-disant conceptualisme d’Abélard est une fiction; la 
solution de continuité que l’on admet communément entre le nomi- 
nalisme du xn° et celui du xiv* siècle exprime notre ignorance des 
intermédiaires qui les relient, rien de plus nous semble-t-il. 

Le chapitre consacré à Petrus de Hibernia, maïtre de jeunesse de 
saint Thomas d'Aquin (p. 249-265) est une analyse du travail de 
CI. Baeumker sur ce personnage. À propos de la distinction proposée 
par Baeumker entre deux stades du mouvement aristotélicien, l’un 
dominé par Avicenne, l’autre par Averroës (p. 260), il importe d'obser- 
ver que l'influence d’Averroës n’a jamais éliminé celle d’Avicenne, 
ni au xt‘, ni même au xiv° siècle ; on pourrait dire, pas même au 
xvie siècle. Il faut donc reconnaitre que l'influence averroïste com- 
mence plus tard, mais que même après son début, celle d’Avicenne 
continue de se faire sentir sur Duns Scot par exemple et sur son 
école. L'expression de « stade » n’est pas exacte. À ce propos nous 
espérions qu'on citerait enfin des textes averroiïstes latins soutenant 
l'existence de deux vérités contradictoires (p. 260) ; une fois de plus 
notre espoir a été déçu. Enfin, concernant ce que les textes connus 
de Petrus de Hibernia peuvent nous apprendre touchant l'influence 
de ce maître sur saint Thomas (p. 261), il est bon de noter que ces 
textes sont à peu près contemporains de la Summa contra gentes et 
ne nous permettent donc pas de savoir ce que Pierre enseignait 
15 ans plus tôt, lorsque le jeune Thomas était son élève. Bien plus 
que dans le sens de Baeumker, nous irions dans celui qu’indiquentles 
observations de Mgr Grabmann, p. 263 (cf. p. 295-297) ; c’est l'étude 
personnelle d’Aristote et des commentateurs grecs qui a libéré saint 
Thomas de l’avicennisme dont son Commentaire sur les Sentences 
porte tant de traces. Il va sans dire que, si les inédits que signale 
Mgr Grabmann (p. 264-265) dataient du temps où Petrus de Hibernia 
fut le professeur de saint Thomas, la question pourrait changer 
d'aspect. 

Une série de travaux consacrés aux Commentaires de saint Thomas 
sur Aristote (p. 256-313), au Traité de Ente et essentia et la méta- 
physique de l'être chez saint Thomas d'Aquin (p. 314-331) apportent, 
surtout le premier, de précieuses indications. Nous aimerions savoir 
si l'on connaît la date de la traduction du commentaire de Themis- 
tius sur le De anima par Guillaume de Moerbeke (p. 296-297) ; cet 
écrit serait en effet d’une importance capitale pour expliquer l’évo- 
lution intellectuelle de saint Thomas. Avec l'étude sur L'École tho- 
miste italienne du xiue et du xive siècle commençant (p. 332-391) et les 
Recherches sur l'histoire de l’ancienne école thomiste dominicaine en 
Allemagne (p. 392-431) c'est tout un monde à peu près inexploré qui se 
révèle à nous ; à chaque page de nouveaux faits sont apportés, de nou- 
veaux jalons plantés pour des recherches ultérieures. L’excellent et 
utile résumé, que l’auteur donne ensuite de l'état des connaissances 
actuelles touchant le problème des traductions latines de Denys, 


410 COMPTES RENDUS 


nous ramène vers des questions mieux connues (p. 449-468) : les 
incipit des quatre traductions latines (p. 467-468) seront un instru- 
ment de travail très commode. Si nous ajoutons que l’on trouvera 
encore dans ce volume un coup d'œil d'ensemble sur La Mystique 
allemande féminine au moyen âge (p. 469-488); une autre sur Le Mys- 
tique bénédictin Jean de Kastl, auteur du De adhaerendo Deo, commu- 
nément attribué à Albert le Grand (p. 489-524) ; une autre enfin sur 
Les Disputationes metaphysicae de Suarez (p. 525-560), on ne pourra 
qu’admirer le puissant remueur de faits et de textes qu’est Mgr Grab- 
mann. Il est vrai que l’historien des idées n’est pas sans éprouver 
quelque mélancolie devant cet àèmoncellement de données nouvelles; 
on peut citer en un jour plus de livres que l’on n’en peut comprendre 
en une vie. M. Grabmann est l’annonciateur d’une terre promise où, 
grâce à lui, nos neveux finiront peut-être par entrer. 
ÉTIENNE GiILsON. 


VALENTIN-M. BRETON, O. F. M. Le Christ de l'âme franciscaine. — 
Paris, Bloud et Gay, 1927. In-80, 226 p. (Collection Charitas). 


C’est au titre de manifestation de l’École franciscaine que nous 
annonçons ce très intéressant ouvrage écrit d’une plume aigüe par un 
Frère Mineur en pleine maturité de talent. 

De même que le P. Schwalm, O. P., a publié Le Christ d'apres 
saint Thomas d'Aquin, alors que le Christ appartient à toute l’Église, 
de même il existe une doctrine franciscaine du Christ, qui dépasse 
la doctrine de certaines autres écoles théologiques ; non dans ce que 
la franciscaine affirme, mais dans ce que les autres nient, contestent, 
mettent en discussion. Conduits par une plus complète appréciation 
du dessein d'amour de Dieu et de la charité de son Fils, les théolo- 
giens franciscains sont parvenus à une science du Christ, où rien de 
ce qu'enseignent l'Écriture et les Pères n’est sacrifié aux exigences 
logiques d’un système humain, où toutes les acquisitions de la pensée 
Chrétienne sont accueillies, recueillies, coordonnées, synthétisées dans 
un ensemble plus digne de Dieu et de son Fils incarné. 

Qu'on lise en particulier la 2e partie : « La Fonction », p. 99-127, et 
l’on sera étonné des vues neuves qui abondent. | 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


CiriLLo CATERINO, O. F. M. Storia della Minoritica provincia 
Napoletana di S. Pietro ad Aram. — Napoli, N. Jovene, 1926- 
1927. 3 vol. in-8o de xxvinr-451, XV-441, x1x-421. Prix 75 lire. 


I. La province actuelle de S. Pietro ad Aram fait partie de la troi- 
sième assise franciscaine de la région napolitaine. 

La première est la province de la Terre de Labour ou de Campa- 
nie, dont Naples devint le chef-lieu, fondée en 1217, qui eut pour 
premier ministre fr. Augustin d'Assise, lequel agonisait au moment 


COMPTES RENDUS A4II 


où saint François rendait l’âme. — Dans le cours du xv° siècle, une 
vicairie observante se forma parallèlement à la province régulière. 
En 1506 elle comptait 45 couvents, et devint en 1517 la continua- 
tion de la province primitive, alors que les mitigés ou Conventuels 
constituaient un groupement à part. L’A. ne parait pas très bien 
informé sur ces trois premiers siècles, [] prétend que depuis la 
seconde moitié du xuie siècle l'Ordre était divisé en trois partis : 
les Spirituels ou zelanti, les Conventuels ou relâchés, et les modérés 
ayant pour chef saint Bonaventure. C’est par trop simpliste. 

Qu’était exactement la Réforme qui se fit jour en Italie vers 1526? 
Rien de comparable à l'Observance du xve siècle qui réagissait contre 
les couvents rentés des mitigés. Au début du second quart du 
xvi* siècle on ne reproche pas de pareils abus à l'Ordre des Frères 
Mineurs. On croit remarquer parmi les religieux une tendance à la 
vie claustrale plus stricte. Chose bizarre, on ne semble pas envisa- 
ger le côté apostolique de l'Ordre qui est pourtant son but. Au fond, 
c'est encore la tendance des Spirituels qui l'emporte, faute de reli- 
gieux éminents pour remettre l'Ordre dans sa véritable voie. Qu'on 
ne s'attende pas à des renseignements de ce genre dans l’ouvrage du 
P. C., il glisse rapidement sur ce sujet qui intéresserait tant les 
psychologues. Nous ne connaitrons même pas la substance des 
constitutions des Riformati. 

La custodie réformée de la Terre de Labour date légalement de 
1525. Mais, avant d’avoir obtenu son indépendance relative vis-à-vis 
de la province mère, elle comprenait des couvents isolés où vivaient 
des religieux selon des lois plus austères. Le premier promoteur de 
la réforme dans le royaume de Naples fut fr. Nicolas Tomacelli 
+ 1530. Il l'établit dans les couvents de Saint-Jean del Palco et de 
Sainte-Marie d’Avigliano. Le P. Etienne Molina obtint quatre nou- 
veaux couvents vers la méme époque. Sous le généralat de François 
de Gonzague (1579-1587), la réforme prit de vigoureux accroissements. 
En 1639 les custodies des Réformés furent érigées en provinces for- 
melles, avec tous les droits yÿ annexés. Celle de Naples comptait 
alors quinze couvents, dont huit venus de l’Observance, et sept de 
fondation nouvelle. Elle alla toujours en se développant, jusqu'à la 
Révolution française qui s'empara du trône de Naples, de 1800 à 
1815. À cette période de désorganisation succéda une ère de glorieux 
relèvement, jusqu'en 1866. La révolution italienne amena de nouvel- 
les ruines. Il fallut attendre l’année 1880 pour reprendre vie. L'union 
des quatre familles de l'Ordre en 1807 demanda un remaniement 
des provinces de la péninsule, deux ans après. Celle de Saint-Jean- 
Joseph de la Croix fut formée de la province réformée de Naples, de 
la majeure partie de la province alcantarine de Naples, d'une moitié 
de la province observante de Naples, et de quelques couvents des 
provinces réformées des Abruzzes et de Saint-Ange de Pouille. 
Elle comprend 43 couvents. Au hout de douze ans, en 1911, on 
voulut revenir à l’ancienne division des provinces en Italie. La Cam- 


412 COMPTES RENDUS 


panie fut morcelée en cinq, puis en six provinces napolitaines. 
Celle qui nous occupe se nomma province de San Pietro ad Aram, à 
cause de son couvent principal, situé à Naples, passé des Chanoi- 
nes Réguliers aux Mineurs Réformés en 1805. 

Elle ne reprenait pas toutes ses anciennes maisons d’avant 1899 ; 
si elle en gagnait quelques-unes, elle en perdait notamment quatre 
dans le diocèse de Nole. 

Le P. C. retrace l'historique des 25 couvents de la province 
actuelle, dont quelques-uns remontent aux premiers siècles de l'Or- 
dre. Le chapitre xxvi concerne le Tiers-Ordre régulier et séculier de 
la province. Un appendice donne le nom de presque tous les minis- 
tres provinciaux de 1639 à 1926. 

Il. Le premier volume était consacré aux couvents et aux vicissi- 
tudes de la province; le second fait l’histoire des religieux qui se 
sont signalés aux xviie, xvin* et xixe siècles. D'abord les martyrs de 
la charité, les Frères Mineurs qui n’ont pas ménagé leur dévouement 
et leur vie pendant la peste de 1656 à Naples, l'épidémie de 1764, le 
choléra de 1837, 1854 et 1884. Viennent ensuite les héros de la vertu, 
les saints frères, et ils sont-nombreux, qui ont mené sur la terre une 
vie céleste. L’A, s'étend plus longuement sur trois personnages du 
xixe siècle, les vénérables François de Naples, Ludovic de Casoria 
et Michel-Ange de Marigliano. 

Le second (1814-1885) fut un homme prodigieux. Ses nombreuses 
fondations religieuses, littéraires, et surtout de bienfaisance, l’égalent 
à saint Vincent de Paul. 

Quatre chapitres résument les travaux de la province dans les 
missions de Terre-Sainte, Haute-Égypte, Éthiopie, Albanie, Tur- 
quie d'Asie et Chine. 

Parmi les hommes remarquables de la province napolitaine, deux 
entre autres méritent de fixer l'attention: Bonaventure Cavallo, l’un 
des plus grands orateurs de son temps, 1689, après vingt ans d’épis- 
copat à Caserte ; et Jean de Naples, ministre général de l'Ordre, de 
1645 à 1648. Pendant son court généralat bien rempli, il stimula les 
provinces pour compléter la Chronique de Fr. de Gonzague publiée 
à Rome en 1587. Les travaux des Ultramontains devaient être con- 
centrés à Madrid, et ceux des Cismontains à Rome. Faute sans doute 
de préparation suffisante, on envoya un véritable chaos d’écrits, où 
dans certaines pages il ne se trouvait pas deux ou trois périodes 
ayant un sens. L'affirmation est tirée de l'auteur de la Chronologia 
historico-legalis en 1650. 

Dans une quatrième partie, le P. C. retrace le mouvement scotiste 
au xvu* siècle dans l'Italie méridionale. Il énumère les théologiens, 
les orateurs, les historiens et les hagiographes; et fait une belle part 
aux arts et à la musique. Le volume se termine par la bibliographie 
des auteurs encore vivants. 

III. Le dernier tome renferme de précieux documents. Tout 
d’abord la Chronique de la province réformée de la Terre de Labour 


COMPTES RENDUS 413 


publiée pour la première fois, p. 1-172. Composée par le P. Antoine 
de Saint-Laurent, vers 1680, citée en 1682 par D. de Gubernatis, 
dans son Orbis Seraphicus, I, 258, elle devait donc se trouver à cette 
époque dans les Archives de l’Aracoeli à Rome. On la croyait à 
jamais perdue, comme tant d’autres, après la dilapidation du cou- 
vent généralice en 1708, lorsque l’archéologue oratorien G. Tagliala- 
tela la rencontra par hasard au milieu de livre de toutes provenances 
dans un bric-à-brac de Naples, vers 1902-1905, et l’acheta pour quel- 
ques sous. — Le Regestum de la province, de 1768 à 1856, rédigé 
par le P. Raphaël Jaccarino, de Pozzuoli, ministre provincial, mis 
au jour également pour la première fois, p. 173-193. — Suivent des 
pièces de tout genre, du xnie au xix° siècle, se rapportant aux couvents 
de la province (p. 194-362). — Ici le P. CG. nous confie son désir et 
en même temps la difficulté de dresser un bullaire, mais il laisse aux 
éditeurs de Quaracchi (p. 359) le soin de continuer la colossale 
entreprise de Sbaraglia et d'Eubel. Pourtant il a relevé le sommaire 
de quinze bulles concernant la Terre de Labour au x‘ siècle. Pour- 
quoi n’a-t-il pas poursuivi le même travail pour les siècles suivants 
puisqu'il savait où puiser ? Un catalogue de ce genre est toujours fort 
utile aux érudits. 

Les tomes I et II contiennent 105 illustrations généralement assez 
bien réussies : vues de couvents et d'églises, reproductions de fres- 
ques et de portraits de religieux. Il faut signaler, t. I, p. 47, un très 
curieux portrait de la reine Sanche, épouse du roi Robert d'Anjou, 
morte Clarisse en 1345; il représente la reine couronnée, avec un 
regard d’une expression indéfinissable. Cette peinture du xiv* siècle 
existerait au réfectoire de Sainte-Claire de Naples (monastère de 
Clarisses fondé par la reine Sanche et récemment passé aux Frères 
Mineurs). M. Émile Bertaux n’y fait aucune allusion dans Santa 
Chiara de Naples, l’église. et le monastère des religieuses, extrait des 
Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par l’École française de 
Rome, t. XVIII, 1898. Par contre p. 186, il décrit un vrai chef-d’œu- 
vre, un Christ bénissant, du xive siècle, reproduit hors texte pl. V. 
— À signaler encore t. Ier, p. 20, le sarcophage de fr. Ange d’Aversa, 
0. F. M., archevêque de Trani, + 1575. Le prélat à demi-couché 
porte encore la chassuble gothique et la mitre médiévale. 

Des tables très détaillées ajoutent encore à la valeur de ce bel 
ouvrage. 

Il faut espérer que le R. P. Caterino, qui sait écrire l’histoire à 
la moderne, avec clarté et d’après les documents, complètera son 
œuvre en nous donnant un jour les trois premiers siècles de la pro- 
vince de la Terre de Labour. 

HENRI LEMAÎTRE. 


A14 COMPTES RENDUS 


Le Père Joseph Denis, premier Récollet canadien (1657-1736), par 
le R. P. Hucouin [Lemay], o. f. m., avec une Introduction par 
M. Ægidius FAUTEUx. — Québec, impr. de Laflamme, 1926. 2 vol. 
in-16, 204-207 p., pl. 


Nous sommes déjà redevable au P. Hugolin de plusieurs travaux 
bibliographiques sur les Récollets au Canada : Bibliographie francis- 
caine, inventaire des revues, livres, brochures et autres écrits publiés 
par les F'ranciscains du Canada,de 1890 à r9r5 (Québec, 1916,in-8, 
143 p.), Bibliographie du Tiers-Ordre séculier de Saint François d’As- 
sise au Canada (Montréal, 1921, in-8, 150 p.). Le présent ouvrage a 
pour but de retracer la vie du premier Récollet, né au Canada et de le 
faire revivre dans son milieu. La tâche n’était pas aisée, car les Ré- 
collets n’ont pas d'archives constituées et il faut chercher çà et là les 
renseignements qui concernent leurs établissements. Ce n'est que 
petit à petit en procédant par monographies successives que l’on par- 
viendra à reconstituer leur histoire, aussi doit-on être particulière- 
ment reconnaissant aux premiers pionniers qui s’aventurent à défri- 
cher le terrain et qui sont assez hardis pour publier les résultats 
de leur enquête, si partiels soient-ils. Leur courage n’aura pas été 
inutile, car, la première pierre d’attente une fois posée, ils n’en pour- 
ront que mieux continuer l'édifice. Chacun leur apportera son con- 
cours et les quelques critiques qu’aura suscitées leur audace, les 
aideront elles-mêmes en leur montrant où ils doivent surtout porter 
leur effort ou en leur signalant les quelques détails qui leur auront 
échappé. 

Le religieux étudié par le P. Hugolin est particulièrement repré- 
sentatif, il a tenu une place importante dans l’histoire des Récollets 
au Canada, tant par son activité comme évangélisateur que par son 
habileté comme chef de communauté. Le P. Hugolin a su parfai- 
tement le faire revivre devant ses lecteurs, il a donné d’excellentes 
descriptions des endroits où il a passé, il a retracé avec beaucoup 
d'animation le cadre où il a exercé son ministère. Aussi faut-il le féli- 
citer vivement; le public lui sera reconnaissant d’avoir si bien pré- 
senté un tableau du Canada d'autrefois ; quant aux historiens, ils lui 
devront la révélation de maints documents inédits. Signalons en 
finissant que le deuxième tome se termine par une bonne table des 
noms propres, 

HENRI LEMAÎTRE. 


KuensTLE (Dr Karl). Zkonographie der Heiligen. — Fribourg-en- 
Brisgau, Herder, 1926. Gr. in-8°, 608 p., 284 photogravures. 
40 GM. 


Le traité d'iconographie chrétienne de Heinrich Detzel étant épuisé 
dès longtemps avant la guerre, les éditeurs Herder et Cie avaient 


= y 


COMPTES RENDUS 415 


chargé M. Kuenstle, professeur à l'Université de Fribourg, d'en pré- 
parer une nouvelle édition. Mais au cours du travail de remaniement, 
M. Kuenstle constata que presque tout était à refaire; aussi la pré- 
sente édition doit-elle être regardée comme un livre original. 

Tous les saints principaux, classés par ordre alphabétique, ont été 
étudiés selon un plan uniforme : données historiques ; légende et 
sources littéraires (bibliographie spéciale au saint); indication du rap- 
port des thèmes légendaires et des thèmes iconographiques ; énumé- 
ration, avec indication précise des numéros de catalogues, de musées 
et de collections particulières quand il y a lieu, des représentations 
typiques du saint (sculpture, peinture), soit isolées, soit en combinai- 
son avec d’autres personnages profanes ou sacrés, à partir de la 
plus ancienne connue ; enfin indication des scènes tirées de la 
légende (rétables, etc.). 

Il va de soi que ce plan fondamental n’a pu être appliqué intégrale 
ment qu'à certains saints très populaires (Agathe, Sébastien, Ursule, 
etc.), alors que, pour d’autres moins répandus, les indications sont 
peu nombreuses. 

Les illustrations ont été choisies de manière à montrer les princi- 
pales variantes du type iconographique fondamental; elles sont 
admirablement venues ; et on doit adresser des éloges à l’éditeur 
pour l'excellence des clichés et des tirages, qualité qui tend ces temps 
derniers à devenir si rare. 

Pour porter un jugement sur cet ouvrage, il convient de rappeler: 
1° qu’il est destiné surtout au grand public, aux amateurs d'art et, 
d'autre part, aux prêtres qui ont besoin d'identifier les représenta- 
tions sacrées en présence desquelles les met leur ministère; 2° que 
Ce public est essentiellement allemand. Il s'ensuit que ce sont surtout 
des tableaux et des statues existant dans les cathédrales, églises, ora- 
toires, ou conservés dans des musées de l'Allemagne, que l’auteur 
décrit; de ci de là, on trouve naturellemment des renvois à des 
œuvres italiennes, suisses, flamandes, françaises, en tant que prototy- 
pes, parfois aussi, quand les documents le permettaient, l’auteur indi- 
que des parallèles byzantins. 

Ce n’est donc pas un catalogue complet de toutes les représenta- 
tions connues de tous les saints. Une telle œuvre, d’ailleurs, serait- 
elle possible? Mon ami, M. le comte de Lapparent, s’est spécialisé 
dans l'étude de sainte Barbe : les documents iconographiques con- 
Cernant cette sainte, soit seule, soit associée, qu’il a recueillis jusqu'ici 
dépassent 1800; M. Stueckelberg, l'excellent hagiographe de Bâle, 
possède une collection iconographique de plus de 30.000 pièces; en 
Suède, l'Association des dentistes a créé un musée consacré à la 
Patronne de leur profession, sainte Apollonie ; j'ignore le nombre 
des pièces mais d’après mes documents comparatifs personnels 
(sainte Apollonie ayant plusieurs sanctuaires en Savoie), je suis cer- 
tain que ce nombre se monte à plusieurs milliers. L’iconographie 
de saint Hubert est considérable. Si donc l’on voulait donner une 


416 COMPTES RENDUS 


iconographie complète de tous les saints sans exception, ce n’est pas 
un, mais plusieurs volumes comme celui-ci qu'il faudrait. 

Le traité général de M. Kuenstle a été aussi soumis à d’autres limi- 
tations. Les reproductions sont nombreuses ; mais on ne voit pas 
bien selon quel plan elles ont été choisies. Elles ne reproduisent pas 
nécessairement l’image peinte ou sculptée la plus ancienne, ni d’au- 
tre part celle où seraient figurés tous les attributs du saint. 

Beaucoup de saints français manquent (Bernard de Menthon, Gué- 
rin, Grat, Malo, Menou, etc.) Sans doute parce qu'il n'en existé pas 
de représentations en- Allemagne. 

D'autre part, il n’a presque partout été tenu compte que des repré- 
sentations « artistiques » ou « savantes», mais peu de l’iconographie 
populaire. Pourtant, il y a des renvois aux publications folkloriques 
pour les saints Éloi, Léonard, Martin. Pour sainte Gertrude de Nivel- 
les, il faudrait tenir compte de l'excellent article de M. Gessler dans 
le Folklore brabançon, 1925, et en général, pour plusieurs saints véné- 
rés en Allemagne, des deux volumes de Émile van Heurck sur l’/rea- 
gerie populaire et sur les Drapelets de pélerinage. | 

On doit dire que ce domaine de l’iconographie populaire est encore 
très peu exploré. Mais je crois savoir que M. Kuenstle s’en occupe en 
ce moment et en parlera dans son tome II. 

En ce qui concerne spécialement les saints franciscains, la docu- 
mentation est aussi très variable. La base est naturellemenc l’icono- 
graphie italienne ; pour celle de saint François, dix-sept pages et 
5 fig., la bibliographie est à jour; saint Antoine de Padoue a reçu un 
traitement de faveur ; il est vrai que les dix-huit pages qui lui sont 
consacrées sont fondées surtout sur le livre de C. de Mandach (1899); 
la représentation iconographique de ses miracles est classée sous 
14 rubriques ; 5 reproductions accompagnent l’article ; il y a 4 repro- 
ductions pour sainte Claire; l’article se termine par l'analyse des 
sept tableaux de l'école de Wohlgemut conservés à Bamberg. Pas de 
reproductions de saint Bernardin de Sienne. Pour saint Louis de: 
France, la bibliographie est à jour. À sainte Élisabeth de Hongrie 
est consacré un article très détaillé, de 9 pages avec 4 illus- 
trations. Par contre saint Roch, 3 pages et 1 seule reproduc- 
tion, méritait mieux. 

Les autres saints franciscains étudiés par M. Kuenstle sont: saint 
Bonaventure (2 reproductions), saint Fidèle (1 image de dévotion), 
Jean de Capistran (1 ill.), Catherine de Bologne, saint Louis d'An- 
jou, d’après Bertaux et Kleinschmidt (1 fig.), Marguerite de Cortone, 
Pascal Baylon, Rose de Viterbe. 

La description des saints et de leurs attributs et représentations est 
précédée de deux introductions, l’une relative à l’hagiographie, l'au- 
tre à l’iconographie religieuse. Une bibliographie choisie les précède. 
L'auteur prend résolument parti contre l’école qu’on pourrait appe- 
ler « survivaliste » et qui pense retrouver dans le culte des saints en 
général ou de certains saints particuliers des survivances de person- 


COMPTES RENDUS 417 


nages sacrés (ancêtres, héros, dieux, démons, etc.) de l'antiquité 
païenne, soit classique soit gallo-germanique. Il attaque assez forte- 
ment Usencer, Rendell Harris, Lucius et adopte plutôt le point de vue 
du P. Delehave, mais prend en définitive une position conciliante. 
Il admet que, dans certains cultes et légendes de saints, peuvent sub- 
sister des éléments païens antérieurs, mais ajoute : « De ce qu’un 
saint a hérité quelque chose d'un dieu il ne cesse pas pour cela de 
conserver son individualité » (p. 11). 

Puis vient un historique de la formation et de l’extension du culte 
des saints au moyen âge. On eût désiré voir analysée de plus près 
l’action des Ordres monastiques ; ainsi saint Léonard de Limoges est 
partout une exportation cistercienne. D'autre part je ne suis pas 
d'accord avec l’auteur quand, à la suite de la plupart des hagiogra- 
phes, il pense que les patronages sont un indice de culte propre- 
ment dit ; il ne distingue d’ailleurs pas entre le culte vraiment popu- 
laire et le culte liturgique, qui souvent se borne à la simple mention 
du saint au cours des offices sans que le peuple y ait attaché la 
moindre idée ou le moindre sentiment de vénération. Je compte 
insister sur ce point ailleurs, ainsi que sur cette opinion, que « les 
Ordres monastiques, notamment les Dominicains, les Ordres mili- 
taires et les Carmélites ont été la cause de patronages nouveaux » 
(p. 15). 

L'introduction iconographique ne signale comme sources généra- 
les pour la France que Canier, Caractéristiques, éd. en 2 vol., et 
Mâle, 2 vol. puis, par endroits, RonAuLT DE FLEURY, Saints de la 
Messe. Pourtant notre littérature est plus riche que cela; et Mâle 
n'est pas toujours un guide très sûr, surtout dans ses généralisations. 
Bonne discussion sur les « attributs », bien conduite et sans préjugés. 
Le choc en retour de l'attribut figuré sur la légende est bien expli- 
qué ; il aurait fallu insister sur la diffusion des attributs par les 
pélerins. 

D'ailleurs, il serait injuste de formuler trop de critiques en ce mo- 
ment. M. Kuenstle compte en effet consacrer un second volume à 
«la doctrine iconographique, au traitement des motifs accessoires 
didactiques et à l’iconographie des révélations de l'Ancien et du 
Nouveau Testament », où devront être nécessairement discutés de 
nouveau divers points de méthode et d’interprétation. 

Le maniement de l’ouvrage est facilité par deux index, l'un des 
attributs, l’autre des patronages de corporations et des spécialités 
médicales. 


À. VAN GENNEP. 


Revux D'HisTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 27 


PÉRIODIQUES 


Archivo lIberico-Americano. Revista de estudios historicos. 
— Madrid-10, Cisne, r2. 


Année 1926, t. XXV-XXVI. 


ANDRÉS Îvars, O. F. M. El escritor Fr. Francisco Eximene; en 
Valencia, 1383-1408. Cf. t. XXIV, p. 225 et sq.; t. XXV, p. 548, 
289-333. (A suivre.) 

ATANASsIiO LorEez, O. F. M. Descripciôn de los manuscritos fran- 
ciscanos existentes en la biblioteca provincial de Toledo, p. 49-105, 
173-244, 334-382. — Parmi les 78 mss. décrits avec beaucoup de 
soin, il faut remarquer les importantes notices consacrées à Ponc: 
Carbonnel et à Alphonse de Spina. 

P. Carbonnel (n°: 27-34, p. 88-105, 173-202) ne fut pas maître de 
saint Louis d'Anjou, comme on l’a écrit. Ce n'est pas entre 1272 et 
1270 qu’il commenta l’Écriture Sainte, ainsi que l’affirme Sbaraglia. 
Il dédia son œuvre (en huit volumes) au neveu de saint Louis de 
Toulouse, Don Juan d'Aragon, archevêque de Tolède de 1319 à 1328, 
puis de Tarragone jusqu’à sa morten 1334. En dehors de ces com- 
mentaires on ne lui connaît aucun autre ouvrage certain {1}. Au 
xvue siècle on l’a cru faussement auteur de la Catena aurea de 
saint Thomas d'Aquin sur les Évangiles. Il mourut au couvent de 
Barcelone vers 1337. Voir à son sujet une notice du P. Pou, dans 
Archivo Iberico-Amer., t. XVIII, p. 5-21. 


(1) A l'occasion d'un Ars dictandi faussement attribué à P. Carbonnel, le 
P. Lopez donne (p. 203) des extraits d'un autre Ars qui porte le nom de 
Jean-Gilles de Zamora, O. M., du x siècle. Voici Ia lettre à lui adressée 
par le provincial de Touraine : 

« In Christo sibi karissimo fratri J{oanni] Egidii, fr. N., fratrum provin- 
cie Turonie minister et servus, salutem et pacem in Domino sempiternam. 
Ad precum vestrarum instantiam et consolationem augendam condo 
vobis tenore presentium quatenus ire possitis Parisius pro vestris ExPp£- 
diendis negociis. Per obedientiam salutarem mando nichilominus guaf 
diano Aurelianensi vel ejus vicario, quatinus teneatur vobis de socio 
providere juxta vestre beneplacitum voluntatis, nisi alia societas vobi$ 
o[c}currerit opportuna ». 

Bibl. real de Madrid, ms. 2. L. 5., papier, xve siècle : Lamorensis Ari 
dicendi, fol. 49 r. 

Sur Jean-Gilles de Zamora, cf. Archiv. Ibero-Amer., 1. 1, 550-551; t. XXI, 
66. 


__— 


RS EE PP mn a 


-PÉRIODIQUES 419 


\ 

A. de Spina (p. 346-381). — Le P. Lopez publie d'abord une disser- 
tation du P. Vincent Manuel Castraño. O. M., datée du couvent de 
Saint-Jean-des-Rois, à Tolède, 27 novembre 1791, où il relève les 
erreurs commises par Castro dans la Biblioteca española au sujet 
d'A. de S. (p. 346-349). Ce Franciscain, dit sans preuves Juif con- 
verti, naquit à Palencia, prit l’habit de l’Ordre au couvent de cette 
ville, était régent de théologie au couvent de Salamanque en 1452, 
composa entre 1485 et 1486 son Fortalitiüm fidei contre les juifs et 
les musulmans, le fit imprimer en 1487, devint évêque titulaire de 
Thermopyles, puis de Tripoli en 1491, et mourut après 1495. — A la 
suite l'A. publie une analyse détaillée de l'ouvrage (p. 360-372) et 
en cite les différentes éditions. Il signale deux mss. d'une traduction 
française, faite à la fin du xve siècle, par Pierre Richart, prêtre et en 
curé de Marques, l’un conservé à la bibliothèque de Douai, n° 515 : 
« La Forteresse de la Foy par Alphonse de Spina, religieux fran- 
ciscain », l'autre à la bibliothèque des ducs de Bourgogne à Bruxel- 
les, n° 9007. 

EPiFanlO DE PiNAGA, O. F. M. Cartas autôgrafas de Sor Maria de 
los Dolores y Patrocinio, p. 106-112. — Cette religieuse concep- 
tioniste, + le 27 janvier 1891, persécutée par la révolution espagnole, 
passa en France, fonda à Montmorency, Bonneuil, Paris et Bellac, 
“es monastères qui ne subsistèrent pas, puis retourna en Espagne 
en 1877. Un bon compte-rendu de sa Vie, publiée en 1925, se lit 
dans le même n° de l'Archivo, p. 121-128. 

Lorenzo PÉREZ, O.F. M. Registro de las provincias de la Regular 
Observancia de S. Francisco : Provincia de San Miguel supra e infra 
Tagum, p. 112-119. — Analyse des actes du P. Juan Pasqual, 
ministre provincial, de 1816 à 1818. 

Id. Registro de las provincias de la Regular Observancia de N. P. 
San Francisco, sujetas à la inmediata filiacion de N. Rmo P. Fr. 
Manuel Malcampo, vicario general en los dominios de España, 
P. 383-388. — Analyse des actes du P. Vicente Belver, ministre pro- 
vincial de Valence, en 1816-1818. 

Ib. Sublevaciôn de los chinos en Manila el año de 1603, p. 145-172.— 
Relation de la protection accordée par saint François aux Espagnols, 
lors de l'assaut des murailles de Manille par les Chinois. On le vit 
Sur les remparts « avec une épée de feu », empêchant les assaillants 
d'avancer. 

AxDRÉS Jvars, O. F. M. El mausoleo de la'infanta Dona Teresa de 
Entenza en el convento de San Francisco de Zaragoza, por el 
escultor Pedro Moragues, p. 245-250. — Thérèse d'Entenza, première 
femme d'Alphonse IV d'Aragon, mourut le 27 octobre 1327 et fut 
enterrée dans l’église des Frères Mineurs de Saragosse. Deux de ses 
enfants, morts en bas âge, Sancho et Isabelle, furent enterrés dans la 
même église, l’un en habit de Franciscain et l’autre en habit de 
Clarisse, Le 2 novembre 1381, Pierre IV d'Aragon, fils de la susdite 
reine, passa marché avec le sculpteur Pierre Moragues, pour la 


420 PÉRIODIQUES 


somme de 500 florins d'or, afin d'élever à sa mère un mausolée 
reposant sur quatre grands lions, et au bas un autre mausolée avec 
les effigies des deux infants. L'A. publie le document inédit, intéres- 
sant pour l’histoire de l’art au xiv' siècle. 

Pacirico SENDRA, O. F. M. Testamento de la noble Da. Saurina de 
Entenza legando parte de sus bienes para fundar un convento de 
Clarisas en Jativa (Valencia), p. 250-261, avec un hors texte repré- 
sentant l'infante et son mausolée. — Saurina de Entenza épousa 
Roger de Lauria, amiral des royaumes d'Aragon et de Sicile, en 1291. 
Gravement malade, elle dicta son testamenit, le 25 août 1325, char- 
geant ses exécuteurs de tout disposer, avec le conseil du gardien des 
Frères Mineurs de Valence et de son confesseur fr. Gil Pérez de 
Albarracin, O.. M. Elle choisit sa sépulture au monastère des 
Clarisses de Jativa qu’elle se propose de fonder avec une partie de 
ses biens. — Les différentes dispositions de ce testament, publié 
d'après les archives du monastère de Jativa, sont des plus intéres- 
santes pour l’histoire franciscaine du xive siècle. 

José Maria Pou y Marti, O. F. M. Visionarios, beguinos y frati- 
celos catalanes (siglos XII-XV). Cf. t. XI, p. 113-231 ;t. XII, p. 8-53; 
t. XIV, p. 5-51;t. XV,p. 5-25; t XVIII, p. 5-47 ;t. XIX, p. 25-40; 
t. XX, p. 5-37, 289-320 ;t. XXI, p. 348-368; t. XXII, p. 281-326; 
t. XXIII, p. 10-58, 349-369 ; t. XXIV, p. 198-232 ; t. XXVI, p. 5-47. 
— Nous ne pouvons que mentionner ici brièvement les savantes 
études du P. Pou sur les visionnaires catalans, du xurie au xv* siècle; 
qui mériteraient un compte-rendu plus approfondi. Des notices 
comme celles consacrées à l'infant Pierre d’Aragon, à François et 
Jean Ximénès, sans parler des autres, renouvellent entièrement ce 
qu’on savait vaguement sur ces personnages franciscains. Le futur 
historien de l'Ordre au moyen âge ne pourra les ignorer. 

ATANAsIO Lopez, O. F. M. Vida de Fr. Martin de Valencia, escrita 
por su compañero Fr. Francisco Jimenez, p. 48-83. — Martin de 
Valence, de la province des Déchaussés de Saint-Gabriel, partit avec 
onze Franciscains pour le Mexique, en 1524 et mourut à México en 
1534. Il figure parmi les plus remarquables missionnaires de l’Amé- 
rique. Malgré sa grande austérité, il aimait la nature, les arbres, le 
chant des oiseaux (p. 81). Sa vie, composée par son compagnon 
Fr. Ximénez, a servi de base à tous les historiens qui ont parlé de 
lui. On la croyait perdue depuis 1580 environ. Le P. Lopezena 
retrouvé la majeure partie à la bibliothèque provinciale de Tolède, 
n° 49 [Est. 8-2]. 11 la publie (p. 50-78) en la divisant en douze 
chapitres et en l’accompagnant de notes excellentes. 

Lorenzo PÉREZ, O. F. M. Fr. Matias de San Francisco, procu- 
rador de la provincia de San Gregorio y compañero del beato Juan 
de Prado en las misiones de Marruecos, p. 83-101. — M. de S. Fr. 
né à Villarejo de Salvanès, province de Madrid, probablement en 
1568 (les dates des documents sont contradictoires), dut prendre 


PÉRIODIQUES 421 


l'habit des Déchaussés, dans la province de Saint-Joseph en 1588, et 
passa aux îles Philippines en 1585. On le nomma procureur de la 
province de Saint-Grégoire des Philippines en 1618 et, jusqu’en 
1623, il exerça sa charge près des cours de Madrid et de Rome, s’em- 
ployant à envoyer des missionnaires dans cette colonie espagnole. 
En 1623, il s’agrégea à la province de San-Diego d’Andalousie, et 
arriva au Maroc le 3 avril 1631 avec le B. Jean de Prado qui y trouva 
le martyre. Le P. M. de S. Fr. rentra en Espagne, accablé par 
la fatigue et les souffrances, et mourut à Cordoue le 14 mai 1644. — 
Notice élaborée d’après 14 documents tirés des Archives générales 
des Indes à Séville, publiés et annotés par le P. Pérez. 

Finec Lesarza, O. F. M. Fr. Manuel Rodriguez, escritor franci- 
scano del siglo XVI, p. 109-128. — M.R., né à Estremoz en Portugal, 
prit l’habit franciscain dans la province de Santiago, fut l'élève de 
Jean de Rada, O. M., et mourut au couvent de Salamanque en 1613. 
Sbaraglia a cru faussement qu'il avait enseigné en France (c’est un 
certain Dr. Navarrus cité par M. R.), mais il remplit l'office de 
lecteur dans sa province et dans celles de Saint-Joseph et de Saint- 
Jean-Baptiste. Quatre de ses œuvres l’ont rendu célèbre comme 
canoniste. L'A. en décrit les différentes éditions avec beaucoup de 
détails. Ses Quaestiones regulares furent abrégées et publiées à 
Leide en 1620 par des Récollets des Pays-Bas. La dédicace est signée 
de Simon de Grincourt ‘qui était gardien du couvent de Valenciennes 
en 1616, d'après Sbaraglia. (Suppl. ad Scr. O. M., p. 47). 

ATANASIO Lorez, O. F. M. Fr. Jerünimo Rodriguez, canonista fran- 
ciscano del siglo XVII, p. 128-130. — Neveu du précédent, il hérita 
de son talent. Il prit l'habit au couvent de Salamanque et y occupa 
la chaire de théologie morale. Son œuvre principale et peut-être 
unique consiste dans l’abrégé des Quaestiones regulares de son oncle, 
imprimé à Salamanque en 1628 et plusieurs fois depuis. 

Lorenzo Perez, O. F, M. Los españoles en el imperio de Annam, 
P. 142-178, 273, 320 (suite et à suivre). 

ATanasio LoPrez, O. F. M. Notas de bibliografia franciscana, 
P. 179-207 (suite et à suivre). 

Ineu. Colecciones americanas : Colecciôon de documentos para la 
historia de México, por Icazbalceta, p. 208-244. — Il s’agit de deux 
collections de documents concernant l'histoire du Mexique publiées 
l'une à México, en deux vol. in-4, 1858-1866; l’autre en cinq vol. 
In-4s, 1886, 1889, 1892 Le P. Lopez relève, avec les pages corres- 
pondantes et les remarques voulues, les très nombreuses pièces 
relatives à l'Ordre de Saint-François. A la p. 242 il cite un passage 
du P. Lemmens qui prétend qu'après la découverte de l'Amérique 
les Franciscains se bornèrent à évanugéliser les côtes, abandonnant 
bientôt le contact avec les Indiens, pour ne le reprendre qu’au siècle 
suivant. Le P. Lopez n'a pas de peine à prouver l’inexactitude abso- 
lue d'une pareille allégation. Il renvoie précisément le P. Lemmens 
aux documents publiés par M. Joachim Garcia Icazbalceta, tous 


422 PÉRIODIQUES 


du xvie siècle, et il cite une longue liste de missionnaires (p. 242-244) 
de cette époque. 

AnDrés Ivars, O.F. M. Costumbre de los reyes de Aragôn de pre- 
sentar à sus confesores para las dignidades eclestisticas, p. 245-255. 
— Aux xirie et xiv* siècles, les souverains d’Aragonchoisissaient indif- 
féremiment leurs confesseurs parmi les Dominicains et les Francis- 
cains. Le 1e août 1308, par un rescrit daté de Saragosse, le roi 
Martin s’obligea à prendre le sien parmi les Frères Mineurs. C'étaient 
toujours des religieux lettrés. Pour leur permettre de faire bonne 
figure à la cour, les princes s’efforçaient de les promouvoir aux 
dignités ecclésiastiques, ce qui provoquait parfois de vives compéti- 
tions dans la famille royale. Sur sept documents publiés par l’A., 
cinq émanent de la reine d'Aragon, Marie de Luna, en faveur de 
son confesseur fr. Jean Ximénès qu’elle veut faire nommer à un évé- 
ché (1403-1405). ù 

Pacirico SENDRA, O. F. M. Observaciones de Pedro IV de Aragün 
à las Constituciones llamadas Benedictinas o Caturcenses (13381, 
p. 255-261. — Le 28 novembre 1336 le pape Benoit XII promulgua 
des constitutions pour tout l'Ordre des Frères Mineurs, qui furent 
appelées, de son nom, bénédictines. Le 12 mai 1337, avant la tenue 

du chapitre général de Cahors il manda aux capitulaires d’avoir à les 
approuver. Elles furent généralement mal reçues dans l'Ordre. Un 
appendice concernait les Clarisses. On ne devait recevoir dans 
chaque monastère qu'un nombre de moniales fixé une fois pour 
toutes, d'après les revenus de la communauté. En second lieu, les 
religieuses de service, prévues par la règle d'Urbain IV, devaient ètre 
désormais astreintes à la clôture, et remplacées au dehors par d'hon- 
nêtes femmes en habit séculier. Or, en Aragon, les revenus des 
Clarisses étaient relativement minimes; si l'on réduisait les moniales 
de chœur en proportion de ces revenus, et si l’on empêchait les 
sœurs de serviceiles tourières) de quêter, ce qui s'est toujours fait 
sans inconvénient, c'était la ruine des monastères à bref délai. Le roi 
Pierre IV, prenant fait et cause pour ses Clarisses, adressa de respec- 
tueuses observations au pape. Quel futle résultat ? On l’ignore. 

Luis Torres, O. F. M. Los beatos franciscanos Carmelo Bota 
ÿ Francisco Pinazo, martires de Damasco, p. 261-267. — Notices sur 
deux des huit Franciscains martyrisés à Damas par les Druses en 1860 
et béatifiés par Pie XI le 10 octobre 1926. 

La Chronique, p. 283, enregistre un décret du roi Alphônse XIII, 
20 septembre 1926, portant que l'église de Saint-François le Grand, 
à Madrid, où 43 Franciscains avaient été assassinés dans la nuit du 
17 juillet 1734, était rendue à l'Ordre des Frères Mineurs. — A la 
suite, p. 285-288, liste des nombreux prix offerts (plus de 60) par le 
gouvernement espagnol, les républiques sud-américaines, les supé- 
ricurs des couvents franciscains, les fraternités du Tiers-Ordre, etc., 
aux vainqueurs du concours historique ouvert à l'occasion du 7* cen- 
tenaire de saint François. 


= Hu me 


nn. 


PÉRIODIQUES 423 


Pacirico SENDkA, O. F. M. Origen, fundadoras y vicisitudines del 
real monasterio de Santa Clara, de Jativa, p. 327-374. (A suivre.) 

Conrano RuBerT, O. F. M. Dos diplomas de Jaime II de Aragon 
referentes al monasterio de Santa Maria de Pedralbes cuyo VI cen- 
tenario de fundaciôn se celebra (1326-1926), p. 375-387. — En 1325, 
la reine Elisenda, femme de Jaime II d'Aragon, voulut construire un 
monastère de Clarisses. Après un premier projet de fondation à Val- 
daura, qui ne fut pas réalisé, elle acquit un vaste terrain du nom de 
Pedralbes, à une lieue de toute habitation, sur la paroisse de Serriano, 
au diocèse de Barcelone. Par un acte du 26 mars 1326, daté de Bar- 
celone, le roi lui concéda, pour son entreprise, 6500 sous barcelonais 
de rente annuelle, à prendre sur diverses sources de revenus royaux. 
Les constructions durent marcher rapidement, car, le 3 mai 1327, 
quatorze religieuses venues de Barcelone firent leur entrée dans le 
nouveau monastère dédié à Notre-Dame, en présence du roi et de la 
reine, de don Juan d'Aragon, archevêque de Tarragone, des évêques 
de Huesca et de Vich et de fr. Raymond Bancel, ministre provincial 
d'Aragon. — L’A. publie le double diplôme inédit du roi Jaime, 
d'après l'original conservé aux Archives de la Couronne d'Aragon. 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


Bulletin de la Societé d'agriculture, lettres, sciences et arts du depar- 
tement de la Haute-Saône, 


Année 1926, p. 77-96. 


J. Feuvrier. Un Naturaliste franc-comtois, le P. Tiburce (1736- 
1803). Communication faite le 19 juillet 1926, au xixe Congrès de 
l'Association franc-comtoise à Vesoul. 

Le P. Tiburce, né à Jussey (Haute-Saône) dans une famille modeste 
du nom de Prost, entra comme novice au couvent des Capucins de 
Faucogney en 1750 et prononça ses vœux l’année suivante. 

De dignité en dignité, il s’éleva jusqu'aux charges de définiteur 
pour la province de Besançon, de provincial (cf. supra, p. 307), 
enfin de définiteur général et procureur général de son Ordre. Il a 
publié une Réfutation des écrits schismatiques de dom Grappin, 
directeur du collège bénédictin de Saint-Ferjeux, et du P. Télesphore 
Jousserandot, gardien des Capucins de Besançon, tous deux prêtres 
assermentés. Plusieurs de ses sermons ont été conservés en manu- 
scrit. 

Le P. Tiburce était très curieux des choses de la nature et s'in- 
téressait surtout à la minéralogie. Il avait formé au couvent de 
Besançon une riche collection de minéraux, de plantes, d'insectes et 
d'oiseaux. I] a laissé une dizaine d'ouvrages d'histoire naturelle, qui 
Sont restés inédits et qui appartiennent à M. Feuvrier. 

Max PRINET. 


424 PÉRIODIQUES 


Bulletin de la Societé d'archéologie et de statistique de la Drôme, 
2° série, t. VII, 1924, p. 252-267. 


J. de Fonr-Réaurx Les Collections manuscrites de MM. de Font- 
galland à Die. 

On lit p. 26 : « Parmi les Ordres religieux de Die, les Jacobins et 
les Cordeliers sont spécialement représentés par deux gros procès 
contre la ville, par lesquels ils revendiquèrent au xvu- siècle la pro- 
priété de leurs biens cédés à la ville par leurs prédécesseurs apeurés 
et même apostats en 1562... » Cf. J. CuevaLter, Hist. de Die, t. Il, 
p. 158-159, 482 sqg. 


Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1715) du Comité des 
travaux historiques et scientifiques. — Paris. In-8°. 


Année 1924 (parue en 1926). P. 241-342. 


À. Vinier, Chronique des Archives départementales, année 1924. 

— Archives de l'Aube. Rédaction par M. Massier du Baesr, archi: 
viste des Ardennes, du répertoire de la série 11 H, Capucins irlandais 
de Bar-sur-Aube, p. 252 

— Archives de la Dordogne. Don : échange de terre et règlement 
de rente entre le syndic des Frères Miheurs de Bergerac et le batelier 
Rouzier (s. d.), p. 271. 

— Archives d'Eure-et-Loir. Versement par le greffe du tribu nal de 
Châteaudun des Registres de profession des Récollets, p. 275. 

— Archives d’Ille-et-Vilaine. Versement par le greffe du tribunal 
de Rennes des registres de profession des Capucins (1741-1768), des 
Cordeliers (1737-1767), p. 288. 

— Archives du Jura. Versement par le greffe du tribunal d'Arbois 
des Registres des Cordeliers et des Annonciades de Nozeroÿ 
(xvinis siècle), p. 289. 


Études franciscaines. — Paris, Librairie Saint-François, 4, rué 
Cassette, vie. In-&°. 


Tome XXXVIII, 1926. 


E. Jovy. Pascal et Saint-Ange. Les infortunes de Jacques Forton, 
sieur de Saint-Ange, d'après quelques documents inédits. 
t. XXXVIT, 1925,p. 380-404, 578-600 ; t. XXXVIII, 1926, p: 3-34 
113-132. Tout l'intérêt franciscain de ce travail consiste en ce qué 
J. Forton, d'abord Capucin de la province de Paris, obtint dispensé 
de ses vœux en 1639, avant ses controverses avec Blaise Pascal. 

ARMEL D'ÉrTer., O. M. Cap. Les Historiens de la Révolution €! la 
question des Réguliers. Cf. t. XXXVII, 1925, p. 355-379, 601-010: 
tt. XXXVIII, 1926, p. 57-77. — On ne doit accepter qua vét des 


PÉRIODIQUES 425 


réserves leurs opinions aux sujets des religieux. En traitant cette 
question, ils ont laissé de côté le point de vue théologique et, par là- 
même, formulé des jugements très discutables. Ils ont jugé les 
religieux d'après leur première option pour la vie privée ou pour la 
vie commune, et se sont exposés par la suite à louer des gens qui 
plus tard ont causé du scandale, ou bien à condamner de futurs 
martyrs. De plus, ils ont oublié que des motifs louables pouvaient 
légitimer la sortie des couvents à cette époque de troubles, et qu'il 
n'y avait pour les religieux, en 1790, aucune obligation de conscience 
à accepter la contrefaçon de vie religieuse que leur proposait la loi. 
— L'A. fait aussi remarquer qu'à la fin du xvnie siècle, la franc- 
maçonnerie n’avait pas révélé son caractère antichrétien d’aujour- 
d'hui, et que le P. Germain, gardien des Cordeliers de Troyes, qui 
s'y était affilié en 1787, fitune très religieuse déclaration lors de l’in- 
ventaire du couvent en 1790. 

Dr. HuserT Kiuc, O. M. Cap. L’Activité appétitive de l'âme 
d'après le bx Jean Duns Scot. Cf. t. XXXVII, 1925, p. 532-542; 
tt. XXXVIII,p. 78-97, 270-292, 564-593. — D'après Duns Scot, qui 
suit en cela saint Anselme, la volonté est la directrice de tout le 
domaine de l’âme, et toutes les puissances lui obéissent. 

Usaup D’ALenÇoN, O. M. Cap. I, Le Cantique populaire en France. 
Il. Sur le Cantique du soleil, p. 98-105. — Recension de l'ouvrage de 
M. Gastoué analysé dans notre Revue, €. III, p. 337-332, auquel le 
P. U. ajoute des indications de cantiques inconnus à l’A. — Repro- 
duction de la mélodie de 1632 adaptée à la traduction française de 
l'époque, publiée à Liège, du cantique de saint François. 

PROSPER D ENGHIEN, O. M. Cap. Une Reparation. Le chanoine 
Jean-Joseph Loiseaux, T. R. P. Piat de Mons, Frère Mineur Capucin. 
Cf. XXVII, p.441-47151t. XXVIII, p. 14-42, 202-240; t. XXIX, 
p. 260-287 ; t. XXXVI, p. 309-421, 519-533 ; t XXXVII, p. 182-1909, 
292-306; t. XXXVIII, p. 159-174. — Etude sur l'activité littéraire 
du P. Piat, né à Mons (Belgique), d'abord prêtre séculier, puis 
Capucin en 1871, fondateur de la Nouvelle Revue Theologique qu'il 
dirigea pendant 27 ans jusqu’en 1895, mort au couvent de Bruges, 
le 29 avril 1904, âgé de 89 ans. 

À. GasTOUÉ. Saint François, les Frères Mineurs et la musique, 
P. 175-181. — Notes brèves rappelant des sujets déjà connus, mais 
Constatant aussi que « en plein xvir siècle, malgré la décadence com- 
mencée depuis longtemps, les livres de chant grégorien, à l'usage des 
fils de saint François, restaient encore parmi les plus purs ». 

F. Loris. Le Couvent des Capucins de Limay, p. 181-188. — M. L. 
qui a déjà écrit l’histoire du couvent de Monttort-l'Amaury, de 
1601 à 1790, dans l’/ndépendant de Rambouillet, 7 mars 1024 et sq., 
retrace celle du couvent de Limav, situé comme le précédent en 
Seine-et-Oise. La croix de fondation fut plantée le 26 avril 1615 et, 
le 21 juillet 1791, la maison était vendue 17000 livres. Elle compre- 
nait : une éplise |dédiée en 1623), deux corps de batiment attenant, 


426 PÉRIODIQUES 


jardins potagers enclos de murs, fontaine d’eau vive, le tout à l’extré- 
mité du village. L’A. a travaillé sur de bons documents, son exposé 
n'est pas complet, mais il nous donne des détails très intéressants. 

P. STanisLas, O. S. F. C. Quel est l'auteur des Mémoires de Rinuc- 
cini >? p. 225-244. — Il s’agit des « Mémoires relatifs à l’intrusion et 
au développement de l’hérésie anglicane en Irlande et à la guerre 
catholique commencée en 1641 puis poursuivie pendant plusieurs 
années », ouvrage en six vol. in-folio conservé à la Trivulziana 
à Milan. Mgr. Rinuccini, revenu à Fermo, après sa nonciature en 
Irlande, voulut en conserver le souvenir et appela auprès de lui en 
1651, le P. Richard O’Ferrall, Capucin irlandais, qui avait défendu 
sa cause en 1648 à la cour pontificale. Pendant deux ans ce dernier 
travailla à Florence sur les papiers du prélat gardés par son frère 
Thomas Rinuccini et composa les susdits Mémoires. Si le nom de 
l’auteur n’est pas inscrit dans l'ouvrage, la critique interne témoigne 
en sa faveur. 

Dominique De CayLus, O. M. Cap. Ce que les Capucins doivent au 
Bx Mathieu de Baschi et au Père Ludovic de Fossombrone, p. 245- 
269, 594-618. — Les assertions du P. D. appellent de fortes réserves 
qu’un rapide compte-rendu ne saurait exposer. — C’est un fait cer- 
tain, la congrégation des Capucins née en 1528 s’est prodigieusement 
développée et a produit dans l'Ordre de Saint-François un renou- 
veau de ferveur et de zèle. Pour arriver à ce développement, elle a 
su évoluer. Là git tout le secret de sa réussite. Que voulaient exacte- 
ment les trois fondateurs ? Le P. Mathieu voulait prêcher en toute 
liberté et avec l’habit de son choix. On sait qu'au bout de peu d’an- 
nées il revint spontanément chez les Frères Mineurs et reprit l'habit 
de sa profession. Quant aux deux frères Louis et Raphaël de 
Fossomhrone, sortis comme le P. Mathieu furtivement de leur 
couvent, on peut se demander dans quel but ils demandèrent au 
Saint-Siège de mener la vie érémitique? Etait-ce pour ramener 
l'Ordre à son véritable esprit? Mais alors, comment observer le 
chapitre de la Règle relatif aux missions chez les infidèles, si l'on 
doit se confiner dans des ermitages ? Était-il conforme aux idées de 
saint François de ne pas quêter de la viande, des œufs et du fromage, 
ainsi que le prescrivent en 1520 les premiers statuts d'Alvacina? 
Est-il permis d'écrire sans s'exposer au rire, p. 265, « que le Saint 
Esprit avait apparu, sous la forme d’une colombe, pendant qu'on 
écrivait ces Constitutions ». — Quels qu’aient été les débuts, il ne 
faut pas craindre de les raconter objectivement, puisque le succès 
est venu couronner l'œuvre. 

Josepn BEsnarn. Marguerite de Lorraine à la cour du roi René à 
Aix, p. 93-304. — Cette princesse, morte Clarisse en 1521 et béatifiee 
en 1921 (Cf, Revue,t. IT, 518-521), passa une partie de sa jeunesse 
chez son aïeul le roi René d'Anjou, de 1475 à 1480. L'A. nous 
apprend des détails très intéressants sur ses jeux, danses, toilettes, 
parfums, voyages, etc. Le tout serait tiré des Comptes du roi René 


PÉRIODIQUES 427 


conservés à la série B des archives des Bouches-du-Rhône et publiés 
en majeure partie, mais aucune référence n'indique la source parti- 
culière de chaque fait. | | 

Ugsaco D'ALENCON, O. M. Cap. Nos Maîtres de spiritualité. Le 
P. Joseph de Dreux (1629-1671), p. 312-320. — Le P. Joseph entra 
au noviciat des Capucins de Paris en 1647. Il y devint lui-même 
maitre des novices en 1665. C’est de cette période de sa vie, que 
datent ses trois écrits ascétiques, sans aucune originalité, étudiés 
par le P. Ubald. 

Inem. Où se trouve la Baume de sainte Colette ? En Franche- 
Comté, p. 321-326. — La sainte établit le premier monastère de son 
institut à la Baume. Est-ce la Baume-de-Sillingy (Haute-Savoie), 
comme le veut M. Marullaz, ou la Baume-de-Fontenay (Jura), 
comme le prétend le P. Ubald? Celui-ci fonde son opinion sur le 
fait que la comtesse Blanche de Genève, coadjutrice de sainte 
Colette, n'eut jamais la possession ni juridique ni réelle de la Baume 
de Savoie; mais au contraire, elle tenait de son mari, Hugues de 
Chalon et seigneur d’Arlay, la Baume franc-comtoise, qu'elle légua 
à son héritière. 

P, Cannine, O. M. Cap. Une Mission capucine en Acadie, p. 337-373 
(Suite et à suivre). 

E. Hours. Le Couvent des Récollets de Versailles, 1671-1702, 
p. 374-406 (avec un plan). — £ ouis X{V en est le véritable fonda- 
teur. [1 posa la première pierre le 29 décembre 1671, alors que les 
religieux habitaient provisoirement le quartier de Montreuil. Vou- 
lant les avoir plus près de lui et établir une paroisse sur leur 
emplacement, il les amena dans le Vieux-Versailles en 1684. Les 
bâtiments encore conservés (sauf l'église détruite en 1794) formaient 
un quadrilatère fermé. Au nord l'église et tout près la maison du 
syndic ; au sud, à l'est et à l’ouest le couvent avec les cloitres. 
L'église, qui n'était pas dépourvue d’une certaine recherche artis- 
tique, avait trois chapelles sur le côté gauche ; vers 1786, trois autres 
furent ajoutées au côté droit. Elle était décorée de tableaux dont 
trois se voient encore à Saint-Louis de Versailles. L'orgue fut 
donné par Madame Victoire, à une date inconnue. Le catalogue de 
la bibliothèque dressé en 1792 accuse 12670 volumes. Versailles 
devint le siège de la province des Récollets de Saint-Denys et la rési- 
dence du provincial. Les six derniers chapitres provinciaux, anté- 
rieurs à 1768, y furent tenus, de même que celui de 1770 où figurèrent 
tous les provinciaux récollets du royaume. 

Les Pères étaient au service du Roi et de ses troupes. En principe 
ils devaient célébrer la messe « à la chapelle du château pour la 
commodité de la cour, à la Mesnagerie et au Trianon », « et en tel 
autre lieu qu’il plaira au roi » est-il ajouté dans les lettres patentes 
de décembre 16835. Ainsi, Le 27 septembre 1731, douze religieux se 
trouvaient à la résidence royale de Marly. — Ce couvent semble 
une exception dans la province de Saint-Denys. L'entretien de ses 


428 PÉRIODIQUES 


vingt-cinq Récollets était assuré par une rente royale de 8000 livres. 
Vers 1739, Louis XV augmenta la pension de 100 1. pour chaque 
religieux alors au nombre de trente-deux. De plus, en 1689, une 
messe quotidienne aux intentions de Sa Majesté fut fondée avec une 
rente de 300 1. Le tronc de l’église, ouvert chaque mois, rapportait 
encore une certaine somme; le 2 février 1735, il produisit 193 1. 
13 sols, et le 5 octobre suivant, 173 1. 8 sols. 

Cette excellente monographie, où le dernier mot n’est pas dit, se 
termine par les noms des trente-six Récollets décédés au couvent de 
Versailles, jusqu'à sa fermeture en 1702. 

S. Becmono O. F. M. Un Manuel scotiste de philosophie scolastique, 
p. 407-418. — Étude sur l'ouvrage du P. Zacharie Van de Woestine : 
Scholae Franciscanae aptatus Cursus philosophicus in breve collectus. 
Malines, 1925, 2 vol. in-8°. — A signaler aussi un autre ouvrage 
relatif à l'École franciscaine, étudié plus haut, p. 194-201, Compen- 
dium theologiae dogmaticae, auctore ParTHENIUS Minces, O. F. M. 
Ratisbonna, 1921 et 1923, 3 vol. in-8o. 

GEorGes Govau. Saint François d'Assise et saint François de Sales, 
p. 464-478. — M. G. a recherché dans les œuvres de l’évêque de 
Genève un grand nombre de passages où ce saint docteur a 
parlé du Patriarche des Mineurs. Il se demande, après un article de 
La Vie franciscaine de décembre 1922, « si les fréquents tête à tête 
de M. de Sales avec François d'Assise n'ont pas apparenté la mys- 
tique salésienne à la mystique franciscaine ». Ce n’est pas la première 
fois qu'on a tenté ce rapprochement, où le saint d'Assise sombre 
toujours, entrainé dans l'orbite de son homonyme du xvi® siècle : 
faute de connaître la spiritualité du moyen âge d’abord et la carac- 
téristique franciscaine ensuite. On peut dire que l'évêque de Genève 
a emprunté partout, donne des gages à tous, et n'appartient à 
personne. Pas plus que saint Ignace (p.478), il ne faisait partie du 
Tiers-Ordre peu répandu à cette époque, mais il portait le cordon 
séraphique. | 

P. CuTH8rrT, O. M. Cap. La Signification de la pauvreté francis- 
caine, p. 482-489. — La pauvreté pure n'est pas la pauvreté francis- 
caine. L'idéal intime de saint François fut mis en opposition directe 
avec l'esprit qui dirigeait les hautes classes et la commune d'Assise. 
Ici, c'était le commercialisme et l’ambition qui régnaient au plus 
haut degré, puis l'avarice, les jalousies profondes, les rivalités de 
classes et de partis. les hypocrisies … C’est tout cela qui révoltait l'âme 
chevaleresque de François … [1 voulait se libérer de tout ce qui dimi. 
nuait sa liberté de servir Dieu et ses camarades sans l'espoir d'aucun 
gain temporel ou matériel pour lui-même. Et graduellement il en 
vint à penser que pour conquérir cette liberté. il devait renoncer à la 
fortune ef à sa position sociale et devenir comme le plus pauvre, 
mème le mendiant ….. Il devenait pauvre pour devenir un homme, 
et pour agir en homme dans l'esprit de la plus pure chevalerie. 

La pauvreté chez saint François, c'est la liberté de servir tout le 


PÉRIODIQUES 429 


monde par amour, c'est aussi la liberté de marcher aux cotés du 
Christ sur la terre en toute simplicité... Il est bien évident que le 
message au nom de saint François ne peut pas s'exprimer par le seul 
mot de pauvreté... Il ne critiquait point les riches qui usaient de 
leurs biens comme d’un dépôt confié à leurs mains par la Prov- 
dence.…. Il aimait la pauvreté parce qu’elle était une route vers cette 
liberté d'âme dans laquelle il pouvait trouver plus aisément l'union 
par l’amour avec Dieu, avec les hommes, avec le monde créé. Ce fut 
là l'événement ultime et souverain de sa vie. En fait, dans sa prédi- 
cation au monde, il ne parlait de la pauvreté qu’incidemment. Ce 
qu'il prêchait, c'était la loi du divin amour qui unit les hommes à 
Dieu et entre eux... 

Magnifiques conceptions, trop peu comprises et qui préservent de 
la pierre d’achoppement de la législation franciscaine. Il faut ajouter 
qu'à toutes les époques il s’est rencontré des individualités puis- 
santes, des hommes d’une robuste santé physique, doués du don de 
la parole, sincères et ardents, qui ont pu réalisér l'idéal complet de 
saint François. — Mais c’étaient des individualités et non des coi- 
lectivités. 

P. GRATIEN, O. M. Cap. Saint François d'Assise au musée du Tro- 
cadéro. Notes d'iconographie franciscaine, p. 493-507 (avec huit 
reproductions hors texte). — Étude très fouillée et basée sur de bons 
textes. L'A. reconnaît d'après des moulages de la cathédrale de 
Bourges et de l'église de la Couture au Mans, que primitivement les 
Frères Mineurs ne portaient pas la barbe. Quant à l’habit, il formule 
cet axiome, p. 506 : « Toute représentation plastique de l'habit fran- 
ciscain où le capuchon offre l'aspect d'un chaperon ou d’une mosette, 
n'est pas du xin° siècle ou a subi des retouches plastiques ». Au 
point de vue des arts plastiques, que le R. P. consulte l’article du 
P. Bughetti dans l'Arch. francisc. hist., 1926, t. XIX, p. 636-732, et 
il sera édifié sur leur valeur iconographique. Les textes historiques 
Cités par lui sont plus probants, mais ne suffisent pas à diminuer 
la question. Thomas de Celano II, chap. cxxxix, p. 214, raconte 
qu'avant de mourir, saint François se fit dépouiller de ses vêtements 
et que le frère gardien les lui remit en disant : « je vous prête cette 
tunique, ces chausses et ce capuchon... » Donc, ce dernier habit du 
Saint était bien composé de deux pièces. — Le P. Cuthbert, Vie de 
S. Fr. (trad. Brousse), p. 538-539, écrit : « [le fr. gardien] lui 
apporta une tunique, des chausses et un capuchon de toile », comme 
si celui-ci ne faisait pas partie de l’habit. Th. de Celano dit formel- 
lement qu'il était en étofle de drap : capellulam vero saccinam, mais 
d'une qualité plus fine, pretiosae lanae, pour couvrir les cicatrices 
Causées par la cautérisation de ses yeux. — En admettant que jusque- 
là il eût porté une capuce cousu à la tunique, une nécessité ou une 
Commodité plus grande contribua à lui faire modilier la forme de son 
Costume. En effet, ce n’est ni l’art, ni le symbolisme qui assurent le 
Succès d’un vêtement ; c’est sa commodité. 


430 PÉRIODIQUES 


Louis DE GonzAGuE, L'Amour de la nature chez saint François, 
p. 508-519. — Variations sur un thème connu, en réponse à M. Jo- 
seph Delteil, pour son Discours aux oiseaux par saint François. Cf. 
notre Revue, t. IV, p. 110. 

JEAN DE Dieu, O. M. Cap. Saint François et la paix intellectuelle, 
p. 520-535. — Dans cette conférence donnée à l’Institut catholique 
de Paris, le 20 mai 1926, le R. P. essaie d’expliquer l'attitude de 
saint François vis-à-vis de la science. Bonne mise au point des appa- 
rentes contradictions dans les biographes du saint. 

M. Gonin, secrétaire des Semaines Sociales de France. L’Inspira- 
tion franciscaine dans l'action sociale, p. 536-541. — Résumé littéraire 
des maximes de saint François dont quelques-unes auraient besoin 
de plus de développement. 

Usane D’ALENCON, O. M. Cap. Bulletin d'histoire franciscaine, p. 544- 
560. — Signalons les réflexions du P. U. aux critiques du Saint- 
François de M. Beaufreton, p. 543 : « La jeunesse de saint François 
s’est-elle écoulée dans le péché? » Il reconnaît qu'il « a proféré des 
paroles et des chants impudiques, il a commis de fortes imprudences 
et des péchés », mdis qu'il est resté vierge (p. 550). — EÉnumérant 
quelques-unes des nombreuses erreurs de M. Elie Maire dans son 
article sur les Franciscains (cf. notre Revue, t. IIT, p. 613), il cons- 
tate p. 554, qu’une de ses divisions « l'Ordre et la Charité » com- 
mence par une belle inexactitude : Charitas n’est pas la devise de 
l'Ordre franciscain, c'est celle des Minimes de saint François de 
Paule ». Et cependant, la même année 1926, dans son Ame francis- 
caine, 3° édition, p. 115, le P. U. écrit : « De là la devise de l'Ordre: 
Charitas, entendue dans le double sens de l'amour de Dieu et celui 
du prochain, par allusion à la devise dominicaine : Veritas ». 

W. H. GRATTAN FLoon. Noëls anglo-irlandais, p. 651-653. — En 
1250, nous avons la Love Run de Thomas d’Halès, O. M., et nous 
notons ici, une fois de plus, le rôle du frère franciscain, dans la créa- 
tion du langage vulgaire, roman, faisant suite au latin. — Très pro- 
bablement la plus ancienne de nos chansons de Noël anglo-irlan- 
daises remonte à 1308. Elle fut écrite par le Franciscain Michel Fitz 
Bernard. Le frère du couvent de Kildare est aussi, au témoignage 
de l'évêque Tanner, l’auteur d'une chanson pieuse anglaise : Sweet 
Jesu, hend and fre. — Vers 1610, l'archevêque d'Armagh, Mac Cagh- 
well, O. M., composa un délicieux Noël en irlandais et plusieurs 


en latin. 
FRANCOIS DE SESSEVALLE. 


« Frate Francesco », organo ufficiale del Comitato francescano di 
Assisi. — Amministrazione : Tipografia Porziuncola, S. Maria 
degli Angeli (Umbria). Prix : 40 lire pour l'étranger. 

Anno IT, 1926. 


On sait que « Frate Francesco », qui paraît tous les deux mois en 


PÉRIODIQUES 431 


grand in-8 carré, sur papier fort, est une publication temporaire, 
dans le but de préparer le septième centenaire de saint François. On 
y trouve surtout de la littérature, de la poésie, le programme et les 
annonces des fêtes franciscaines. L'histoire y tient moins de place, 
mais elle n'en est pas exclue, pas plus que les comptes-rendus d'œu- 
vres historiques. Nous pourrons y glaner quelques articles, 

F. Casorinr. Speculum sine turbine clarum, p. 34-38, 134-136, 304- 
307, 408-411 (suite, et à suivre). — Il s’agit de la vie de sainte Claire. 

Leone BracaLoNI, O. F. M. Terre francescane. I. La basilica di 
S. Francesco in Assisi, p. 42-50; II. Assisi citta serafica, p. 192-199; 
IT. Monteluco, l'Eremita, lo Speco, p. 412-418. — I. L’A. connaît bien 
ses sources. Il cite notamment l'historien du Sacro Convento, le 
P. Fratini (p. 44). [1 sait que « la colline d'enfer » n’avait rien d’in- 
fernal, que c'était le nom déformé de « colline inférieure », et malgré 
cela il continue à écrire que c'était le lieu d'exécution des criminels 
« luogo di pena e d’infamia » (p. 48), alors que celui-ci se trouvait 
dans l’intérieur de la ville. — 11. Coup d’œil historique et poétique 
sur la cité natale de saint François et de sainte Claire, depuis le 
temple de Minerve toujours debout sur la place publique, jusqu’à la 
dernière église qui y fut élevée. — III. Sur la route d'Assise à 
Rome, non loin de l’antique Via Flaminia, se trouvent trois sanc- 
tuaires franciscains : re Monteluco, près de Spolète, où saint Fran- 
çois séjourna vers 1218. L’A. croit y reconnaître le cadre où fut 
écrit le Sacrum commercium beati Francisci cum domina Paupertate. 
C'est là que vécurent un grand nombre de saints Frères Mineurs 
qui forment « una bella litania » (p. 414). — 2° L’Eremita, sur les 
confins de Cesi, Porteria et San Gemini, sur la cime d’une montu- 
gne. Saint François s’y serait installé en 1213. D’après Luc Wad- 
ding, il aurait fait peindre dans la petite église des anges, des en- 
fants, des oiseaux, des arbres et des fleurs, avec des versets latins 
pour louer leur Créateur. — 3° Après Narni, sur le flanc nord du 
mont San Pancrazio, le petit couvent du Speco. C’est là que saint 
François infirme fut récréé par le son de la viole d’un ange. Son 
châtaignier s’y voit toujours. À ce propos, le charmant conteur nous 
donne toute une nomenclature d’arbres qui ont leur légende fran- 
ciscaine. 

Enrico SanToni. Îl francescanesimo e l'alba della letteratura ita- 
liana, p. 56-63. — Contraste frappant entre le pessimisme de l’école 
de saint Bernard, d’une part, s'arrêtant sur l’horreur physique de la 
mort et de la dissolution qui la suit, et de l’autre, la vision rayon- 
nante, le cantique du soleil de saint François, où tout proclame la 
résurrection et la vie. — Nous assistons à un pareil renouveau 
après deux longs siècles de jansénisme glacial. 

F. F. Casouini. La Vita di san Francesco scritta da san Bonaven- 
lura, p. 94-97. (Suite et à suivre.) 

Ernesto Rurii. Frate Francesco glorificato da Cola di Rienzo, 
P. 101-103. — Traduction d’un passage d’une lettre du « tribunus 


432 PÉRIODIQUES 


augustus », concernant saint François, alors que, confiné parmi les 
fraticelles de Majella, il demandait sa délivrance à Charles IV de 
Bohême (août 1350). 

ARNOLD Gorrin. Le Sentiment franciscain dans la peinture septen- 
trionale, p. 137-143. — La sensibilité franciscaine se répandit tardi- 
vement dans l’art du Nord, tellement les traditions sont tenaces, sur- 
tout en matière d’art religieux. Elle dut se glisser, en quelque sorte, 
dans les formes de l’art ancien, afin de les modifier progressivement. 
Roger de la Pasture (van der Weyden) en est le premier et le plus 
expressif représentant dans l'école, 4l y est même exceptionnel. La 
conception de ses crucifixions, descentes de croix, Pieta, Nativités, 
etc., s'inspire des Méditations sur la vie du Christ de fr. Jean de 
Caulibus, O. M., ou des Mystères. — Bonne mise au point d’un 
sujet fort rebattu. Cependant des réserves s'imposent au sujet de la 
soi-disant pénétration de la pensée franciscaine chez les mystiques 
des Pays-Bas, aux xive et xv° siècles (p. 139). Force nous sera de 
revenir un jour sur ce sujet. 

ViTToriNO FACcuiNETTI, O.F.M. Attorno ai Fioretti, p. 165-171. — 
Résumé de ce que le grand public désire connaitre du charmant 
recueil. Les grands artistes de la renaissance italienne, Giotto, Goz- 
zoli, Ghirlandajo, ne s’en sont pas inspirés. Un seul manuscrit con- 
servé à la Laurentienne de Florence se présente orné de dessins à 
la plume assez gracieux. Des incunables, comme ceux de Venise en 
1495 et de Florence en 1497, se contentent de donner des frontis- 
pices, quelques-uns vraiment beaux. Il faudra attendre la fin du 
xvi® siècle pour trouver un petit volume de la librairie Sessa à 
Venise, orné de nouvelles figures sur bois, d’ailleurs quelconques. 

ERNESTO JALLONGI. Vignola o Alessi? (per S. M. degli Angeli), 
p. 204-211. — Malgré les dénégations des historiens franciscains, 
les historiens de l’art avaient admis sans conteste, jusqu’à ces der- 
niers temps, sur l'affirmation du P. Danti, O. P., que Jacques Ba- 
rozzi, dit Vignola, était l’architecte de la basilique de Notre-Dame 
des Anges, à Assise, qui renferme la chapelle de la Portioncule et la 
cellule où mourut saint François. La surprise fut vive lorsqu’en 1913 
le P. Giusto, O. M. publia, d’après les archives du couvent, les 
diverses sommes payées depuis 1568 à Galeazzo Alessi, de Pérouse, 
pour son plan de la nouvelle église. Il est vrai que les religieux 
avaient fait venir « il Signor Vignola, architetto di S. Pietro », dans 
un but purement consultatif, en 1569, de même qu’un autre archi- 
tecte. C’est sans doute cette visite transitoire qui aura crée la légende 
et privé de sa gloire G. Alessi (1512-1572) que Vasari appelle « molto 
celebre architettore. »., | 

T. RovezLt. Frate Leone, pecorella di Dio, p. 298-303. — Char- 
mant récit où les érudits ne trouveront qu’une date à glaner, sa mort 
arrivée le 15 novembre 1271, quarante-cinq ans après le trépas de 
saint François. Ils devront se documenter ailleurs. 

FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


PÉRIODIQUES 433 


Franziskanische Studien, 12. Jahrgang, 1925. Okt. 3. Heft. Münster 
in Westfalen, Aschendorffsche Verlagsbuchhandlung. 


P. Michael BAuerce, Lehre des hl. Bonaventura über das Gnaden- 
vollmass der Gottesmutter (p. 177-183). 


D’après saint Bonaventure, la Sainte Vierge a augmenté en grâce 
jusqu’au moment de la conception du Christ, à partir de cet instant 
une augmentation n'étant plus possible. En recevant la dignité de 
Mère de Dieu, Marie reçut aussi la plénitude de la grâce sanctifiante. 


Dr. Joseph KLein, Der Glaube nach der Lehre des Johannes Duns 
Skotus (p. 184-212). 


P. Peter Bapt. Ziecer, Das Kapuzinerhospiz in Wurmlingen 
(p. 213-217). 


D’une chapelle fondée en 1613 près de Wurmalingen, on fit, sur les 
prières de M. Messmert, curé de la paroisse, un couvent (1764) que 
les Capucins commencèrent à habiter en 1765.11Is y restèrent jusqu’en 
18009. | | 


P. Leonhard LemMExs, Die Geschichte der Franziskanermissionen 
in der Vatikanischen Ausstellung (p. 238-253). 


Tableau complet et documenté de l’histoire des missions francis- 
caines à travers les siècles, telle que l'exposition missionnaire du 
Vatican l’a présentée aux visiteurs intelligents. 


Parmiles Mélanges il faut signaler : 


Dr. Hermann LüB8iNG, Zur Biographie des Bartholomäus Anglicus 
(p. 254-257). 


Aux rares renseignements recueillis sur la vie de Barthélemy L’An- 
glais, Dr. Lübbing ajoute quelques dates. Né vers 1180, B. a peut- 
être étudié à Oxford: il-vint à Brème ou il était chapelain vers 1203, 
notaire de l'archevêque Hartwig IT en 1205, retourna en Angleterre 
achever ses études, y suivit les disciples de saint François dont les 
premières apparitions dans l’île remontent à 1224. Professeur d’abord 
à Paris vers 1225, en tout cas avant 1231, le fils du Poverello ensei- 
gna ensuite à Magdebourg, où il mourut peu après 1235. Bien des 
dates ne sont que des hypothèses. 


P. Joh. Horer, C. SS. R., Johann Kapistran und der « Herzog 
Paul von Aegypten » (p. 257-260). 

Le « duc Paul d'Egypte » mis en relation avec saint Jean Capistran 
n'est autre que le chef d’une bande de bohémiens. 


P. Bruno KarrersacH, P. Kaspar Sager, Fürderer einer allgemet- 
nen Konzils um 1537 (p. 260 sq.). 


Ravuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 28 


434 PÉRIODIQUES 


Le P. Sager, provincial de Saxe (1535-1539) fut envoyé à Rome par 
l'archevêque de Brême afin de demander un concile général. 


P. Stephan Srerren, O. Cist., Marienthal-Marienstatt (p. 261-266) 
montre les rapports entre le couvent franciscain et l’abbaye cister- 
cienne. 


P. Hugo Dauseno, Franziskanerheilige in den jett geltenden Pro- 
prien deutscher Diüzesen (p. 266-268). 


Tableau intéressant relatant d’après un ouvrage du Dr. Rud. Buch- 
wald, Kalendarium Germaniae, Breslau, 1920, les saints franciscains 
honorés dans les différents diocèses d'Allemagne. Le travail de 
M. Buchewald a été, sans doute, entrepris avant la fin de la guerre, 
car on y trouve encore les diocèses de Gnesen-Posen, de Metz et de 
Strasbourg. 


Dr. F. X. FEDERHOFER, Die Philosophie des Wilhelm von Ockham 
im Rahmen seiner Zeit (p. 273-296). 


P. Dr. Parthenius Minces, Der hl. Thomas über die Lehre von der 
Unbefleckten Empfängnis der Mutter Gottes (p. 297-311). 


Le P. Pierre Lumbreras, O. Pr., ayant prétendu que saint Thomas 
avait affirmé l’Immaculée Conception, le P. Hugolin Srorrr, O.F.M., 
lui répondit par un volume : The Immaculate Conception, The 
teaching of St Thomas, St Bonaventure and BI. Duns Skotus onthe 
Immaculate Conception of the Blessed Virgin Mary. Ce livre donna 
occasion au P. Minges de montrer l'opinion bien connue de saint 
Thomas en recourant à l’autorité de théologiens thomistes des der- 


niers siècles. 


Dr. Jos. KLEIN, Die Lehre über die Hoffnung nach Johannes Duns 
Skotus (p. 312-346). 


P. Bonaventura KRuUITWAGEN, Bio-Bibliographisches zu Ludovicus 
de Prussia und seinem Trilogium animae (p. 347-363). 

Ludovicus de Prussia s'appelait Wolgemuth de son nom de famille. 
Il naquit à Heidelberg, suivit en 1456 les cours de Lambert von's 
Herenberg (de Monte) à Cologne où il prit ses grades en 1457, dirigea 
des écoles à Gürlitz, Posen, Thorn, entra vers 1464 dans l’Ordre des 
Frères Mineurs et mourut vers 1494 En 1493 il avait assisté au cha- 
pitre général des Observantins et y avait demandé pour son Trilogium 
l'approbation de l'Ordre. Louis de la Torre garda le livre pendant trois 
ans avant de l'envoyer à Paulin de Lemberg disant qu’il le trouvait 
« refertum... seraphicis ardoribus et cherubicis illuminationibus », 
Le P. Paulin l’adressa à Nicolas Glassberger qui, à cette époque, se 
trouvait à Nuremberg. C’est là que l'ouvrage sortit en 1498 des pres- 


ses d'Antoine Koberger. | 
Sbaralea et d’autres après lui, tels que Hurter, Minges, attribuent 


\ 


PÉRIODIQUES | 435 


encore à Louis les deux traités : De Immaculata Conceptione Dei- 
parae Virginis, et De usu liberi arbitrii Beatae Virginis in. utero 
Matris. Ce ne sont que des parties du Trilogium animae auxquelles 
Marracci, Bibliotheca Mariana, II, Romae, 1648, p. 64 et 65, a donné 
les titres indiqués. 


Dans les Mélanges notons : 


P. L. Lemmens, Zur Portiunkula Ablassfrage (p. 364-366). Saint 
François a obtenu du pape une indulgence plénière pour le 2 août 
1216 ; tout le reste a été ajouté plus tard. 


P. H. Dausenv, Ein Franziskushymnus als Quelle alter Hym- 
nenanfänge (p. 367-369). Examen de l'hymne « Decus morum, dux 
minorum ». 


P. C. ScumiTz, Ein Brief des P. Marzellin Molkenbuhr (p.369-374). 


P. P. Rarscnecx, Grundstein-Urkunde der Franziskanerkirche in 
Kreuznach (p. 374-377). Document très curieux sur soie racontant 
dans quelques lignes l'histoire du couvent franciscain de Kreuznach 
depuis 1480 jusqu’en 1689. 


P. Dr. H. Hozzarrec, Die Provinzen-Eïinteilung im deutschen 
Sprachgebiet (p. 1-4). 


Description des provinces franciscaines dans les pays de langues 
allemandes depuis les commencements de la famille franciscaine jus- 
qu'à nosjours. Pourillustrer le texte, le savant religieux yÿ joint deux 
cartes qu’il a déjà corrigées et que probablementil corrigera encore. 


Dr. Franz Jansen, Verzeichnis von Klôstern des Franzikanerordens 
in der Rheinprovinz (p. 5-32). 


Liste utile des couvents franciscains dans la Province rhénane 
actuelle. Après avoir retracé en quelques mots l’histoire de chaque 
maison, M. Jansen termine par l'indication des sources et de la prin- 
cipale bibliographie. De ce catalogue retenons le couvent de Enkirch 
sur la Mos. fondé par des religieux français sur l’ordre de Louis XIV 
(6 février 1685) ; et la maison de Sarrelouis dont les pères venus de 
Paris administrèrent la paroisse depuis le 13 nov. 1683. 


P. Michael Biur, Eine angebliche rheinländische Quelle des ersten 
Franziskusbiographen (p. 33-53). 


Nino Romassia avait prétendu, dans son ouvrage S. Francesco 
d'Assisi e la sua Leggenda, que Thomas de Celano s'était servi pour 
la composition de ses biographies de saint François, du Dialogue 
des Miracles de Césaire de Heisterbach. Dans une étude magistrale 
le P, Bihl montre que l'hypothèse de l’érudit italien ne repose sur 
aucun fondement sérieux. 


436 PÉRIODIQUES 


P. Bonaventura KRUITWAGEN, Der Nirnberger-Eïinblattdruck : 
« Rosarium beati Francisci » (1484),eine Arbeit Nikolaus Glassber- 
gers ? (p. 54-82). 


Reprenant un travail qu’il avait déjà commencé dans les Francis. 
cana 1923 et 1924, le P. K. prouve que la gravure faite à Nuremberg 
en 1484, portant le titre Rosarium beati Francisci, est probablement 
due au frère N. Glassberger. Sur cet arbre généalogique, le plus 
ancien qu’on connaisse, sont, entre autres, représentés : Richard de 
Bourgogne, Philippe du Puv, Louis de Toulouse, Roger de Pro- 
vence, Jean de Brienne, Raymond (Ruffi) de Provence et Louis IX. 


P. Dr. Beda KLeinscHMiDT, Franziskus von Assisi auf altdeutschen 
Pestbildern. Ein Beitrag zur Iconographia Franciscana (p. S3-05). 


Tout le monde connaît le tableau de Rubens représentant saint 
François protégeant l'humanité contre les traits de la justice divine. 
Le P. Beda étudie cette idée éminemment franciscaine reproduite 
dans plusieurs images des xve et mwi° siècles. François intercède pour 
la pauvre humanité accablee et anéantie par les terribles épidémies. 
Belle page d’iconographie franciscaine. 


Dr. Fanny Imre, Der Eïnfluss der franziskanischen Religiosität 
auf das deutsche Volk (p.a5-r119). 


Etude approfondie sur la grande influence que les Franciscains ont 
exercée sur l'esprit religieux en Allemagne. 


P. Dr. Joh. Horrr, Zur Predigttätigkeit des hl. Johannes Kapis- 
tran in deutschen Städten (p. 120-158). 


S'appuvant sur l'étude des sermons soit édités soit enfouis encore 
dans quelque bibliothèque, le P. Rédemptoriste montre que, dans sa 
prédication, saint Jean est un disciple de saint Bernardin de Sienne. 
Le bien, fait par ces sermons, quoique donnés en latin (et interprétes 
en allemandi, a été immense : c'était un saint qui parlait. Le succès 
de ses missions n'est peut-être pas assez mis en relief. 


P. Max SrRAGANz, Dus Küaiserliche Er;haus Oesterreich und der 
seraphische Orden (p. 150-196). 


Aperçu des relations de la maison de Habsbourg avec l'Ordre séra- 
phique depuis Rodolphe jusqu’à nos jours. Peut-être les lecteurs 
s'intéressent-1ls au diplomate Conrad Probus, O. F. M., qui de 127 
à 1206 fut évèque de Toul, Tous connaissent la vertueuse Elisabeth, 
fille de Maximilien IT, qui,en 1571, épousa le roide France. Charles IX 
étant mort (1574), elle se retira à Vienne, prit l’habit des Tertiaires 
et fonda un couvent de Clarisses. Elle mourut le 22 janvier 1592 en 
odeur de sainteté. 


P. Richard ZaxGerL, P. Peter Singer, O. F. M. (p. 197-206). 


Le P,. Singer (1810-1882) est étudié comme homme de Dieu, 


PÉRIODIQUES 437 


comme musicien, organiste, compositeur, facteur d'instruments de 
musique. Le plus grand instrument qu’il ait fabriqué, le Pansym- 
phonicum est, paraît-il, quelque chose d’extraordinaire. Notons en 
passant que le P. Hartmann, connu par ses oratoires, est un élève du 


P. Singer. 


P. Hugo Dausenv, Die Brüder dürfen in ihren Niederlassungen 
täglich nur eine hl. Messe lesen (p. 207-212). 


Dans un article intitulé Saint François d'Assise et l'Église catho- 
lique, F. HBILER avait répété une idée de Melanchthon que saint 
François regardait la messe privée comme un abus. Le P. Dausend, 
en quelques pages bien serrées, réfute cette hypothèse en lui oppo- 
sant les opinions d’autres auteurs même protestants. De plus il cher- 
che les causes pour lesquelles saint François invite ses frères à ne 
célébrer qu'une seule messe dans chaque maison religieuse. 


J.-B. KaAISER. 


CHRONIQUE 


Nous avons le regret d'apprendre le décès survenu le 
5 juillet 1927 à Bry-sur-Marne, de notre bon collaborateur 
et excellent ami le R. P. Usazp [ BERSON] D'ALENCON, O. M. 
Cap.; nous lui consacrerons une notice dans le prochain 
fascicule, mais nous tenons à adresser dès aujourd’hui nos 
vives condoléances à sa mère et à ses confrères. 


Vient de paraître le premier volume de la Collection de 
textes franciscains publiés sous la direction d'Henri Lemai- 
TRE : Le Livre de l'expérience des vrais fidèles par ANGÈLE 
DE FoLiGno, texte latin publié d’après le manuscrit d'Assise 
par M.-J. FERRÉ, traduit avec la collaboration de L. Bau- 
DRY. — Paris, E. Droz, 1927. In-16, xzvni-534 p., fac-sim. 
Fr. 40. 

On peut se le procurer à la librairie J. Vrin, 6, place de 
la Sorbonne. 


Les deux derniers catalogues de vente publiés par la 
librairie L. GirauD-Bani (219, rue Saint-Honoré, Paris, 
I" arr.) contiennent la description d'éditions rares d'ou- 
vrages franciscains que nous reproduisons ci-dessous (1). 

17. BONAVENTURE (saint). L'Aguillon d'amour divine|| con- 
tenant quattre parties esquelles sont contenues plusieurs 
devottes contemplacions. — Imprimé noulvellement à Paris 
(s. d.). In-4°, car. goth., veau brun estampé d’entre-deux 
à froid, tr. dor. (rel. du xvi* s.). 


(1) Les deux premiers ouvrages figurent dans Manuscrits et incunables 
provenant du chateau de la R. G. (vente à l'hôtel Drouot le 2 juillet 1927). 
— Paris, L. Giraud-Badin, 1927. Gr. in-8°, 82 p., fig. Les suivants sont 
mentionnés dans Catalogue de livres rares et précieux, manuscrits et impri- 
més, incunables, impressions aldines.. (Vente à l'hôtel Drouot les 28-29 juin 
1927). — Paris, L. Giraud-Badin, 1927. In-8°, 110 p. 


CHRONIQUE 439 


Édition très rare de ce petit traité mystique de saint Bonaventure, 
traduit par J. Gerson; elle n’est pas citée par Brunet et doit avoir 
été imprimée en 1520. 

Elle comprend 08 ff. ch. (le dernier manque dans notre exemplaire). 
Le fol. 92 est sauté dans la pagination et le dernier fol. doit être 
côté 99 ou bien le chiffre 98 est répété. Elle est imprimée en grosses 
lettres de formes à 32 11. et le titre est orné d’une grande figure sur 
bois (reproduite dans le Catalogue) représentant le Jugement dernier. 

Le dernier fol. est déchiré. — Reliure frottée. 


32. Guevara (Antonio de). æs L'Orloge des princes, à la 
Sérénité de treshault et trespuissant Seigneur || Henry, pri- 
mogenit, daulphin | de France et duc de À Bretaigne.|| €. 
Traduict d'espaignol en langaige || françois. | Avec privi- 
lège.||sæ. On les vend à Paris en la grande salle du Palais|| 
par Galliot Du Pré, libraire juré de l'Université, [| M vc. 
x 1. I[A la fin :] Fin des trois livres de l'Orloge des princes, 
auquel est contenu le Livre || d'or de Marc Aurèle empereur, 
traduict de langaige espaignol en || françois et nouvellement 
imprimé à Paris par Estienne || Caveiller, imprimeur, pour 
Galiot Du Pré, lilbraire juré de l'Université dudit lieu. || 
[1540], 3 parties en 1 vol. in-fol., car. goth., de 8 ff. lim. 
n. ch. et 90 ff. ch. ; 72 ff. ch. et 1 fol. pour la marque de 
Galiot Du Pré; et 84 ff. ch. 82, veau brun, compart. de 
fil. à froid, fleuron central, tr. dor. (rel. du xvi* s.). 


Ce livre (1) rare est une traduction du Livre doré de Marc Aurèle 
par Antonio de Guevara; elle est due à René Bertaut, sieur de la 
Grise, et a été revue sur une édition espagnole portant le titre de 


Kelox de principes. 
Le titre est placé dans un bel encadrement formant portique avec 


le nom de Galiot Du Pré; figure sur bois représentant un roi dans 
son conseil au verso du dernier fol. lim. 
La coiffe supérieure manque; les plats sont frottés. 


21. BONAVENTURE (saint). Vie de saint François d’Assise 
en italien. [Fol. 2] : Incomenza la vita del glorioso sera- 
philco patre meser san Francisco compi|lata per 1l reveren- 
dissimo patre et doctolre eximio meser Bonarentura, car- 
dilnale de la sancta matre ecchiesa. | [A la fin du texte :] 
Finis. | m.cccc*. Ixxx. a di xrij del mese de xelnare e stata 


(1) Cf. R. Fouccxé Dezsosc, Bibliographie franco-espagnol 1" partie, p. 13. 


440 CHRONIQUE 


impressa questa opera in calsa de mesere Philippo de Lara- 
gnia, | cittadino de Milano. | Deo gratias. Amen. | [17 
juin 1480] in-fol., car. goth., sign. A-K par 8 et L par 10, 
à 2 col. de 43 Îl., dos de cuir de Russie fauve, orné, plats 
de papier rouge (rel. vers 1815). 

Hain, 3575. — Reichling, I, p. 107-8. 

Éd. précieuse de cette Vie de saint François, admirablement im- 
primée. C’est un incunable extrémement rare qui manque en Amé. 
rique, au British Museum et aux bibliothèques françaises. 

Reichling a oublié dans la collation le fol. blanc du début et celui 
de la fin, sans lesquels les signatures ne concordent pas. Le fol. 2 
est signé À,, le premier fol. n'étant pas signé ; le dernier cahier est 
signé jusqu’à L, et le dixième fol. blanc est donc indispensable pour 


l'équilibre du cahier. 
Très bel exemplaire, malgré quelques rousseurs et une petite cas 
sure au bas d’un fol. — Initiales rubriquées. 


30. CHERUBINI DA SPOLETO (Fra). Della vita spirituale. 
[Fol. 1 :] D Libro di fra Cherubino. || [Fol. 2 :] TB Incomin- 
cia una opera brieve della vita spiriltuale del divoto frate 
Cherubino, del Ordine de’||Frati Minor: Observanti laquale 
lui dirizo a J'alcopo de Borgianni, Fiorentino. || [A la fin :] 
D Impresso a Firenze a di xxviiy di giugno m cccc Ixxxx 
ii, per ser Lorenzo || de Morgiant & Janni da Magan:a. 
[28 juin 1494] in-4° de 72 ff. n. ch. mais sign., à 3o Il. 
cuir de Russie, fil. dor. et dent. à froid, dos orné, tr 
jaspées (rel. romantique). 

Hain, 4943. — Reichling, I, p. 126. 

Éd. rare qui manque à la Bibl. nationale et aux autres bibliothè- 
ques de France, au British Museum et dans les collections améri- 
caines ; le titre est orné d’une figure sur bois représentant des Fran- 


ciscains en prière. 
Exemplaire ayant fait partie d’un‘recueil avec les ff. numérotés à 
la main dans le haut. — Rousseurs. 


39. Monte de la oratione.[Fol. 1, v°] [Qlueste sono le 
rubriche del libro che si chiama || el Monte de la oratione 
Capitulo primo. | [Fol. 3 r°, 1. 14 :] À Zncomenzga 1 libro 
chiamto il monte de la oratione, c. 1.|H [A la fin :]... (tu 
pone zardino : dove pone morte tu pone vita. || Registre. 
Ave, dove. sue. ut. nos. lui. liberta. vestimento. || [ Venise, 
Bernardino Benali, 1493] in-4°, de 36 ff. n. ch. mais sign. 


CHRONIQUE 441 


car. goth., à 33 Il., demi-rel., veau fauve, dos orné (rel. 
romantique). | 


Hain, 11576. — Reichling, V, p. 199. — Proctor, 5671. — Cat. of 
the Brit. Mus., V, p. 378. — Prince d'Essling, II, p. 192, n° 728 
(facsim.). 

Première édition, extrèmement rare de ce petit traité de théologie 
mystique. 

Le recto du 1°" fol. et le verso du dernier sont ornés de deux figu- 
res sur bois représentant le symbole de la Trinité supporté par deux 
saints : par saint Jean-Baptiste et saint Pierre (titre), par saint Jean 
l'Évangéliste et par saint François d'Assise (fin); ces deux figures se 
retrouvent dans les Fioretti du 11 juin 1493 imprimés aussi par 
B. Benali (cf. n° 210). 

Le verso du 2° fol. est orné d’un grand et beau bois à pleine page 
reproduit en fac-similé par le Prince d’Essling, qui porte ici l’inscrip- 
tion xvlographiée Mons orationis. Ce bois se retrouve sans inscrip- 
tion dans le Zardino del oratione de 1494. 

Bel exemplaire. — Quelques mouillures. 


210. Fioretti. [Fol. 2 :] { Opera devotissima d utilissima 
atutti li fideli christialni : laqual se chiama li Fiorelt de 
misser sancto Francesco assijmilativa a la vita a la passione 
del Nostro Signore Jesus Chrijsto & lutte le sue sancte ves- 
tigie. Capitulo primo. || {A la fin :] À honore de Dio & de la 
gloriosa Vergene Maria & de i| misser sanclo Francesco. | 
Impresso questa opera in Venezia || nel mille quatrocento 
novantatre, a di undeci[mo] del mese de || sunio Deo gra- 
tias. Amen. || [Venise, Bernardino Benali, 11 juin 1493] 
in-4°, car. goth., de 82 ff. n. ch. mais sign., à 33 1l., fig. 
sur bois, mar. La Vall. jans., dent. int., tr. dor. (M. Lortic). 

Prince d'Essling, 1, n° 306. — Reichling, VI, 1740. — Brunet, II, 
col. 1265. 


Éd. précieuse, d’une extrême rareté puisque l’on n’en cite qu'un 
autre exemplaire : celui de la bibliothèque de Trivulce, à Milan. 

Elle a éte imprimée par Bernardino Benali, dont on reconnait les 
gros caractères gothiques, les pieds de mouche en potence et les 
figures provenant de son fonds et ayant servi pour d'autres publica- 
tions; les ff. sont signes dans le haut. Le titre et le verso du dernier 
fol. sont ornés d'un joli bois représentant le symbole de la Trinité, 
Supporté par saint Jean-Baptiste et saint Pierre (titre), par saint Jean 
l'Evangéliste et saint François d'Assise (fin). 

Au verso du titre, très beau bois à pleine page représentant saint 
François recevant les stigmates, figure aussi admirable par le dessin 
que par la gravure; on la retrouve dans beaucoup d'éditions qui ont 


442 | CHRONIQUE 


suivi celle-ci [voir le no suivant], et dans quelques autres opuscules 
mystiques publiés en même temps que ces Fioretti par Bernardino 
Benali. 

Fortes rousseurs ; la figure du dernier fol. est remontée. 


211. Questi sono li Fioretti de | sancto Francesco. || 
[A la fin :] B À honore de Dio, della gloriosa || Verzene 
Maria, de misser sancto Francesco e impressa questa 


devota operetta in|| Venetia per me Zorzo de Rusconi Mi- 
lainese, nel m. ceccc. 1j a di xxvi de luio. || Finis. || [1502] 
in-4°, car. rom., de 48 ff. n. ch. le dernier blanc, basane 
fauve, dos orné, tr. jasp. (rel. ital. du xvinr° s.). 


Prince d’Essling, I, p. 285. 

Édition très rare, ornée sur le titre d’un charmant bois représen- 
tant saint François recevant les stigmates, tiré d'éditions antérieures; 
sur le second fol., petite initiale gravée sur bois avec sujet : saint 
François écrivant les Fioretti (?). 

Bel exemplaire. 


216. Vita de sancto Antonio de Padova. | Fol. 2 :| Incom- 
mincia la vita e li miralcoli del glorioso confessore sanicto 
Antonio de Padoa del ordijne di Frati Minori. E primo 
de || la interpretatione del nome. || [A la fin :]... #7 quo non 
dubito libera || me ab omni peccato. Amen. || Finis. Laus 
Deo. h [Venise, Bernardino Benali, vers 1493] in-4°, car. 
goth., de 40 ff. n. ch. mais sign., à 2 col. de 36 Il., mar. 
bleu, compart. de fil. droits et formant un losange, incurvés 
sur les côtés, dos orné, doublé et gardes de tabis rose, 
dent. int., tr. dor. (rel. vers 1815). 


Hain, 1275. — Reichling, I, p. 93. — Prince d’Essling, Il, p. 195, 
n° 734. — Manque au British Museum et au Census d'Amérique. 

Plaquette italienne de la plus grande rareté, contenant une relation 
de la vie de saint Antoine de Padoue, avec les Révélations de sainte 
Elisabeth. Elle appartient à la série des opuscules de théologie 
imprimés par Bernardino Benali et l’on retrouve au recto du premier 
fol. et au verso du dernier les mêmes figures symboliques de la Tri- 
nité que dans les Fioretti du 11 juin 1493, dans le Monte dell ora- 
zione, etc. (voir les n° 39 et 210). 

Au verso du premier fol., grand bois en pleine page, spécial à cette 
plaquette, représentant le miracle des poissons. 

Les ff. sont signés dans le haut. 

Bel exemplaire, relié dans le genre de Lefebvre ou Courteval. 


CHRONIQUE 443 


— Nous relevons dans Vieux manoirs, vieilles maisons de 
P. G. Roy, publié par la Commission des monuments historiques de 
la province de Québec, rre. série (Québec, impr. de L.-A. Proulx, 
1927. Grand in-8°, vir-376 p., fig.), magnifique volume dont l’abon- 
dante illustration est extrêmement soignée, une belle vue de l’ancien 
couvent des Récollets aux Trois Rivières (p.70). Cet édifice en pierre 
fut bâti en 1742 et habité par les religieux jusqu'en 1776. Il fut 
transformé en cour de justice, en prison, puis en palais de justice. 
Vers 1823, lord Dalhousie donna la chapelle et le couvent aux Angli- 
cans des Trois-Rivières. Depuis lors la chapelle sert au culte et le 
couvent est devenu la rectory ou manse. 


Notre imprimeur, M. Julien Gamon, nous signale très 
aimablement qu'une brochure récemment publiée par M. 
GRELLET DE LA DeYyTe, Notes historiques sur Allègre (Hau- 
te-Loire), contient les quelques pages suivantes, sur le 
monastère de Tiercelines de cette localité. Nous les repro- 
duisons d’après la copie qu’il a bien voulu prendre la peine 
de nous envoyer. 


* 


P. 70. 
LE COUVENT DE SAINT-FRANCÇOIS 


Ce centre de charité, de prière et de travail, existe encore, mais 
l’école de filles, que les religieuses de Saint-François avaient rou- 
verte après le Concordat a éte fermée, comme beaucoup d’autres, en 
1905... 

Les archives du couvent nous apprennent que cette congrégation 
fut établie à Allègre par les R. P. Franciscains appelés par Messire 
Jean Desfilhes, curé-prieur de cette paroisse. La fondatrice et pre- 
mière supérieure des religieuses de Saint-François de la ville d’Alle- 
gre, fut la sœur Marie Grellet, qui fit don de sa maison pour installer 
le couvent. Elle avait fait profession le 2 août 16817, fut supérieure de 
1681 à 1698 ; trésorière de 1698 à 1700 (avec la sœur Anne du 
Crozet, qui avait fait profession le 24 septembre 1687, et devint ensuite 
maîtresse des novices) (1). Elle fut réélue supérieure en 17or1eten 


(r) Demoiselle Anne du Crozet, veuve de M. Pierre d’'Eldèves, religieuse 
du Tiers-Ordre de Saint-François d'Allègre en 1687, était fille de Louis 
du Crozet, écuyer, seigneur de Rognac, paroisse de Saint-Arcons, marié le 
4 juin 1633 à Madeleine de Pons de Rochelis (de la même maison que les 
Pons de la Grange et de Frugères). Louis du Crozet de Rognac est cité dans 
la vie de la vénérable Mère Agnès, comme ayant obtenu, par son interces- 
sion, une guérison miraculeuse. (Vie de la Vénérable Mère Agnès. Le Puy, 
1665, p.620-21.— M. de LATANGE, Vie de la Mère Agnès, t. Il, p. 479. 


444 CHRONIQUE 


exerça les fonctions jusqu’à sa mort, arrivée en 1745, à l’âge de 81 ans. 
La seconde supérieure fut la sœur Anne Bussac, qui avait fait pro- 
fession le 28 octobre 1682, fut élue en 1608, et. devint infirmière en 
1700. Elle était petite-fille de M. Pierre de Bussac, notaire royal en 
1632 et petite-nièce de demoiselle Gabrielle de Bussac, mariée en 
1636 à M. Pierre Grangier, notaire roval. La troisième supérieure fut 
la sœur Françoise Grellet, qui fit profession le 29 juillet 1682. Assis. 
tante en 1698 avec la sœur Anne du Crozet, la sœur Françoise Grel- 
let fut élue supérieure après la sœur de Bussac, le 2 mai 1700, et fut 
nommée trésorière le 8 mai 1701, lorsque la sœur Marie Grellet isa 
sœur}, fut réélue supérieure, charges qu’elles conservèrent jusqu’à 
leur mort. — Elles étaient filles de Barthélemy Grellet, seigneur de 
Liouzargues, et, en partie, de Chardas et Chambarel, premier con- 
sul d’Allègre en 1667, et de demoiselle Jeanne de Chardin de Va- 
rennes (celle-ci sœur d'Anne de Chardon de Varennes, mariée en 
1654 à Claude-Jacques du Crozet, écuyer, seigneur de Bonnefont et, 
en partie, de Javaugues). 

Les autres religieuses qui participèrent à la fondation du couvent 
de Saint-François étaient : sœur Jeanne de Benau ; sœur Marie Ro- 
dier ; sœur Anne Gay ; sœur Marie Perron, qui étaient entrées en 
religion de 1685 à 1696. 

[P. 60] En 1740, le dimancbe quinzième jour du mois de novembre, 
nouvelle assemblée au son de la cloche, à l'issue de la messe parois- 
siale, des habitants de la ville d’Allègre et proposition faite par 
M. l'abbé Grellet l’un des administrateurs de l’Hôtel-Dieu, «.... d'y 
établir deux religieuses du Ticers-Ordre de Saint-François qui auraient 
soin des pauvres et de l'éducation de la jeunesse, en apprenant aux 
enfants à lire, à écrire et les principes de notre religion, suivant le 
catéchisme de notre diocèse. Dans la suite l'un pourra leur agréger 
d’autres filles du mème Tiers-Ordre .... Ledit sieur abbé Grellet, 
pour faciliter autant qu'il est en lui, ledit établissement, offre de faire 
présent audit Hôtel-Dieu des dépenses qu’il a faites en réparations 
du bâtiment et autres choses ». [Il ajoute : « qu’il est nécessaire d'en 
faire d'autres et d'élever d’un étage pour la commodité tant des 
sœurs que des pauvres et des enfants », requérant d'y être autorisé 

par l'assemblée, qui approuve d’une voix unanime (1). 


(1) Expédition notariée. (Archives de M. Grellet de la Deyte), 


Le Gérant : Josepn GANON. 


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Le Puy-en-Velay. — Impr, La Haute-Loire. 


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COLLECTION DE TEXTES FRANCISCAINS 
PUBLIÉS SOUS La DIRECTION D HENRI LEMAÎTRE 


LE 


LIVRE DE L'EXPÉRIENCE 
DES VRAIS FIDÈLES 


PAR 
SAINTE ANGÉLE DE FOLIGNO 


TEXTE LATIN PUBLIÉ D'APRÈS LE MANUSCRIT D’ASSISE 
PAR 


M.-J. FERRÉ 


TRADUIT AVEC LA COLLABORATION DE 


L. BAUDRY 


PARIS 
ÉDITIONS E. DROZ 
13, AVENUE FÉLIX FAURE, XV: 


1927 


Un-volume in-16 carré de xLvn1-534 pages, tiré sur Alfa 
RS... LP OS RARE RES 40 fr. 


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MAR 2 1929 


N° 4. 


OCTOBRE-DÉCEMBRE 1927. TE 


. 


GÉOGRAPHIE HISTORIQUE DES ÉTABLISSE- 
MENTS DE L'ORDRE DE SAINT FRANÇOIS 


DAMDOUROOONE::; 0 Moser oo 445 
LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU 
AGREE SELLE C2. . 515 
Les CoRDELIERS ET CORDELIÈRES DE 
CHALON-SUR-SAÔNE. ....,,,,......, 527 
MÉLANGES 


sois Ex GUN : Le sceau du gardien des Frères Mineurs de Paris au 


As gars 


e, 589. — Jean VinorT PRÉFONTAINE : Fêtes célébrées à Beauvais aux 


x cv s. en l'honneur des saints franciscains, 5g1. — H. LEMAÎTRE : 
e saint François, 596. 


| COMPTES-RENDUS 


François, son œuvre, son influence, 597. — L. Gizcer : Sur les 
sai LA — À. MasseroN : Légendes franciscaines, 617. 
um et missa de festo S. P. N. Francisci, 618. — S, Lemaire : La 
n des réguliers, 619. — À. SasarTHès : Le Couvent des Clarisses 
asONT 1e >, 624. — ]. Ancezer-Husracne : Melchtilde de Magdebourg, 
{ C1. Ge: EAU : Glanes rochelaises, 626. — G. GozLusovicx : Biblio- 
io- Hiografica della Terra Santa, t. V, 627. — E. Tisseranr : La 
n en t de Dominique d'Aragon, 636. — E. TisseRanT et 
es e lettré de l'almohade Mursada, 638. 


Fe | PÉRIODIQUES, 640. — CHRONIQUE, 646. 


PARIS (Ve) | ne Aer 
AIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 


"6, PLACE DE LA SORBONNE 


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Mivue Sbistoire franciscaine 


DIRECTEUR : Hewr LEMAÎTRE 


Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d'Art, 


La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous 
les trois mois, par livraison de 152 pages environ; elle forme 
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de 
nombreux hors-texte. 

La direction, entendant ne publier que des travaux d'érudi- 
tion, n’acceptera que des articles présentant toutes-garanties à 
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute 
la responsabilité des opinions qu'ils pourraient émettre. 


RÉDACTION. — Les manuscrits, livres à analyser, revues 
en échange, doivent être adressés à Monsieur le Directeur 
de la ‘‘ Revue d'Histoire Franciscaine ”, 11, rue Guénégaud; 
Paris-6e. 


ADMINISTRATION. — Les abonnements, réclamations, 
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adressés à la Librairie J. VRIN, 6, Place de la Sorbonne 
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CONDITIONS. — Les abonnements sont annuels; "ils-se 
paient en janvier, « 


France et Belgique : 50 fr. 
_Étranger, demi- tarif postal : 70 fr.; plein tarif : 90 fr. 
Édition de luxe sur papier pur fil Lafuma : 400 fr. 


Il ne reste de la première année que quelques exemplaires 
complets, qui ne seront vendus qu'avec les env suivantes. 
Le prix des trois volumes est fixé à 240 fr. 


Les années 2 et 3 sont vendues séparément au prix de 70/#r: 
l'année. 


Compte de Chèques Postaux : Paris 649-416; 


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GÉOGRAPHIE HISTORIQUE 


DES ÉTABLISSEMENTS 
DE L'ORDRE DE SAINT FRANÇOIS 
EN BOURGOGNE 


-(SUD-EST DE LA FRANCE) 


DU XIII° AU XIX+ SIÈCLE (1 


De 1217 à 1240, tous les couvents des Frères Mineurs 
fondés sur le territoire français appartenaient, ceux du 
Nord à la province de France, ceux du Midi à la province 
de Provence. Il n’est pas possible actuellement, faute de 
documents, de délimiter exactement les deux circonscrip- 
tions. On peut supposer provisoirement que les couvents 
au sud de Bourges, sur une ligne qui traverserait la France 
dans sa largeur, dépendaient de la province méridionale, 
et Les autres de la province septentrionale. 

De même que l’Aquitaine et la Touraine, la province de 
Bourgogne fut érigée au chapitre général de Rome, début 
de novembre 1239, où se fit la déposition de frère Elie. Il 
va de soi que la nouvelle création ne fut en plein exercice 
que dans le courant de l’année suivante, 1240. Le premier 
document qui nous renseigne sur l'existence de cette pro- 
vince est un acte du 5 novembre 1246 relatant la présence 
de fr. Dreux ou Drogon (1), ministre des Frères Mineurs 


(1) Dans la sentence rendue au sujet des controverses entre l'abbc de 
Saint-André de Vienne et Siboudun et Guillaume de Beauvoir, on lit : 
« cum concilio expresso fratris Drodonis, ministri Fratrum Minorum in 
Burgundia » (col. 47). « Actum apud Ambarres, nonis novembris 1246, prac- 
sentibus testibus fratre Hugone Beraudi de Ordine Minorum..… praesens 
Charta sigillis supradictorum arbitrorum et partium et fratris Drodonis... 
sigillata » 1246, col. 50. Gallia Christ... XVI, Instrum., col. 47-50. — Le 
même Drogon se treuvait à Raguse, le 9 septembre 1250, avec le B. Jean 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, 1. IV, 1927. 20 


> 


446 HENRI LEMAÎTRE 


en Bourgogne. Un an plus tard, une lettre d'InnocentIV{1) 
est adressée au ministre provincial de Bourgogne, sans 
désignation de nom, en date du 15 novembre 1247. 

Nous ne possédons pas de liste complète des couvents 
et des custodies de cette province avant le milieu du 
xiv° siècle. 


I 


PROVINCE DE BOURGOGNE 
d'après le Provinciale d'Eubel (2) en 1343. 


I. Custodie d'Auvergne. 1. Crest. 
1. Champ-Aigre. 12. Valence. 
2. Saint-Pourçain. 13. Romans. 
3. Riom. 14. Vienne. 
4. Montferrand. 
5. Clermont. IIT. Custodie de Lyon. 
6. Brioude. 15. Lyon. 


16. Montbrison. 


II. enne. | 
Custodie de Vienne 17. Charlieu. 


7. Le Puy-en-Velay. 18. Villefranche. 

8. Annonay. 19. Mâcon. | 
9- re 20. Bourg-en-Bresse. 
10. Die. 


de Parme, ministre général. En authentiquant la copie d’une bulle de 
Calixté IL, il signa ainsi : Ego frater Drodo, minister Burgundie, vidi.. Ad 
cujus rei testimonium provincie Burgundie apponi feci sigillum. (Arch. 
francisc. hist., 1912, 1. IV, p. 431). 11 ne paraît pas possible de l'identifier 
avec Drogon de Provins, ministre de France en 1282, comme le veulent les 
éditeurs de la Chronica XXI V generalium (Anal. francisc., 111), Quaracchi, 
1917, p. 374, n. 4. Celui-ci vivait encore en 1285 et s’acquittait d’une 
mission pontificale. Bullar. francisc., Il, 552. D'après J. Fonéré, p. 356, 
dont l'ouvrage sera décrit plus loin, le Drogon de Bourgogne aurait fini ses 
jours au couvent de Vienne, après le concile de Lyon de 1274. Cf. France 
francisc., t. Ier, p. 275-276. — Quant au sceau de fr. Drogon, dont il est 
parlé ci-dessus, il ne représentait pas l’Annonciation, mais le couronne- 
ment de la Vierge, ainsi que l'avait déjà supposé le P. ANTOINE DE SÉRENT 
(Jbid., p. 277). En effet, l’historien J. FobéRé, p. 110, écrit que «... le 
grand seel estoit Jésus-Christ représenté en Sauveur, assis, couronnant sa 
Mère et au-dessous devant leurs pieds saint François en forme de priant, 
à genoux, les mains jointes... » | 

(1) Annales Minorum, TI, 185; Registres d’Innocent 1 V, éd. E. BERGER- 
ne 3461. 

(2) Conranus Eusez, O. M. Conv., Provinciale Ordinis Minorum vetustis- 
simum secundum codicem vaticanum N. R. 1960. Quaracchi, 1892, p. 54-35. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 447 


| : 29. Lons-le-Sauinier. 

IV. Custodie de Dijon. 45 “Dole: 
21. Beaune. | 
22. Dijon. VI. Custodie de Lausanne. 
23. Châtillon-sur-Seine. 31. Grandson. 
24. Bar-sur-Aube. 32. Lausanne. . 
25. Châteauvillain. 33. Nyon. 

| 34. Geneve. 

V. Custodie de Besançon. 35. Chambéry. 
26. Gray. 36. Grenoble. 
27. Besancon. 37. Moirans. 
28. Salins. 38. La Chambre. 


Sauf Bourg et Dole, tous ces couvents sont antérieurs 
à 1343. 


IT 
VICAIRIE DE L'OBSERVANCE 


En 1415 le concile de Constance avait accordé l’auto- 
nomie à dix couvents, sous l'autorité d'un vicaire général 
choisi parmi les zélateurs, pour leur permettre d'observer 
à la lettre la règle de saint François. Parmi ces couvents 
figurait celui de Dole, dans la province de Bourgogne, fondé 
en 1372 par un Observant formé à Mirebeau en Poitou où 
s'était élaboré la réforme de l’'Observance. De bonne foi 
les promoteurs du décret de Constance avaient interprété 
son consentement pour le ranger parmi les couvents sépa- 
ratistes. Mais une bulle de Martin V, en 1420, nous apprend 
qu'à cette date, ou un peu auparavant, fr. Jean Lovinet, 
autrefois gardien, et d’autres frères de Dole se sont plaints 
au Souverain Pontife des ennuis survenus depuis la 
publication du décret de Constance. Ils n'ont chargé per- 
sonne de le demander pour eux, et qui plus est, ils ont 
toujours refusé obéissance aux Vicaires de l'Observance 
institués par les Pères du Concile. Mais l'an dernier, agis- 
sant avec trop de simplicité et terrifiés par les menaces 
qu on leur faisait, ils se sont enfin soumis à la juridiction 
du vicaire général, fr. Guillaume Josseaume (1). Mal leur 


(1) Ct. Rev. d'hist. francisc., 11, 521. 


448 HENRI LEMAÎTRE 


en a pris, Car ce vicaire a envoyé au couvent de Dole des 
religieux de son obédience. Ceux-ci ont élu un nouveau 
gardien et introduit des nouveautés par rapport à à l'office 
divin et aux anciens usages de la maison. D'où des dissen- 
sions et des scandales. Fr. Jean Lovinet déposé de sa 
charge, et d'autres bons religieux ont même dû quitter le 
couvent et passer dans une autre communauté pour servir 
Dieu en paix. Ils supplient le pape de leur faire justice et 
de les remettre sous l'autorité de leurs supérieurs ordi- 
naires, comme avant l'introduction des Vicaires. — Mar- 
tin V, qui avait reçu dans le même sens une supplique de 
l'archevêque de Besançon, charge le doyen du chapitre 
cathédral de s’enquérir de la vérité, et de rétablir les Frères 
dans leur ancienne situation (1). 

La vicairie de Bourgogne ne doit pas être antérieure à 
1450, car pour la constituer il fallait au moins deux cou- 
vents. L'initiative en revient à celui de Montlucon en 
Bourbonnais, qui releva primitivement de la vicairie de 
Touraine (2). En 1449, Nicolas V permettait aux religieux 
de ce couvent de fonder une maison dans le diocèse d’Au- 
tun (3). Cinq ans plus tard, en 1454, on voit apparaître 
un vicaire provincial de Bourgogne à qui le même pape 
accorde de recevoir deux couvents à lui offerts par le duc 
de Savoie, l’un à Thonon, l’autre à son choix (4). Celui de 
Thonon fut-il jamais fondé ? En tout cas il n’en est plus 
question dans les documents connus. 

En 1496 la vicairie possédait dix couvents énumérés paf 
Wadding (5) aux environs de 1506. 


1. Montluçon. 6. Vic-le-Comte. 
2. Le Donjon. 7. La Cellette (6). 
3. Charrières. 8. Chariez. 
4. Chateldon. y. Provenchère. 
5. Bourg-Saint-Andeol. 10. lournon. 

1) Ann. Min., X, 413. 


} 
2) J. FODÉRE, p. Soi. 

) Ann. Min., XII, 526. 

4) Ann. Min., XI], 6oo. 

5, Ann. Min., XV, 546. 

(6) La Cellette manque dans le document publié par L. Wapbine, mais 
cile est restituée par J. FoL&RE, p. 195-190. 


( 
(5 


GÉOGRAPHIE DÉ LA BOURGOGNE 449 


Entre temps, comme nous le dirons un peu plus loin, 
les Observants tentèrent plusieurs fois d'attirer à eux les 
couvents des Colétans, mais l’adhésion ne fut jamais par- 
faite et dura peu. | 

En 1517, après la bulle d'union de Léon X, la vicairie 
observante se fondit dans la province de Saint-Bonaven- 
ture, et chacun des couvents releva de la custodie où il 
était géographiquement placé : Montluçon, Chateldon, 
La Cellette, Vic-le-Comte, Le Donjon, de la custodie 
d'Auvergne; Chariez, Provenchère, de la custodie de 
Dole; Charrières, Bourg-Saint-Andéol, Tournon, de la 
custodie de Vienne (1). 


III 
LES COLÉTANS 


Sainte Colette, morte en 1447, ne réforma aucun cou- 
vent de Frères Mineurs; mais elle put suggérer la fonda- 
tion de deux ou trois maisons. 

L'ensemble des Frères qui vivaient autour de ses mo- 
nastères de moniales, en qualité de chapelains et de qué- 
teurs, observaïent strictement la règle de saint François. 
Plus tard on les appela Colétans, nom purement populaire, 
nullement canonique, donné probablement par les Mineurs 
de l’'Observance. Jamais ils ne sont désignés comme tels 
en tête des bulles pontificales. Jamais il n’y a eu de cons- 
titutions particulières pour les « Frères Mineurs Colé- 
tans ». Ïls fondèrent des couvents, mais principalement 
après la mort de sainte Colette (2). Ces couvents où l'on 


(1) Cf. aussi P. Marie-Pascal AnGLADE, /nventaire des archives de la pro- 
vince de Saint-Bonaventure en Bourgogne, dans Arch. francisc. hist., X, 
498-558. 

(2; Cf. ANTOINE DE SÉRENT, O. F. M., Une nouvelle Vie de sainte Colette, 
dans Études francisc., t. XVII, 1907, p. 438. — Le 11 juin 1427, le ministre 
général Antoine de Massa instituait fr. Henri de la Baume son vicaire sur 
les quatre couvents de Dole, Chariez, Sellières et Beuvray, vivant en obser- 
vance régulière dans la province de Bourgogne. Ct. ÜUBaLD D'ALENÇON, 
O. M. C., Docum, sur la réforme de sainte Colette, dans Arch. francisc. 


450 HENRI LEMAÎTRE 


observait strictement la Règle se trouvaient dans les pro- 
vinces régulières à côté des autres où on l'observait moins. 
Soumis directement aux ministres provinciaux et au 
ministre général, ils appartenaient à l'Ordre officiel et 
normal. 

Le 11 janvier 1446, du vivant de sainte Colette, Eu- 
gène [V, par la bulle Uf sacra Ordinis Minorum (1), sépa- 
rait les Frères Observants, les soustrayait à l'autorité 
des supérieurs mitigés, et les plaçait sous la juridiction de 
deux vicaires généraux, l'un en decà des monts Alpins et 
l'autre au delà. Tous les Observants devaient leur être 
soumis (2). Cependant les religieux dela province de Bour- 
gogne marquèrent aussitôt leur intention de rester soumis 
au général de l'Ordre et non au vicaire ultramontain. 
ainsi que celui-ci, Jean Maubert. l’écrivait à Pierre de 
Vaux le 11 mai 1446 (3). Nous ignorons l'accueil fait à 
cette bulle par la sainte ; en tout cas, jusqu'à sa mort en 
mars 1457, le plus grand calme paraît régner parmi les 
Frères qui dépendent d'elle. 

Mais le 3 juillet suivant, Nicolas V, élu depuis peu de 
mois, accordait à la demande des couvents de Sellières et 
de Beuvray, que tous les autres couvents fondés selon 
l'esprit de feu Colette Boilet pussent demeurer sous le 
gouvernement du ministre provincial, nonobstant la bulle 
d'Eugène IV. — L'année suivante, il accordait la même 
faveur (4), à la demande de Bernard, comte d’Armagnac, 
aux mêmes Frères et Sœurs réformés de Colette Boïlet,en 
Bourgogne et en Aquitäine, 23 octobre 1448. 

En 1451,1les Frères de Dole obtiennent de Nicolas V (5) 
la permission de fonder quatre couvents : .Chalon-sur- 


hist.,t. IL, 1910, p. 41. — Sur les Colétans, voir : « Sequitur dyalogus quod 
inter fratres duos, unum de Coletanis et alium de Observantia... Placet 
magnopere », xvt siècle. Cat. gén. des Mss.,t. X, Valognes, n° 16, ff. 1-12. 

(1) Ann. Min., XI, 251. 

(2) Nicolas V rappelle cette soumission dans sa lettre du 27 février 1453. 

(3) JéROME Goyens, Trois lettres inédites de Jean Maubert, vicaire géné- 
ral des Observants ultramontains, à Fr. Pierre de Vaux, dans Arch. fran- 
cisc. hist., V, 87-88. 

(4) Bulles non enregistrées par Wadding, mais mentionnees dans celle du 
27 février 1453. — Ann. Min., XII, 575. 

(5) Ann. Min., XII, 556. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 451 


Saône, les Thons, Muciaci au diocèse d'Autun, et un 
autre couvent en Bourgogne. D'après cette bulle, ils sem- 
blent se considérer comme jouissant d'une certaine au- 
tonomie, puisqu'ils cherchent à s'agréger de nouvelles 
fondations. 

Le gardien de Dole, Nicolas Pichon, aurait-1l été nommé 
vicaire provincial de Bourgogne en conformité avec le 
décret d’'Eugène IV ? Le fait est possible, parce que la bulle 
du 7 décembre 1452 permet aux Frères et Sœurs réformés 
de Bourgogne (1) de n'être pas contraints à accepter l’au- 
torité des vicaires de l’Observance, malgré les lettres con- 
cédées en ce sens au susdit Nicolas Pichon. 

De nouvelles lettres (2) datées du 27 février 1453 
accordent aux gardiens de Dole et de Chariez de se sou- 
mettre au vicaire général ultramontain. 

Dole entraîna-t-il avec lui les autres couvents colétans ? 
L'hypothèse est vraisemblable, mais l'union fut de courte 
durée, car une bulle de Calixte III (3), de 1455, men- 
tionne que ces couvents*ont été terrifiés par les Frères 
« de la Bulle », lesquels affirmaient qu'en dehors de leu 
Observance il n’y avait point de salut, « affirmabant.. 
coram magnatibus reliquos ejusdem Ordinis Fratres in 
statu damnationis existere... » Ils demandent au Pape de 
revenir sous l’ancienne juridiction du ministre provincial. 

La permission fut certainement accordée. Bien que 
nous manquions de détails, nous savons cependant qu'en 
1458, Dole n'était plus avec les « Bullistes » (4). 

A cette date une bulle de Pie IT (5) du 16 octobre 1458, 


(1) Ann. Min., XII, 571. 

(2) Ann. Min., XII, 575. 

(3) Ann Min., XII, 296-208. 

(4) L'abbé J.-Th. BizouarD, dans son Histoire de sainte Colette et des 
Clarisses en Bourgogne {Besançon, 1890, in-12) parle d'une réunion des 
gardiens et abbesses à Dole en 1438 ou 1459, tenue à la suite de la bulle 
de Calixte LILI; la décision prise aurait été ratifiée par Philippe le Bon, le 
22 mars 1459 (peut-être 1460 n. st.), ordonnant que « la reforme de sainte 
Colette serait seule suivie dans la province de Bourgogne ». On ne trouve 
nulle part mention de ces lettres du duc de Bourgogne. 

(5) Dominique de GusernarTis, Orbis Seraphicus, t. |, Rome, 1862, p. 618- 
624, in-fol. — Le Donjon a dû être inscrit par erreur, car il appartenait 
aux Observants. | 


452 HENRI LEMAÎTRE 


mentionne treize couvents de Frères Mineurs institués 
selon la réforme de feue Coletté Boilet et au service de 
ses monastères. Ce sont : Dole, Belley, Chalon, Rouge- 
mont, Nozeroy, Sellières, Beuvray, Le Donjon, Thons, 
Doullens, Castres, Murat et Azille. Les quatre derniers 
n’appartenatent pas à la province de Bourgogne. 

Une bulle d'Alexandre VI (1), du 13 septembre 1497, 
nous apprend que le vicaire provincial et les Frères reéfor- 
més « reformatorum nuncupatorum » se plaignent de ce 
que le ministre de la province les change à son gré et les 
envoie dans des couvents non réformés. Le Pape prend 
leur défense et interdit au Ministre de les inquiéter. En 
même temps il nous révèle que le vicaire provincial n'est 
élu que pour un an par ses Frères, annuatim eligendum, et 
qu'il doit être confirmé par le ministre de la province (2|. 
— Depuis quand ce vicaire existait-il? Nous ne savons 
pas, 

A la fin du xv° siècle les Colétans occupaient dix-huit 
couvents dans la province de Bœursogne. 


1. Dole. 10. La Rätie. 

2, Belley. 11. Beuvray. 

3. Chalon-sur-Saône. 12. L’Isle-sous-Montréal 

4. Rougemont. 13. Tanlay. 

5. Nozeroy. 14. Valdarde. 

6. Sellières. 15. N.-D. de Myans. 

7. Les Thons. 16. Cluses. 

8. N.-D. des Anges à Lyon. 17. Moûtiers en Tarentaise. 
9. Pont-de-Vaux. 18. Ste-Marie de Chambery. 


Ce furent eux qui amenèrent la réforme dans les deux 
proyinces de Bourgogne et de France. 


(1) Ann. Min., XV, 140. 

(2) L'historien Jacques Fonkré, p. 685, donne un récit de ces tergiversa- 
tons, mais il ne semble pas avoir connu les bulles que nous citons, et ses 
dates ne sont pas exactes. Ainsi il place la bulle d'Eugène IV au 1°‘ jan- 
vier 1456, alors que cc Pape était mort dix ans plus tôt. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 453 


IV 


PROVINCE DE SAINT-BONAVENTURE 


À partir de la canonisation de saint Bonaventure par 
Sixte IV, O.M.,en 1482, la province de Bourgogne, qui 
gardait au couvent de Lyon le tombeau du saint, voulut se 
placer sous son patronage et prit son nom. Ainsi le 30 mai 
1490, dans une charte datée du couvent de Lyon, fr. Jean 
de Vaux (1) s'intitule provincie Sancti Bonaventure mini- 
ster... Néanmoins l'ancienne appellation ne fut pas com- 
plètement oubliée et nous la voyons reparaitre parallèle- 
ment ou conjointement avec la nouvelle. 

Une dizaine d'années plus tard, le ministre général 
Gilles Delfini réformait les anciens couvents de la province 
«entre autres celuy de Saint-Bonaventure de Lyon, celuy 
de Vienne, celuy de Villefranche, celur: de Beaune, de 
Chastillon.. tous en la mesme année 1501 et 1502, en 
mettant dehors tous les Conventuels qui ne se voulurent 
réformer, et « fit bien plus, car il déposa les ministres pro- 
vinciaux, les custodes et les gardiens conventuels, et y en 
establit en mesme charge de ceux de l'Observance, de 
quoy les Frères de Bulla (2) jaloux, voyant les Observan- 
tins tant favorisez, ils leurs tramoient toutes les traverses. 
Ce bon général continuant à la poursuite de son dessein. 
assigna le chapitre de la province de Bourgongne, et luy 
mesme l'alla tenir le 18 juin de la mesme année 1503] au 
couvent de Lons-le-Saunier, lequel volontairement s'estoit 
réformé dès l’an 1500, et là fut faite l’union desdites trois 
sortes de Cordeliers, et la province formée et composée de 
trente-sept couvents, à scavoir de celuy de Saint-Bona- 
venture de Lyon, de celuy de Vienne, de Ville-franche, de 


(1) La France francisc., VIII, 145. 

(2) Le P. Fonéré, p. 191, appelle Frères de Bulla ceux qu'on nomme par- 
tout ailleurs Observants. Il réserve ce titre à ceux connus sous le nom de 
Colétans et qui n'étaient que des observateurs de la règle vivant sous la 
juridiction des ministres provinciaux tandis que les autres jouissaient de 
l'autonomie sous le gouvernement des vicaires. 


454 HENRI LEMAÎTRE 


Lons-le-Saunier, de Mascon, de Beaune, de Champaigne, 
de Chastillon (qui estoyent des Conventuels réformez), 
de Dole, de Salières, de Rougemont, de Thon, de Chalon, 
de Nozeret,de Bellay, de Nostre Dame de Mians, de Cluses, 
de l'Isle, de Tanlay, de Tarantaise, de Beufvjret, de Pont- 
de-Vaux, de Saincte-Marie de Chambéry, de Morges, de La 
Bastie (qui estoyent couvents de l'Observance), de celuy 
de Chérié, de Montiucon, de Chasteldon, du Donjon, de 
la Cellette, de Vic-le-Comte, de Charrières, du Bourg, et 
l'hermitage de Provenchères, qui avoyent esté bastis pour 
les Frères de la bulle. 

« Et d'autant qu'il restoit encore assez bon nombre de 
couvents des Conventuels à reformer, qui avoient toujours 
leur provincial et portoit le tiltre de ministre de la province 
de Bourgongne, il falloit donner un nom de province à ces 
trente-sept couvents nouvellement unis. Et pour ce... [le 
susdit général] voulut que cette nouvelle province fust 
nommée /a Province Sainct Bonaventure simplement, 
sans autre addition. Qui est la cause, qu'aux préséances 
en nos chapitres généraux, elle ne tient rang parmy les 
autres, sinon depuis ceste année 1503. Combien qu'au- 
paravant en qualité de province de Bourgongne elle estoit 
la première, et marchoit en ordre devant toutes les autres 
des Gaules, soit Celtique, soit Belgique, soit Acquita- 
nique » (1). 

Le Pape Jules IT approuva la nouvelle province et con- 
firma le premier ministre Pierre Grandis, par une bulle 
en date du 1° décembre 1504 (2). Le document pontifical 
paraît bien authentique. L'érection était donc canonique. 
Elle n’en apportait pas moins un bouleversement dans 
l'organisation des provinces francaises, La faute en revient 
au ministre général trop pressé, qui commit tant d'im- 
pairs durant sa charge, et qui fut rejeté par les zelanti et 
les mitigés qu’il mécontenta. Au lieu de constituer avec 
les couvents réformés une vicairie qui sauvegardät l’unité 
de la province, il la séparait en deux, comme si la situa- 
tion des non-réformésÆtait à tout jamais désespérée. 


(1)J. FonErk, p. 191, 192, 195-196. 
(2) In., p. 198-199. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 455 


Tout n'est pas exact dans l’exposé du P. Fodéré. Nous 
avons vu plus haut que dès 1490 le provincial s’intitulait 
Sancti Bonaventure minister. C'était donc une confusion 
dans l’appellation des deux provinces, d'autant plus que 
les mitigés se nommaient encore canoniquement Frères 
Mineurs. D'autre part la bulle de Jules IT ne cite pas le 
nombre des couvents de la nouvelle province. Ceux des 
Bullistes, comme les appelle le P. Fodéré, n'en faisaient 
pas partie, puisque deux documents (1) au moins prouvent 
l'existence de leur vicairie en 1509 et en 1516. Ils n'y 
adhérèrent qu'après le chapitre général de 1517. 

Dans les années qui précédèrent, le P. Philippe L'Huil- 
her, élu provincial en 1509, « reforma et ramena sous son 
obedience tous les autres couvents des Conventuels qui 
sont de présent de cette province, sauf celuy de Ro- 
mans (2)... » Le mouvement s'arrêta en 1515. Ces cou- 
vents doivent être Montbrison, Dijon, Chiteauvillain, 
Bar-sur-Aube, Montferrand, Clermont, Riom, Brioude, 
Saint-Pourçain. Il faut ajouter que La Côte-Saint-André 
fut fondée en 1514 et Mont-Calvaire à Romans en 1517. 

Au chapitre général de 1517 les vicairies des Observants : 
furent érigées en provinces régulières, et leurs vicaires 
devinrent des ministres provinciaux. Par contre les supé- 
rieurs des anciennes provinces non réformés durent s’ap- 
peler maîtres provinciaux et demander leur confirmation 
au ministre provincial (l’ancien vicaire des Observants). 
Ainsi l’unité était sauvegardée. Cependant les mitigés 
préférèrent se séparer et constituer un nouvel Ordre à 
part, celui des Conventuels, plutôt que de s’incliner 
devant les ministres provinciaux observateurs de la règle. 

En Bourgogne, comme partout ailleurs, les couvents de 
réformés auraient dû continuer l’ancienne province, et les 
ministres provinciaux se servir du sceau primitif à l'instar 


(1) Le 15 avril 1509, Georges d'Amboise, cardinal légat, adresse une 
lettre au P. Gilbert Nicolas, vicaire provincial de Bourgogne. France 
francisc., 1926, t. IX, p. 272-273. — Le mème G. Nicolas, devenu vicaire 
général, délègue fr. Arnold pour présider le chapitre de la vicairie de Bour- 
gogne en octobre 1516. Cf. Ornon pe Pavie, L'Aquitaine séraphique,t. 11, 
Auch, 1901, p. 433-434, avec fac-simile. 

(2) J. Fonéré, p. 204. 


456 HENRI LEMAÎTRE 


du ministre général. Il ne paraît pas que ces considéra- 
tions d'ordre traditionnel les aient touchés à cette époque. 
La liberté leur suffisait. Seuls les couvents de la vicairie 
observante vinrent s'adjoindre à ceux des Colétans et aux 
autres nouvellement réformés. Mais la province de Saint- 
Bonaventure imita les provinces de France et de Touraine 
dans leurs anciens usages et prit place dans leurs rangs. 

De 1517 à 1587, la province acquit le couvent de Ro- 
mans venu des Conventuels en 1532, et celui d'Annecy 
fondé en 1533. 


ÉTAT DE LA PROVINCE DE SAINT-BONAVENTURE EN 1587 (1). 


1 Custodie de Lyon. 13. Chalon-sur-Saône. 
1. Lyon (grand-couvent). : 14. Beuvray. | 
2. Villefranche. 15. L'Isle-sous-Montréal. 
3 Mâcen. 16. Tanlay. 
4. Montbrison. 17. Autun. 
S. Pont-de-Vaux. 18. Valdarde. 
NON UNE es Anges): II1. Custodie d'Auvergne. 
7. La Bâtie. 

| . 19. Montferrand. 

Il, Custodie de Dijon. SSClermont. 
8. Dijon. 21. Riom. 
g. Châtillon. 22. Brioude. 
10. Beaune. 23. Saint-Pourçain. 
11. Châteauvillain. 24. Champ-Aigue. 
12. Bar-sur-Aube. 25. Montluçon. 


(1) D'après Fr. de Gonzaca, De origine ac progressu seraphicae religio- 
nis. Rome, 1587, in-fol., p. 777-790. — Le même nombre de couvents, avec 
la même disposition, est donné dans Provinciae D. Bonaventurae seu Bur- 
gundiae Ordinis Fratrum Minorum regularis Observantiae ac coenobiorum 
ejusdem initium, progressus et descriptio, per Fratrem Claudium Picquer, 
doct. theol., conventus Divionensis alumnum et Franciscanorum apud 
Romonenses guardianum. — Turnoni, apud Claudium Michaelem, typo- 
graphum Universitatis, 1610. In-8°, 12 ff. lim., 102 p. et 3 ff. index. 

[Maz. 42556 (1). 

(Préface datée de Romans, 21 mars 1610.— Licence accordée par le géné- 
ral, Archangelus à Messana, à Paris, le 27 novembre 1609. — Approbation 
de Cliaudius Gallesius et Petrus Pathinus, docteurs en théologie, de l'Ob- 
servance, à Romans, le 19 mars 1610 et imprimatur de Benoît Varnier, 
vicaire général à Valence, 22 mars 1610. P. 201 : Series capilulorum pro- 
vincialium et superiorum ibidem electorum.…) Wabpinc, dans les Scripiores 
ignore cette édition ; selon lui la rr* édition est de Lyon et date de 1617, la 
2° édition est de Tournon, Claude Michel, mais daterait de 1621. 


ln, ee FR Air 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 457 


20. Châteldon. 39. Romans. 
27. Le Donjon. 40. Charrières. 
28. La Cellette. 41. Bourg-Saint-Andéol. 
29. Vic-le-Comte. 42. Tournon. 

IV. Custodie de Dole. er 

44. Mont-Calvaire- lès -Ro- 

30. Dole. mans. 
31. Lons-le-Saulnier. 
32. Chariez. VI. Custodie de Savoie. 
33. Sellières. 4°. Belley. 
34. Nozeroy. 46. N.-D. de Myans. 
35. Rougemont. 47. Cluses. 
30. Thons. 48. Moûtiers en Tarentaise. 
37. Provenchère 49. Ste-Marie de Chambéry. 


V. Custodie de Vienne. 50. Annecy. 


38. Vienne. 


Entre 1587 et 1771, la province (1) perdit onze cou- 
vents : Beuvray et Valdarde abandonnés ; Châteauvillain, 
Mont-Calvaire-lès-Romans, La Côte-Saint-André et Bourg: 
Saint-Andéol passés aux Récollets ; Notre-Dame de Myans, 
Cluses, Moûtiers, Chambéry et Annecy devenus indépen- 
dants avec leur custodie de Savoie depuis 1729. 

Elle acquit Sainte-Reine, Louhans et Notre-Dame de 
Grâce. 


(1) En dehors de CI. Piquet et de J. FoDéRE, Narration historique des 
couvens de la province de Bourgogne... Lyon, 1619, on peut consulter sur 
la province de Saint-Bonaventure : 

P. ANGLADE, Înventaire des Archives de l’ancienne province de Saint-Bona- 
tenlure... (d'après le ms. 1425 de la bibl. de Lyon). Dans Arch. francisc. 
hist., X, 498-558. 

Recherches historiques, dogmatiques, etc., concernant la province de 
Saint-Bonaventure... par le fr. François Lacuère... — Ms. incomplet divisé 
en deux tomes : 1, ff. 1-428, II, . 429-926. — xvinie siècle. Arch. de la Côte- 
d'Or, H 126. 

Mémoires pour servir à l'histoire de la province des Cordeliers, dite de 
Saint-Bonaventure. — Ms. postérieur à 1744. 

Ff. 1-160. Du gouvernement spirituel de la province. 

FF. 162-214. Eloge historique de la province. Dissertations sur la vie de 
Saint François. 

FF. 214-235. Catalogue des ministres provinciaux de 1210 à 1744. 

FF. 227-362. Les Hommes illustres en sainteté, dignités et science. 

Cat. gén. des Mss.t. XXX, L yon, n° 1422. 

À. Domnier, Sources de l'histoire franciscaine en Franche-Comté, dans 
Revue d'hist. francisc., 111, 41-56, 274-286. 


458 


tuels de Turin. 


La liste fournie par L. LEcEsTRE, Abbayes, prieurés... Paris, 1902, P- Se 
82, d'après les Papiers de la Commission des réguliers en 1768, porte en 
plus les sept couvents de La Bâtie, L'Isle-sous-Montréal, Chäteldon, Belles. 


OO AIME SR à 


HENRI LEMAÏÎTRE 


En 1771, sous le pontificat de Clément XIV, la pro- 
vince qui jusque là avait vécu sous la juridiction du mi- 
mistre général des Frères Mineurs, passa tout entière sous 
celle du général des Conventuels. La custodie de Savoie, 
à l'exception des couvents d'Annecy et de Chambéry qui 
furent supprimés, s’adjoignit à la province des Conven- 


ÉTAT DE LA PROVINCE DES CONVENTUELS 
DE SAINT-BONAVENTURE EN 1771 


Ï. Custodie de Lyon. 


. Lyon (St-Bonaventure). 
. Lyon (N.-D. des Anges). 
. Villefranche. 

. Mâcon. 


Montbrison. 


. Vienne. 

. Romans. 

. Pont-de-Vaux. 
. Tournon. 

. Louhans. 


. Custodie de Bourgogne. 
. Dijon. 

. Chalon-sur-Saône. 

. Châtillon. 

. Beaune. 

. Bar-sur-Aube. 

. AUtUN,. 

. Tanlay. 

. Sainte-Reine. 


Arch. nat., Loa4t. 


III. Custodie d'Auvergne. 


19. Clermont. 

20. Riom. 

21. Montferrand. 
22. Brioude. 

23. Montluçon. 
24. Saint-Pourçain. 
25. Champaigues. 
20. Vic-le-Comte. 
27. La Cellette. 


IV. Custodie de Franche- 
Comté. 


28. Dole. 

29. Lons-le-Saulnier. 
30. Nozeroy. 

31. Sellières. 

32. Rougemont. 

33. Chariez. 

34. Provenchère. 
35. Les Thons. 


Le Donjon, N.-D. de Grâce, Charrières, condamnés à disparaître. 


LL 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 459 


V 
LES RÉCOLLETS DE BOURGOGNE 


Ces religieux installés dans la région par le P. Michel 
Daniel (1) devaient observer la règle de saint François d’une 
facon plus sévère que les Frères Mineurs. Tout en se 
livrant au ministère apostolique avec réserve, du moins au 
début, ils s’adonnaient à la retraite et au recueillement, 
d’où leur nom de Récollets. Le premier couvent fut établi 
à Condrieu en 1602 ; le second près de Grenoble, à Saint- 
Martin-le-Vinoux. C’est là que le P. Daniel fut institué 
custode des quatre établissements existants (3 décembre 
1605), sous le titre de custodie de Saint-Antoine en Dau- 
phiné. Il mourait à Grenoble en 1610. 

Le chapitre général de Rome (2),en date du 10 juin 1612, 
décida que la province de Saint-Bonaventure donnerait 
aux Récollets les deux couvents de Vienne et du Mont- 
Calvaire de Romans. Mais les habitants de Vienne s'étant 


(1) La vie du R.P. Fr. Michel Daniel. premier custode des Frères Mi- 
neurs Observantins réformez dicts Récollectz, de la custoderie de Saint- 
Antoine du Daulphiné, escripte par fr. Paul GREÉGAINE, religieux du mesme 
Ordre, xvut siècle, Bibl. nat., Nouv. acq. fr. 10016. Papier 153 p. 

Briève declaration de l'Institution de la custodie de Saint-Antoine en 
Dauphiné, avec la vie du R. P. Michel Daniel, premier custode. — Ms. aux 
Arch. du Rhône, fonds des Récollets, H 6. 

(2) Accord fait entre les Pères Observants de la province Saint-Bonaven- 
ture et les Pères Récollets de la custodie de Saint-Antoine en Dauphiné 
(2 nov. 1612-11 juin 1618), Lyon, C. Morillon, 1618. [In-8°. Pièce. [Bibl. 
nat., Ld**, 45]. 

Sur le méme sujet. Cf. FoDÉRE, op. cif., p. 974-u80. 

L'ouvrage capital sur les Récollets de Bourgogne est : JuvÉNAL DE Lyon, 
Historica descriptio conventuum Fratrum Minorum Recollectorum provin- 
ciae S. Francisci in Gallig, in qua religiosi pietate, sanctitate et virtute 
celebres, qui in eis conventibus defuncti jacent, recensentur..., Avignon, 
1678, in-8° [Bibl. nat., Ld**, 120]. 

Voir aussi : Noms des religieux Récollets de la province de Saint-Fran- 
cois en France décédés depuis son origine (1604-1781), Ms. de la Bibl. prov. 
des Capucins de Paris, n° 324 (404). 

Au point de vue liturgique : Rituale Fratrum Minorum Recollectorum 
Provinciae S. Francisci in Gallia, Lugduni, J. A. Caudy, 1630. In-40, 3 ff. 
lim., 354 p., 6 ff. n. ch. table et approb., titre grav. "Bibl. nat., B. 2818 


460 ‘ HENRI LEMAÎTRE 


opposés à la cession, le couvent de La Côte-Saint-André 
leur fut remis à la place. Celui de Bourg-Saint-Andéol, 
qui devait appartenir à la province de Saint-Louis de Pro- 
vence depuis une date indéterminée, leur avait été déjà 
concédé par une bulle de Clément VIII, le 22 sep- 
tembre 1605. | 

Nous pouvons résumer ainsi la série des couvents des 
Récollets : . 

Condrieu, Saint-Martin-le-Vinoux, Saint-Genis-Laval et 
Bourg-Saint-Andéol, avant l'érection de la custodie de 
Saint-Antoine ; Mont-Calvaire de Romans, La Côte-Saint- 
André, Annonay, Saint-Amand, Maringues, Tournus, 
Montélimar, Saint-Eynard, La Tour-du-Pin, Montferrand, 
Cluny, fondés entre 1605 et 1620. 

La custodie possédait donc quinze couvents lorsqu'elle 
fut érigée en province, le 22 janvier 1620, sous le titre de 
Saint-François. i 


ÉTAT DE LA PROVINCE DES RÉCOLLETS EN 1:68 


1. Marcigny. 16. Montbrison. 

2. Tournus. 17. Cluny. 

3. Ambert. 18. Nyons. 

4. Ardes-sur-Couze. 19. Montélimar. 

5. Clermont-Ferrand. 20. Valence. 

6. Maringues. 21. Annonay. 

7. Saint- Amand-T allende. 22. Condrieu. 

8. Briançon. 23. La Côte-Saint-Andre. 
9. Bourg-d'Oisans. 24. La Tour-du-Pin. 
10. Saint-Eynard. 25. Saint-Marcellin. 
11. Grenoble. 26. Romans. 
12. Grenoble (résidence). 27. Bourg-Saint-Andeol. 
13. Saint-Genis-Laval. 28. Largentière. 
14. Saint-Germain-Laval. 29. Privas. 

15. Lyon. 


D’après les Papiers de la Commission des réguliers en 1768. — 
L. Lecesrre, Abbayes, prieurés et couvents d'hommes en France, 
Paris, 1902, p. 101-102. 


A cette liste il ne manque que Pignerol en Piémont, 
donné aux Récollets en 1640, et détruit pour raison mili- 
taire avant 1678. | 

Il en fut ainsi jusqu'à la Révolution. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 461 


VI 


LES CONVENTUELS DE BOURGOGNE 


Après le chapitre général de 1517 qui consomma la 
séparation dans l'Ordre de Saint-François, les couvents de 
mitigés de Bourgogne se trouvaient au nombre de vingt. 
Ils constituèrent la province des Conventuels de Saint- 
Bonaventure. 


ÉTAT DE LA PROVINCE DES CONVENTUELS 
| DE SAINT-BONAVENTURE EN 1517 


1. Le Puy. 11. Salins. 

2. Annonay. 12. Grandson. 

3. Montélimar. | 13. Lausanne. 

4. Die. 14. Nyon. 

5. Crest. 15. Genève. 

6. Valence. 16. La Chambre. 
7. Charlieu. 17. Chambéry. 

8. Bourg-en-Bresse. 18. Grenoble. 

9. Besançon. 19. Moirans. 

10. Gray. 20. Romans. 


Romans passa en 1532 à la province des Frères Mineurs 
de Saint-Bonaventure, Grandson, Lausanne, Nyon, Genève 
furent ruinés par les Protestants, vers la même époque. 
Chambéry et La Chambre devinrent-ils indépendants à 
partir de 1729, comme les couvents de Frères Mineurs de 
la custodie de Savoie? Nous ne savons. — Saint-Galmier 
fut fondé en 1630. 

En 1971 cette province des Conventuels fut abolie par 
Clément XIV et à sa place la province Clémentine (nom 
du pape) ou de Saint-Joseph fut érigée avec quatorze 
couvents venus des Conventuels de Saint-Bonaventure, 
huit venus des Conventuels de Saint-Roch. ou de Langue- 
doc, et quatre venus de la province de Strasbourg. 


Revues D'HisTOIRE FRANCISCAINE, t, IV, 1927. 35. 


462 HENRI LEMAÏÎTRE 


ÉTAT DE LA PROVINCE CLÉMENTINE EN 1771 


Î. Custodie de Languedoc. IT. Custodie de Franche 
1. Alais. Comté. 

2. Aubenas. 13. Besancon. 

3. Marvejols. 14. Salins. 

4. Saint-Chély. 15. Gray. 

5. Le Puy. 16. Bourg-en-Bresse. 

6. Annonay. 17. Charlieu. 


II. Custodie de Dauphiné. 18. Saint-Galmier. 


7. Grenoble. IV. Custodie d'Alsace. 
8. Valence. 

9. Moirans. 19. Thann. 

10. Montélimar. 20. Sarrebourg. 

11. Crest. 21. Sainte-Marie-aux-Chènes 
12. Die. 22. Haguenau. 


D’après la tableau des nouvelles provinces des Cordeliers en 1771. 
Arch. nat., |. 941. — Cependant, ce tableau fautif porte : Strasbourg 
au lieu de Sarrebourg, et Schelestaat au lieu de Haguenau. Cf. l’ar- 
ticle du P. L. Ouicer, dans la France francisc., 1922, t. V, p. 311- 


312. 


La liste des couvents publiée par L. LECESTRE, p. 81-82, 
d’après les papiers de 1768, signale quatre autres couvents 
condamnés sans doute à disparaître par la Commission 
des Réguliers : Gignac, Anduze, Mende, Largentière. 


VI] 
LES CAPUCINS DE BOURGOGNE 


Les premiers Capucins arrivèrent d'Italie en France en 
1574. Dans les années qui suivirent plusieurs couvents se 
fondèrent en Bourgogne. 

En 1580 eut lieu le premier chapitre provincial avec les 
vocaux des couvents de Lyon, Avignon, Chambéry. 
Roanne et Marseille. La province fut érigée sous le patro- 
nage de saint Bonaventure. De cette province sont sorties 
celles de Saint-Louis en Provence, de Savoie et de Bour- 


gogne (1). 


(1) Bullarium Capuccinorum, V, p. 116. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 463 


ÉTAT DE LA PROVINCE DE LYON EN :1588 


1. Lyon. 8. Toulon. 

2. Avignon. 9. Dole. 

3. Chambérv. 10. Gray. 

4. Roanne. 11. Salins. 

5. Marseille. 12. Montmélian. 

6. Arles. 13. St-Jean-de-Maurienne. 
7. Salon. 14. AIX. 


A cette date de 1588, les six couvezts (1) d'Avignon, 
Aix, Marseille, Arles, Salon, Toulon, se séparèrent de la 
province de Lyon pour fonder celle de Saint-Louis-en- 


Provence. 


ÉTAT DE LA PROVINCE EN 1610 


1. Lyon. 17. Crest. 

2. Chambérv. 18. Dijon. 

3. Roanne. 19. Grenoble. 
4. Dole. 20. Issoire. 

5. Gray. 21. Mâcon. 

6. Salins. 22. Moulins. 

7. Montmélian. 23. Montbrison. 
8. St-Jean de Maurienne. 24. Montluçon. 
9. Le Puv. 25. Riom. 

10. Autun. 26. Romans. 
11. Beaune. 27. Lhiers. 

12. Billom. 28. Vienne. 

13. Saint-Bonnet. 29. Vesoul. 

14. Chalon-sur-Saône. 30. Besançon. 
15. Saint-Chamond. 31. Conliège. 
16. Clermont-Ferrand. 32. Thonon. 


Par un décret de la Congrégation de la Propagande, en 
date du 1°" juillet 1610. les couvents de Thonon, Cham- 
béry, Montmélian, Saint-Jean de Maurienne, furent sépa- 
rés de la province de Lyon pour former celle de Savoie (2). 


ÉTAT DE LA PROVINCE EN 1618 
1. Le Puv. 3. Auxonne. 


2. Autun. 4. Beaune. 


(1; Bullarium Capuccinorum, V, p. 153, 401. 
(2) Jbid., V, 117. 


464 


5. Billom. 

6. Saint-Bonnet. 

7. Bourg-en-Bresse. 
8 


. Chalon-sur-Saône. 


9. Saint-Chamond. 


. Crémieux. 
. Crest. 

. Cusset. 

. Dijon. 

. Grenoble. 
. Issoire. 

17. Lyon. 

. Mâcon. 

. Moulins. 

. Montbrison. 
. Montluçon. 
. Riom. 

. Roanne. 


. Clermont-Ferrand. 


HENRI LEMAÎTRE 
24. 
25. 
26. 
27: 
28. 


Romans. 

Thiers. 

Valence. 

Vienne. 

Villefranche-en - Beaujo- 
lais. 


. Champlitte. 
. Dole. 

. Gray. 

. Lons-le-Saulnier. 
. Pesmes. 

. Poligny. 

. Pontarlier. 
. Salins. 

. Vesoul. 

. Besançon. 
. Conliège. 

. La Baume. 


En 1618, les couvents de Dole, Gray, Salins, Champlitte. 
Lons-le-Saulnier, Pesmes, Poligny, Pontarlier, Vesoul, 
Besancon, Conliège, La Baume, furent séparés de la pro- 
vince de Lyon (1) pour former celle de Bourgogne, appt. 
lée plus communément de Franche-Comté. 


ÉTAT DE LA PROVINCE (2) EN 1748 


1. Saint-Amand. 16. 
2. Le Puy. 17. 
3. Arnay-le-Duc. 18. 
4. Avallon. 19. 
5. Autun. 20. 
6. Auxonne. 21, 
7. Beaune. 22. 
8. Billom. 23. 
9. Saint-Bonnet. 24. 
10. Bourbon-Lancy. 25. 
11. Bourbon-l’Archambault. 26. 
12. Brioude. 27: 
13. Bourg-en-Bresse. 28. 
14. Chalon-sur-Saône. 29. 
15. Saint-Chamond. 30. 


(1) Bullar. Capuccin., V, 144. 
(2) Bull. Cap., V, 115-125, 397-398. 


Charlieu. 
Châtillon-sur-Seine. 
Château-Chinon. 
Clermont-Ferrand 
Corbigny. 
Crémieux. 

Crest. 

Cusset. 

Dijon. 

Gannat. 
Grenoble. 

Issoire. 

Langeac. 
Langogne. 

Lyon. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 465 


31. Lyon-Saint-André. 47. Seurre. 

32. Marvejols. - 48. Thiers. 

33. Mâcon, 49. Tournon. 

34. Mende. 50. Valence. 

35. Monistrol. 51. Vienne. 

36. Moulins. 52. Villefranche-de -Beaujo- 
37. Montaigut. lais. 

38. Montbrison. 53. Villeneuve-de-Bereg. 

39. Montluçon. 54. Châtillon-les - Dombes. 
40. Montélimar. (Hospice). 
41. Riom. 55. Florac. » 

42. Roanne. 56. Is-sur-Thil. » 

43. Romans. 57. La Mure. » 

44. Saulieu. 58. Nuits. » 

45. Semur. 59. Tarare. » 

46. Saint-Etienne. 60. Vichy. 


Les mêmes couvents se retrouvent dans la liste de la 
Commission des Réguliers (1) en 1768. 


PROVINCE DE SAVOIE 


Elle fut érigée (2) par un décret de la Congrégation de 
la Propagande, le 1°" juillet 1610, avec les couvents de 
Thonon, Chambéry, Montmélian, Saint-Jean-de-Mau- 
rienne. | 


ÉTAT DE LA PROVINCE (3) EN 1748 


1. Annecy. : 7. Châtillon de Michaille. 

2. Aoste. 8. Gex. 

3. Belley. 9. Yenne. 

+. Bourg-Saint - Maurice- 10. Montmélian. 
en-Tarentaise. 11. Moutiers, 

5. Chambéry. 12. Morges. 

6. Conflans. 13. Laroche. 


(1) Lecesrrs, Abbayes.., p. 93-95, — Sur la province de Lyon, on peut 
Consulter les Monumenta provinciae Lugdunensis, auctore P. MIiCHAELAN- 
G&LO CABILONENSI... (1628-1706-1751), à la Bibliothèque provinciale des Ca- 
Pucins de Paris, mss. 435 (33), 436 / 34), de même que les autres mss. indi- 
qués aux pages 82-85 du Catalogue de cette collection privée. Voir en outre 
Origine de la province des Capucins de Lyon, dite de Saint-Bonaventure, 
dans cette Revue, IV, 301-307. 

2) Bull. Cap., V, 117, 139. 

(3) d., p. 399. — Cf. EucÈne ne BeLcevaux, Nécrologe et Annales bio- 
&raphiques des Frères Mineurs Capucins de la prov. de Savoie 1611-1902), 
Paris, 1902. 


4606 


14. 
15. 
16. 
17: 
18. 
19. 


I 


2 
3 
4 
5 
6 


DU One wN 


Rumilly. 

Sallanches. 

St-Jean-de -Maurienne. 
Saint-Julien. 
St-Maurice-en-Valais. 
Seyssel. 


HENRI LEMAÎTRE 


20. 
21: 
22. 
23. 


24. 


Sion. 

Thonon. 

Bonaz (Hospice) 
Taninges. » 


Chambéry {chapelle Ste- 
Apolline). 


Cette province ne figure pas sur les listes de la Com- 
mission des Réguliers en 1768, comme étant en dehors du 
royaume. 


PROVINCE DE FRANCHE-COMTE 


Elle fut formée en 1618 avec douze couvents tirés de la 
province de Lyon (1). — Elle est appelée aussi province 
de Bourgogne. 


ÉTAT DE LA PROVINCE 


. Dole. 

. Gray. 

. Salins. 

. Champlitte. 

. Lons-le-Saunier. 
. Pesmes. 


EN 1618 


7. Poligny. 

8. Pontarlier. 
9. 
10 
11 
12 


Vesoul. 


. Besançon. 
. Conliège. 
. Baume-les-Dames. 


A l'instance du roi de France, elle fut réunie à celle de 
Lyon (2), par un bref d’Innocent XI, 10 février 1679. Mais 
l'union n'eut pas lieu. 


ÉTAT DE LA PROVINCE (3) EN 1748 


. Saint-Amour. 


Arbois. 
Baume-les-Dames. 
. Belfort. 
Champlitte. 


. Saint-Claude. 


Dole. 


. Faucogney. 


. Jussey. 


. Lons-le-Saulnier. 


(1) Bull. Cap., V, 144. 
(2) /bid., 123-124, 203. 
(3j 1bid., 400. 


13. 
14. 
15. 
16. 
17, 
18. 
19. 
20. 
21. 
22. 
23. 


Lure. 
Luxeuil. 
Pesmes. 
Poligny. 
Pontarlier. 
Salins. 
Vesoul. 
Besançon. 
Vuillafans. 
Orgelet (Hospice). 
Conliège » 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 467 


En 1768 la province (1) ne compte que vingt-deux cou- 
vents, Conliège a disparu. 


VIII 
TIERCELINS DE BOURGOGNE 


La province des Frères du Tiers-Ordre Régulier de 
Lyon existait antérieurement à 1443. A cette date elle 
envoya deux religieux fonder le couvent de Caria en Por- 
tugal. Elle disparut complètement, sans laisser de traces, 
probablement au xvi* siècle. Entre 1604 et 1608 les cou- 
vents de Lyon, Digoin, la Guiche et Pagny, étaient érigés 
selon la réforme du P. Vincent Mussart. Le chapitre de 
Picpus à Paris établissait en 1608 la custodie de Lyon. 
Quand la province de Saint-Elzéar d'Aquitaine (2) fut 
constituée en 1613, elle dut en faire partie. Les couvents 
de Beaujeu, Chemilly et Moulins-Engilbert sont mention- 
nés aux environs de 1622 (3). 

Un bref d’'Innocent X (4), du 26 mai 1649, confirme la 
province de Saint-Louis et de Saint-Elzéar du Tiers-Ordre 
Régulier en France. Cette province de Saint-Louis est bien 
celle qu'on est convenu d'appeler province de Lyon. 
Cependant un autre bref d'Alexandre VII (5), du 21 jan- 
vier 1664, sépare la province de Saint-Elzéar d’avec celle 
de Saint-Louis. Est-ce que la séparation n'aurait pu être 
faite en 1648? De nouveaux documents le diront. — La 
province de Lyon subsista jusqu'à la Révolution. 


(1) Lecesrre, Abbayes..., p, 95. — Cf. Bibliothèque provinciale des Capu- 
cins de Paris, p. 110-112 du Catalogue, où sont indiqués plusieurs mss. 
Concernant les couvents de cette province, entre autres : Monumenta pro- 
vinciae Burgundiae Minorum Capuccinorum (1626-1725); Abbé J. More, 
Les Capucins de Franche-Comté, Paris, Poussielgue frères, 1882, in-12, 
410 p.; À. Dorxier, Sources de l'histoire franciscaine en Franche-Comté; 
dans Rev. d'hist. francisc., 1V, 212-221. 

(2 Hézvor, T. O.R., Hist. des Ordres religieux, Paris, 1702,t. VII, p. 271. 

(3; Jbid., p. 279, 280, 285. — France francisc., IV, 207, 208, 211. 

(4) Bibl. Mazarine, A. 15392, piète 44. 

(3) {bid., pièces 45, 47, 40. 


468 


HENRI LEMAÎTRE 


ÉTAT DE LA PROVINCE DE SAINT-LOUIS 
OU DE LYON EN 1768. 


1. Aix. 8. Lyon (résidence). 
2. Charolles. 9. Trévoux. 

3. Digoin. 10. Beaujeu. 

4. Avignon. 11. Marseille. 

5. Chemilly. 12. Moulins-Engilbert. 
6. Fontaines-sur-Saône. 13. Saint-Vallier. 

7. Lyon. 


(Les couvents de la Guiche et de Pagny furent abandonnés dès le 
xviie siècle.) 


D’après les Papiers de la Commission des Réguliers en 176$. 
L. LEcesTRE, Abbayes, prieures..., p. 85-86. 


Les titres généraux et les pièces relatives aux couvents 
de cette province forment 70 articles aux archives dépar- 
tementales du Rhône. En plus des maisons figurant dans 
la liste ci-dessus, différentes pièces de ce dossier concer- 


nent des établissements à Gray, Dole, Lons-le-Saunier et 
Salins. | 


IX 


MONIALES DE BOURGOGNE 
CLARISSES URBANISTES 


1. Alès, passé à l'Ordre de Saint-Benoît vers 1430. 


D 


VS 


. Annonay. 
. Notre-Dame de la Déserte, passé à l'Ordre de Saint-Benoit 


entre 1501 et 1507. 


. Brienne-les-Anze, item en 1697. 

. Chalon-sur-Saône, passé aux Carmélites en 1611. 

. Chazeaux, passé à l'Ordre de Saint-Benoît en 1507. 
. Grenoble, totalement vidé par la peste au xiv° siècle. 
. Migette. 

. Montigny-lès-Vesoul. 

. Lons-le-Saunier. 

. Besançon, passé aux Colettines en 1410. 

. Moutiers en Tarentaise. 

. Chambéry. | 


14. 
1. 


Sourie. 
Sainte-Colombe-lès-Vienne. 


TS Ti 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 469 


16. Vienne. 

17. Romans. 

18. Charolles. 

19. Châteldon. 

20. Le Donjon. 

21. Clermont-Ferrand. 


Il est douteux que Brienne et Clermont mentionnés par 
HERMANT en 1710 comme relevant de la Province des 
Frères Mineurs de Saint-Bonaventure appartiennent aux 
Urbanistes. | 

Le P. Franchini (1). en 1682, énumère comme dépen- 
dant des Conventuels les sept monastères d’Annonay, 
Chambéry, Lons-le-Saulnier, Migette, Montigny, Moûtier 
et Sourie. 


CLARISSES COLETTINES 


A la fin du xv° siècle, d'après le ms. A2 des archives 
des Clarisses de Poligny, il existait treize monastères 
réformés par sainte Colette dans la province des Frères 
Mineurs de Saint-Bonaventure : 


Sequuntur nomina conventuum beate virginis Clare 
secundum veram Observantiam a beata virgine Coleta tra- 
ditam in provincia Sancti Bonaventure seu Burgundie : 

Conventus Bisuntinen. (Besancon) + 

Conventus Gebennarum (Genève) +; Annessinci (An- 
necy) (2). 

Conventus Viviaci (Vevey) +; Aquiani (Évian) (2). 

Cenventus Poligniaci (Poligny) + ; 

Conventus Chamberiaci (Chambéry) + ne 

Conventus Auxonne +; 

Conventus Surregii (Seurre) + ; 

Conventus de Molinis (Moulins) +: 

Conventus Aquesperse (Aigueperse) +: 

Conventus Orbe (Orbes) + : 

Conventus Podii (Le Puv) +; 


fr) FrancHini, Status religionis... Min. Conv., p. 33, 35, 51, 54, 67. 
(2)Ces deux noms ont été ajoutés d'une main postérieure. 


470 | HENRI LEMAÎTRE 


Conventus Montis Brisonis (Montbrison). 

Conventus Gyemi (Gien). 

Conventus fundati ab ipsa beata Coleta et in quibus per- 
sonaliter fuit, hoc signo +... (1) 


En 1619, le P. Fodéré (2) compte quinze monastères 
dépendant de la province des Frères Mineurs de Saint- 
Bonaventure. 


1. Besançon. 9. Chambéry. 

2. Auxonne. 10. Annecy. 

3. Poligny. 11. Grenoble. 

4. Seurre. 12. Bourg-en-Bresse. 
5. Moulins. 13. Montbrison. 

6. Aigueperse. 14. Gien. 

7. Évian. 15. Lyon. 

8. Le Puy. 


Dans l'énumération de Hermant, 1710, six de ces monas- 
tères sont passés sous d'autres obédiences : Montbrison, 


Lyon, Seurre, Besançon, Poligny, Evian. — Par contre 
il mentionne : Bellegarde, Brienne, Le Donjon, Charolles 
(Urbaniste). 


Le « Livre des visites du P. Jean-François Escale, élu 
visiteur des monastères de la réforme de sainte Colette, en 
1735 » (3) et années suivantes jusqu’en 1752, recense : 
Moulins, Aigueperse, Le Puy, Auxerre, Grenoble, Bourg- 
en-Bresse, Auxonne, Bellegarde, Gien et Seurre. 


TIERCELINES 


La Congrégation des Tiercelines de l’Etroite Observanct 
fut fondé en 1604 à Vercel, près Besançon, par Margueritt 
Borrey, dite en religion Françoise de Besançon (4). Onze 


(1) P. Ugarp D'ALENÇON, Documents sur la réforme de sainte Coiett” er 
France, dans Arch. francisc. hist., Il, 454. 

(2) FonéRé, Narrat. hist., 2° part., p. 272. 

(3) Cat. gén. des Mss., t. XXX, Lyon, n° 855. 

(4) Abbé DaLLoz, Vie de Marguerite Borrey, veuve de noble Claude Rec, 
en religion Françoise de Besançon, fondatrice du Tiers-Ordre réformé de 
Saint-François, dit de la stricte observance. Besançon, 1881. In-8, vi 
114 p. — En dehors de la Bourgogne, il y eut des maisons à Paris, Nancÿ. 
Marseille et Louviers. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 471 


monastères s établirent sur le territoire de la province de 
Bourgogne : Vercel, Salins, Gray, Dole, Arbois, Lons-le- 
Saulnier, Lyon (trois maisons), Roanne, Montferrand. 

Il y avait avant 1717, à Châteauvillain, des Franscis- 
caines du Tiers-Ordre Régulier. Un mémoire les concer- 
nant existe aux Arch. de la Haute-Marne, 1530-1794. Leurs 
Constitutions se trouvent à la Bibl. nat., n° 225, du sup- 
plément français. D’autres maisons isolées sont mention- 
nées à Besançon en 1349, à Saint-Laurent près de Genève 
en 1454, à Pont-de-Vaux depuis 1471 environ jusqu’en 
1610, au Puy, à Langeac, à Allègre et à Vernassal. 


HENRI LEMAÎTRE. 


472 HENRI LEMAÎTRE 


RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUE 
DES ÉTABLISSEMENTS DE L'ORDRE DE SAINT FRANÇOIS 
DANS LE SUD-EST DE LA FRANCE 


DU XIII* AU XIX° SIÉCLE. 


AIGUEPERSE (Puv-de-Dôme), arr. de Riom, ch.-l. de c. — Monas- 
tère de Clarisses Colettines fondé en 1423 par Marie de Berry, sousle 
nom de l’Ave Maria. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H, 1 art.; 
Arch. francisc. hist., 11,454; X, 506 ; GonzaGa, 791; FoDÉRE, 2° part., 
75-80; Ann. Min., X, 75; Gallia christiana, 11, c. 418, 420 ; Instrum. 
c. 136-128; J.-B. CuLuaT, Inventaire des archives d'Aigueperse, 
_ titres du monast. de Sainte-Claire, dans L’Auvergne hist., Riom, 
1912, 100-135 ;, Aigueperse et ses environs, 1900, Iin-12, 16-18. 

AIX (Bouches-du-Rhône), ch.-l. d’arr. — Couvent de Tiercelins, 
fondé en 1666, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch. 
dép. des Bouches-du-Rhône, B 124; B 45, série H ; LRCESTRE, 85: 
Roux-ALPHÉRAN, Les Rues d'Aix, I. 

ALES (Gard), ch.-l. d'arr. — Couvent mentionné en 1240 (Hist. 
gén. de Languedoc, éd. Privat, 1879, VIL, col. 161). De 1240-1517, à 
la prov. des Frères Mineurs de Provence. De 1517-1625, à la prov. 
des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — EuBeL, Prov., 36; Ann Min., VIII, 
168, 500; EuBEL, die Avignon. Obedienz, p. 76, n° 626; DENIFLE, 
Désolat., II, 390-392 ; A. BarDon, Hist. de la ville d'Alais de 1250 à 
1340, 193; — op. cit. de 1341 à 1461,62; A. Duran», Les Ordres 
rel. des dioc. de Nîmes, dans Bull. du Comité de l'Art chrétien, IX, 
Nimes, 1911, 507-8 ; LECRSTRE, 81. 

— Monastère de Clarisses, mentionné par A. Barpon, Hist. de la 
ville d’Alais de 1250 à 1340, 190; les religieuses donnent leur cou- 
vent aux Cordeliers de la ville le 23 juin 1429 et passent peu après 
chez les Bénédictines de Notre-Dame des Fonts. — A. BarDon, Hist. 
de la ville d’Alais de 1341 à 1.461, 253-256; G. CHarveT, Deux quit- 
tances en langue romane délivrées par les abbesses du monastère de 
Sainte-Claire d'Alais au xive s., dans Revue des langues romanes, IV 
(1873), 404-6 ; A. DuRAND, op. cit., 521-2. 

ALISE-SAINTE-REINE. Voir SAINTE-REINE. 

ALLÈGRE (Haute-Loire), arr. du Puy, ch.-l. de c. — Monastère de 
Tiercelines, fondé en 1681. — GR&LLET De LA Devyrs, Votes historiques 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 473 


sur Allègre, 60 et 730; R. P. APOLLINAIRE, Essai sur les Franciscaines 
hospit., 25. 

ALSACE. — Custodie des Conventuels dans la prov. de Haute- 
Allemagne, rattachée en 1771 à la prov. Clémentine, composée des 
quatre couvents de Thann, Sainte-Marie-aux-Chênes, à Gœrstorff, 
pres Wærth, Sarrebourg et Haguenau. — France francisc., V, 311- 
312; LECESTRE, 81. 

AMBERT (Puy-de-Dôme), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets 
fondé en 1619. De 1619-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — JUvÉNAL, 97 ; 
LECESTRE, 101. 

ANDUZE (Gard), arr. d’Alès, ch.-l. de c. — Couvent mentionné en 
1201 (MÉNARD, Hist. de la ville de Nîmes, 1 (1750), 341). De 1261- 
15:17, à la prov. des Frères Mineurs de Provence. De 1517-1625, à la 
prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov. 
des Conventuels de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — EuBgz, Prov., 36: A. Duran», Les 
Ordres rel. des dioc. de Nimes... dans Bull. du comité de l'art chré- 
tien, FX, Nimes, 1911, 500-510; LECESTRE, 81, Cat. gén. des Mss., 
XXX, Lyon, n° 512; A. Viçuier, Notice sur la ville d'Anduze, 
1907, 42. 

ANNECY (Haute-Savoie). — Couventfondé en 1533. De 1533-1571. 
à la prov. des Frères Mineurs de Saint-Ronaventure. Il fut supprimé 
en 1771 par autorité du pape Clément XIV et les religieux devenus 
Conventuels se réunirent à ceux de Chambérv. — GONZAGA, 700 ; 
PicQuET, 103; FoDÉRÉ, 1012; MERCIER Le Chapitre de Saint-Pierre de 
Genève, Annecy, 1890, p. 286; ReBorp, Cathédrale de Saint-François 
de Sales, Annecy, 1923, 23-43; France franscic., 1, 39, 112; HI, 
116, 168, 101; Arch. franscic. hist., X, 498-558; CI. Faure, Les 
Célestins et les Cordeliers à Annecy, dans Rev. d'hist. francisc., IV, 
12-39. 

— Couvent de Capucins, fondé en 1594, sous le vocable de Saint- 
Jacques, par Charles-Emmanuel de Savoie. De 1504-1610, à la prov. 
de Lyon. De 1610-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., 
V,139, 399 ; Abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, 
Tarentaise..., 124. | 

—'Monastère de Clarisses Colettines transféré de Genève en 1535 ; 
il subsista jusqu’à la Révolution. — Les Clarisses de Genève-Annecy 
et les protestants, 1530-1535, d'après la relation de l'abbesse Jeanne 
de Jussie, dans France francise., IT, 15-117; Arch. francisc. hist., 
11, 454 ; GonzaGAa, 790; FonËRé, 2° part., 117. 

ANNONAY (Ardèche), arr. de Tournon, ch.-l. de c. — Couvent au 
faubourg de Déôme mentionné en 1218. De 1218-1240, à la prov. des 
Frères Mineurs de Provence. De 1240-1517, à la prov. des Fr. Min. 
de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint- 
Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Con- 
ventuels. — Arch. dép. de l’Ardèche, série H; EuBer, Prov. 34: Ann. 


474 HENRI LEMAÎTRE 


Min. (1218), 1, 283 ; V, 164; EuseL, Die Avignon. Obedien;, p. &, 
n° 742; France francisc., IV, 105, 110 ; LecESTRE, 82 , JuvÉNAL, i1: 
abbé FiznoL, Hist. rel. et civile d' Annonay, 1880, 1, 59-61, LE, 54-56, 
232, 240-251, 283, 336-347, 520-522, 508. 

— Couvent de Récollets de Saint-Antoine de Padoue, près Anno- 
nay, fondé en 1613. De 1613-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Juvénar, 5: 
LECESTRE, 102 ; Abbé FiLuoL. op. cit., II, 59-62, 97-00, 508. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1226. Il subsista jus- 
qu’à la Révolution. — Arch. dép. de l'Ardèche, série H; Ann. Min. 
VIT, 18, 346 ; Gallia christ., XVI, 213-216 ; Cat. gen. des Mss., XXI, 
Saint-Étienne, no 120 (t. IX, 13); XXXIV, Carpentras, n° 139, 
tol. 530 ; Abbé FiLHoL, op. cit., I, 62-64 ; IT, 68, 158-161, 334-5, S10- 
520, 699. 

AOSTE (Italie), dans le Val d'Aoste. — Couvent de Capucins londé 
en 1618. Depuis 1618, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 300. 

ARBOIS (Jura), arr. et ch.-]. de c. de Poligny.— Couvent de Capu- 
cins fondé le 29 janvier 1673. De 1673-Révolution, à la prov. de Fran- 
che-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95 ; Bousson DE MAIRëT, 
Ann. hist. et chronol. de la ville d'Arbois, 1856, 394-599. 

— Monastère de Tiercelines fondé en 1649. — Arch. dép. du Jura. 
série H, 3 reg.. 1 cart. (xvue-xvine s.); HÉLyoT, Hist. des Ordres 
relig., Paris. 1792, VII, 314; DaLLoz, Vie de Marguerite Borrey…, 
Besançon, 1881, p. 66. 

ARDRS-SUR-COUZE (Puy-de-Dôme), arr. et ch.-l. de c. d’Issoire 
— Couvents des Récollets fondé en 1660. De 1660-Révolution, à la 
prov. de Saint-François. — JUVÉNAL, 212; LECESTRE, 101. 

ARLAY (Jura). arr. de Lons-le-Saunier, cant. de Bletterans. — 
Monastère de Clarisses mentionné par une bulle de Clément Ven 
1308. Il n’exista jamais. Migette, plus tard, fut fondé à sa place. — 
Ann. Min., VI, 460. 

ARNAY-LE-DUC (Côte-d'Or), arr. de Beaune, ch.-I. de c. — Cot- 
vent de Capucins fondé en 1622. De 1622-Kévolution, à la prov. de 
Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LecEsTRE, 93; COURTÉPÉE, Description 
du duché de Bourgogne, 2e éd., IV, 35. 

AUBENAS (Ardèche), arr. de Privas, ch.-l. de c. * __ Couvent fonde 
avant 1343. De 1343-1517, à la prov. des Frères Mineurs de Provence. 
De 1517-1625, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 162ÿ- 
1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Roch. De r771-Révolution 
à la prov. Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de l'Ardèche. 
série H; Euse, Prov., 36; LecEsTRE, 82; F. DELORME, Concordat 
entre les couvents d'Aubenas et du Puy, 1446, dans Arch. francis. 
hist., X, 582-585. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé avant 1276. — Arch. 
comm. de Largentière, BB 35, p. 64; Arch. dép. de l'Ardèche, serie 
H; Ann. Min., 1353, VIII, 91, 484; A. Mazow, Chron. rel. du rieil 
Aubenas 1894, 30-14, 77-79; V. De MonrTravec, Le Monast. de 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE | 479 


Sainte-Claire d'Aubenas, dans Revue du Vivarais, XX, 1912, 397- 
406, 449-459; Gallia christ., XVI, 610. 

AUTUN (Saône-et-Loire), ch. 1. d'arr. — Couvent de Colétans fondé 
par Guillaume de Villiers, avant 1470, date de son transfert à la 
place du Champ. De 1479-1503, à la prov. des Frères Mineurs de 
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à 
la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de 
Saône-et-Loire, série H; GonzaGa, 783; PicquerT, 66; FoDÉRÉ, 909 ; 
Ann. Min., VI, 152; X, 524; XI, 148, 15%, 414: LECESTRE, 80: 
France francisc., 1, 318; III, 170, 338; IV, 148, 158 ; V, 477 ; Arch. 
francisc. hist., X, 498-558 ; CourTéPrE, Descr. du duche de Bourgo- 
gne, 2° éd., Il, 522, G. Taeyras, Autun vers le xv®s., 1891, 210-214. 

— Couvent de Capucins fondé en 1606 par Pierre Saulnier. De 
1606-Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de Saône-et- 
Loire, série H; Bull. Cap., V, 397; LecEsrREe, 93, CouRTÉPÉE, 
loc. cit. 

AUVERGNE ({custodie d’) dans la prov. de Bourgogne, — Eure, 
Prov., 34; Custoderie d'Auvergne... Clermont-Ferrand, 1862 (Extrait 
de la Narration hist. du P. FobérEé, Lyon. 1619); France francisc., 
III, 127. 

AUXERRE (Yonne). — Monastère de Clarisses Colettines men- 
uonné dans le Cat. gén. des Mss., XXX, Lvon, n° 855; ce doit ètre 
une fausse lecture, car il n’y a jamais eu de Colettines à Auxerre. 

AUXONNE {Côte-d'Or}, arr. de Dijon, ch.-l. de c. — Couvent de 
Capucins fondé en 1618. De 1618-Révolution, à la prov. de Lvon. — 
Arch. dép. de la Côte-d'Or, H 1005 (Nécrologe des Cap. d'Auxonne), 
4 art. (1018-1879); Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 03. 

— Monastère de Clarisses de la réforme de sainte Colette dédié à 
l'Ave-Maria, fondé en 1412 aux frais de Guillaume de Vienne, sieur 
de Saint-Georges, très endommagé en 1585. — Arch. comm. de Dijon, 
D 60; Arch. dép. de la Côte-d'Or, série H, 1 art. (1412-1725); Claude 
JuRAIN, Histoire des antiquitez... d'Aussonne, Dijon, 1611, p. 108-111; 
Abbé J.-Th. Bizouarn, Couvent de l’Ave Maria (oct. 1412 à sept. 
1792); sainte Colette à Auxonne, 1412-1417, Lyon, 1877, in-8°: 
GoxzaGa, 791; Ann. Min., IX, 353; FobÉRÉ. 2° part., 21; Cat. gen. 
des Mss., Lyon, n° 855; Arch. francisc. hist., 11, 451; X. 409. 

AVALLON (Yonne), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins fondé, 
aux frais de Pierre Odcebert, en 1654. De 1654-Révolution, à la prov. 
de Lyon. — Bull. Cap., V, 307 ; LECESTRE, 93 : CoUuRTÉPÉE, Descr. du 
duché de Bourgogne, 2° éd., III, 608: A. HeurLey, Avallon ancien et 
moderne, 1880, 34; Michel GaLLy, Établissement des Capucins à 
Avallon (1650-1653), dans Bull. de la Soc. d'études d'Avallon, 3° an- 
née, 1861, 43-59; voir même Bull., 17° année, 1876, 25-26, et 48* an- 
née, 1907, 177. Cf. Bibl. provinc. des Capucins de Paris, n° 415, 5qo, 
p. 261. 

AVIGNON (Vaucluse). — Couvent de Tiercelins fondé en 1639 le 


476 HENRI LEMAÎTRE 


4 mai, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de Vau- 
cluse, série H, 6 articles (1600-1798); Cat. gén. des Mss., XXVII, 
Avignon, n° 476, 477, 669, 1067, 1116, 1156; Arch. dép. du Rhône, 
série H, XXVIIT, no 2381, fol. 128, n° 2613 ; le ms. 2083, fol. 95 est 
la copie du n° 2381; LeCESTRE, 85 ; HERMANT, Hist. des Ordres relr- 
gieux, Ï, 200. 

BAR-SUR-AUBE (Aube), ch.-l. d'arr. — Couvent fondé en 1283 
De 1283-1515 a la prov. des Frères Mineurs de Bourgogne. De 1515- 
1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révo- 
lution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Jnv. 
somm. des arch. comm. de Langres, n°008; Arch. dép. de l’Aube, 
série H; EuBec, Prov., 35; Ann. Min., V, 303 (1297); PicQueT, 57; 
FopËéré, 547; LeCEesTRE, 80; Not. et extraits des Mss. de la Bibl. nat., 
t. 28, 2° part., 193 (1287); A. PRÉvosT, Hist. du diocèse de Troyes. 
Troyes, 1908-1909, 1, 85, 104, 146, 315, 326, 361 ; II, 267; Arch. 
francisc. hist., X, So2, 530. | 

BATIE (La) (Loire), arr. de Montbrison, cant. de Boën, comm. de 
Saint-Étienne-le-Molard. — Couvent de Colétans fondé en 1453. De 
1473-1503, à la prov. des Frères Mineurs de Bourgogne, dans le 
groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de 
Saint-Bonaventure, De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels 
de Saint-Bonaventure. — GonzAGA, 780; Ann. Min., XIV, 83 ; Pic- 
QUET, 28 ; FODÉRE, 983 ; LECESTRE, 80. 

BAUME-LES-DAMES (Doubs), ch.-l. d'arr. — Couvent de Capu- 
cins fondé le 5 août 1618 par Marguerite de Genève, abbesse de 
Baume. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull. 
Cap., V, 400; LECESTRE, 95. 

BEAUJEU (Rhône), arr. de Villefranche, ch.-l. de &. — Couvent de 
Ticrcelins appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — LecEsTRE, 86. 

BEAUNE (Côte-d'Or), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé vers 1240. 
De 1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771, 
a la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution a 
la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la 
Côte-d'Or, série H, 13 art. (1240-1786); EuBez, Prov., 35; GonzaGa. 
-S1: Ann. Min., V, 352; XIII, 42, 44; Picquer, 50; FoDERé, 156, 439; 
Lecesrre, 80 : CourréPée, Descr. du duché de Bourgogne: 2° éd. Il, 
203-4; P. L., Vieux Beaune, Les Cordeliers, dans Mém. de la Soc. 
d'archéol. de Beaune, 1911, 55-57; Arch. franc. hist., X, 519-520. 

— Couvent de Capucins fondé en 1606, De 1606-Révolution, à la 
prov. de Lyvon.— Bull. Cap., V, 397 ; LECESTRE, 93; COURTÉPÉE, OP. 
cit., 11, 294, donne comme date de fondation 1603. 

BELFORT (Territoire de Belfort). — Couvent de Capucins fonde 
par l’archiduc de Léopold le 16 juin 1619. De 1619-Révolution, 8 la 
prov. de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 9° ; Henri 
Baroy, Hist. de la ville de Belfort, 1897-1901, 209. 

BELLEGARDE, au diocèse de Besançon. — Monastère de Clarisses 
Colettines fondé au xvyt siècle (voir SEURRE). — Cat. gén. des Mss., 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 477 


tt XXX, Lyon, n° 855; HeRMANT, Hist. des Ordres religieux, IT, 170; 
mq au Gallia christ. 

BELLEY (Ain), ch.-1. d'arr. — Couvent de Colétans fondé en 1451. 
De 1451-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans le grou- 
pement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint- 
Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de 
Saint-Bonavepture. — Arch. dép. de l'Ain, H 514-528; GonNzaGa, 
78a : Anal. francisc., II, 546, 548; Ann. Min., XIIT, 78; PicqQuer, | 
172; FODÈRE, 768 ; LECESTRE, So; Comte de SzysseL, Le Belley de 
nos pères ;les Cordeliers], dans Le Bugey, II, 1953, 21 et suiv.; 
Arch. francisc. hist., X, 540. 

— Couvent de Capucins fonde en 1619. De 1619-Révolution, à la 
prov. de Savoie. — Bull. Cap., V,.399 ; LECESTRE, 09; COURTÉPÉE, 
Descr. du duché de Bourgogne, 2° éd., IV, 512. 

BESANÇON (Doubs). — Couvent mentionné en 1225. De 1225- 
1240, probablement à la prov. des Fr. Min. de France. De 1240-1517, 
a la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — Eusez, Prov., 35; Ann. Min., II, 122 
In° 26); HT, 445 ; IV, 282; Euger.. Die Avignon. Obedienz, 102, n° 83$; 
LecESTRE, 81; Reg. de Nicolas IV, éd. E. LanGLois, n° 3304; Hist. 
des Cordeliers de Besançon, par M. DEROSXE, p. 858, ms. conservé 
dans les archives de l’Académie des sciences...de cette ville; Revue 
d'hist. francisc., II], 41-56. 

— Custodie des Frères Mineurs dans la prov. de Bourgogne. — 
Eusec, Proy., 3. 

— Couvent de Capucins, fondé le 13 mai 1607. De 1007-1618, à la 
prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — 
Bull. Cap., V, 144, 400: LECESTRE. 95; Revue d'hist. francisc., IV, 
212-215. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes mentionné le 24 septembre 
12,0 dans Reg. de Nicolas IV, éd. E. LaxuLois, n° 3408. Sainte 
Colette le réforma en 1510.11 subsista jusqu'à la Révolution. — 
Evsez, Die Avignon. Obedien?, p. 157, n° 1130: P. UkALD D'ALENCON, 
Documents sur la reforme de sainte Colette en France, dans Arch. 
francisc. hist., 11, 447-456, 6oo-612 ; LIT, 82-07: cf. aussi X, 400. Gon- 
ZAGA, 791, Ann. Min., XI, 209; FoDÉRÉ, 2° part., 12; Revue d'hist. 
francisc., 11, 186-202; Bull. Cap., V, 148-150. 

— Maison de Tiercelines existant en 1340 : « Item je donne as 
Serours de la tierce ordre doux grous [deux gros] ». — Testament de 
Marguerite de Monnet, 25 août 1349, dans Testaments de l'Officialite 
de Besançon (Documents inédits, Paris, 1902, 1, 3031. 

BEUVRAY INièvre}, arr. et cant. de Chaäteau-Chinon, comm. de 
Glux, au Mont-Beuvray, le sommet du Morvan. — Couvent de 
Colétans fonde avant 1427. De 1427-1403, à la prov. d Fr. Min. de 
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503 jusqu’à sa des- 
truction par les protestants en 1538, à la prov. des Fr. Min. de Saint- 

Ravuz D'HisTOiRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 34 


478 HENRI LEMAÎTRE 


Bonaventure. — Anal. francisc., II, 546, 548; Ann. Min., XIT, 153; 
Picquer, 62; FoDÉRÉ, 434, 1017; Bibl. Éc. Chartes, 1896, 33 et suiv.; 
Arch. francisc. hist., III, 96; X, 499; G. de SouLrTraiT, Dict. topogr. 
de la Nièvre, 15. 

BILLOM (Pyy-de-Dôme), arr. de Clermont, ch.-l. de c. — Couvent 
de Capucins fondé en 1601. De 1601-Révolution, à la prov. de Lyon. 
— Bull, Cap., V, 397; LECESTRE, 94. . 

BONAZ (Ain), arr. de Belley, comm. de Dortan. — Résidence de 
Capucins’appartenant en 1748 à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., 
V, 399. 

BONNEVILLE (Haute-Savoie), ch.-l. d'arr. — Résidence de Capu- 
cins fondé le 4 février 1634. Il ne fut pas donné suite au projet d'y 
établir un couvent. — Abbé Besson, Mém. pour l’hist. eccl. des dioc. 
de Genève, Tarentaise..…., 159-160. 

BOURBON-LANCY (Saône-et-Loire), arr. de Charolles, ch.-I. de c. 
— Couvent de Capucins fondé en 1622. De 1622-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 307; LECESTRE, 93 ; COURTÉPÉE, 
Descr.. du duché de Bourgogne, 2° éd., III, 177. 

BOURBON-L'ARCHAMBAULT (Allier), arr. de Moulins, ch.-l. 
de c. — Couvent de Capucins fondé dans l’Hôtel-Dieu en 1622. De 
1622-Révolution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; Le- 
CESTRE, 94 ; L. LAMAPET, Bourbon l’Archambault, 1923, 08. 

BOURG-D'OISANS (Isère), arr. de Grenoble, ch.-l. de c. — Cou- 
vent de Récollets fondé en 1657. De 1657-Révolution, à la prov. de 
Saint-François. — Arch. dép. de l'Isère, série H, 2 art. (xvuues.); 
JUVÉNAL, 210 ; LECESTRE, 101; A. LaGier, Les Rec. du Bourg-d'Oi- 
sans, d'après un ms. inédit, 1013; À. LaGier, Les Réc. dans le diocèse 
actuel de Grenoble, 1913, 103-107. 

BOURG-EN-BRESSE (Ain). — Couvent fondé le 18 mai 1356, par 
Amédée VI de Savoie. De 1356-1517, à la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona- 
venture. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels. 
— Arch. dép. de l'Ain, H 513; EuseL, Prov., 35; Ann. Min., VII, 
124, 187, 247, 524; FoDÉRÉ, 164; 2e part., 179: V. Nopgr, Le Se- 
pulcre des Cordeliers de Bourg, dans Annales Soc. émulat. de l'Ain, 
XXXIEI, 1909, 2 pl., 132-142: LECESTRE, 81; Arch. francisc. hist. 
X, 522; Joseph Brossarp, Descr. hist. et top. de l'ancienne ville de 
Bourg, 1883, 70-80. 

— Couvent de Capucins fondé en 1612, à la suite d'une démarche 
du duc de Savoie du 2 novembre 158%. De 1612-Révolution, à la 
province de Lyon. — Arch. dép. de l'Ain, H 530; Bull. Cap., V, 
307 ; LecESTRE, 94; J. BrossarD, Mém. hist. de la ville de Bourg, IV, 
29; — Descr. hist. et top. de la vieille ville de Bourg, 143-148. 

— Monastère de Clarisses Colettines, fondé en 1481, sur une pro- 
messe faite en 1412. — Arch. dép. de l’Ain, H 770; Arch. comm. de 
Dijon, D 62; Gallia christ., IV, 311-312; GonzaGa, 791 ; FoDÉRÉ, 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 479 


2e part., 180, Cat. gén. des Mss., XXX, Lyon, n° 855; J. Brossarn, 
Descr.‘hist. et top. de l'ancienne ville de Bourg, 42-43. 

BOURG-SAINT-MAURICE (Savoie), arr. de Moütiers, ch.-l. ce 
cant. — Couvent de Capucins, fondé en 1631. De 1631-Révolution, à 
la province de Savoie. — Bull. Cap., V, 309. 

BOURGOGNE (province de). — Elle fut fondée en 1239, organisée 
l'année suivante. Après la canonisation en 1482 de saint Bonaventure 
enterré à Lyon, juillet 1274, elle prit le nom du saint docteur, sans 
perdre totalement le titre de prov. de Bourgogne. Elle subsista sous 
ce double titre jusqu’en 1771. À cette date, elle passa à l’Ordre . 
Conventuels. — EuBgL, Prov., 34-45 ; FODÉRÉ, 197. 

— Cf. SAINT-BONAVENTURE (province de). 

— Custodie renfermant les couvents de Dijon, Chalon, Châtillon, 
Beaune, Bar-sur-Aube, Autun, Tanlay, Sainte-Reine, dans la prov. 
des Conventuels de Saint-Bonaventure remaniée en 1771. 

— Province de Capucins fondée en 1618. Il semble que le titre de 
prov. de Franche-Comté ait prévalu. Nous l’appelons ainsi. 

BOURG-SAINT-ANDÉOL (Ardèche), arr. de Privas, ch.-l. de c. 
— Couvent d'Observants de Notre-Dame des Anges fondé en 1471. 
De 1471-1517, à la vicairie des Observants dans la prov. des Fr. 
Min. de Bourgogne. De 1517-1605, à la prov. des Fr. Min. de Saint- 
Bonaventure. De 1605-1620, à la custodie des Récollets de Saint- 
Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. des Récollets de Saint- 
François. — Gonzaca, 788; Ann. Min., XIII, 471, 478; XV, 346; 
PICQUuET, 149 ; LECESTRE, 102 ; L'Orbis Seraphicus, I[1, 123, prétend 
qu'au moment de sa fondation il aurait fait partie de la vicairie obs. 
de Provence ; ce dut être pour peu de temps ; JUvÉNAL, 32. 

BRIANÇON (Hautes-Alpes), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets 
fondé en 1642. De 1642-Révolution, à la prov. de Saint-François. 
— Arch. nat., P 2140 ; JUVÉNAL, 205 ;: LECESTRE, 101. 

BRIENNE-PRÉS-D'ANSE (Rhône), arr. de Villefranche, ch.-1. 
de c. — Monastère de Clarisses-Urbanistes fondé en 1263, passe à 
l'Ordre de Saint-Benoît en 1607. — Anal. francise., 1, 75; HI, 
325; Les Pauvres Dames de l'Ordre de Sainte-Claire FPE la cite 
lyonnaise, Lyon, 1898, p. 2; Gall. christ., IV, 291-292: Reg. de 
Benoit XII, éd. J.-M. Vipaz, n° 3309: Cat. gén. des Mss., XLII, 
Suppl. I, Lyon, n° 2314, ff. 8-18; M.-C. et Georges Guicve, Fon- 
dation de l'abbaye de Brienne-près- d Anse, dans Bibl. hist. du Lyon- 
nais, 1, 1886, 134-136 (reprod. du sceau. 

BRIOUDE (Haute-Loire), ch.-l. d'arr. — Couvent fondé vers 1286. 
De 1286-1515, à la prov. de Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des 
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Haute-Loire, 
série H, 1 art. (xvue-xvine s.) : EuBeL, Prov., 34; In., Die Avignon. 
Obedienz, 87, no 723; Gallia christ., 1, 32; BaLcuze, Hist. gen. 
Alvern., 1, 206; Picquer, 86; FonéRe, 632 ; GONzAGA, 784 : LECESs- 


e 


480 HENRI LEMAÎTRE 


TRE, 81; Arch. francisc. hist., X, 533, 550-551; A. SainT-FerRéo!, 
Notice hist. sur Brioude, 1880, I, 141-145. 

— Couvent de Capucins fondé en 1619. De 1619-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 94; À. Sainr- 
FERRÉOL, op. cit., |, 145-146. 

CELLETTE (LA), Corrèze, arr. d’Ussel, cant. d'Eygurande, comm. 
de Monestier-Marlines. — Couvent d’'Observants fondé en 1474. De 
1474-1517, à la vicairie observante de la prov. de Bourgogne. De 
1517-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771- 
Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure; aujour- 
d’hui hôpital pour fous. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H, 
2 art.; GONZAGA, 785 ; Ann. Min., XIV, 116; Picquer, 08; Fopëré, 
705 (place la fondation en 1448); LecesTRE, 80; Arch. francisc. hist. 
X, 527, 530, 533, etc.; Dom. Brancue, L’Auvergne au moyen age, 
372. 

CHALON-SUR:-SAONE (Saône-et-Loire), ch.-l. d’arr. — Couvent 
de Colétans fondé en 1451. De 1451-1503, à la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. 
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. 
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. comm. de Chalon, 
GG 3; Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 305-11; Ann Min., XII, 
151; GONZAGA, 782; PicQuEeT, 59; FoDÈRÉ, 747; LECESTRE, 93; Cour- 
TÉPÉE, Descr, du duché de Bourgogne, 2° éd., LIT, 231-2; Cordeliers 
et processions à Chalon, xve-xvine s., dans France francisc., V, 458; 
Rev. d'hist. francisc., IV, 527. 

— Couvent de Capucins fondé en 1603. De 1603-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 274-277; Bull. 
Cap., V,397; LeCESTRE, 94 ; COURTÉPÉE, op. cit., III, 234. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1327, passé à l'Ordre 
des Carmélites en 1611. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, série H, 
1 hasse (1333-1789); Ann. Min, VII, 73, 128, 387, 427-430 ; Eusez, 
Die Avignon. Obedienz, 102; Bull. francisc., V, 332; Gallia christ. 
IV, 690 ; FoDÉRE, 746 ; COURTÉPÉE, loc. cit. 

— À Chalon, en 1477, l’évêque s'oppose à l’etablissement des 


Sœurs du Tiers-Ordre de Saint-François. — Arch. dép. de Saone- 
et-Loire, H 305; Rev. d'hist. francisc., IV, 527. 
CHAMBERY (Savoie). —- Couvent mentionné en 1264. De 1204- 


1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1513-1771, à la prov. 
des Conventuels de Saint-Bonaventure. En 1771 il fit partie de la 
province des Conventuels de Turin; il dut en être ainsi jusqu’en 1770 
où l'église du couvent fut sécularisée et devint la cathédrale du nou- 
veau diocèse de Chambéry. — EuBeL, Prov., 35; Ann. Min. (1264), IV, 
240, 292; V, 120, 127, 330; VII, 288, 309; IX, 335, 514; Eve, 
Die Avignon. Obedienz, 88, ne 732; 163, no 1176: FonÉRé, 164, 033; 
Gallia christ, XVI, 323; Obituaire des Cordeliers de Chambery 
(1374-1700), publié par F. RaBuT, dans Mém. et docum. de la Soc. 
savoisienne d'hist. et d'archéol., VI [1862], 1-113 ; J. Cocuon, L'Église 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 481 


des Cordeliers devenue la cathédrale..., dans Mém. et doc. de la Soc. 
savois. d'hist. et d'archéol., 2e série, XXXII, 1918, 420-522; Arch. 
francisc. hist., X, 525. 

— Couvent de Colétans, dit de Sainte-Marie-l’Égyptienne, fondé 
en 1454. De 1454-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans 
le groupement des Colétans. De 1503-1720, à la prov. des Fr. Min. de 
Saint- Bonaventure. De 1720-1771, à la custodie indépendante des 
Fr. Min. de Savoie. Supprimé en 1771; ses religieux furent unis aux 
Conventuels de Chambéry. — GoNzAGA, 790 ; PICQUET, 184 ; FODÉRÉ, 
936; Anal. francisc., I], 546, 548; Ann. Min., XIII, 376; XV, 56, 120; 
BURLET, Les Cordeliers de Chambéry de 1777 à 1793, dans Mém. de 
l'Acad. de Savoie, 4° série, V, 483; P. ANGLADE, Notes sur la custodie 
de Savoie, dans Arch. francisc. hist., VII, 423 et X, 498-5538; Nécro- 
loge des Franciscains de l’Obs. de Chambéry (1725-1793), éd. par 
Félix PERPÉCHON, dans Mém. et Docum. publies par la Soc. savoi- 
sienne d’hist. et d'archeol., Chambery, 1895, XXXIV, 367-392. 

— Hospice de Capucins fondé hors la ville, près du pont de Cognin, 
€n 1876. De 1576-1610, à la prov. de Lyon. De 1610-Révolution, à 
la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399; Abbé BEssoN, Mém. pour 
l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..…., 324; Rev. d'hist. 
francisc., IV, 3o1. 

— Une résidence de Capucins, près de la chapelle Sainte-Apolline 
à Chambéry, est mentionnée en 1748 dans le Bull. Cap., V, 390. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes hors ville fondé avant 12718, 
selon Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren- 
taise..., 315. — Ann. Min., V, 330; VII, 136,437; XIII, 446, 459; 
Eusec, Die Avignon. Obedienz. 163, n° 1175: FoDERÉ, 935 ; 2° partie, 
102; Arch. francisc. hist., II, 453-454. 

— Monastère de Clarisses Colettines fonde par Yolande de Savoie 
en 1470. — Ann. Min., XII, 446, 459; GoNzaGa, 790; FoDÉRÉ, 
2* part., 203; Abbé BExson, loc. cit.: Relation de la vie de sœur Marie 
Chevalier, abbesse de Chambery, dans Cat. gén. des Mss., t. XXI, 
Poligny, n° 2, ff. 118-130; Le Saint-Suaire et les Clarisses, dans 
Congrès des Sociétés savantes... 11° session, Chambéry, 1891, 261; 
Reyue de l'Art chrétien, mars 1904, 157; Abbé L. Boucuace, Le 
Saint-Suaire de Chambéry à Sainte-Claire-en-Ville, avril-mai 1534, 
Chambéry, 1820, in-8°. 

CHAMBRE ILA) (Savoie), arr. de Saint-Jean-de-Maurienne, ch.-]. 
de c. — Couvent mentionné en 1343. De 1343 1517, à la prov. des 
Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de 
Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels 
de Turin. — Eugei, Prov., 35; Ann. Min. (11365), VIII, 18%, 500 ; IX, 
64, 412; EuseL, Die Avignon. Obedienz, 50, n° 396; KoDÉRÉ, 164; 
P. AxGLADE, Notes sur la custodie de Savoie. dans Arch. francisc. 
hist., VII, 423 ; Abbé Besson, Meém. pour l'hist. eccl. des dioc. de 
Genève, Tarentaise..., 308. 

CHAMP-AIGRE ou CHAMP-AIGUE (Allier), arr. de Moulins, 


482 HENRI LEMAÎTRE . 


cant. et comm. de Souvigny. — Couvent fondé vers 1228. De 122$- 
1240, à la prov. de France ou de Provence. De 1240-1503, à la prov. 
des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. 
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conven- 
tuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de l’Allier, série H; 
Eusez, Prov., 34; Gall. christ., 11, 67: Ann. Min., IV, 161; Anal. 
francisc., 546, 548 ; PicQuET, 90 ; FODERÉ, 533; GONZAGA, 784, Orient, 
revue de la jeunesse franciscaine, 1923, 138-153; J. MoreT, Les Cor- 
deliers de Champaigue, dans XIe Excursion de la Soc. d'émul. du 
Bourbonnais, Moulins, 1909, 281-214; LECESTRE, So. 

CHAMPLITTE (Haute-Saône), arr. de Gray, ch.-l. de c. — Cou- 
vent de Capucins fondé par la famille de Vergy le 23 septembre 1618. 
De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull.Cap., V, 
400 ; LECESTRE, 95; Abbé BRIFFAUT, Hist. de Champlitte, 1860, &a. 

CHARIEZ (Haute-Saône), arr. et cant. de Vesoul. — Couvent 
d'Observants fondé vers 1409. Selon les Ann. Min., XIV, 388, à l’an- 
née 1484, c'était d'abord un ermitage du Tiers-Ordre. De 1427 jus- 
qu’à 1484, au groupe des Colétans. De 1484-1517, à la vicairie des 
Observants dans la prov. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des 
Fr. Min. de Saint-Bonaventure, De 1771-Révolution, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Haute-Saône, 
H 864-866; Ann. Min., X, 41; XIV, 388; XV, 346; GonzaGa, 780; 
PicQueT, 111; FODÉRE, 663, 685; LecEsTRE, 80; Rev. d'hist. francisc., 
[T, 274 ; Arch. francisc. hist., IT, 454, III, 96; Études francisc., XIX, 
677; Cat. gén. des Mss., XXX, 2° part., Besançon, coll. Dunand, 
XXXI, ff. 347-355. 

CHARLIEU (Loire), arr. de Roanne, ch.-l. de c. — Couvent fondé 
vers 1227. De 1240-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 
1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. De 
1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels. — Arch. 
dép. de la Loire, série H, 1 liasse {xire-xvie s.); Arch. dép. de Saône- 
et-Loire, H 312; EuseL, Prov., 35; Ann. Min., IV, 281, 533; V, 
96, 465; Euser, Die Avignon. Obedienz, 06, n° 801 ; LECESTRE, 81; 
Dr BarnBarT, Le Monastère des Cordeliers de Charlieu, extrait du 
Bull. de la Diana, XVI, Montbrison, 1912; Victor Duran, Abrege 
de l'histoire de Charlieu, 1802, 12; Dr Barsar, Charlieu, ses monu- 
ments, 1925, 53-57. 

— Couvent de Capucins fondé en 1623. De 1623-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LEcESTRE, 04; Victor Duraxr, 
Op. Cit., 20. 

CHAROLLES (Saûne-et-Loire), ch.-l. d’arr. — Couvent de Tier- 
_celins, fondé en 1608, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon: 
les religieux de Digoin y furent transférés en 1774. — Arch. dép. de 
Saône-et-Loire, H 568-570 ; Arch. dép. du Rhône, série H ; CouRT£- 
PÉE, Descr. du duché de Bourgogne, 2° éd., III, 16, donne comme 
date de fondation 1620; Arch. francisc. hist., X, 522; LECESTRE, 85. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé sous le règne de 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 483 


Louis XIV par Marie de la Plantade de Boisfranc, abbesse de Cler- 
mont (Arch. francisc. hist., X, 521-522). — Arch. dép. de Saûne- 
et-Loire, H, 370; CouRTÉPÉE, loc, cit. 

CHARRIÈRES (Drôme), arr. de Valence, cant. de Saint-Vallier, 
comm. de Chäteauneuf-de-Galeure. — Couvent d’Observants fondé 
vers 1456 dans un prieuré bénédictin, dont les religieux se retirèrent 
à Manthes. De 1456-1517, à la vicairie observante de la prov. de 
Bourgogne. De 1517-1761, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona- 
venture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint- 
Bonaventure. — Arch. dép. de la Drôme, série H, r liasse (1454- 
1790); Arch. dép. de l'Isère, série H ; GoNzaGa, 788; Ann. Min., XIII, 
41, 314,548; XV, 346; PIcQuET, 147 ; FODÉRÉ, 780; J. BRuN-Duranp, 
Dict. topogr. de la Drôme, 52; LECESTRE, 81. 

CHATEAU-CHINON (Niévre), ch.-1. d'arr. — Couvent de Capucins 
fonde en 1627. De 1627-Révolution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap., 
V,397; LRCESTRE, 94. 

CHATEAU VILLAIN (Haute-Marne), arr. de Chaumont, ch.-l. de c. 
— Couvent fondé en 1280. De 1280-1515, à la prov. des Fr. Min. 
de Bourgogne. De 1515-1635, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona- 
venture. De 1635-Révolution, à la prov. des Récollets de Saint-Denis. 
— Eusez, Prov., 35; GonNzAGA, 781; Ann. Min., V, 167, 220; PICQUET, 
53; FoDERE, 560 ; P. GALLEMANT, Provincia S. Dionisii, 07; H. Le- 
FEBVRE, Hist. chronologique des Récollets de la prov. de Saint-Denis, 
Paris, 1676, 66, 118 ; Suppl., XV; 2e Suppl., VI, VII ; LECESTRE, 101; 
Abbé C. Dinier, Hist. de Chäteauvillain, 159-177. 

— Couvent de religieuses de Sainte-Élisabeth du Tiers-Ordre de 
Saint-François, fondéen 1539, devenues Récollettes en 1642.— Arch. 
dép: de la Haute-Marne, série H,2 liasses (xvis-xvirre s.); Arch. 
comm. de Dijon, D 62: Bibl. prov. des Capucins de Paris, n° 573 
(220); Abbé C. Dinier, Hist. de Chäteauvillain, 178-180. 

CHATELDON (Puy-de-Dôme), arr. de Thiers, ch.-l. de c. — Cou- 
vent d'Observants fondé en 1463. De 1463-1517, à la vicairie obser- 
vante de la prov. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Fr. 
Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Con- 
ventuels de Saint-Bonaventure. — GoNzAGA, 785; Ann. Min,., X, 217; 
XIT, 41; XIII, 332; XV, 346; PicQuEeT, 95 ; FOoDÉRÉ, 824; LECESTRE, 
So; Bulletin paroissial de Chäâteldon, 1904-1905; Abbé J.-B. 
Fouiznoux, Vic-le-Comte. 222. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1650. — Arch. 
dep. du Puy-de-Dôme, série H, 1 art.; TaARDIEU, Grand dict. hist. du 
dép. du Puy-de-Dôme, 121; Bibl. Mazar., 2417. 

CHATILLON-LES-DOMBES (Rhône), arr. de Villefranche, cant. 
de Bois-d'Oingt, — Hospice de Capucins fondé en 1632, puis en 1670. 
jusqu'a la Révolution, à la prov. de Lyon. —- Arch. dép. de l’Ain: 
H 531-532; Bull. Cap., V, 308; LecESTRE, 94; Louis PERRET, Mon 
vieux Châtillon, 1909, 101-103. 

CHATILLON-SUR-SEINE (Côte-d'Or), ch.-l. d’arr.. — Couvent 


484 HENRI LEMAÎTRE 


fondé avant 1233-1240, sous le vocable de l'Annonciation, probable- 
ment à la prov. de France. De 1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven- 
ture. De 1771-Reévolution, à la prov. des Conventuels de Saint- 
Bonaventure. — Arch. dép. de l’Yonne, H 218; Arch. dép. de la 
Côte-d'Or, série H, 12 art. (1263-1700); i. Deuisce, Les Rouleaux 
des morts, Paris, 1866, 407; EuseL, Prov., 35; GonNzAGA, 781 ; Ann. 
Min., V, 59; Eusez, Die Avignon. Obedienz, 33. n° 255; PIcQuET, 46; 
FoDËRÉ, 520; LECESTRE, 80; Arch. francisc. hist., X, 502, 517, 519- 
520; G. Lapérouze, Hist. de Chätillon, 1837, 149-152; CouRTÉPEE, 
Descr. du duché de Bourgogne, 2° ed., IV, 184-185, donne comme 
date de fondation 1227. 

— Couvent de Capucins fondé en 1633. De 1633-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. dep. de la Côte-d'Or, série H, 2 art. (1632- 
1087) ; Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 04; CoURTÉPÉE, op. cit., IV, 
185. . 

CHATILLON Iltalie), val d'Aoste. — Couvent de Capucins fondé 
en 1037. De 1637-Révolution, à la prov. de Savoie." — Bull. Cap., V, 
399 ; Abbé BEssoN, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Geneve, Taren- 
taise..., 270. 

CHAZEAUX, Chazaux-lès-Cornillon (Loire), arr. de Saint-Etienne, 
cant. du Chambon. — Monastère de Clarisses Urbanistes fonde en 
1332 par Luce de Beaudiner, passé à la règle benedictine en 1507. 
— Arch. dép. du: Rhône, série H ; Ann. Min., VII, 136, 438; Gall. 
christ., IV, 292-3 : Abbe JaveLLe, Le Royal monastère de Chazeaux, 
1870, 1in-8°; Ad. VACHET, Les Anciens couvents de Lyon, 128-138. 

CHEMILLY (Haute-Saône), arr. de Vesoul, cant. de Scey-sur- 
Saône. — Couvent de Tiercelins fonde le 2 décembre 1627 par 
Alexandre, baron de Wiltz, appartenant en 1768 à la province de 
Lyon. — Arch. dep. de la Haute-Saône, H 893-890 ; Arch. dép. du 
Rhône, série H ; LECESTRE, 86 ; F. VAnNNiER et J. PLOYER, Essai hist. 
sur le chateau et le couvent de Chemilly, 1891, 43 sqq. 

CHÉRIEZ. Voir CHARIEZ. 

CHIRENS Ilsère). Voir MOIRANS. 

CLERMONT-FERRAND (Puy-de-Dôme). — Couvent fondé en 1241 
à Beaurepaire, pres de Clermont (la chapelle existe encore aujour- 
d'hui, dans la ville, le faubourg ayant été absorbé dans l’agglome- 
ration); transfere dans Clermont après 1263 (les bâtiments se trou- 
vaient sur l'emplacement de la préfecture actuelle ; les archives dép. 
sont actuellement installées dans la chapelle conventuelle); de 1241 
a 1515 à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne: de 1515 à 1771, à la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution à la 
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. du Puy- 
de-Dôme, série H, 22 art. : livre des professions (xvini s.), registres 
des enterrements {xvn®-xvin® s.); comptes (xviie-xvin® s.); ÉUB&L, 
Prov., 34; GonzaGa, 783; Ann. Min., III, 356; IV, 384; VIII, 102: 
Gall. christ., 1, 722; Arch. francisc. hist., X, 511,515, 519, 522,etc.; 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 485 


Notice des titres relatifs aux Cord. de Clermont (Bibl. nat., Coll. 
Baluze, t. 201, n° 14); Extrait des Archives des Cord. de Clermont 
par GAIGNIÈRES (Bibl. nat., ms. lat. 17048, fol. 303); A. Mouinier, 
Obituaires de la prov. de Sens, 1, XLI, n° 27, LI, no 55, LIV,n° 59; 
EuseL, Die Avignon. Obedienz, 59, n° 491; PICQUET, 70 ; FODÉRÉ, 508 ; 
LeCESTRE, 80: H. Du RANQUET, Église des Cordeliers de Clermont, 
dans Bull. monumental, Paris-Caen, 1912, 8o; —, Description archeol. 
de la chapelle Beaurepaire ou des Cordeliers.., dans Bull. de l'Acad. 
des sciences. du Puy-de-Dôme, 1911, 172-176; Tarbieu, Hist. de la 
ville de Clermont-Ferrand, 1, 384-385 ; —, Grand dict. hist. du dep. du 
Puy-de-Dôme, 136. 

CLERMONT-FERRAND. — Couvent de Capucins, fondé en 1608. 
De 1608-Révolution, à la province de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; 
LeCESTRE, 04; TARDIEU, Hist. de Cl., I, 400 et Gr. Düict., 137. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes, fondé en 1280. — Arch. dép. 
du Puy-de-Dôme, série H, 4r art. (xin°-xvint s.) : délibérations capi- 
tulaires (xvint s.); ingrès {xvut-xvii® s.); terriers et lières (xvie- 
xviue s.); inventaire (xvint s.); Ann. Min., V,415; VII, 105, 129; 
Gall. christ., 1H, 410-417; Reg. de Benoit XII, ed. J.-M. Vipa, 
no 2280; Cat. gén. des Mss., t. XIV. Clermont, n° 570, ff. 143- 149; 
TarDiEU, Hist. de CI., 1, 396 et Gr. Dict., p. 136; P. HosPiTaz [C/a- 
risses de Clermont], dans Revue d'Auvergne, XXIV (1907), 30. 

— Couvent de Tiercelines, dites religieuses de Sainte-Élisabeth, 
transféré de Montferrand en 1658. — Tarnieu, Hist. de la ville de 
Montferrand, p. 60. 

CLUNY (Saône-et-Loire). arr. de Mâcon, ch.-l. de c. — Couvent 
de Récollets fondé en 1619. De 1619-1620, à la custodie de Saint- 
Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — JuvE- 
NAL, 92 ; LECESTRE, 102; Chan. [.. CHAUMONT, Le Couvent des Récollets 
a Cluny, dans Annales de l'Acad. de Mäcon, 3° série, XV, 2° part., 
1910, 92-102. 

CLUSES (Haute-Savoie), arr. de Bonneville, ch.-l. de c. — Cou- 
vent de Colétans fondé en 1471. De 1471-1503, à la prov. des Fr. 
Min. de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1729, 
à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1729-1771, à la 
custodie indépendante des Fr. Min. de Savoie. De 1771-Révolution, 
à la prov. des Conventuels de Turin. — Arch. dép. de la Flaute- 
Savoie, série H, 2 art. (xv®-xvnt s.); Anal. francisc., 11, 546, 548; 
Ann. Min., XIII, 472; Arch. francisc. hist., X, 534; PICQUET, 179; 
FoDÉRÉ, 834; P. ANnGLADE, Notes sur la custodie de Savoie, dans 
Arch. francisc.hist., VII, 423; J. M. LavoreL, Cluses et le Faucigny. 
dans Mém. et docum. publiés par l'Acad. Salésienne, XI, 173, 176-184; 
XII, 11,12, 21-23, 317, 319-321. 

COLÉTANS. — Franciscains réformés, surnommes ainsi à cause de 
leurs rapports avec sainte Colette + 1447, et qui turent absorbés dans 
la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure de Bourgogne, en 1503. 

CONDRIEU (Rhône), arr. de Lyon, ch.-l. de c. — Couvent de 


486 HENRI LEMAÎTRE 


Récollets fondé en 1602. De 1602-1605, au groupement de Rééollets 
dans la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1605-1620, à la 
custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint- 
François. — JUVÉNAL, 4; LECESTRE, 102; Hist. de Condrieu, 1851, 176. 

CONFLANS (Savoie), arr. et cant. d’Albertville. — Couvent de 
Capucins fondé en 1619, première pierre posée en 1626. De 1610- 
Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399 ; G. PÉROUSE,... 
Une ville morte de Savoie, Conflans, Chambéry, 1925, in-4°, r1. 

CONLIÈGE (Jura), arr. de Lons-le-Saulmier, ch.-l. de c. — Rési- 
dence de Capucins fondée en 1600. De 1600-1618, à la prov. de 
Lyon; à la prov. de Franche-Comté de 1618-1748, date de sa mention 
dans le Bull. Cap., V, 400. 

CON VENTUELS. — Franciscains mitigés qui ont formé un Ordre 
indépendant à partir de 1517. 

CORBIGNY (Nièvre), arr. de Clamecy, ch.-l. de c. — Couvent de 
Capucins fondé en 1627. De 1627-Révolution, à la prov. de Lyon. 
— Bull. Cap., V, 3097; LECESTRE, 03; Abbé MariLllier, Corbigny, 
1887, 249-276. 

COTE-SAINT-ANDRÉ (LA) (Isèrei, arr. de Vienne. ch.-l. de c. 
— Couvent fondé en 1514 sous le vocable de Notre-Dame de Grâces, 
près de la Côte S.-A. De 1514-1612, à la prov. des Fr. Min. de Saint- 
Bonaventure. De 1612-1620, à la custodie des Récollets de Saint- 
Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch. 
dép. de l'Isère, série H, r art. {xvint s.); Ann. Min., XVI, 112; 
PICcQuET, 156; GONZAGA, 788 ; JUVENAL, 47 ; À. LaGier, Les Récollets 
dans le diocèse actuel de Grenoble, Grenoble, 1913, 60-78; LRCESTRE, 
102; abbé CLErc-JAcQUIER, La Côte-Saint-Andreé ancien et moderne, 
2° éd., 205-215. 

CRÉMIEU (Isère), arr. de La Tour-du-Pin, ch.-]. de c. — Couvent 
de Capucins fondé en 1615. De 1615-Révolution, à la prov. de Lyon. 
— Arch. dép. de l'Isère, série H, 1 art. (xvim® s.); Bull. Cap., V 
397; LECESTRE, 95; R. DE&LACHENAL, Hist. de Crémieu, 1889, 296-297. 

CREST (Drôme), arr. de Die, ch.-l. de c. — Couvent fondé au 
commencement du x siècle. Du xtut s. à 1517, à la prov. des Fr. 
Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de 
Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des 
Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme, série H, ; EuBgL, Prov., 35: 
Ann. Min., VIII, 327, 569; LecesTRe, 81; J. BruN-Duranp, Notice, 
dans Bull. Soc. archéol. stat. Drôme, II (1868), 348-349. 

— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 160g-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Drôme, série H ; Bull. Cap., V, 
397 : LECESTRE, 94; Chan. J. CHEVALIER, Essai hist. sur la ville de 
Die, 111 (1909, 349. 

CUSSET (Allier), arr. de La Palisse, ch.-l. de c. — Csdvent de 
Capucins fondé en 1614. De 1614-Révolution, à la prov. de Lyon. 
— Arch. dép. de l'Allier, série H; Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 04. 

DAUPHINÉ (Custodie de). — Nom donné quelquefois à la custodie 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 487 


de Vienne, dans la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. — Eusez, 
Prov., 34-35. | 

— Custodie des Conventuels de la prov. Clémentine. Cf. p. 462. 

DECIZE (Nièvre), arr. de Nevers, ch.-l. de c. — Monastère de 
Clarisses Colettines fondé en 1419. Il releva de la prov. des Fr. Min. 
de Bourgogne jusqu’en 1586 où Sixte V l’unit à la prov. de France- 
Parisienne. — GonzaGa, 594, 683; Mss. de la Bibl. de l’Institut à 
Paris, n° 13,fol. 75; n° 275, ff. 62, 519; n° 541, fol. 34, Bibl. Mazar., 
ms. 2417, p. 683; L.-M. PousseREAU, Hist. de Decize, 1801, 29-31. 

DÉSERTE (Notre-Dame de LA) (Rhône), faubourg de Lyon. 
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé par Blanche de Chalon 
en 1304. Îl passa à l'Ordre de Saint-Benoît entre 1501 et 1507. 
— Ann Min., XVIII, 293; Gallia christ., IV, 288-289 ; Les Pauvres 
Dames de l'Ordre de Sainte-Claire dans la cité lyonnaise, Lyon, 
1898, 2, Cat. gén. des Mss., t. XXX, Lyon, fonds Coste, n° 290, 291, 
292, 950 (Buzzioun, Lugdunum sacro profanum, fol. 268, 297 v); 
t, XLII, Suppl., II, n° 2314, fl. 8-18; F.-Z. CocLomBeT, Le Couvent 
de la Déserte, dans Revue du Lyonnais, XIX (1844), 206-274. 

DIE (Drôme), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en 1278. De 1278- 
1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. 
des Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme, série H; 
EuBeL, Prov., 35; Ann. Min., V, 164; IX, 392; Arch. francisc. hist., 
X, 547; Euser, Die Avignon. Obedienz, 103, n° 844; DENIFLE, Deso- 
lat, 1, 303; 11, 671: J. Brun-Durano, Dict. tlupogr. de la Drôme, 
124 ; LECESTRE, 81: Chan. J. CHEVALIER, Essai hist. sur la ville de Die, 
IT (1896), 53-56, 399, 402-404, 542-544 ; III (1909), 105-106, 151-152, 
154-158; 177-178, 194-195 ; 442 ; 481-482; 550-552. 

DIGOIN (Saône-et-Loire), arr. de Charolles, ch.-1. de c. — Couvent 
de Tiercelins fondé en 161%, appartenant en 1768 à la prov. de [yon. 
— Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 368 et 370; Arch. dép. du 
Rhône, série H: LecesTRE, 85. | 

DIJON (Côte-d'Or). — Couvent fondé en 1244. De 1244-1515, à la 
prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des Fr. 
Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Côte-d'Or, 
Série H, 37 art. (1217-1790): ms. 68, ff. 1-60, Extraits du Nécrologe 
des Cordeliers de Dijon; ms. 42, Notes concernant les Cordeliers de 
Dijon; Arch. mun. de Dijon, D 48-50 : B 658, Sepultures faites dans 
le couvent des Cordeliers de Dijon de 1737 à 1791 ; Bibl. de Dijon, 
MS. 1400 (Livre des défunts qui sont en l'église des PP. Cordeliers de 
Dijon, 1630-1736: — Ces deux nécrologes sont analyses dans l'In- 
ventaire sommaire des Arch. comm. de Dijon, t. V, par C. Oursez, 
P: 326-338); — ms. 1792 (Nécrologe du couvent des Cordeliers de Dijon, 
par le P. Lachëre, 1723, recueil non sans mérite artistique donnant 
le dessin des tombes et monuments funéraires situés dans l’église des 
Cordeliers, complément des deux nécrologes cités ci-dessus); Bibl. 


488 HENRI LEMAÎTRE 


nat, Coll. de Bourgogne, t. X, ff. 89-169, Extraits du Nécrologe des 
Cordeliers de Dijon; Euser, Prov., 35; GoNzAGA, 781 ; Arch. francisc., 
hist., X, 408-558; Anal. francisc., Il, 332, 478, 546, 540; Ann. Min. 
VIT,318; VIII, 29; XIII, 190; PicqoueT, 310; FoDERÉ, 461, 677, 691; 
LecEsTRE, So; CourTÉPÉE, Descr. du duché de Bourgogne, 2e éd., II, 
119-121; Reg. d’Innocent 1V, éd. É. BERGER, n° 1962. 

DIJON (Côte-d’ory, — Custodie de la prov. des Fr. Min. de Bour- 
gogne. — EuseL, Prov., 35: KoDÉRÉ, 236. 

— Couvent de Capucins fondé en 1602. De 1602-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. comm. de Dijon, D 46; Arch. dép. de la 
Côte-d'Or, série H, 6 art. (1699-1790) ; Bull. Cap., V, 397; LECESTRS, 
94 ; COURTÉPÉE, op. cit., Il, 123-4. 

DOLE (Jura), ch.-1. d'arr. — Couvent fondé en 1372. De 1372-1503, 
à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, tout en ayant appartenu depuis 
1415, tantôt à la vicairie des Observants, tantôt au groupement des 
Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. 
De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. 
— Arch. dép. du Jura, série H, 2 reg., 9 cart. (xiv® s.-1790); Eusez, 
Prov., 35 ; Etudes francisc., XIX, 676; Arch. francisc. hist., 11, 454, 
111, 96-97; X, 458-558 ; GonzaGa, 785; Anal. francisc., 11, 546, 48; 
Ann. Min., VIT, 267, 271, 529; X, 412 ; PicoueT, 105; FODÉRÉ, 171. 
653, 685, 719; LECESTRE, 80; Rev. d'hist. francisc., III, 284. 

— Couvent de Capucins fondé en 1587. De 1587-1618, à la prov. 
de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull. 
Cap., V,400: LECESTRE, 95. 

— Couvent de Tiercelins mentionné par Ad. Vacaer, Les Anciens 
couvents de Lyon, p. 478 ; Arch. dép. du Rhône, serie H. 

— Monastère de Tiercelines fondé en 1614. — Arch. dép. du Jura, 
série H, 1 reg., 3 cart. {xvi®-xvines.l: Darroz, Vie de Marg. Borrey, 
Besançon, 1881, 54; JAcQUEMET, Hist. du séminaire de Besançon, 
Reims, 1864, [, 453; Cat. gén. des Mss., XXX, Besançon, coll. 
Durand, n° 31, ff. 378-301. 

DONJON (LE) (Allier), arr. de La Palisse, ch.-l. de c. — Couvent 
d'Observants fondé en 1450. De 1450-1517, à la vicairie observante 
de la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. 
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la pro. 
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch dép. de l'Allier, 
série H ; GoxzAGA, 785; Ann. Min., XII, 69: XV, 345; PicquEeT, 97: 
FonËRÉ, 724; LECESTRE, 80. 

— Monastère d'Urbanistes (1633-1784). — Arch. dép. de l’Allier, 
série H. 

ESTAVAYER-LE-LAC (Suisse), cant. de Vaud. — Projet non mis 
a exécution d'établissement de couvent de Frères Mineurs, en 1431. 
— Ann, Min., X, 182, 502. : | 

ÉVIAN (Haute-Savoie), arr. de Thonon, ch.-l. de c. — Couvent 
fondé en 1635. De 1635-1729, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona-. 
venture. De 1729-1771, à la custodie indépendante des Fr. Min. de 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 489 


Savoie. Supprimé probablement en 1771. — A. Dupran, Les Corde- 
liers à Évian, d'après les Archives municipales, dans Mém. et docum. 
publiés par l'Acad. Chablaisienne, XXII, 1909, 39-125; P. ANGLADE, 
Notes sur la custodie de Savoie, dans Arch. francisc. hist, VIT, 
417,423: X, 504, 511. 

— Monastère de Clarisses fonde en 1528, à la suite de l'expulsion 
des religieuses d’Orbe et de Vevey par les protestants. — FopÉRé, 
2° partie, 80; P. A. BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schiveiz, 
1926, 146-7; Arch. francisc. hist., 11, 454; Abbé BEssox, Mém. pour 
l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..., 106-107. 

FAUCOGNEY (Haute-Saône), arr. de Lure, ch.-l. de c. — Couvent 
de Capucins fondé le 16 août 1634. De 1634-Révolution, à la prov. 
de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95; Ms. des 
Clarisses de Poligny appartenant au P. Mathieu de Crest. 

FLEY (Yonne), arr. et cant. de Tonnerre. — Aux Bénédictins suc- 
cédèrent les Cordeliers, de 1300 environ jusqu’en 1400 dans la cha- 
pelle de Notre-Dame de La Coudre. A cette date ils se retirèrent à 
Rameau, dans le voisinage, sur la paroisse de Collan. A Rameau la 
chapelle était dédiée à saint Bonaventure; ils y restèrent jusqu'en 
1750, Pendant tout ce temps, 1ls durent dépendre de la prov. des 
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. Ce couvent ne figure sur aucune 
liste. — Rocuxsez, Hist. du diocèse de Langres, Langres, 1878, in-4, 
p. 331, 333. 

FLORAC (Lozère), ch.-l. arr. — Hospice de Capucins fondé en 
1629 après la paix d’Alais. De 1629-Révolution, à la prov. de Lyon. 
— Bull, Cap., V, 398 ; LecESTRE, 94: Aug. Boyer, L'Hist. de Florac, 
1909, 16. 

FONCINIANI locus, au diocèse de Genève, mentionné par les Ann. 
Min, XIII, 461, à l’année 1470. C’est CLUSES en Faucigny. 

FONTAINES-SUR-SAONE (Rhône), arr. de Lyon, cant. de Neu- 
ville. — Couvent de Tiercelins appartenant en 1768 à la prov. de 
Lyon; les religieux y établirent un asile d’aliénés en 1755. — Leces- 
TRE, 80, Ad. VacueT, Les Anciens couvents de Lyon, 506-507. 

FRANCHE-COMTÉ (Custodie dej. — Jusqu'en 1517 elle porta 
plutôt le titre de custodie de Besançon. Mais le couvent de cette ville, 
faisant partie de la prov. des Conventuels depuis 1517, l'autre appel- 
lation prévalut, Elle comprenait: Dole, Lons-le-Saulnier, Nozerov, 
Sellières, Rougemont, Chariez, Provenchères et les Thons.— EUuBEL, 
Prov., 35: P. AnGLane, Notes sur la custodie de Franche-Comté, dans 
La France francisc., II, 163-195; FoDÉRÉ, 259. 

— Custodie de la prov. Clémentine des Conventuels érigée en 1771, 
ét comprenant : Besançon, Salins, Gray, Bourg-en-Bresse, Charlieu, 
Saint-Galmier. 

— Province des Capucins, séparée de celle de Lyon en 1618 et 
appelée aussi : prov. de Bourgogne. — Cf. Abbé J. Morey, Les 
Capucins de Franche-Comté, Paris, Poussielgue frères, 1882, in-12, 
410 p. 


490 HENRI LEMAÏÎTRE 


GANNAT (Allier), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins fondé en 
1620. De 1620-Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de 
l'Allier, série H; Bull. Cap., V, 397 ; LECESTRE, 94. 

GENÈVE (Suisse). — Couvent de Rive fondé par les comtes de 
Savoie en 1256. De 1256-1517, à la prov. des Fr. Mineurs de Bour- 
gogne. De 1517-1535, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaven- 
ture. En 1535, les-religieux fidèles, chassés par les protestants, se 
retirèrent au couvent de Chambéry. — EuseL, Prov., 35 ; Ann. Min. 
IX, 64, 335; XIII, 149, 263, 385; Obituaire des Cordeliers de Geneve. 
dans Mém. et docum. publiés par l'Acad. Salésienne, XXVII, 1904, 
235-257 ; P.-A. BürGLEr, Die Franziskus-Orden in der Schweiz. 
1926, 31. 

— Couvent de Capucins de la province de Savoie, non mentionné 
en 1748 par le Bull. Cap., V, mais cité par LecESTRE en 1768, p. 00. 

— Monastère des Clarisses de Sainte-Croix, fondé par Yolande de 
Savoie en 1477. Les moniales, chassées par les protestants, se retirè- 
rent en 1535 à Annecy. — Th. Durour, Notes sur le couvent de Sainte- 
Claire à Genève, dans Mem. et doc. publies par la Soc. d'hist. et d'ar- 
chéol. de Genève, XX, 1879, 126; P. A. BürGLEer, Die Fran;iskus-Orden 
in der Schweiz, 1926, 146; Arch. francisc. hist., 11, 454; Ann. Mn, 
XIII, 44, 407; XIV, 57; Gall. christ, XVI, col. 506-507. Cf. AN- 
NECY. 

— À Saint-Laurent près de Genève, maison pour des femmes du 
Tiers-Ordre, autorisée par Nicolas V, à la demande d'Anne de Chr- 
pre, en 1454. — Ann. Min., XII, 235. 

GEX (Aini, ch.-l. d’arr. — Couv. de Capucins fondé en 1622. De 
1622-Révolution, à la prov. de Savoie. — Arch. dép. de l'An. 
H 533-537; Bull. Cap., V, 309 ; Abbé BEssôx, Mém. pour l'hist. eccl. 
des dioc. de Genève, Tarentaise..., 141. 

GIEN (Loireti, ch.-l, d'arr. — Monastère de Clarisses Colettines 
fondé en 1500, — Arch. francisc. hist., [1, 454; Ann. Min., XVII, 
197 ; FODÉRÉ, 2° part., 195 ; GONZAGA, 791 ; LeBkur, Mer. concernanl 
l'hist. d'Auxerre, Auxerre 1855,!t. IT, p. 97, 276, 316, 365; Cat.gen. 
des Mss., XXX, Lyon, n° 855; Arch. comm. de Dijon, D &:: 
L.-A. MarchanD, Hist. de la ville... de Gien, 188%, fait remonter la 
fondation à 1497 et l’attribue à Anne de Beaujeu, p. 44. | 

GIGNAC (Hérault), arr. de Lodève, ch.-1. de c. — Couvent fonde 
avant 1343. De 1343-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De 
1517-1025, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771. 
à la prov. des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la pro‘: 
Clémentine des Conventuels. — EuBeL, Prov., 36; LEcESTRE, 81. 

GIROMAGNY (Territoire de Belfort), ch.-l. de ec. — Couvent dé 
Cordeliers fondé en 1663, mentionné par le Gallia christ, XV, 110. 
mais ne figurant sur aucune liste officielle de couvents. 

GRANDSON (Suisse), cant, de Vaud. — Couvent fondé aan 
1308 par des religieux venus de Liserne. De 1308-1517, à la Pro: 
des Fr. Min. de Bourgogne. De 1%17-1554, à la prov. des Convel 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 491 


tuels de Saint-Bonaventure. Supprimé par les protestants en 1554. 
— Euse, Prov., 35; Ann. Min., IX, 78; Regestum Clementis 
papae V, p. 2885-6; B. FLeury, Quelques notes sur la fondation et la 
suppression du couv. des Cordeliers de Grandson, dans Rey. d’hist. 
eccl. suisse, 1, Staus, 1907, 133-137 ; Fr. DuBois, Quelques notes sur 
les Cordeliers de Grandson, ibid., III, 1909, 47-50; P. A. BüRGLER, 
Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 33. 

GRAY (Haute-Saône), ch.-Il. d’arr. — Couvent fondé en 1283 par 
Otton V, comte palatin de Bourgogne. De 1283-1517, à la prov. des 
Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels 
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine 
des Conventuels. — Arch. dép. de la Haute-Saône, H 867-886 : 
EuBeL, Prov., 35; Gallia christ., XV, 76, 82 (Instrum., 98) ; Ann. 
Min., V, 1245 272; LecesTREe, 81: Ch. Goparp, Les Cordeliers de 
Gray et le corps de ville, dans Bull. de la Soc. grayloise d'émulation, 
1905, 97-113 ; Rev. d'hist. francisc., III, 275, 284. 

— Couvent de Capucins fondé en 1588 par Renée de Gray, femme 
de François de Vergy. De 1588-1618, à la prov. de Lyon. De 1618- 
Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Nécrologe, 1557-1784, 
Arch. dép. de la Haute-Saône, H, 860 ; Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE, 
9; Abbés Gain et Besson, Hist. de la ville de Gray, 165. 

— Couvent de Tiercelins. — Arch. dép. du Rhône, série H. 

— Monastère de Tiercelines fondé en 1611, par des religieuses 
venues de Salins. — DaLLoz, Vie de Marg. Borrey .. Besançon, 
1881, 49, 66, 92; Inv. somm. des arch. comm. de Langres, 1882, 
n° 1441 ; Arch. dép. de la Haute-Saône, H 1007-1018; Abbés GATIN et 
Besson, op. cit., 166. 

GRENOBLE (Isère). — Couvent fondé avant 1340. De 13:0-1517, 
a la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771r-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de l'Isère, série H, 
60 art. (1454-1790); EuBeL, Prov., 35; Ann. Min., IX, 564; XI, 316, 
539; XIII, 187: LecesTRe, 810. 

— Couvent de Récollets sous le vocable de l’Immaculée-Concep- 
tion de la Vierge, succédant en 1604 à des Conventuels réformés 
italiens établis en 1598 ou 1600 à Saint-Martin-le-Vinoux, près de 
Grenoble. De 1604-1605 au groupement de Récoliets dans la prov. 
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1605-1620, à la custodie de 
Saint-Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. 
— Arch. dép. de l'Isère, série H, 18 art. {xvut-xviie s.) JUVENAL, 
10, 13 ; À. Lacigr, Les Récollets dans le diocèse actuel de Grenoble, 
Grenoble, 1913, 7-56; LECESTRE, 102. 

— Résidence de Récollets fondée en ville en 1648 (le couvent etait 
hors les murs). De 1648-Révolution, à la prov. de Saint-François. 
— Mémes références; LECESTRE, 102. 

— Couvent de Capucins fondé en 1604. De 1604-Révolution, à la 


492 HENRI LEMAÎTRE 


prov. de Lyon. — Arch, dép. de l'Isère, série H, 8 art. (xvrre-xvirre s.); 
Bull. Cap., V, 307: LECESTRE, 94. | 

GRENOBLE ilsère). — Monastère de Clarisses Urbanistes fondé 
en 1343. Quelques années plus tard toutes les moniales moururent 
de la peste. — Arch. dép. de l'Isère, série H, 16 art. (xvne-xvine s.): 
Ann. Min., VII, 307, 513; VIII, 18, 349; Guy ALLarD, Description 
hist. de la ville de Grenoble, dans H. Gariez, Bibl. hist. et litt. du 
Dauphiné, I, 241. 

— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1469. — Ann. Min. 
XIIT, 445 ; GONZAGA, 790; FoDÉRÉ, 2° part., 163; Arch. francisc. hist. 
X, 610; À. M. de FRANCLIEU, Jeanne Baile et les Clarisses de Greno- 
ble, Lyon, 1887; Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon, n° 855; XXVIII, 
Avignon, n° 2648, fol. 130; Guy ALLAR», loc. cit. 

GUICHE (LA) (Saône-et-Loire), arr. de Charolles, ch.-l. de c. — 
Couvent de Tiercelins fondé vers 1608, abandonné peu après. — 
HéLvoT, Hist. des Ordres religieux, Paris, 17092, VII, 279. 

GY (Haute-Saône), arr. de Gray, ch.-l. de c. — Couvent de 
Capucins fondé le 12 février 1651. De 1654-Révolution, à la prov. de 
Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95 ; Arch. dep. de 
la Haute-Saône, H 8c:1. 

HAGUENAU (Bas-Rhin), arr. de Strasbourg, ch.-l. dec. — Couvent 
fondé au xuie siècle. Du xine siècle-1517, à la prov. des Fr. Min. 
de Strasbourg {ou de Haute-Allemagne). De 1517-1771, à la prov. 
des Conventuels de Strasbourg. De 1771-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — EuBez, Proy., 26 ; LECESTRE, 81; 
France francisc., V, 311-312. 

IS-SUR-TILLE (Côte-D'Or}, arr. de Dijon, ch.-. de €. — Résidence 
de Capucins fondé en 1627. De 1627-Révolution. à la prov. de Lyon. 
— Bull. Cap., V, 808; LECESTRE, 04. 

ISLE-SOUS-MONTRÉAL (L’), aujourd’hui L'ISLE-SUR-SERAIN 
(Yonne), arr. d’Avallon, ch.-l. de c. — Couvent fondé en 1471. De 
1471-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne dans le groupe des 
Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven- 
ture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona- 
venture. — Arch. dép. de l'Yonne, H 1898; Ann. Min., XIII, 473: 
_ GONZAGA, 782; Picquer, 02 ; FoDÉRÉ, 859; LEecEsTRE, 80. 

ISSOIRE (Puy-de-Dôme, ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins 
fondé en 1608, puis en 1660. À la prov. de Lyon jusqu’à la Révolution. 
— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H (xvnr s.); Bull. Cap. V, 
397; LECESTRE, 94; Albert Loxcy, Hist. de la ville d’Issoire, 1890, 
347-352, 382, 47-478. 

JUSSEY (Haute-Saône), arr. de Vesoul, ch.-l. de c. — Couvent de 
Capucins fondé le 1er mai 1622. De 1622-Révolution, à la prov. de 
Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LecesrTRE, 95; Abbes 
CoNDRIET et CHATELLET, Hist. de Jussey, 95-99. 

LANGEAC (Haute-Loire), arr. de Brioude, ch.-]. de c. — Cou- 
vent de Capucins fondé en 1631. De 163r-Révolution, à la prov. de 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 493 


Lyon. -—- Bull. Cap., V, 397; LecEsTRE, 94; F.-V. LAGRAvE, Essai 
sur l'hist. de la ville de Langeac, 1857, p. 50. 

— Monastère de Tiercelines mentionné par le R. P. APOLLINAIRE, 
Essai sur les Franciscaines hospitières. 25. 

LANGOGNE (Lozère), arr. de Mende, ch.-1l. de c. — Couvent de 
Capucins fondé en 1630. De 1630-Révolution, à la prov. de Lyon. 
— Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 04. 

LANGUEDOC. — Custodie des Conventuels de la province Clé- 
mentine, érigée en 1771, comprenant les couvents d’Alais, Aubenas, 
Marvejols, Saint-Chélv, Le Puy, Annonay. 

LARGENTIÈRE (Ardèche), ch..l. d'arr. — Couvent fondé vers 
1236. De 1236-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1517- 
1625, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la 
prov. des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. Clé- 
mentine des Conventuels. — /nv. somm. des arch. comm. de Largen- 
tiére; EuBg, Prov., 36: LECESTRE, 82 ; A. Mazon, Notre vieux Lar- 
gentière, 1899, 61, 135, 147 (vue du couvent), 153-182, 198-109, 
207-8,215-216, 270, 359. 

— Couvent de Récollets fondé en 1635. De 1635-Révolution, à la 
prov. de Saint-François. — Arch. comm. de Largentière, GG 12 ; 
JuvÉNAL, 173 ; LECESTRE, 102; A. MazoN, op. cit., 294, 295, 314-316, 
371. 

LAROCHE-SUR-FORON (Haute-Savoie), arr. de Bonneville, ch.-I. 
de c. —Couvent de Capucins fondé le 5 février 1617. De 1617-Révo- 
lution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 390; abbé Besson, 
Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise … 160. 

LAUSANNE (Suisse), ch.-l. du canton de Vaud. — Couvent fonde 
en 1257. De 1253-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 
1517 à 1535 environ, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona- 
venture. Supprimé à la Réforme protestante, nov. 1536. — Eure, 
Prov., 35; Ann. Min., VIII, 247, 528 ; IX, 360, 554; Reg. de Nico- 
las IV, éd. E. LaneLois, n° SS3, 1725; P. AnGLane, Bulle relative 
a la fondation du couv. de Lausanne, dans Arch. francisc. hist., 
VIL, 549: P. A. BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 
32; M. Revmonn, L'Église Saint-François de Lausanne, dans Feuille 
d'avis de Lausanne, 1er et 2 août 106. 

— Custodie des Fr. Min. de la province de Bourgogne, compre- 
nant : Grandson, Lausanne, Yverdon, Genève, Chambéry, Grenoble, 
Moirans, La Chambre. — Eusez, Prov., 35, 

LISERNE, près Grandson (Suisse), cant. de Vaud. — Couvent 
fondé en 1289, par Othon de Grandson; abandonné avant 1308 par 
les religieux qui transportèrent leur maison à Grandson. — Regis- 
tres de Nicolas IV, éd. E. LanGLois, n° 2162, 2163, 2098; B. FLEURY, 
Quelques notes sur la fondation et la suppression du couvent des Cor- 
deliers de Grandson, dans Revue d'hist. eccl, suisse, 1, 1907, 134; 
P. A. Bürozer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1026, 33. 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 32 


494 HENRI LEMAÎTRE 


LONS-LE-SAUNIER (Jura). — Couvent fondé avant 1240. De 
1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771. la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la 
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dep. de 
Saône-et-Loire, H 313 ; Arch. dép. du Jura, série H, 9 reg., à cart. 
(1361-1700); EuBeL, Prov., 35; GONzAGA, 786; Ann. Min., (1200;, V. 
246; Anal. francisc., 11, 546, 548; Arch. francisc, hist., X. 523, 557: 
PicqueT, 109; FobËÉRÉ, 595: Reg. de Nicolas IV, éd. E. Laxçrois, 
n° 3844: M. Perron, Épitaphes dans l'église des Cordeliers de L.-le- 
S., dans Le Vieux Lons, 1910, 167, 217; Iv., Notice sur l'église. . 
Ibid., 1912-1913, 80-91; Rev. d’hist. francisc., III, 276, 284-285. 

— Couvent de Capucins fondé le 25 octobre 1612, puis en 173. 
La première fondation dépendait de la prov. de Lyon. La seconde 
releva de la prov. de Franche-Comté jusqu’à la Révolution. — Arch. 
dép. du Jura, série H, 99 pièces (1772-1702); Bull. Cap., V, 400: 
LECESTRE, 95. 

— Couvent de Tiercelins. — Arch dép. du Rhône, serie H. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en ville avant 1204 et 
transféré en 1337 dans le faubourg. — Arch, dép. du Jura. série H, 
21 reg., 8 cart. (1332-1700); Gallia christ., XV, 316-310; Ann. Min, 
VI, 461; VIII, 141,472; FonëRé, 505; J. CeRNEssOoN, L'Abbare de 
Sainte-Claire .…, dans Le Vieux Lons, 1009, 97, 145, 100, 241: 1410. 
11,103 ; Rev. d'hist. francisc., 11, 385-388; III, 285 ; Cat. gén. des 
Mss., XXXIII, Besançon, coll. Dunand, ne 30, ff. 603-619; n° 45, 
ff. 41-43; Bibl. nat., nouv. acquis. franç., 5272, fol 245. 

— Monastère de Tiercelines fondé en 16.44. — Arch. dep. 
du Jura, série H, 29 reg., 11 cart. (xvies.-1700); DaLLoz, Vie de Marg. 
Borrey …., Besançon 1881, 06; P. Revieny, L'ancien couvent des 
Tiercelines ..., dans Le Vieux Lons, juillet 1908. 

LOUHANS (Saône-et-Loire), ch.-1. d'arr. — Couvent fonde et 
1624 dans un ermitage de Saint-Claude, transféré l’année suivante 
dans l'ile de Louhans sur la Valière. De 1624-1771, à la prov. dés 
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De r771-Révolution, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de Saône-et-Loire. 
H 3:13; LecesTre, So ; CouRTÉPÉE, Descr. du duché de Bourges, 
2° éd., III. 206. 

LURE (Haute-Saône), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins fonce 
en 1627, puis en 1671. Jusqu'à la Révolution, à la prov. de Franche- 
Comté. — Bull. Cap., V, 400; LecesTRe, 95; abbé L. Bessox. He” 
hist. sur l’abbaye et la ville de Lure, 1846, donne comme premiété 
date 1624 et comme seconde 1665,p. 142; Rev. d'hist. francis 
1V,-227T; 

LUXEUIL (Haute-Saône), arr, de Lure, ch.-l. de ©. — Couvenl 
de Capucins fondé le 21 juillet 1619. De 1619-Révolution, à la Pro" 
de Franche-Comté. — Arch. dép. de la Haute-Saône, H 80:; Bull 
Cap., V, 400; LECESTRE, 95; Fx GRANDMoU&IN et Ate GARNIER: Hit. 
de .… Luxeuil, 1866, in-fol., 14. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 495 


LYON (Rhône). — Grand Couvent, ou de Saint-Bonaventure, 
fondé avant 1245. De 1245-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bour- 
gogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. 
De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de’Saint-Bonaven- 
ture. — Arch. dép. du Rhône, série H, 20 art. (xvut-xviit s.); EuBEL, 
Prov., 35; Gonzaca, 778 ; Ann. Min. (1245), LI1, 445, 293 ; IV, 300, 
404; V, 227, 228, 526; 230; VII, 40; VIII, 56; Anal. francisc., I, 
69, 70, 85, 86, 87, 109, 126, 135, 185%, 546, 548, 560; PiIcquer, 5; 
FoDÉRÉ, 109, 115, 382, 691: Reg. de Nicolas IV, éd. E. LanGLois, 
n° 946, J.-B. Bazin, Remarques sur le grand couv. de St-Bonay. de 
Lyon; Pavy, Les Grands Cordeliers de Lyon, Lyon, 1835; Leces- 
TRE, 81 ; Abbé Ad. Vacner, les Anciens couvents de Lyon, 1895, 333- 
349. 

— Custodie des Fr. Min. de la prov. de Bourgogne. — Eugez, 
Prov., 35. 

— Couvent de l’Observance, ou de Notre-Dame des Anges fondé 
en 1493. De 1493-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans 
le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. 
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution. à la prov. des Conven- 
tuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. du Rhône, série H, 8 art. 
IXVI®-xXVINE Ss.); GONZAGA, 780; Anal. francisc., II, 546. 548 : Arch. 
francisc. hist., X, 500, 534 ; PICQUET, 25 ; FODÉRÉ, 957; LECESTRE. 81 ; 
Pavy, Les Cordeliers de l'Observance, Lyon: Les Cord. de l'Obser- 
vance, dans Revue du Lyonnais, III, 1836, 257-340 ; Ad. VACHET, op. 
cit., 461-462. | 

— Couvent de Récollets fondé en 1622. De 1622-Révolution, à la 
prov. de Saint-François. — Arch. dép. du Rhône, série H, 26 art. 
IXVn®-xvint s.); JUVÉNAL, 108; LECESTRE, 102; Ad. VACHET, op. cit., 
P. 519-527. 

— Province des Récollets, dite plus communément de Saint- 
François. — LpCESTRF, 101-102. 

— Couvent de Capucins, dit de Saint-François, fondé en 1575. 
Jusqu'à la Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. du Rhône, 
série H, 6 art. : Bull. Cap., V, 307; LECESTRE, 04; Ad. VACHET. Op. 
cil., 181-190; Rev. d'hist. francisc., IV, 302. 

— Couvent de Capucins, dit de Saint-André, fondé en 1622. Jusqu'à 
la Révolution, à la prov. de Lyon — Bull. Cap., V, 397: LECESTRE, 
94; Ad. VacHEeT, op. cit., 185 sqq. 

— Province de Capucins, érigée en 1480, sous le titre de Saint- 
Bonaventure, — Rev. d'hist. francisc., IV, 3o1 et suiv.: 

— Couvent de Tiercelins à la Guillotière, fondé en 1606 par le duc 
et la duchesse de Mayenne, appartenant en 176$ à la prov. de Lyon. 
— Arch. dép. du Rhône, série H; Leces TRE, 86: Cat. gen. des Mss., 
XXX, Lyon, fonds Coste, n° 280, n° 450 (BczLioup, Lugdunum sacro- 
Profanum, fol. 204, 232); XLHL, Suppl. III, Lyon, n° 2287, n° 2321. 
19; Ad. VacHET, op.cit., 475-507. 

— Résidence de Tiercelins, rue Bellecordière, fondée en 1629, 


496 HENRI LEMAÎTRE 


appartenant en 1768 à la prov. de Lyon.— LecEesTRE, 86; Ad. VACHET, 
op. cit., p. 485. 

LYON. — Province de Tiercelins antérieure à 1768.— LEcEsTRE, 
85-86. 

— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1508 par des reli- 
gieuses venues de Bourg. — Gallia christ., IV, 314-315; Fopéré, 
2° part., 203; Notice hist. sur le monastère de Sainte-Claire de 
Lyon, Lyon, 1869, in-8o, 16 p.; Ad. VAacHET, op. cit., 209-313: Les 
Pauvres Dames de l'Ordre de Sainte-Claire dans la cité lyonnaise, 
Lyon, 1898-1899, 2 vol. in-8°; Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon, 
n° 1137; fonds Coste, n° 289 ; n° 950 (Buzuioun, Lugdunum sacro- 
profanum, fol. 268). 

— ir Monastère des Tiercelines, dit de Sainte-Élisabeth, place 
Bellecour, fondé en 1615-1617 par des religieuses venues de Salins. 
— Cat, gén. des Mss.,t. XXX, Lyon, n° 862; fonds Coste, no 294, 
1093, 1123; DaLroz, Vie de Marg. Borrey … Besançon, 1881, 
66; Ad. VACHET, op. cit., 352-353. 

— 2* Monastère des Tiercelines, dit des Deux Amants, à Vaise, 
confirmé en avril 1672 (Mss. de la Chambre des Députés, no 351, 
fol, 466). D'après le Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon, fonds Coste. 
ne 293, il aurait été situé Place Louis-le-Grand, vendu en 1747 et la 
communauté réunie au 1° monastère des Deux-Amants de Vaise. 
— Ad. VACHET, op. cit., p. 353-356. 

— 3e Monastère de Tiercelines, transféré à Lvon, de Montluel, 
octobre 1665, établi dans le quartier de La Balme Saint-Clair, dit 
aussi des Colinettes. Il existait encore en 1791. — Cat. gén. des 
Mss., XXX, Lvon, n° 1695; fonds Coste, n° 295; XLII, Suppl. IE, 
Lyon, n° 2312, ff. 13-15 ; Mss. de la Chambre des Députés, n° 350, 
fol. 297, 3o1; Ad. VACHET, op. cit., 356-360. 

MACON (Saône-et-Loire) — Couvent fondé vers 1255. De 
1255-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771, à la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la 
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de 
Saône-et-Loire, H 313-315 ; Euez, Prov., 35 ; GoNzAGa, 780; Ann. 
Min., V, 330; Picouer, 15; FoDbËRÉ, 416; LEcEsTRE, 81; Abbe 
Rangau, Les Anciens couvents des Dominicains et des Cordeliers à 
Macon, dans Rev. Soc. litt. Ain, XII (1883), 38-45. 

— Couvent de Capucins fondé en 1604, Jusqu'’a la Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, série H; Bull. Cap. 
V, 307 ; LECESTRE, 94. 

MARCIGNY (Saône-et-Loire), arr. de Charolles. ch.-l. de c. — 
Couvent de Récollets fondé en 1625. De 1625-Révolution, à la prov. 
de Saint-François. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, série H, 
1 lasse (xvit-xvirie s.) ; JUVÉNAL, 125 ; LECESTRE, 101. 

MARINGUES (Puy-de-Dôme), arr. de Thiers, ch.-l. de c. — Cou- 
vent de Récollets de Saint-Michel, près Maringues, fondé en 1613. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE - 497 


De 1613-1620, à la custodie de Saint-Antoine, De 1620-Révolution, 
à la prov. de Saint-François. — JuvÈNaL, 65; LECESTRE, 101. 

MARSEILLE (Bouches-du-Rhône). — Couvent de Tiercelins fondé 
en 1740, consacré en 1749 ; appartenant en 1768 à Ia prov. de Lyon. 
— LecesTRe, 86 ; A. FaBre, Les Rues de Marseille, III, 256. 

MARVEJOLS (Lozère), ch.-1. d'arr. — Couvent fondé vers 1273. 
De 1273-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1517-1625, 
à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov. 
des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. Clémen- 
une des Conventuels. — Arch. dép. de l'Aveyron, D 510, E 564, 657; 
Arch. dép. de la Lozère, H 279-280; EuseL, Prov., 36; LECESTRE, 81 ; 
Léon Denisy, Notice topogr. et hist. sur le canton de Marvejols, 
F11876), 182-189. 

— Couvent de Capucins fondé en 1623. De 1623-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LeCESTRE, 043; L. DENIS, 
op. cit., 1, 195-198. 

MENDE (Lozère). — Couvent fondé avant 1230. De 1230-1517, à 
la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1517-1625, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov. des Conv. de 
Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conven- 
tuels. — Arch. dép. de la Lozère, H 106-243; Reg. de Nicolas 1V, 
éd. E. LanGLois, n° 4087; Eusez, Prov., 36; Ann. Min., V, 277; 
CI. Bruxe, Necrologium Fr. Min. Mimatensium, dans Anal. fran- 
cisc., V, 1-41; LECESTRE, 81. 

— Couvent de Capucins fondé en 1620. De 1620-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Lozère, H 283-307; Bull. Cap., 
397 ; LECESTRE, 94. 

MIGETTE (Doubs), arr. de Besancon, cant. d’Amancey, comm. 
du Crouzet. — Monastère de Clarisses Urbanistes fondé vers 1321. 
Réuni en 1788 avec Sainte-Claire de Lons-le-Saunier. — Arch. 
dép. du Jura, série H, Clarisses de Lons-le-Saunier ; Marquis 
TERRIER DE Loray, L'Abbaye de Migette, dans Mém. de l’Acad. des 
sciences. de Besançon, 1888, 122-141; Rev. d’hist. francisc., IT, 
388-398 ; Gallia christ., XV, 321-322; Cat. gén. des Mss., XXXTIT, 
Besançon, coll, Dunand, ne 30, f. 601-713. 

MOIRANS (Isère), arr. de Saint-Marcellin, ch.-1. de c. — Couvent 
fondé en1220(?). De 1220-1517, àla prov.des Fr. Min. de Bourgogne. 
De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. 
De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels. Le 
ms. 1731 de la Bibl. de Grenoble, nouvelle cote R. 354, t. VII, 
contient aux ff. 129-136 le testament de Guillelmeta Galiane, daté de 
l424, qui entre autres dispositions prescrit un legs « conventui 
Fratrum Minorum de Chyrenco ». Le même document renfermant 
plus bas un autre legs pour le couvent de Moyrenco (Moirans), nous 
en inférons que Chyrenco est une faute de lecture pour Moyrenco, 
aucun couvent n'ayant été jamais signalé à Chirens (Isère). — Arch. 
dép. de l'Isère, série H, 32 art. (1537-xvint s.); KuBez, Prov., 35; 


498 HENRI LEMAÎTRE 


LECESTRE, 81 ; CLE&RC-JACQUIER, Monogr. rel. hist. de Moirans, 1850, 
199-222. 

MONISTROL-SUR-LOIRE (Haute-Loire), arr. d’Yssingeaux, 
ch.-l. de c. — Couvent de Capucins fondé en 1634. De 1634-Révo- 
lution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LeCESTRE, 94 

MONTAIGUT-EN-COMBRAILLE (Puy-de-Dôme), arr. de Riom, 
ch.-l. de c. — Couvent de Capucins fondé en 1659. De 1659-Révo- 
lution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H 
(xvies.); Bull. Cap., V, 308 ; LEcEsTREe, 94. 

MONTBÉLIARD (Doubs}, ch.-l. d'arr. — Monastère de Clarisses 
signalé à l’année 1430, par les Ann. Min., X, 176,478; aucune mention 
dans l’/nv. somm. des Arch. comm. ni dans les historiens locaux. 

MONTBRISON {Loire}, ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en 1266. De 
1266-1515, à la prov. des Fr. Min. de Bourgone. De 1515-1771, à la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la 
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la 
Loire, série H, 2 reg., 14 liasses (xu-xvi* s.); Revue francisc., 1884, 21 
(fait remonter la fondation avant 1233); EuBez, Prov., 35; GONzAGA, 
730; Ann. Min.,[1V,326; Arch. francisc. hist., X, 506, 508, etc.; 
PICQUET, 20 ; FODÈRÉ, 471; LECESTRE, 81 ; Réforme des Cordeliers de 
Montbrison, 1523 ; dans Bull. de la Diana, XIV, 1906, 54; A. BROUTIN, 
Hist. des couvents de Montbrison .… 1874, |, 91-294. 

— Couvent de Récollets fondé en 1640. De 1640-Révolution, à la 
prov. de Saint-François. — JuvéNaL, 178; A. BROUTIN, op. cit., 
[, 297-302; LECESTRE, 102. 

— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 1609-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 398; LecesTRE, 94; A. BRouTIN, 
op. cit., |, 305-311. 

— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1408. 11 subsista 
jusqu’à la Révolution. Les Récollets furent substitués aux Fr. Min. 
dans sa direction, par un bref du 19 nov. 1640. — Arch. francisc. 
hist., 11,454; GoNzaGa, 701; Gallia christ., IV, 312-313; FoDéré, 
2° part., 188; A. BrouTIN, op. cit., |, 315-372 (reprod. du sceau); 
A. Le Conte, Recherches sur les anciennes religieuses de Sainte- 
Claire de Montbrison, Saint-Etienne, 1882, in-8° : J.-M. de La Mure, 
Chronique de la tres dévote abbaye ... de Sainte-Claire de Montbrison, 
Montbrison, 1656 ; JUVÉNAL, 178. 

MONT-CALVAIRE-LEZ-ROMANS. — Cf. ROMANS. 

MONTÉLIMAR (Drôme), ch.-l. d'arr. — Couvent fondé vers 1224, 
parles Adhémar, dontla chapelle était sous le vocable de Sainte-Agnès. 
De 1261-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, 
a la prov. des Conv. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à 
la prov. Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme, 
série H ; Eu8eL, Prov., 35; Gallia christ. nova (1715), E, instr., 149; 
BruN-Duran», Dict. topogr. de la Drôme, 229 ; Ann. Min., IV, 174; 
VII, 92; Euge, Die Avignon. Obedienz, 83, n° 689; 108, n° 874; 
LEecEsTRE. S2. 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 499 


MONTÉLIMAR (Drôme). — Couvent de Récollets de Saint-Jean- 
Baptiste, fondé en 1616 sur les ruines d'une commanderie des Hos- 
pitaliers. De 1616-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620- 
Révolution, à la prov. de Saint-François; les bâtiments servent 
aujourd'hui pour le collège. — Arch. dép. de la Drôme, série H ; 
BruN-Duranp, loc. cit: ; JUVÉNAL, 74; LRCESTRE, 102. 

— Couvent de Capucins, fondé en 1642. De 1642-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Drôme, série H; Bull. Cap., V, 
308; LECESTRE, 94. 

MONTFERRAND (Puy-de-Dôme), comm. de Clermont. — Cou-. 
vent fondé vers 1224. De 1224-1240, à la prov. de France ou à celle 
de Provence. De 1240-1515, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. 
De 1515-1771, à la prov. des Fr, Min. de Saint-Bonaventure. De 
1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. 
— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H ; EuBge, Prov., 35; GONzAGA, 
783; Ann. Min., 1, 258; II, 226; Arch. francisc. hist., X, 498-558; 
PICQUET, 75 ; FoDÉRÉ, 320 ; LECESTRE, 80; A. Tarpieu, Hist. de la 
ville de Montferrand, 51-53 (reprod. des sceaux). 

— Couvent de Récollets de Saint-Joseph, près Montf., fondé en 
1619, De 1619-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révo- 


lution, à la prov. de Saint-François. — JuvÉNAL, 86; LECESTRE, 101; 
A. Tarpieu, op. cit., 54-55, et Gr. Dict. du dep. du Puy-de-Dôme, 
228. G 


— Monastère de Tiercelines, transféré à Clermont en 1658. — 
Daccoz, Vie de Marg. Borrey, 1888. 66, A. TarDieu, Hist. de 
Montf., 60. 

MONTIGNY-LES-VESOUL (Haute-Saône). — Monastère de Cla- 
risses Urbanistes fondé en 1286. — Gallia christ., XV, 319-320; 
Ann. Min., V, 283 (sous le nom de Monte-nigro in dioec. Bixen- 
tina); Bibl. Êc. Chartes, 1876, XXXVII, 529; Rev. d'hist. francisc., 
11, 308-402; Cat. gén. des Mss., XXXIII, Besançon, coll. Dunand, 
ne 30, ff. 713-725; Arch. dép. du Douhs, ms. 30, ff. 117-126; L'hist. 
du monast., écrite par M. Vannier en 1853, se trouve aux archives de 
la Bibl. de l’Acad. des sciences... de Besançon. 

MONTLUCON Allier), ch.-1. d'arr. — Couvent d'Observants fondé 
en 1445. De 1445-1517, à la vicairie observante dans la prov. des 
Fr. Min. de Touraine jusque vers 1450, puis dans celle de Bour- 
gogne. De 1517-1571, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven- 
ture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona- 
venture, — Arch. dép. de l'Allier, série H; GonzaGa, 784; Ann. 
Min., XI, 147, 1553 XI, 308, 415: XV, 340; Gallia christ., IT, 68, 
88; Anal. francisc., II, 428: 478; Picouer, 02; Fodéré, 695; 
Lecesrre, So; Abbé Jean-Baptiste Fouiznoux, Vic-le-Comte, 222. 

— Couvent de Capucins fondé en 1600. De 1600-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. dép. de l'Allier, série H; Bull. Cap., V, 
308 : LECESTRE, 94. 

MONTMÉLIAN Savoie}, arr. de Chambéry, ch.-l. de c. — Cou- 


500 * HENRI LEMAÎTRE 


vent de Capucins fondé en 1586 par un seigneur de Montmaieur. De 
1586-1610, à la prov. de Lyon. De 1610-Révolution, à la prov. de 
Savoie. — Bull. Cap., V, 399 ; Abbé BEsson, Mém. pour l'hist. eccl. 
des dioc. de Genève, Tarentaise..…., 324. 

MORGES (Suisse), cant. de Vaud. — Couvent de Colétans men- 
tionné en 1497. De 1497-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bour- 
gogne, dans le groupement des Colétans. De 1517-1530, à la prov. 
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. Détruit par les Protestants en 
1530; les religieux se réfugièrent à Cluses. — Ann. Min., XV, 021; 
Anal. francisc., II, 546, 548; France francisc., 1922, t. V, p. 453; 
Arch. francisc., hist., X, 535; FoDÉRÉ, 842; P. ANGLADE, Les Corde- 
liers de Morges, dans. Revue historique vaudoise, Lausanne, 1914, 
139-154; P. A. BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1920, 
39; Abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren- 
taise..., 161. 

MORGEX (Italie), val d'Aoste. — Couvent de Capucins fondé en 
1626. De 1026-Révolution à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 
399; abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren- 
taise..., 279. 

MOULINS (Allier). — Couvent de Capucins fondé en 1601, pyis en 
1666. Jusqu'à la Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de 
l'Allier, série H : indulgences ({xvu®-xvint s.); authentiques de 
reliques (1093-1726); professions de religieux (1736-1753): Bull. 
Cap., V, 308; LecEsTRE, 93; H. Faure, Hist. de Moulins, 11 {1oooi, 
271-273. 

— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1641. — Arch. dép. 
de l'Allier, série H; Arch. francisc. hist., 11, 454; VIII, 126; Gallia 
christ., IV, 507; Ann. Min., X, 57; FoDËRÉ, 2° part., 68; Cat. gen. 
des Mss., XXX, Lyon, n° 855. 

MOULINS-ENGILBERT (Nièvre), arr. de Château-Chinon, ch.-I. 
de c. — Couvent de Tiercelins fondé en 1629, appartenant en 1768 à 
la prov. de Lyon. — Arch. dép. du Rhône, série H; LecesTre, St; 
V. GuENEAU, Moulins-Engilbert, les églises et les établ. rel., 1800, 
17-10. 

MOUTIERS-EN-TARENTAISE (Savoie), ch.-1l. d’arr. — Couvent 
de Colétans, voir SAINT-MICHEL-SUR-MOUTIERS. 

— Couvent de Capucins fondé en 1612. De 1612-Révolution, à la 
prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 390. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes existant en 1627. — J.-M. 
Emprin, Les Dames de Sainte-Claire Urbanistes de Moutiers, de 1027 
à 1793, dans Mém. et docum. de l'Acad. de la Val d'Isère, nouv. 
série, 3° vol., 1° livre, 1925, 1-71; Duranpar», Notes sur les Cla- 
risses de Moutiers, dans Recueil des mém. et docum. de l’Acad. de la 
Val d'Isère, 7° vol., Chambéry, 1897-1902, 64-66 ; (Les Ann. Min., 
X, 353, mentionnent des Clarisses au diocèse de Tarentaise en 1422, 
de même que des Fr. Min. et des Clarisses au dioc. de Saint-Jean- 
de-Maurienne, 1364, VIII, 505). 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE oi 


MUCIACUM, au diocèse d’Autun. — Couvent de Colétans men- 
tionné en 1451. — Ann. Min., XII, 556. \ 

MURE (LA) (Isère), arr. de Grenoble, ch.-l. de c. — Hospice de 
Capucins fondé le 6 mai 1643. De 1643-Révolution, à la prov. de 
Lyon. — Arch. dép. de l'Isère, série H, 1 art. (xvne s.); Bull. Cap., 
V, 398; LECESTRE, 94; À. Fayvozce, La Mure et la Macésine, 64-67. 

MYANS (NOTRE-DAME DE) (Savoie),arr. de Chambéry, cant. de 
Montmélian. — Couvent de Colétans fondé vers 1458. De r458- 
1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans le groupement des 
Colétans. De 1503-1729, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven- 
ture. De 1729-1771, à la custodie indépendante des Fr. Min. de 
Savoie. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Turin. — 
GoNzAGA, 789; Ann. Min., XIII, 77, 5o2; Anal. francisc., II, 546, 
548; Picquer, 174 ; FODÉRÉ, 797; P. ANGLADE, Notes sur la custodie 
de Savoie, dans Arch. francisc. hist., VII, 409, 423; cf. aussi X, 
498-558. 

NION (Suisse), cant. de Vaud. — Couvent fondé par Louis de 
Savoie en 1285. De 1340-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bour- 
gogne. De 1517-1530, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona- 
venture. Détruit en 1536 par les Protestants. -- EuBeL, Prov. 35, 
« Nividunum » y est faussement traduit par Yverdon; P.A. BüRGLER, 
Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 33; France francisc., 
V, 454. 

NOTRE-DAME-DE GRACE (Saône-et-Loire), arr. de Mâcon, cant. 
de Saint-Gengoux-le-Royal, comm. de Savigny-sur-Grosne. — Cou- 
vent fondé en 1668. De 1668-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint- 
Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de 
Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 316; Her- 
MANT, Hist. des Ordres relirieux, Rouen, 1710, 11, 177; LECESTRE, 
81; M. CanaT DE Cuizy, Note sur le pélerinage de N.-D. de Grâce, 
dans Mém. de la Soc. d'hist. et d'archéol. de Chalon-sur-Saône, VII, 
92-95. 

NOTRE-DAME DES ANGES. Cf. Lyon. 

NOTRE-DAME DE MYANS. Cf. Myans. 

NOZEROY (Jura), arr. de Poligny, ch.-1l. de c.— Couvent de Colé- 
tans fondé vers 1460. De 1460-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bour- 
gogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. 
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. 
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. du Jura, 
série H, 1 cart. (xviie-xvine s.); registres (xviri® s.); GONZAGA, 756; 
Ann. Min., XIII, 254; Anal. francisc., IT, 546, 548 ; Arch. JRARCUE 
hist., X, 1. Picquer, 116; Fopéré, 818: LecesrRe, 80. 

NUITS (Côte-d'Or), arr. de Beaune, he -]. de c. — Hospice de 
Capucins fondé en 1633. De 1633-Révolution, à la prov. de Lyon. — 
Bull. Cap., V, 398; LecESTRE, 93 ; COURTÉPÉE, Descr. du duche de 
Bourgogne, 2° éd., 11, 367; Ch. TueurterT, Hist. de Nuits-sous- 
Beaune, 300-304. 


502 HENRI LEMAÎTRE 


NYONS (Drôme), ch.-1. d’arr. — Couvent de Récollets fondé en 
1642, De 1642 -Révolution, à la prov. de Saint-François ; les bati- 
ments servent aujourd'hui d'hôpital. — Arch. dép. de la Drôme, 
série H ; JUVÉNAL, 109 ; LECESTRE, 102; BRuN-Durax», Dict. topogr. 
de la Drôme, 248. 

ORBE (Suisse), cant. de Vaud. — Monastère de Clarisses Colet- 
tines fondé en 1426, par Jeanne de Montbéliard, femme de Louis de 
Chalon ; réfugié à Evian en raison de son expulsion par les Protes- 
tants en 1328. — Arch. francisc. hist., Il, 454; Ann. Min., X, 419; 
Gallia christ,, XVI, 508; P. AnGLane, Leurs Excellences de Fribourg 
‘et les Clarisses de Vevey et d'Orbe, dans Annales Fribourgeoises, 
janvier-février 1914; P. A. BüRGLER, Die Franziskus-Orden in der 
Schweiz, 1926, 145-6; Abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dio- 
cèses de Genève, Tarentaise..., 106-107. 

ORGELET (Jura), arr. de Lons-le-Saunier, ch.-l. de c. — Rési- 
dence de Capucins fondée en 1695 par M. de Marnix, religieux de 
l’abbaye de Saint-Claude. De 1695-Révolution, à la prov. de 
Franche-Comté. — Arch. dép. du Jura, série H, 1 cart. (1707-1774): 
Bull. Cap., V, 400; LRCESTRE, 05. 

PAGNY (Côte-d'Or), arr. de Beaune, cant. de Seurre. — Couvent 
de Tiercelins fondé vers 16008, abandonné peu après. — HÉLyoT, 
Hist. des Ordres religieux, Paris, 1702, VIT, 279. 

PESMES (Haute-Saône), arr. de Gray, ch.-l. de c. — Couvent de 
Capucins fondé en 1617. De 1617-1618, à la prov. de Lyon. De 1618- 
Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; 
| LECESTRE, 05. 

POLIGNY (Jura), ch.-l. d'arr. — Couvent de Capucins fonde en 
1613. De 1613-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à 
la prov. de Franche-Comté. — Arch. dép. du Jura, série H, r pièce 
(1617); Bull. Cap., V, 400: LECESTRE, 95. 

— Monastère de Clarisses Colettines fonde en 1415. — Arch. dép. 
du Jura, série H, 1 carton (1412-1785); Gallia christ., XV, 137; 
FobÉRÉ, 2° part., 39; Année franciscaine, Bolhec, 1866, 231; Cat. 
gen. des Mss., XXI, Poligny, n° 2, fol. 1 bis, 2° partie; F.-F. Cues- 
VALIER, Mfem. hist. sur... Poligny, IT, 159-176 ; P. UBaLD D'ALENÇON. 
Documents sur la reforme de sainte Colette en France, dans Arch. 
francisc. hist, Il, 447-456, 600-612; III, 82-097; cf. aussi X, 409. 

PONTARLIER (Doubs), ch.-l. d'arr. — Couvent de Capucins fondé 
le 22 juillet 1618. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. 
— Înv. somm. des Arch. comm. de Portalier; Bull. Cap., V, 400; 
LECESTRE, 95. | à 

PONT-DE-VAUX (Ain), arr. de Bourg., ch.-l. de c. — Couvent de 
Colétans fondé en 1471. De 1471-1503, à la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 17;1-Révolution, à la 
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dep. de 
Saône-et-Loire, H 313: Arch. dép. de l'Ain, H 529 ; GonzaGa, 780; 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 503 


Ann. Min., XIII, 473; XVIII, 214; PicquET, 24; FoDÉRÉ, 874; 
LecesTRe, 81; Cat. gén. des Mss., VI, Pont-de-Vaux, n° 1, ff. 320- 
387, titres des Cordeliers de Pont-de-Vaux. 

PONT-DE-VAUX (Ain). — Monastère de Tiercelines fondé vers 
1471, mentionné par FoDÉRÉ, 883 ; Ann. Min., XVIII, 214. 

PRIVAS (Ardèche). — Couvent de Récollets fondé en 1644. De 
10644-Révolution, à la prov. de Saint-François. — JUVÉNAL, 207 ; 
LECESTRE, 102. 

PROVENCHÈRES (Haute-Saône), arr. de Vesoul, cant. de Port- 
sur-Saône. — Couvent d'Observants fondé en 1484. De 1484-1517, à 
la vicairie observante de la prov. des Fr.. Min. de Bourgogne. De 
1517-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771- 
Révolution, à la prov.. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — 
Arch. dép. de la Haute-Saône, H 887; GonzaAGa, 787; Ann. Min., 
XV, 346; PicqueT, 123; FoDÉRÉ, 915; LecesTre, 80; Rev. d'hist. 
francisc., III, 257. 

PUY (LE)-EN-VELAY (Haute-Loire). — Couvent fondé vers 1227. 
De 1227-1240, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1240-1517, à 
la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Haute-Loire, 
série H, 1 reg., 4 liasses {xive-xvanre s.); EuBeL, Prov., 34; Ann. Min., 
. 1ugr; IV, 5223 V, 4153; VII, 115 ; Gallia christ., |, 717; FoDÉRé, 
2e part., 90 ; LeCESTRE, 81; F. DELORME, Concordat entre les couv. 
d'Aubenas et du Puy, dans Arch. francisc. hist., X, 582-585; A. Mor- 
NER, Obituaires de la prov. de Sens, 1, LIV, n° 59; Abbé PAYRARD, 
Extrait d'un catalogue de fondations faites en faveur des Frères 
Mineurs du Puy, dans Tablettes hist. du Velay, VII 132-133. 

— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 1609-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397 ; LECESTRE, 94. 

— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1425. Il a traversé 
la Révolution et subsiste encore. — Arch. francisc. hist., IT, 454; X, 
507; GoNzaca, 791; Ann. Min., X, 09, 391, 453; FoDÉRÉ, 2° partie, 
93; Année franciscaine, Bolbec, 1864, p. 30, 70; Cat. gén. des 
Mss., XXX, Lyon, no 855; A. de LAGREvoL, Document sur le mon. 
de Sainte-Claire au Puy, dans Tablettes hist. du Velay, V, 593-598, 

— Monastère de Tiercelines, fondé avant 1680. — R. P. Arozi- 
NAIRE, Essai sur les Franciscaines hospitalières, p. 25. 

RAMEAU (Yonne), arr. et cant. de Tonnerre, comm. de Collan. 
Voir FLEY. 

RÉCOLLETS. — Frères Mineurs d’une observance plus stricte, 
établis en France à la fin du xvie siècle. Leur premier groupement 
dans la prov. de Bourgogne date de 1605. 

RIOM (Puy-de-Dôme), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé vers 1280. 
De 1280-1515, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1515-1771, 
à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, 
à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. comm. 


504 HENRI LEMAÎTRE 


de Riom, GG r19 et 120; Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H: 
EuseL, Prov., 34; Gonzaca, 783 ; Ann. Min., IX, 405; Arch. fran 
cisc. hist., X, 500, 506, etc.; PIcQUET, 81; FODÉRÉ, 581; Lecestre. 
80; Cat. gén. des Mss., XIV, Clermont-Ferrand, n° 7o1-;02 (Jour- 
nal tenu par le P. TitouiEr, O. M., et son neveu, des événements sur- 
venus en Auvergne... de 1731 à 1789); Ed. EverarT, Hist. abrégée de 
Riom, 41, etc. 

RIOM (Puy-de-Dôme). — Couvent de Capucins fondé en 1601. De 
16o1-Révolution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 308; Leces- 
TRE, 94; E. EVERAT, op. cit., 150, etc. 

ROANNE (Loire), ch.-1l. d'arr. — Couvent de Capucins fonde en 
1577, puis en 1677. De 1677-Révolution, à la prov. de Lyon. — 
Arch. dép. de la Loire, série H, 1 liasse (xvus-xvane s.}; Bull. Cap. 
V, 398 ; LeCESTRE, 94 ; J. GuILLIEN, Rech. hist. sur Roanne, p. 30i- 
308 : Rey. d’hist. francisc., IV, 302. 

— Couvent de Tiercelines, dit couvent de Sainte-Élisabeth, fondé 
en 1634 (?). Sept de ses religieuses fondèrent en 1665 le 3° couvent 
de Lyon. — DaLLoz, Vie de Marg. Borrey.. Besançon, 1881, 00; 
Bibl. Maz., 2417 ; Cat. gén. des Mss., XXI, Roanne, n° 74 (Livre des 
professions... 1636-1732); Ad. VacHEerT, Les Anciens couvents de Lyon, 
356 ; J. GuiLLiEN, op. cit., 311. 

ROMANS (Drôme), arr. de Valence ({ch.-1. de c. — Couvent 
fondé en 1252 par les Poitiers-Saint-Vallier. De 1252-1517, à la 
prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1532, à la prov. des 
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1532-1771, à la prov. des 
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la 2° pror. 
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Drôme, 
série H, 12 reg., 15 cah., 13 liasses (1252-1790) ; Euse, Prov., 35: 
GOoNzAGA, 787; Ann. Min., III, 294; Arch. francisc. hist., X, 15, 
528, etc.; PicQuEeT, 137; FoDÉRÉ, 618; LeCESTRE, 81 ; BRuN-DCRAND. 
Dict. topogr. de la Drôme, 111; D' U. CHevauier, Notice hist. sur 
le couvent des Cordeliers de Romans, Valence, 1868, 1n-8°. 

— MONT-CALVAIRE. — Couvent fondé en 1517, par Romantt 
Boffin. Jusqu’à 1612, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. 
De 1612-1620, à la custodie des Récollets de Saint-Antoine. De 
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch. dép. de la 
Drôme, série H ; JuvénaL, 37; Ann. Min., XVI, 192; Arch. 
francisc. hist., X, 528 ; PicquerT, 160 ; FoDÉRÉ, 612; LECESTRE, 102: 
ARCHANGE DE CLERMONT, réc., Mém. pour servir à l'hist. des 
Huguenots à Romans... Romans, 1887, in-8; Brun-Duranr, Dit 
topogr. de la Drôme, 298; U. Cnevaier, Fondation du Mont-Cal- 
vaire de Romans, dans Bull. d'hist. eccl. et d’archéol. religieuse des 
dioc. de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, HI, 180 : — Notice hist. 
sur le Mont-Calvaire de Romans, Montbéliard, 1883, in-8o, pl. 

— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 1609-Révolution, à li 
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Drôme, série H; Bull. Cor 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 505 


V,398; LecesrTre, 95; D' U. CnevaLier, Notice hist. sur le couvent 
des Capucins de Romans, Valence, 1866, in-8°. 

— Monastère de Clarisses fondé en 1620. — Arch. dép. de la 
Drôme, série H, 6 liasses (1618-1790); BruN-Duran», Dict. topogr. 
de la Drôme, p. 316; Année franciscaine, Bolbec, 186%, 325 ; Bibl. 
Maz., 2417; Cat. gén. des Mss., t. XXXIV, Carpentras, n° 1304, 
ff. 69-94 (Suppliques, lettres, mémoires des Clarisses de Romans, 
contre les Récollets ‘dudit lieu, 1627); France francisc., IV, 189; 
Dr U. CHevazier, Notice hist. sur le couvent de Sainte-Claire de 
Romans, suivie de deux bulles inédites des papes Paul V et 
Urbain VIII, Valence, 1870, in-8°. 

ROUGEMONT (Doubs), arr. de Baume-les-Dames, ch.-l. de c. — 
Couvent de Colétans fondé en 1448. De 1448-1503, à la prov. des 
Fr. Min. de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 
1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure, De 1771- 
Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — 
GoxzaGa, 786; Anal. francisc., IT, 514; Picquer, 118; FoDÉRÉ, 719 ; 
LecesTre, 80; Rev. d'hist. francisc., II, 277; Ch. THuRIET, Êt. hist. 
sur le bourg de Rougemont, 37-43. 

RUMILLY (Haute-Savoie), arr. d'Annecy, ch.-l. de c. — Couvent 
de Capucins fondé en 1612. De 1612-Révolution, à la prov. de 
Savoie. — Arch. dép. de la Haute-Savoie, série H, 1 cart. (xvu- 
xvines.}; Bull. Cap., V, 390 ; Abbé BExsoN, Mem. pour l'hist. eccl. 
des dioc. de Genève, Tarentaise..., 142. 

— Clarisses réformées par sainte Colette. Lettre du cardinal léyat 
Pierre de Thurey, en date d'Avignon, 24 mai 1410, confirmant à 
sainte Colette le droit de bâtir un couvent à Rumilly. Original aux 
Clarisses de Besançon, cité par Arch. francisc. hist., 11, 456. Ce 
monastère n'a pas été fondé. 

SAINT-AMAND-DE-MONTROND (Cher), ch.-l. d'arr. — Cou- 
vent de Capucins fondé en 1622. De 1622-Révolution, à la prov. de 
Lyon. — Bull. Cap., V,307; LECESTRE, 93; CHEVALIER DE SAINT- 
AmanD, Rech. hist. sur Saint-Amand-Montrond, 106. 

SAINT-AMAND-TALLENDE (Puy-de-Dôme), arr. de Clermont, 
ch..1. de c. — Couvent des Récollets du Saint-Esprit près de Saint- 
Amand fondé en 1612. De 1612-1620, à la custodie de Saint-Antoine. 
De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch. dép. du 
Puy-de-Dôme, série H, 1 art: JUVÉNAL, 60 ; LECEXTRE, 101. 

— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1650.— Arch. dép. 
du Puy-de-Dôme. série H, r art.; Bibl. Maz., 24173 A. TanDiEu, Gr. 
Dict. du dép. du Puy-de-Dôme, 299. 

SAINT-AMOUR ijura), arr. de Lons-le-Saulnier, ch.-l, de c. — 
Couvent de Capucins fondé en 1623 par Jacques Nicolas de la 
Baume, comte de Saint-Amour. De 1623-Révolution, à la prov. de 
Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95 ; C. SAINT- 
Marc, Tablettes hist. biogr. et stat. de la ville de Saint-Amour, 
dans Mém. de la Soc. d'ém. du Jura, 1868, 192-196. 


506 HENRI LEMAÎTRE 


SAINT-ANTOINE en Dauphiné. — Custodie de Récollets établie 
en 1605 et devenue en 1620 la prov. de Saint-François. 

SAINT-BONAVENTURE (Province de). — Nom donné à la prov. 
des Fr. Min. de Bourgogne, après la canonisation du saint en 1482. 

— Prov. de Fr. Min. érigée en 1503 avec les Couvents de Colé- 
tans et d’autres anciens couvents de Bourgogne nouvellement réfor- 
més. Elle subsista jusqu'en 1771. 

— Prov. des Conventuels séparés des Fr. Min. de Bourgogne en 
1517. Elle subsista de 1517 à 1771, où elle passa en partie dans la 
prov. Clémentine. 

— Prov. des Fr. Min. devenus Conventuels en 1771. Elle subsista 
jusqu'à la Révolution. | 

SAINT-BONNET-LE-CHATEAU (Loire), arr. de Montbrison, 
ch.-1. de c. — Couvent de Capucins fondé en 1621. De 1621-Révo- 
lution, à la prov. de [.yon. — Bull. Cap., V, 94; LECESTRE, 94: 
J. Conpamin et L. LaxGLois, Hist. de Saint-Bonnet-le-Château, 1612- 
163, 202-206. 

SAINT-CHAMOND Loire), arr. de Saint-Étienne, ch.-l. de c. — 
Couvent de Capucins fondé en 1601. De 1d21-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 3a7 ; LECESTRE, 94; J. CoNpamMix, 
Hist. de Saint-Chamond, 265-287, 302, 353-355. 

SAINT - CHÉLY-DU -TARN ou SAINT -CHÉLY - D'APCHER 
(Lozère), arr. de Florac, cant. de Sainte-Enimie. — Couvent fonde 
avant 1297. De 1297-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence. 
De 1517-1625, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis, De 162$5- 
1771, à la prov. des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la 
prov. Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Lozère, 
H 234-278; Euvsec, Prov., 36; LEcESTRE, 81. 

SAINT-CLAUDE |Juraj, ch.-1. d'arr. — Couvent de Capucins fonde 
en 1636. De 1636-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Arch. 
dép. du Jura, série H, 1 cart. Ixvue-xvuie s.); Bull. Cap., V, 400: 
LECESTRE, 95. 

SAINT-ÉTIENNE :1Loire) — Couvent de Capucins fondé en 
1619. De 1619-Révolution, à la prov. de [.yon. — Bull. Cap., V, 
398 ; LECESTRE, 94, Victor JANNESsSON, Monogr. et hist. de la ville de 
Saint-Étienne, 73, 75. 

SAINT-EYNARD (Isère), arr. et cant. de Grenoble, comm. de 


Corenc. — Couvent de Récollets fondé en 1615. De 1615-1620, à la 
custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint- 
François. — JuvéNar, 81; A. Lacigr, Les Récollets dans le diocese 


actuel de Grenoble, Grenoble, 1913, 57-03 ; LECESTRE, 101. 
SAINT-FERJEUX (Doubs), comm. de Besançon. — « Requête 
du provincial du Tiers-Ordre de Saint-François, à l'effet d'obtenir 
l'église de Saint-Ferjeux, près de Besançon, pour l'installation d’un 
couvent de ses religieux » (1625). Cat. gén. des Mss., XXXIII, Be- 
sançon, coll. Chitfet, n° 12, fol. 150. 
SAINT-FRANÇOIS (Province de). — Province de Récollets fondée 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 507 


en 1620, faisant suite à la custodie de Saint-Antoine en Dauphiné. 
Cf. p. 450. 

SAINT-GALMIER {Loire}, arr. de Montbrison, ch.-l. de c. — 
Couvent de Conventuels fondé en 1630. De 1630-1771, à la prov. 
des Conv. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. 
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Loire, série H, 
1 liasse (xvue-xvire s.); Gallia christ., IV, 199 {qui les appelle à 
tort des Récollets' ; FRaANcHINt, Status religionis franciscanae Mino- 
rum Conventualium, Rome, 1682, sous le nom de « S. Baldomer » ; 
LECESTRE, 81. 

SAINT-GENIS-LAVAL (Rhônej, arr. de Lvon, ch.-l. de c. — Cou- 
vent de Récollets de Sainte-Catherine près Saint-Genis, fondé en 
1605. De 1605-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révo- 
lution, à la prov. de Saint-François. — JUVÉNAL, 26; LECESTRE, 102. 

SAINT-GERMAIN-LAVAL (Loire), arr. de Roanne, ch.-l. de c. — 
Couvent de Récollets fondé en 1624. De 1624-Révolution, à la prov. 
de Saint-François. — Arch. dép. de la Loire, série H, 1 liasse 
IxvH-xvint s.); JUVÉNAL, 145 ;: LECESTRE, 102. 

SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE (Savoie), ch.-1. d'arr. — Couvent 
de Capucins fondé en 1578. De 1580-1610, à la prov. de Lyon. De 
1610-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399: Abbé 
TRUCHET, Saint-Jean-de-Maurienne au xvi s., 382-385. 

SAINT-JULIEN-EN-GENEVOIS (Haute-Savoie), ch.-l d'arr. — 
Hospice de Capucins fondé en 1602, érigé en couvent le 5 déc. 1647. 
De 1647-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399; 
Abbe BEsson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren- 
taise... 167. 

SAINT-MARCÉLLIN (Isère), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets 
fondé en 1620. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — 
Arch. dép. de l'Isère, série H, 1 art. (xvir® s.); JuvÉNAL, 90; 
LeCESTRE, 102 ; A. LaGier, Les Récollets dans le diocèse actuel de 
Grenoble, Grenoble, 1913, g1-102. 

SAINT-MAURICE-EN-VALAIS (Suisse). — Couvent de Capucins 
fondé en 1611. De 1611-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. 
Cap., V, 399 ; P. A. BürGLer Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 
1926, 657. 

SAINT-MICHEL-SUR-MOUTIERS (Savoie), arr. et cant. de Moü- 
tiers. — Couvent de Colétans, fondé en 1471. De 1471-1503, à la 
prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans le groupement colétan. De 
1503-1729, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1729- 
1771, à la castodie indépendante des Fr. Min. de Savoie. De 1771- 
Révolution, à la prov. des Conventuels de Turin. — Ann. Min., 
XITE, 473 ; GONzAGA, 780; Picquer, 181 ; FoDÉRE, 851 ; F.-M. MiLLioN, 
Chronique du Mont-Saint-Michel, dit des Cordeliers, à Mouütiers, 
Moüûtiers, 1867, in-8; Arch. francisc. hist., VII. 400, 423 ; X, 507- 
508, 541. 

SAINT-POURÇAIN {Allier}, arr. de Gannat, ch.-l. de c. — Cou- 


508 | HENRI LEMAÎTRE 


vent fondé avant 1278. De 1278-1515, à la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona- 
venture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint- 
Bonaventure. — EuBeL, Prov., 34; GonzaAGa, 784; Picquer, 8$, 
FoDËRE, 539 ; LECESTRE, 80 ; Arch. francisc. hist., X, 510, 518. 

SAINT-ROMAIN-LA-VIRVÉE (Isère), arr. de la Tour du Pin, 
cant. de Crémieu. — Couvent de Fr. Min. mentionné à l'année 
1237 dans la custodie de Vienne en Dauphiné, prov. de Provence, ne 
paraît plus postérieurement dans les listes de couvents. — Ann. 
Min., 1237, [1, 420; Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon, fonds Coste, 
no 360. 

SAINT-VALLIER (Drôme), arr. de Valence, ch.-l. de c. — Cou- 
vent de Tiercelins fondé en 1643, sous le titre de Notre-Dame des 
Sept-Douleurs, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch. 
dép. de la Drôme, 2 reg., 2 cah., 2 liasses (1643-1700); Brtx- 
Duranv, Dict. topogr. de la Drôme, 363; LecEsTRe, 86; A. Cuise, 
Hist. de Saint-Vallier, 140-147; E. FayarDn, Not. hist. sur Saint- 
Vallier, 71-73; P. VarzerNauD, Notes complémentaires à l'hist. de 
Saint-Vallier, dans Bull.. Soc. d'archéol. de la Drôme, LVII (1923), 
261-277, 340-355. 

SAINTE-COLOMBE-LES-VIENNE (Isère), arr. et cant. de Vienne. 

— Couvent mentionné en 1217. De 1217-1240, probablement à la 
prov. des Fr. Min. de Provence. De 1240-1503, à la prov. des Fr. 
Mineurs de Bourgogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Mineurs 
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la province des Con- 
ventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de l'Isère, série H; 
Arch. dép. du Rhône, série H, 6 art. (xviit-xvrn® s.); Euse, Pror., 
34; Ann. Min., 1, 278; III, 446 ; V, 87, 164, 243, 202: VI, 302: IX, 
414; Gallia christ., XVI, Instrum., 50, 51, 95; GonzaGa, 787; 
PicqueT, 133; FonÉRÉ, 353, 470, 691 ; LEcESTRE, 81; Arch. fran- 
cisc. hist., X, 535, 540. 

-—- Monastère de Clarisses, antérieur à 1608. — MEerMET ainé, 
(C‘hron. rel. de la ville de Vienne, 172. 

SAINTE-MARIE-AUX-CHÈNES (Bas-Rhin), comm. de Gærstorf, 
arr. de Wissembourg, cant. de Woerth-sur-Sauer. — Couvent de 
Conventuels fondé en 1737. De 1737-1771, à la prov. des Conv. de 
Strasbourg. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Con- 


ventuels. — France francisc., V, 311, 312: Lecesram, 81 (identific. 
fautive). 

SAINTE-REINE (Côte-d'Or), arr. de Semur, cant. de Flavigny, 
comm, de Alise-Sainte-Reine. — Couvent fondé en 16.44. De 1044 


1-71, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771- 
Révolution, à la prov. des Çonventuels de Saint-Bonaventure. — 
Arch. dép. de la Côte-d'Or, série H, 21 art. de 1644 à 1790: Bibl. 
Maz , A 15301, pièce ; LecEsTRE,80 ; COURTÉPÉE, Descr. du duche de 
Bourgogne, 2° éd., III, 537. 

SALLANCHES Haute-Savoie}? arr. de Bonneville. ch.-l. de €. — 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 509 


Couvent de Capucins fondé en 1616. De 1616-Révolution, à la prov. 
de Savoie. — Bull. Cap.. V,309; Abbé Besson, Mém. pour l'hist. 
eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..…., 145. 

SALINS (Jura), arr. de Poligny, ch.-l. de c. — Couvent fondé avant 
1230 par le comte Jean de Chalon. De 1240-1517, à la prov. des Fr. 
Mio. de Bourgogne. De 1517-1771, à la province des Conventuels 
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution à la prov. Clémentine des 
Conventuels. — Arch. dép. du Jura, série H, 18 reg., 1 cart. (xvic- 
xvuie s.); EuBez, Prov., 35: Ann. Min. (1200), V, 246; IX, 78 ; 
Reg. de Nicolas IV, éd. E. LancLois, n° 3844: À. Mouinier, Obituai- 
res de la prov. de Sens, 1, XLIT, n° 32 ; Rey. d’hist. francisc., HI, 
283,285; Gaston CoinDre, Le Vieux Salins, 109, 174-180 ; Jules Gau- 
THIER, Le Couvent des Cordeliers de Salins, son église et ses monu- 
ments, extrait du Bulletin archeologique, 1896. 

— Couvent de Capucins, fondé en 1582 au faubourg Saint-Pierre. 
-De 1582-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de 
Franche-Comté. — Arch. dép. du Jura, série H, r reg., 99 pièces 
(xvue-xvuie s.); Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE, 95 ; Rey. d'hist. fran- 
cisc., IV, 303 sqq.; G. ConDRe, op. cit., 101, 313-320. 

— Couvent de Tiercelins. — Arch. dép. du Rhône, série H. 

— Monastère de Clarisses, fondé en 1647, par la communauté de 
Poligny, après le sac de cette ville. — Arch. dép. du Jura, série H, 
2 Cart. (xvne-xvit® s.); G. CoiNDRe. 0p. cit., 259-260 ; Céréemonial 
des religieuses de Sainte-Claire du monastère de Salins, Besançon, 
1700, in-8°. 

— Monastère de Tiercelines fondé en 1607, pour remplacer celui 
de Vercel. — Arch. dép. du Jura, 17 reg., 1 cart. (xvie s,-1701); Dac- 
LOz, Vie de Marg. Borrey... Besançon, 1881,p. 49; Revue francis- 
caine, 1887, Bordeaux, p. 89; Cat. gen. des Mss., XLI, Lons-le- 
Saulnier, no 21, 11; Gaston CoiNDRE, op. cit., 228-230. 

SARREBOURG (Meurthe), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en 1265 
par Guillaume, comte de Castres. De 1266-1517, à la prov. des Fr. 
Min. de Strasbourg. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de 
Strasbourg. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conven- 
tuels. — EuBez. Prov., 26 ; LRCESTRE, 81 ; Arthur BeNoir, Les Corde- 
liers de Sarrebourg, dans Journal Soc. archéol. lorraine, XI, 132- 
134 ; J.-B. Kaiser, St Bonaventura und der Konvent :n Saarburg, 
dans Franziskanische Studien, VIII, 206-211. 

SAULIEU (Côte-d'Or}, arr. de Semur, ch -1. de c. — Couvent de 
Capucins fondé en 1626. De 1626-Révolution, à la prov. de Lyon. — 
Arch. dép. de la Côte d'Or, série H, 1 art. (1700); Bull. Cap., V,308 ; 
Lecesrre, 93 ; M. FERRAND, Description de la ville de Saulieu, 18, le 
fait rémonter seulement à 1641. 

SAVOIE (Custodie de). — Custodie de la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne, appelée anciennement de Lausanne. Elle devint indé- 
pendante de 1729 à 1771. À cette date elle s’unit à celle des Conven- 


Revus D'Histormg FRANCISCAINK, t. IV, 1927. 33 


5io HRNRI LEMAÎTRE 


tuels de la prov®? de Saint-Bonaventure pour passer ensemble à la 
prov. des Conventuels de Turin. — EusgL, Prov., 35 ; FoDbËR&, 280- 
304; P. AnGLane, Notes sur la custodie de Savoie (xvu®-xvirt s.}, 
dans Arch. francisc. hist., VII, 409-423. 

— Province de Capucins détachée de celle de Lyon en 16010. — 
Cf. p. 463. 

SELLIÈRES (Jura), arr. de Lons-le-Saulnier, ch.-l. de &. — Cou- 
vent fondé en 1415. De 1415-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bour- 
gogne, tout en ayant fait partie du groupement des Colétans de 1427 
à 1503. — De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven- 
ture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona- 
venture. — Arch. dép. du Jura, série H, 3 cart. (xv®-xvirt s.) : GONZAGA, 
786 ; Ann. Min.,X,19, 286; Anal. francisc., II, 546. 548: Picquer, 
114; FoDÉRE, 680: LeCESTRE, 80 ; Études francisc., XIX, 677 ; Arch. 
francisc. hist., 11,454; III, 96; X, 499, 546, etc .; Louis MaLFroy, 
Hist. du couvent des Cordeliers de Sellières, Lons-le-Saunier, 1853. 

SEMUR-EN-AUXOIS (Côte-d'Or), ch.-l. d’arr. — Couvent de 
Capucins fondé en 1625. De 1625-Révolution, à la prov. de Ivon.— 
Bull. Cap., V, 398 ; Lecesrre, 03; J. Lenguiz, Notice sur Semur-en- 
Auxois, 64, ne fait remonter la fondation qu'en 1634. 

SEURRE (Côte-d'Or), arr. de Beaune, ch.-1. de c. — Couvent de 
Capucins fondé en 1654. De 1654-Révolution, à la prov. de Lyon. — 
Bull. Cap., V,398; LecEsTRE, 03 ; P. NoËL, Monogr. de la villede 
Seurre, 82. 

— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1421; le duc de 
Bellegarde fit reconstruire en grande partie la maison en 1626, ce 
qui explique que le couvent ait été appelé couvent de Bellegarde, 
cf. Cat. gen, des Mss., XXX, Lyon, n° 8$5 et HERMANT, Hist. des 
Ordres religienx, Il, 179. — Arch, comm. de Dijon, D 61; Arch. dép. 
de la Côte-d'Or, série H,7 art. (1412-1790) ; Arch. francisc. hist. 
IT, 454; X, 409, 508; GonzaGa, 791; FoDÉRE, 2° part., 57; CourTé- 
PÉE, Descr, du duché de Bourgogne, 2° éd., III, 268: E. SerRiGnY, Les 
Cordelières de Sainte-Claire à Seurre, Gray, 1908: Cat. gen. des 
M5ss., XXX, Lyon, n° 855, 

SEYSSEL (Ain), arr, de Belley, ch.-l. de c. — Couvent de Capu. 
cins fondé en 1627. De 1627-Révolution, à la prov. de Savoie. — 
Bull. Cap., V, 399 ; L&cESTRE, 09: F. FENOUILLET, Hist. de la ville 
de Seyssel, 124-127. 

SION (Suisse), cant. du Valais. — Couvent de Capucins fonde en 
1628. De 1628-Révolution. à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V,309: 
P. A. BüruLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 76-7. 

. SOURIE {?), au diocèse de Vienne. — Monastère de Clarisses 
Urbanistes mentionné en 1682. — FRANCHINI, Statuta religionts fran- 
ciscanae Min. Conv., Rome, 1682, 67. 

STANAY. — Couvent de Frères Mineurs mentionné par Ann. 
Min., X, 182, 502. Mauvaise graphie pour ESTAVAYER-LE-LAC. 

TANINGE (Haute-Savoie), arr. de Bonneville, ch.-l. de c. — Rési- 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE Bit 


dence de Capucins appartenant à la prov. de Savoie en 1748 ; les 
religieux n'y résidaient pas de façon permanente. — Bull. Cap., V, 
309: Hipp. TAvERNIER, T'aninge et ses environs, dans Mém. et doc. 
publ. par la Soc. savoisienne, XX VII, 2° partie, 19. 

TANLAY (Yonne), arr. de Tonnerre, cant. de Cruzy. — Couvent 
de Colétans fondé en 1473. De 1473-1503, à la prov. des Fr. Min. 
de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la 
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de 
l'Yonne, H 2177-2182; Arch. dép. de l'Aube, série H : Ann. 
Min., XIV, 416; GonNzaGA, 782; Picquer, 64 ; FODÉRÉ, 888 ; Leces- 
TRE, 80 ; Lettres de l'abbé Lebeuf, 11, 412; Bibl. de l'Arsenal, Ms. 
n° 11, fol. 811; E. LamserT, La Cordelle de Tanlay, Auxerre, 1872. 

TARARE (Rhône), arr. de Villefranche, ch.-l. de c. — Résidence . 
de Capucins fondé en 1660. De 1660-Révolution, à la prov, de Lyon. 
Bull, Cap., V, 398 ; LECESTRE, 94. 

TARENTAISE. Cf. MOUTIERS. 

THANN (Haut-Rhin), anc. arr. de Belfort, ch.-l. de c. — Couvent 
fondé en 1286. De 1286-1517, à la prov. des Fr. Min. de Strasbourg. 
De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Strasbourg. De 1771- 
Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels. — EugeL, 
Prov., 26; LecesTRE, 81; France francisc., V, 311: Malachias 
TscHaMser, Annales oder Jahr-Geschichten der Baarfiseren oder 
Minderen Brüdern S. Franc.ord.,insgemein Conventualen genannt, 
zu Thann, Colmar, 1864, 2 vol, cf. 219. : 

THIERS (Puy-de-Dôme), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins 
fondé en 1606. De 1606-Révolution à la prov. de Lyon. — Bull. 
Cap., V, 398 ; LECESTRE. 94. 

THONON (Haute-Savoie), ch.-l. d’arr. — Couvent de Fr. Min., 
mentionné en 1454. — Ann. Min., XII, 231 : son existence n’est pas 
mentionnée dans Abbé Besson, Mem. pour l'hist. eccl. des dioc.de 
Genève, Tarentaise..…., 106. 

— Couvent de Capucins fondé avant 1610 (bien que marqué en 
1612). Jusqu'en 1610, à la prov. de Lyon. De 1610-Révolution. à la 
prov, de Savoie. — Bull. Cap., V, 399; Abbé Besson, Méem. pour 
l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..., 106, fixe la fondation 
au 9 juillet 1618. 

LES THONS (Vosges), arr. de Neufchâteau, cant. de Lamarche. — 
Couvent de Colétans fondé en 1452. De 1452-1503, à la prov. des 
Fr. Min, de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503- 
1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révo- 
lution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. 
dép. des Vosges, série H, 1 cart.: Znv. somm. des Arch. comm. de 
Langres, n° 905; Ann. Min., XII, 150-151: GoxzaGa, 787 ; PICQUET, 
120 ; FoDÉRE, 730 ; LECESTRE, 80. 

TIERCELINS. — Nom donné aux religieux qui professent la regle 
du Tiers-Ordre Régulier de Saint-François. 


512 HENRI LEMAÏÎTRE 


TIERCELINES. — Nom donné aux religieuses qui professent la 
règle du Tiers-Ordre Régulier de Saint-François. 

TOUR-DU-PIN (LA) (Isère), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets 
fondé en 1618. De 1618-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch. dép. de 
l’Isère, série H, 6 art. (1617-xvine s.) ; JUVÉNAL, 84; LECESTRE,, 102. 

TOURNON (Ardèche), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en r421 
(d'après le ms. 1422, de la bibl. de Lyon, fol. 55 ro, cf. Arch. fran- 
cisc. hist., X, 546, 1552), en 1473 (d'après Émile DELARBRE, Tournon 
autrefois, 111-117). De 1421-1517, à la vicairie observante de la prov. 
des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Fr. Min. de 
Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels 
de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de l'Ardèche, série H; GonzaGa, 
788 ; Picquar, 154; FoDÉRÉ, 1017 ; LECESTRE, 81. 

— Couvent de Capucins fondé en 1619. De 1619-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Arch. comm. de Largentière, GG:18; Bull. 
Cap., V, 398 ; LECESTRE, 94; É. DELARBRE, op. cit., 103-109. 

TOURNUS (Saône-et-Loire), arr. de Mâcon, ch.-l. de c. — Couvent 
de Récollets de l’Enfant-Jésus près Tournus, fondé en 1613. De 1613- 
16290, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620 -Révolution, à la prov. 
de Saint-François. — JUVÉNAL, 71; LECESTRE, 101: À. BerNaro, Les 
Récollets de Tournus, dans Annales de l'Acad. de Mäcon, 3° série, XI, 
1906, 62-88. 

TRÉVOUX (Ain), ch.-l. d'arr, — Couvent de Tiercelins fondé en 
1650, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch. dép. du 
Rhône, série H ; LecesTRe, 86 ; Abbé JoziBois, Hist. de la ville et 
du canton de Trévoux, dans Revue du Lyonnais, 2° série, V (1852), 
338. 

VALDARDE (Haute-Marne), dans une vallée située entre Marnay 
et Foulain, cant. de Nogent, loin de toute habitation. — Couvent de 
Colétans fondé vers 1480. De 1489-1517, à la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1517-1710, à la 
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. On perd sa trace apres 
1710. — Ann. Min., XV, 120 ; GoNzAGA, 783 : PICQUET, 70; FonERE, 
1016; Anal. francisc., 11, 546, 548: HERMANT, Hist. des Ordres 
religieux, Rouen, 1710, II, 198 ; Alph. Roseror, Dict. topogra- 
phique de la Haute-Marne, 173. 

VALENCE (Drôme). — Couvent fondé en 1248. De 1248-1517, à la 
prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Con- 
ventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Cle- 
mentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme, série H, 3 reg. 
2cah., 11 liasses (1248-1790) ; BRüN-Durann, Dict. topogr. de l1 
Drôme, 403; Napar, Notice hist. sur le couvent des Cordeliers de 
Valence, dans Bull. d'hist. eccl. et d'archéol. des dioc. de Valence, |, 
117-21, 150-167 ; EuBe, Prov., 35; Ann. Min. (1284), V, 128; VI, 
300 ; Rev. d’hist. francisc., I, 504-597 ; LECESTRE, 82. 

— Couvent de Récollets fondé en 1620. De 1620-Révolution, à la 


GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 513 


prov. de Saint-François — Arch. dép. de la Drôme, série H ; 
BRuN-Durann, loc. cit.; JUVÉNAL, 99 ; LECESTRE, 102. 

— Couvent de Capucins fondé en 1611. De 1611-Révolution, à la 
prov. de Lyon. Les bâtiments servent aujourd’hui d’hôpital.— Arch. 
dép. de la Drôme, série H ; BruN-Duranp, loc. cit.; Bull. Cap., V, 
398 ; LECESTRE, 94. 

VERCEL (Doubs), arr. de Baume-les-Dames, ch.-l. de c. — Monas- 
tère de Tiercelines qui subsista de 1604 à 1607. — DaLLroz, Vie de 
Marg. Borrey... Besançon, 1881, 30-49; Cat. gén. des Mss., XXXIII, 
Besançon, coll. Chiflet, n° 19, fol. 203. 

VERNASSAL (Haute-Loire), arr. du Puy, cant. d’Allègre. — 
Monastère de Tiercelines, antérieur à la Révolution. — R. P. Apoz- 
LINAIRE, Essai sur les Franciscaines hospit., 25. 

VESOUL (Haute-Saône). — Couvent de Capucins fondé en 1604. 
De 1604-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de 
Franche-Comté. — Registre de sépulture, 1762-1788, Arch. dép. de 
la Haute-Saône, H 863 ; Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE. 95. 

VEVEY (Suisse), cant. de Vaud. — Monastère de Clarisses Colet- 
unes fondé en 1422. — UBaLD D'ALENÇON, Docum. sur la réforme de 
sainte Colette. dans Arch. francisc. hist., t. Il, 454 et III, 95; 
P. ANGLADE, Leurs Excellences de Fribourg et les Clarisses de Vevey 
et d'Ordre, dans Annales fribourgeoises, janvier-février 1914; P. A. 
BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 147-5. 

VICHY (Allier), arr. de la Palisse. ch.-l. de c. — Hospice de 
Capucins fondé en 1637. De 1637-Révolution. à la prov. de Lyon. — 
Arch. dép. de l'Allier, série H ; ny. somm. des arch. comm. de 
Vichy ; Bull. Cap., V, 398 ; LECESTRE, 94; A. MaLLar, Vichy à 
travers les siècles, 1, 190-191. 

VIC-LE-COMTE (Puy-de-Dôme), arr. de Clermont, ch.-l. dec. 
— Couvent d'Observants fondé en 1473. De 1473-1517, à la prov. des 
Fr. Min. de Bourgogne, dans la vicairie observante. De 1517-1771, 
à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, 
à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — GoNzaGa, 785 ; 
Ann. Min., XIV, 84 ; XV, 346; Arch. francisc. hist., X, 509; PicQueT, 
99 ; FOoDÉRÉ, 884 ; LecEsTRE, 80 ; Abbé Jean-Baptiste FouiLHoux, Vic- 
le-Comte, 221-241. 

VIENNE Isère), ch.-l. d'arr. — Voir SAINTE-COLOMBE-LES- 
VIENNE. 

— Custodie de la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. — EuBeL, 
Prov., 34; FoDÉRÉ, 278-288. 

— Couvent de Capucins fondé en 1601. De 16o1-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V. 398 ; LeCESTRE, 95; MERMET aîné, 
Chron. rel. de la ville de Vienne, 169-170. 

— Monastère de Clarisses fondé en 1608 par dix religieuses venues 
de Sainte-Colombe. — MERMET aîné, op. cit., 172. 

VILLEFRANCHE-EN-BEAUJOLAIS (Rhône), ch.-l. d'arr. — 
Couvent mentionné en 1217. De 1217-1240, probablement à la prov. 


514 HENRI LEMAÎTRE 


des Fr. Min. de Provence. De 1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de 
Bourgogne. De 1503-1771, à la prov, des Fr. Min. de Saint-Bona- 
veuture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint- 
Bonaventure. — Arch. dép. du Rhône, série H, 25 art. (xvrie-xvirit s.) ; 
EuseL, Prov., 35; Ann. Min., I, 277-8; V, 356; GonzaGa, 779; 
PICQUET, 12, FODÉRÉ, 309 ; Anal. francisc., 11, 546, 548 ; LECESTRE, 
81; Arch. francisc. hist, X, 499, Soi, etc.; Hist. du Beaujolais, 
p. p. L. GaLce et G. Guiçue, 1, 159-162 ; 11, 393-306 ; J.-H. LAPLATTs, 
Hist. du Beaujolais, I (1863), 179-195. 

— Couvent de Capucins fondé en 1615. De 1615-Révolution, à la 
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 398 ; L&CESTRE, 94 ; Hist. du Beau- 
jolais. publ. par L, GazLe et G. Guicue, I, 162-163, II, 307; [..-H. La- 
PLATTE, Op. Cit., |, 403-404. 

VILLENEU VE-DE-BERG (Ardèche), arr. de Privas, ch.-l. de c. 
— Couvent de Capucins fondé en 1630. De 1630-Révolution, à la 
prov. de Eyon. — Arch. dép. de l'Ardèche, série H; Bull. Cap., V, 
398 ; LecesTRe, 95; Mozuier, Recherches hist. sur Villeneuve-de- 
Berg... Avignon, 1866 ; Pièces fugitives pour servir à l'hist. de France, 
Paris, 1879. 

VUILLAFANS (Doubs), arr. de Besançon, cant. d'Ornans. — 
Couvent de Capucins fondé en 1668. De 1668-Revolution, à la prov. 
de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE, 95 ;: Rey. d'hist. 
francisc., IV, 215-221. 

YENNE (Savoie), arr. de Chambery, ch.-l. de c. — Couvent de 
Capucins fondé en 1659. De 1659-Révolution, à la prov. de Savoie. 
— Bull. Cap., V, 399. 


à mes — _ 


LA 


PRÉDICATION EN ANGLETERRE 
AU MOYEN AGE 


‘A PROPOS D'UN OUVRAGE RÉCENT) (1) 


Anthony Trollope, le peintre des mœurs cléricales 
anglaises, a déclaré qu'il n'y avait « peut-être pas de plus 
grande calamité infligée à l'heure actuelle à l'humanité 
dans les pays libres et civilisés que la nécessité d'entendre 
des sermons ». Cette remarque, qui ne manquait point de 
vérité dans l’Angleterre victorienne, explique sans doute 
l'abandon dans lequel a été laissée l’étude de la prédica- 
tion en Angleterre au moyen àge. On ne peut donc que 
signaler avec plaisir l'apparition d'un volume consacré à 
ce sujet, quand bien même ce volume ne répondrait pas 
1 entièrement à nos désirs. 

Ïl faut d'ailleurs reconnaitre que les difficultés d'une telle 

, étude, grandes en France où, cependant, les travaux 

| d'érudits tels que Hauréau et Lecoy de la Marche ont 

. fortement déblayé le terrain, il faut reconnaître que ces 

dificultés sont bien plus grandes quand il s’agit de l'Angle- 

terre. Sans compter le caractère peu attrayant de ce genre 

de document, caractère que l'aspect rébarbatif des manus- 

crits qui les contiennent ne contribue pas à atténuer, 

l'historien de la chaire anglaise au moyen äge rencontre 
devant lui deux obstacles. 


(1) G.R. Owsr. Preaching in medieval England, an introduction to 
sermon manuscrits of the period c. 13So-14$0.— Cambridge, the Uni- 
versity press, 1926. In-8°, xvin-381 pp. [Cambridge Studies in medieval life 
and thought. 


516 | ROBERT FAWTIER 


Le premier vient du rôle que l’on a fait, que l'on fait et 
que l’on fera sans doute longtemps jouer à la littérature 
des sermonnaires dans une controverse religieuse. On sait 
qu'au xvi* siècle l'Angleterre a adopté et adapté à son usage 
les doctrines de la Réforme. Dès le xvni* siècle Henry 
Wharton et l'évêque Burnet commencçaient à se disputer 
sur la question de savoir qui avait eu raison dans le conflit 
qui avait dressé l’une contre l'autre l'Église Romaine et 
l'Église d'Angleterre. La querelle a continué, Henry 
Wharton et son antagoniste sont morts depuis longtemps 
mais leurs causes respectives ont été reprises par d'autres, 
tels que S. É. le cardinal Gasquet et M. G. G. Coulton. 
Pourquoi la Réforme ? disent les uns ; l'Église Romaine 
était pleine de vie, ses prédicateurs tonnaient en chaire, 
dénonçant le mal et le pourchassant, voyez leurs sermons. 
Pourquoi la Réforme ? disent les autres ; tout simplement 
parce que l'Église Romaine était une chose morte ou peu 
s’en faut, voyez le tableau effroyable que nous fournissent 
les sermons du temps. Et ainsi de suite. 

On s’attendrait peut-être, en raison de leur utilisation 
dans cette controverse, à voir les sermonnaires anglais 
étudiés de près. On comprendra qu'iln'en est rien. On 
étudie mal les textes quand on y cherche des arguments 
et trop souvent on se borne à reprendre les textes cités par 
son adversaire et à en proposer une interprétation diffé- 
rente. Et le fait est que nous n'avons point d'étude solide 
de la prédication anglaise au moyen âge et que les travaux 
d'approche nécessaires à cette étude sont extrêmement 
rares. 

La seconde difficulté réside dans la richesse prodigieuse 
de cette partie de la littérature de l'Angleterre. Que l'on 
parcoure par exemple les catalogues de manuscrits du 
British Museum, de la Bodléïenne ou dela Bibliothèque 
Universitaire de Cambridge, on sera littéralement écrasé 
par la masse de sermons que ceux-ci signalent (1). Etilne 
faut pas oublier que ces trois établissements ne représen- 


(1) Etils ne signalent pas tout. Le sermon isolé, copié à la fin d'untraité 
de théologie est fréquent et échappe souvent aux auteurs de catalogues. 


LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 517 


tent pas toute la richesse de l'Angleterre. A Cambridge, 
à côté de la Bibliothèque Universitaire, il y a tous les 
collèges qui ont conservé leurs manuscrits. Si, à Oxford, 
certains collèges ont déposé leurs manuscrits à la Bod- 
léfenne, ceux-ci sont catalogués à part et les deux volumes 
du catalogue de Cox fournissent une précieuse collection 
de sermonnaires (1). Il y a enfin toutes les autres biblio- 
thèques publiques, ou de chapitres, ou de particuliers. Se 
reconnaître dans les trésors de celles-ci est malaisé. Il 
n'existe point en Angleterre de catalogue général des manus- 
crits, il y a même des bibliothèques dont les catalogues 
n'existent pas. Pour les collections privées, la générosité 
des propriétaires dans la communication de leurs manus- 
crits est proverbiale, mais il n’est pas toujours facile de 
retrouver les manuscrits (2). Les collections se dispersent, 
les libraires qui achètent aux ventes publiques n'aiment 
pas toujours révéler le nom des acheteurs pour lesquels 
ils opèrentet l'on doit parfois se fier au hasard pour 
retrouver un manuscrit signalé à un moment dans une 
collection privée. Par exemple, le rapport de la Royal 
Commission on historical manuscripts (3) signale dans la 
bibliothèque de Sir H. Ingilby de Ripley Castle un manus- 
crit de « Sermones super Ave Maria et alia cum proprieta- 
tibus quorumdam lignorum », qui se date du xiv® siècle et 
provient de l’abbaye de Fountains dans le Yorkshire. Mais 
la collection de sir H. Ingilby a été dispersée et le manus- 
crit en question vendu. On ne peut en suivre la trace. Or, 


(1) En ce qui concerne Oxford le travail de dépouillement a été fortement 
poussé, pour [es x1in°, xiv® et xv° siècles par M. A. G. Little dans ses 
Initia operum latinorum quae seculis XIII, XIV, XV attribuuntur, dont 
l'édition est épuisée depuis longtemps. Nous savons que l’auteur de cet 
excellent répertoire possède un exemplaire interfolié considérablement 
augmenté, en fait presque doublé. Nous comprenons qu'absorbé par 
d'autres travaux il n'ait pas letemps de donner lui-même une nouvelle 
édition, sans doute en deux volumes, revue, corrigée et augmentée. Mais 
nous sommes Certain qu'il trouverait sans difficulté un élève pour taire ce 
travail sous sa direction et un éditeur pour le publier. 

(2) Les publications de la Royal Commission on historical manuscripts 
s'attachent surtout aux documents historiques mais signalent aussi les 
manuscrits d'ordre littéraire. Malheureusement l'absence d'indices en rend 
le maniement malaisé. Voilà un travail pour l’{ndex Society. 

(3) Report VI, part. I, p. 357. 


518 ROBERT FAWTIER 


ce manuscrit est actuellement conservé à la John Rylands 
Library à Manchester sous la cote Latin ms. 365. En 
l'absence d'un catalogue imprimé des manuscrits de la 
John Rylands Library (1), le manuscrit est à peu près 
inaccessible. La même bibliothèque contient également 
un manuscrit de |’ « Expositorium omnium epistolarum 
evangeliorumque festivalium sanctorum » de Ralph Higden 
et des « Sermones pro tempore » avec l'explicit: « Explicit 
doctor Rypyngdon » {Latin ms. 367]. Ces deux derniers 
ouvrages ont naturellement échappé à l'auteur du volume, 
cause de cet article, et | on ne saurait lui en faire reproche. 
Il n’en reste pas moins vrai que la première tâche à accom- 
plir est l'exécution d’un catalogue des monuments de la 
prédication anglaise au moyen âge. C'est un travail de 
longue haleine, mais que la courtoisie des bibliothécaires 
anglais faciliterait. Faute de l'avoir fait, M. Owst, l'auteur 
du volume dont nous parlons, est amené à travailler sur 
une documentation incomplète (2). Et cela est d'autant 
plus fàächeux que les manuscrits de sermonnaires ne nous 
donnent que rarement le texte des sermons tels qu'ils ont 
été prononcés. 

Il nest rien de si difficile en effet que d'avoir le texte 
exact d'un discours. Outre qu’il y manque toujours l’action 
de l'orateur, ses paroles mêmes sont généralement rappor- 
tées de manière infidèle, soit qu’il se livre lui-même à des 
corrections, soit que celui qui prend note de ses paroles 
a été plus ou moins attentif. Ces défauts, inévitables de nos 
jours, étaient naturellement plus fréquents encore au 
moyen âge. Ce que nous fournissent les manuscrits de 


(1) En ce qui concerne les manuscrits occidentaux, le D' M. R. James a 
publié un volume concernant les manuscrits latins de la collection Crawford 
couvrant 181 numéros. J'ai publie dans le Bulletin of the John Rylands 
Library en 1921 une courte liste des additions à ce fonds qui nous mnènet au 
no 532 En novembre dernier le fonds latin comprenait 389 numéros. Il ÿ 8 
prés de quo manuscrits anglais et une centaine de manuscrits f#ançais. 
Pour ceux-ci comme pour les manuscrits latins il y a un catalogue manuscrit. 

(2) M. Owst a négligé, et c'est dommage, de nous donner une lIssté des 
sermons qu'il a vus et utilisés. Pouvons-nous espérer que le sous-titré de 
son livre : « Introduction to Sermon Manuscripts » signifie qu'il nous don- 
nera quelque Jour la liste de ceux-ci pour la période 1350-1450 : 


LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 519 


sermonnaires c'est, trop rarement, le texte complet du 
sermon et beaucoup plus souvent un canevas plus ou moins 
sec du discours. Ce n’est pas souvent que l’on a des textes 
comme ceux du manuscrit Harley 5398 du British 
Museum. Ce manuscrit contient des sermons prononcés à 
Oxford en 1432 par John Shyrborne, John Hayton, 
Raynold de Gloucester et un ou deux autres, lors de leurs 
débuts à la Faculté de théologie ou de leur réception du 
degré de docteur. Or un statut de l’Université d'Oxford de 
1432 décida que tout bachelier débutant en théologie et 
délivrant son sermon serait tenu de fournir un texte écrit 
de son discours aux censeurs (proctor£ qui, après l'avoir 
enregistré, le déposeraient a la Bibliothèque. C’est évidem- 
ment un résultat de ce statut que nous avons dans ce 
manuscrit (1). Mais la plupart du temps nous avons affaire 
soit à une collection de sommaires soit à une collection 
revue et complétée par l'auteur et destinée à être lue et 
non entendue. Îl est certain dans le premier cas que tout 
développement a été supprimé, il est probable qu’il en est 
souvent de même dans le second. Combien de fois dans 
lès manuscrits de sermonnaires ne trouvons-hous pas la 
formule «et cetera » indiquant qu'il y a là un développe- 
ment que l'on a cru inutile d'introduire. | 

C'est ce qui fait l'intérêt des arts de prêcher, ces petits 
manuels qui apprennent ou rappellent aux orateurs de la 
chaire les règles à suivre pour la composition ou le déve- 
loppement d’un sermon. Les lecteurs de cette revue ont 
pu voir par un article de M. Gilson (2) tout le parti que 
l'on peut tirer de ces manuels pour l'intelligence des ser- 
mons. Îl est regrettable que M. Owst n'ait connu que trop 
tard (3) et n’ait pas songé à imiter l'exemple de M. Gilson. 
Car les arts de prêcher sont fort nombreux en Angleterre. 


(1) Il est regrettable que ce manuscrit n'ait pas fourni à M. Owst l'occasion 
d'examiner l'influence des Universités sur la prédication. Il faudrait essayer 
de voir comment on enseignait à prècher et mettre en rapports plus étroits 
qu'on ne le fait généralement l'enseignement de la rhétorique et la prédi- 
Cation. | 

(2) Michel Menot et la technique du sermon médiéval, dans le troisième 
fascicule de l'année 1925. 

(3) CF. sa note, p. 362. 


520 ROBERT FAWTIER 


M. Owst cite les suivants : « Tractatus de dilatione ser- 
monum » de Richard l'Anglais qui se date de la seconde 
moitié du xmn° siècle ; la « Forma predicandi » de Richard 
de Tefford et celle de Robert de Basevorn (?) qui sont de 
la même époque; un artde prêcher qui débute par les 
mots « Quoniam emulatores estis spirituum... » attribué, 
à tort semble-t-il, au Franciscain Richard Middleton et 
parfois à un certain Thomas Lemman et auquel un manus- 
crit ancien donne pour auteur Richard de Tefford; un « De 
artificioso modo predicandi » dans lequel on a voulu voir 
l’œuvre du Frère Mineur William tde Esseby et que 
M. Owst propose “d'attribuer à Alexandre de Ashby; 
l’« Ars componendi sermones » de Ralph Higden; le « De 
theoria sive arte predicandi » du Dominicain Thomas 
Walleys ; le « Tractatus de modo dividendi thema pro 
materia sermonis dilatanda » de Simon Alcock ; l’ « Ars 
predicandi » de John Folsham de Norwich, les « Divi- 
siones sermonum » de John Goldstone, enfin le « Tractatus 
de sermonibus faciendis », anonyme, du manuscrit Addi- 
tional 2436 1. Il faudrait faire sur ces arts de prêcher un 
travail analogue à celui que M. Faral a consacré aux arts 
poétiques. Il faudrait en signaler les différences, essayer 
de distinguer des écoles, car il est bien invraisemblable que 
tant de gens en des lieux si divers aient répété la même 
chose (1). Quand on aurait ainsi maîtrisé la technique du 
sermon on parviendrait à mieux utiliser les- manuscrits 
qui nous en ont conservé le dessin général plutôt que le 
texte même. 

Le catalogue des sermons une fois dressé, la technique 
de ceux-ci étudiée, il reste un troisième travail à faire, 
d'ordre plus purement historique. M. Owst a cru bon de 
limiter ses études aux années 1350*1450 ou environ. Cette 
restriction du sujet pourrait s'expliquer si son travail 
n'était pas un travail de défrichement dans une matière 


(1) Sans doute ils dérivent tous plus ou moins de la Summa de arte prae- 
dicatoria d'Alain de Lille, mais ils apportent des modifications. Ce que l'on 
aurait voulu voir dans le livre de M. Owst, c'est en quoi la prédication 
anglaise a différé de la prédication française. A lire son livre on ne voit 
aucune différence. 


LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 521 


presque entièrement neuve. Elle se pourrait aussi com- 
prendre si l'on avait affaire à un autre pays que l’Angle- 
terre. Car dans ce pays au moyen âge, la question de la 
langue même utilisée par les sermonnaires n’est point 
éclaircie. On sait qu'en France nous avons des sermons 
enlatin, d’autres en français. On est d’accord maintenant 
pour admettre que la prédication — à tout le moins la 
prédication populaire — s’est faite en français et que la 
traduction latine qui nous est conservée n’est qu’une 
traduction, quoique, à notre humble avis, l'argumentation 
de Hauréau sur cette question conserve toujours une 
certaine valeuret qu'il y ait probablement lieu de faire 
des distinctions. Mais en Angleterre les choses sont 
différentes. On y a parlé simultanément au moyen âge 
en trois langues: latin, français ou anglo-normand et 
anglais. En quelle langue a-t-on prêché ? Au xv° siècle, à 
l'époque qu'étudie M. Owst, il est bien évident que l'anglais 
a triomphé. Mais ce triomphe est de fraîche date. Nous 
nous excusons presque de citer le passage où John of 
Trevisa, dans sa traduction anglaise du Polichronicon de 
Ralph Higden, a donné des indications sur la chronologie 
de ce triomphe. Higden avait remarqué que les paysans 
anglais s'efforcaient, pour ressembler aux nobles, de par- 
ler français. John of Trevisa ajoute : « Tel a été l'usage 
jusqu’à la première mortalité [1348], mais depuis est sur- 
venu un changement, car John Cornwail, maître de gram- 
maire, a changé la méthode dans les écoles de grammaire 
(Grammar Schools) en substituant pour les traductions 
l'anglais au français. Richard Pencriche adopta après 
lui cette manière et d’autres la prirent de Pencriche. De 
sorte que maintenant, l'an du Seigneur 1385, la neuvième 
année du règne du roi Richard IT, les enfants ont 
abandonné le français et traduisent et apprennent en an- 
glaits » (1). Donc c'est en 1348 qu'a commence le recul du 
français et ce recul a été lent puisque c’est seulement sous 


\1} On trouvera le texte dans l'introduction de Paul Meyer aux Contes 
moralisés de Nicole Bozou. On a rarement écrit paroles plus sensées con- 
cernant l'usage du français en Angleterre que les quelques pages que 
P. Meyer a consacrées à cette question dans cette introduction, p. Lii-LVil. 


522 ROBERT FAWTIER 


Henry V et à la fin de son règne en 1420 que l'anglais 
apparaît dans un « writ» du sceau privé (1}. Tous les 
statuts du règne de Richard IÏ sont encore en français et 
si, en 1362, Édouard III a ordonné de plaider désormais 
en anglais on sait que cet ordre fut exécuté assez mal 
puisque le « law-French », qui n’est même pas le.français 
de Straford-atte-Bowe, a survécu jusqu'au xvire siècle. 
Nous savons en outre que les statuts universitaires obli- 
geaient les étudiants à parler français entre eux (2). On a 
donc eu en Angleterre aux xin° et xiv° siècles une classe 
considérable de gens parlant francais. Il est très vraisem- 
blable qu’on leur prêchait en français ou en anglo-nor- 
mand. En effet, si les paysans pour se donner l'air distin- 
gué s'efforcaient de parler français, il est très vraisemblable 
qu’un auditoire auquel on se serait adressé en anglais 
aurait estimé qu'on ne le traitait pas avec assez de cour. 
toisie (3). [l faut donc admettre tout au moins pour les 
xi1° et x1v° siècles que nos textes latins sont parfois, sinon 
souvent, traduits du français. En ce qui concerne les 
Franciscains, c’est un problème qu'il faudrait étudier que 
de savoir en quelle langue, en Angleterre tout au moins, 
ils ont prêché. Il est intéressant de voir que dans le De 
Adrentu minorum de Thomas de Eccleston nous ne trou- 
vons point de propos des Frères rapportés en anglais. En 
revanche les citations françaises sont relativement nom- 
breuses. Ce qui donne quelque raison de croire que cette 
prédication a eu lieu en français, c'est précisément une 
remarque qu'a faite M. Owst et à laquelle il n’a pas, je 
crois, donné sa véritable signification. M. Owst a remarqué 
que les sermons ou les traités moraux des Mendiants. 
Franciscains et Dominicains, sont toujours en latin et, 
quand ils sont traduits en anglais, traduits par des étrangers 
à ces Ordres. Il ajoute « cet emploi du latin pour les ser- 


(1: CF. Tour, France and England, their relations in the middle ages and 
How, Manchester, 1922, in-8°, p. 133. 

(2) Cf. l'introduction de M. O. H. Pri0R au premier volume des Cam- 
bridge Anglo-Norman texts, Cambridge, 1924.in-8°, p. xiv. 

(3) A latin du xiv* siècle les choses changeront, le français devient la 
langue de l'ennemi. Voir sur ce divorce de la France et de l'Angleterre le 
volume précité de M. Tour. 


LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 523 


mons et les manuels pourrait bien être une preuve impor- 
tante de l’exclusivisme du moine mendiant, comme il l'est 
certainement de sa culture infiniment supérieure. Il réflète 
le désir de garder les fruits de son travail personnel, sinon 
pour son Ordre, du moins pour ses égaux et loin des prêtres 
à demi instruits et des laïcs dont il jalouse tant les progrès 
dans la pénétration des mvstères théologiques. Ce peut 
être aussi une pointe contre son vieil ennemi, le clergé de 
paroisse, pour qui d'autres écrivaient maintenant en langue 
vulgaire. Si l’on prend les plus connus des auteurs des 
innombrables petits traités écritsen anglais à l'usage du 
clergé de paroisse... les représentants des Ordres mendiants 
brillent par leur absence. Considérons au contraire les 
œuvres écrites par des Mendiants qui ne sont ni des dis- 
cussions conciliaires ni des disputations universitaires... 
ils sont écrits dans la langue officielle de l'Église. S'ils 
sont traduits éventuellement, c'est par d’autres plumes... 
Bozon avec ses contes moralisés en français semble être 
une exception solitaire et le français n’est après tout pas 
une langue pour le commun, quoique les citadins plus ins- 
truits aient peut-être pu le lire aussi bien que le parler » (1). 
Et M. Owst en conclut que petit à petit les Ordres men- 
diants s’éloignent ainsi du peuple, perdent le contact et 
l'influence qu'ils avaient, laissant ainsi le chemin libre à 
ceux qui reprennent leurs méthodes : les Lollards. Ilest 
possible que cette thèse, à tout le moins ingénieuse, soit 
vraie pour le xv° siècle. Elle ne vaut rien pour les siècles 
antérieurs. Si nous n'avons point de sermons anglais pro- 
noncés par des Frères Mineurs, ne serait-ce pas tout sim- 
plement qu'ils ne prêchaient pas en anglais. Après tout, 
si au temps de Ralph Higden les paysans s'essayaient à 
parler francais, c'est donc qu'ils le comprenaient. Pourquoi, 
pour les atteindre, les Mineurs eussent-ils choisi une 
langue qu'eux-mêmes parlaient mal, tandis qu’ils avaient 
dans le français l'instrument nécessaire à leurs fins (2). Il 


(1) PP. 227-228. 

2) D'ailleurs jusqu'a quel point la prédication franciscaine a-t-elle atteint 
le peuple? C'est ce quil faudrait éclaircir. À ne lire que les histoires des éta- 
blissements franciscains en Angleterre on croirait que seules la classe noble 


524 ROBERT FAWTIER 


y a d’ailleurs dans Eccleston une histoire qui nous prouve 
que les Mineurs prêchaient en français. Lors du chapitre 
tenu par William de Colville, visiteur de la province d’An- 
gleterre au temps d’Agnello de Pise, un Frère, nous dit-il, 
prècha sur les dettes et cita une histoire de cloches que 
Rabelais a peut-être connue et en ce cas transformée. Ce 
qui est plus intéressant c'est que Thomas d’Eccleston nous 
donne en français le dialogue du personnage et des 
cloches : « Jeo ke fray ? A crei. Ke del un, ke del el» (1), 
nous fournissant ainsi la langue dans lequel le sermon a 
été prononcé. Si les Mineurs ont prêché en français on ne 
voit pas pourquoi ils auraient été s'amuser à traduire en 
anglais leurs sermons, les gens parlant l'anglais n'étant 
pas de ceux qui, à cette époque, savaient lire. Pourquoi 
ont-ils alors traduit en latin? Tout simplement parce que 
ces collections de sermons en latin sont destinées au clergé, 
aux gens qui auront à prêcher et qui, eux, savent le latin. 
Point n'est besoin de prêter aux Mendiants les sombres 
desseins que leur attribue M. Owst(2). Cette question de la 
langue a son importance car elle implique certaines habi- 
tudes d'esprit. N'est-ce pas un fait curieux que les Anglo- 
Saxons s1 disciplinés en toutes choses ne le soient pas en 
matière religieuse ? Ne serait-ce pas que, à l'origine, ils 
auraient sur ce point subi l’influence du français? Quand 
l'anglais a triomphé dans la prédication, les habitudes, 
bonnes ou mauvaises, étaient déjà prises (3). 


et celle des marchands, doncles classes parlant français, se sont attachées 
aux Mincurs, donc ont été touchées par eux. Le peuple n'apparait à peu 
près pas. 

(1) De Adventu, chap. vi. 

(2) P. 229. « En conséquence, en des temps où les petits livres en langue 
vulgaire devenaient la source de bien des suspicions de la part des auto- 
rités, il ne faut pas s'étonner que les champions de l’orthodoxie aient refusé 
d'employer quelque chose qui rappelait le camp opposé ». Comme si les 
Mineurs avaient eu peur d'être pris pour des hérétiques ! 

(3) On peut mème se demander sice n'est pas dans cette question de la 
langue que réside une des causes du caractère de la réforme anglaise. Si 
les Mineurs ont prêchéen français ils ont évidemment perdu le contact 
avec le pays quand l'anglais a triomphé. Leurs idées ont été reprises, trans- 
formées et poussées à leurs dernières conséquences par des laics ou des 
universitaires, les chets des Lollards s'adressant directement au peuple. Et 
ceci nous ferait peut-être comprendre comment l'Angleterre, où la réformé 


LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 525 


Il faudrait donc étudier de près la question de la langue. 

Il serait également nécessaire d'étudier de près la biogra- 
phie des prédicateurs. M. Owst se plaint avec raison que 
beaucoup d’entre eux ne soient pour nous que des noms et 
que leurs sermons soient muets sur leurs personnalités. Ne 
serait-ce pas que nous ne savons pas l'y retrouver. Si l’on 
prend par exemple les sermons de l'archevêque d'Armagh, 
Fitzralph, un des rares prédicateurs anglais dont on con- 
naisse un peu la biographie, on voit tout de suite apparaitre 
dans ses œuvres, en dépit de leur appareil didactique et 
théologique, la personnalité de leur auteur. Il est bien 
certain que l'on pourrait apprendre et découvrir beaucoup 
sur d'autres prédicateurs. M. Owst signale par exemple un 
certain Nicholas Philip, un Franciscain de la fin du 
xiv® siècle, dont les sermons nous ont été conservés. On ne 
sait, paraît-il, à peu près rien de lui que son nom. Or, ce 
personnage semble avoir été un prédicateur populaire dont 
.les sermons ont eu une certaine action lors de la grande 
révolte des paysans sous Richard If. 11 ya gros à parier 
que l'examen des documents contemporains nous donne- 
rait quelques lumières sur lui. Les archives de la pro- 
vince franciscaine d'Angleterre ont pu disparaitre, il ne 
faut pas oublier que les agissements des Franciscains ont 
intéressé d’autres personnes que les Frères Mineurs. 
Quand on voit les résultats auxquels parviennent en 
France les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, on 
a le droit de penser que l'Angleterre, avec sa prodigicuse 
richesse de documents, pourrait arriver à des résultats au 
moins analogues. Il faut donc des monographies de ser- 
Monnaires, il faut aussi des éditions de textes. Ce n'est 
Peut-être pas tout à fait un paradoxe que de dire que l'on 
ne connait vraiment un texte que lorsque l'on en a fait une 
édition. I1 faut espérer qu'avec le développement que 


Parait à première vue l'œuvre de la royauté, estle pays où le mouvement 
religieux protestant est le plus vigoureux parce que ses racines sont plus 
Profondes. Si au contraire les Mineurs n'avaient pas perdu le contact avec 
l'Angleterre nouvelle du xv° siècle, ils auraient probablement pu agir comme 
frein, comme ils l'ont faiten France par exemple. Nous croyons qu'il vau- 
drait la peine de considérer les choses de ce point de vue. 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 34 


526 ROBERT FAWTIER 


prennent dans le monde anglo-saxon les travaux d'érudi- 
tion la besogne avancera. 

Lorsque l'on aura ainsi fait le travail préparatoire, il 
deviendra possible d'entreprendre, avec l'histoire de la 
prédication en Angleterre au moyen âge, une étude de la 
société anglaise de cette époque telle qu’elle apparait dans 
les sermons. Ce n'est pas une œuvre aisée. Les sermon- 
naires, qui veulent ramener au bien ou maintenir dans le 
droit chemin leurs auditeurs, insistent surtout sur leurs 
vices et cachent avec soin leurs vertus. Leurs œuvres sont 
d'une utilisation difficile, mais elles sont utilisables et 
peuvent devenir une source à la fois abondante et précieuse 
pour l'histoire de la société. Le jour où ces documents 
importants pour l’histoire de l’Angleterre médiévale seront 
utilisables et utilisés, il conviendra de se rappeler le nom 
des érudits, tels que M. Owst, qui ont contribué à attirer 
l'attention sur eux et de rendre à nouveau à leur travail de 
défrichement, en dépit de ses imperfections, l'hommage 
qui lui est justement dû. 


ROBERT FAWTIER. 


— + ms F4 = 2 Om, à 


LES 


CORDELIERS ET CORDELIÈRES 
DE CHALON-SUR-SAONE 


I. — LEs CoORLELIERS. 


Sur la rive gauche de la Saône, en face de l'ancien cas- 
trum gallo-romain de Cabilonnum, existe, de temps 
immémorial, une île formée par le bras principal de la 


(1) Liste abréviative des sources le plus fréquemment citées : 

Saône-et-Loire, Côte-d'Or, Chalon, désignent respectivement les archives 
des départements de Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or et celles de la ville 
de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire: 


Travaux franciscains : 

Picquer, Provinciae D. Bonaventurae, seu Burgundiae, Ordinis Fratrum 
Minorum regularis observantiae, ac cenobiorum ejusdem initium, progressus 
et descriptio, per fratrem Claudium Picquer (Tournon, 1610, in-8°). 

Fonéré, Narration historique et topographique des couvents de l'Ordre 
S.-Francois et monastères S.-Claire, érigez en la province... de Bour- 
gongne, par R. P. F. Jaques (sic) Fon£érE (Lyon, 1619, in-4e). 

ANGLADE, Inventaire des archives de l'ancienne province de Saint-Bonaven- 
ture en Bourgogne [ms. Lyon 1425], édité par le P. Marie-Pascal ANGLADE, 
O. F. M., dans Archivum franciscanum historicum, t. X (Quaracchi, 1917, 
in-8°), p. 498-558. 

Travaux locaux : 

Pernr, Histoire civile et ecclésiastique... de Chalon-sur-Saone, par le 
P. Claude Perry, S. J. (Chalon, 1659, in-fol.). 

Orbandale, L'illustre Orbandale ou l'histoire. de Chalon [par le P. Léo- 
nard BERTAUT, minime, édité et interpolc par Pierre Cussar], (Chalon, 
1662, in-4°). 

Pérusson, Festival chalonnais. 1842. Première partie. Notice historique 
d'introduction sur le couvent des Cordeliers de Saint-Laurent-lès-Chalon, 
par É. PéRUSSON (Chalon, 1842, in-12). 

Bauzon, Recherches historiques sur la persécution religieuse dans. Saûne- 
et-Loire, pendant la Révolution, par les abbés Bauzon, Paul Mvouer et 
Louis CHaumMonT (Chalon, 1889-1903, in-8-). 


528 PIERRE BESNARD 


rivière et par un bras de dérivation naturelle {1}. Cetteile 
était encore déserte au vu’ siècle, lorsqu'un évêque de 
Chalon s'y retira (2); l’ermitage fondé par saint Grat 
devint, dans la suite, le prieuré bénédictin de Saint-Lau- 
rent, futur noyau d’une paroisse et d'un faubourg. Au 
xv° siècle, la partie de l’île, située au sud du prieuré et du 
grand pont, n’était qu’une prairie s'étendant jusquà la 
pointe du Cochard (3); c’est là que, le samedi 6 septembre 
1449 — vigile de la Nativité Notre-Dame — Jacques de 
Lalain (4) vint tenir un tournoi, sous le pavillon de la 


Dame des pleurs (5). 

Après un an de joutes, les chevaliers, régalés une der- 
nière fois par l'évêque (6) qui leur offrait un banquet, ve- 
naient à peine de quitter la lice, que le duc Philippe le 
Bon décidait d'inviter les Cordeliers à établir un couvent 
en cet endroit. Peut-être les entretiens qu'il avait eus 
antérieurement avec saint Jean de Capistran (7), chargé 


(1) Dénommé Genise depuis 1494 au moins; Picquet et Fodéré ne parais- 
sent pas avoir connu ce nom. , 

(2) J'ai dit ailleurs (Les Origines et les premiers siècles de l'Eglise chalon- 
naise, Chalon, 1922, in-8°, p. 67 et 86) pour quelle cause et ce qu'il taut 
penser de sa mauvaise légende; le fond mérite pourtant d'être retenu. 

(3) Où l'on vient de réédifier la tour du doyenné. 

(4) Pontus HezurEr, de Delft, a donné la généalogie de cette famille au 
dernier livre de ses Rerum Burgundicarum librisex (La Haye, 1639,in-8°; 
tab. gén. n°21); Jacques y est qualifié « vir sui temporis fortissimus »; 
fils de Guillaume, gouverneur de Hainaut et de Hollande, et de Jeanre de 
Créqui, dame de Buignicourt ; chevalier de la Toison d'or, il mourut, sans 
alliance, au siège du chäteau de Poucques (Flandre), en 1453. 

(5) Cf. Le Pas d'armes de la fontaine de plours, par Marcel CaxaT (Cha- 
lon, 1879, in-16);, Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, 
1834, p. 177 et suiv.; Orbandale, t. 1, p. 438 et suiv. — Il existe certaine- 
ment une relation entre ce tournoi, la fondation des Cordeliers et l'im- 
pulsion donnée, à cette époque, au culte de Notre-Dame-de-Pitié dans le 
Chalonnais. 

(6) Jehan Germain, docteur en théologie, maître ès arts, conseiller du duc, 
confesseur de la duchesse Isabelle, premier chancelier de la Toison d'or, 
évêque de Nevers en 1430, transféré à Chalon le 20 août 1436, mort au 
château de La Salle (comm. Saint-Loup-de-la-Salle, cant. Verdun, Saônc- 
et-Loire), le 2 février 1460/61, inhumé en sa cathédrale. 

(7) Frère Mineur, né à Capistrano le 24 juin 1386, profès à Pérouse €n 
1414, coadjuteur du vicaire général (1441), puis vicaire général pour la 
famille cismontaine de 1445 à 1446 et de 1449 à 1452 (H. HozzarFel, O. 
F. M., Manuale historiae O. F. M., Fribourg-en-Brisgau, 1909, in-8” 
p. 84, 104-107 et 6254), mort le 23 octobre 1456 au couvent de Villach 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 529 


de légation auprès de lui, n'étaient pas étrangers à cette 
initiative. Peut-être aussi l'influence que sainte Colette 
avait exercée à la cour de Bourgogne n'est-elle pas pour 
rien dans cette fondation, puisque ce furent des Cordeliers 
du groupe colétan qui furent appelés à créer le couvent (1). 
L'évêque donna aussitôt son consentement, spécifiant 
toutefois que les Cordeliers resteraient soumis à sa juri- 
diction et ne pourraient ni quêter, ni prêcher, sans son 
autorisation (2). 

Le P. Fodéré attribue la plus grande part de cette ins- 
utution à un gentilhomme de la chambre ducale qu'il 
nomme « Janus d'Or ». Tous les historiens ont reproduit 
ce nom sans lui trouver rien d’étrange; seul, le Jésuite 
Perry a pris le soin de se pencher sur l'épitaphe du per- 
sonnage pour lire « Jehannin d'Or » (3). Je crois préféra- 
ble, me référant à deux documents de l'époque (4), d'écrire 
Jehannin Dor. Celui-ci avait cédé une écurie et un jardin; 
le surplus du terrain fut acheté à Philibert d’Allerey, le 
5 décembre 1451, et le tout fut aussitôt amorti par le duc, 
Fodéré ne manque pas d'observer que c'était la partie la 
plus basse de l’île et qu’elle était sujette à de fréquentes 
inondations. 

On n'attendit pas l'autorisation papale pour dresser le 
plan de l'église et du nouveau couvent; la bulle de Mar- 
in Vest datée du 1° mai 1452 et, dès le 22 janvier pré- 
cédent (1451/52), Antoine de Sailly (5) et Jehannin Dor, 
agissant sans qualité spécifiée, passaient un marché pour 


(Carinthie). Sur ses rapports avec le duc de Bourgogne, cf. Annuaire-Bul- 
letin de la Société de l'histoire de France, 1864, p. 160-166. 

(1) Revue d'hist. francisc., t. IV, p. 450 sqq. 

(2) Saône-et-Loire, H 305. 

(3) Mort le 26 octobre 1481, Jehannin Dor futinhumé aux Cordeliers; sa 
tombe était dans la nef, « un peu arrière de la chaire » (PERRY, p. 295). 

(4) Saône-et-Loire, E 1087 (tol. 68-70) et 1141 (fol. 194 v°-195, nouv. tol.). 
— De la même tamille étaient sans doute les Doret ou Dorey, Auratus, 
seigneurs de Granges (cant. Givry, Saône-et-Loire). à la fin du xv° siècle 
(Saône-et-Loire, E 925), et de Millery (comm. Dennevy, cant. Chagny, 
Saône-et-Loire}, au siècle suivant (Saône-ct-Loire, E 786; cf. Orbandale 
t. Il, p. 536). 

(5) Descendant probable d'Odet de Sailly, qui reprend de fief à Sainte- 
Héléne :cant. Buxy, Saône-et-Loire), le 4 juin 1331 (Côte-d'Or, B 12003). 


530 PIERRE BESNARD 


la construction. Le 21 juin de la même année, Jehan Ger- 
main posait solennellement la première pierre de l'église 
à moins de cent mètres au sud de l’église priorale et parois- 
siale (1). 

C'est Philippe le Bon qui dut fournir la plus grande 
partie des fonds pour la construction d'après un compte 
intitulé : « argent baillé par Oudot de Molain (2), conseil- 
ler pour l'ouvraige et édeffice de l’église du couvent des 
Frères Mineurs de Saint-Laurent-lez-Chalon » (3); cet état 
de paiement partiel fournit le détail de sommes avancées 
par Jehannin Dor à divers ouvriers, notamment pour trois 
« navoyes » (bateaux) de pierre ; le remboursement, s'éle- 
vant à 109 francs et 3 gros, #st effectué le 10 décembre 
1457, par ledit Malain, alors garde de la Monnaie de 
Chalon. La part qui revient, dans cette entreprise, à Jehan- 
nin Dor a été, ce me semble, exagérée par les historiens 
locaux, à la suite de Fodéré. Picquet et Wadding ont plus 
exactement résumé la question (4). 

A cette date les travaux n’étaient pas encore terminés 
et la campagne de construction dut continuer quelques. 
années encore. C'est seulement le 20 septembre 1461 (5) 
que l'église est consacrée par Antoine Buisson (6), auxi- 


(1) FODÉRÉ, P. 747-750. 

(2) Eudes — alias Oudot — Maire, surnommé de Malain depuis son ano- 
blissement en 1433, conseiller du duc, seigneur de Lux, Demigny, Tart et 
Varanges. 

(3) Saône-et-Loire, E 1141, fol. 194 vo-195 (nouv. fol.). 

(4) Le premier écrit : «a Surnptibus serenissimi Burgundiae ducis » (p. 60!; 
le second : « Solicitudine et cura Jani de Or, cubicularii.. ducis Burgun- 
diae, sed impensis potissimum sui principis » (Annales Minorum, authore 
R. P.F. Luca Waoninco, anno 1452, n° 45). C'est également l'opinion de 
Pierre de Saincr-Juzien (De l’Origine des Bourgongnons, Paris, 1581, 
in-fol., p.414). — Le même duc prend sous sa protection et sauvegarde 
tous les couvents de Frères Mineurs situés dans les limites de ses Etats, 
le 22 février 1455/56, et cet acte est renouvelé par son fils le 3 août 1470 
(ANGLADE, n° 3). 

{5) FoDÉRÉ (p. 750) écrit : « le dimanche 20 septembre 1466 »; si l’année 
était exacte, il faudrait rectifier samedi 20, ou dimanche 21. Je propose de 
corriger : dimanche 20 septembre 1461; c'est en effet un peu avant et après 
cette date (cf. note suivante) que Buisson consacre quelques églises aux 
environs: d'autre part il est probable qu'en 1466 cette cérémonie aurait 
été effectuée par Jean de Poupet. | 

(6) Maître en théologie, religieux carme du couvent de Semur-en-Aux0!$ 
(Côte-d'Or), prieur commendataire de Saint-Racho (à Autun) et d'Anzy-le- 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 531 


liaire — on disait alors suffragant (1) — du cardinal Ro- 
lin (2), suppléant à la vacance du siège de Chalon (3). 
Buisson « déclara qu'il transféroit le jour et feste de la 
dédicace de ladite église au 13 d'octobre (4), il donna neuf 
vings Jours d'indulgences annuelles et perpétuelles, à tous 
fidelles chrestiens, qui visiteroient ladite église à tel jour : 
sçavoir. cent [quarante] jours de l’authorité du... KR. P. Jean 
Poupet... et quarante de la sienne propre (5) ». Le maître- 
autel « fut dédié à la Majesté de Dieu, sous le titre de gran- 
deur de sa mère, et de celuy du glorieux séraphique saint 
François, patriarche de l’Ordre (6) ». 

Le lendemain, il consacra deux autels entre la nef et 
le chœur; au nord sous le vocable de saint Antoine de 
Padoue et de saint Antoine de Viennois; au sud, sous 
celui de Notre-Dame de Consolation, de saint Paul et 
de saint Bernardin de Sienne (7). Dans le premier, il mit 


Duc (cant. Marcigny, Saône-et-Loire), pourvu de l'évêché d'Hippone le 
13 février 1460, transféré au titre de Bethléem (Clamecy) le 8 octobre 1463 
mort à l’abbaye de Saint-Martin-lès-Autun (dont dépendaient les prieurés 
susdits) le 3 décembre 1476. Il consacra notamment, au diocèse de Chalon, 
les églises des Carmes (au faubourg Saint-Jean-de-Maizel ; date indéter- 
minée), de Mercurey (cant. Givry, Saône-et-Loire; 22 mars 1460/61) et de 
Saint-Jean-de-Vaux (même cant.; 17 janvier 1461/62). 

(1) CF. Du Cancer, Glossarium, au mot suffraganei. 

(2) Jean, fils du chancelier Nicolas Rolin, baptisé en mai 1408, docteur 
in utroque jure, archidiacre d'Autun, protonotaire apostolique, prieur com- 
mendataire de Saint-Marcel-lès-Chalon, pourvu de l'évêché de Chalon le 
26 janvier 1431, transféré à Autun le 20 août 1436, abbé commendataire 
de Saint-Martin-lès-Autun, cardinal prêtre de Saint-Étienne-au-Mont-Coœæ- 
lius le 13 janvier 1449, mort le 22 juin 1483. 

(3) Après la mort de Jehan Germain (cf. supra), Jean de Poupet, licencié 
in utroque jure, doyen de Besançon, fut élu évêque le 19 février 1460/61 et 
pourvu le 27 mai suivant ; mais c'est seulement le 20 juin 1462 qu’il fit 
son entrée à Chalon. Le 23 juin 1476 il demande un coadjuteur, teste le 
10 juin 1477, est transféré au titre de Salone le 14 juillet 1480 et meurt au 
Château de La Salle. IL estinhumé àla cathédrale de Chalon le 20 mars 
1496. 

(4) Pour éviter probablement l'occurrence de cette fête et de la vigile de 
saint Matthieu. 

(5) Fonéré, p. 750-751. — Pour obtenir le total de neuf vingts soit 
180 jours d'indulgence, il nous faut restituer cent [quarante] jours donnés 
Par l'évêque, le quarante ayant dû être omis par l'imprimeur de Fodéré. 

(6) Orbandale, t. 11, p. 158. 

(7) Il est à noter que saint Bernardin n'avait été canonisé que l’année 
précédente, en 1461. 


532 PIERRE BESNARD 


des reliques de saint Antoine, ermite ; dans le second, de 
saint Îrénée et des « dix-huict mille martyrs martyrisez 
à Lyon » (1). Il consacra encore trois autres autels dans la 
nef : le premier au nord, près de la grille du chœur, dédié 
à saint Claude ; le deuxième en face, dédié à saint Mayeul 


Jardin 


de 
l'h épital 


À maisons demolres àu 
debut du XVII* ssècle 
B Jardin appartenant aux 
Cordeliers des le XVII® siècle 
C Jardin retrocedé aux habitants 
de Saint. Laurent ,en 1699. 
D terrain Fonte aus SR 1699, 
limité par l'église el les lignes de +++. — 
E marson dieu del Core tsres ( —1 > 
_—-- rechfication d'alignemen = : 
ropose en 1759 7 —_— DE 
_— allénèments el percements a | 


du XIX" siècle. rempart 


Plan du couvent des Cordeliers de Chalon-sur-Saône. 


D'après le plan général de 1755 conservé aux archives de la ville et plusieurs plans 
parcellaires (Chalon, DD 34 et FF 100). 


et contenant des reliques tirées de Souvigny; le troisième 
du même côté, mais plus près de la porte, à sainte Élisa- 
beth. Ces autels furent bouleversés par l'addition de cha- 
pelles adossées au cloitre, puis détruits en partie par les 


(1) I s'agit sûrement des quarante-huit martyrs lyonnais de 133. 


L 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 533 


huguenots; au temps de Fodéré un de ces autels était 
sous le vocable de sainte Claire (1). 

Les quatre chapelles ouvertes au flanc méridional de 
l'église furent consacrées «le 28 de mars 1479 (2), par K. 
P. M. Jean Bobilerii, de l'Ordre des Frères Prescheurs, 
évesque de Laudun et suffragant d’Autun (3)..., la pre- 
mière à l'honneur de saint Jean l'Évangéliste et de saint 
Bonaventure (4); la seconde dédiée à sainte Anne, sainte 
Marie-Magdeleine et sainte Catherine; la troisième sous 
le vocable de saint Michel et de saint Jean-Baptiste; la 
quatrième à l'honneur de saint Adrian et des unze mille 
vierges (5), au bout de laquelle il y a sous une arcade un 


(1) FoDéré, p. 751. 

{2} Fonéré omet de spécifier s'il date de l'ancien ou du nouveau style, 
mais il est probable qu'il faut rectifier : 1480, n. st.; à cette date le siège 
Chalonnais était virtuellement vacant : Jean de Poupet l'ayant résigné 
depuis le mois de janvier (PERRY, p. 294); son neveu et successeur, André 
de Poupet, ne fut pourvu que le 14 juillet suivant et ne fit son entrée à 
Chalon que le 1er juin 1481. 

(3) Ce Jean Bobilier est inconnu des biographes dominicains; il ne peut 
avoir occupé ni le siège de Laon, ni celui de Lodi ; les auteurs du Gallia 
Christiana [nova], pas plus que le P. Eubel, ne le mentionnent dans leurs 
listes ; seul Claude Roserr (Gallia christiana, Paris, 1626, in-tol., p. 2:94) 
l'a emprunté à Fodéré. Je propose de corriger: Jean Louvier (Loverii), Frère 
Mineur, auxiliaire du cardinal Rolin, pourvu de l'évéché de Laodicée le 
29 avril 1475 (Conrad Eusez, O. M. C., Hierarchia catholica, t. 11, Müns- 
er, 1901, in-4°, p. 190 et 300), c'est le même évèque franciscain que Wao- 
inc dénomme Loveti (Annales, anno 1476, n° 52). 

(4) Je crois utile de signaler que saint Bonaventure ne fut canonisé que 
le 29 avril 1482. 

(5) La Légende dorée distingue saint Adrien, martyr de Nicomédie, d'un 
enfant du même nom, cousin germain de sainte Ürsule, martyrisé avec elle 
et ses compagnes, dont la légende a fixé le nombre à onze mille, mais qui 
plus vraisemblablement furent dix ou onze. Le culte de tous ces saints 
avait l’un de ses principaux foyers à l’abbaye de Grammont (Flandre orien- 
tale) ; il a dû être importé en Bourgogne sous l'impulsion de la duchesse 
Isabelle, femme de Philippe le Bon(ct. Bullctin archéologique, 1901, p. 48 
et suiv.). Saint Adrien était surtout invoqué contre la peste (cf. Emile 
Mie, L'art religieux de la fin du moyen âge, 3° éd., Paris, 1925, in-4°, 
P. 188-194) et le lion que l'on représente genéralement à ses pieds me 
parait indiquer qu'il a été également confondu avec un troisième homo- 
nyme, martyr de Césarée (cf. Caractéristiques des saints, par le P. Ch. 
CaHier, S. J., Paris, 1867, in-4°, p. 37ob). Parini les reliques que Jehan 
Germain plaça, en 1450, dans l'autel érigé par lui en sa cathédrale sous le 
vocable de Notre-Dame-de-Pitié, figuraient des reliques de saint Adrien 
Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saune, 


534 PIERRE BESNARD 


Saint Sépulchre, où les personnages sont en relief(r). Et le 
mesme Jour, il bénit encor le cemetière quarré qui est à 
l'entrée du convent, devant le portail de l’église » (2). 
Dès leur établissement, les Cordeliers chalonnais entrè- 
rent en conflit avec les chanoines de la cathédrale Ce fut 
tout d'abord au sujet des processions ; le différend se ter- 
mina par un accord amiable, en date du 26 février 1465/66, 
stipulant que « lesdits Cordeliers se sont obligés d’assis- 
ter aux processions générales dudit Chapitre et d'y accom- 
pagner ledit seigneur évêque et le Chapitre; et, quand 
lesdites processions se feront du côté du royaume, ils 
reconduiront ladite procession jusqu’à l’église, et, quand 
elles seront faites du côté de l'empire (3), ils entreront 
dans ladite église et, les offices faits, ils se rangeront d'un 
côté d'icelle jusqu’à ce que ledit seigneur ait passé avec 
la procession. Lesdits sieurs du Chapitre ou l'un d'eux 
seront tenus de faire avertir lesdits religieux de l'heure et 
du jour que ladite procession devra se faire. Lesdits reli- 
gieux n’assisteront point avec leur croix aux processions 
qui se feront pour les deffunts, à moins que ledit seigneur 
et le Chapitre, ou l'un d'eux, n'y soit avec leur croix. Et 
lorsqu'il mourra un de leurs profels sic), lesdits religieux 
pourront aller en ladite ville en procession, la croix élevée, 
pareillement lorsque le chapitre général ou provincial [se 
célèbrera audit couvent; et quand quelqu'un aura élu sa 
sépulture en iceluy, le corps sera premièrement présenté à 


t. IV, 1863, in-4°, p. 414P; voir aussi Mémoires de la Société éduenne, 
t. XLV Autun, en cours de publ., ‘in-8°, p. 177-191). 

(1) Sur le rapport des sépulcres et des Franciscains, voir notamment : 
Revue d'histoire franciscaine, t. 1 (1924), p. 144-166 et 405-424. 

(2) FoDÉRÉ, p. 751-752. : 

(3) Depuis le traité de Verdun de 843, partageant les Etats de Louis le 
Pieux, la coutume est restée de dénommer royaume la rive droite de Îs 
Saône, et empire la rive gauche. De nos jours les mariniers conservent 
encore cet usage et quelques communes de la rive droite portent toujours 
le surnom de Royal. Les processions du côté du royaume étaient celles 
dont la station se faisait aux églises de la ville et de ses faubourgs — Saint- 
Laurent excepté — ou à l'abbaye de Saint-Pierre; celles du côté de l'em- 
pire pouvaient avoir pour but Saint-Laurent, les Cordeliers ou le prieuré 
de Saint-Marcel (cf. mon étude sur Les Processions à Chalon [Autun, 1921}, 
in-8°). 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 535 


l'église paroissiale par le Chapitre, s'il y est appelé, ou par 
le curé et son vicaire, ensuite, 1l sera ainsi conduit jus- 
qu à l'entrée du couvent » (1). 

Quelques années plus tard, nouveau conflit au sujet du 
corps de Jean Prévost, docteur en médecine, que les Cor- 
deliers voulaient porter à leur église, à découvert et revêtu 
de leur habit. L'’incident se termina également par une 
transaction (2). 

Au début du xvi° siècle, le couvent dut recevoir la visite 
du général de l'Ordre ; si aucun document, ni aucune chro- 
nique, ne nous a conservé le souvenir de son séjour à 
Chalon, il est difficile de concevoir que le cardinal Chris- 
tophe Numai (3) ait négligé de visiter ses fils chalonnais en 
se rendant au chapitre général de 1518. Le 25 juin, il arri- 
vait à Beaune; il y est encore le 2y (4). Entre cette ville 
et Lyon, où se tient le chapitre aux environs du 11 juillet, 
on retrouve des traces de son passage, grâce aux indul- 
gences qu'il accorda, à Volnay, près de Beaune; à Nanton 
et à Mancey, en Chalonnais; puis en Mâconnais, à Collon- 
gette (hameau de Lugny), à Burgy et à Saint-Laurent-lès- 
Mâcon (5). 

Le rôle que jouèrent les Franciscains chalonnais, à l'épo- 
que où l'hérésie calviniste commença à s'infiltrer dans la 
région, est à peu près inconnu (6). Le fait qu'ils accueilli- 
rent en leur église une « Confrérie du précieux corps 
Nostre-Seigneur », fondée par les sergents royaux de la 
ville (7), laisse à penser que ces religieux ne. restèrent pas 


(1) Ms. Chalon 146, t. III (non fol.); cf. ANGLADE, n° 45. 

(2) Saône et-Loire, E got; cf. ANGLADE, n° 40 et suiv. 

(3) Né à Forli, vicaire général de la famille cismontaine en 1514, géné- 
ral du rer juin 1517 au 11 juillet 1518 (Houzarrec, p. 620 et 6258), cardi- 
nal prêtre de Saint-Barthélemy-en-l’Ile (juillet 1517), puis de Notre Dame- 
d'Ara-Cœli, évêque d'Alatri, mort à Ancône le 23 mars 1528. 

(4) Ce jour-là, il reçoit les députés de la collégiale de Beaune, qui avaient 
à se plaindre de prétendus empiètements des Cordeliers beaunois (Côte- 
d'Or, G 2490, ff. 236 vo et suiv.). 

(5) Annales de l'Académie de Mäcon, 3° série, t. XXIII (1922-1923), 
P. 326-328. 

(6) Cf. mon étude sur Les Débuts de la Réforme et la Confrérie du Saint- 
Esprit à Chalon (Autun, 1922, in-8o). 

(7) Saône-et-Loire, E 943. Cette confrérie est antérieure de plus de trente 
ans à la bulle de Grégoire XIII, du 8 mai 1577 (ANcLaos, n° 17). 


536 PIERRE BESNARD 


étrangers au regain de piété qui ne put enrayer le confit. 
Dans la tourmente qui ravagea les établissements religieux, 
leur couvent ne fut pas épargné. Il convient toutefois de 
retenir le témoignage du P. Fodéré, contemporain des 
troubles : « Les églises .. et monastères, tant de la ville 
comme des fauxbourgs, demeurèrent sur pied, par la grâce 
de Dieu, en ceste invasion; mesmement nostre convent…. 
est demeuré en son entier, comme si jamais les hérétiques 
n'eussent esté maistres de Chalon, sauf le tableau [retable 
du grand autel qu'ils brisèrent » (1). 

Et pourtant les religieux avaient pris la fuite, avant 
même l'arrivée de Montbrun, puisque, le 23 mai 1502, 
leur gardien, dont le nom est inconnu, donnait un sermon 
à l'Hôtel-Dieu de Beaune. Revenus de leurs préventions 
contre les Cordeliers (2), les chanoines de la collégiale l'in- 
vitent à prêcher à Notre-Dame, pendant l'octave de la 
Fête-Dieu (3), lui octroyant un pain et deux pintes de 
diée (4) par jour. Le 27 mai, les mêmes chanoines l'auto- 
risent à prêcher à l'église Saint-Pierre, pour les confrères 
du Saint-Sacrement, spécifiant que son couvent était 
détruit et qu'il n'y restait aucun religieux. Ses prédication 
eurent un tel succès que la mairie demandait au Chapitre 
de retenir le gardien de Chalon pour l'Avent et le Carème 
suivants, mais un Jacobin avait été antérieurement pres- 
senti (5). D'ailleurs, il est probable, sinon certain, que les 
Cordeliers avaient réintégré leur maison, peu après le 
départ de Montbrun poursuivi par Tavanes (6). 


(1) FODÉRÉ, p. 759. — Cest seulement le 23 mai, à une heure du matin, 
que les réformés chalonnais livrèrent la ville aux troupes huguenotes; 
celles-ci ne la tinrent que dix jours. Les pillages avaient commente le 
5 mai et turent l’œuvre des habitants (Pxrry, p. 326 et suiv.; Orbandale, 
t. |, p. 798). | 

(2) Un demi-siècle auparavant, le secrétaire du Chapitre de Beaune 1n$- 
crivait à son registre des manchettes de ce genre : « Contra Cordigéros, 
gencratio mala, ...prava atque perversa » (Côte-d'Or, G 2488, ff. 110%, 
117 vo et 193). 

(3) La Féte-Dieu tombait cette année-là le 28 mai. 

(4) On appelait ainsi, à Beaune, les distributions journalières de pain €t 
de vin aux chanoines et aux familiers du Chapitre. 

(5) Côte-d'Or, G 2500 (tol. 286) et 2501 (ff. 18 et 68). 

(6) Je ne crois pas qu'ils aient eu besoin d’attendre les patentes dt 
Charles IX, du 3 juillet 1572 (ANGLADE, N° 12). 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 537 


Une déception les attendait; prévoyant que les hugue- 
nots s’attaqueralent surtout aux trésors des églises, les 
religieux ont, quelques jours avant les troubles, « remis 
les calices et toute l’argenterie du convent en garde à un 
bourgeois de Chalon, qu'ils croyent fort fidèle (1),... lequel 
leur avoit promis par sa signature... leur conserver le tout 
et le leur rendre fidellement en temps opportun; mais... 
1] fit à croire qu'à la prise de la ville par Montbrun le tout 
avoit esté perdu au sac et pillage des soldats, quoy que 
l'on sçavoit bien le contraire; car cestuy-cy, s’estant lors 
déclaré estre de la religion prétendue réformée et... l’un 
des promoteurs de ladite prise de ville, sa maison fut 
garantie du pillage ». De ce fait, Tavanes ne put rien 
enlever au couvent de Saint-Laurent. 

Dix-neuf ans plus tard, en 1581, le P. Cocan, alors 
gardien, recut le conseil de traduire le dépositaire infidèle 
devant le Parlement de Dijon, le coupable s'empressa de 
transiger et de verser « en deniers la valleur d’une partie 
de ladite argenterie ». De ces deniers, le gardien « achepta 
deux petis calices d'argent et fit faire un fort beau ciboyre 
aussi d'argent. Quant aux ornements d'église, aucuns ont 
voulu dire que les hérétiques les avoient emporté,... et 
qu'un Jeune frère religieux du convent, par la violence des 
torments qu'ils luy appliquèrent, révéla le lieu où on les 
avoit caché : mais cela n'est pas,.…. lesdits ornemens... sont 
encor de présent au convent. La vérité est bien qu'ils sont 
fort rompus et estrangement détériorez, pour avoir esté 
enterrés par plusieurs fois, eten divers lieux cachez, chan- 
gez et rechangez de place, dont une bonne partie est du 
tout inutile (2) ». 

Pendant la Ligue, c'est à l'église des Cordeliers que se 
font la station et la prédication, aux jours de processions 
générales (3). Cependant il ne semble pas que les religieux 
aient pris la moindre part à l'établissement de la Confrérie 


(1) Probablement Jean de Pontoux ict. PERRY, p. 323-329 ; Côte-d'Or, 
B 3769). 

(2 FovERé, p. 758-759. 

(3) Notamment les 18 mars 1592et 10 juin 1595 {Chalon, FF 1 ; cf. mes 
Processions, p. 21). 


538 PIERRE BESNARD 


du Saint-Esprit; l'initiative de Mayenne, installant les 
Minimes à l’ombre de la cathédrale, peut laisser à penser 
que les Cordeliers ne lui avaient pas donné entière satis- 
faction. En ce même temps, le couvent de Chalon eut 
l'honneur d’héberger une nuit le général de l'Ordre, Bona- 
venture Secusi (1) ; ce fut pendant la nuit du 21 au 22 sep- 
tembre 1598 (2). 

La fin du xvi* siècle et le début du siècle suivant sont 
marqués par une suite de calamités. En 1579, puis en 
1602, les religieux furent inondés. On allait en bateau 
dans le cloitre, l’église et les Jardins (3) ; ce désagrément 
dut se renouveler plus d’une fois dans la suite. 

En 1594 quelques maisons du faubourg, les plus pro- 
ches du couvent, furent incendiées: la bise était si forte 
que l’on craignit pour le cloitre et surtout pour la char- 
pente de l'église. Les Bénédictins vinrent en procession 
avec le chef de saint Loup (4); « ceux qui avoient apporté 
cette précieuse relique firent un tour en procession près 
du lieu où le feu estoit embrazé. Alors les flammes 
s’abbaissèrent, sa violence fut incontinent assoupie, et il 
s'éteignit. De là les religieux de Saint-Pierre allèrent dans 
l'église pour y rendre grâces à Dieu... Les Cordeliers, 
pour marque de leur reconnoissance, ont accoustumé, 
depuis ce temps-là, de venir tous les ans dans l'église de 


(1) Né à Caltagirone (Sicile), patriarche latin de Constantinople, général 
du 5 juin 1593 au 20 mai 1600 (Hozzarrez, p. 621). — Il accompagnait 
le cardinal Alexandre de Médicis, archevêque de Florence (futur Léon XI); 
tous deux revenaient de Vervins, où ils avaient participé aux négociations 
du traité de paix, et retournaient à Rome. 

(2) PERRY, p. 402 et suiv.; Mémoires de la Societé d'histoire et d'archéo- 
logie de Chalon, [t. [1], (1850, in-4°}, p. 151 et suiv. 

(3) Fonéré, p. 750. Sur la crue des premiers jours de février 1579, ct. 
Fragments des annales de... Verdun, par J.-P.-Abel Jeanper (Dijon, 1893, 
in-8v\, p. 36-37. — Une inscription lapidaire et contemporaine encastrée 
dans la façade de l'hôtel de ville actuel (ancien couvent des Carmes) relate 
l'inondation de 1602 qui atteint son maximum le 25 septembre ; si cette 
pierre n'a pas été déplacée, ce serait la plus forte crue enregistrée : cf. Penn, 
P. 410; "La plus for te inondation de Chalon, par J. Roy-Cnevuier, dans Le 
Progrès de Saône-et-Loire, n° 10431 du 11 janvier 1920. 

(4) Évéque de Chalon au début de l'époque carolingienne, inhumé à 
l'abbaye de Saint-Pierre ; fête le 27 janvier; cf. mes Origines, p. 70-76 €t 
113-114. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 539 


Saint-Pierre, en procession le jour de la feste de saint 
Loup, pour s'acquitter du vœu qu'ils ont fait expressément 
pour ce sujet ; ils y célèbrent la sainte messe en action de 
grâces de ce que Dieu, par les mérites de ce saint, les pré- 
serva du feu (1) ». 

Vingt ans plus tard, les mêmes religieux ne s’en tirèrent 
pas à si bon compte ; un contemporain nous apprend que 
« le dimanche septiesme jour de juillet 1613,... sur les 
dix heures [du soir], le tonnerre tombant sur le clochier des 
Cordeliers, lequel il auroit tout rompu du costé de soleil 
couchant, comme aussy auroit rompu tous les cordages et 
fils d’archal de leur orloge, et la monstre d’iceluy estant 
dans la nef du cœur de ladicte églize, où estans lesdits 
Cordeliers, prians Dieu, .… fort esmeu des pierres qui leur 
furent jectées et du feu dont ils estoient environnés, sans 
en offenser aulcun (2) ». 

Là-dessus le Jésuite Perry a brodé un récit de la plus 
haute fantaisie ; il avance tout d’abord le fait de quelques 
mois en le plaçant au temps pascal. Entre autres détails 
donnés par lui je retiendrai seulement celui du religieux 
sonnant la cloche et jeté à bas par un soufflet du diable; 
ensuite l’esprit malin serait allé imprimer « ses griffes dans 
une pièce de bois traversière qui sert d'appuy pour mon- 
ter de la sacristie au dortoir » ; en passant, il aurait éteint 
tous les cierges allumés sur l'autel, mais respecté le cierge 
pascal (3). L'année suivante, le 10 novembre, un ouragan 
emporte la toiture du dortoir (4). 

Le monastère chalonnais donna plusieurs fois asile aux 
chapitres provinciaux, que le vulgaire appelait synodes; 
ceux de 1508 et de 1553 n'ont laissé que peu de souve- 


(1) Perry, p. 586; cf. mes Recherches historiques sur l'abbaye de Saint- 
Pierre de Chalon, 2° partie (Autun, 1912, in-8e), p. 16. 

(2) Journal de Noë Lacroix, éd. par A. de Cuaruasse, dans Mémoires 
de la Societé d'histoire et d'archéologie de Chalon. t. VII (1883, in-4), 
p. 37. 

(3) Perry, p. 423. La date du 7 juillet sc trouve confirmée par la délibé- 
ration communale du 15 du mème mois, accordant aux Cordeliers une 
aumône extraordinaire de 60 livres pour la réparation des dégâts (Chalon, 
BB 13, fol. 256). 

(4) Côte-d'Or, C 7491. 


540 PIERRE BESNARD 


nirs (1). Celui de 1625 a été enregistré par le Journal de 
Noé Lacroix : « Le sinode .… s'est... ouvert le dimanche 
21° septembre... et a duré huict jours entiers, où estoient 
grand nombre de Cordeliers de diverses provinces et cou- 
vens, en nombre d’environ huict ou neuf vingtz (2), et 
s'est faict une grandissime despence pour la nourriture des 
susdicts religieux et servans en nombre d'environ trente. 
Pendant lesquels huict jours, iceux pères Cordeliers ont 
faict de très belles prédications à [la cathédrale] Sainct- 
Vincent, belles disputes sur thèses tous les jours, présen- 
tées dans la chaire de la nef des... Cordeliers, le c'h}œur et 
l'autel richement parés et ornés, le corps de Nostre-Sei- 
gneur sur le grand autel pendant lesdicts huict jours et à 
la fin une procession générale faicte à Sainct-Vincent, et 
auquel couvent plusieurs personnes se sont communiées 
à cause des indulgences y estans » (3). 

Lorsque l’Église honore une famille religieuse en éle- 
vantun de ses fils sur les autels, ilest d'usage que tous les 
monastères de l'Ordre manifestent leur Joie par des céré- 
monies d'action de grâces ; une occasion de ce genre se 
présenta pour les Cordeliers en 1692 (4). Alexandre VIII 
ayant, deux ans auparavant, canonisé les Frères Mineurs, 
Jean de Capistran (5) et Pascal Baylon (6), avait autorisé 


(1) Dans le premier, Philippe Lhuillier, profès de Déle, et dans le 
second, Philippe Truchetan, profès de Chambery, turent élus provinciaux 
(PICQUET, p. 201; Quelques remarques sur le grand couvent de S. Bona. 
venuture de Lyon, par le R. P. Jean-Baptiste Bazin, religieux cordelier- 
Lyon, 1693, in-12,p. 51-52: ANGLADE, p. 528, note 1). — Au chapitre de 
1625, l'élu fut Didier Richard, profès de Bar-sur-Aube, licencié de Sor- 
bonne en 1600, une première fois provincial en 1616 { Bazin, p. 55 ; ANGLADE, 
p. 541, note 1}; ce même Chapitre acceptait, le 28 septembre, les fonda- 
tions faites depuis trois ans au couvent de Clermont (ANGLADg, n° 152}. 

(2) C'est-à-dire de 160 à 180 religieux. 

(3) Éd. cit.,p. 50. — Le chapitre provincial se réunit de nouveau à Cha- 
lon en 1672;le 26 février la ville délivre à cet effet un mandat de 150 livres 
(Chalon, CC 00, f. 38); François Leroux y est élu provincial (Bazin, p. 37: 
Le 9 juillet 1702, l'assemblée des habitants vote pour la méme raison ur 
crédit de 100 livres, plus un vin d'honneur au nouveau provincial (Chalon. 
BB 23, fol. 28 ve; CC 110, tol. 16 v° ct 23). En mai 1741, gratification anä- 
loguc de 300 livres et d'un vin d'honneur (Chalon, BB 35, fol. 92 et 93 v}. 

(4) C'est par erreur que dans mon étude sur Les Processions (p. 31-37 
ces fêtes sont datées de 1695. 


(5) Cf. supra. 
(6) Frère convers, né à Torre-Hermosa en 1540, prend l'habit à Monteforté 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 541 


les couvents franciscains à fêter [es nouveaux saints par 
une bulle datée du 13 novembre 1690, maïs qui ne fut 
publiée, au diocèse de Lyon, que le 20 novembre de l'an- 
née suivante. Grâce à un Cordelier dijonnais nous avons 
des fêtes chalonnaises une relation détaillée (1). 

Non contents de leur donner pour cadre un couvent 
nouvellement reconstruit, les religieux se mirent en grands 
frais pour la circonstance. Le provincial Leroux recom- 
manda les préparatifs au P. Simon Brière, alors gardien; 
Je passe ici la plume au narrateur contemporain : « Comme 
on se préparoit à cette solemnité par quelques décorations 
magnifiques on fut agréablement surpris d'apprendre que 
Monseigneur (2) en vouloit bien luy-même ordonner la 
manière... Afin... que rien ne manqut à cette pompe, on 
fit venir le Père (3) qui avoit fait celles de Lyon et de Vil- 
lefranche... La bonté de Sa Grandeur pour nos pères. et 
sa-piété pour la gloire de nos saints furent si considéra- 
bles, qu'il voulut encore choisir et nommer huit prédica- 
teurs, pour... prononcer les panégyriques; ... 1] se déter- 
mina luy-même pour le premier sermon qu'il fit effective- 
ment... Jamais octave ne fut mieux ni plus chrétiennement 
prêchée… 

« Après tant de soins et d'assiduité, l'église se trouva 


en 1564, mort au couvent de Villareal (Espagne) le 17 mai 1592: par bret 
du 28 novembre 1897, Léon XIII l’a proclamé patron des œuvres eucharis- 
tiques. 

(1} Relation de ce qui s'est passé dans les eglises des PP. Cordeliers... à 
l'occasion... de la canonisation des saints Jean de Capistran et Paschal 
Bay lon, par le P. J.-B. Bazin (Lyon, 1693, in-12), p. 131-156. — L'auteur, 
né à Auxonne (Côte-d'Or) le 14 janvier 16357, mort à Dijon le 3o janvier 1708, 
bachelier de Sorbogne, tut gardien d’Alise-Sainte-Reine, puis de Dijon, 
définiteur provincial et député de la province à Rome en 1672 (ms. Lyon 
1422, fol. 349 v° ; ANGLADE. p. 503, note 5). Sur ses écrits, cf. Bibliothèque 
des auteurs de Bourgogne, par l'abbé PapizLon, publiée par l'abbé Jozy 
(Dijon, 1745, in-fol.), 1. 1, p. 19-20, et t. 11, add, p. 1; ANGLADE, loc. cit. 
et n° 20; abbé J.-B. Marrix, Bibliographie lyonnaise, t. 1 (Lyon, 1922, in- 
8°), p. 229-230. 

(2) Henri Staix, dit Félix de lassy, frère de Félix, premier chirurgien de 
Louis XIV, docteur de Sorbonne, nommé par le roi à l'évêché de Chalon 
le 18 juin 1677, pourvu par bulles du 12 février 1678, prend possession le 
27 Mai suivant, mort en son évèché le 6 novembre i711,inhumé le 11 à la 
cathédrale. 

(3) Jacques de La Croix (Bazin, Relation, p. 41). 


Revu D'Hisroine FRANCISCAINE, 1. IV, 1927 . 35 


542 PIERRE BESNARD 


magnifiquement ornée : la nef, de plusieurs rangs de tapis- 
series, haute-lice, figures et paysages; les autels et les 
chapelles, de tout ce qu'on avoit pu trouver de riche, de 
rare et de curieux; surtout celle où repose le précieux 
corps du B. Jean de Portugal, ... qui avoit pu... voir saint 
Jean de Capistran dans les vovages qu'il fit... auprès du 
duc de Bourgogne, leur ami commun. 

« La ballustrade, qui sépare la nef du chœur, étoit garnie 
de tableaux, de vases et de pots à fleurs et les deux petits 
autels, qui y font face, étoient si riches et si propres, qu’on 
n'y pouvoit rien ajouter. Le chœur étoit pareillement tout 
tapissé, le dos des sièges des religieux étoit bordé partout 
de petits tableaux à cadres dorez; les corniches étoient 
chargées de quantités de vases, agréablement mêlés, et le 
devant, de beaux tapis de différentes couleurs, qui faisoient 
une variété des plus agréables. Mais c'étoit un charme de 
voir cette multitude de pots dans le sanctuaire, remplis de 
gros orangers, de iauriers, de grenadiers, de belvédères (1) 
et d’arbrisseaux en buisson, si bien qu'on eût dit que 
c'étoit un véritable paradis terrestre. 

« La principale décoration du maître autel étoit une 
gloire magnifique à cinq rangs de nuages... Ils étoient par- 
semez de petits chérubins …. et éclairés de tant de lampes 
cachées, que l’artifice en étoit merveilleux. A côté, on voioit 
deux grenadiers d’une grosseur considérable, dans des 
pots hors du commun, qui en relevoient encore la beauté. 
Outre cela il y avoit quatre bustes dorés, qui étoient des 
regards au naturel (2) et deux pyramides quadrangulaires, 
… qui depuis le plein pied de l’autel alloient jusques à la 
hauteur de la gloire, .… garnies partout de cierges, de 
vases et de petits tableaux .… 

« L'ornement de l'autel en étoit singulier, ..… tout y 
étoit entremêlé de plus de 300 lumières, parmi lesquelles 
on y distinguoit 50 gros cierges d'une livre chacun, sur 


(1) Plantes exotiques connues également sous le nom de belles-à-voir. 

(2) Regard désignait à cette époque des figures se faisant pendant ou vis- 
a-vis ; il s’agit ici probablement de chefs reliquaires, l'expression « au natu- 
rel » semblant réservée par le P. Bazin aux ouvrages sculptés en ronde 


bosse. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 543 


autant de grands chandeliers d'argent (1). Tout au haut, 
on y voioit de beaux nuages qui, descendant insensiblement 
de la gloire, envelop[pjoient les figures de nos saints, qui y 
paroissoient au naturel, tout brillant de majesté et revêtus 
de l’habit de l'Ordre... Saint Jean tenoit son étendart et 
saint Paschal y adoroit le très saint Sacrement exposé. 

« Mais rien n’égalloit ces deux magnifiques candélabres, 
qui s’y faisoient si fort distinguer par leur nouveauté dans 
le pays. Ils étoient à peu près comme ceux qu’on avoit vu... 
à Lyon, .… mais ils étoient tout autrement garnis de cier- 
ges, puisqu'il y en avoit une fois autant... On y admiroit 
d’ailleurs un pavillon d’une étendue extraordinaire, puis- 
qu'il étoit composé de prez de 300 aunes (2) de toile blan- 
che, ... et cette multitude d'étoilles, brillantes comme de 
l'or, dont il étoit chargé, y faisoit un effet merveilleux. 

« Tout au haut on lisoit cette inscription : 


SPECTATOR CHRISTIANE ! 
TURBAM MAGNAM SANCTORUM 
IN HIS DUOBUS 
MIRARE IMITARE 


«.. Monseigneur l’évêque (qui avoit fixé le jour au 29 
aoust pour l'ouverture de cette cérémonie) la fit avant les 
premières vêpres, s'étant rendu procession{n]ellement dans 
l'église du couvent, avec tout son clergé, suivi d’une foule 
extraordinaire ... Sa Grandeur fut receue à la porte de 
cette église par le très R. P. Le Roux, provincial, revêtu 
de surpelis et de chappe, entouré de ses officiers, avec la 
croix, l'encens et l’eau bénite, et à la tête d’un grand 
nombre de religieux, qu'il avoit fait venir des couvents 
circonvoisins .… Comme on avoit disposé un fort beau 
trône, au côté droit de l’autel, pour cet illustre prélat, lors- 
que sa prière fut faite et que le chœur eût achevé ce quil 
avoit à chanter, il y prit place; le R. P. provincial lui 


(1) En 1680, les Cordeliers faisaient exécuter une paire de chandeliers 
d'argent pesant ensemble douze marcs, deux onces et demie, soit trois 
kilos et quelques grammes (Saône-et-Loire, H 308). 

(2) Environ 240 mètres. 


544 PIERRE BESNARD 


présentant la bulle d'indulgence, .… il lui en demända 
avec beaucoup de zèle la promulgation ». 

Le Père Bazin reproduit ici textuellement la harangue 
du provincial; elle est plutôt brève, et surtout fort élé- 
gamment tournée ; le narrateur ajoute ensuite : « Le KR. P. 
provincial ayant prononcé son discours... fut jugé tout à 
fait digne des applaudissemens, qu'un auditoire de gens 
distingués ..… y donna. Ensuite ... Monseigneur fit lire la 
bulle à haute voix par un maître de cérémonies et déclara 
aussitôt que l’indulgence étoit ouverte... Il entonna luy- 
même le Te Deum, qui fut continué par la musique de sa 
cathédrale. Et ces Messieurs (1), ayant commencé à officier 
par les premières vêpres, Sa Grandeur donna la bénédic- 
tion du Saint-Sacrement, … et 1ls se retirèrent tous, … les 
religieux … les ayant reconduit chez eux en portant leur 
étendart à la tête de la procession. 

« Le lendemain [samedi], on eut le plaisir, sur le soir, 
d'un agréable feu d'artifice disposé au milieu de la place 
qui est devant l’église .… on y mit le feu au bruit des tam- 
bours et au son des fanfares, des haut-bois et des trompet- 
tes, pendant que tout le quartier étoit sous les armes. 
Messieurs de ville (2) voulurent bien honorer de leur pré- 
sence cette réJouissance publique. [ls soupèrent même avec 
les religieux et 1ls continuèrent, pendant l'octave, à leur 
envoyer mille marques généreuses de leur bonté ordinaire 
et de leur libéralité… 

« Le ... dimanche, ... Messieurs de la cathédrale... firent 
tout l'othce du jour, matin et soir... Toutes les paroisses 
de la ville les imitèrent les Jours suivans, ..… et même Mes- 
sieurs du Séminaire (3) souhaitèrent avec empressement 
d'avoir le leur en particulier... Ceux du voisinage, natu- 
rel[lJlement pieux et dévots, s'y rendoient en procession de 
jour à autre, .… conduits par leurs pasteurs... Les RR. Pères 
Bénédictins {de Saint-Pierre] se firent un très grand hon- 
neur d’avoir le dernier jour, pour faire la clôture de cette 


(1) Les chanoines de la cathédrale. 

(2) Le maire, les quatre échevins et le procureur syndic. 

(3) Les prêtres de l’Oratoire, installés à Chalon au début du xvut siècle; 
chargés de la direction du Grand Séminaire fondé en 1675. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 545 


cérémonie. [ls y apportèrent leurs plus précieuses reliques, 
… avec une pompe et une solemnité digne d’une éternelle 
mémoire. » 

Les Cordeliers « voulant répondre aux empressemens 
de la foule et à l’honneur de ceux qui venoient ainsi en 
corps chez eux, leur(s) alloient au devant comme en proces- 
sion, les conduisoient dans leur église et les accompa- 
gnoient de même, bien avant dans la rue, quand ils s’en 
retournoient, le Père gardien toujours revêtu de l’aube, de 
l'étolle et de la chappe, leur présentant l’eau bénite, pen- 
dant que d'autres religieux, ses officiers, les encensoient 
tous lorsqu'ils passoient.. 

« Comme Monseigneur donna la bénédiction du Très 
Saint-Sacrement le premier jour, Messieurs de la cathédrale 
la donnèrent le second, et le R. P. provincial tous les 
autres. Quant aux religieux du couvent, ils chantèrent tou- 
jours les vêpres avec beaucoup d’édification et de mélo- 
die (1) ». | 


Le couvent de Chalon avait été fondé par les Colétans, 
Frères Mineurs ainsi nommés à cause de leurs relations 
avec sainte Colette (+ 1447). Comme les Frères de l'Obser- 
vance ils gardaient la règle de Saint-François sans dispense, 
mais ils ne formaient pas comme eux un groupe à part. 
Vivant dans la province régulière de Bourgogne, sous la 
juridiction du ministre provincial, ils avaient cependant 
entre eux un certain lien, sans toutefois donner d'ombrage 
aux autres couvents mitigés. Chalon fit partie de la nou- 
velle province de Saint-Bonaventure, constituée en 1503, 
et demeura soumis au ministre général appelé indifférem- 
ment ministre des Frères Mineurs ou des Observants 
jusqu’à 1771; à cette date, il dut passer, comme tous les 
autres monastères de France, à l’obédience des Conven:- 
tuels (2). 

A cette même époque, l'église paroissiale du faubourg 


(1) Le P. Bazin ne nous a conservé ni le nom des prédicateurs, ni la dis- 
tribution des sermons ; il nous apprend seulement (p. 151-152) que l'évé- 
que prononça le premier panégyrique de saint Jean de Capistran. 

(2) CF. Rev. d'hist. francisc., 1. IV, p. 449-452, 480. 


546 PIERRE BESNARD 


Saint-Laurent se trouvait dans un tel état de délabre- 
ment qu'il parut dangereux d'y continuer la célébration des 
offices (1). Le 20 juillet 1772, le prieur-curé et les habi- 
tants signent, avec les Cordeliers, un contrat aux termes 
duquel le service paroissial était transféré dans la nef des 
religieux, à l’autel Saint-Antoine; « la chapelle joignante, 
ditte de Saint-Jean de Portugal » devait servir de sacristie 
à la paroisse. 

Le traité était signé pour neuf années, renouvelables, 
mais rédigé en prévision d'une réparation ou reconstruc- 
tion de l’église paroissiale; en ce cas, non réalisé, les 
Cordeliers devaient être exemptés de toute contribution 
spéciale imposée aux habitants du faubourg. Le contrat 
prévoyait en outre que le curé pourrait se servir de la 
chaire, tous les dimanches et jours de fêtes, pour les prônes 
seulement ; la prédication ne lui était permise que le seul 
jour de la fête patronale; les offices dominicaux devaient 
être célébrés une heure avant les offices conventuels, l'en- 
trée du chœur interdite aux paroissiens et au prieur-curé, 
même à l’occasion d'inhumations dans la nef (2). 

Antérieurement au 20 juillet 1781, le traité primitif fut 
renouvelé ; je n'ai pas retrouvé le texte de cette deuxième 
convention qui devait expirer à son tour en 1788. Aucune 
contribution financière des paroissiens n'avait été prévue 
au premier contrat, celui de 1781 mettait à leur charge 
l'entretien du pavé de la nef et une rétribution annuelle de 
200 livres que les religieux prétendaient élever à 500, en 
1788. L’évêque leur conseilla de se contenter de 300, les 
habitants n'accordèrent que 250 livres et c’est à ce prix que 
fut signé, le 8 août 1788, un troisième traité, prévu pour 


(1) Les craintes des habitants étaient fondées ; le 13 janvier 1773, la 
voûte du sanctuaire de l'église Saint-Laurent s'écroulait; une délibération 
de la communauté, en date du 14 janvier 1781, dit que les voûtes dela nef 
étaient à terre depuis huit ans. Cette église ne fut jamais réédifiée et la pa- 
roisse fut réunie, au Concordat, à celle de l'ancienne cathédrale. 

(2) Saône-et-Loire, H 311: Chalon, GG 1. — Ce premier traité contient 
également des prescriptions relatives à la réserve sacramentelle, aux SOn- 
neries de cloches, à la location des bancs, aux réunions de confréries, au 
balayage, et à quelques objets mobiliers, notamment à un tableau de « l'As- 
cension » donné à la paroisse par le chanoine Berthelot (encore vivant à 
cette epoque et habitant Saint-Laurent). 


\ 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 547 


une durée de six années, mais que les événements politi- 
ques devaient annuler plus rapidement (1). 

Le r*" février 1790, l’église des Cordeliers sert encore 
aux habitants du faubourg pour l'élection de la municipa- 
lité chalonnaise (2). Quant aux religieux 1ls se maintinrent 
dans leur couvent aussi longtemps qu'ils purent. Le 6 mai 
1790, Mgr Du Chilleau (3) fait circuler dans les paroisses 
et les monastères de la ville une déclaration (4), en sollici- 
tant l'adhésion des ecclésiastiques. Le P. de La Terrade, 
gardien, et le P. Bourbon donnent leur signature, mais 
le g ils la rétractent, prétextant qu'elle leur a été arrachée 
par surprise. L'ancien gardien Caron et son confrère 
Boichot refusent leur adhésion dès le premier jour. 

Pressé sans doute par des besoins pécuniaires (5), le 
P. Caron réussit à soustraire l'argenterie du couvent et à 
la vendre, pour partager le produit avec ses confrères La 
Terrade, Bourbon, Lesnès, Boichot et Poidevé. Lorsque 
le 26 septembre 1793, les commissaires du district vinrent 
inventorier, ou plutôt confisquer le mobilier, ils consta- 
tèrent cette disparition, jugèrent les PP. Caron et Bourbon 
les plus coupables et les incarcérèrent sur place, inaugurant 
ainsi le nouveau régime qui allait être imposé au couvent, 
trois jours plus tard, par le directoire du district (6). 


(1; Saône-et-Loire, C 115 (pièces 50-31); Chalon, CC 144. 

(2j Chalon, FF S9.— Des lettres patentes de Louis XVI, en date du 22 jan- 
vier précédent, réunissaient provisoirement la communauté de Saint-Lau- 
rent à la ville de Chalon ; ce provisoire devint définitif par la suite. 

(3) Jean-Baptiste Du Chilleau, né au château de La Charrière (Charente) 
le 7 septembre 1735, licencié en théologie, aumônier de la reine, chanoine 
et vicaire général de Metz, prieur commendataire de Monthoiron et de 
Remilly,abbé commendataire de Saint-Clément de Metz et de Notre-Dame- 
du-Valasse, sacré évêque de Chalon le 30 äécembre 1781 ; en 1792, il con- 
fère les ordres à Fribourg (Suisse); archevéque de Tours en 1817, pair de 
France en 1822, mort le 26 novembre 1824, inhumé à la cathédrale de 
Tours, son cœur au chäteau de La Possonnière (Maine-et-Loire). 

(4) Pour protester contre la décision de l'Assemblée nationale, qui, le 
15 avril 1790, avait refusé de reconnaître à la religion catholique le carac- 
tère de religion d'Etat (cf. Bauzon, t. 1, p. 20-34). 

(5) La pension servie par la nation aux Cordeliers fut d'abord collective ; 
La Terrade touche 500 livres, le 23 novembre 1790, et 1850, le 5 février 
Suivant (Archives de Chalon postérieures à 1790, non inv.). 

(6; Bauzow, €t. 1, p. 238-240. — Au xvint siècle, le couvent avait déjà 
servi accidentellement de prison et de caserne {Côte-d'Or, C 2, ff. 67-69: 
Saône-et-Loire, C 11 1). 


548 PIERRE BESNARD 


À partir du 11 vendémiaire (2 octobre 1793), on leur 
amène des compagnons et, le 20 messidor (8 juillet 1704; 
nos deux Cordeliers partagent une salle du rez-de-chaussée, 
entre le réfectoire et la cuisine, avec un curé du Louhan- 
nais et un Allemand. Ce jour-là, le couvent abritait 1oû 
détenus, dont trois fous, internés à l'extrémité de l'aile 
occidentale, du côté du rempart (1). Vingt-quatre autres 
suspects y seront incarcérés dans la suite. Les deux reli- 
gieux n'y restèrent guère plus d’un an; le 15 octobre 1504. 
on les élargit provisoirement. 

Après le 9 thermidor, la prison des Cordeliers changea 
de pensionnaires, sans changer de destination. Jusque-là 
l'église ne semble pas avoir été profanée ; c'est seulement 
après le rétablissement de la paix intérieure que la nef fut 
successivement amodiée à un marchand de vins et à un 
écuyer tenant un manège. En 1804, le couvent et la nef 
abritaient des prisonniers autrichiens, remplacés en 1K11- 
1812 par des Espagnols (2). 

A la vente des biens nationaux, ce vaste immeubie 
n'avait pu trouver acquéreur, éventualité prévue parles 
experts chargés de dresser en 1790 l’état des biens appar- 
tenant aux communautés supprimées. Une afliche datée 
du 1‘ avril 1792 annoncait la vente pour le 1° mai suivant 
au prix global de 41.000 livres. Le 30 floréal an IV (19 mai 
1396), l'administration municipale signalait à celle du 
département l'intérêt qu'il y aurait à ne pas poursuivit 
cette aliénation, surtout celle du jardin dont la jouissant 
avait déjà été accordée à l'hôpital (3). 

Un décret impérial, du 23 avril 1810, attribuait le cou 
vent, en toute propriété, à la ville de Chalon, à charge de 
l’entretenir. Les prisonniers des armées impériales conti: 
nuërent de l'occuper jusqu'à 1814; l'invasion des alliés ? 
fit installer, à la fin de septembré 1815, une ambulance 


(1) Pérussox, p. 63--3 ; Archives de la Société d'histoire et d'archéologié 
de Chalon, M 37 et S suppl. 

(2) Histoire de Chalon-sur-Saûne, par Victor Fouque (Chalon, 1844, 
p. 556. — Le sanctuaire transformé en cuisine avait été séparé de la 
par une cloison de planches : de plus un faux plancher avait été place su 
les entraits de la charpente. : 

(3) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon C 22. 


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LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAO 


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550 PIERRE BESNARD 


qui « devait être... une des principales plaies de l’occupa- 
tion (1) ». Enfin la Restauration donna à l'ancien couvent 
sa destination actuelle écrite en lettres noires par le génie 
militaire : Caserne d’Uxelles, anciennement des Corde- 
liers (2). 

L'église toutefois ne fut guère utilisée et, en 1842. elle 
était vacante, lorsqu’elle donna asile à un festival à l'oc- 
casion d'un concours de musique; ce fut son chant du 
cygne : deux ans après elle tombait sous la pioche des 


démolisseurs. 


C'est du couvent de Dole que Jehannin Dor tira les six 
premiers religieux ; six autres frères vinrent les rejoindre 
en 1466 : deux d’entre eux également de Dole, deux de 
Rougemont et deux de Sellières, couvents appartenant 
tous au groupe des couvents colétans (3). Les noms de ces 
ouvriers de la première heure nous sont inconnus. A lafn 
du xvi° siècle, le couvent pouvait « nourrir douze et qua- 
torze religieux... desquels trois sont prédicateurs » (4). Ce 
nombre dut se maintenir à peu près régulier jusqu'au 
xvure siècle. Un document de 1759 parle également de 
« quatorze religieux », plus les convers (5). A l'aube de la 
Révolution ce nombre se trouve réduit de près de moitié, 

Parmi tous les religieux qui se succédèrent au couvent 
de Chalon quelques-uns méritent une mention particulière. 


JEAN vE PorTucaL. — Il prend l’habit de saint François. 
au couvent de Saint-Laurent, le 6 mai 1481. Le Cordelier 


(1) Ms. Chalon 89°, p. 104 et suiv.; cf. Fouque, loc. cit. ; [Louis Gaztas!. 
Éphémérides de l'invasion autrichienne, dans Le Progrès de Saône-et-Loire. 
du 24 septembre 1923 et suiv. 

(2) Les bâtiments n'abritent plus aujourd'hui que des services administré 
tifs : intendance, recrutement, habillement. 

(5) Cf. Revue d'hist. francisc.,t. IV, p. 449-452. 

(4) FODÉRÉ, p. 748, 752 et 760. 

(5) Chalon, GG 2. — En 1707, 1721 et 1753, le couventn'a pas ee 
mais seulement un supérieur (Saône-et-Loire, H 310; Chalon, BB 58: 
nombre des religieux devait être alors inférieur à douze. 


> 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 551 


Fodéré (1), suivi par le Minime Bertaut (2), s'est étendu à 
plaisir sur les mérites de ce prince, qu’il dit frère du roi de 
Portugal, Alphonse V, mort justement l'année de sa vêture. 
Des ambassadeurs de la cour lusitanienne seraient venus 
à Chalon pour offrir le trône vacant au prince cordelier ; 
les auteurs précités nous ont conservé le texte, en portu- 
gais, de la réponse que le frère Jean aurait faite à ses com- 
patriotes ; enfin, la mère du prince serait morte à Auxonne 
et aurait été inhumée aux Clarisses de cette ville. Le Jésuite 
Perry (3), faisant écho à Luc Wadding (4), n'a accepté 
la version de Fodéré qu'avec réserves ; plus près de nous, 
Pérusson, tout en admettant l’origine portugaise du reli- 
gieux, voit, dans les accessoires de sa légende, « une de 
ces fraudes pieuses, si communes dans quelques couvents 
du moyen âge, pour obtenir une certaine illustration et 
se recommander à la curiosité des voyageurs et surtout 
à la générosité des bonnes âmes » (5). 

Pierre Cusset a pris soin de relever l’épitaphe du Corde- 
lier et elle paraît assez exactement transcrite : « Aic jacet 
religiosus vir fraler loanes de Portugal, olim hujus con- 
ventus paler gardianus, qui obüit 14 junit anno Domini 
1525 ». Le même auteur ajoute que sur la dalle de marbre 
noir, où il a relevé ce texte, étaient gravées les armes de la 
maison royale de Portugal (6). 

Nous savons par ailleurs que le duc Philippe le Bon, 
après deux mariages infructueux, épousa, en 1429, Isabelle, 
fille de Jean I‘ de Portugal ; le frère de la duchesse, Pierre, 
duc de Coïmbre, étant mort au cours d’une lutte contre 
son neveu, Alphonse V, les enfants dudit Pierre — 
Jacques, Jean et Isabelle — furent recueillis par leur tante. 
Le premier vivait à la cour de Bourgogne en 1452 (7); 


(1) FODÉRÉ, p. 752-754. 

(2) Orbandale, t. 11, p. 159-170. 

(3) Perry, p. 294-295 ; cf. Légendaire d'Autun, par M. F.-E. PEQUEGNOT 
(Lyon, 1846 — Paris-Lyon, 1850, in-12),t. |, p. 500-502. 

(4) Annales, anno 1452, n° 46-48. 

(5) PéÉRUSSON, p. 19-34. 

(6) Orbandale, 1. 11, p. 170. 

(7) Côte-d'Or, B 4252-4233; d'autres Portugais s'y étaient également 
réfugiés : cf. B 4246, 4248 à 4253, 4484 et 11134. 


552 ., PIERRE BESNARD 


entré dans les Ordres et mort cardinal, il n’a pas dü laisser 
de descendance. Son frère jumeau, Jean, eut une carrière 
moins heureuse : placé à la tête des galées que Philippe le 
Bon et sa femme envoyèrent à Rhodes opérer contre les 
Turcs, il revint de cette expédition « inglorius » (1). 

Ce pourrait être lui qui après ses insuccès revêtit à 
Chalon le froc franciscain (2). Quant à la visite des ambas- 
sadeurs, suivie du refus de la couronne, rien n'empêche 
de la placer à la fin de 1495, après la mort de Jean Il, 
dont le fils légitime était précédé et dont le bâtard, pourtant 
légitimé, se vit évincer par son cousin Emmanuel (j). 

JEAN GAYET (4). — Parisien de naissance et théologien 
estimé, il fit profession au couvent de Chalon, qu'il quitta 
avant les troubles de la Réforme. Au début de 1562, il 
était gardien de Lyon, et, par mesure préventive, il ft 
enfouir la chässe et le chef de saint Bonaventure. Les 
huguenots se saisirent du P. Gayet et essayèrent, par h: 
détention dans son église et par la privation de nourriture, 
de lui arracher le secret de la cachette. Inébranlable dans 
sa résolution, le vaillant religieux tomba victime des sou 
dards chargés de le conduire à une nouvelle prison. 

JaAcQuES FoDÉRÉ. — Né à Bessans et profès de Myans 
(Savoie), docteur en théologie, fut gardien du couvent de 
Chalon(5). Le 16 juin 1584, François de Gonzague (6, lui 


(1) Chronique d’Adrien de Bur (éd. par le baron Kervyn de Lettenhove. 
Chroniques relatives à l'histoire de la Belgique, [t. 1], Bruxelles, 1870, 12- 
4, p. 259 et 279-280) ; cf. Mémoires d'Olivier de La Mancne, |, 20-22. 

(2) L'hypothèse de Fouque (op. cit., p. 555), en taveur de Jean-Emma- 
nuel, frère illégitime d'Alphonse V, ne paraît pas mériter d'être retenue. 

(3) Une vie de Jean de Portugal a été publiée par un de ses successeurs. 
le gardien Jean Goussier, sous le titre : Monument relevé à l'honneur du 
bienheureux F. Jean de Portugal {Lyon, Jean-Aimé Candy, 1642, in-4° : 
une autre vie ms.est conservée aux Archives de la Côte-d'Or (E. 1542). 

(4) Ainsi le nomment Picquer (p. 9-10) et le ms. Lyon 1422 (fol. 307) : le 
P. Bazin (Quelques remarques, p. 27 et suiv.) écrit Gayette; Fonéré(p. 59 
et 727) l'appelle Jacques Gayette ou Gaïette. 

(5) FoDérE l'affirme plusieurs fois (notamment, p. 1}, sans jamais spéci- 
fier de date ; ce ne peut être qu'entre 1584 et 1592. — L' « épistre » de #1 
Narration (ff. prél.n. c.) est signée Foudéré. Quelques bibliographes le pré 
nomment à tort Pierre-Jacques. Pour ses autres écrits, voir PapiLLON, 0P- 
cit.,t. |, p. 220. 

(6) Général des Frères Mineurs du 6 juin 1579 au 16 mai 1587, ensuitt 
évèque de Cefalu (Sicile), de Pavie et enfin de Mantoue, sa ville natale, € 
1593, mort cn 1620 à l’âge de 74 ans. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 553 


confie la mission de rechercher les éléments de l’histoire 


franciscaine dans la province de Saint-Bonaventure, à 


l'intention de la chronique générale de l’Ordre, qu'il se 
propose de rédiger (1); cette mission lui est réitérée par 
le même général le 12 avril suivant. Notre gardien prétend 
avoir envoyé son manuscrit à Rome par l'intermédiaire 
d'un religieux qui eut le malheur de choir accidentelle- 
ment dans une rivière; « le livre fut mouillé et non si tost 
seiché, qu'il fut tellement gasté que l’on n’y pouvoit lire 
qu’en devinant de trois mots l’un » (2). Heureusement 
Fodéré n'avait envoyé qu’une copie; ses « minutes » res- 
tèrent à Chalon et son manuscrit le suivit dans ses diverses 
résidences. C’est seulement après 1610 qu’il eut l'idée de 
publier son travail qui fut « achevé d'imprimer le dernier 
jour de février 1619 » (3). Deux raisons l'y déterminèrent : 
d'abord le prétendu plagiat de son confrère Claude Pic- 
quet : je dirai plus loin ce qu'il faut en penser ; ensuite le 
mauvais usage qu’auraient fait de ses recherches François 
de Gonzague et ses collaborateurs. Pour ceux-ci Fodéré 
manque totalement de mansuétude ; sans tenir compte de 
l'état dans lequel son manuscrit était parvenu au généra- 
lat, il reproche aux premiers annalistes de l'Ordre d’être 
. des étrangers « ignorant les noms des pays, des villes, des 
lieux, des seigneurs et de tout ce que les plus idiots de par 
decà scavent et cognoissent par la simple routine » (4). On 
ferait facilement un livre des incorrections de toute sorte 
qui émaillent presque à chaque page la Narration de 
Fodéré (5). 


(1) Publiée sous le titre : De origine seraphicae religionts franciscanae 
ejusque progressibus (Rome, 1587, in-fol.). 

(2) FoD£Ré, ff. prél. n. c. 

(3) Fonéré, p. 271. L'ouvrage de format in-4°, contient : titre, 11f.n. 
C., 1018 et272p.,14f.n. c. 

(4) Fopéré, ff. prél. n. c. Quelque exagérée que soit cette appréciation 
(cf, Hozzarrez, p. 522), il n'en reste pas moins que le De origine de Fran- 
çois de Gonzague ne mérite guère d'être retenu, en ce qui concerne l'an- 
ienne province de Saint-Bonaventure. 

(5) En 1604, Fodéré est au couvent de Villefranche (Rhône}, probable- 
ment gardien; provincial entre 1606 et 1610 ; Père de province en 1612- 
1616, il est gardien de Saint-Bonaventure à Lyon le 29 janvier 1619 et en 
1623 il est encore vivant (cf. ms. Lyon 1422, fol. 327 v°; J.-B. Bazin, 
Quelques remarques, p. 55). ) 


554 PIERRE BESNARD 


CLauDEe Picquer. — Natif et profès de Dijon, docteur en 
théologie, il arrive à Chalon, au début du xvu° siècle, en 
qualité de gardien ; il y trouve les minutes que son prédé- 
cesseur, Fodéré, avait laissées et l’idée lui vient de les uti- 
liser. En 1604, il se rend à Villefranche où réside son con- 
frère ; celui-ci communique son manuscrit et le P. Picquet 
croit pouvoir publier sa chronique latine, dont j'ai donné 
le titre au début de cette étude et dont la première édition 
est datée de 1610 (1). Elle eut le don de mettre en fureur 
le P. Fodéré ; pourtant les deux ouvrages ne se ressem- 
blent guère et les 200 pages in-8° de Picquet ne peuvent 
contenir toutes les matières renfermées dans les 1500 
pages in-4° de Fodéré. Si ce dernier, dans son avis « au 
lecteur » ne nomme pas son confrère, il ne se gêne pas de 
le faire dans la suite, à plusieurs reprises, et de facon peu 
bienveillante. Aujourd’hui que le recul permet de juger 
plus équitablement les deux œuvres, il est impossible de 
ne pas reconnaître que, sous une forme plus concise, celle 
de Claude Picquet est souvent préférable; s’il eût été con- 
scient de son insuffisante préparation historique, Fodéré 
aurait pu s'inspirer utilement du travail de son confrère 
pour émonder le sien de toutes les phrases inutiles. 
Claude Picquet, publiant en 1621 une « secunda editio 
aucta » n'eut aucune peine à répondre aux reproches de 
son verbeux confrère. 

François Leroux. — Né à Chagny (Saône-et-Loire) en 
1632, licencié (1670) puis docteur en théologie (2), novice 
du couvent d’Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or), profès de 
celui de Chalon, il en est une première fois gardien avant 
1672 ; ensuite lecteur de théologie au Grand Couvent de 
Paris, de nouveau gardien de Chalon, il passe à Dijon où 
il fonde une école de théologie ; par deux fois il exerce la 
charge de provincial : 1672-1675 et 1690-1693 (3). Grand 


(1) I étaitalors gardien du couvent de Romans (titre de son livre), ce qui 
explique l'impression à Tournon (Turnoni) ct non à Tours comme l'indi- 


quent fautivement quelques bibliographes. — L'ouvrage contient : titre, 11 
f.n. c.,202 p., 6 f.n. c.; pour ses autres écrits, cf. PapiLLon, op. cit., t. Il, 
p. 155. 


(2) La France Francisc., 1. 1®,p. 320. 
(3) J.-B. Bazin, Quelques remarques, p. 57-58; ANGLADE, p. 541, note 2. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 555 


bâtisseur, après avoir restauré le couvent de son noviciat, 
fondé celui de Notre-Dame-de-Grâce {1}, il reconstruit, ou 
du moins entreprendde reconstruire le couvent de Chalon, 
Honoré de l’amitié de Jean de Maupeou (2), l'évêque fré- 
quentait les Cordeliers et s'asseyait souvent à leur table (3). 
En 16906, il était premier Père de province et visiteur pro- 
vincial des Clarisses, en même temps que commissaire 
général de la province de France ; il mourut à Moulins le 
7 octobre 1696 (4), laissant quelques ouvrages de spiri- 
tualité. 


LISTE DES GARDIENS. 


Jean Tillot, Tilloti, 6 mai 1481 (5). 
Jean de Portugal, entre 1481 et 1525 (6). 


Nicolas Bruslé (7j. 
Didier Soufflard, 1535-1530 (3). 


(1) À Savigny-sur-Grosne (cant. Saint-Gengoux, Saône-et-Loire); cf. 
Saône-et-Loire, H 316 ; Aémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de 
Chalon, t. VII (1883, in-4°), p. 92-95. 

(2) Auménier du roi, doyen de Saint-Quentin, nommé à l'évêché de Cha- 
lon le 31 juillet 1658, sacré à Saint-Lazare de Paris le Yy mai 1660, mort en 
son palais épiscopal le 2 mai 1677, âgé de 54 ans, inhumé à la cathédrale, 
son cœur à la Visitation. 

(3) Magnificences de Rome à la canonisation des BB. Jean de Capistran 
et Paschal Bayion, par le P. J.-B, Bazin (Lyon, 1693, in-12), ff. prél. n. c. 

(4) Les PP. Ruffer et Lachère ont publié son éloge funèbre, le premier 
avec portrait {cf. Revue d'histoire franciscaine,t. LII, 1926, p. 499, note 2; 
PariLLon, op. cit.,t. Il, p. 218-219; cet auteur fait observer que la date de 
1697, imprimée sur le titre de l'Oraisun funèbre publiée par le P. Rurrier 
est fautive). 

(5) FonéRé, p. 752. 

(6; Cf. supra son épitaphe. 

(7) FoDéRÉ, p. 756. 

(8 Côte-d'or, D g9, fol. 189. — Profès de Tanlay (Yonne). deux fois 
Provincial : 1550-1555 et 1556-1539 (Bazin, Quelques remarques, p. 52; 
Cf. ANGLADE, p. 500, note 4). — Pierre de SaixCT-JuLIEN (op. cit., p. 485- 
486) admoneste sévèrement le gardien de 1548, sans toutefois le nommer ; 
ce religieux, lors de la réception d'Henri Il, prétendait haranguer le roi 
au nom du clergé chalonnais. Ne serait-ce pas au titre de théologal du 
Chapitre — dont Pierre de Saint-Julien était doyen — qu'il émettait cette 
Prétention ? 


556 PIERRE BESNARD 


Cocan, Cocanus, 1581 (1). 

Jacques Fodéré, 1584-1587 (?; cf. supra). 

Martin Valletier, décembre 1592, septembre 1594 (2). 
Claude Picquet, avant‘1610 (cf. supra). 

Jean Goussier (3). 

Antoine Vallier, 22 juin 1645, 29 novembre 1646 (4). 
Le même, 20 octobre 1661 (5). 

François Leroux (cf. supra). 

Chamereau, 1672 (6). 

François Leroux (cf. supra). 

François Brière, 20 septembre 1688 (7;. 

Pierre Delaporte, août-17 novembre 1690 (8). 
Simon Brière, août 1692 {g). 


François Lachère, 31 mai (10)-6 septembre 1696 (11). 


(1) Novice et profès de Chalon (FoDÉRÉ, p. 758, le dit« feu d’heureuse 
mémoire »). 

(2) À ces deux dates il est théologal du chapitre de la cathédrale 
(Perry, p. 376 et 385). — Profis de Beaune, docteur en théologie {Le 
France francisc., t. Ier, p. 318), provincial de 1588 à 1591 (Bazin, Quel- 
ques remarques, p. 54 ; ce même auteur, p. 38, le dit gardien de Saint- 
Bonaventure à Lyon, immédiatement après, ceci me paraît douteux); en 
janvier 1594, il est sûrement à Chalon : un rémouleur savoyard l'accoste 
sur le grand pont pour lui poser une question ... rabelaisienne (Chalon, 
FF 8). Le 25 juillet 1606, Valletier n’est pas encore au couvent de Beaune, 
mais peu après cette date, il en est gardien; il l'est de nouveau le 23 no- 
vembre 1611 lorsque le roi lui confère la prébende théologale de la Col- 
légiale, et, le 8 février 1615, le Chapitre beaunois, apprenant qu'il est 
mort la veille, décide d’assister en corps à ses obsèques au couvent de 
Beaune (Côte-d'Or, G 2516, fol. 3 v° et g v°; 2517, fol. 324; 2520, fol. 12, 
20, 39 v° et suiv., 395 vo). 

(3) Né à Dole, fondateur en 1624 et premier gardien du couvent de 
Louhans, ensuite gardien de Chalon, où il continue de résider, exerçant la 
charge de confesseur des Jacobines; mort à Chalon le 2 mars 1648, âgé 
de 65 ans (Ludovici Jacos [O. C. D.] De ciaris scriptoribus Cabilonensibus 
libri tres, Paris, 1632, in-4", p. 103-104; il est surprenant que cet auteur, 
pourtant sérieux, n'ait consacré aucune notice ni à Picquet, ni à Fodéré); 
cf. supra la biographie de Jean de Portugal due à Goussier. 


(4) Chalon, CC 170. — A la première de ces dates seulement, il s'in- 
titule définiteur provincial. 
(5) lbid. 


(6) Chalon, CC 99, f. 38. 

(7) Saône-et-Loire, H 308 et H suppl. 

(5) Saône-et-Loire, H suppl. 

(9) Bazin, Relation, p. 135. — Prètre, docteur en théologie. 

(10) Saone-et-Loire, H suppl. 

(11) Chalon, FF 100. — Né à Morlet (cant. Epinac, Saône-et-Loire), 
le 26 novembre 1660, prêtre, docteur en théologie, missionnaire au 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 557 


Jean-Baptiste Simonnot, 7 décembre 1697 (1). 

Simon Brière, 23 août 1699 (2) 23 août 1702 (3). 

Philippon, 12 juillet-20 décembre 1706 f4). 

Simon Brière, 8 mai 1710 (5). 

François Ruffier, 13 janvier 1711 (6). 

Bernardin Odin, 17 septembre 1711, 13 janvier 1714 (7. 

François Ruffier, 22 novembre 1-14 (8), 15 octobre-3 décem- 
bre 1717 (9), 17 juillet 1720 (10). 

Hugues-Antoine Arsan, 28 novembre 1720 (1 

François Ruffier, 12 juillet-24 octobre 1727 

A. Febvre, septembre 1736 (13). 

Guillardet, juin-décembre 1741 (14). 

Lazare-Vincent Boudry, 2-12 juillet 1753 (15). 


1). 
(12). 


Sénégal vers 1686-1690, détiniteur provincial en 1697-1699 (Revue d'his- 
toire franciscaine, t. III, p. 499. note 2; Chalon, FF 100), gardien de 
Dijon en 1721, mort daus cette ville le 20 mai 1734 (PariLLon, t. 1, p. 362 ; 
ANGLaDg, n° 23); en 1713. il supplée le gardien de Chalon (Saône-et- 
Loire, H 310, n° 64). 

(1) Saône-et-Loire, E 1472. 

(2) Chalon, FF 100. 

(3) Saône-et-Loire, H 310, n° 2. 

(4) Chalon, FF 100. — Bachelier de Sorbonne. 

(5) Saône-et-Loire, H suppl. 

(6) Saône-et-Loire, H 310, n° 59. — Né à Tournus vers 1660, licencié 
en théologie (1710) (La France francisc., t. 1, p. 331), docteur de Sor- 
bonne, gardien de Bar-sur-Aube en 1698 (Revue d'histoire franciscaine, 
t. [11, 1926, p. 499, note 2), religieux à Chalon le 2% août 1702 ‘Saônc- 
et-Loire, H 310, n° 2}et le 19 mai 1721 (tbid., n° 05). 

(7) Saône-et-Loire, H 310, n°* 57 à 731. — Bachelier de Sorbonne. reli- 
gieux à Chalon le 23 août 1702 (ibid., n° 2). 

(8) Saône-et-Loire, H 310, n° 60. 

(9) Chalon, FF 100. 

(10) Saône-et-Loire, H suppl. 

(11) Saône-et-Loire, H 310. — C'est probablement lui qui est « nouvel- 
lement profès » en 1702, âgé alors de 19 ans; sa mère, Bénigne Picardot, 
veuve de Claude Arsan, traiteur à Dijon, constitue, pour ses frais d’études, 
une pension de 100 livres annuelles, à payer pendant cinq ans (ibid.). 

(12) Chalon, FF 88. 

(13) Chalon, FF 100. 

(14) Archives de la Confrérie du Saint-Sacrement. 

(15) Chalon, BB 38 {non tol.). — Prêtre, bachelier en théologie, lecteur de 
théologie ; définiteur provincial et supérieur le 2% avril 1753 (bid.), pro- 
vincial de Saint-Bonaventure avant 1759 (Chalon, GG 2); élu, une seconde 
fois provincial, il adresse, aux gardiens et religieux de sa province, une 
lettre datée du couvent de Chalon, le 25 mai 1708 ‘impr. de 5 p., in-40, 
Chalon, fds. loc. 46, pièce 12); il est encore provincial le 20 juillet 1572 
(Chalon, GG 1)et ce doit ètre lui que l'abbé Bauzon it. 1, p. 238-239) 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINS, t. IV, 1027. 36 


558 PIERRE BESNARD 


Le même, 1759 (1). 
Alexis-François Caron, 20 juillet 1772 (2). 
Louis-François de La Terrade (3). 


LISTE DES RELIGIEUX. 


Sigismond -de Saint-Mauris (4). 

Pierre Alexandre, Alexandri (4). 

Jean Combet, 29 novembre 1646 (5). 

Paul Verdeau, vicaire; Rosignol, sacristain; Malladière, 
J.-B. Méririe, B. Bailly, Demoncel, Méroin, Lombard, Gaspard 
Gouton, 7 août 1651 (6). 

Bonaventure Blandenet (7). 

Henri Caron et Benoît Diner, août 1690 (8). 


appelle Baudry, toujours au couvent de Chalon en 1790, mais disparu peu 
après; les recherches entreprises le 26 septembre 1793 par le Comite de 
salut public ne parvinrent pas à le retrouver. 

(1) Chalon, GG 2. 

(2) Chalon, GG r. — Né à Luxcuil (Haute-Saône) le 8 octobre 1726; j'ai 
indiqué plus haut son rôle pendant la Révolution; le 29 janvier 1791 sa 
pension est fixée à 800 livres, qu'il touchait encore le 23 décembre 1797 
(Archives de Chalon postérieures à 1790, non inv.) ; en 1794 il avait subi 
une retenue motivée par sa détention momentanée ; le 28 août 1792 il prête 
le serment d'égalité et l'état de pension de décembre 1797 le dit non- 
rétracté et n'excrçant plus, mais nous savons par ailleurs qu’il fait quelques 
baptêmes en 1797 (Bauzon, t. I, p. 383), qu'il fut « caché par ses parois- 
siens pendant un moment de la Terreur » (tradition recueillie à Saint- 
Laurent par PéÉrusson, p. 61) et qu'il mourut à Chalon, dans la foi, le 
19 août 1799. 

(3) Né à Scey-sur-Saône (Haute-Saône) vers 1730, ilétait gardien en 1790; 
cette même année il est choisi comme aumônier de la garde nationale; sa 
pension est fixée comme celle du précédent. Le 20 septembre 1795, il 
déclare se retirer à Paris, mais le 5o avril 17394 il ne pouvait encore 
obtenir le visa de son certificat de civisme. [1 signait alors Laterrade et ne 
figure plus désormais aux états de pensions. 

(4) FODÉRÉ, p. 757. — Le premier était sans doute originaire de Saint- 
Maurice-cn-Rivière (cant. Saint-Martin-en-Bresse, Saône-et-Loire); quant 
au second c'est probablement le P. Alexandre, en considération de qui est 
fait le legs Syuty-Villargois (Livre d'or des donations pieuses ... chalon- 
naises, par Ch. Fairourt, Chalon, 1910, in-8°, p. 5). 

(5) Chalon, CC 1370. 

(6) Chalon, GG 2 ; quelques-uns de ces noms sont déformés à l’/nventatre 
imp. (p. 595 b). 

(7) Profès de Chalon, sacristain de Montbrison en octobre 1691 (Bazix, 
Relation, p. 111). 

(8) Saône-et-Loire, H suppl. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 559 


Hugues Vaché, prêtre, et Henri Rigollier, 17 novembre 
1690 (1). 

Claude Lebeuf, procureur et sacristain, août 1692 (2), 
20 août 1707 (3). 

J.-B. Lespée ou Lespié, vicaire, 6 septembre 1696 (4). 

Paul Vitte, mort le 22 août 1702 (5). 

Lancelot, vicaire, 23 août 1702-17 septembre 1711; discret, 
28 novembre 1713 (6). 

Vallon, procureur, et Guenepin, custode des custodes, 
23 août 1702 (6). 

Judey, 1704 (7). 

Goujon, 1705-1706 (8\. 

Petit, supérieur, et Tardif, lecteur, 20 août 1707 (6). 

Pierre Rigoley, discret, 20 août 1707, 17 septembre 1711 (6). 

Jean Lorin, mort en 1708 (9). 

Besuchet, vicaire, 26 janvier 1709 (6]. 

Combette, lecteur, 17 septembre 1711 (0). 

Valletat, mort le 23 septembre 1711 (6). 

C. Royer, discret, et Baïllard, lecteur, 28 novembre 1713 (6. 

Vitte, vicaire, 28 novembre-14 décembre 1713 (6;. | 

Hilaire Didon, mort le 18 mai 1719({10). 

Louis-César Lemaïitre, supérieur, 19 mai 1721 (6). 

Claude Poillot, mort le 11 mai 1733, âgé de 85 ans (6). 

Gaugla, vicaire ; Besuchet, Bérard. Brossard, J.-B. Brocard, 
Geliot, Viennot et Chesne, septembre 1736 (11). 


(1) Saône-et-Loire, H suppl. 

(2) Bazin, Relation, p. 156. 

(3) Saône-et-Loire, H 310, n° 36. 

(4) Chalon, FF 100. 

(5) Originaire de Chalon; sur sa famille ct. Fairour, op. cit., p. 36; le 
lendemain de son décès on trouve, dans sa chambre 983 livres et 6 
deniers (Saône-et-Loire, H 310, n° 2). 

(6) Saône-et-Loire, H 310. 

(7) Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur- 
Saône, t. XXII (1926-1927), p. 58. 

(8) 11 préche l'Avent et le Caréme à la cathédrale (Chalon, CC 113), mais 
1 n'est pas certain qu'il soit du couvent de Chalon. 

(9) Inhumé à Touranus, paroisse de La Madeleine {Archives de T'ournus, 
GG 150); il pouvait étre du couvent de Notre-Daime-de-Grace. 

(10) Mort à l'hotel-dieu de Beaune et inhumé au couvent de cette ville 
(Archives de la Société d'histoire et d’archéologie de Chalon, M 35). 
| (11) Chalon, FF 100; signatures inexactement transcrites à l'Inventaire 
imprimé (p. 368 b, note); l'un des signataires est docteur de Sorbonne, 
Sans qu'on puisse assurer si c'est Brocard ou Viennot, mais plus probable- 
ment Brocard. 


560 PIERRE BESNARD 


Desforges, septembre 1736 (1); vicaire, 28 avril-12 juil- 
let 1753 (2). 

Gauthier, discret, 28 avril 1753 (2). 

Parisot, discret, 28 avril 1753 ; prédicateur conventuel 
2-12 juillet 1753 (2). 

Tissier, définiteur, 2-12 juillet 1753 (2). 

G. Raffelin, secrétaire provincial, 20 juillet 1772 :3i. 

Nicolas Bourbon (4). 

Jean-Claude Boichot (5). 

Lesnès, Poidevé (6). 

Antoine Lafouge (71. 

Antoine Dallerey (8). 


(1) Cf. p. 559, n. 11. 

(2) Chalon, BB 38 (non fol.). 

(3) Chalon, GG 1. 

(4) Né à Grandvelle (cant. Scey-sur-Saône, Haute-Saône) le 21 juillet 1-32, 
pensionné comme ses confrères, figure pour la dernière fois à l'état du 
ir semestre de l'an V (1796-1707); le Comité de salut public le jugeait 
ainsi: « N'a pas accepté la Constitution, il estinvétéré d'aristocratie et de 
fanatisme ; il n'a point manifesté son attachement pour la Révolution ». 
Détenu un certain temps, comme je l'ai dit plus haut, il subit de ce fait une 
retenue sur sa pension et disparut après le 19 juin 1796. 

(5) Pensionné comme les précédents, ne figure plus sur aucun état après 
le 2° trimestre de 1793. 

(6) Ces deux religieux ne figurent sur aucun état de pension; ils sont 
encore au couvent lorsque le Comité de salut public enquête au sujet de la 
disparition de l’argcnterie, maison ne retrouve ensuite aucune trace de leur 
personne. 

(7) Né le 23 février 1745, non mentionné par l'abbé Bauzon, mais pour. 
tant pensionné à Chalon dès 1791 à raison de 1200 livres, chiffre réduit à 
800 en 1794; le 2 décembre 1792 il prête le serment d'égalité et le 
23 juin 1794il est inscrit comme prêtre démissionnaire; à la fin de la 
même année. il est qualifié curé et meurt à Chalon le 29 frimaire 
an VI (19 décembre 1797). 

(8) Ce Cordelier était profès de Bar-sur-Aube, mais il est à Chalon dès le 
5 avril 1791, âgé de 30 ans à peine, étant né le 27 août 1761. Il prête le 
serment à la Constitution civile du clergé, le 5 juin 1791, lors de son ins- 
tallation à un vicariat de la paroisse Saint-Jean-de-Maizel, il touche alors 
800 |. de traitement et 350 de pension. En 1703, il est curé de L'Aberge- 
ment-Sainte-Colombe, au traitement de 1200 livres, et l'année suivante, 
desservant d'Ouroux, moyennant 80e 1. ; il touche une dernière fois sa pen- 
sion le 22 septembre 1705. Il dut ensuite se rétracter ; au Concordat, il 
est nommé desservant de Saint-Maurice-en-Rivière. (Bauzon, t. I, p. 380). 

Quatre frères lais complétaient la communauté en 1790 : Pierre Poillère, 
âgé alors de 71 ans; Faton ou Fanton; Louis Silvant, né le 11 mars 1756, 
et Compain. Les deux premiers disparaissent aussitôt et ne figurent Sur 
aucun état de pensions ; Compain touche 100 livres le 16 tévrier 1791 et 
ne reparaît plus; quant à Silvant, il se maria, après avoir prété, le 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 561 


Ce que fut la vie intérieure du couvent chalonnais est 
difficile à préciser ; ñous devons constater toutefois que la 
conduite des religieux ne donna jamais l’occasion de scan- 
dale; du moins n'avons-nous rien trouvé à cet égard. Les 
plaintes adressées à l'évêque de Chalon, dans les dernières 
années du xvu° siècle, au sujet des religieux fréquentant 
les cabarets, ne visent pas expressément les Cordeliers(1}, 
etceux-ci, soucieux sans doute dé leur réputation, parais- 
sent avoir fait usage de l'édit de Louis XV, d'octobre 1716, 
interdisant les chansons diffamatoires à l'égard des reli- 
gleux mendiants (2). 

Non contents de se livrer au ministère habituel de leur 
Ordre, les Cordeliers chalonnais ouvraient dans leur cou- 
vent, dès le xvn° siècle, un collège de philosophie. En 1635, 
ils sollicitent à cet effet un subside des États réunis à 
Auxonne, pour les terres d'Outre-Saône, faisant valoir 
que leur école donne asile à quarante novices ou religieux, 
sans compter les séculiers (3). Un siècle plus tard, ce 
collège ne devait pas être moins florissant, puisque l'in- 
tendant de Bourgogne, Arnault de la Briffe, écritau maire, 
le 3 décembre 1732, que les Jésuites se plaignent de ce 
que les Cordeliers enseignent la philosophie à des fils de 
bourgeois et leur font soutenir des thèses publiques et 
imprimées. L’intendant invite le maire à demander aux 
Franciscains de quel droit ils se livrent à cet enseignement, 
lui rappelant que les prétentions de la Compagnie de 


28 août 1792, le serment d'égalité et, le 2 février 1799, celui de haine à la 
royauté ; sa pension fut fixée le 29 janvier 1791 à 300 livres; aux états de 
l'an VIII il est le seu! survivant des Cordeliers et l’année suivante 
(13 décembre 1800, son titre définitif de pension viagère est établi à 
50 francs. — En 1792, le curé de Saint-Laurent inhuimait un nomme 
Claude-Adrien Cybert, âgé de65 ans, qu'il qualifie « pensionnaire chez les 
Ci-devant Cordeliers » (Chalon, GG 45). 

(1) Saône-et-Loire, H 308. 

(2) Saône-et-Loire, H suppl. — 1l y a bien au fonds des Cordeliers de 
Chalon (Saône-et-Loire, H 5og) des pièces relatives à un malheureux 
égaré, le P. Jean Carpet, recueilli, le 9 janvier 1697, aux environs de 
Messey-sur-Grosne; maisil s'agit d'un évadé du couvent de Chambéry et 
ce devait étre un Conventuel et non un Observant. 

(3) Côte-d'Or, C 7493. 


562 PIERRE BESNARD 


Jésus sont justifiées par un arrêt rendu en sa faveur contre 
les Jacobins (1). 

J'ai dit plus haut tout ce que l’on sait de la Confrérie 
du Saint-Sacrement ; celle-ci n'eut certainement qu'une 
existence éphémère, la Confrérie eucharistique de la cathé- 
drale ayant toujours défendu âprement ses prérogatives et 
exercé un véritable monopole. Au xvn° siècle trois autres 
Confréries avaient leur siège à l'église des Cordeliers : 
celle des tailleurs érigée en la chapelle de « Nostre-Dame 
du Sépulchre » (2); celle de Saint-Claude, probablement 
à l’autel du saint (3); celle de Sainte-Reine, érigée le 
7 août 1651, à l’autel de Notre-Dame, dit l'autel privi- 


légié (4). 


Le marché passé, le 22 janvier 1451/52. avec Laurent 
Agnet — alias Lagnet — « masson demeurant à Mascon » 
stipulait que la construction serait faite au prix de « six 
francs et demi de la toise de l'église, comprises toutes 
tailles, et six francs pour le dortoir ». Celui-ci devait être 
édifié le premier et terminé « deans la fin du mois d'octo- 
bre et ladite église le plus brief que faire se pourra », s'en- 
gageant ledit maçon à amener pour cela trois compagnons : 
Jehan Bernard, Perrin Moisey et Jehan Poussin. Les 
fondations devaient avoir quatre pieds de large jusqu'au 
pavement ; au-dessus un soubassement de quatre ou cinq 
pieds de haut, « en bonnes tailles de demi pied » ; le sur- 
plus, en murs de trois pieds d'épaisseur, en « bonne pierre 
non gellisse, et la taille sera des meilleures pierres ... mas- 


sonnez de bonne chaulx et sablon et rechez tout le dehors 


et enduiz tout le dedens ». 
Le traité détaille en outre tous les ouvrages à faire : 
« murailles des cloistres, huisseries, fenestres, voirières, 


(1) Chalon, GG 47. 

(2) Saône-et-Loire, H 306 et 311. 

(3) Journal de Noë Lacroix (éd. cit., p. 33): Farrour, op. cit. p. 16. 

(4) Fondée par Antoine Girard, sergent général, et Jacques Besullier. 
sculpteur (Chalon, GG 2). 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 563 


vosthes, entablenrent, enchaplement, cheminée de la cui- 
sine, lavouers, jubez, confessement, piscines, chauffrain, 
autel ». L'église devait être éclairée de dix verrières doubles 
« en la façon de celles de l'église de Dole », plus quatre 
fenêtres basses et grillagées « pour oyr les confes- 
sions des femmes ». Pour le dortoir, on prévoyait de 24 à 
26 fenêtres. Ce marché est muet sur la question de char- 
pente et il semble bien que le plan primitif devait com- 
porter une église entièrement voûtée ; Je ne puis expliquer 
autrement la prescription relative à « sept ogives (1) faites 
et revestues de bonne et belle taille … dessus de bons et 
gros quartiers qui traverseront l’espesseur de ladite ogive 
et pourteront l’ung sur l'autre afin que l'eaue ne puisse 
entrer ». Le marché mentionne également les « vosthes 
tenant les liernes du cloistre » (2). 

On verra plus loin que le sanctuaire seul fut voûté; la 
nef était couverte d'une charpente, lambrissée sur aisse- 
liers en arc brisé, dont Marcel Canat a proposé naguère 
d'attribuer le mérite à « Gauthier Ménestrier, maistre des 
œuvres de charpenterie de Monseigneur le duc en son 
pays de Bourgongne » (3). 

Un avocat de Chalon, Émile Pérusson (4), nous a laissé 
une description précieuse, écrite à la veille de la démoli- 
tion ; grâce à elle nous pouvons, avec le secours de quelques 
documents secondaires, nous représenter cette église. 
Elle était liturgiquement orientée et était formée d'une nef 
longue d’environ 56 mètres et large de 12 m. 60, à l'inté- 
rieur des murs; son plan était rectangulaire, sans tran- 
sept, avec abside à trois pans. Le mur du nord était ren- 
forcé de huit contreforts entre lesquels étaient percées 
« quatre lourdes fenêtres ogivales et... une cinquième à 


(1) A cette époque le terme désigne sûrement la croisée d'ogives et non 
l'arc brisé. 

(2) Saône-et-Loire, E 1087, ff. 68-70.— A la suite du compte de paiement 
du 10 décembre 1457 (Saône-er-Loire, E 1141, fol. 195 nouv.), Laurent Agnet 
souscrivait un nouvel engagement pour le« prix de sept francs la toise et 
jusques à la somme de deux cens francs à lui payez ». 

(3) Note sur les maitres des œuvres des ducs de Bourgogne, dans Bulletin 
monumental, 3° série, t. | (1855), p. 20 (note 1) et 48. 

(4) PérusSoN, p. 49-60. 


564 PIERRE BESNARD 


plein cintre (1) ». Dans le mur méridional quatre arcades 
donnaient entrée a un même nombre de chapelles ados- 
sées au cloître; « le fond de ces chapelles était éclairé par 
des ouvertures cintrées, plus longues que hautes, prati- 
quées dans le mur qui soutient le cloitre central ». 

La façade, qui n'était précédée d'aucun porche, était 
« terminée par un pignon démesurément pointu, plus haut 
que sa base ». Les pieds droits de cette facade n'ayant 
guère plus de huit mètres de hauteur, si l’on suppose que 
la partie triangulaire mesurait environ quinze mètres, la 
hauteur totale, à l'intérieur de la nef, pouvait atteindre 
vingt mètres (2). La porte occupait au centre une largeur 
de quatre mètres divisée en deux vantaux par un pilier 
soutenant le linteau d’un tympan en arc brisé. Super- 
posée au tympan, dont lé sculpture n'était pas parvenue 
jusqu'au xix' siècle, s'ouvrait une baie à quatre lanceties 
surmontées de « nervures en trèfle. Au-dessus de cette 
fenêtre .… un médaillon recouvert d’un petit fronton cintré, 
et, par dessus ce médaillon, deux autres plus petites 
fenêtres, simples, cintrées, séparées seulement par un pied 
droit, .… destinées à éclairer les combles ». 

En 1842, cette facade était « couverte d'une fresque 
représentant un calvaire ; ... elle a été cachée sous une 
couche de mortier qui, tombée en plusieurs endroits, 
laisse apercevoir encore quelques parties d'un bon dessin, 
telles qu’un des larrons presque entier (3) et particulière- 
ment la tête magnifique, mais déplorablement maltraitée, 
d'une mère de douleur ». Cette description sommaire se 


(r\ Je cite entre guillemets les affirmations de Pérusson qui ne sont plus 
contrôlables. 

(2) C'est la mesure donnée par l'abbé CouRTéPée (Description ... de 
Bourgogne, 1. IV, Dijon, 1779, in-8°, p.492 = 2° éd., t. II, Dijon, 1848, 
in-80, p. 231). Les autres dimensions indiquées par cet auteur sont plutôt 
inexactes, 

(3) Bien que l'absence de tablette au sommet de la croix ne soit pas 
une preuve certaine {cf. Revue de l'art chrétien, 1907, p. 1632), il semble 
que l'unique croix dominant la scène est celle d'un larron figuré avec une 
seule jambe, pour indiquer peut-etre que l’autre a été rompue. Au dessous 
on n'apercevait plus que les bustes des disciples fidèles entourant la 
Vierge ; celle-ci pouvait soutenir sur ses genoux les épaules et la tête du 
Christ étendu à terre. 


TA 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 565 


RIRE à 


Façade de l'eglise de Chalon-sur-Saône. 
D'après un relevé dressé vers 1842 (Archives de la Société d'histoire et d'archéologte de Chalon, S 18). 


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566 PIERRE BESNARD 


trouve heureusement complétée par un précieux relevé dû 
à l'initiative de Marcel Canat (1). 

De chaque côté de la porte, deux grands panneaux, 
mesurant chacun 6 m. 30 sur 4 m. 50, étaient ornés d'une 
scène, dont celle de gauche, seule, a retenu l'attention de 
Pérusson. La scène de droite, également mutilée à la base, 
peut néanmoins s'identifier; c’est celle du crucifix mira- 
culeux de Saint-Damien, de la bouche duquel partait un 
rayon dirigé vers la tête de saint François agenouillé ; sur 
ce rayon, le dessinateur a pu lire: Vide(2), Francisce, 
repara domum meam quae labitur. Une baie, figurée dans 
un angle du tableau, s’ouvre sur un coin de place publique: 
au-dessus une église, inclinée totalement sur sa base, 
paraît prête à s'écrouler; le style des édifices permet d'as- 
surer que ces fresques étaient postérieures d'un demi- 
siècle au moins à la construction. Dans les écoincons du 
tympan, deux groupes d'anges chantants tenaient des phy- 
lactères avec légendes, dont quatre lettres seulement 
(ALIX ?) ont pu être relevées. 

La nef de l'église était simplement recouverte d'une 
charpente apparente, dont les entraits portaient sur les 
murs gouttereaux ; le chœur était voûté : disposition ana- 
logue à celle de l'église des Carmes, sa contemporaine, 
qui existe encore quoique fort mutilée (3). Toutefois la 
charpente des Cordeliers présentait une particularité sin- 
gulière et unique je crois. Pérusson nous assure que du 
milieu des entraits « partent des piliers, ou aiguilles, qui 
s'élèvent en s'inclinant jusqu'au sommet de la voûte, d'où 
elles sont prolongées d’une autre petite aiguille perpen- 
diculaire qui monte jusqu'au faîtage ». Ces poinçons, 
placés comme les jambages d’un grand A, sont déjà suf- 
fisamment anormaux, ils le deviennent davantage lorsque 
le même auteur ajoute : « Nous disons que ces aiguilles 


(:) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie, S 18. — Aucune 
indication ne figurait sur le dessin ; la personne qui a classé ces archives en 
1916, n’a pas hésité un seul instant à l'identifier, en se référant tant à la 
description de Pérusson, qu’au procès-verbal de la séance tenue par la 
Société le 19 juin 1845. 

(2) Il y avait plus probablement: Vade. 

(3) Rue de Lyon, n° 4. 


APN NN MUR UE 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 567 


vont en s'inclinant, et en effet … elles font .… un angle qui 
augmente d’inclinaison à mesure que l'aiguille est plus 
éloignée de l'entrée ». Il est regrettable qu'un relevé de 
cette charpente n'ait pas été dressé, avant sa destruction 
par le génie militaire en 1844-1845. Au-dessus de l'entrée 
du sanctuaire, on vovait encore, en 1842, l’amorce d'une 
flèche qui, dépouillée de ses plombs pendant la Révolu- 
tion, avait fini par s’écrouler. | 
Tous ces bois avaient reçu une décoration peinte qui se 
prolongeait en descendant sur les murs. Du côté nord, 
près de l’entrée, une de ces peintures, ou tout au moins la 
partie supérieure exécutée sur le lambris de la charpente (1), 
avait survécu à l'orage révolutionnaire et Pérusson la décrit 
ainsi : « Au milieu d’une espèce de dais soutenu par deux 
colonnes d’un genre composite, on voit deux figures de 
grandeur naturelle représentant un roi et une reine … 
revêtus de leurs plus riches ornements et la couronne en 
tête. La reine .. lève les mains au ciel dans l'attitude de la 
prière. Le roi lève une de ses mains de la même manière, 
tandis qu'il tient une espèce de sceptre de l'autre... Au- 
dessous de l’entablement du dais est un cercle flamboyant. 
Un peu au-dessus de celui-ci, entre les deux personnages, 
un autre petit cercle lumineux projette de toutes parts des 
rayons éclatants et divins (2); plus inférieurement encore, 
une grande couronne, aussi flamboyante, recoit la projec- 
tion de ces rayons, qui la traversent pour se répandre sur 


(1) Lors de la démolition, les planchettes peintes formant la voussure 
furent recueillies et déposées à la Bibliothèque publique ; elles ÿ étaient 
encore en 1860. L'abbé Bucnior en fit le sujet d'une communication à la 
Société d'histoire et d'archéologie (procès-verbal du 9 août 1860); Gustave 
Mircor, déjà bibliothécaire à cette date, ne fait aucune mention de ces 
précieux vestiges dans sa Notice sur la PNA (Catalogue impr.,t. IV, 
Chalon, 1905, in-8°, p. 275-303). 

(2) Le Christ et la Vierge, tous deux couronnés, président pareillement 
la scène du Jugement dans la fresque du Campo sanlo de Pise, attribuée 
à Andrea Orcagna ; le frère Max Schmalzl, C. S. R., a rénové le même 
thème, à la fin du siècle dernier, pour les éditions liturgiques de Ratis- 
bonne. Sur le thème de la Vierge assise au Jugement dernier, cf. MäLr, 
Op. Cit., p. 457. Quant aux deux auréoles tlamboyantes, elles entouraient 
vraisemblablement l'effigie ou le symbole de Dieu le Père et du Saint- 
Esprit : une disposition analogue se voit sur une adoration des Mages 
d'Antonio Vivarini, au musée de Berlin. 


568 PIERRE BESNARD 


une multitude debienheureux,d’anges etd'archanges rangés 
en cercle. Enfin, tout à fait dans le bas, on lit une devise 
latine en lettres gothiques, avec forces (sic) abréviations, 
inscrite sur un grand ruban ondulé et circulaire. Voilà ce 
que nous avons pu déchiffrer de cette devise : Sanctus 
[sanucitus, sanctus] Deus, sanctus, sanctus, sanctus Dominus 
Deus sabaot; sanctus Deus, sanctus fortis, sanctus et immor- 
talis, salus Deo aeterno ». 

La scène ainsi décrite ne peut être qu'une figuration du 
Jugement dernier, ceci est confirmé par les témoignages du 
P. Picquet et de Pierre Cusset. Tous deux nous appren- 
nent que cette fresque contenait l'effigie du frère Jean de 
Portugal et que ce portrait avait été peint de son vivant, 
ce qui ne me parait pas impossible (1). 

Les quatre chapelles du flanc méridional furent cons- 
truites de 1474 à novembre 1478. Fodéré ajoute que le 
fondateur de la première avait fait mettre son blason « à 
la clef de voûte et aux vitres (2) ». Pierre Palliot (3) nous 
apprend d'autre part que l'on voyait les armes (4) d'un 
membre de la famille de Rayne — alias de Reyne — à 
l'autel des Trois-Rois (5), :t que ce bienfaiteur — proba- 
blement Philippe, chätelain de Saint-Laurent (6) — était 
« représenté à une des fermetures du retable, dans un 
tableau dela Nativité de Nostre Seigneur .… et sa femme... 
à l'autre fermeture dans un tableau de la Purification de 
la Vierge ». 


(1) « Pictura insignis exprimens tum coelestis Hierusalem gaudia, cum 
formidabilem judicii extremi diem. Hanc efhnxisse aliqui arbitrantur 
V. P. F. Joannem a Portugailia : ...in cujus rei ftidem illic ad vivum 
depictum dicunt ». (PicquerT, p. 61: cf. Orbandale, t. 11, p. 170). 

(2) FODÉRÉ, p. 751. 

(5\ La vraye et parfaite science des armoiries (Dijon-Parie, 1600 = réimpr. 
Paris, 1895, in-fol.), p. 677. 

(4) Ces armes peu communes étaient : « d'azur à cinq pals retraits en 
tranché d'or, écartelé d'or à cinq pals cométés de gueules ». On les retrouve 
au cloitre de la cathédrale écartelées de plusieurs façons. 

(5) Autel de Notre-Dame-de-Consolation, surnommé ainsi à raison de- 
son retable, comme on le verra un peu plus loin. 

(6) Les 28 juillet et 5 août 1462, il est témoin à l'acte d'affranchissement 
des mainmortables du prieuré de Saint-Marcel-lès-Chalon (Côte-d'Or, 
B 11479; ct. B 11833 et Saône-et-Loire, E 761). l 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 569 


En 1842, Pérusson (1) distinguait encore dans ces cha- 
pelles « quelques restes de sculptures, .… tels que les ani- 
maux symboliques des évangélistes, les clefs de voûtes, … 
les armoiries de personnes inconnues » ; il signale en face, 
le long du mur septentrional, « les autels de Saint-Landry 
et de Sainte-Reine, après lesquels venait la chaire à pré- 
cher, placée à peu près au centre ». 

Le P. Fodéré attribue à Jean de Portugal un certain 
nombre d’embellissements et de libéralités : « Il fit faire 
un grand calice avec ses choppinettes, le tout d'argent doré; 
un beau cyboire, deux chandeliers, un encensoir avec sa 
navette, le tout aussi d'argent; ... des beaux grands piliers 
qui portent les courtines à l'entour du grand autel, portans 
au-dessus des anges, le tout de cuivre de Cypre (2). Aussi 
un beau pulpitre de mesme estoffe, dessus iequel estoit 
une grande aigle pour tenir les Évangiles … 11 meubla 
la sacristie de fort riches chappes, chasubles et autres 
ornements d'église, le tout de drap de soye avec les offroys 
et parements de fine broderie … il décora le grand autel 
et la plus part des chappelles de très excellens ta- 
bleaux {3}, car il fit venir un sculpteur de Dijon, qui fit 
celuy du grand autel, représentant tous les mystères de la 
Passion en personnages de relief, d'une sculpture, doreure 
et peincture rare et singulière (4) ; .… un des plus excellens 
peintres de Flandres, pour faire les tableaux des chap- 
pelles, en plâtre, peinture .… Cceluv de la chappelle Saint- 
Antoine, près de l'entrée du chœur, représente Nostre 
Dame de Pitié; celuy de la chapelle dédiée à Nostre Dame 
de Consolation et aux Saints Paul et Bernardin, repré- 
sente l’adoration des trois Roys (5). A l'autre chappelle 
un très excellent tableau à l'honneur dudit saint Jean (6) ». 


(1) PÉRUSSON, p. 52-53. 

(2) Cf. Camille EnLarrt, Manuel d'archéologie francaise, 1°. partie, t. Î 
(Paris, 1902, in-8°), p. 743-746 = 2° éd. (1919-1920), p. 847-850. 

(3) Lire : retables. 

(4) On a vu plus haut que ce retable fut brisé par les réformés en 1562; 
au retour des religieux, il fut juge irréparable et remplacé par celui de la 
chapelle Saint-Jean (FovËRrÉ, p. 755). 

(5) C’est celui où figurait l'effigie et les armes de la famille de Rayne. 

(6) FODÉRÉ, p. 754-755. 


570 PIERRE BESNARD 


Du couvent primitif, il ne reste que la description som- 
maire de Perry: « Le cloistre, dit-il, est agréable, plus long 
que large, lambris{sjJé en berceau comme l'église et d'un 
pareil bois. La sacristie, le chapitre, la dépense, le réfec- 
toire et la cuisine sont ..… au levant. Le dortoir est au- 
dessus … et, afin qu’il ne manquast rien, ..… on fit sur le 
cloistre du costé de midy une grande bibliothèque sup- 
portée de deux voûtes, dans laquelle on entre depuis le 
milieu du dortoir. Elle estoit meublée de pupitres de 
chesne, et ornée de divers tableaux, et assortie de quantité 
de bons et excellens livres » (1). 

La relation ampoulée du P. Bazin, n'est pas, je crois, le 
seul souvenir parvenu jusqu’à nous des fêtes de 1692. On 
a lu plus haut que les deux nouveaux saints figuraient 
« au naturel » (2) dans la décoration du sanctuaire ; il faut 
entendre par là des statues et non des peintures. Or ces 
statues je crois pouvoir les identifier au cloître de la cathé- 
drale (3). Les reproductions qui accompagnent cette étude 
me dispensent d'une longue description : le religieux qui 
brandit le poing fermé est saint Jean de Capistran tenant 
son étendard, dont la hampe trop fragile n'a pu résister 
aux injures du temps et des hommes ; l’autre ne peut être 
que saint Pascal Baylon, exhortant les foules à l’adoration 
du Saint-Sacrement. Voici d'autre part la statue à peu près 


(1) PERRY, p. 284. — PIcQuer (p. 61} et FopéRé (p. 756) nous apprennent 
que l'aile méridionale construite par le gardien Bruslé fut rasée en 1544, 
pour l'établissement du rempart, sur l'ordre du gouverneur de Bourgogne, 
Claude de Lorraine, duc de Guise, et reconstruite peu après, un peu plus 
au nord, à l'aide des liberalités du même gouverneur. Picquet désigne ce 
bâtiment sous le nom de cubicula hospitum ; c'est postérieurement sans 
doute que la bibliothèque y fut installée. — À la-suite de l'inondation de 
1602, la ville accorde aux religieux, le 16 juillet 1606, une aumône excep- 
tionnelle de 20 livres pour la réfection du mur du verger (Chalon, CC 94, 
fol. 6g). 

(2) Sous la plume du P. Bazin, cette expression désigne de toute évidence 
des œuvres en ronde bosse (cf. Relation, p. 18, 30, 102 et 120; p.48 il 
s'exprime tout autrement pour décrire des peintures). 

(3) Retrouvées en 1908 à l'ancienne maison décanale (aujourd'hui pres- 
bytère) par l’abbé Mugnier, alors curé de la cathédrale ; malgré leur muti- 
lation, elles méritaient d'être conservées et mises en valeur; grâce au 
judicieux restaurateur du doyenné, elles ornent aujourd'hui l’aile du 
cloitre dénommée communément chapelle des œuvres. 


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LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 571 


intacte de sainte Claire d'Assise élevant la custode pour 
mettre Îles assiégeants en fuite; enfin la quatrième, au 
costume qui n’a rien de franciscain, la tête nue et les 
cheveux épars, coiffée encore d’un fragment de diadème (1), 
c'est sainte Reine d'’Alise, dont le sculpteur Jacques 
Besullier avait tenu à confier aux Cordeliers chalonnais la 
statue qu'il avait taillée, et la confrérie qu’il avait fondée. 

Cet artiste nous est connu par quelques œuvres conser- 
vées à l’église de Santenay et à Saint-Pierre de Chalon (2). 
Un document très précieux nous apprend qu'il travaillait 
le bois etque les avocats chalonnais lui commandèrent en 
1666 une statue de saint Yves, livrée en 1672, et qu’un 
frère-lai des Carmes recouvrit de dorure (3). Le même 
frère Jean a pu dorer aussi les statues des Cordeliers ; 
l'état dans lequel elles ont été retrouvées permet de le 
supposer (4). 

Par deux fois, l’auteur de la relation des fêtes de 1692 
insiste sur les grands travaux exécutés à l’instigation du 
P. Leroux. La première fois, il lui attribue « des décora- 
tions magnifiques à l’église », le relèvement du cloître et 
des bâtiments ruinés, la construction d’un double dor- 
toir et d’un « grand pavillon qui renferme la plus belle 
bibliothèque de la province, la mieux ornée de sculpture 
et de menuiserie, et surtout la mieux garnie de bons 


(1, Sainte Reine d'Alise est tigurée avec une « couronne royale à cause de 
son nom » (Zraité d'iconographie chrétienne, par Mgr. X. BaRBieR DE 
MoxrTauLr, t. [l, nouv. éd., Paris, 1900, in-8°, p. 408 ; cf. CAHIER, Op. cit., 
p.243b; Fragments d'histoire metallique, par J. de FonTENAY, Autun, 1847, 
in-8°, p. 180-181 et pl. XIII, fig. 12). 

(2) Cf. Congrès archeologique de France, 1852 {Paris, 1853.in-8c), p. 146 
et suiv., 555 et suiv. 

(5} Mémoires de la Sociclé d'histoire et d'archéologie de Chalon, 1. V 
‘Chalon, 1866-1872, in-4°), p. ‘194. — Jacques Besullier, tils d'un vigneron 
de Santcnay (cant. Nolay, Côte-d'Or}, épousa Maric-Philiberte Volant, 
éont il eut un fils, Henri-Nicolas, marié. a Melun le 4 septembre 1702, à 
Marie Beaugé (Revue des Sociétés savantes, 5e série, t. IV, Paris, 1872”, 
in-8°, p. 496). Henri fut également sculpteur {Chalon, CC 130), ainsi que 
Claude, probablement son tils (Saône-et-Loire, F 591). Jacques Besullier a 
pu être élève du dijonnais Jean Dubois, mort en 1664. 

(4) Ces statues sont en bois de chène et mesurent 1 m. 65 de hauteur 
(moyenne) ; en 1908 elles étaient encore recouvertes d'un enduit propice à 
recevoir la dorure, 


572 PIERRE BESNARD 


livres (1) ». La seconde, il spécifie que le couvent a été 
relevé par lui « depuis trente ans », c’est-à-dire de 1660 à 
1690 environ (2). Ceci, confirmé par quelques documents 
d'archives (3), contredit l’assertion erronée de Courtépée, 
reproduite par Pérusson, attribuant la restauration du 
couvent aux gardiens Ruffer et Guillardet; ceux-ci, de 
même que leur confrère Boudry, ont pu parachever 
l'œuvre au xvi® siècle, mais la plus grande partie des 
bâtiments qui subsistent encore, datent de la fin du siècle 
précédent. 

Pérusson (4) qui les visita, voici plus de quatre-vingts 
ans, avant leur complète transformation, en donne la des- 
cription suivante : Le couvent « se compose. d’un corps 
central, flanqué de deux ailes communiquant entr'elles 
par une vaste galerie voûtée, .… ou cloître, ..…. composée de 
neuf arcades sur chaque corps de bâtiment (5)... L'aile 


(1) Bazin, Afaguificences, ff. prél. n. c. — Une mention fautive du Cata- 
logue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France ferait 
croire que le ms. Chalon 24 provient des Cordeliers, alors qu’en réalitéil a 
appartenu à la bibliothèque des Minimes (Minimorum). Par contre la 
bibliothèque de Chalon conserve quelques imprimés, d'intérêt médiocre, 
portant l’ex-libris ms. suivant au recto du titre : « Ex bibliotheca ff. mino- 
rum Cabilonens », suivi d’une cote composée d’une lettre et d'un nombre; 
au verso du titre et d'une écriture plus recente : « Ce livre est de la biblio- 
thèéque des Pères Cordeliers du couvent de Chalon-sur-Saône, 1733 », suivi 
seulement de la lettre de série. — Une ordonnance du définitoire provin- 
cial prescrivait, en 1608, la centralisation, au couvent de Dijon, de toutes 
les archives des couvents de la province de Saint-Bonaventure (Ms. Lyon 
1422,fol. 152 v0), mais il semble bier que les religieux ds Chalon restèrent 
insensibles à cette décision; ceci me parait établi par l'absence totale de 
documents chalonnais à l'inventaire des archives provinciales, dressé entre 
1729 et1732 (ANGLADE, p. 498}, et par la richesse du fonds des Cordeliers 
de Chalon, actucilement aux grchives de Saône-et-Loire. 

(2) Bazin, Relation, p. 132. 

(3) Saône-et-Loire, H 30% à 311. 

«4) Pages 43-40. 

(5) Pérussox commet ici une légère inexactitude : il y avait bien, à l'aile 
centrale, neuf arcades (groupées par trois, chaque groupe séparé par un 
pilier plus fort), mais les ailes latérales ne comptent en réalité que huit 
travées chacune (en deux groupes de quatre). [l existe, il est vrai, a l'extré- 
mité de ces deux ailes, une neuvième travée, mais elle est située en dehors 
des pavillons d'angle et la curieuse vue d'optique, conservée aux Archives 
de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon (S suppl.). prouve quil 
s'agit en réalité des travées d'angle d'une quatrième aile, projetée au sud, 
mais jamais édifiée. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 573 


centrale était distinguée des deux autres par un fronton 
cintré de la largeur de trois arcades (1)... La facade d’en- 
trée .…. est décorée d’une jolie porte rustique, couronnée 
d’une attique avec niche. Cette porte donne entrée dans 
un vestibule carré dont la voûte rayonnante est fort 
belle .. Au milieu de l'aile droite se trouve un fort bel 
escalier dont le palier supérieur est soutenu par une plate 
bande figurant deux arcades en pendentif. Deux autres 
arcades en pendentif servaient à l'éclairer. A droite et à 
gauche de l'escalier sont trois grandes pièces élégamment 
voûtées (2)... L'’étage supérieur de cette aile était divisé 
en chambres ou cellules, séparées par un long corridor 
lambrissé en berceau de bois de chesne, comme l'église (3). 

« Vis-à-vis le vestibule d’entrée, on enfile le cloître de 
l'aile centrale, qui ne forme, au premier étage, qu’une 
longue galerie de communication entre les ailes latérales … 
Le cloître de l'aile gauche ... dessert d’abord une salle 
voûtée ... qui a servi de sacristie. L’extrémité nord de ce 
cloître communiquait avec l'église par une grande porte 
cintrée... Après l’ancienne sacristie, vient un escalier 
semblable à celui de l'aile droite. Depuis le palier de l’es- 
calier on entre dans un petit corridor, qui à gauche donne 
sur une chambre, ancienne salle du chapitre ..… Le fond du 
corridor conduit à l’ancien réfectoire, .… belle salle riche- 
ment voûtée avec ornements de plâtre ... La cuisine 
aussi … voûtée … vient après le réfectoire … Toutes les 
portes du rez-de-chaussée présentent un emploi remar- 
quable de l’ordre toscan et sont vraiment les parties les 
plus soignées de la reconstruction. Le premier étage de 


(1) Cette aile fut démolie en 1844, mais la galerie inférieure du cloitre a 
été conservée et existe encore ; ce cloître est à voûtes d’arètes, supportées 
par des piliers de plan carré ou rectangulaire terminés par une simple 
imposte et renforcés de contreforts peu saillants. 

(2) Un état de lieux, rédigé en 1790, nous apprend qu'il y avait dans 
cette aile occidentale, au rez-de-chaussée: le parloir, une salle et quatre 
Chambres ; au premier étage : quatre chambres, la bibliothèque et un dor- 
loir; au second étage, éclairé par des lucarnes: six chambres et des 
galetas. 

(3) C'est Pérusson qui souligne; à tort il voyait là un vestige ou un 
remploi des bâtiments primitifs. En réalité ce couloir était plafonné d'un 
lambris en anse de panier (cf. Saône-et-Loire, H 510, n° 126). 


Revus D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 37 


- 74 PIERRE BESNARD 


cette aile était également composé de chambres ou cel- 
lules, desservies dans toute la longueur par un corridor 
lambrissé. comme celui de l’aile opposée » (1). 

Nous sommes mal renseignés sur les répercussions 
financières de ces travaux importants. Nous savons seu- 
lement que la ville accorda une subvention de 1000 livres 
pour la réfection des murs de clôture et que le Père tem- 
porel donnait des acomptes, en 1696, à Jean Alanor, 
maçon, et au tailleur de pierres, Lenoir. En 1727, le 
règlement final n’était pas encore intervenu (2). 

Quant aux « décorations magnifiques à l’église », dont 
parle le chroniqueur de 1692, il s’agit sans doute des mor- 
tiers et badigeons, qui dissimulèrent les anciennes pein- 
tures, et aussi d'une « jolie tribune, .… placée à l’entrée de 
l'église. Elle se composait de trois arcades surbaïssées, 
avec pilastres et entablement d'ordre ionique. (Cette 
tribune était ornée d'une belle balustrade en bois, dont 
— ajoute Pérusson — on retrouve encore [en 1842] les 
fragments dans les greniers (3) ». En 1790, on comptait 
quatre chapelles et huit autels, v compris l’autel parois- 
sial ; l'autel majeur était de pierre polie, à la romaine, 
comme celui de la cathédrale. Je ne retrouve pas trace 
« d'une Immaculée Conception de sept pieds de haut » 
que Guillaume Boichot aurait peinte pour les Cordeliers 
(Guillaume Boichot, 1735-1814, par Jules GuiLLemi, 
Chalon, 1868, in-4°, p. 17). L'esquisse conservée au Musée 
Denon (n° 83) parait être un avant-projet de ce tableau. 

Cette campagne de construction ne pouvait manquer 
de provoquer quelques différends avec la municipalité. 


(1) L'état de lieux précité signale, au rez-de-chaussée de l'aile orientale : 
la sacristie « boisée » et, en sus des pièces décrites par PERusson, deux 
chambres et deux offices; au premier étage : huit petites chambres, un 
dortoir, huit autres chambres et un cabinet. 

(2) Saône-et-Loire, H 307, 311 et H suppl. — Les ateliers de Pierre 
Perret, à Boyer, avaient, en 1684, une importante fourniture de pierres 
de taille à livrer aux entrepreneurs chalonnais, Louis Gauthier et Jean 
Saunier, mais il n'est pas certain que ce soit pour le couvent des Cordeliers 
(G. Jxanron, Les Ateliers de sculpture et de taille de pierre de Tournus, 
2° éd., Tournus, 1912, in-8°, p. 14). 

(3) PérussoN, p. 54-55. 


LES CORDELIERS.DE CHALON-SUR-SAÔNE 575 


Tout d’abord, dans un but d'assainissement autant que 
d’agrandissement, les Cordeliers sollicitèrent, le 1° sep- 
tembre 1696, la cession d’un terrain marécageux, vestige 
de fossé, qui s'étendait au nord de leur église, entre celle- 
ci et les maisons bordant la rue du Rempart; ce cloaque 
leur est accorde le 6 du même mois, à la double condition 
de rétrocéder aux habitants de Saint-Laurent un coin de 
terrain du côté du rempart et d'entretenir la ruelle à leurs 
frais; l'opposition des habitants du faubourg retarda. 
toutefois la signature du traité, qui fut passé seulement le 
23 août 1699 et confirmé par le roi le 14 septembre. 

Les religieux n'avant pu, faute de fonds, clôturer sur-le- 
champ le terrain concédé, la municipalité chalonnaise, 
complice de la communauté des habitants de Saint-Lau- 
rent, s'avise, en Juin 1706, de demander au bailliage la 
rétrocession du terrain: un procès en découla, au cours 
duquel les officiers municipaux arguèrent notamment de 
ce que la concession avait été obtenue par surprise, grâce 
à une assemblée composée pour la circonstance de vingt- 
et-un Chalonnais, tous dévoués aux Cordeliers, les magis- 
trats les plus avisés étant absents. Les religieux répliquè- 
rent que les assistants à l'assemblée de 1696 étaient en 
réalité au nombre de vingt-six, et qu’il suffisait de parcou- 
rir les registres de délibérations pour constater que ce 
nombre était plutôt supérieur à la moyenne habituelle. Le 
5 août 1717, intervint la sentence de l'intendant Arnault 
de La Briffe, confirmant le traité et les patentes de 1699 : 
les habitants de Chalon se déclarèrent satisfaits, mais 
l’année suivante, le maréchal d’Uxelles (1) s'oppose à 


(1! Nicolas Du Blé, comte de Tenarre, né à Chalon en 1652, tils cadet 
de Louis-Chalon ler, marquis d'Uxelles, et de Marie de Bailleul, destiné 
d'abord aux Ordres, obtient la commende de l'abbaye de La Bussière 
(Côte-d'Or); mais en 1668, son frère ainé, Louis-Chalon Il, étant mort au 
siège de Candie, il hérite de ses titres et charges ; maréchal de France (1703), 
gouverneur de l'Alsace (1713), membre du Conseil de régence (1718), il 
meurt, célibataire, à Paris, le 10 avril 1730, et son corps est inhumé aux 
Feuillants de la rue Saint-Honoré. Il laissait pour unique héritier Henri- 
Camille de Beringhen, dont l'aieuleétait sœur du grand-père du maréchal ; 
Beringhen lui succéda aux charges de gouverneur de la citadelle de Chalon 
et d'engagiste de la chätellenie royale de Saint-Laurent-lés-Chalon ; c'est à 
Ce dernier titre qu'ils interviennent ici. 


576 PIERRE BESNARD 


l'exécution de cette sentence et, en.1736, les Cordeliers 
adressent une nouvelle requête à son héritier et successeur, 
le marquis de Beringhen: ils font valoir qu’en 1634 on 
leur a enlevé, pour l'établissement du rempart, 484 toises 
carrées de terrain et détruit 181 toises de murs (1); le 
21 septembre 1637, un expert avait confirmé l'exactitude 
de ces chiffres et évalué le préjudice causé à 4319 livres : 
le 3 septembre 1736, Beringhen se désistait de son oppo- 
sition (2). , 

Ces empiétements du rempart n'avaient atteint que le 
sol et la superstructure des bâtiments; il en résulta que 
les Cordeliers continuèrent à jouir de caveaux situés sous 
le rempart, vestiges probables de l'aile méridionale démolie 
au xvi* siècle. En 1752, la ville, ayant décidé de planter 
des arbres pour transformer en promenade le boulevard 
dépourvu d'utilité militaire, on commença par niveler le 
terrain et la voûte des caveaux se trouva condamnée; les 
religieux saisirent cette occasion pour demander une 
indemnité pécuniaire, qu'ils destinaient, aux termes de 
leur requête datée du 28 avril 1753, à clore les grandes 
baies de la galerie du premier étage ; leur projet prévoyait 
l'exécution de trois grandes verrières dans les baies de 
l'avant-corps central et l'établissement de croisées ordi- 
naires dans les six arcades latérales. Le contrat, signé le 
2 juillet suivant, accorda aux Cordeliers une indemnité 
de 5oo livres (3). 

En 1750, la ville propose aux religieux de leur aban- 
donner une bande de terrain (4), au levant du monastère, 
s'ils veulent reconstruire leur mur de clôture au nouvel 
alignement. On leur demandait en outre de consentir au 
prolongement de la rue des Cordeliers — aujourd’hui rue 
d'Uxelles — jusqu’au rempart. Ce percement entrainait le 
déplacement de la porte d'entrée, l'abandon d’une partie 


(1) Près de 29 ares de terrain et un peu plus de 440 mètres de murs. 

(2) Chalon, BB 29 (tt. 56-35), DD 2, FF 100 et GG 2; Côte-d'Or, C 2941. 

(3) Chalon, BB 38 (non fol.) De la vue d'optique précitée il semble 
résulter que l’on se contenta de munir toutes les baies de croisées sem- 
blables à celles des ailes latérales, le surplus étant muré. 

(4) D'après leplan de 1755, conservéaux Archives de la ville, la superficie 
du terrain offert peut etre évaluée à un peu plus d’un are. 


ou ne IR mE. ln. nie = 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 077 


du cimetière, au centre duquel s'élevait une belle croix de 
pierre ancienne, la démolition d’un bâtiment servant à la 
fois de grange, d'écurie et de boulangerie, entin le partage 
du potager qui se serait trouvé ensuite séparé du couvent 
par la nouvelle percée (1). En 1700, ce projet n'était pas 
exécuté ; la grange-écurie existait encore, en mauvais état 
toutefois (2). 

Le 30 novembre 1:00, Jean-Claude Lévêque et Étienne 
Daillant, architectes, experts nommés par l'administration 
du district, assistés du voyer de la ville, Firmin Chevreux 
procèdent à l’estimation du couvent. Tout l'édifice leur 
parut peu solide, les murs peu épais, la construction très 
légère, la charpente de l’église également très légère ; 1ls 
constatent en outre l’absence de caves. Ils évaluèrent la 
location très incertaine à 1800 livres, la valeur des terrains 
et bâtiments claustraux à 36000 livres, celle de l'église sans 
les cloches à 5000 livres (3). 

Lorsque celle-ci fut démolie (4), en 1844-1845, le maire, 
Ferdinand Coste, aidé des fondateurs de la Société d’ar- 
chéologie, arracha péniblement au vandalisme quelques 
reliques conservées aujourd’hui au musée Denon : deux 
niches avec pinacles placées aux extrémités des chapelles 
méridionales, un autre petit dais, une clef de voûte, une 
Vierge de pitié, le tout en assez mauvais état. De leur 
côté Marcel Canat et Léopold Nièpce (5) retirèrent des 
combles : une petite boussole, une écuelle de bois, des 


(1) Chalon, FF 89 et GG 2.— Le potager s'étendit jusqu'au petit cime- 
tière des religieuses de l'hôpital; en 1701, il était amodié à moitié fruits 
(Saône-et-Loire, H 309). 

(2) Le percement fut effectué avant 1805; c'est alors que fut construite 
la maison située entre la rue prolongée et l'aile occidentale, à l’angle du 
rempart, maison englobée aujourd'hui dans la caserne, mais qui, en 
1842, abritait la Loge franc-maçonnique (PÉRUSSON, Pp. 49). 

(3) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon, C 25. 

(4) À l'emplacement de l’église et de l'aile centrale, le génie militaire 
édifa un bâtiment qui n'a aucun rapport avec l'art; sa toiture, incendiée le 
13 septembre 1912, a été refaite depuis. 

(5) Ce dernier adressa, au sujet de cette démolition, une lettre à Adolphe 
Didron, que celui-ci a publiée dans ses Annales archéologiques, t. IV 
(Paris, 1846, in-4e), p. 189et suiv.; voir aussi une lettre du mème au maire 
de Chalon, publiée parle Courrier de Saône-et-Loire, n° 625, du 13 jan- 
vier 1847. 


578 PIERRE BESNARD 


pièces comptables de la seigneurie de Goux(1) et des vases 
acoustiques incrustés dans les voûtes du sanctuaire (2). 


* 
LE à 


Astreints à la pratique de la pauvreté, les Cordeliers 
devaient vivre d’aumônes qu'avec l'autorisation de l'ordi- 
naire, ils recueillaient en ville et dans la région. Jusqu'au 
xvi® siècle ces quêtes ne donnèrent lieu à aucun conflit, 
mais, les couvents de mendiants s'étant multipliés, les 
difficultés ne pouvaient manquer de surgir. 

Au chapitre tenu à Chalon en 1672, le 27 février, les 
Cordeliers rédigent une supplique pour demander — et 
ils obtinrent gain de cause — que leurs confrères de 
Louhans ne puissent envoyer de quêéteurs dans vingt-trois 
paroisses de la Bresse chalonnaise, où la rencontre des 
religieux amenaïit parfois « des débats qui ne sont qu'à la 
confusion de l'Ordre et au scandale des bienfaiteurs ». Le 
4 octobre 1678, 1ls demandent à l’évêque (3), qui leur est 
particulièrement dévoué, l'autorisation de faire une quête 
de pain et de vin dans la ville et les faubourgs, pour les 
dédommager du préjudice que les Capucins leur causent 
en quêtant dans les villages de.la côte chalonnaise; cette 
permission leur est accordée sur-le-champ, et renouvelée 
les 7 janvier 1688 et 22 septembre 1695; mais il ne semble 
pas qu'ils aient obtenu le retrait, également demandé, de 
l'autorisation donnée aux Capucins. Entre temps, à la 
suite d’une nouvelle supplique, datée du 20 septembre 1688, 
le même évêque recommandait aux antagonistes de ne pas 
dépasser les limites de leurs circonscriptions respectives, 


(1) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon, E 5. 

(2) Sur la question des echea ou vases acoustiques, employés surtout 
dans les églises franciscaines, cf. Revue de l'art chrétien, 1897, p.518b-519; 
1898, p. 130 ; 1905, p. 418a ; 1908, p. 57b-58a; EnLaART, op. cit., p. 303-704: 
et 807 = 2° éd., p. 797-799 et civ (cet auteur cite deux cas de vases acous- 
tiques appliqués à des voûtes de bois;; Mémoires de la Commission des 
antiquités de la Côte-d'Or, t. XVII (Dijon, 1917-1921; in-40), p. xv-xi; 
Revue d'histoire franciscaine, t. [IL (1926), p. 174. 

(3) Henri Staix, dit Félix de Tassy ; cf. supra. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 79 


laissant aux habitants la faculté de faire parvenir leurs 
dons aux couvents de leur choix. 

Cependant le produit des quêtes faites parles Cordeliers 
allait toujours enbaissant,; ils demandent aux chapitres 
tenus à Belley en 1710 et à Pont-de-Vaux en 1720, qu'il 
soit interdit à leurs confrères de Savigny et de Louhans 
de quêter dans la circonscription des religieux chalonnais. 
Par réciprocité, ceux de Louhans se plaignent que les 
chalonnais viennent quêter « jusqu’à une demy lieue » de 
leur couvent et demandent en dédommagement le droit 
de parcourir sept paroisses de la Bresse chalonnaise (1). 

À la vérité les populations s'étaient lassées progres- 
sivement, le relâchement de l'esprit religieux aidant, et 
nous ne sommes qu’à moitié surpris de voir cette question 
portée dans les cahiers de doléances rédigés aux premiers 
jours de la Révolution. Voici par exemple comment s’ex- 
priment, le 15 mars 1789, les habitants de Sennecey-le- 
Grand (Saône-et-Loire), à l'article 3 de leurs revendica- 
tions : « Les outrages et railleries auxquels sont exposés 
les religieux mendiants des deux sexes en faisant dans Îles. 
campagnes une quête pour la subsistance de leurs commu- 
nautés, que la piété et la commisération du peuple ne peu- 
vent leur refuser, sont des plaintes sensibles et Justes aux- 
quelles l'humanité ne peut que se rendre. La vie errante 
à laquelle ils s’abandonnent et s'accoutument, la libéralité 
trés souvent forcée que l'on exerce envers eux, présentent 
une infinité d'abus, que la charité, la décence font taire, 
et diminuent la subsistance des pauvres. Ce mal est 
réparable. 

« Le vœu commun serait de demander la suppression 
de cette classe de quêteurs et de la répartir sur celle des 
ecclésiastiques utiles à l'Église, dont elle partagcrait les 
fonctions, ou de leur assigner un revenu suffisant pour 
leurentretien et leur subsistance, et de placer les religieux 
dans d’autres communautés rentées » (2). 


1) Saone-et-Loire, H 513 et H suppl. 

(2j Histoire de Sennecey et de ses seigneurs, par Léopold Nièpce (Chalon, 
1866, in-#°), p. 91-92; ct. Mémoires de la Société éduenne,t. 11 (1874), 
p.278 ;t. VI (1877), p. 214. 


580 PIERRE BESNARD 


Le cahier du clergé chalonnais exprime également 
l'espoir « que les religieux mendiants ne seront plus assu- 
jétis à des quêtes aussi onéreuses pour les peuples qu'in- 
suffisantes pour eux-mêmes; mais qu’à raison de leur 
grande utilité, ils seront conservés et suffisamment dotés». 
De son côté, le Tiers-État chalonnais demandait sans 
ambages « que défense soit faite aux religieux mendiants 
… de recevoir des novices et... que ces monastères soient 
employés à des établissements utiles » (!). 

Une autre source de revenus provenait des services que 
les Cordeliers rendaient au clergé séculier (2). Le religieux 
qui, à la fin du xvu* siècle. desservait la cure de Simandre 
touchait 200 livres par an, plus « le verroux de l'église, 
sçavoir : obits, mariages, baptêmes et messes » (3). Le 
service de la Confrérie de Saint-Nicolas, érigée pour les 
pêcheurs en l’église du faubourg Sainte-Marie rapportait 
aux Cordeliers 8 livres en 1697 et 30, en 1740 (4}. En 
1741, c'est également un Cordelier qui a la desserte de la 
messe quotidienne que fait célébrer à la cathédrale la Con- 
frérie du Saint-Sacrement; le gardien touche à cette 
occasion 45 livres par trimestre (5). À la même époque. 
un bienfaiteur anonyme donne 240 livres pour la célé- 
bration par un religieux « en la chapelle des prisons 
royales du Châtelet de cette ville de Chalon, à huit heures 
du matin, tous les premiers lundis de chaque mois de 
l'année, perpétuellement à l'intention de ladite personne 
inconnue, [d'June messe basse de requiem avec un de 
profundis et l’oroison des défunts ». 

Antérieurement, en 1700, les Cordeliers avaient accepté 
de dire aux Carmélites une messe quotidienne, moyÿen- 
nant 150 livres par an, et, quatre ans plus tard, à raison 
de 60 livres annuelles, de suppléer le curé de Saint- 


(1) Bauzon, t. Ï, p. 401 et 407. 

(2) [ls desservaient notamment de façon permanente la chapelle üe la 
Citadelle et temporairement les cures de Chagny, Touches, etc. 

(3) Saône-et-Loire, H 308. 

(4) lbid., E 1472. 

(5) Archives de la Confrérie. — Une première fois les Cordeliers avaient 
assuré cette desserte pendant-la grande épidémie de peste (1629). 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 581 


Laurent, leur voisin Sousselier, « en cas d’absence ou 
d’incommodité ». Enfin le 27 mai 1734, les Visitandines 
leur offrent un capital de 300 livres, qu'ils acceptent, « à 
condition qu'ils seront obligés d'aller, tous les ans, Île 
vendredi après l'octave de la feste de Dieu, auquel jour 
lesdites dames solemnisent la feste du Sacré-Cœur de 
Jésus, chanter une grande messe dans l’église de ladite 
Visitation, le plus solemnellement qu'ils pourront, et d'y 
donner, le même jour, la bénédiction du Très Saint-Sacre- 
ment ». De plus les confréries érigées en l’église des Cor- 
deliers procuraient à ceux-ci quelques subsides : nous 
voyons notamment celle des tailleurs leur donner 10 livres 
en 1640 (1). 

Les Cordeliers bénéficient également de nombreux legs; 
les uns à charge de services religieux, ce sont les plus 
nombreux (2); d’autres demandant simplement des 


(1) Saône-et-Loire, H 306, 309, 310 et 311. 

(2j Jeanne Facquetet, veuve Galoche, 8 francs pour des messes, 
15 février 1527. — Guillaume-François de Syuty-Villargois, enseigne, 
300 livres pour une messe hebdomadaire le samedi à l'autel privilégié, 
2 juin 1635. — Guillaume Rigolot, élection de sépulture et 150 1. pour 
3 messes dont une chantée, 21 novembre 1641. — Robert Mussard, 20 I. 
pour 6 messes, 14 juin 1642. — Jeanne Germain, veuve Cahier, 1653. — 
Jeanne Mouroux, veuve Chapelle, 800 |. pour 3 messes dont une chantée 
perpétuellement un dimanchesur trois, 10 décembre 1654 (le 28 janvier 1683, 
quatre années échues étaient impayées). — Guillaume Gon, chanoine, 1001. 
pour 100 messes, 25 mai 1061. — Philippe de La Forge, mépartiste de 
Buxy, messes à l’autel privilégié, 1°" mai 1665. — Pierre de La Forge, 
châtelain de Chalon, messes de même, 26 mai 1670. — J.-B. Lebret, sous- 
Chantre, 10 1. pour 25 messes, 23 août 1673.— Denis Guivernois, chanoine 
de Saint-Georges, 1680. — Louis Boulanger, avocat, 10 |. pour 20 messes, 
15 mars 1680. — Théodore-François de Thésut, prêtre, 20 |. pour 40 messes, 


18 mai 1681. — Claude Mailly, protonotaire apostolique, 100 1. pour 
100 messes, 14 septembre 1682. — Louis-Bernard Quarré, chantre, 100 I. 
pour 30 messes, 30 octobre 1683. — J.-B. Vitte, protonotaire apostolique, 


frère du Cordelier Paul Vitte, 100 1. pour 300 messes, 8 septembre 1684. 
— Jean Chiquet, 200 |. pour 100 messes à l'autel privilégié, 23 février 1689. 
— ).-B. Thoison, aumônier de l’hôpital, messes à raison de 10 sols chaque, 
19 juin 1689. — Jacques de Thésut, abbé de Gigny, 25 1. pour 100 messes, 
18 novembre 1689. — François Demangeon, 20 1. pour 40 messes, 
5 juillet 1690. — Michel Boisselier, chanoine, 100 |. pour 150 messes, 
1 août 1692. — Charles Boulon, enseigne, 12 messes, 1°" août 1698. — 
Nicole Colmont, épouse Brondeault, 10 1. pour des messes, 16 septem- 
bre 1701. — Didière Mortier, élection de sépulture, 300 1. pour 24 messes 
basses et une chantée, 7 mars 1702. — Edme Sousselier, ancien conseiller 


582 PIERRE BESNARD 


prières(i) ou n'imposant aucune condition (2). Si nous 
sommes mal renseignés sur la fréquence des fondations 
pieuses antérieurement au xvi® siècle, il parait étrange 
de voir ces libéralités se ralentir brusquement vers 1725 
et même cesse” presque complètement. Je relève ici seule- 
ment les legs les plus importants ou les plus curieux. 

Jacques de Germigny, ancien ambassadeur du roi à la 
Sublime-Porte, et Jeanne Boulette, sa femme, attribuent 
aux Cordeliers dix écus, par leur testament du 30 novem- 
bre 1585 (3). 

Abigaïl Mathieu, dame de Traves, grande bienfaitrice 
des hôpitaux chalonnais, par testament du 17 janvier 1638, 
lègue aux religieux 100 livres et fonde en outre un salut à 
célébrer perpétuellement, dans leur église, le troisième 
dimanche après l’anniversaire de son trépas, à six heures 


au bailliage, 25 messes, 15 août 1702. — Etienne Belin, 30 L. pour 
100 messes, 30 mars 1706. — Louis Gauthier, legs identique, 14 octo- 
bre 1706. — Claude Leproux, tonnelier, et Denise Parise, sa temme, 
300 1. pour 7 messes annuelles, 5 mars 1708 (le 25 juillet 1763, recon- 
naissance de la rente de 135 1.) — Antoine Legrand, notaire, 10 1. pour 
25 messes, 1°f avril 1708. — Picrre Huguetan, 6 1. pour 12 messes. 
25 autres messes. 10 Juin 1700. — Pierre Machureau de Belcourt, com- 


missaire de la maréchaussee, 200 messes à 10 sols chaque, plus 206 I. 
pour une messe annuelle à l'autel Sainte-Anne, près la tombe de sa mere 
(Anne Grisard) inhumece devant la chaire, 1° janvier 1718. — Jeanne 
Godard, veuve Petitain, 151. pour 50 messes, r°r octobre 1522. — Philibert 
Guillier et Élisabeth de Mucie, sa femme, 1725 (Archives de Givry, GG 64, 
n°7; Saône-et-Loire, H 307, 305, 310 et H suppl. ; FaAtTOUT, op. cit., passimi. 

(1) Antoine Simonnet, capitaine, 150 1., 17 août 1629. — Claude Girard, 
procureur, 30 1., 25 avril 1666. — Benoît Nully, marchand. — Jacques 
Billon, chirurgien. — Marie-Guillemette Jacob, 15 1., 25 août 1692. — 
Jacques Desriaux, marchand à Givry. — Denis Beaupoil, lieutenant. — 
Anne Barrat, veuve Bretenet, 2 décembre 1725 (Saône-et-Loire. H 308, 509 
et H suppl.; Fairour, loc. cit.). 

(2) Claude Tisserand, prieur de l’abbaye de Saint-Pierre, 5 |. à prélever 
annuellement par la ville sur son heritage et a verser la veille de Saint- 
Claude, 15 septembre 1616. — Françoise Languet, veuve de Pontoux, 
60 1., 14 septembre 1629. — Bénigne Clerguet, 10 1., 8 août 1674. — Aimé 
Clerc, avocat, 10 1., 10 janvier 1676. — Victor Marcelot, marchand, une 
maison à Sainte-Marie. — Guillaume Beuverand, 100 1., 18 février 1720. — 
François Madot, évêque, créance de 500 1.,cédée le 23 juin 1745. — Claude 
Berthelot, chanoine, 100 1., 14 mai 1772 (Chalon, GG 49; Saône-et-Loire, 
H 3oyet H suppl., Fairour, luc. cit.). 

(3) Chalon FF 096; Testament de Messire J. de G. (pièce annexée au t. l* 
de l’Orbandale), p. 3. 


mb 


e. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 583 


du soir ; à ce salut on devait chanter le psaume 39, Exspe- 
clans exspectavi Dominum; trois cérémonies analogues 
devaient être célébrées dans les autres couvents de men- 
diants et, pour le tout, la fondatrice assignait un capital 
de 500 livres (1). 

Le 24 août 1677, le chalonnais Jean Perrault, président 
de la Chambre des comptes de Paris, mort en son hôtel 
du quai Malaquais, le 19 avril 1681, fait aux Cordeliers 
un legs de 10.000 livres (2). 

Un demi-siècle plus tard, Élisabeth Fremy, veuve de 
Jean-Baptiste Perreney, tailleur d'habits, donne 5oo livres 
aux religieux « pour dire en leur église, à l'issue de leurs 
vespres, tous les premiers dimanches de chacun mois, …. 
le Miserere à haute voix, faire amende honorable, un 
cierge à la main, … dire les oroisons ordinaires, ensuite 
chanter le Tantum ergo, l'oroison du Très Saint Sacre- 
ment, et en donner la bénédiction, et après dire un De 
profundis » (3). | 

D'autre part des pensions, de cent livres par an, sont 
constituées pour des novices, afin de subvenir à leur frais 
d'études : en 1660, Pierre Cahier et Jean Doyen; en 1680, 
Étienne Arcelin, fils de feu Jean, médecin à Cluny ; 
Hugues Arsan en 1702; en 1725, Jacques-Félix Gallien, 
aspirant frère-lai, verse 1500 livres à son entrée au novi- 
Ciat (4). 

Les Cordeliers recevaient en outre des aumônes préle- 
vées sur les deniers publics. Les États de Bourgogne 
allouaient à chaque couvent de mendiants douze livres 
annuelles (5); l'aumône des États d’Auxonne varia de 
18 à 6o livres entre 1608 et 1631 (6). La ville de Chalon. 
ne leur alloua jamais d’aumône régulière, mais des subsi- 
des variables ; la plus ancienne de ces aumônes est celle 
d'un bichet de blé dont Jean de Portugal donne quittance 


(1) Chalon, GG 60, n° 2 (ff. 10 ve à 11); Saône-et-Loire, H 274. 

(2) Archives de M° Fontana, notaire à Paris (rue Royale), citées par 
À. PEeRRAULT-Dasor, Jean Perrault !Paris, [1917], in-16), p. 68 , 

(3) Saône-et-Loire, H 311. 

(4) Saône-et-Loire, H 307, 308 et 310. 

(5) Chalon, AA 26; Côte-d'Or, C 3370 (f. 57), 3372 (f. 251) et 3388 (F. 152). 

(6) Côte-d'Or, C 7485 à 7493. 


584 PIERRE BESNARD 


aux échevins (1); en 1606, ils reçoivent un bichet de blé et 
un poincçon de vin, acquis au prix global de 22 livres, le 
tout pour subvenir à leurs frais de participation au cha- 
pitre tenu, cette année-là, au couvent de Dijon 2). Ils 
bénéficiaient aussi, en 1594 notamment, de certaines 
amendes de police et de marchandises confisquées : du 
vin, pour défaut de jauge des futailles, en 1657, 1680 et 
1692 ; des cercles de tonneaux défectueux, en 1740; de la 
viande de qualité médiocre et même de moutons atteints 
de clavelée; des pièces d’étoffes, non conformes au règle- 
ment du métier, en 1693 (3). 

Les Bénédictins de Saint-Pierre leur faisaient également 
une aumône annuelle, dont nous ignorons l'importance (4, 
et nous voyons le gardien toucher, en 1535, une aumône 
de 40 francs, payée par le receveur de la seigneurie d'An- 
tilly (5), sans pouvoir dire si cette redevance était renou- 
velée annuellement. 

Le 18 mars 1473/74, Charles le Téméraire accorde aux 
Cordeliers l’exemption de gabelle sur le sel à prendre en 
ses salines du Comté; chaque couvent bourguignon 
Jouissait de cet avantage pour quatre charges de sel par an. 
C'était le privilège de franc-salé dont nos Mendiants 
réclamèrent dans la suite, et plus d'une fois, le renouvel- 
lement ; au début du xvu* siècle, 1l leur est accordé pour 
six minots et même jusqu’à trente salignons (6. 
Louis XIV, moins généreux, ne leur accorde plus, en 
1654, que « quatre minots de sel, par chacun an, au 
prix des marchands fournisseurs, à la charge toutefois 
qu'ils seront obligés de célébrer annuellement, durant 
nostre vie, le cinquiesme septembre, jour de nostre nais- 
sance, une messe solemnelle, et aussy annuellement un 


(1) PERRY, p. 295. 

(2) Chalon, CC 94, fol. 90 v° ; on trouve également la trace d'une indem- 
nité payée par la ville en 1386 (Saône-et-Loire, C 99). 

(3) Chalon, FF 8, 17 et 25 ; HH 7 et 18. 

(4) Saône-et-Loire, H suppl. 

(5) Côte-d'Or, D 99, fol. 18y. — Antilly, comm. Argilly, cant. Nuits-Sainl- 
Georges (Côte-d'Or). 

(6) AnGLaoE, n°76 bis; Saône-et-Loire, H 305, 306 et 310. — La charge 
de sel était composée de 48 salignons ou pains de sel; le minot avait une 
capacité d'environ 55 litres. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 595 


service solennel, pour le repos de l’âme du feu roy, nostre 
très honoré seigneur et père, à pareil jour qu'il a pleu à 
Dieu l'appeler à soy » (1). En septembre 1716, Louis XV 
réduisait encore la concession de moitié, malgré les 
réclamations des religieux, restées sans effet; par contre, 
à trois reprises les Élus de Bourgogne leur accordent 
l’exemption du droit de crue, dont ils avaient frappé la 
même denrée (2). 

En 1727, nous voyons le gardien donner quittance, aux 
amodiataires des octrois, de25olivres le 12 juillet et de5o 
livres le 24 octobre(3); ce n’étaitqu'une restitution desdroits 
effectivement payés par eux sur les provisions destinées au 
couvent, mais dontils étaient fondés à se dire exemptés en 
vertu des lettres patentes précitées du Téméraire, ainsi que 
l'établissent deux requêtes adressées par eux à l’intendant 
de Bourgogne, en mars 1773 et en juillet 1786. A l'époque 
de la première requête, le remboursement annuel s'élevait 
à 90 livres ; lors de la seconde, il était augmenté de moitié. 
Le 18 janvier 1745, les Cordeliers demandent aux Élus 
des États provinciaux de les maintenir dans toutes les 
exemptions et franchises à eux accordées par les rois de 
France (4), et, vers la fin du même siècle, 1ls sollicitent, 
des mêmes Etats, l'exemption du don gratuit, exemption 
qu'ils se croyaient fondés à réclamer en vertu de l'arrêt du 
Conseil d'État du 28 janvier 1637 (5). 

L'acceptation des fondations ci-dessus relatées rendait 
nécessaire aux religieux la possession de biens fonciers; 
aussi les trouve-t-on propriétaires de quelques maisons et 
jardins à Saint-Laurent (6) et à Sainte-Marie, de prés à 


(1) Saône-et-Loire, H 507 ; Côte-d'Or, B 12103, fol. 211 vo. 

(2) Saône-et-Loire, H 310: Côte-d'Or, B 12120, fol. 258. 

(5; Chalon, FF 88. 

(4) François ler en 1517, Charles 1X en 1561, Henrilll en 1535, Henri IV 
en 1597, Louis XIII en 1610, Louis XIV en 1643, Louis XV en octobre 1716 
(Saône-et-Loire, H suppl.). 

(5; Saône-et-Loire, C 44 et H suppl. 

(6) L'une de ces maisons fut abandonnée par les religicux à Jean 
Chambon, écuyer, seigneur de La Serrée et de La Bruyère, « pour les bons 
et agréables services par luy faiz » (Saône-et-Loire, H 305). — En 1759, les 
maisons possédées à Saint-Laurent par les Cordeliers étaient grevées de 
3 livres, 4 sols et 2 deniers de cens au profit du prieur-curé (Chalon, GG 2). 


586 PIERRE BESNARD 


Saint-Loup-de-Varennes et à Lux. de vignes à Givry, à 
Saint-Désert et à Mercurey (1). On retrouve également 
quelques contrats de rentes constituées à leur profit (2). 
Le tout produisait, en 1759, 333 livres et à deniers 
de rente, somme jugée insuffisante pour le seul entretien 
des bâtiments (3). 

Pour la possession de ces biens et l'administration de 
leur revenu, les Cordeliers, fidèles à leur règle. avaient 
recours à l’assistance d’un laïc, dénommé d’abord ami 
spirituel, puis ensuite et plus logiquement Père temporel. 
Voici les noms de ceux que j ai pu retrouver: 

Jacques Beuverand, 22 juin 1645-29 novembre 1646 (4). 

Claude Petit, 1683-1690 (5). 

Louis Chaudeau, septembre 1696-1699 (6). 

Antoine de Mucie, 1709-13 janvier 1714 (7). 

Dès le début du xvi* siècle, une pieuse bienfaitrice, 
Guillemette Membrey, « considérant qu'il est expédient et 
chose très nécessaire aux frères et religieux dudit couvent 
de avoir une bonne et dévote personne de honneste vie 
et conversation .… pour recevoir les aulmosnes que l'on 
donne aux frères, laquelle personne 1lz nomment … 
lPamy spirituel, … considérant aussy que pour la demeu- 
rance et habitation dudict amy spirituel, il est nécessaire 
et expédient avoir aucune maison et habitation hors de la 
clouture », donne un immeuble situé à Saint-Laurent et 
grevé d’un cens au profit du prieur (S). 


(1} Saône-et-Loire, E 1097: H 305 à 311: Archives de l’hôpital de Tour- 
nus, H 135. 

(2) Rentes constituées par Anne de Rochefort, veuve de Léonard de 
Semur, gouverneur de Mäcon, et par François Joly, huissier au bailliage, 
de Chalon (Saône-et-Loire, H 306 et 308) ; les Cordeliers prètent 1500 livres, 
au denier 16, à la ville de Chalon {1645-1646 ; Chalon, CC 170). 

(3) Chalon, GG 2. 

(4) Licutenant-général en la chancellerie du bailliage (Chalon, CC 170'; 
maire en 1638-1040 et 1648-1649. 

(5) Avocat, puis lieutenant particulier au bailliage (Saône-et-Loire, H 308 et 
H suppl.) ; il fait saisir la terre et seigneurie de La Charmée {cant. Chalon. 
sud), en la partie de Jean de Sirvinge, débiteur du couvent. 

(6) Chalon, FF 100; maire en 1675-1677 et en 1691-1692 ; en 1700, il est 
le doyen des conseillers au bailliage. 

(7! Saône-et-Loire, H 310, n°* 48-71. 

(3) Saône-et-Loire, E 941. 


LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 587 


II. — Les CORDELIÈRES DE SAINT-LAURENT. 


Dès l'arrivée des Franciscains à Chalon, quatre pieuses 
femines, résolues à pratiquer les vertus et la règle de saint 
Francois, décident de « demourer ensemble et en com- 
munion de biens, et de labourer, ouvrer et gaigner au 
prouffit commun »; les Cordeliers leur confèrent l’habit 
du Tiers-Ordre. Quelques années plus tard, en 1477, elles 
échangent leur maison première, avec une autre plus rap- 
prochée du couvent. elles s'associent trois nouvelles 
recrues et décident qu'après leur mort « leurs maisons, 
jardins et appertenances demeureront au père espirituel 
du couvent des frères myneurs ». Toutefois, dans leur 
ardeur franciscaine, elles provoquent un différend entre 
les religieux et le curé. qui les traduit devant l’official. Les 
Pères sont obligés de reconnaitre que les Cordelières ont 
commis une faute, en omettant de faire leurs paques à 
l'église paroissiale sans en avoir préalablement demandé 
la dispense à l’évêque. Une première transaction intervint 
le 2 décembre 1500 ; elle ne tranchait pas le fond du litige 
et la cause était encore pendante le 25 janvier 1520/21 (1). 

La maison des Cordelières était située sans doute entre 
la petite rue du Rempart et le cloaque revendiqué en 169b 
par les religieux; peut-être était-ce cette maison basse et 
d'allure austère, qui subsiste encore à l'angle de la ruelle 
et de la rue d'Uxelles, où elle porte actuellement le n° 13. 
À la fin du xvi° siècle, Cyrus Simonin, prieur de Saint- 
Laurent, prétendait « que la maison en laquelle les sœurs 
dévotes religieuses vouloicnt demeurer, .. au devant de 
l'esglize des pères Cordeliers, luy doibt chacun an la 
cense de vingt-sept gros, portant lods et retenue »; ce 
furent les Cordelières qui passèrent reconnaissance (2). 

Et ce serait tout ce que nous savons d'elles, si le Journal 
de Noé Lacroix (5) ne nous apprenait qu'en mai 1615,une 


(1) Saône-et-Loire, H 505; ms. Chalon 146, t. HI. 
(2) Saône-et-Loire, H 254, 305 et 306. 
(3) Ed. cit.,p. 40. 


588 PIERRE BESNARD 


laveuse étant tombée à la Genise, deux Cordelières se 
jetèrent à l’eau, l’une après l’autre, et périrent victimes de 
de leur dévouement inutile. 

A quelle époque cette petite communauté a-t-elle cessé 
d'exister? aucun document n’est venu nous l’apprendre. 
Tout ce que l'on sait c’est que la maïson précitée était 
amodiée à vie, en 1790, à raison de 200 livres par an: les 
experts du district estimèrent la location possible à 350, 
et la valeur de l'immeuble à 6000 livres. 


Pierre BESNARD. 


MÉLANGES 


LE SCEAU DU GARDIEN 
DES FRÈRES MINEURS DE PARIS 
AU XV: SIÈCLE 


Une belle matrice d’un sceau franciscain du xv° siècle a 
été trouvée il y a quelque temps, par un laboureur, à 
Chalo-Saint-Mars (cant. et arr. d'Étampes). Elle appar- 
tient présentement à M. Pierre Vivaux, qui nous l’a très 
aimablement communiquée. 

Il s'agit du sceau du Gardien des Frères Mineurs de 
Paris, sceau en navette, de 
53 mill. sur 38. La légende : 
S' GARDIANI CONVENTVS 
MINORV PARISIEN est en 
caractères gothiques. Une ni- 
che, du même style et assez or- 
née, encadre l'image de saint 
Paul nimbé, debout, légèrement 
de trois quarts à dextre et tenant 
ses attributs habituels, l'épée de 
la main gauche, le livre de la 
droite. 

Cette figuration est très nor- 
male et ne nous apprend rien de 
nouveau en ce qui concerne l’iconographie de saint Paul ; 
mais ce qui peut étonnér davantage est de voir le saint 
représenté sur un sceau franciscain. Le fait est rare et 
vaut la peine d'être noté. À notre connaissance, aucun 
autre sceau des Frères Mineurs ne porte l'effigie de saint 
Paul isolé. 


Revuz D'HisTointx FRANCISCAINE. t. IV, 1927. 38 


590 FRANÇOIS EYGUN 


Demay (1) cite bien deux sceaux des gardiens des Frères 
Mineurs d'Arras, en 1322 et en 1324 ; mais ils portent à 
la fois les effigies de saint Pierre et de saint Paul séparées 
par une croix que chacun d'eux tient d’une main. 

Le couvent des Frères Mineurs de Paris possédait égale- 
ment, en 1370, un sceau de type analogue (2); saint Pierre 
et saint Paul debout, séparés par une tige que termine une 
fleur de lis. L'église de ces Frères était dédiée à la Made- 
leine (3) qui ne semble pas avoir inspiré un seul des sceaux 
franciscains de Paris ; mais le couvent était placé sous le 
vocable de Saint-Pierre et Saint-Paul, ce qui explique cette 
dernière représentation. 

Par contre, la province franciscaine de France était pla- 
cée sous le patronage de saint Pierre ; c'est ce qui explique 
que parmi les sceaux de cette province qui sont parvenus 
jusqu’à nous, trois portent la seule effigie de ce saint, 
l’un datant de 1330 (4), et les deux autres du xvi° siècle (5) 
Le sceau trouvé à Chalo-Saint-Mars montre que, si les 
deux saints ont été honorés également dans le couvent de 
Paris saint Paul était plus. spécialement le patron du 
Grand Couvent, tandis que saint Pierre était celui de la 
province. | 

De la présence de ce sceau parisien dans un champ proche 
de la route qui va d'Étampes à Chartres, nous ne pouvons 
rien déduire avec certitude. Il est fréquent de trouver des 
matrices bien loin de l’endroit où elles devaient normale- 


(1) G. Deuay. Inventaire des steaux de l'Artois et de la Picardie, Paris, 
1877, in-4e, n95 2817 et 2818. 

(2) Douër D'ARcCQ. fnventaire des sceaux des Archives de l'Empire, Paris. 
1870, 5 vol. in-4° ; t. III, n° 0776. 

(3) Fr. Gonzaca. De Origine Seraphicae religionis, Rome, 1587, in-folio, 
p. 118. 

(4) Douër n'Arco, op. cit., n° 9751. — Sceau des Frères Mineurs de la Pro- 
vince de France. 

(5) Pour le preinier, ibid., n° 9754. — Provincial des Frères Mineurs de la 
Province de France. Légende : SIGIL. MINIS. PROVINCIALIS FRATR. 
MINOR. PROVINCIAE FRANCIAE. 

Pour le second : GonzaGa, op. cit., p. 55. — Légende : SIG. FRATRVM 
MINORVM PROVINCIAE FRANCIAE. 

Les deux sceaux portent l'effigie de saint Pierre sous une arcade, avec le 
lettres S à droite et PE à gauche du personnage, ainsi que deux fleurs de 
lis. Les légendes les différencient nettement. 


FÊTES A BEAUVAIS. EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS 9OI 


ment servir. Cependant, il est possible que le sceau ait été 
perdu par un religieux qui aurait accompagné le gardien à 
Chartres pour y faire un marché de blé afin d’assurer la 
nourriture aux Frères (1). 

Il faut noter que, d’après les renseignements communi- 
qués par M. P. Vivaux, propriétaire de cette matrice, le 
champ n'a jamais recu de gadoues. | 


François Eycun. 


FÊTES CÉLÉBRÉES A BEAUVAIS 
AUX XVII‘ ET XVIII SIÈCLES 


EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS 


Les fonds d'archives de Beauvais, très riches en rensei- 
gnements sur les anciens couvents franciscains de cette ville 
nous ont conservé le souvenir de fêtes qui y furent célé- 
brées au xvii* et au xvun siècle à l’occasion de la béatifica- 
tion ou de la canonisation des fils de saint Francois. 

Nous en réunissons ici les détails, bien que Cordeliers 


et Capucins ne se soient pas toujours unis pour honorer 


leurs bienheureux. 

Les premières de ces fêtes eurent lieu en 1650 au couvent 
des Cordeliers, à la suite de la canonisation de saint Pierre 
d’Alcantara, mort le 19 octobre 1562. Ce saint avait intro- 
duit dans l'Ordre la réforme de l’étroite observance qui 
porte son nom. Les Capucins refusèrent d'y participer, 
«disant que le saint n'était pas de leur Institut et société, 
et qu'ainsi ils ne prenaient aucun intérêt en l'honneur 
qu'on rendait à sa sainteté ». (2) 


(1) Cette hypothèse très vraisemblable nous a été proposée par M. Henri 
Lemaître. | 

(2) Le récit qui va suivre est extrait d'un petit cahier manuscrit, dont il 
ne reste malheureusement que des fragments, intitulé : = État général du 
vénérable couvent des religieux Cordeliers de la ville de Beauvais en l'an 


592 JEAN VINOT PRÉFONTAINE 


Cette abstention est d'autant plus remarquable que tous 
les Ordres religieux de Beauvais, comme le clergé séculier, 
avaient accepté l'invitation des Cordeliers. 

L'évêque, Nicolas Choart de Buzanval, leur avait permis 
de faire publier par la ville et dans la campagne l'indul- 
gence accordée par le pape et, ne pouvant assister aux céré- 
monies par suite de tournée pastorale, il avait délégué son 
grand vicaire, Nicolas Levesque, pour le représenter. 

Les chanoines de la cathédrale, de leur côté, avaient con- 
senti à venir chanter la grand'messe dans l’église du cou- 
vent le dimanche 11 mai pour l’ouverture des cérémonies. 
Les Cordeliers, au nombre de 37, allèrent en procession les 
chercher à la cathédrale. Le Père gardien portait une ban- 
nière qui avait coûté trente livres et sur laquelle l’image 
du saint était peinte sur taffetas. 

Le chanoine Levesque célébra la messe en présence du 
Corps de ville qui s'était joint à la procession. L'après-midi, 
le chanoine Nicolas Gimart prêcha à quatre heures ; une 
procession suivit dans le cloître : le-P. Ometz, docteur en 
théologie et gardien d'Amiens, portait le Saint-Sacrement. 

Le lendemain lundi, l’église des Cordeliers recut d'abord 
la visite des Pères Jacobins qui vinrent chanter la grand: 
messe pendant que les Cordeliers se rendaient au couvent 
des Sœurs grises où avait lieu également la fête de saint 
Pierre d’Alcantara ; et ensuite celle des Bénédictins de l’ab- 
baye de Saint-Symphorien. 

Le mardi, les Cordeliers allèrent en procession à l’église 
de la Madeleine, leur paroisse, et le mercredi à l'église voi- 
sine de Saint-Thomas. 

Le jeudi était le jour de l’Ascension : le matin la paroisse 
Saint-Thomas vint en pélerinage ; le soir la prédication 
fut faite par le correcteur du couvent des Minimes. 

Le vendredi et le samedi, il y eut seulement salut et 
procession dans le cloître ; en revanche, le dimanche 18 eut 
lieu dans la matinée le pélerinage de la paroisse de la Made- 


4 


1665 au mois de novembre, avec les remarques de ce qui s'y est passe de 
plus considérable depuis le temps de sa fondation qui fut en l'an 1221; 
environ quatre ans avant la mort de saint François ». (Bibliothèque muni- 
cipale de Beauvais. Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 162). 


FÊTES A BEAUVAIS EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS 593 


leine, à quatre heures le sermon par M. Barbier, docteur 
en théologie et curé de Gaucourt, et le soir la procession 
habituelle dans le cloître, présidée par le chanoine Leves- 
que, et à laquelle prirent part presque tous les chanoines 
et curés des quatorze paroisses de la ville, ainsi que le 
maire et les échevins portant chacun un cierge blanc à la 
main. 

Après cette dernière cérémonie, un feu fut allumé dans 
la rue devant la grand’porte de l’église, en présence de la 
bannière du saint et « au milieu d’une affluence innombrable 
de peuple qui, par ses acclamations, témoigna sa joie jus- 
ques à environ minuit ». 

D'après les annales du couvent, « plusieurs malades qui 
réclamèrent le secours du saint reçurent soulagement et 
guérison ». D'autre part, «il y avait longtemps qu’il pleu- 
vait quand on commenca Îa fête, et les almanachs promet- 
taient encore tant de pluies qu’on doutait si on pourrait 
faire aucune des processions susdites, mais il plut à Dieu 
que les pluies cessèrent, et l'air devint serein autant qu'on 
le pouvait souhaiter ». | 

Avec leur bannière, les Cordeliers avaient fait faire une 
statue de saint Pierre d’Alcantara « en terre à potier cuite 
au feu » (1) pour laquelle le sculpteur toucha 40 livres et le 
peintre 12 livres ; cette statue resta dans l’église, vis-à-vis 
la chaire du prédicateur. 


Sur les fêtes de la canonisation de saint Félix de Canta- 
lice, Capucin, mort le 18 mai 1587, nous ne possédons que 
deux documents : 

Le premier est le billet imprimé par lequel les Capu- 
cins les annoncèrent : 

« Vous êtes invités d'assister à la fête de la canonisation 
«de S. Félix, Capucin, qui se célèbrera en l'église des 
« Capucins le 18 mai prochain 1713, et continuera pendant 
«huit jours. Il y aura indulgence plénière, exposition et 


(2) Œuvre probable des potiers de Savignies, près Beauvais. 11 existe à la 
Cathédrale, dans la Bibliothèque paroissiale, une œuvre similaire très rare; 
c'est une sainte Véronique en terre cuite vernissée, peinte aprés Cuisson 
(xvi® s.). 


594 JEAN VINOT PRÉFONTAINE 


« bénédiction du Très-Saint-Sacrement pendant toute l'oc- 
« tave, et prédication les jeudi 18, dimanche 21 et jeudi 
« 25 mai. Les Capucins vous supplient très humblement 
« de contribuer par vos charités à la décoration et aux illu- 
« minations de leur église, pour la solennité de cette fête, 
« qui les oblige spécialement à faire une quête. Le Seigneur 
« vous donnera une pleine récompense des pieuses aumônes 
« que vous consacrerez à l’ornement de son Temple Saint, 
« et vous participerez aux Saints Sacrifices et prières qui 
« s’y offriront » (1). 

Le second document témoigne que l’appel des Capucins 
fut entendu au moins en ce qui concerne les offrandes. 
C’est un « État des deniers qui ont été reçus des aumônes 
pour la canonisation de saint Félix » (2), et duquel il résulte 
qu’un certain nombre de paroisses contribuèrent par de 
petites sommes aux dépenses des cérémonies. Le Chapitre, 
à lui seul, donna cent livres; le chanoine Le Cat, biblio- 
thécaire de l’Évêché, vingt livres; le supérieur du sémi- 
naire, dirigé par les Prêtres de la Mission, cinq livres : au 
total, les Capucins recueillirent 269 livres 5 sols. 


Au printemps de 1730, ils célèbrèrent, cette fois par un 
triduum, la béatification de saint Fidèle de Sigmaringen, 
Capucin, martyr des calvinistes en 1622. Le billet suivant 
fut envoyé : 

« Vous êtes avertis que dimanche prochain, 30 de ce mois, 
«commencera dans l'église des RR. PP. Capucins de 
« cette ville la cérémonie de la béatification du bienheureux 
« Fidel de Sigmaringua, religieux de leur Ordre, premier 
« chef de la mission apostolique chez les Grisons, et premier 
« martyr de la Congrégation de la Propagande. 

« L'ouverture s’en fera dès le matin du même jour, par 
« Mgr l'Évêque-comte de Beauvais, accompagné de M. M. du 
« Chapitre de la cathédrale qui chanteront la grand'messe 
« à laquelle sa Grandeur officiera pontificalement. Ïl y aura 
« ce Jour-là et les deux suivants indulgence plenière, expo- 


(1) Collect. Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p.65. 
(2) Loc. cit., p. 66, ms. 


FÊTES A BEAUVAIS EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS 505 


« sition du Très Saint-Sacrement pendant toute la journée 
« et la prédication à trois heures. Chaque jour on donnera 
« la bénédiction après les complies, et le mardi, dernier jour 
« de la cérémonie, Sa Grandeur, accompagnée de son sémi- 
naire, fera chanter le Te Deum » (1). 

Le 350 avril 1730, troisième dimanche après Pâques, l'évé- 
que, Mgr Potier de Gesvres, présida en effet l'ouverture 
du Triduum. Comme naguère les Cordeliers, les Capu- 
cins descendirent processionellement de leur couvent, situé 
hors la ville, avec une bannière à l’image du bienheureux, 
pour chercher le Chapitre de la cathédrale auquel étaient 
venus se joindre les chanoines des six collégiales, le Corps 
de ville et l'élection. 

La veille, Mgr de Gesvres, s'étant trouvé indisposé et 
ayant informé le Chapitre qu'il ne pourrait officier, le 
chanoine Mathias Le Clerc, sous-chantre, fut désigné par 
ses confrères pour officier à sa place. L’évêque se rendit 
toutefois en carrosse au couvent où il assista en habits de 
chœur à la cérémonie. Son secrétaire (2) lut la bulle de 
béatification ; lui-même donna sa bénédiction. 

Les jours suivants les Capucins officièrent aux cérémo- 
nies du matin ; le soir, l'honneur en revint aux dignitaires 
du Chapitre : le dimanche, Antoine Michel, grand vicaire ; 
le lundi, Martial Dufour, grand vicaire et official. Le mardi, 
Mgr de Gesvres présida la clôture du Triduum, assisté de 
son séminaire. 

Le bienheureux Fidèle de Sigmaringen fut canonisé en 
1746 ; les renseignements font défaut sur les fêtes qui eurent 
certainement lieu à cette occasion à Beauvais au couvent 
des Capucins. 


Jean VINOT PRÉFONTAINE. 


(1) Collect. Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 67, impr. 
(2) Le chanoine Vaslin. Ces renseignements sont extraits de ses Mémoi- 
res (Bibl. mun. de Beauvais, t. 1, p. 23). 


596 HENRI LEMAÎTRE 


MÉDAILLON DE SAINT FRANÇOIS 


Le gracieux médaillon dont nous donnons ci-devant la 
reproduction est une œuvre de l’art italien comme le prouve 
surabondamment la facture un peu maniérée et la vir- 
tuosité avec laquelle l'artiste a usé des marbres de cou- 
leurs différentes. La tête et les mains sont en marbre jaune 
de Sienne, les cheveux en marbre blanc, genre « Hen- 
riette », de teinte vieux chêne : enfin le fond est noir et le 
cadre jaspé, crème et noir. 

Le saint est représenté les bras croisés sur la poitrine, 
tenant de la main droite une croix rustique en bois ; les 
yeux largement ouverts et tournés sur le côté, la bouche 
ouverte également, il semble pousser un cri d’extase. Le 
front bombé et très haut, l'arcade sourcilière large est 
arrondie, le bas de la face court et glabre, les cheveux épais, 
tout dans la figure s’écarte du type ordinaire qu’on donne 
ordinairement au saint. 

L'habit est celui de l’'Observance, avec la mosette, la 
corde nouée sur le côté gauche et le chapelet sur la droite. 

L'ensemble mesure 310 millim. sur 270. 

Ce médaillon a été acheté vers 1900 à la vente du Comte 
de Nédonchel à Boussus (Hainaut), par M. Adolphe Le- 
francq, conservateur du Musée de Valenciennes, pour sa 
collection personnelle. Nous remercions très vivement 
M. Lefrancq d’avoir fait aimablement photographier cette 
belle pièce à notre intention. — H. L. 


SaixT FRaANÇois. 


Médillon en marbres de couleurs. 


(Collection Ad. Lefrancq.) 


COMPTES RENDUS 


Saint François d'Assise. Son œuvre. Son influence. 1226-1926. Pré- 
face de S. É. le cardinal Dusois. (Ouvrage publié sous la direction 
de Henri LemaîTre et Alexandre MasseroN). Avec crayon hors 
texte de Bernard Naudin. — Paris, E. Droz, 1927, In-4°, 320 p. 
Prix : 15o fr. 


Saint François a aimé la France qui lui a donné son nom. Les 
Français se devaient donc de perpétuer dans un monument le souve- 
nir de son septième centenaire. La Direction de la « Revue d'histoire 
franciscaine » a jugé qu’un livre serait plus expressif qu’une statue 
puisqu'on y pourrait analyser tous les contours de l'âme et de l’œu- 
vre du Saint. Bien que les études franciscaines n’aient pas encore 
atteint leur pleine maturité, elle a néanmoins pu faire appel à des 
écrivains fort capables de mettre en relief le caractère des premiers 
temps de l’Ordre des Frères Mineurs. L'ensemble de leur travail 
forme une magnifique synthèse autour de celui dont Thomas de 
Celano a écrit: VERE FRANCISCUS QUI SUPER OMNES COR FRANCUM ET 
NOBILE GESSIT, Un vrai « Français », en qui, plus que chez tous les 
autres, battit un cœur noble et franc. 


ALEXANDRE MassEroN. Les sources de la vie de saint Français d’As- 
sise, p. 9-67. — On n’a jamais tant écrit sur saint François que 
depuis une trentaine d'années. « Connaissons-nous mieux aujourd’hui 
celui qui fut, avec saint Dominique, le grand artisan de la réforme 
catholique au xni siècle ? Il est au moins permis de se le deman- 
der... » Si l'on a comparé les Vies de saint François écrites par le 
P. Léopold de Chérancé et par M. Lemonnier, qui faisaient loi en 
1894, avec l’œuvre de Paul Sabatier ou avec la Vie du saint, par 
J. Joergensen, la question que M. Beaufreton énonçait en ces termes 
ne se pose plus. 

M. M. a voulu raconter, à ceux qui ne sont pas initiés aux recher- 
ches des érudits, l'histoire de trente années de travaux, et montrer 
avec quelle ardeur, quelle probité scientifique, voire quels scrupules, 
ont été étudiées depuis 1894 les sources de la vie de saint François. 

Ces sources, on les classe généralement sous cinq rubriques: 

I. Les œuvres du saint ; II. Les biographies proprement dites ; 
II. Les documents diplomatiques ; IV. Les chroniques de l'Ordre 
des Mineurs ; V. Les chroniques d'auteurs étrangers à l'Ordre. — 


598 COMPTES RENDUS 


On est assez d'accord sur les sources des rubriques I, III, IV et V; 
les divergences commencent avec les biographies. 

Le problème se pose ainsi: avant la Vie de saint François écrite 
en 1260 par saint Bonaventure, n’y a-t-il que les deux Légendes de 
Thomas de Célano (1228 et 1246) qui. méritent notre confiance ? 

M. Sabatier publia en 1898 le Speculum perfectionis attribué à 
fr. Léon, compagnon préféré de saint François, qui l'aurait composé 
aussitôt après la mort du saint, entre octobre 1226 et juin 1227 : 
M. S. a reconnu depuis qu’il avait été induit en erreur par un ms. 
de la Mazarine à Paris, et que la vraie date du Speculum est 1318. 
Mais les écrits qui forment cette compilation sont bien antérieurs 
pour la plupart. Appartiennent-ils à fr. Léon r 

On ne peut démontrer que le compagnon de saint François ait 
composé un travail quelconque sur le fondateur de l'Ordre avant 
1244. L'hypothèse contraire, bien que vraisemblable, n’est pas prou- 
vée. En 1244, le ministre général Crescence de Jési voulant complé- 
ter la première Légende de Celano, fit appel à ceux qui avaient connu 
saint François, en les priant de lui envoyer leurs souvenirs par écrit. 
C’est alors que fr. Léon et d’autres anciens frères rédigèrent leurs 
mémoires. Que sont devenus ces mémoires ? Ils furent utilisés en 
partie par Celano dans sa seconde Légende et dans son Traité des 
Miracles, ce dernier composé sous le généralat de Jean de Parme 
(1247-1257). 

Que faut-il penser de Thomas de Celano? Il fut un biographe 
consciencieux et sincère, mais un peu timide, qui se laissa trop 
influencer par son entourage et qui pensa plus ou moins confusé- 
ment, que s’il avait des devoirs envers saint François, il en avait 
aussi envers ceux qui l’avaient chargé d'écrire, et qui enfin sacrifia 
trop à la littérature et à la rhétorique. Néanmoins ses Légendes 
demeurent la base de toute biographie de saint François, mais elles 
renferment à tout le moins des réticences habilement calculées, et 
le goût de l’auteur pour le beau style a bien pu l’entraîner parfois à 
sacrifier, inconsciemment peut-être, la vérité à l’art. 

Possédons-nous encore le mémorial de frère Léon? Il existe,:au 
moins partiellement, dans le Speculum Lemmens, dans le Speculum 
Sabatier, et dans la Legenda antiqua du P. Delorme (cf. cette Revue, 
t. 1, p. 236). Mais l’accord complet n'est pas fait sur ce point. 

La Légende des trois Compagnons se donnait comme composée 
par les frères Léon, Ange et Rufin. Leur lettre d'envoi, adressée 
au ministre général Crescence, était datée de Greccio, 11 août 1246. 
Cette lettre paraît authentique, mais l’œuvre à laquelle elle sert de 
prologue ne le serait pas. Pourtant, l'auteur de la légende qui # 
travaillé d'après les écrits de Celano, ne s’est pas conduit en simple 
démarqueur, il s'est proposé d'écrire une nouvelle biographie et d'y 

comprendre des détails qu’avait omis Celano. 

Il faut lire le travail de M. M. pour apprécier le « formidable 


: COMPTES RENDUS 599 


monument que la critique a bâti, depuis plus detrente ans, à la 
gloire de saint François d'Assise. » 

Grorces Goyau, de l’Académie française. Les étranges destinées 
du livre des Conformités, p. 70-89. — Le chapitre général de 1266 
réuni à Paris ordonna de détruire toutes les légendes antérieures 
de saint François, attendu que celle qu'avait composée le ministre 
général (saint Bonaventure), de 1260 à 1263, avait été écrite d'après 
les dépositions de survivants qui avaient connu le saint. Cette pro- 
scription ne visait pas seulement les légendes liturgiques destinées 
au chœur, comme on a essayé de le faire croire, puisque, d'après le 
décret, les Frères devaient s'appliquer à faire disparaître les exem- 
plaires qui existaient en dehors de l’Ordre. Elle atteignit si bien les 
autres légendes, qu'il a fallu « exactement 632 ans pour retrouver 
tous les fragments dispersés des légendes de Celano ». — Pourtant 
quelques-unes survécurent à l’impitoyable édit et un Frère Mineur 
de la fin du xiv- siècle s’employa inlassablement, pendant de longues 
années, à recueillir tout ce qui existait sur la vie de saint François. 
La légende de saint Bonaventure, trop courte, trop sèche, n'avait pas 
donné satisfaction à la généralité des Frères. Aussi, lorsque frère 
Barthélemy de Pise présenta au chapitre général d'Assise, en 1399, 
son livre des Conformités où il s'était ingénié à trouver quarante 
ressemblances de saint François avec le Christ, l’assemblée capitu- 
laire l’accueillit-elle avec enthousiasme ; et en récompense le mi- 
nistre général lui donna une tunique du Séraphique Père, estimant 
qu'une meilleure récompensé ne pourrait être accordée à celui qui 
avait revêtu la mémoire de saint François d’un manteau aux cou- 
leurs si variées. 

Moins d'un siècle et demi plus tard le protestantisme devait 
s’acharner contre les Conformités. En 1542 deux pasteurs, Jean Sifrid 
et Érasme Alber, découvraient le livre à la bibliothèque des Frères 
Mineurs de Brandebourg. Alber écrivait un énorme pamphlet contre 
lui : Alcoranum Franciscanorum, préfacé par Martin Luther, 
où le réformateur épanchait sa rage contre saint François. « Voilà, 
disait-il, ce qui pour les Franciscains tient lieu d'Évangile; voilà 
ce François qu’à la place du Christ ils étalent devant les chré- 
tiens ! » Une traduction anglaise existait dès 1550, et une française 
en 1556: « L’Alcoran des Cordeliers tant en latin qu’en fran- 
çais, c'est-à-dire recueil des plus notables bourdes et blasphèmes 
impudents de ceux qui ont osé comparer saint François avec le 
Crist... » L'œuvre de B. de Pise trouva des défenseurs en Allemagne, 
en France et dans les Pays-Bas. 

Le jansénisme reprit, mais avec moins de violence, la lutte contre 
les Conformités. Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, imposa 
des rétractations à trois prédicateurs, un Cordelier, un Capucin, un 
Bénédictin, qui avaient comparé saint François avec le Christ, le 
2 août 1694. — (M. G. aurait pu également parler de l'inscription du 
portail des Cordeliers de Reims: Christo... Francisco... utrique 


600 COMPTES RENDUS 


crucifixo... que l’archevêque ordonna de changer, histoire qui fit du 
bruit et qui se trouve dans le volume désopilant La guerre séraphi- 
que. — De même, il aurait pu signaler les attaques contre saint Fran- 
çois chez les premiers réformateurs de Meaux, qu'on peut voir au 
procès de l’évêque Briçonnet). — À leur tour les philosophes s'en 
prirent au saint, tels Bayle, Voltaire, Felice. Le premier à faire une 
appréciation bienveillante fut l’astronome Lalande, à la suite de son 
voyage à Assise en 1766. 

La revanche allait se poursuivre avec éclat. En 1827, le savant 
Conventuel, Nicolas Papini, tout en regrettant que B. de Pise eût tra- 
vaillé sans critique, convenait que son ouvrage était un « arsenal s. 
un « magasin regorgeant », aménagé par un écrivain «riche en érudi- 
tion profane et sacrée. » Ernest Renan parla avec plus de ferveur: 
« La thèse du Livre des Conformités est la vraie, François a été 
vraiment un second Christ, ou, pour mieux dire, un miroir du 
Christ. » Paul Sabatier a été encore plus enthousiaste. Ses 
sympathies pour le vieux moine l’amenèrent à déclarer : « Je n’hésite 
pas à voir, dans le livre des Conformités, l’ouvrage le plus impor: 
tant qui ait été fait sur la vie de saint François. » — Toutefois, en 
1890, un prètre, M. Lemonnier, auteur d’une excellente Vie de 
saint François, écrivait au sujet de l’œuvre de B. de Pise: a C'est 
le triomphe de l’a priori si cher aux philosophes, si odieux aux vrais 
historiens. Aussi le livre, qui, à son apparition, avait été accueilh 
avec enthousiasme, est-il tombé dans un discrédit profond. On sou- 
rit presque aujourd'hui lorsqu'on en parle. Il peut cependant four- 
nir et il m'a fourni quelques indications... » 

(On sait que le Liber conformitatum a été réédité par les Pères de 
Quaracchi, t. IV et V des Analecta franciscana.) 

Évouaro Jorban. Le premier siècle franciscain : les grandes crises 
de l'Ordre, p. 90. — Le drame du premier siècle de l'histoire fran- 
ciscaine consiste dans l’opposition perpétuelle entre ce que saint 
François avait voulu et ce qui s'est passé. L'Ordre voulait vivre : 
sa vie en se développant devenait-elle compatible avec toutes les 
idées du fondateur ? | 

Et d’abord, comment comprendre la pauvreté ? Le corps de sain] 
François lui-même devient une occasion de la violer. Les Mineurs, 
les Assisiates, les fidèles, le Saint-Siège, pouvaient-ils, surtout avec 
les idées du moyen âge, ne pas honorer la mémoire d'un si grand 
saint par un monument digne de lui? La construction d’une double 
église est décidée, avec monastère y attenant. Un tronc est installe 
à l'entrée du chantier pour recevoir l'argent formellement interdit 
par la Règle. Un procédé est imaginé pour concilier la richesse de 
fait avec la pauvreté théorique: le Saint-Siège devient propriétaire 
de l'édifice dont les Frères ne seront que les desservants. Théorie 
qui finira par s'étendre à tout l'Ordre. — Répondant à une consul- 
tation des Frères, Grégoire IX, par la bulle Quo elongati de 1230. 
proclame que le Testament de saint François n'oblige pas et qu'ils 


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Cl 


COMPTES RENDUS 601 


peuvent recevoir indirectement de l'argent, par l’entremise d’un 
délégué, choisi au besoin par eux, et représentant les bienfaiteurs. 

Une crise constitutionnelle était inévitable, d’autant plus que 
saint François y avait moins pourvu. Il n’aimait pas ce savant 
dosage de droits, d'obligations, de garanties, qu’on appelle des 
constitutions bien faites, car son idéalisme ne pouvait prévoir les dan- 
gers et les faiblesses que les constitutions ont pour objet de préve- 
nir. Son successeur fr. Élie en profitera pour tyranniser l'Ordre. 
Sa chute fut décidée, non pas tant par les compagnons du saint qui 
le détestaient, que par les maitres de Paris exaspérés par ses procé- 
dés de délation érigés en principes de gouvernement. Devant l'ani- 
mosité de l'Ordre, en 1239, Grégoire IX déposa ce général qu’il avait 
voulu et soutenu. Aymon de Faversham, son second successeur, 
fit restreindre l'autorité excessive du général, des provinciaux et des 
custodes ; à chaque degré, en chapitre, les subordonnés nom- 
maient celui qui devait leur commander ; les laïques ou convers, 
favorisés sous Elie, étaient relégués au second plan. 

Si le Saint-Siègé avaient assuré un gite aux Frères, c'était pour y 
préparer des hommes capables d’aider l’Église, en combattant l’in- 
croyable ignorance religieuse du peuple. À cette fin les papes 
accordèrent de nombreux privilèges aux Frères-Mineurs. Ces pri- 
vilèges furent cause d’inimitiés d'autant plus vives qu'ils lésaient des 
intérêts, blessaient des amours-propres, attentaient à des droits et 
dérangaient des habitudes. Vers le milieu du x siècle se déchaine 
contre les Mendiants, Mineurs et Prècheurs, l’assaut furieux que bien 
des symptômes annonçaient. Querelle avec le clergé séculier, à pro- 
pos des droits paroissiaux, confessions et sépultures; des transactions 
intervinrent. Querelle avec l’Université de Paris, à propos dès chai- 
res et du droit d'enseigner. Guillaume de Saint-Amour, porte-parole 
des Universitaires contesta même aux Mendiants leur droit à l’exis- 
tence. Saint Thomas, saint Bonaventure, Bertrand de Bayonne 
Jean Pecham défendent les Frères que le roi et le pape soute- 
naient. 

Sur la querelle universitaire se greffa le joachimisme. D’après le 
moine calabrais, Joachim, abbé de Flore, l’histoire de l’humanité 
devait correspondre aux trois personnes de la Trinité. Le Père 
avait régné dans l’ancien Testament, le Fils depuis son entrée dans le 
monde, le règne du Saint-Esprit devait commencer en 1260. Ce serait 
le nouvel et définitif affranchissement des âmes ; l'esprit remplace- 
rait décidément la lettre, grâce à la révélation de l'Évangile éternel 
superposé à l'Évangile déjà écrit. Nombre des Frères Mineurs se 
laissèrent gagner par les idées de Joachim. Avides de merveilleux, 
dépourvus de critique, à la fois crédules et capables d’un certain 
charlatanisme, d'autant mieux disposés pour Joachim qu'il avait 
dénoncé dans la richesse la cause de la corruption de l'Église et 
beaucoup vanté la pauvreté. En 1254, fr. Gérard de Borgo San- 
Donnino publiait à Paris son Introduction à l'Évangile éternel. Il 


602 COMPTES RENDUS 


fut condamné par Alexandre IV, mais l'incident eut un retentisse- 
ment immense ; il rejaillit sur les Mendiants et Jean de Parme, 
ministre général des Mineurs, qui avait versé dans le joachimisme, 
dut démissionner au début de 1257. Saint Bonaventure qui lui suc- 
céda fit dans l’Ordre œuvre de conciliation. À sa mort en 1274, le 
péril extérieur était à peu près conjuré ; quant au péril intérieur, il 
n'était qu'apaisé. 

La nouvelle crise consista dans la lutte des Spirituels contre la 
Communauté de l’Ordre. Le Spirituel complet, si l’on peut dire, est 
d’abord un Mineur sur l'esprit duquel ont glissé sans entrer les 
décisions pontificales relatives à la Règle. Il les ignore ou les 
repousse. Il fait profession d’être scrupuleusement fidèle à la pensée 
de saint François, sans attéauation ni glose, et de reconnaître l’au- 
torité du Testament. Il préfère la vie érémitique aux grands couvents, 
fait passer la contemplation avant l'apostolat, se défie des études, et 
généralement adhère au joachimisme. Les Spirituels se répandirent 
surtout dans l'Italie centrale (Marche et Toscane), la Provence et le 
Languedoc. Pierre Olive fut le seul penseur du parti, mais ce savant 
n’est jamais tombé dans le sectarisme d'un grand nombre de Zelanti. 
— L'avènement au souverain pontificat de l’ermite Pierre de Morone, 
devenu Célestin V, remplit les Spirituels d’espérance. Célestin leur 
permit de vivre à part, en observant la règle franciscaine, sous le 
nom de Pauvres Ermites ou Célestins. Son successeur Boniface VIII 
révoqua l'autorisation. [l fut traité de faux pape. De grands per- 
sonnages prirent fait et cause pour les Spirituels. Les choses en 
vinrent à tel point que Clément V consentit à entendre en Avignon 
les deux partis : les Spirituels et la Communauté, celle-ci représentée 
par le procureur Raymond de Fronsac, et les premiers par Hubertin 
de Casal. Le pape publia la décrétale Exivi de Paradiso, cote mal 
taillée, où l’un et l’autre parti crut avoir triomphé. Finalement la 
Communauté se crut la plus forte et le fit bien voir. Jean XXII 
condamna les Spirituels. Mais une autre question vint envenimer 
la situation. En 1322, l’inquisiteur Jean de Beaune, O.P., instrumen- 
tait contre un « béguin» qui lui opposa le dogme de la pauvreté 
du Christ et fut soutenu par un Frère Mineur. L'affaire alla devant 
le pape qui blâma la théorie franciscaine. L'Ordre, réuni en chapitre 
général à Pérouse, lança une encyclique à la chrétienté pour affr- 
mer la pauvreté du Christ et des apôtres. Jean XXII exaspéré refusa 
le domaine des immeubles de l’Ordre accepté par ses prédécesseurs. 
Après des péripéties trop longues à exposer, le général Michel de 
Césène, le philosophe Guillaume d'Ockam s’enfuirent secrètement 
d'Avignon et s’allièrent à l’empereur Louis de Bavière contre le 
pontife. Un antipape, un Franciscain naturellement, fut sacré sous le 
nom de Nicolas V. Pendant ce temps l’Ordre était divisé, les chré- 
tiens scandalisés, et le relâchement prenait de nouveaux accroisse- 
ments. | 

M. Jordan a raconté avec beaucoup de science et de talent ces 


COMPTES RENDUS 603 


multiples crises de croissance de l'Ordre. Il s'excuse d’avoir dû 
laisser à d’autres le soin de traiter des sujets plus glorieux. Il 
conclut néanmoins, que, tout bien considéré, l'Ordre des Frères Mi- 
neurs a infiniment plus servi l’Église qu'il ne l’a troublé. 

ÉTIENNE Gison. La philosophie franciscaine, p. 148. — En mou- 
rant, saint François ne laissa aux siens aucune Somme théologique, 
aucun commentaire d’Aristote ; mais l'historien qui l’interroge finit 
par retrouver en lui un ascète qui suit le Christ, un apôtre qui lui 
conquiert des âmes, un mystique qui l'aime. Il avait prévu que de 
« grands clercs » entreraient dans son Ordre et leur avait demandé 
«de ne pas éteindre l’esprit de prière en eux ni dans les autres. » 

Au nombre de ces savants et au premier rang se place Alexandre 
de Halès, dont l'influence sur l'évolution de la philosophie francis- 
caine devait être décisive. Il apportait toute la science de son temps, 
Aristote avec sa Logique, les commentateurs arabes de sa Psycho- 
logie, de sa Physique et de sa Métaphysique ; les sciences de l'Op- 
tique et de l'Astronomie; la Théologie telle que l’avaient élaborée 
des siècles de spéculation. Mais la philosophie pure et simple deve- 
nait franciscaine en tant qu’elle se réformait et se transformait du 
dedans pour attacher l’homme à Dieu par la contemplation du 
Christ, l’imiter par l'exercice des vertus et lui conquérir des âmes. 
Alexandre commence par attacher solidement les premiers anneaux 
de la chaine franciscaine à ceux que lui tendent ses prédécesseurs, 
saint Augustin, saint Anselme, saint Bernard, Hugues et Richard de 
Saint-Victor. Aristote s’offre à lui revêtu par Avicenne de ce plato- 
nisme dont s'était nourrie la pensée de saint Augustin. La Summa 
theologica d’A. de Halès est une synthèse totale de la pensée 
chrétienne, la première en date qui ait été élaborée selon la méthode 
reprise plus tard par saint Thomas d'Aquin. Cette entreprise colos- 
sale, interrompue en 1245 par la mort de l’auteur, fut confiée en 
1256 à Guillaume de Meliton qui mourut lui-même sans avoir pu 
l’achever. | 

Elle se reconstituait spontanément entre les mains du plus illustre 
disciple d’Alexandre, saint Bonaventure, avec les matériaux amas- 
sés par le maître, mais aussi avec une inspiration neuve qui les 
transfigure et assigne à chacun la place qui lui revient dans une 
philosophie qui se veut fidèle à l'esprit de saint François. La phi- 
losophie bonaventurienne est concentrée dans l'Jtinéraire de l'ime 
a Dieu, dont les sept chapitres condensent la matière de plusieurs 
volumes. Pas une phrase, pas un mot qui ne portent et n’aillent 
éveiller dans les profondeurs de la mémoire des séries indéfinies de 
pensées et de doctrines associées. On peut afhrmer que jusqu’a 
ce jour l'œuvre n’a jamais été complètement expliquée... — Au nom 
de saint Bonaventure se rattache toute une école, dont les membres 
maintiennent ses principes et l’essentiel de ses thèses malgré la cons- 
titution et le succès grandissant du thomisme. Guillaume de la Mare, 
Jean Peckam, Gauthier de Bruges et Mathieu d'Aquasparta figurent 


604 COMPTES RENDUS 


parmi les principaux. Tous ces augustiniens refusent d'envisager le 
problème philosophique pour lui-même, indépendamment de l’en- 
semble de la sagesse chrétienne à laquelle toute vraie philosophie 
s'intègre. — Dans l’ordre de la connaissance les tenants de l’école 
franciscaine hésitent à admettre que notre intellect suffise à produi- 
rent les idées générales et les premiers principes. Dans l’ordre de la 
nature, ils inclinent vers les solutions qui ne lient pas trop étroite- 
ment l’âme au corps qu'elle anime, et qui n’exagèrent pas l'efficace 
accordée aux causes secondes dans leurs opérations ; d'où l'intérêt 
pour la doctrine de la pluralité des formes dans le composé humain. 
Tout ce système de la connaissance, de la nature et de l’homme, est 
enveloppé sous une intuition générale qui voit de préférence en 
Dieu une bonte sans cesse jaillissante, source inépuisable d’amour 
qui nous demande avant tout notre amour. — Le temps et les luttes 
doctrinales pourront finir par user toutes les autres thèses de l’au- 
gustinisme franciscain ; seule, comme s'il s'agissait là du cœur même 
de la pensée et de la vie franciscaine, se transmettra sans aucune 
interruption, d’un docteur à l’autre, cette doctrine qui subor- 
donne en nous la connaissance à l'amour et lintelligence à la 
volonté. 

Lorsqu'on laisse de côté le détail de ses doctrines pour considérer 
l’ensemble de son œuvre et dégager l'inspiration qui l’anime, la phi- 
losophie de Roger Bacon apparait essentiellement comme une tenta- 
tive géniale pour organiser scientifiquement l’apostolat franciscain. 
L'âme inquiète et ardente du docteur anglais a déposé pour nous, 
dans l’Opus majus et l’'Opus minus, le plan d’une science totale qui 
serait en même temps totalement dévouée à la conquête des âmes. Il 
est tourmenté par la disproportion flagrante entre ce que l'Église est 
et ce qu’elle pourrait être. Il indique les moyens d’action et de per- 
suasion que les missionnaires pourraient employer avec efficacité : 
les lettres et les sciences. Les premières fournissent dans l’hébreu 
et le grec les sources de la Révélation, dans l’arabe l'accès aux livres 
des philosophes qui contiennent les trésors des sciences humaines 
dont l’Église doit bénéficier. Les secondes, d'abord les mathémati- 
ques, font connaitre des vérités soustraites au doute, car les sciences 
ne doivent pas se contenter des arguments dialectiques ou sophisti- 
ques que l’on invoque communément, mais se fonder sur des démons- 
trations mathématiques qui, s’introduisant dans les théories et les 
opérations des autres sciences, les règlent, permettent de les com- 
prendre, de les manifester, de les enseigner et de les apprendre. A la 
mathématisation du savoir doit s'ajouter l’expérimentation dans les 
sciences. R. Bacon a imaginé la constitution d'une science speciale, 
transcendante à toutes les autres, et qui serait la science même de 
faire des expériences. Pour qui ce déploiement de mathématiques, 
d'optique et de science expérimentale ? Uniquement pour Dieu et 
pour son Église. Ici encore, c’est à peine si le Franciscain parvient à 
se dissimuler derrière le savant. 


COMPTES RENDUS 605 


Plus apostolique encore est le B. Raymond Lulle qui mourra mar- 
tyr des musulmans en 1314. Comme Roger il tourne toute sa science 
vers les missions. Ce qu’il demande à son art, c’est un moyen sûr de | 
former toutes les combinaisons de concepts qui permettent au mis- 
sionnaire de démontrer irréfutablement la vraie foi. Cet Art consiste 
à distribuer les idées en six classes et à ranger sous chacune d'elles 
neuf catégories. C’est le prohlème que posera plus tard Leibnitz : 
« Étant donné un sujet, trouver tous les prédicats possibles ; étant 
donné un prédicat, trouver tous ses sujets possibles. » R. Lulle et 
R. Bacon sont des inventeurs méconnus, qui tiennent entre leurs 
mains le salut de la chrétienté et que le pouvoir religieux s’obstine 
à ne pas prendre au tragique. Chez l'un et l’autre, même part de 
noble chimère, même ardeur pour le service de Dieu, mêmes misères 
endurées pour n’avoir pas été compris. Par ailleurs il n’exista jamais de 
plus fidèle imitateur de saint François que R. Lulle, ascète, poëte, 
contemplatif, mystique débordant d'images et cœur débordant 
d'amour. 

Comment le B. Jean Duns Scot (+ 1308) se rattache-t-il à ses devan- 
ciers ? De prime abord, nulle philosophie n’est plus éloignée de ce 
que l’on se représente comme caractéristique de l'esprit franciscain. 
Rien de la suave poésie et de l’allégorisme charmant qui fleurissent 
dans les œuvres de saint Bonaventure et de R. Lulle. Avec cela une 
énergie tendue dans l’expression, et de brusques raccourcis de style, 
qui rendent plus abrupte encore une pensée elle-même volontiers 
elliptique. Comment supposer pourtant une erreur séculaire de l’Or- 
dre qui l’a choisi pour son Docteur, et croira-t-on que celui-ci se füt 
aussi passionnément attaché à cette doctrine si, par certains de ses 
aspects les plus authentiques, elle n’avait exprimé l'esprit franciscain 
et satisfait les aspirations franciscaines. — On doit observer qu'après 
la première génération bonaventurienne, fleurit une deuxième géné- 
ration qui, sans renier les principes posés par le maître, tient compte 
du progrès accompli dans le développement des idées et annonce 
dans une certaine mesure le système de Duns Scot. Guillaume de 
Falgar, Pierre Olivi, Richard de Middleton, Roger Marston, surtout 

Petrus de Trabibus et Guillaume de Ware, semblent avoir préparé le 
mouvement qui trouve dans la synthèse scotiste son brusque et défi- 
nitif achèvement. Les raisons de cette évolution sont encore mal 
connues, mais on peut assurer avec certitude qu'il n’entra pas la 
moindre trace d’esprit novateur dans la réforme philosophique de 
Duns Scot. S’il inventa ce fut pour conserver. Tout se passe comme 
si, en présence de la synthèse thomiste, il avait éprouvé la nécessité 
de restaurer entièrement la philosophie franciscaine, en abandonnant 
tous les matériaux vieillis et faisant tous les sacrifices nécessaires, 
Pourvu toutefois que l’idée directrice en demeurat sauve. 

Envisagée du point de vue de la philosophie pure, sa doctrine 
frappe d’abord par l'inspiration hautement métaphysique dont elle 


Revus D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 39 


606 COMPTES RENDUS 


est animée, et cette métaphysique est orientée tout entière vers la 
découverte de Dieu. Ensuite, ramenant à l'intérieur de la pensée la 
lumière divine que saint Bonaventure faisait tomber sur elle de plus 
haut pour l'éclairer, Duns Scot réserve jalousement les droits d’un 
intellect, dont la spontanéité concourt avec l’action de l'objet pour 
déterminer ses concepts au contact des choses et, dans l’œuvre de 
vérité, donne toujours plus qu'il n’a reçu. Par un autre aspect, envi- 
sageant les opérations de Dieu au dehors de lui-même, il voit en Dieu 
l’amour et la charité infinis, principes de la fécondité qui produit 
toutes choses dans l'être et les ramène ensuite vers soi. Étant à la 
foi amour suprême et bien suprême, Dieu s'aime soi-mème néces- 
sairement, mais il veut aussi librement d’autres êtres qui puissent 
participer à sa béatitude : d’où la création et, pour la hiérarchiser, 
l’Incarnation du Verbe. Ainsi ce n’est pas la faute d'Adam, c'est 
l'amour divin qui est le premier motif de l’Incarnation. Dans cet 
univers, né d’un acte de charité, le seul motif légitime de toute opé- 
ration libre ne peut être que de rendre amour pour amour ; de la, 
dans la philosophie de Duns Scot, la doctrine célèbre du primat de 
la volonté. Par là il reste inébranlablement attaché aux traditions les 
plus authentiques de la psychologie franciscaine. 

La pensée franciscaine devait s'enrichir encore de l'œuvre de Guil- 
laume d'Occam (1300-1350). Du xiv* au xvne siècle, personne ne 
s’est aperçu du caractère scandaleux de sa doctrine qui frappe nos 
contemporains. L’action politique d’Occam, partisan de l’empereur 
Louis de Bavière contre le pape Jean XXII, a beaucoup contribué à 
ce mouvement de défaveur. Par tout un côté de son enseignement 
il se rattache aux tendances authentiques de la plus ancienne école 
franciscaine. Mais c'est par deux éléments de sa pensée qu'il a surtout 
exercé son influence. Sur le terrain des £ciences, il maintient l'idéal 
de connaissance mathématique, expérimentale et intuitive, préco- 
nisé par R. Bacon. Aussi est-ce parmi les occamistes de Paris que 
s’ébauchent les premiers travaux préparatoires à la renaissance des 
sciences ; lentement, mais avec une remarquable continuité, les prin- 
cipes de la statique des corps se definissent, la notion de mouvement 
se précise, s’épure et tend de plus à se soumettre au calcul. Jean 
Buridan, Albert de Saxe, Nicole Oresme bénéficient de la liberté 
requise par Occam en ces matières. Inversement, ce qu’on a appelé 
le scepticisme d’Occam signifie simplement que la métaphysique nt 
dispose point des méthodes de preuve qui sont celles de la science 
et s’il tient à le faire observer, c'est qu’il a le souci très vif de ne pas 
compromettre les vérités de foi avec des doctrines moins solides 
qu'elles ne s'imaginent l’être. Ici encore, nous retrouvons la préoccu 
pation si franciscaine d’assurer à la foi son autonomie et sa pleine 
indépendance. C'est par cet aspect de sa pensée que G. d'Occam 
séduisit les grandes âmes d'un Pierre d’Ailly et d'un Gerson, las 
des vaines disputes entre ecoles opposées ; ils suivirent le courant 
qui devait aboutir à fonder la science positive d'une part et la théo- 


COMPTES RENDUS 607 


logie positive d’autre part. Il faut reconnaître que malgre ses lacu- 
nes et ses insuffisances, l’œuvre d’Occam abondait en germes féconds. 

M. Gilson a doté la philosophie franciscaine d’une remarquable 
synthèse qu’elle ne possédait pas encore. 

P. PourraT. Le mystique, p. 176. — Les grands mystiques ont 
d'ordinaire une grande mission à remplir dans l’Église, une mission 
réformatrice qui correspond aux besoins de leur temps. Dieu suscite 
pour l’aider une sorte de mysticisme prophétique extra-hiérarchique 
à l’image du prophétisme antique, si l’on peut dire. Saint Bernard, 
sainte Hildegarde, sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne en sont 
les principaux représentants au moyen âge. Saint François, lui, fut 
suscité pour remédier aux maux causés à l'Église par le régime féo- 
dal. Aux princes et aux villes toujours en guerre pour des questions 
de territoires et de propriétés, il prêcha la paix basée sur le détache- 
ment spirituel des biens de ce monde. Mais, contrairement aux 
anciens réformateurs, 1l n’attaqua jamais ni les riches ni la hiérar- 
chie ; l'exemple de son dénuement, de son humilité et de sa courtoi- 
sie agit plus efficacement que les plus violents anathèmes. 

M. P. repasse brièvement les principaux faits de la vie de saint 
François. 11 insiste sur l'idéal chevaleresque du jeune Assisiate qui 
devient le mystique chevalier de Dame Pauvreté, fonde « l'Ordre de 
chevalerie de Dame Pauvreté ». 

Après un deuxième chapitre sur l'humilité de saint François, l'A. 
traite de son amour séraphique pour Dieu, pour les mystères de la vie 
du Christ, sa nativité et surtout sa passion. Cet amour rejaillissait 
sur les créatures privées de raison qu’il invitait à louer le Seigneur. 
Son cantique du Soleil en est l'expression la plus magnifique. 
L'amour divin remplissait son cœur d’optimisme et de joie. Opti- 
miste, il croyait avec raison qu'il y a, en chaque homme, un côté 
excellent. Sa confiance « dans la bonté cachée de la nature hu- 
maine » explique l'extraordinaire attirance qu'il exerça autour de lui. 
Optimisme et joie vont ensemble ; la joie de saint François fut débor- 
dante, il en fit un précepte à ses Frères, car, disait-il, c’est le plus sûr 
moyen de déjouer les ruses du démon. Il accueillit la mort en chan- 
tant, fidèle jusqu’au bout à son lyrisme intérieur. 

M. P. nous parait un franciscanisant occasionnel, son étude pou- 
vait être plus poussée et plus complète. Il ignore que la fameuse 
prière au sujet de la pauvreté « qui ne voulut que trois clous au 
Christ en croix » appartient à Hubertin de Casal et non à saint Fran- 
çois. Il s’est servi de l'édition des Opuscula S. Fr. d'Anvers 1624, et 
n'a connu celle de Quaracchi que par les citations du P. Cuthbert, 
O. M. Cap. Il a cru également au nombre de 200.000 Franciscains 
au xuie siècle ; pourtant, en 1909 le P. Holzapfel {Manuale, p. 145) 
avait déjà mis en garde contre semblable exagération et proposé un 
chiffre oscillant entre 30 et 40.000. 

Dominique Tarni. La poësie franciscaine de langue latine, p.203. — 
Deux courants dans la poësie chretienne : un classicisme exagéré, 


608 | COMPTES RENDUS 


imitation de Virgile et d'Horace, et une orientation vers le genre 
concret où familier. Quel sera l’idéal franciscain ? Frères d’un Ordre 
mendiant, prédicateurs des humbles, les Mineurs devaient émouvoir 
la foule et donc, se faire comprendre d'elle; passionnément épris 
d’un idéal qu'ils cristallisaient autour de la Crèche et du Calvaire, ils 
devaient décrire, peindre avec des couleurs fortes pour frapper l’ima- 
gination, obséder l'esprit d'images expressives, arriver jusqu’à l’âme, 
forcer l'amour. Jacopone de Todi est l’un de ceux qui ont réalisé cet 
idéal avec son Stabat mater dolorosa. Dans cette complainte si 
expressive, tout n’est pas de lui, il a emprunté en particulier à Notker 
et peut-être au byzantin Joseph l’hymnographe, mais l’ensemble est 
bien son œuvre. Quant au Stabat de la crèche, la tradition des 
manuscrits ne le lui attribue pas, il serait d'un humaniste du xv° siècle. 
— Le livre d'Hubertin de Casal, l'Arbor vitae, renferme une autre 
complainte d'inspiration manifestement franciscaine, c’est un dia- 
_ logue entre la Vierge et la Croix. Est-ce simple jeu poétique, ou 
bien devait-il être joué par deux acteurs? — Saint Bonaventure 
(+ 1274) a composé les Laudes Beatae Mariae Virginis qui compren- 
nent 85 strophes commençant toutes par une des lettres de l'Ave 
Maria, poème quelque peu monotone. Par contre Philomela, le ros- 
signol, respire ce lyrisme mystique qui constitue le fond mème de 
l'âme du Docteur Séraphique. M. Tardi n’a pas mentionné les 
hymnes de l’office de la Passion qui sont également du même saint. 
— Bongiovanni de Cavriana au pays de Mantoue, Mineur de la pre- 
mière moitié du xmie siècle, est l’auteur d’un long poème de 1500 
vers intitulé : l’Anticerberus, ou contre l'Enfer, qu’il faut frapper à 
mort en fuyant les vices ou en pratiquant les vertus. Bien que com- 
posé par un Frère Mineur, il est d'inspiration peu franciscaine : pas 
d'amour pour la création, pas de rire, pas de joie; la tristesse et 
l’austérité obligatoires dans le monde. — Julien de Spire (non pas à 
la fin du xiue siècle, mais peu après 1228) a composé les offices de 
saint François (+ 1226), de saint Antoine de Padoue (canonisé en 
1232), dont les antiennes et les répons rimés ne manquent pas d'ori- 
ginalité. — L'office des Stigmates de saint François a pour auteur le 
ministre général Guiral Ot (+ 1344); l'hymne Crucis Christi notam- 
ment respire un véritable souffle franciscain. — M. Tardi termine par 
Thomas de Celano dont il analyse le fameux Dies irae, la prose des 
Défunts. Cette œuvre, dit-il, suffit à sa gloire. Néanmoins nous 
aurions aimé voir mentionnée la séquence Sanctitatis nova signa, 
qui se chante toujours à la fête de saint François, et que le P. Édouard 
d'Alençon a insérée avec une autre poésie latine, dans son édition 
Célanienne. 

« Des Calvaires, des Crèches, des Eucharisties, des tombeaux, voila 
.ce qu’a chanté l'âme franciscaine avec un accent bien à elle... » Il ne 
faudrait cependant pas être trop exclusif. Jean Peckam, archevèque 
de Cantorbéry, a composé l'office rimé de la Sainte Trinité (une fête, 
entre parenthèses, que saint François a célébrée... Trinitatis offi- 


COMPTES RENDUS 609 


ctum festo solemni celebrat... et dont on ne parle guère). Et, pour 
conclure, n’attribue-t-on pas le « rythmus paschalis ». O filit et filiae, 
à Jean Tisserand, qui le composa, au début du xvie siècle, pour les 
Filles repenties ? — Etil y aurait encore une longue liste d'œuvres et 
d'auteurs à ajouter. | 

Paoo ArcaRi. Les laudi, p. 229. — La laude religieuse italienne 
tient le milieu entre la séquence latine et notre chanson vulgaire. 
Elle dérive des traditions de l’Église, se développe selon les goûts et 
les besoins du peuple, tire la puissance de sa sève et la fraicheur de 
sa floraison de ce renouveau de la conscience chrétienne que saint 
François annonça dans le monde. C’est lui qui l’inaugura par son 
Cantique du soleil, la première poésie connue en langue italienne. 
Ses compagnons qui voulaient être des joculatores Domini, répandi- 
rent la laude dans toute l'Italie. Nous ne savons rien des poésies de 
fr. Pacifique, le roi des vers, couronné par l'Empereur des Romains 
qui s’attacha aux pas de saint François. Par contre, le maître dans le 
genre, c’est fr. Jacopone de Todi. Carducci ne pardonnait pas aux 
catholiques italiens de se complaire et de s’attarder aux Hymnes 
sacrées de Manzoni, alors qu'ils avaient Jacopone. 

Il va de soi que la laude ne fut pas l’apanage des Mineurs. Le 
public s’en empara et l’exploita. Guittone d’Arezzo l'employait pour 
stimuler ses confrères de l'Ordre des chevaliers de Marie. Les com- 
pagnies de « disciplinati » ou de flagellants, s'entrainaient dans leurs 
sanglants exercices en chantant des laudi. On connaît les pieuses 
équipées de saint Jean Colombini et de ses Jésuates parcourant villes 
et campagnes au chant de leurs compositions poétiques. 

Au xive siècle, la laude commence à vivre moins au grand air, elle 
a peut-être quelque chose de plus claustral. Pendant le xv° siècle, 
elle est un des quelques réduits où se détend et se maintient la langue 
italienne menacée par les attaques convergentes du latin et du grec. 
Aux savants grecs que le concile avait réunis à Florence, que la 
chute de Byzance ramena dans toute l’Italie, cette manière bruyante 
d'honorer Dieu ne plaisait guère. Malgré tout, la laude vit parce que 
la peinture et la sculpture vivent, et elle est peuple comme les pein- 
tres, comme le sont tous les artistes. Mais la laude vit aussi en con- 
tact étroit avec la licence des rues : la chanson carnavalesque la pré- 
cède et la suit... Au xvie siècle la laude franciscaine se meurt, quand 
la prépondérance étrangère est descendue comme un linceul sur tant 
d'énergies discordantes. Elle connaitra des résurrections différentes, 
tantôt littéraires, tantôt dévotes ; mais ces reésurrections sont excep- 
tionnelles, car la laude franciscaine fait place, au xvi* siècle, à la 
laude « philippine », à la laude de saint Philippe de Néri. La laude 
a donc, aux deux termes de son histoire, deux saints « italianissimi », 
ceux qui ont le mieux enseigné et vécu la réconciliation du renon- 
Cement et de la joie, de la charité et du bonheur : « Servire Domino 
in laetitia D». 

LEONE Bracaconi, O. F. M. Saint François et l'art, p. 245. — 


610 COMPTES RENDUS 


Parmi les raisons qui provoquent un renouveau d'amour pour saint 
François, il faut noter la régénération chrétienne de l'art qui lui est 
due. L’antiquité et le moyen âge n’ignoraient pas que le sentiment du 
beau contribue au perfectionnement de l'humanité. Ruskin faillit 
perdre la foi en 1858 sous l'influence de Paul Véronèse, il retrouva 
son inspiration chrétienne au cours d'un pélerinage à Assise en 1874. 

Saint François, grand mystique dans son Cantique des créatures 
et parfait ascète dans les rigueurs de la pauvreté, a réussi ainsi à 
équilibrer ces deux mobiles : le mysticisme envisage la beauté non 
comme un obstacle, mais plutôt comme une aide spirituelle, non 
comme un piège diabolique, mais comme une création divine ; l’ascé- 
tisme se borne à ne pas désirer la beauté pour une fin égoïste. C'est 
de saint François, amant mystique de la beauté objective et pure, que 
dérive ce merveilleux mouvement artistique du ximne siècle et des pre- 
miers jours du xiv* qui mériterait le nom de Prérenaissance. 

Grâce à lui, la conception chrétienne put revendiquer l'art et la 
beauté sous un aspect nouveau, bien différent du point de vue païen. 
Même l'art des catacombes, l’architecture des premières basiliquet, 
la décoration orientale de Byzance, revêtaient encore des formes 
paiennes; même la poésie des premiers siècles du christianisme 
unissait au goût pour les mètres classiques, des phrases et des images 
paiennes. — Mais l'amour vraiment évangelique pour ce qui adou- 
cit et réchauffe le cœur, pour les choses humbles et simples, pour 
. celles qui sont naturelles, vives, d’une éloquence mystique, la pureté 
du regard que n'’altèrent ni les passions, ni le pessimisme, ni le scep- 
ticisme, la pure joie de l'esprit, et par-dessus tout la poésie du sacri- 
fice et de la douleur, rien de tout cela n'était encore exprimé dans 
l’art chrétien, comme saint François le mit en valeur, s'inspirant 
ainsi des préférences proclamées par le Christ dans les Béatitudes. 

L’Assisiate fut un apôtre, un ascète, un mystique très diflérent des 
autres, a) car il ne s'appuyait en rien sur la doctrine et le raisonne- 
ment, mais sur la simplicité sincère et sur le vif sentiment de la foi 
qu'il préchait sous une forme plastique toute nouvelle, fondée sur 
l'expérience; b) ce n'étaient pas la crainte et l'horreur du mal quile 
rapprochaient de Dieu, mais l'amour du bien et de tout ce qui est 
beau ; il ne fuyait pas les créatures, mais il en jouissait spirituelle- 
ment en communion avec le Créateur ; c} différent des autres mys- 
tiques qui cultivaient uniquement l'intelligence, toute sa vie, excep- 
tion faite des événements surnaturels comme les stigmates, est pleine 
d’admirables visions naturelles et où, inversement, les concepts 
prennent la forme d’être vivants. 

Il serait trop long de dire comment le nouveau courant d'amour 
séraphique conduisit ou coopéra au renouvellement de l'art plastique, 
mais il n’est pas difficile de comprendre que ce bouillonnement d'af- 
fections saintes ne pouvait s'arrêter aux consciences, sans arriver à 
réchauffer l'imagination en ravivant les couleurs et en faisant surgir 
des formes nouvelles, 


COMPTES RENDUS 611 


Jusqu'au moment où prévalut l'influence franciscaine, on admirait 
surtout l'éclat des pierres et des ors dans l'art byzantin, alors qu’il y 
a bien plus de grâce dans un filet d’eau cristalline «humble, précieuse 
et chaste », ou dans l'éclat des étoiles « étincelantes, précieuses et 
belles »; un brin d’herbe qui vibre peut mieux parler qu’une voix 
savante ; dans la légende séraphique, Dame Pauvreté enseigne à jouir 
du plus grand bien, à profiter de tout ce qui est beau qu’elle donne à 
tous gratuitement, sans acception de personnes. 

Il n'est pas exagéré d'affirmer que saint François fut le père de l’art 
italien, ou plutôt de l’art chrétien ; cet art revivait en lui dans une 
atmosphère d’optimisme réconfortant, nourri de naturalisme mys- 
tique et revêtu de pure simplicité. 

Qui peut définir ou limiter l’heureuse influence franciscaine, dans 
le domaine des arts plastiques ? De la basilique franciscaine d'Assise, 
où le talent des architectes, des sculpteurs, des peintres de toute une 
glorieuse époque, jusqu’aux œuvres variées suscitées par le génie 
populaire et le souffle nouveau des Communes, partout l'esprit fran- 
ciscain laissa sa chaude empreinte sur les parchemins, sur les pierres, 
sur les tableaux. 

La nouvelle orientation de l'art créa une nouvelle technique. À la 
mosaique byzantine incapable de rendre l'expression du caractère et 
des sentiments, se substitua la peinture à fresque, plus libre dans son 
allure. L'impassibilité de l’ancienne manière devait être remplacé par 
l'étude des détails de la physionomie, des contractions des muscles 
et des sentiments naturels. Jamais l'analyse du caractère humain ne 
s'était imposée, comme lorsqu'on voulait représenter le saint d'Assise, 
singulière figure de tendre expression et de forte passion. 

Après des considérations de haute portée qu'il faut lire dans le texte, 
le R. P. se demande quel but s’est tracé la Providence en suscitant 
côte à côte le grand mouvement artistique et le mouvement intellec- 
tuel franciscains ? Sans pouvoir le préciser, nous comprenons qu'il est 
pour notre bonheur et notre consolation. Mais nous devons croire 
ici à un but particulier, car ce mouvement existe, constant, progres- 
sif, et il s'étend partout. 

Étude très attachante, supérieure à tout ce qui a été écrit sur ce 
sujet ; si elle ne dit pas encore le tout dernier mot dans une question 
passablement obscure, elle oriente du moins sur une voie excellente. 

Louis GizzeT. Nouvelles études sur la basilique d'Assise, p. 268. — 
Quel est j’architecte de la double église, Philippe de Campello ou 
Jean de Penna? Y a-t-il deux architectes, un pour chaque église ? Le 
P. Beda Kleinschmidt, O. F. M., l'auteur du monumental ouvrage 
sur la basilique d'Assise, regarde Philippe seulement comme « maitre 
d'œuvres », comptable ou administrateur de l'entreprise. Quant à 
}. de Penna, le seul texte qui le concerne dit de ne pas le distraire de 
la construction de l’aqueduc de l’abbaye de Sasso-vivo. Le contraste 
est trop frappant entre les deux églises pour y chercher le même 
architecte. C’est un Italien qui a bâti l'église inférieure, aux formes 


612 COMPTES RENDUS 


trapues et d'essence romane, terminée en 1230; l'église supérieure 
inondée de lumière, aux ogives légères jaillissant de chapiteaux 
portés par d’élégants faisceaux de colonnettes, aurait été ajoutée 
ensuite, de 1232 à 1239, par un architecte français ou d'éducation 
française. — F.. G. ne le croit pas. « S'il y a, dit-il, un trait frappant 
dans la basilique d’Assise, c’est au contraire l’unité ». L'effet de con- 
traste dans les deux églises résulte de la forme elle-même du ter- 
rain, difficulté dont l’artiste s’est fait une ressource. Le projet pri- 
mitif a été conçu d’un seul jet et réalisé dans le détail avec une sin- 
gulière énergie. 

Un autre historien récent de la basilique, M. Supino, admet l’unité 
de plan, et pour lui l'architecte qui l’a exécutée n’est autre que fr. 
Elie. L. G. convient que la fameux général a été l’âme de toute l’en- 
treprise, mais pour le voir désigner comme le constructeur, il faut 
attendre le témoignage de Mariano de Florence, un chroniqueur du 
xv® siècle. Son assertion n'est pas prouvée. — M. Supino, se fondant 
sur la lettre pontificale de 1253 adressée à Ph. de Campello, prétend 
que l’église supérieure a été remaniée. D’après lui, la charpente assez 
ouvragée devait être apparente comme à Santa Croce de Florence et 
la voûte actuelle serait postérieure, ainsi que les colonnes qui la sou- 
tiennent le long des murs. L'examen du monument ne permet pas 
cette conclusion, car les murs qui dépassent la voûte n’ont jamais 
été aplanis, et l'oculus qui éclaire les combles n'aurait pas sa raison 
d’être. Les travaux, dont parle le document de 1253, doivent se rap- 
porter au prolongement de l’église inférieure dont la quatrième tra- 
vée est une addition du milieu du xinr° siècle. 

Malgré quelques traits bourguignons, malgré une visible parente 
avec la cathédrale Saint-Maurice d'Angers, l’église supérieure d'As- 
sise n’en reste pas moins un monument national de la péninsule; 
« c’est le premier édifice où se fait jour un sentiment proprement ita- 
lien, une architecture expressive, un art des émotions et de la sensi- 
bilité ». 

Louis BRÉHIER. Les missions franciscaines au moyen âge, p. 288. 
— Au point de vue simplement humain, les Européens doivent aux 
missions franciscaines leur première connaissance de l’Extrême- 
Orient, connaissance d’où sortit le mouvement des grandes décou- 
vertes maritimes de la fin du xv* siècle. Dans l'ordre spirituel, saint 
François proposa à ses contemporains un idéal nouveau : à la lutte 
armée contre l’islamisme, substituer le retour à la tradition aposto- 
lique, la propagande pacifique. 

Lui-même s’embarqua pour l’Orient en juin 1219, assista au siège 
de Damiette, s’en fut trouver le Soudan d'Égypte auquel il prècha la 
foi, et revint avec l’autarisation d'annoncer l'Evangile dans ses États. 
Les Frères Mineurs sont établis à Constantinople dès 1220, à Jérusa- 
lem en 1229. Chassés de la ville sainte, un firman leur permettait 
d'y rentrer en 1273. La chute de Saint-Jean-d'Acre, dernière forte- 
resse des Croisés, ruina leurs établissements Une poignée de reli 


COMPTES RENDUS 613 


gieux resta en Palestine, dans une situation précaire, soumise à toute 
sorte de vexations. L'intervention des princes de l’Europe fit cesser 
cette situation. En 1303 des Frères purent visiter les captifs chrétiens 
et aller en pélerinage à Jérusalem. En 1327 le roi d'Aragon intervint 
pour qu'ils eussent une chapelle et une maison près du Saint-Sépul- 
cre. En 1328, les souvernins de Naples, Robert d'Anjou et Sanche de 
Majorque, négocièrent pour eux le droit de séjourner aux Lieux- 
Saints et de les desservir. Si plus tard les Mineurs furent molestés et 
si plusieurs souffrirent le martyre en 1365, lors de la croisade de 
Pierre de Lusignan, du moins conservèrent-ils leurs établissements. 
Au xv* siècle, leurs droits sont contestés par le clergé « in partibus » 
de Palestine résidant en Europe, mais une commission nommée par 
le pape Martin V reconnaît en 1421 que les Frères desservent les 
sanctuaires depuis 60 ans et que les aumônes des fidèles doivent leur 
revenir intégralement. Ils n’avaient pas abandonné d'ailleurs leur 
œuvre de propagande. Le couvent de Rhodes fondé en 1545 devint 
un centre d’apostolat. En 1440 une mission essaya de convertir les 
Druses et de réformer les Maronites du Liban. La conquête ottomane 
faillit cependant ruiner leur œuvre de Palestine. Ils furent chassés 
du Cénacle sur le Mont-Sion en 1523; ils s’installaient en 1559 au 
couvent de Saint-Sauveur où ils sont encore, malgré les vexations des 
Turcs, des schismatiques, et même les intrigues d’autres mission- 
naires. 

En 1241 l'invasion des Mongols menaçait l’Europe. Innocent IV 
substitua la diplomatie à la guerre des croisades et envoya des 
ambassadeurs en Extrême-Orient. Dès 1245 Jean de Plancarpin partit 
avec deux autres Mineurs vers Batou, commandant de l’armée qui 
campait sur Je Volga. Batou lui donna l’ordre de se rendre auprès du 
grand Khan à Karakorum. Il recueillit des renseignements précieux 
sur la puissance des Mongols, surtout il rapportait au pape des let- 
tres du grand Khan et les rapports diplomatiques qu’il avait noués 
ainsi ne devaient pas cesser. En 1252 le roi saint Louis envoyait au 
même souverain le Frère Mineur Guillaume de Rubrouck. Les deux 
ambassadeurs nous ont laissé le récit de leur voyage. Une bulle 
d'Alexandre IV de 1258 atteste le développement universel des 
missions franciscaines à cette époque, il n’est pas un pays d'Orient 
qui ait échappé à leur activité. Sous Jean XXII (1316-1344), elles 
atteignirent leur apogée. Au consistoire tenu en Avignon en 1322, où 
les Mineurs étaient accusés d’hérésie, fr. Jérôme de Catalogne défen- 
dit magnifiquement son Ordre : « Il n’y a pas, dit-il, de royaume, de 
langue ou de nation, où ne soient établis les Frères Mineurs pour 
prêcher la foi de la Sainte-Mère Eglise, et partout ils ont versé leur 
sang depuis le Maroc jusqu’à l’Inde ». Et il rappela que depuis quatre- 
vingts ans ils prêchaient l'Évangile chez les Tartares et avaient fondé 
chez eux quarante églises. — Toute l’Asie était partagée au xive siècle 
entre les divers souverains mongols qu’un lien de vassalité assez lâche 
rattachait au Grand Khan résidant à Kambalik (Pékin) : la Perse, le 


614 COMPTES RENDUS 


califat de Bagdad, une partie de l'Inde, l'Arménie étaient le domaine 
des successeurs d’Houlagou: la Russie, les pays de la Caspienne 
et de l’'Oural formaient le Kiptchak dont le Khan résidait à la Horde 
d'Or, à Sarataï; la Transoxiane et le Turkestan chinois appartenaient 
aux descendants de Djagataï ; enfin l’autorité du Grand Khan s’eten- 
dait sur la Mongolie, la Chine, le Thibet et le nord de l’Indo-Chine. 
Placés aux portes de ce monde mystérieux, subsistaient quelques 
États chrétiens, plus ou moins indépendants des Tartares et presque 
tous schismatiques. L'œuvre des missionnaires consista surtout à les 
ramener à l'unité de la foi. Ils obtinrent des succès décisifs dans la 
Petite-Arménie. Des efforts analogues furent tentés en Géorgie et 
dans la Haute-Arménie. Dans le Kiptchak les Frères Mineurs conver- 
tirent le Khan Toktai, descendant de Gengis-Khan. Dans le Djagatai, 
ils avaient établi une chrétienté à Ili Balik (Droungaire) en 1314. 
Elle avait pour évèque en 1340 fr. Richard de Bourgogne, et ses mis- 
sionnaires parcouraient le Turkestan dans des chariots à la manière 
des Mongols. Enfin, Jean de Montcorvin pénétra en Chine l’an 1208. 
J1 fit nombre de conversions, si bien que le pape Clément V le nomma 
archevêque de Cambalik et envoya pour le sacrer six Franciscains 
évêques qui devaient être ses suffragants. [La mission persista pen- 
dant tout le xivesiècle; mais survint un changement de dynastie qui 
entraina la persécution du christianisme; on ignore si les archevêques 
de Pékin mentionnés jusqu’en 1456 étaient réellement résidentiels 
dans leurs diocèses. 

PIERRE DE CENIVAL. La mission franciscaine du Maroc, p. 3090. — 
Saiñt François voulut inaugurer lui-même la mission du Maroc en 
1214, mais la maladie l’obligea de revenir sur ses pas. Un premier 
essaim de cinq frères conduit par fr. Bérard, en 1220, trouva le mar- 
tyre presque aussitôt. Un second envoi de sept Mineurs amené par 
fr. Daniel en 1227 fut également martyrisé. Massacres qui n'eurent 
aucune conséquence immédiate et pratique pour l'établissement de 
la mission, mais qui impressionnèrent la chrétienté. Des raisons 
politiques permirent aux chrétiens résidant au Maroc d’exercer leur 
culte. En 1233 le Franciscain fr. Agnello était nommé évêque de Fez. 
On ignore si dès cette époque il y eut un siège à Fez et un autre a 
Marrakech, ou si l'évêque portait indifféremment le titre de l'une et 
l’autre ville. En 1246, Innocent IV envoyait comme évêque fr. l.ope 
Fernando d’Agn, connu sous le nom d'Agno, en vertu d’un jeu de 
mot attribué au pape: de Lupo fecimus Agnum. Son ambassade 
auprès du sultan ne réussit pas. Fr. Rodrigo de Gudal, 1289-1307. 
est le dernier d’une suite de cinq ou six évêques franciscains. Au 
xive siècle leurs successeurs furent presque tous dominicains. Pen- 
dant le grand schisme les Frères Mineurs sont élus de nouveau, mas 
négligent leur diocèse, à tel point qu'en 1419 fr. Pedro de 541 
Cipriano laisse ses chrétiens sans prêtre. Aymar d'Orléans, 0. M. 
devient évêque de Ceuta à la suite de la prise de cette ville par les 
Portugais en 1525. Pendant le xve et le xvre siècle, la vie chrétienne 


COMPTES RENDUS 615 


du Maroc tend à se localiser presque exclusivement dans les villes 
portugaises de la côte. Fr. André de Spolète, O. M., qui voulut 
reprendre l’œuvre d'évangélisation, se fit massacrer à Fez en 1532. 
Sous une nouvelle poussée d’islamisme les Franciscains sont forcés 
de s'éclipser pour un siècle. En 1624, le fameux Père Joseph, Capu- 
cin, tente sans grand succès d'établir une mission. Le B. Jean de 
Prado, O. M., essaie à son tour de venir en aide aux malheureux 
captifs du Maroc, il est martyrisé le 24 mai 1631. Six ans plus tard 
un couvent est installé à Marrakech et il prospère jusqu’en 1660. Des 
querelles surviennent avec d’autres missionnaires. Les Frères Mi1- 
neurs sont chassés en 1677. Un frère italien est chargé en 1684 de 
restaurer la mission. Les Espagnols reviennent. Ce sont des alter- 
natives de persécution et de tranquillité jusqu’à la sécularisation des 
Ordres religieux d’Espagne en 1835. Une fois encore, en 1859, la 
mission renaît, et elle continue, desservie d’un côté par les Espa- 
gnols et de l’autre par les Français. Ces derniers ont payé leur 
tribut au martyre en 1912, dans la personne du P. Michel Fabre, 
0. M., massacré à Fez. 
FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


Louis Gizzer. Sur les pas de saint François d'Assise. — Paris, Plon 
[1927]. In-16, 252 p. 


Comme bien d’autres périodiques, la Revue des Deux Mondes a 
voulu commémorer le 7° centenaire de saint François et en a confié 
le soin à M. Louis Gillet. Ce sont ces articles parus en 1926 que l’on 
trouvera dans l’élégant volume que nous analysons. 

Je le déclare sincèrement, de toute la littérature du centenaire, et 
Dieu sait si elle est abondante (une avalanche, proclame M. Henri 
Brémond), c’est le livre qui m'a le plus touché. J'y ai trouvé le saint 
François que je cherchais depuis longtemps. 

Est-ce à dire qu’au point point de vue historique tout soit irrépro- 
chable ? À l'exemple de Chesterton. L. G. prend de singulières libertés 
avec la documentation exacte. Le tronc de marbre placé à l'entrée 
du chantier de l'église d'Assise, que frère Léon brisa dans sa sainte 
colère, il en fait un vase de porphyre plein d’or apporté par la reine 
de Chypre (p.73). Il appelle une dalmatique le surplis du diacre 
(p. 129). Sous sa plume la Bse Isabelle devient une fille de saint Louis 
(p.95), alors qu’elle était sa sœur. Il parle des chartreuses des Camail. 
dules et de Vallombreuse (p. 200). Il appelle Pierre Olivi Bernard 
(p. 206), fait intervenir fr. Pacifique au lieu de fr. Rufin (p. 239). Il 
place au xrrie siècle une fête de N.-D. des douleurs (p. 232); il attribue 
à Jacopone de Todi le chant du De profundis (psaume de l’Ancien 
Testament) au lieu du Stabat Mater. En réponse au Domine, labia 
mea aperies, il invente un Et cor meum laetabitur in te (p.235), et sur 
le fait des stigmates que personne n'aurait vu (p. 208), il ne paraît 
pas tout à fait au courant. N’empêche que plus d’une fois son intui- 


616 COMPTES RENDUS 


tion de poëte en prose a devancé les résultats de la critique histori- 
que. Ainsi, sa négation de roman de la courtisane (p. 156) vient d'être 
corroborée par le savant P. Delorme, O.F.M., qui le déclare le conte 
d’une vieille femme (cf. cette Revue, t. IV, p. 80). Mais, qu'est-ce que 
ces réserves comparées à la verve, à l’entrain, à la vie qui fusent d'un 
bout à l’autre du volume ! Que l’auteur est donc bien français ! Qu'il 
est bien de son temps ! Personne ne lui en voudra d'écrire que Jean 
de Parme est le général « limogé » (p. 138). Bien que cuculus fasse 
coucou, on ne trouvera pas mauvais de lui faire dire, à saint Fran- 
çois : « Je ne suis pas une poule mouillée, non sum cuculus » {p. 50. 

Il a découvert dans saint François l'idéal de l'être humain. « Pour- 
quoi cette popularité unique entre tout le peuple des saints ?... Peut- 
être n'aurait-on on pas tort de répondre, à cause de sa poésie que 
l’école romantique nous a appris à mieux saisir. » Il le suit en dix- 
huit chapitres (le 19°, la danse macabre, aussi étincelant que les autres, 
est consacré au poëte franciscain de Todi, fra Jacopone). 

A Assise il nous a expliqué la formation du caractère de saint 
François, quand il écoutait les jongleurs et ménestrels, uniquement 
occupés de leurs chansons, sans souci du lendemain, hébergés tant0t 
dans un château, tantôt dans un autre. Le joculator Domini, le sain- 
tement vagabond, n’aura plus qu’à recevoir le coup de foudre de 
Saint-Damien, pour se trouver dans sa nouvelle voie. Tout cadreri 
admirablement. 

La nuit de Noël devant la crèche de Greccio est un sujet tout 
trouvé à L. G. pour mettre en lumière un côté de la personnalité du 
saint, un pouvoir dont il ne se doutait guère, parce que rien de pareil 
n'existait de son temps. Il avait le démon de l’action. C'était une 
sorte de génie qui le poussait à chaque instant, par besoin de l'expres 
sion, à inventer des situations, des scènes hardies, piquantes, singu- 
lières, terribles, qui secouaient l’assistance, la frappaient d'étonne- 
ment. On ne savait jamais ce qu'il allait faire, ce qui allait jaillir de 
ce moine toujours imprévu. Rien de moins prémédité, d’ailleurs. Cest 
le moins automate des hommes, le plus immédiat, le plus soudain. 
l’homme le moins esclave de la convention, le plus affranchi des lois 
de la nécessité : personne n’a eu peut-être à ce point la merveilleuse 
puissance d'échapper à toute espèce de routine, d’improviser Sa ve 
et de l’inventer à mesure. Son histoire est une succession de {rot 
vailles, une source d’actions originales, qui ne se répètent pas et sur 
tout ne copient personne (p. 132). : 

A Poggio-Bustone, la révélation du pardon de ses fautes octroyé À 
saint François, sert d'occasion pour exposer quels furent les fameuï 
péchés de jeunesse dont on s’est tant ému ces temps derniers. L. G. 
écarte résolument les fautes de la chair. S'il y avait eu une puella où 
une ragaz;a dans sa vie, dit-il, on le saurait. « L'ambition, l’orguel 
de la vie, le dédain, l’amour-propre, les vanités, la gloire, oui Ceres 
ce furent là des péchés de François Bernardone : mais jamais lé? 
de vil, jamais une grossièreté » (p. 1 56). 


COMPTES RENDUS . 17 


Qu'est-ce que L. G. n’a pas tiré de sa visite à l’Alverne ? C’est sur- 
tout saint François qui est supérieurement étudié : le double drame 
qui se jouait en lui, drame de son Ordre qui lui échappait, sic vos non 
vobis, drame de la passion du Christ qu’il revivait dans son âme 
avant que le séraphin aux six ailes ne vint l’imprimer dans son corps. 
C'est l’histoire humaine de saint Michel, si l'on peut dire, qui n'avait 
jamais été montrée de façon si saisissante. C’est « la prière francis- 
caine », cet oflice de la Passion composé par saint François avec des 
fragments de psaumes, des morceaux d’Évangile, l’une des œuvres les 
plus originales, le premier office de ce genre qu’il y ait eu dans 
l'Église. Et tout cet ensemble se termine par la constatation admira- 
tive de la puissance d'imagination physique de saint François, vérita- 
ble nouveauté pour l'époque. Avant lui la pensée chrétienne l'ignore ; 
perdue dans ses harmonieux symboles, dans une architecture mysti- 
que aussi noble que les songes de Pythagore, elle ne voyait partout 
que figures et idées. Saint François est d’un autre temps. Ce petit 
homme émacié, de passions étonnantes, cette machine nerveuse de 
sensibilité folle, avec son génie de dramaturge, son immense voilure 
d'imagination, n’entendait rien, ou peu de chose, au christianisme 
des docteurs. Ce n’était pas son affaire, il ne s’en mêélait pas. C’était 
un poète, un artiste quine s’en doutait guère, un homme né pour 
pétrir et associer des images, un créateur qui se contente de vivre son 
roman et d’y faire entrer tout à la ronde, car on mène les hommes 
par l’amour et l'imagination. C’est ainsi qu'il lui est arrivé de 
rendre à l'Évangile une vie qu'il n'avait plus. Comme, dans la 
grotte de Greccio, il avait inventé la tendresse chrétienne, ici, dans 
la tombe de l’Alverne, il invente les larmes et les délices des larmes 
(P. 241). 

Beau livre, écrit avec cœur et esprit, qui ne peut que faire mieux 
comprendre encore saint François. 

FR. DE SESSEVALLE. 


ALEXANDRE MassERON. Légendes franciscaines. (Caritas.) — Paris 
Bloud et Gay, 1927. In-12, 201 p. 


Lorsque le 11 août 1246 les frères Léon, Ange et Rufin transmirent 
leurs souvenirs au ministre général de l'ordre, ils se défendirent 
d’avoir voulu composer une histoire continue. « Nous avons seule- 
ment cueilli, comme dans une aimable prairie, écrivaient-1ils à Cres- 
cent de Jesi, quelques fleurs qui nous paraissaient les plus belles. » 
M. A. Masseron a suivi leur exemple. Il a choisit dans les « légen- 
des » franciscaines les fragments qui lui paraissaient particulièrement 
aptes à dessiner la physionomie de saint François et a dévoiler quelque 
chose de son genie. Les textes retenus ont été groupés dans l'ordre 
suivant : d'abord, ceux qui montrent comment saint François a, pen- 
dant sa vie, violemment surexcité l’opinion de ses contemporains et 
comment se sont formées et ont été recueillies les légendes francis- 


618 COMPTES RENDUS 


caines; puis, ceux qui rappellent le caractère particulier qu'eut sa 
prédication d’être un spectacle, un « mystère » médiéval; ensuite, 
ceux qui présentent l’apôtre de la paix, l'amant de la pauvreté, le frère 
des oiseaux et le jongleur de Dieu ; enfin, ceux qui concernent les 
hommes que le saint a façonnés à son exemple et les deux sanctuaires 
‘qui furent ceux de sa vocation et de sa passion. Le traducteur a su 
conserver à ces textes vénérables tout leur charme et leur fraicheur 
naïve. Le bref commentaire qu'il y a joint afin d’en faciliter la lec- 
ture est rédigé dans une langue si simple qu'il fait, pour ainsi dire 
corps avec eux. Signalons un lapsus que l’auteur fera disparaitre 
dans une nouvelle édition. P, 116 on a imprimé croissèrent pour cru- 


rent. 
L. Baupry. 


Officium ac Missa de festo S. P. N. Francisci, quibus accedunt cantus 
selecti in honorem ejusdem. Ad codicum fidem ac normam gregoria- 
nam restituit P. Fr. Eliseus Bruning, O. F. M., jussu Rai P. Fr. 
Bernardini Klumper totius Ordinis FF. Minorum ministri generalis. 
— Paris, Tournai, Rome, impr. de Desclée, 1926. In-8o vui-143 p. 
Avec la reproduction d’une miniature représentant les Stigmates de 
saint François, extraite d'un missel franciscain du xve siècle. 


Afin de célébrer le 7° centenaire de s. François avec toute la splen- 
deur désirable, l'Ordre des Frères Mineurs a fait éditer l'office com- 
plet et la messe de son fondateur d’après les meilleures règles de 
la critique. 

Cet office avait été composé, pour le texte et le chant, peu de 
temps après la canonisation du saint en 1228, par frère Julien de 
Spire qui fut maître de chapelle, à la cour du roi de France, à l’ex- 
ception des hymnes et de quelques antiennes, œuvres du pape Gre- 
goire IX et de certains cardinaux. 

[.a préface nous apprend.que la dernière édition de l’antiphonaire 
(contenant ledit office) fut imprimée à Venise, chez Liechtenstein, 
vers 1580. Dans un grand nombre de couvents d'Italie, on se sert 
d'immenses livres de chant manuscrits, posés sur un vaste pupitre et 
qui servent à tout le chœur. Le texte mélodique est à peu près par” 
tout le même, mais il s’écarte néanmoins de l'original. 

Le P. Bruning a publié ses mélodies d’après trois mss. du xuie siècle 
(dont le célèbre ms. Rosenthal de Munich) et six du xive siècle. À 
la suite viennent des pièces diverses, hymnes, procès et répons, de 
facture ancienne, mais qui n’entrent pas dans la liturgie officielle, 
sauf toutefois l’antienne O Sanctissima du Transitus. Le R. P., dans 
un « Epilogus criticus », p. 138-143, donne la provenance musicale 
de ces compositions. On remarquera, p. 129-132, le Cantique du 
Soleil traduit en latin et adapté à la mélodie d'un autre Cantique des 
créatures employé par l'Église à la messe du samedi des Quatre-Temps: 
* Le tout se termine par un Benedicamus farci, de l’année 1348, con 


ME. fe 


COMPTES RENDUS 619 


servé à la Bibliothèque royale de Bruxelles : « BENEDICAMUS in lau- 

dem Patris nostri Francisci Crucifixi signis insigniti Domino. » 
Enfin, le docte éditeur nous fait savoir incidemment, p. 141, qu'un 

missel franciscain fut imprimé à Paris en 1520, 1525, 1542 et 1555. 


FRANCOIS DE SESSEVALLE. 


SUZANNE LEMAIRE, docteur en droit. La Commission des Réguliers. 
— Paris, Recueil Sirey, 1926. In-8° de x1v-250 p. 


« [1 s’agit de détruire les cloîtres, au moins de commencer à dimi- 
nuer leur nombre », écrivait à Voltaire le roi Frédéric en 1767; et 
en 1775 il redisait : « Si l'on parvient à diminuer les moines, surtout 
les Ordres mendiants, le peuple se refroidira. Miner sourdement 
l'édifice de la déraison, c’est l’obliger à s’écrouler de lui-même ». 
Ces deux phrases, citées par l'A. p. 176, expliquent l'institution de la 
Commission des Réguliers en 1766. Sous le prétexte de réformer les 
Ordres religieux on cherchait à les faire disparaître et on y réussit. 

A cette date de 1766 l’Ordre de Saint-François était divisé en cinq 
catégories : les Observants connus sous le nom de Cordeliers ; les 
Récollets, réforme plus sévère, soumis comme les précédents au 
même ministre général ; les Conventuels appelés aussi Cordeliers, 
possédant des biens immobiliers en commun; les Capucins; les 
Picpus, du Tiers-Ordre Régulier. 

Ces religieux, au nombre de 9.820, les plus nombreux des six 
espèces d’Ordres qui composaient le clergé régulier de France, attei- 
gnaient au total 26,674 personnes; ces religieux avaient-ils besoin 
d'une nouvelle réforme ? L'ouvrage de S. L. ne nous l’apprend guère. 
Nous savons cependant par la Lettre du provincial des Récollets de la 
province de l’Immaculée-Conception en Guyenne, 15 septembre 1766 
(Arch. nat., G° 54), que « les lois sont sans vigueur parce que les 
supérieurs sont sans autorité... Qu'un inférieur s'écarte de son devoir, 
qu'il viole ses règles, qu'il ait à redouter quelque châtiment de notre 
part, son parti est bientôt pris, il a recours à la protection, il crie à 
la violence, à la tyrannie, il en appelle comme d'abus : on l'écoute 
trop aisément, on nous lie les mains. Montrer dans ces occasions 
quelque fermeté, c’est attirer des ennemis, c’est étendre le scandale 
à pure perte : le supérieur pour n'être pas forcé de plier aurait besoin 
d'être étayé par l'autorité souveraine » (p. 10). — Le Mémoire des 
religieux prêtres Cordeliers (Arch. nat., G° 53) révèle entre autres 
choses que « un Père de province (ancien supérieur majeur, ou 
assimilé), accoutumé à une vie délicieuse pendant son trienne, ne 
peut se résoudre à mener une vie commune... Une compagnie hon- 
néte, une table bien servie, rarement au chœur et souvent en salle, 
voilà ses occupations. Les revenus d’une maison ne suffisent pas, il 
fait contribuer celles qu’il protège. Et protéger, chez nous, un cou- 
vent, c’est le ruiner... Ah! douce humanité, partout on vous réclame, 
Partout on vous exerce, n’y a-t-1l que chez nous que vous serez foulée 


620 COMPTES RENDUS 


aux pieds * » (p. 10). — Les sociétés secrètes avaient fait des adeptes 
dans plusieurs provinces. On peut en juger malgré le ton hadin de 
l'archevêque de Tours, M. de Conzié, dans une lettre du 18 juin 1778 
à Loménie de Brienne, rapporteur de la Commission, à propos de 
l'élection du provincial des Cordeliers de Touraine : Le P. Etienne, 
gardien de Nantes, paraît réunir la très grande pluralité des suffra- 
ges : j'ignore s’il les mérite. L'évêque de Quimper m'en a écrit beau- 
coup de mal, ce qui ne m'empêcherait pas d’en penser beaucoup de 
bien, surtout s’il est vrai que l’évêque de Nantes en rende un temoi- 
gnage favorable. I] m'a paru plaisant que le grand reproche du sei- 
gneur Saint-Luc {[l’évèque de Quimper] contre ce religieux est qu'il 
est franc-maçon. Suivant lui, franc-maçonnerie et impiété sont une 
même chose ». Et, le 31 juillet suivant, annonçant l'élection de ce 
P. Etienne, il redira : « Peut-être n'est-il pas très fervent, peut-être 
même est-il franc-maçon, ce qui déplaît à M. de Quimper, mais ce 
dont je vous réponds, c’est qu'il a de l'esprit ». — Ces trois témoi- 
gnages vagues ne suffisent pas pour nous faire une opinion sur l'en- 
semble de près de dix mille Franciscains français. 

Un des buts de la Commission avait été de retarder l'âge légal de 
l'entrée en religion et de reviser les constitutions des Ordres. Unpeu 
partout on tint des chapitres, mais où la liberté des capitulaires était 
souvent entravée. On lit dans le Rapport de Brienne apres la cloture 
du chapitre des Cordeliers, octobre 1769 (Arch. nat., G° 51): « Nous 
voudrions pouvoir vous rendre un compte avantageux de la docilité 
des religieux à se conformer aux vues de la Commission... Mais nous 
devons le dire, quoique avec regret, de tous les Ordres dont les cha- 
pitres ont été assemblés, il n’en est point qui aient montré plus 
d'humeur, plus d’attachement au désordre, plus d’éloignement des 
règles que celui des Cordeliers. Malgré cela, M. l’abbé de la Luzerne. 
qui a suivi seul toutes les opérations du chapitre, a su par sa sagesse. 
sa fermeté et sa prudence, remplir la plus grande partie des ins- 
tructions qui lui avaient été données, et faire ajnsi le bien de l'Ordre 
malgré lui-même » (p. 72). 

Ces aveux en disent long. Ils révèlent qu'une puissance étrangère 
à l'Église et à l'Ordre voulait introduire chez les Cordeliers, malgré 
eux, un élément qui les annihilerait après les avoir divisés, c'était 
leur union avec les Conventuels. Ceux-ci avaient été déjà sollicités 
de modifier leurs règles. Au mois de mai 1767, un mémoire du 
P. Fayn, provincial de la province Saint-Roch, en Languedoc IArch. 
nat., G" 35) avait soulevé une objection : « Peu nombreux en France, 
nous ne faisons qu’une très petite portion de l'Ordre, fort étendu en 
ftalie, Allemagne, Pologne et autres royaumes. Pouvons-nous tou- 
cher à nos lois sans nous exposer évidemment à un schisme avec 
les différentes nations qui nous regarderaient comme très incompé- 
tents à faire des changements à nos constitutions? » (P. 86. 

Le chapitre des Observants de 1769 avait fini par consentir à la 
réunion avec les Conventuels et la Commission l’avait fait connaitre 


COMPTES RENDUS " 621 


à Rome, avant même que les Conventuels en fussent avisés. Clé- 
ment XIV Conventuel lui-même, croyant l'union souhaitée, l’autorisa, 
mais ordonna la tenue d’un chapitre commun. Il fut assemblé en 
septembre 1770 et le 28 de ce mois un concordat fut: signé, qu’un 
bref confirma peu après. Aux suppressions de maisons, délibérées par 
les chapitres séparés des provinces, s’en ajoutèrent alors quelques 
autres, provoquées par l'union, en vertu de l'article X de l’édit de 
1768, ce qui porta leur nombre à 58 sur 345. Et cependant, écrivait 
le cardinal de la Roche-Aymon à Brienne, en lui adressant un 
mémoire du général des Cordeliers (Arch. nat., G° 54) : « Il paraît 
que le mémoire contient quelques demandes fort raisonnables. D’ail- 
leurs il ne faut pas y regarder de si près pour un Ordre que le pape 
protège d'une manière particulière ». Quels n’auraient pas été les 
ravages de la Commission dans ses rangs, sans cette protection ? 

Les Cordeliers possédaient à Paris le Grand Couvent où toutes les 
provinces de France envoyaient des étudiants. Vers 1777, le gouver- 
nement, sous prétexte d’intérét public, pour aérer un quartier sur- 
peuplé, voulut le détruire et percer des rues sur son emplacement. 
Par suite il ordonna le transfert des Cordeliers au couvent des Céles- 
tins que la destruction de cet Ordre laissait vacant. « Ce projet, dit 
un mémoire des Cordeliers, sous quelque point de vue que nous 
l’envisagions, remplit notre cœur de la plus profonde amertume. 
Nous n’y voyons que notre destruction... Un collège, agrégé à l’Uni- 
versité et qui existe dans son sein, transféré à une lieue de cette 
Université! La situation seule n’est-elle pas une raison d'exclusion 
pour nous ? Quelle perte de temps pour nos étudiants ! Quelle occa- 
sion de dissipation! Quoi de moins édifiant pour le peuple que de 
voir des religieux courant sans cesse les rues pour aller aux examens, 
aux actes, aux exercices et en revenir! Nos provinces, frappées de 
ces inconvénients, cesseraient bientôt d’envoyer des étudiants... 
Notre translation serait notre tombeau ». Se voyant à la veille 
« d'abandonner un terrain précieux par sa situation, et qui vaut plus 
du triple de celui qui est proposé », ils adressèrent une Requête au 
roi, octobre 1778 (Arch. nat.. G” 55) où ils ajoutaient : « En pos- 
session depuis plus de cinq siècles d’un établissement que nous tenons 
de la libéralité du plus saint de nos rois, pouvons-nous être insen- 
sibles à la destruction des monuments de sa piété’. Notre Ordre 
entier, nos provinces... nous taxeront de la plus honteuse indiffé- 
rence ». | 

A cette requête le roi fit répondre le 31 octobre : r.… Les diffé- 
rentes considérations sur lesquelles vous avez tant insisté doivent 
céder aux motifs du bien public... » Cependant les religieux étaient 
Soutenus par l’archevêché. « M. l’archevêque de Paris a fait signifier, 
le 9 septembre dernier [1779], aux religieux Cordeliers du Grand- 
Couvent, une ordonnance par lui rendue, de son propre mouvement, 
le 8 du même mois; cette ordonnance porte défense auxdits religieux 


Revuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 40 


622 COMPTES RENDUS 


de se transférer dans la maison des Célestins pour y vivre en conven- 
tualité... jusqu’à ce que, concurremment avec la puissance civile, il 
ait ordonné, s’il y échet, la translation de la communauté et du col- 
lège desdits Cordeliers dans la maison des Célestins, et ce, sous les 
peines de droit » (Mémoire adressé par M. Joly de Fleury au garde 
des Sceaux). L'auteur prévoyait la résistance de l’archevêque et les 
moyens de passer outre : «.….. Si M. l'archevêque refuse de lever les 
défenses, les Cordeliers pourront prendre la voie de l'appel comme 
d'abus contre l’ordonnance de défense ». — Néanmoins, quoiqu'’en 
dise S. L. (p.170), les Cordeliers n’abandonnèrent le Grand-Couvent 
que chassés par la Révolution. 

La Commission voulait encore exiger la suppression de tous les 
couvents qui n'auraient pas dix religieux. Le Rapport du provincial 
des Cordeliers d’Aquitaine-Ancienne (Arch. nat., G° 51) faisait 
remarquer que le produit de la quête, principal revenu des Ordres 
mendiants, ne suivrait pas les reiigieux que l’on déplacerait. L’ac- 
croissement du nombre des religieux d'une maison n’augmenterait 
point ses ressources : en effet, celles du couvent supprimé, étant 
« absolument dépendantes des lieux où il est établi, ne sont pas 
transportables ailleurs »; et quant à celles du monastère où serait 
rétablie la conventualité, elles ne sauraient être accrues, « les reli- 
gieux ne pouvant étendre leurs quêtes au delà des termes de leurs 
missions et des villages où ils vont prêcher et rendre les autres ser- 
vices spirituels » (Mémoires des Récollets de la province de Lille en 
Flandre, juin 1767, Arch. nat., G° 59). — Malgré ces considérations, 
to couvents de Récollets sur 223 furent fermés. En dix ans, de 1768 
à 1778, ceux de la province de Paris perdirent 48 religieux et n'en 
reçurent que sept. En 1782, les Récollets de la province de Lyon 
décidèrent spontanément de supprimer douze de leurs couvents, faute 
de sujets pour les occuper (Arch. nat., G° 60). De 1768 à 1778 ils 
comptaient 6y prêtres et 30 frères morts, 12 prêtres et 4 frères sortis 
par bref ou réclamation, soit 115 pertes. Ils avaient reçu 1 clerc 
profès et un convers profès, 3 novices clercs et 2 convers. Si on 
remarque que la province avait, vers 1768, 242 religieux prêtres et 
qu’elle en a perdu 81, soit exactement un tiers en dix ans, que quatre 
seulement remplaceront, en admettant que les novices persévèrent, 
cet exemple montre assez la profondeur du mal et l'intensité de la 
crise à laquelle la Commission n’a pas su ou n’a pas voulu remédier 
(p. 173). 

Quant aux Capucins, membres d’un Ordre puissant, puisqu’il com- 
prend plus de 1.600 couvents réunissant 25.000 religieux, ils ont en 
France 423 maisons, réparties en 16 provinces, et 4.397 sujets. Le 
prestige du général est considérable et la Commission consentira, 
par égard pour lui, à ne pas envoyer de commissaires aux chapitres 
(seul, avec cet Ordre, celui des Chartreux aura ce privilège}. Elle 
consentira également à laisser à l’Ordre toutes ses maisons, les 
Capucins étant utiles « quoiqu’en petit nombre, et d’ailleurs la sup- 


COMPTES RENDUS 623 


pression des maisons purement mendiantes ne pouvant pas suivre 
les mêmes principes que les suppressions dans les Ordres rentés » 
(Rapport de Brienne, 25 février 1772). Les religieux ne peuvent sup- 
porter les frais d'une procédure qui, certainement, serait longue et 
coûteuse, car elle provoquerait de la part des populations, parmi 
lesquelles les Capucins sont fort aimés, et de la part aussi des évêques 
auxquels ils sont fort utiles, des oppositions multiples. Les suppres- 
sions ne seraient donc, pour la Commission, qu’une source d’en- 
nuis qu'aucun profit ne compenserait. De plus, il est d’autant moins 
nécessaire de les provoquer qu’en fait le ralentissement considerable 
du recrutement amènera sans violence au même résultat (p. 171). 
— En effet, la requête du chapitre des Capucins, en mai 1771, prie 
le roi « de remettre la profession religieuse au moins à l’âge prescrit 
par les constitutions, savoir, des frères laïcs à dix-neuf ans et des 
clercs à dix-sept, attendu qu'il ne serait pas possible d'envoyer aux 
missions étrangères selon l'intention de Sa Majesté, de fournir les 
aumôniers et les hôpitaux militaires, et de donner les secours néces- 
saires aux villes et aux campagnes selon le vœu des évêques, vu que 
depuis l'exécution de l’édit du mois de mars 1768 il est mort dans le 
royaume plus de deux cent cinquante prêtres [capucins] et qu’on n’en 
a pas reçu vingt à la profession » (Arch. nat., G° 48). 

« Les « Tierçaires » de Saint-François ou Picpus sont répandus 
dans toute l'Europe, mais forment dans chaque état une congrégation 
indépendante des autres, bien qu’elles soient toutes soumises à la 
juridiction du général des Cordeliers, résidant à Rome, qui est aussi 
celui des Récollets (p. 85). — M. de Conzié, vicaire général de Saint- 
Omer, commissaire au chapitre de Picpus, en mai 176, écrit à 
Brienne le 9 avril avant l'assemblée : « Une conférence de quatre 
heures que j'ai eue ce matin avec le P. Bonhomme m'a rendu pres- 
que aussi Picpus que j'étais, il y a quelques jours, chanoine régu- 
her ». Îl écrit de nouveau, le 16 mai : « Je me flatte d'amener mes 
moines à bonne composition... nous viendrons à hout de la conven- 
tualité ; j'ai disposé les provinciaux qui s’attendent à pis qu'on ne 
leur en demande » {Arch. nat., G° 62). — Un rapport de Brienne, 
en février 1770, nous apprend que les constitutions « des Minimes et 
des Picpus ne sont pas encore prètes à revenir [de Rome], mais une 
partie des maisons dont la suppression a été délibérée s’évacue dans 
ces deux Ordres, et l’évacuation des autres se prépare » (p. 108). 
— Cet Ordre de Picpus, ou Pénitents du Tiers-Ordre de Saint- 
François, divisé en quatre provinces, compte 494 religieux dans 
61 maisons. Pourquoi, puisque, au témoignage de Brienne lui-même, 
«ils montrent le désir du bien et l'amour de la régularité », avoir 
supprimé douze de leurs couvents, soit un cinquième? Pourquoi 
jeter le trouble dans tout l'Ordre en exigeant une nouvelle division 
des quatre provinces en six custodies? Pourquoi, sinon pour amener 
le découragement et la perturbation là où régnaient le calme et 
l’ordre {p. 171). 


624 COMPTES RENDUS 


Voici, d’après le tableau de la p. 214, le nombre des religieux, 
1° vers 1768, 2° en 1790, 3° le chiffre de ceux âgés de plus de 50 ans 


à cette dernière date. 


Cordeliers : 2305; 1544 ; 918. 
Recollets  : 2534; 1558; 828. 
Capucins : 4397; 2674; 1375. 
Picpus : 494; 288; 139. 


L'ouvrage de S. L. repose sur une bonne bibliographie (p. x1-xivi, 
toutefois il ne mentionne pas l’étude du P. DELORME, O. F. M., sur 
Les deux Aquitaines [des Cordeliers] et la Commission des Réguliers 
parue dans La France Franciscaine, 1922,.p. 83-151. — 11 donne des 
renseignements généraux sur les Ordres religieux à la fin du xvine siè- 
cle, l’origine de la Commission des Réguliers, sa composition, ses 
opérations, ses résultats déplorables. Mais il ne faudrait pas v cher- 
cher l’histoire détaillée de chaque Ordre en particulier. Ce que nous 
avons rapporté au sujet des Franciscains ne dispensera pas les his- 
toriens de consulter avec profit les dossiers des Archives nationales. 

HENRI LEMAÎTRE. 


Chanoine A. SABARTHES. Le couvent des Clarisses de Carcassonne. 
(Extrait des Mémoires de la Société des arts et des sciences de 
Carcassonne, 3° série, t. 1®°). — Carcassonne, impr. de Gabelle, 
1924. In-8°, 16 p. 

Dans les trois pages traitant des Clarisses de Carcassonne, au 
t. Ier de notre Revue, p. 99-102, le regretté P. Ubald d'Alençon, O.M. 
Cap., avait donné plus de faits et de renseignements qu’on n'en trouve 
dans la brochure de M. S. Mais celui-ci a l'avantage de publier in- 
extenso trois documents de 1310, 1358 et 1372 que notre collabora- 
teur n'avait fait qu’analyser. Au sujet du dernier, bulle de Grégoire XI 
spécifiant que le monastère contenait ordinairement 40 moniales 
bénites et 40 non bénites, M. S. écrit, p. 7, qu’ « on appelait bénites 
les religieuses qui avaient fait profession, que l'on distinguait ainsi 
des novices et aussi des pensionnaires que l’on admettait dans les 
monastères sous certaines conditions », et il cite Mine, Dict. de 
Droit canon, 1, 963. Il parait bien extraordinaire que le pape appelle 
moniales non benedictas des novices ou des dames pensionnaires. Les 
benedicte ne seraient-elles pas ces religieuses qui auraient reçu « la 
consécration des Vierges » prévue au Pontifical ? Et ainsi les autres, 
veuves, où non vierges, ou converses au voile blanc, seraient seule- 
ment des professes ordinaires. Nous savons que sainte Colette ne 
voulait pas de la consécration des vierges, à cause sans doute des 
frais considérables qu’entraïinait cette fastueuse cérémonie toujours 


présidée par un évêque. 
H. L. 


COMPTES RENDUS 625 


JEANNE ANCELET-HUSTACHE, agrégée de l’Université, docteur ès-lettres. 
Melchtilde de Magdebourg (1207-1282), étude de psychologie reli- 
gieuse. — Paris, H. Champion, 1926. In-8° 402 p., 45 francs. 


Melchtilde de Magdebourg, qu'il ne faut pas confondre avec sainte 
Melchtilde de Hackeborn, appartient surtout à la famille domini- 
caine. Néanmoins, J. A.-H. n’a pas hésité à relever les vestiges d’'ins- 
piration étrangère dans son héroïne. Elle nous apprend que « les 
Dominicains ne furent pas seuls à s'établir à Magdebourg dans la 
première moitié du xime siècle, En 1225, peut-être même dès 1223, 
les Franciscains vinrent s'y installer. Comme les Prêcheurs, ils vécu: 
rent d’abord dans le faubourg, puis, cinq ans plus tard, ils se fixèrent 
à l'intérieur de la ville. Ils eurent eux aussi le plus grand succès. 
Dès 1228, le général de l'Ordre fait de Magdebourg le centre de la 
province pour l'étude de la théologie et Simon d'Angleterre « vir 
scholasticus et magnus theologus » est nommé lecteur. En 1260, le 
pape Alexandre IV charge les Frères Mineurs de la province de Mag- 
debourg de prêcher la croisade contre la Prusse, la Livonie et la 
Courlande. Plusieurs chapitres sont tenus dans la ville : le frère Mar- 
quard de Mayence est nommé ministre provincial au chapitre de 
Septembre 1239. Conrad de Saxe (1247-1262) réunit aussiun chapitre 
à Magdebourg et lui-même y est réélu au nouveau chapitre de 1272. 
Autre chapitre provincial pendant le ministère de Burkard de Halle : 
(1282-1295). Otto de Regenstein, élu ministre provincial en 1279 et 
Jean de Neustadt, désigné pour la mème dignité en 1295, avaient été, 
le premier gardien, le second lecteur à Magdebourg. Cependant ce 
n'est pas la réputation du couvent franciscain de Magdebourg, ni 
même sans doute la science théologique de ses religieux qui intéresse 
Melchtilde. Que saint Thomas et saint Bonaventure soient ou non 
d'accord sur tous les points de la doctrine, elle n’est pas assez au 
Courant des discussions de l’École pour approfondir ces questions. 
Mais les Franciscains ont apporté dans leur cœur, du fond de l'Italie 
au Nord lointain, la piété tendre de leur Père, et c'était bien là leur 
plus beau trésor, Melchtilde, parfois grande comme une sibylle anti- 
que qui annonce aux hommes un avenir de terreur et des punitions 
redoutables, devient douce et toute franciscaine quand elle évoque 
les mystères joyeux de la vie de la Vierge et de Jésus. Nous verrons 
Sa piété si proche de celle des Méditations de la vie du Christ [du 
Pseudo-Bonaventure, O. M.] qu'on peut conclure que certains pas- 
Sages de son œuvre sont dus à la même inspiration. — C’est sans 
doute aussi aux Franciscains qu’elle doit de connaitre, au moins par 
oui-dire, les œuvres de l’abbé Joachim de Flore. Nous savons com- 
bien ces livres, pourtant presque suspects, étaient aimés des Frères 
Mineurs dont ils exaltaient, pensait-on, le fondateur et l'Ordre; on 
les COMmentait jalousement dans les couvents et on cherchait une 
"Meérprétation aux événements contemporains dans les prophéties 
AUils renfermaient. Il est certain que Melchtilde a été touchée par 


626 COMPTES RENDUS 


ces rumeurs d'Apocalypse, mais nous ne savons rien de précis sur la 
façon dont elles lui sont parvenues... » (p. 25-27). 
Bonne contribution au mouvement mystique allemand du xuie siècle. 
FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


Abbé CLÉMENT GELÉZEAU. Glanes rochelaises à l'occasion du 7° cen- 
tenaire de S. François. — Bordeaux, 1927. In-8°, 43 p. 


Cinq établissements franciscains existèrent à la Rochelle. 1° Le 
couvent des Frères Mineurs fondé en 1228 et aliéné en 1561. Fut-il 
reconstitué dans la suite? L’A. n'en donne aucune preuve. Il n'est 
pas prouvé non plus qu’une dépendance de ce couvent, l’Ermitage 
(p. 5), ait existé simultanément avec lui. L'auteur suppose (p. 30) 
qu’en 1631 le couvent des Frères Mineurs et celui des Observants ont 
été réunis, ce qui est inadmissible car ils n’appartenaient pas à la 
même province. Îl n’a pas compris les textes qu'il cite (p. 31) et qui 
visent les deux couvents au xvu* siècle ; le départ entre les deux 
maisons est entièrement à refaire. 2° Le couvent de Lafond, situe 
dans les faubourgs, fondé en 1461 pour les religieux de la vicairie 
de l’Observance, et transféré dans la ville en 1631 (p. 33}. 3° Le 
couvent des Récollets fondé en 1628. A la suite, l'A. donne une liste 
de l’état de dix couvents de Récollets dans l’Aunis et la Saintonge, 
en 1790 (p. 38-41). 4° Le couvent des Capucins fondé après le siège 
de 1628 (p. 37-38). 5° Le monastère des Clarisses fondé en 1307 et 
rétabli en 1653 {p. 19). — L'ensemble des renseignements, extraits 
de divers auteurs, manque de clarté. 

La meilleure pièce de la brochure est une charte de 1228 conservée 
aux archives de l’Hôtel-de-Ville de la Rochelle : 

« À toz ceaus qui ceste presente chartre verrontet oiront Will[a]mes 
Arb{ejrt adonaues maires et liz borgeis de la Rochele, saluz en Jh{elsu 
Christ. À vostre université faisum assaveir que nos par comunau 
volunté et par comunal assent{e]ment et nomeement ob le gré et ob 
la volunté de Pere Barbe, prior adonques de la novele aumosnerie 
de la Rochele, et des executors fahu Alixandre Aufrei, por le bien et 
por le salu de l’arme au devantdit Alixandre, et por le profit et 
por l’amen[dement des polvres de ladite aumosnerie, avom reçu 
et herbler]gé les frères de l'Ordre Menor en la davant(dite] maï 
son aumosnère, et lor avom baillé une partie de ladite maisun et 
dau verger ob l’auter et oh la chapele, à tenir et aveir durablement 
toteissi cum les clousons ou devisent. Veritez est que en recum- 
[pense por lesdites] chouses et por ceu que nos ne voliom que Î 
povre ne ladite aumosnerie i fus[sent].. [papier rongé]…. [nos] lor 
avom doné x lib{res] de rente perpetuament [a aveir et prejndre 
chascun an a karesme prenant jusque a tant [que nous ayom assis] 
et assigné [lesdites] x lihres de rente dedenz la vile de la Rochele en 
un leuc bien [en cru]. Et quant noz lor aurom achaté et assigné les 
x libres de rente si com desus est dit, adonqgl[u]Jes noz [serom)] quités 


COMPTES RENDUS 627 


et delivrés de cele rente et de cele teneure. À maire certaineté de 
ceste chouse nos avom doné au prior et aus povres de ladite aumos- 
nerie ceste presente charte saelee et [conf]ermee du sael de nostre 
com{mJune. Ce fut fyatl’an de l’Incarnacion Jhesu Christ MCCXX VIII 
[ou XXIX] [papier rongé]..… ou meis d'avril. [Sceau perdu]. 

Le contenu de cette charte est assez troublant. Il paraît surpre- 
nant qu'en 1228, deux ans seulement après la mort de saint François, 
les Frères Mineurs nouvellement venus à la Rochelle aient accepté 
une rente perpétuelle. (S'ils ne l’avaient pas acceptée, serait-elle 
mentionnée sur le document?) Nous ne connaissons pas une pièce 
plus ancienne mentionnant une pareille infraction à la Règle francis- 
caine. On ne cite rien de tel à Assise à la charge de frère Elie. L’his- 
torien Jacques Fodéré, dans sa Narration historique... des couvents 
de la province de Bourgogne, Lyon 1619, p. 97, accuse le pape Gré- 
goire IX d’avoir donné aux Frères « liberté d’acquérir, d'accepter 
et posséder en commun toutes sortes de rentes, sences, pensions, 
possessions, domaines, seigneuries, et toutes espèces de biens ter- 
riens, ne restant en tout l’Ordre aucuns religieux qui se voulussent 
ranger à l’estroicte pauvreté, qu’un'bien petit nombre... ». Plus loin, 
p. 109, il prétend que saint Bonaventure réforma l'Ordre « au moins 
quant aux mœurs et à la prospérité particulière : mais quant à la com- 
mune, il n’y a pas apparence qu’il y ait touché, car dans les archives 
de Messieurs les [chanoines] Comtes de S. Jean de Lyon, il se trouve 
des contracts concernant la seigneurie d’frigny, de Franche-ville et 
autres circonvoisines, qui appartenait ou couvent des Cordeliers. 
dudict Lyon, où S. Bonaventure est nommé comme général, consen- 
tant à ce qui s’acquéroit, donnoit et possédoit audict couvent : et 
voit-on encore aujourd’huy dans l’église et chasteau dudit Irigny les 
armoiries de S. Bonaventure, et des marques et escriteaux mention- 
nant les réparations qu'il y faisoit faire, la seigneurie appartenant 
déjà au couvent de son temps ». — La découverte de nouveaux docu- 
ments nous dira ce qu’il faut penser de l’assertion du P. Fodéré. 

HENRI LEMAÎTRES. 


Girozamo GoruBovicH, O. F. M. Biblioteca bio-bibliografica della 
Terra Santa e dell’ Oriente francescano, t. V {dal 1346 al 1400). — 
Quaracchi, Collegio S. Bonaventura, 1927. Grand in-8°, x-441 p. 
— Prix: 50 lire. 


L'œuvre monumentale entreprise depuis 1906 par le R. P. Golu- 
bovich arrive au xv° siècle et comprend déjà cinq forts volumes. Le 
tome V renferme 297 notices, dont quelques-unes dépassent vingt 
pages et d’autres se réduisent à quelques lignes. Nous signalerons 
les principales, et tout d’abord ce qui concerne la France. 

Humbert, dauphin de Viennois, entreprit une croisade contre les 
Turcs (26 mai 1345). Le pape écrivit aux prélats des colonies latines 
de lui prêter secours, notamment aux Frères Mineurs Ange, évêque 


628 COMPTES RENDUS 


de Durazzo, et Eustache d’Ancône, élu archevêque de Lépante. I] 
revint sans gloire de son expédition. Le bullaire rappelle que, le 
11 février 1343, Clément VI lui permettait de fonder un monastère 
de Clarisses dans son château d'Izeron, fondation changée en celle 
de Grenoble par une bulle du 15 décembre 1347. A la même date, le 
pape l’autorisait à posséder, au couvent des Cordeliers d'Avignon, 
une maison avec ses dépendances à lui concédée par les Frères 
(p. 24-25). 

Guillaume Emergau, évêque de Kisamo en Crète, fut envoyé à 
l’empereur Cantacuzène, avec Gaspert d’Orgueil, O. P., par bulle du 
13 février 1350. François de Pertuxo [Pertuis}, chevalier catholique 
du diocèse de Saint-Flour, qui demeurait à Constantinople, devait 
s'occuper d'eux. L'empereur les reçut honorablement; il aimait à 
converser avec ces deux savants. Ils écrivirent un journal de leur 
mission qui dura environ trois mois, et à leur retour en Avignon le 
montrèrent au pape. Guillaume mourut à la.cour pontificale en 1501 
(p. 51-54). 

Durand de Sauzet, évêque titulaire de Bethléem en 1356, chape- 
lain et familier intime du roi de Naples, Robert d’Anjou, fut envore 
par lui comme ambassadeur auprès du pape en Avignon, 13 fevrier 
1360 (p. 68). ; 

Jean Poucher était missionnaire en Terre-Sainte. On le trouve en 
Avignon où Urbain V lui permet de bâtir un couvent près du 
Sépulcre de la Vierge, 8 novembre 1362. Le même jour, le pape lui 
accorde une indulgence plénière in articulo mortis. Quatre ans plus 
tard, 26 octobre 1366, il était nommé à l’archevêché de Tarse en 
Arménie, mais résidant en Chypre. Le 21 mai 1373, 1l était envoyé 
par le jeune roi Pierre II, comme ambassadeur à Venise, pour obte- 
nir l'alliance de la République contre les Génois qui menaçaient 
Chypre. Le 18 janvier 1306, il célébrait à Nicosie les obsèques du 
comte Simon de Sarrebruck, décédé au retour d’un pélerinage en 
Terre-Sainte. [1 dut mourir lui-même à la fin de l’année (p. 73, 84: 
88, 195, 314). 

Bertrand Lagier, de la province d'Aquitaine, évêque d'Assise 1357- 
1368, de Glandèves 1308-1375, cardinal en 1371, évêque d'Ostie en 
1375, + 8 novembre 1392 en Avignon, gouverna l'Ordre comme 
vicaire général en 1372-1373. Pendant son épiscopat d'Assise, il écri- 
vit un traité contre les erreurs des Grecs, conservé à la bibliothèque 
d'Assise. Le 28 avril 1365, la Chambre apostolique l'indemanisait de 
ses dépenses pour ses travaux contre les Orientaux (p. 111). 

La croisade à Constantinople d'Amédée VI de Savoie, le comte 
Vert, 1366-1367, dans le but de ramener les schismatiques à l'unité, 
nous fournit des détails intéressants. Le prince avait fait décorer de 
fresques l’église franciscaine de Chambéry, et de concert avec Bonne 
de Bourbon, sa femme, il avait fondé deux couvents de Frères 
Mineurs. Quand il mourut de la peste, le 1er mars 1383, il était 
assisté de fr. Deofecit Bonivard, O. M., du couvent de Chambéry. — 


COMPTES RENDUS 629 


probablement son confesseur, en présence duquel il avait fait son 
testament, le 26 février, avec un legs de 500 florins au couvent des 
Frères Mineurs de Lausanne. — Dans l’acte établissant un conseil 
d'État, au moment de son départ pour la croisade, figurent deux 
Franciscains, Jean de Croso et Jean de Dusino. Fr. Pierre de 
Rumilly, O. M., confesseur du comte, l’accompagna partout. On le 
trouve à la cour pontificale, en qualité de pénitencier, en octobre 
1379; le 16 janvier 1390, le pape lui assigne 100 florins d’or « in 
meliorem sustentationem ». — J. de Croso, P. de Rumilly et son 
compagnon fr. Jacques, figurent sur les dépenses de l’expédition, 
comme ayant leurs montures et une chambre dans l’un des 22 na- 
vires de la flotte. A Pola d'Istria, le 24 juin 1366, le prince laisse 
des aumônes au couvent des Frères Mineurs. Le mois suivant il 
aurait visité le couvent de Modone. Du 19 au 27 juillet, il était logé 
au couvent de Corone, auquel il élargissait 25 florins. À Négrepont, 
il faisait distribuer 3 florins aux Mineurs et aux Prêcheurs, et 2 flo- 
rins aux Clarisses. Ses comptes relatent des aumônes aux Frères 
Mineurs de Raguse, Zara, Plaisance, Cappanoli, Pise, et de l’Aracæli 
à Rome. — Arrivé triomphant à Constantinople, dans la première 
quinzaine d’avril 1367, il fit enterrer à Saint-François de Péra, Pan- 
théon des Latins, ses compagnons d'armes tombés pendant l’expédi- 
tion. De retour à Venise, le 31 juillet 1367, il fit donner dans l’église 
franciscaine une sépulture magnifique au médecin de la cour et de 
l’armée, Gui Albini (13 août 1367). Il ramena à la cour de Rome 
huit ambassadeurs grecs, accompagnés de Paul, patriarche latin. 
Urbain V donna au patriarche des lettres pour les Mineurs et Prê- 
cheurs de Constantinople et d'Outremer, leur recommandant d’aider 
le prélat de tout leur pouvoir dans l’œuvre de l’union (p. 117-131). 

Guillaume Dupré, de Prato, parisien, frère d'Adam de Dompmar- 
un, plus tard évêque de Gubbio, appartenait sans doute comme lui à 
la province de France. Il passa de longues années à Oxford où il 
étudia, enseigna et devint maitre en théologie, Une lettre d’'Ur- 
bain V, du 17 novembre 1363, au chancelier de Paris, le prie d’ad- 
mettre Guillaume à enseigner à l’Université, comme s’il y avait été 
reçu docteur. (Nous savons par la biographie de son frère qu'il 
s'était fait installer un appartement au couvent de Paris, avec les 
aumônes des fidèles!) Le 11 mars 1370, le pape le nommait arche- 
vêque de Pékin et, le 26 mars, il l'instituait chef de tous les mission- 
naires franciscains répandus dans les vicairies d'Orient, d'Aquilon et 
de Chine, avec faculté de nommer un vicaire général dans la vicairie 
de Chine. De plus, il portait des lettres pour le grand Khan et les 
autres empereurs et princes tartares de Kiptchak et du reste de 
l'Orient, ainsi que pour les peuples tartares. — Combien de mis- 
sionnaires l’accompagnèrent en Extrême-Orient ? Le pape parle 
d'une honorable compagnie, puis de douze; mais un chroniqueur de 
1374 spécifie le nombre de soixante, dont plusieurs maîtres en théo- 
logie. Arriva-t-il jamais à destination? En 1308-1309 la dynastie 


630 COMPTES RENDUS 


tartare des Yuen avait été renversée et remplacée par la dynastie 
chinoise des Ming. Autant la première avait été bienveillante pour 
le christianisme, autant la seconde fut sectaire et destructrice des 
missions. Ces nouvelles n'étaient pas parvenues en Europe au 
moment du départ des nouveaux missionnaires. On ignore totale- 
ment ce qu'ils devinrent et même si Guillaume put faire parvenir ses 
lettres aux autres princes d’'Extrême-Orient {p. 149-154). 

Armand de France (sans que rien nous fasse autrement connaitre 
son origine), maître en théologie, gouvernait la vicairie Aquilonaire 
en 1373. Son nom nous est révélé grâce à un fait bizarre qui met 
en relief maintes personnalités de cette époque étrange. — Un cer- 
tain fr. Arnaud Montaner, O. M., natif de Puigcerda en Catalogne, 
avait prêché dans le diocèse d’Urgel, vers 1354, une série de propo- 
sitions qui avaient provoqué les anathèmes de l’inquisiteur domini- 
cain Nicolas Rosselly, plus tard cardinal. Arnaud avait soutenu 
10 que le Christ et les apôtres n’avaient rien possédé en commun ni 
en particulier; 20 que personne ne pouvait être damné en portant 
l'habit de saint François; 3° qu’une fois par an saint François des- 
cendait en purgatoire pour en retirer les âmes de ceux de ses trois 
Ordres; 4° que son Ordre durerait perpétuellement. — Appréhendé, 
convaincu, Arnaud avait été sommé de se rétracter publiquement. 
Mais, opiniâtre dans ses idées (qui nous paraissent aujourd’hui bien 
enfantines), il n'avait voulu se dédire en rien. Et pour ne pas tom- 
ber entre les mains des sbires de l'inquisition, il s'était enfui chez 
les Tartares, où il pensait se faire oublier dans un des nombreux 
couvents franciscains de ce pays. Dix-neuf ans plus tard, en 1373, le 
fameux Nicolas Aymeric, successeur de Rosselly, découvrit les 
traces d'Arnaud dans les steppes du Kiptchak. (Cet Aymeric, inqui- 
siteur féroce, n'hésitera pas, en 1376, à fausser une bulle de Gré- 
goire XI, pour condamner 20 ouvrages du bienheureux martyr 
Raymond Lulle, T. O., et déclarer 200 de ses propositions enta- 
chées d’hérésie). Malgré les milliers de lieues qui les séparaient, il 
cita le fugitif à comparaître. Bien entendu, celui-ci n'en fit rien. 
Alors l’inquisiteur le déclara contumace et excommunié. N'ayant 
pas d’autre moyen de l'avoir sous la main, il exposa, à sa manière, à 
Grégoire XI, l’opiniâtreté du Franciscain, ses vieilles erreurs qu'il 
continuait, disait-il, à prêcher dans les régions aquilonaires, ajou- 
tant qu'il menait une vie dissolue, scandaleuse pour les Tartares; et 
tout cela sans la moindre preuve, sur la foi d'un on dit. — Devant de 
telles accusations, le pape écrivit à fr. Armand, 13 janvier 1373, 
d’avoir à exécuter l'ordre déjà donné à son prédécesseur, François 
Catalan, de capturer le misérable Arnaud, partout où il le trou- 
verait, de le faire conduire sous bonne escorte à Naples, ou ä 
Gênes, de le remettre au gardien du couvent de cette ville en aftén- 
dant de nouveaux ordres du Saint-Siège. Que fit fr. Armand ? 
Peut-être laissa-t-il au temps le soin d’arranger les choses. Deux an 
plus tard, 11 mars 1375, le roi d'Aragon Pierre IV chassait Aymt- 


COMPTES RENDUS 631 


ric de ses États, et alors fr. Arnaud put revenir sans crainte (p. 189- 
192). 

La province de Terre-Sainte avait un studium particulier et des 
lecteurs au couvent de Nicosie, siège du ministre provincial. Toute- 
fois, comme les autres provinces, elle pouvait envoyer de droit un 
ou deux étudiants au grand studium de Paris. Une lettre du cardi- 
nal Bertrand Lagier, vicaire général de l'Ordre, du 31 décembre 
1373, reconnaît cette faculté. — Le 12 novembre 1374, Grégoire XI 
écrit au chancelier de l’Université de Paris, de promouvoir à la 
chaire de théologie [des Frères Mineurs] fr. Jean de Chevaigné, le 
jeune, qui pendant huit ans, sans discontinuer, avait enseigné les 
Sentences et la Bible dans les grands Studia, et notamment pendant 
cinq ans dans les deux studia generalia de Nicosie et de Lyon, où il 
avait expliqué les IV livres des Sentences avec les questions et dis- 
putations ordinaires, et là aussi bien qu'ailleurs avait commenté la 
Genèse et l’Ecclésiastique (p. 194-195). 

Une bulle de Grégoire XI, du 25 novembre 1375, accorde à per- 
pétuité, au roi de France et à ses successeurs, la chapelle du Mont- 
Calvaire dans l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, avec privilège 
d'y maintenir quatre prêtres séculiers ou réguliers pour y célébrer 
les divins offices. — Ce document donne à entendre que d’autres 
Ordres religieux cherchaïent alors à remettre pied en Terre-Sainte. 
La tentative échoua par l’opposition probable des Franciscains, ou 
par les obstacles suscités de la part du gouvernement égyptien 
(P- 211-212). 

Parmi les sept frères signataires des statuts de Terre-Sainte à 
Jérusalem, le rer août 1377, on compte trois Français : fr. Jean Bede- 
reri, aquitain; fr. Thomas d'Auxerre ; fr. Gérard Chauvet (p. 219). 

Fr. Guillaume, français, patriarche de Jérusalem en 1379 (p. 234- 
236). Cf. cette Revue, t. I, p. 397-398. 

Le 13 janvier 1384, Clément VII nomme Hugues de Flavigny, 
O. M., évêque de Chio dans les Cyclades {1} (p. 249). 


(1) CF. J. Fonéré, Narration historique des couvents de la province de 
Bourgogne, Lyon, 1619, p. 467-468. 

« Pour la belle renommée de ce couvent fde Dijon], et religiosité qui y 
estoit observée, un très digne prélat renonça à son évesché pour s'y venir 
rendre et y finir ses jours. Ce fut luy qui fit bastir le logis que l'on appelle 
de présent la chambre du prescheur, avec son petit jardin : et enfin fut 
ensépulturé dans l'église, comme il appert par ceste inscription qui est sur 
la tombe : 


Hic JaAcET Revarenpissimus D. Donuinus 
Huco px FLAVIGNERIO, QUONDAM Eriscopus 
CHIENSIS, QUI OBIIT VIGESIMA DIE MENSIS 
FEBRUARI, ANNO Domint 1409. Ejus 

ANIMA RESQUIESCAT IN PACE. ÂMEN. » 


632 COMPTES RENDUS 


Fr. Orsino, français d’origine, prêtre du Tiers-Ordre de Saint- 
François, passa en Italie. Il était à Cortone, le 3 septembre 1351 et 
se mettait au service de fra Angelo, gouverneur de l'hôpital de 
« Santa Maria e Sant’ Antc”=-di Portole », à certaines conditions, 
entre autres, qu’on lui fournirait un bréviaire pour dire l'office 
divin, Il quitta l’hôpital le 15 novembre 1360 et s’agrégea aux Man- 
tellai du Tiers-Ordre qui demeuraient à Saint-Basile. En 1363 il 
érigea dans l’église de Saint-Basile une chapelle ou un autel à la 
Vierge et aux saints Vital et Orsina, à treize conditions. En 1374 il 
fit donation à ladite église de tous ses biens meubles et immeubles, 
et en 1388 il se disposa à effectuer le pélerinage des Saints-Lieux de 
Palestine (p. 265-2606). 

Gérard Chauvet, dit de Toulouse, appartenait à la province 
d'Aquitaine. C’est un des gardiens du Mont-Sion et des custodes de 
Terre-Sainte les plus méritants. On le trouve à Jérusalem le rer août 
1377. Il était gardien du Mont-Sion en 1388, écrivait, le 20 janvier 
1392, la relation du martyre du B. Nicolas de Tavilic et de ses 
trois compagnons massacres le 14 novembre précédent. Le 30 mars 
1392, il prenait possession légale de la basilique recouvrant le 
tombeau de la Vierge dans la vallée de Josaphat. Le 11 mai sui- 
vant, il acquérait une maison à Ramleh. Il était en correspondance 
avec Roger Contarini, procureur de la Terre-Sainte dans les Etats 
de Venise, et avec son frère Jean, étudiant à Oxford, le futur 
patriarche de Jérusalem. Vers la fin de 1392, Gérard recevait un 
noble pélerin, Henri de Lancastre, qui devait devenir Henri IV, roi 
d'Angleterre. — Tous deux s’embarquaient le 31 mars 1393 et ils 
étaient reçus avec honneur par le sénat de Venise. Il est probable 
que Gérard visita les cours de France et d'Angleterre, dans le but 
d’intéresser ies princes a la reconstruction de la basilique de Beth- 
léem qui menaçait ruine. En tout cas, Jean Galéas, duc de Milan, lui 
donna d'importants subsides et le fit accompagner à son retour en 
Terre-Sainte d’un ambassadeur pour le soudan du Caire (1395). — 
Le 31 mai suivant, Gérard acquérait un terrain à Ramleh et y batis- 
sait une maison. Un firman émané du soudan, 4 octobre 1397, per- 
mettait aux Franciscains de reconstruire une partie tombée de la 
basilique du Saint-Sépulcre. Un autre firman défendait de molester 
les Frères Mineurs et ordonnait de les protéger. Il faut attribuer ces 
bonnes dispositions à l'ambassade milanaise et au zélé custode qui 
dut l'accompagner au Caire. L'année suivante, 29 avril 1308, Gerard 
achetait un jardin sur le Mont-Sion, et au mois d'octobre il louait 
pour soixante ans une maison à Ramleh et en acquérait plusieurs 
autres. Il mourait le 23 décembre de la même année, et avait pour 
remplaçant un fr. Jean de Rochefort, dont le nom pourrait bien 
désigner un Français. Le 5 mars 1399, le duc de Milan envoyait une 
galère chargée de 1.500 ducats, de bois et de ferrements tout prépa- 
rés, pour réparer la basilique de Bethléem ; les ducats devaient servir 


à obtenir l’autorisation du soudan,. 


LS 


C 


COMPTES RENE “8 633 


La correspondance des Contarini ment, -n1ne le passage par Venise 
de M: Jean Arnaud, O. M., du couvga* se Niort, futur évêque de 
Sarlat, envoyé au pape par son intime ami, le duc d'Orléans. C’était 
également un ami de Jean Contarini. Celui-ci avait écrit à Roger de 
le recevoir avec honneur. Il arriva le 16 mars 1405. Roger s’en fut 
lui faire visite à son hôtel et s’excusa dans une lettre à son frère de 
ne pas l’avoir invité à diner. Sur le conseil de Jean, il avait averti la 
Seigneurie de lui faire une réception publique, pour être agréable au 
duc d’Orléans. De fait, le doge voulait saluer cet hôte de distinction, 
mais, ayant appris par Roger que le Franciscain était parti pour 
Rome, il fut décidé qu’on remettrait la démarche du sénat au retour 
par Venise de l’envoyé du duc d'Orléans (p. 266-274). 

Comme on l’a dit plus haut, G. Chauvet écrivit la relation du mar- 
tyre de quatre Frères Mineurs massacrés à Jérusalem le 11 novembre 
1391. C’étaient le B. Nicolas de Tavilic, de Sébénic en Dalmatie; 
Donat ou Déodat, de Rouergue, appartenant à la province d’Aqui- 
taine ; Pierre de Narbonne, de la province de Provence, compagnon 
et disciple du B. Paul de Trinci; fr. Étienne de Cunis (}, de la pro- 
vince de Gênes. Ladite relation est reproduite (p. 282-297) avec des 
notes fort érudites. Parmi les témoins du martyre, figurent plusieurs 
Français : Jean Le Vicomte, de Lamballe, chevalier, avec ses servi- 
teurs ; Jean Duc (est-ce de Douai comme une note de la p. 288 l'in- 
sinue?); les frères Gérard, Chauvet, Pierre de Bordeaux et Jean, 
tous trois de la province d'Aquitaine; frère Jean de Strasbourg. — 
D'autres Français sont mentionnés à Jérusalem, le 30 mars 1392, à la 
prise de possession du Tombeau de la sainte Vierge : les frères Jean 
de Bourgogne, maitre en théologie ; Mathieu de Bourgogne et Pierre 
de Périgueux, prêtres ; les discrets messires, discretis viris, Bernard 
Jarda, Barthélemy et Arnaud Prat de Saint-Pons, de Toulouse; Jean 
de France. Le document est rédigé par le notaire Jean de Castain- 
this, du diocèse Aquensis (est-ce Aix ou Dax?), p. 298-290. 

Vers la fin du xive siècle, plusieurs grands personnages de France 
firent le pélerinage des Lieux-Saints : le maréchal de Boucicaut, les 
comtes d’'Eu et de la Marche, Ogier VII d’Anglure et Jean Île 
Vicomte, de Lamballe (p. 277). — Jean, dit sans peur, comte de 
Nevers, fils de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avait été vaincu 
à la bataille de Nicopoli, 25 septembre 1306, et fait prisonnier avec 
d'autres chevaliers français, par le sultan Bajazet. Üne solennelle 
ambassade partit de France, le 20 janvier 1397, pour la délivrance 
des captifs. Parmi ceux qui la composaient on trouve « frère Pie de 
Gaudreville, de l'Ordre des Frères Mineurs ». Les comptes du duc 
de Bourgogne portent cette mention : « À un Cordellier, qui ala en 
Turquie pour savoir nouvelles de mondit seigneur le conte, pour 
don à lui fait par mondit seigneur le duc, cent douze francs, dix 
sols... ». — Philippe de Valois, connétable de France, compagnon 
du comte de Nevers, mourut en captivité à Mikaletch : peu de jours 
avant sa délivrance, 15 juin 1397. Son corps fut porté dans l’église 


634 COMPTES RENDUS 


de Saint-François de Galata à Constantinople, enseveli devant le 
grand autel, avec cette inscription sculptée en lettres gothiques sur 
une pierre qui existait encore en 1747 : + SEPULCHRUM MAGNIFICI 
DOMINI PHILIPPI DE ARTOES, COMITIS DE EU ET CONESTABILIARI FRAN- 
CIAE, QUI OBHT IN Macazicr: MCCCXXXVII (sic) ie XV JuNII, IN QUO 
EST CARNE SUA. ÂNIMA EJUS REQUIESCAT IN PACE. Il fut transporté à 
Eu postérieurement à 1403 (p. 315-316). 

Nous avons réservé pour la fin la notice la plus intéressante de 
toutes. — En juillet 1377 des pélerins d'Europe arrivaient au Caire. 
Ils avaient pour chapelains deux Frères Mineurs, Jean Dardel, natif 
d'Étampes, de la province de France, et son compagnon Fr. Antoine 
de Monopoli, italien. Tous allaient en pélerinage à Jérusalem et à 
Sainte-Catherine du Mont Sinaï. — En ce temps-là, Léon V, roi 
d'Arménie, vaincu à Sis en 1375 par le soudan Melek-Sciaaban, était 
détenu prisonnier depuis trois ans au Caire. Les pélerins ne man- 
quaient pas de l'aller visiter. Le 20 juillet, fête de la reine Margue- 
rite, ils furent reçus et J. Dardel chanta la messe. Après quoi le roi 
s'entretint avec le Franciscain, lui dépeignit son misérable état et se 
plaignit de n'avoir pas même un chapelain pour lui administrer les 
sacrements. Le Cordelier s’émut à ce récit, et promit au prisonnier 
de demeurer avec lui, au retour de son pélerinage, s’il y était auto- 
risé par les seigneurs qu'il accompagnait. La permission ne pou- 
vait manquer. Donc, de Jérusalem J. Dardel retourna au Caire, 
devint le confesseur, le confident et le secrétaire de l'infortuné 
monarque. En cette qualité il écrivit aux souverains d'Europe de 
s'intéresser à la délivrance du royal captif. Entre temps il l’en- 
courageait, l'aflermissait dans la foi chrétienne que les Sarrasins 
voulaient lui faire abjurer. Jusqu'en 1382 les princes d'Occident 
se contentèrent d'écrire au soudan, sans lui envoyer d’ambas- 
sade ni de présents. C'était mal connaître les musulmans. Devant 
un pareil insuccès, Léon V se décida d’adresser son fidèle chape- 
lain au roi d'Aragon qui était le mieux en cour du Caire. J. Dar- 
del partit le 11 septembre 1379, muni de lettres de créance et de 
l'anneau d'or du roi d'Arménie. Pierre d'Aragon lui fit un accueil 
poli, promit de fréter un navire, mais au bout de huit mois rien 
n'était encore réalisé. Afin de se débarrasser de l’ambassadeur 
importun, il lui remit des lettres pour différents princes d’Es- 
pagne. Ici intervient l'infant fr. Pierre d'Aragon, lui aussi fran- 
ciscain. Tous les deux se présentèrent au roi de Castille qui les 
reçut avec sympathie. Après bien des péripéties, voyages, attentes, 
J. Dardel s'embarque pour l'Égypte, 21 mars 1382, emmenant les 
ambassadeurs des rois de Castille et d'Aragon, et de riches pre- 
sents. Arrivé au Caire, 1l va trouver le roi captif et d'apres son 
conseil fait deux parts des joyaux, l'une pour le nouveau soudan 
Melek-Saleh-Hagg, enfant de sept ans, et l’autre pour le régent du 
royaume, l’émir Barqouq. Au bout de sept semaines, après plusieurs 
audiences mouvementées, la libération fut enfin accordée. — Le roi 


COMPTES RENDUS 635 


d'Arménie s’embarqua le 8 octobre et le 21 il arrivait à Rhode, 
accompagné de son fidèle chapelain, Après un mois de séjour dans 
l'ile, il reprenait la mer et débarquait à Venise le 12 décembre. Au 
début de 1383, le roi s'achemina vers Avignon, par Padoue et 
Vérone. Clément VII, apprenant son arrivée, envoya à sa rencontre 
des messagers accompagnés d'environ deux mille personnes, qui 
le conduisirent au consistoire pontifical. Léon V se déclara pour 
le pape d'Avignon qui lui fit force gracieusetés. Quant à J. Dardel, 
le pontife le nomma évêque de Tortiboli dans la province de 
Bénévent, en récompense de ses services pour l'honneur de l’Église 
et la délivrance du roi. Il fut sacré à Ségovie, au mois d'août sui- 
vant, dans un voyage où il accompagnait iéon V. Tous deux quit- 
tèrent la Castille à la fin de février 1384, passèrent par la Navarre, 
le Béarn, et arrivèrent à Paris, le 30 juin, où Charles VI reçut le 
monarque d'Arménie très honorablement. Par l’épitaphe de J. Dar- 
del, nous savons qu’il devint suffragant, c’est-à-dire auxiliaire, de 
l’archevèque de Sens, mourut le 6 décembre 1394 et fut enterré à 
Etampes dans le cimetière de Saint-Jacques. Il est l’auteur de la 
remarquable Chronique d'Arménie qui nous apprend ce que nous 
savons de la libération de Leon V. Découverte en 1880, à la biblio- 
thèque de Dole en Franche-Comté, par Ulysse Robhert, elle a été 
publiée avec un très grand soin dans le Recueil des historiens des 
Croisades, documents arméniens. Jusque là J. Dardel était parfaite- 
ment inconnu (p. 220-233). 

En dehors de ce qui concerne la France, il faut signaler plusieurs 
notices importantes que nous ne pouvons que brièvement résumer. 

Nicolas, fils de Corbico, de Poggibonsi au comté de Florence en 
Toscane, voyageur en Terre-Sainte de 1340 à 1350 : c’est tout ce 
qu'on sait de la vie de ce Frère Mineur qui nous a Jaissé un très 
intéressant itinéraire des Saints-Lieux. L'ouvrage, remanié sous le 
titre de Viaggio da Venezia al S. Sepolcro e al Monte Sinai, devint le 
guide populaire des pélerins et connut une quarantaine d'éditions de 
1500 à 1791. Le nom de tr. Nicolas devint fr. Noé par contraction, 
et fut contondu avec celui du Servite Noc Bianco dans la seconde 
moitié du xvi* siècle (p. 1-24). 

L’infant Pierre d'Aragon est une des personnalités franciscaines 
les plus attachantes du xive siècle. Fils du roi d'Aragon, Jacques II, 
et de Blanche, sœur de saint Louis d'Anjou, O. M., il naquit en 1304. 
Il épousa Jeanne de Foix dont il eut la fameuse Éléonore mariée à 
Pierre [°", roi de Chypre. Resté veut, il entra dans l'Ordre des Frères 
Mineurs, le 12 septembre 1358, et mourut à Pise le 4 novembre 
1381. La raison de sa figuration dans ce volume vient de son inter- 
vention diplomatique dans les affaires de Chypre après l'assassinat 
du roi son gendre par les grands du royaume {p. 160-166). 

Sainte Brigitte de Suède (1303-1373) fit le pélerinage de Terre- 
Sainte en 1372. On l’a dite Ticrçaire franciscaine. L'assertion ne 
repose sur aucun fondement sérieux. Mais sa dévotion spéciale pour 


636 COMPTES RENDUS 


saint François, ses rapports très étroits avec les Frères Mineurs et 
les Clarisses méritaient la belle notice que lui a consacrée le P. G. 
(p. 168-178). 

Elle était accompagnée dans son voyage en Palestine par fr. 
Alphonse Pecho, évêque de Jaen et Tierçaire franciscain. A cette 
occasion nous avons toute une étude sur le b. Pierre de Gualdo, du 
T. ©. (+ 1367), son disciple le b. Thomas Unzio ou Tomasuccio, et 
le genre de vie tout à la fois franciscaine, érémitique et voyageuse 
particulière à cette époque (p. 179-183). 

Avec Anselme Turmeda (1352-1433) nous sommes aux antipodes 
de la saintete. Ce Franciscain espagnol passa au mahométisme et 
mourut à Tunis. Aujourd’hui encore sa tombe jouit d’un véritable 
culte de la part des musulmans (p. 253-266). 

Un premier Appendice (p. 345-356) est consacré aux itinéraires de 
la Terre-Sainte au xiv* siècle, la plupart anonymes. À la suite 
(p. 356-365) l'A. décrit un Processionale Jerosolymitanum écrit sur 
parchemin, vers la seconde moitié du xrv* siècle, et conservé à la 
Bibliothèque nationale de Paris, fonds français no 25.550, ff. 3or- 
45Y. Cy ensuivent les pelerinages de la Terre Sainte. Et est assavoir 
que en chascun lieu cy dedens escript et signe du signe de la croix à 
pleine indulgence de peine et de coulpe à tous vrays confés et repen- 
tans. Et es aultres lieux ou est ung aultre signe à sept ans et sept 
quaranteines de pardon. Puis sont passées en revue les différentes 
stations de Jaffa, Jérusalem, Bethléem, Bétanie, etc. À chacune est 
indiquée une antienne particulière et souvent une oraison. 

A la suite est décrit un autre processional de Terre-Sainte, du 
xive siècle, conservé à la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, n° 212 
(alias 336, B. T. L.). 

Enfin, le volume se termine par un second Appendice concernant 
la liste des couvents franciscains de l’ile de Candie (p. 370-391. 

Dans ce volume, comme dans les précédents, le R. P. Golubovich 
a fait preuve d’une ample information, d’une conscience scrupuleuse 
et d’une critique avertie. Trois index, chronologique, analytique, des 
auteurs et des manuscrits, complètent cette belle œuvre. 

Henri LEMAÎTRE. 


1. Mgr E. TissERANT, de la Bibliothèque vaticane. La légation en 
Orient du Franciscain Dominique d'Aragon (1245-1247). (Extrait 
de la Revue de l'Orient chrétien, 3° série, t. IV (XXIV), nos 3 et4 
(1924), p. 336-353). — Paris, Picard, 1924. In-8c. 

11. E. TisseranrT et G. Wier. Une lettre de l’almohade Murtadä au 
pape Innocent IV. (Dans Hesperis, Archives berbères et bulletin de 
l'Institut des Hautes-Études marocaines. — Paris, Larose, 1926, 
p.27-53, avec pl. hors texte.) 


I. Nous connaissions par la Bio-bibliografia, 1, 90; II, 324, du 
P. Golubovich, trois documents relatifs à la mission de fr. Domint- 


COMPTES RENDUS _ 637 


que, deux lettres pontificales, 10 et 21 mars 1245, et le sommaire 
d'une lettre à lui remise, avant son retour en Occident par les auto- 
rités de Constantinople. Mgr. T. a retrouvé aux Archives vaticanes 
une copie ancienne de la lettre de Constantinople, et une profession 
de foi autographe du catholicos arménien, confiée au missionnaire 
pour le pape Innocent IV. 

La lettre fut écrite par les deux premiers dignitaires de l'empire 
de Constantinople, le baile et le patriarche, en l’absence de l’empe- 
reur, et l’on convoqua les principales autorités ecclésiastiques de la 
ville pour en corroborer les déclarations. L’original devait porter 
treize sceaux. On ne connaît que celui de Philippe de Toucy, baile 
de l’empire, de 1245 à 1248 et en 1250. Tous ces personnages réunis 
près de l’église du Pantokrator, le 4 avril 1247, certifiaient qu’en 
retardant son départ jusqu’à ce jour, Dominique n’était coupable ni 
de négligence, ni de désobéissance. Peut-être voulait-il faire expli- 
quer au pape, par des témoignages autorisés, la raison pour laquelle 
il n'avait pas exécuté la deuxième partie de sa mission (la première 
concernait les princes arabes païens), à savoir : la conversion au 
catholicisme de l’empereur byzantin Jean TITI Vatatsès, alors en guerre 
avec les barons francs. Tout au moins, portait la lettre, Dominique 
avait-il aidé à maintenir la paix entre les éléments des diverses natio- 
nalités vivant à Constantinople. 

D'autre part, une profession de foi de l’église arménienne, que 
Mgr T. doit publier, mentionne fr. Dominique comme légat aposto- 
lique en Cilicie. Sept documents arabes datés cadrent parfaitement 
avec cette légation et permettent de reconstituer son itinéraire : 


mars-avril 1245 Séjour à Lyon; départ après le 25 mars. 

été 1245 Débarquement en Syrie, vraisemblablement a Saint- 
Jean d'Acre. 

novembre 1245 Passage à Baalbek, départ après le 24 novembre. 

décembre 1245 Séjour à Homs, départ à la fin du mois. 

janvier-avril 1246 Mission en Cilicie, probablement à Sis, où se trouvait 
le roi, puis à Hrom-Kla, où lc légat se présente au 
catholicos d'ordre du rai. 

mai 12406 Séjour à Damas, départ après le 25 mai. 

1-15 août 1246 Passage à Kérak, sans doute après une visite à Jérusa- 
lem, où Dominique aura pu passer juin et juillet. 

septembre 1246 Passage au Caire, départ après le 13 septembre. 


fin de 1246 Arrivée à Constantinople, après la reprise des hostilités 
par Vatatsés. 
avril 1247 Départ de Constantinople, après le 4. 


Mgr T. examine ensuite une étude de B. Altaner sur les missions 
dominicaines au xuie siècle, où l’écrivain allemand imagine quatre 
missions parties de Lyon en 1245, deux dominicaines et deux fran- 
ciscaines. Jl oublie ia mission de Dom. d'Aragon, et celle qu'il attri- 
bue à André de Longjumeau, O. P., exécutée en yo jours, contre 
toute vraisemblance, parait problématique. 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 4! 


638 COMPTES RENDUS 


Enfin, l'A. conclut que « la mission du Franciscain Dominique 
d'Aragon reste définie sans ambages, du printemps 1245 au prin- 
temps 1247, avec deux stations principales en petite Arménie et à 
Constantinople ». 


[T. L’envoyé du pape mentionné dans la lettre du sultan du Maroc, 
10 juin 1250, est le Franciscain [ope Fernando d’Agn, préconise 
évêque de Marrakech en octobre 1246. Né à Gillur, près de Sara- 
gosse, en 1190, il fit partie du chapitre régulier de Notre-Dame del 
Pilar, après avoir passé par la carrière des armes. Il était prieur du 
chapitre quand les premiers Franciscains arrivèrent en Espagne: 
c'est par sa bienveillance qu’ils purent s'installer à Saragosse, 28 août 
1219. Lui-même vint demander l’habit des Mineurs l’année suivante 
et prononça ses vœux en mai 1221. Lorsqu’en 1238 les Mineurs en 
appelèrent au pape contre le ministre général fr. Elie, c'est lui que 
le ministre d'Aragon chargea de représenter la province dans cette 
négociation. Reçu avec bienveillance par Grégoire IX, [.ope entra 
très avant dans la confiance du pontife. Aussi, après la déposition 
d’Élie, les partisans de l’observance, redoutant quelque retour offensif 
de la tendance relâchée, le firent-ils demeurer à la cour pontificale, 
pour y défendre les intérêts de leur cause. Innocent IV, élu le 25 jui 
1243, trouva Lope à la cour; en 1244 il l'emmena à Lyon comme un 
de ses conseillers. 

Ce n’était donc pas uu personnage quelconque que le pape destinait 
en 1246 au siège de Marrakech. Le grand nombre de pièces qu'écri- 
vit la chancellerie pontificale à l'occasion de son départ, nous 
révèle l'importance de la tâche à laquelle il était destiné. Nous 
avons d’abord une lettre pour le souverain almohade, le félicitant 
des avantages libéraux concédés aux chrétiens; une autre lettre 
adressée aux chrétiens résidant au diocèse de Marrakech; mais par 
une décision spéciale, la juridiction de Lope est étendue à toute 
l'Afrique du Nord, de la Tunisie à l'Océan. D'autres lettres encore 
sont adressées aux chrétiens des provinces maritimes d'Espagne 
et aux autorités ecclésiastiques et laïques des divers ports ou sièges 
dont la juridiction s’étendait jusqu’à un littoral maritime. Un der- 
nier document, en forme de passeport, reguérait libre passage et 
sauvegarde pour Lope et ses compagnons aux rois d'Aragon, de 
Navarre, de Castille et de Portugal, etc. On voit qu’il ne s'agissait 
pas d’une mise en route banale et que le pape attachait une impor- 
tance capitale à la mission de son envoyé. 

Les chroniques franciscaines n’ont gardé aucun souvenir de la 
manière dont se développa la mission de frère Lope, et on a mème 
mis en doute sa prise de possession effective du siège de Marrakech. 
Il devait être encore à la cour pontificale le 28 février 1247, date 
d'une bulle à lui adressée. Quand arriva-t-il au Maroc? Nous 
savons aujourd'hui, par la lettre du sultan, qu'il avait quitté Mar- 
rakech en juin 1250, après avoir séjourné un certain temps, et quil 


COMPTES RENDUS 639 


était parti, de sa propre initiative, pour exposer au pape le résultat de 
son ambassade. Confiant dans l’habileté de son envoyé, Innocent IV 
avait essayé d'obtenir du sultan le minimum des garanties indispen- 
sables pour les chrétiens. La lettre fait voir qu’il ne pouvait être 
question de conversion de la part des musulmans. Murtada demeure 
dans le plus farouche unitarisme et répond au pape avec arrogance. 
Il n'y avait pas davantage à espérer sur le terrain politique ; à la 
demande précise des refuges à constituer pour les soldats chrétiens 
au service du sultan, celui-ci avait répondu par des formules hau- 
taines, toutes pleines de réserves. 

On comprend que le pape ait jugé inutile de renvoyer Lope à Mar- 
rakech et lui ait assigné Séville pour résidence habituelle. De là il 
pourrait plus aisément veiller sur son diocèse et lui procurer les res- 
sources nécessaires. 

HENRI LEMAÎTRE. 


PÉRIODIQUES 


Estudis franciscans, revista mensual dirigida pels PP. Caputxins. 
— Barcelona-Sarria. 


1926. Janvier-juin, vol. XX XVII ; juillet-décembre, vol. XXXVIII. 


JAUME O’Mauony, O. M. Cap. L’encis de Sant Francesc, p. 36-45. 
— Purement littéraire. Rien de nouveau. 

Miquez D’EsPLuGuEs, O. M. Cap. Preliminars de la vocacid de sant 
Francesc., p. 190-197, 341-351 ; t. XX XVIII, p. 28-38, 269-277, 416- 
425. | 
FRÉDÉGAND D'ANVERS, O. M. Cap. La Joventut joiosa de sant Fran- 
cesc., examen critic,t. XXX VIII, p. 356-374. — On oublie que sur 
ce point Th. de Celano s’est tenu à des généralités et n’a rien pré- 
cisé. Grégoire IX a approuvé la Vita prima, sans en être choqué. 
Quelle force peuvent avoir des témoignages postérieurs de trente ans ? 
(N. D. L. R.). Le P. Fréd. oppose M. Sabatier à M. Beaufreton. 
Le premier lui a écrit de Strasbourg le 2 mai 1926 : « Je viens de 
lire dans la « Vie Catholique » de l’ 1 de mai, l’intéressant article de 
M Édouard Devoghel sur votre belle conférence de la Chancellerie 
[à Rome sur S. Fr.]. Permettez-moi de vous en féliciter de tout 
cœur J'ai été d'autant plus heureux de lire cet article que vos con- 
clusions sur la jeunesse de S. François sont en complète harmonie 
avec celles que j'ai présentées à mon auditoire de l’Université, dans 
un cours public qui a duré un an déjà et ce n'est que la première 
partie... » 

AmBrds DE SALDES, O. M. Cap. Notes 1 documents franciscans. 
Lettre de Vivien, ministre provincial d'Aragon, au custode de Bar- 
celone, lui communiquant une bulle d'Innocent IV, datée de Lyon, 
au sujet des Clarisses de Saint-Antoine de Barcelone. Barcelone, 
23 juin 1246; t. XXXVII, p. 46-47. 

Concordat passé, le 27 novembre 1262, entre les Frères Précheurs 
de Barcelone (parmi lesquels saint Raymond de Penyafort) et les 
Frères Mineurs de la même ville, où il est convenu que pour garder 
l’union entre les deux couvents, douze Fr. Pr. se rendront chez les 
Min. pour les fêtes de saint François et de saint Nicolas, et douze 
Fr. Min. se rendront chez les Pr. pour les fêtes de saint Dominique 
et de sainte Catherine martyre... ; t. XXXVII, p. 47-48. 

Lettre de saint Bonaventure, ministre général des Fr. Min., au 
ministre provincial d'Aragon, au sujet des monastères de Clarisses: 


PÉRIODIQUES 641 


Assise, 27 septembre 1263. D’après une copie du xive siècle ; 
t. XXXVII, p. 112-114. 

Lettre du cardinal Jean Gaëtan Orsini, au ministre provincial 
d'Aragon, au sujet de l'Ordre des Clarisses dont il était le protecteur. 
Orvieto, 11 décembre 1263 ; p. 114-117. 

Lettre du même cardinal, au Frère Mineur visiteur des Clarisses 
de la province d’Aragon, sur le même sujet. Orvieto, 11 décembre 
1203, p. 117-119. 

Lettre de François d’Alagon, maître en théologie, ministre provin- 
cial d'Aragon, aux Frères Mineurs et aux Clarisses de Barcelone. 
Barcelone, 12 novembre 1425 ; t. XXXVII, p. 426-427. 

Prologue d’une Summa praedicabilium composée par Bernard 
de Deo, O. M. de la province d'Aragon, en 1318 ; t, XXXVII, p. 428- 
431. — Sans indication de provenance. 

Lettre de Gonzalve de Balboa, ministre général, au provincial 
d'Aragon fr. Romeu Ortis, au sujet du ministère vis-à-vis des reli- 
gieuses autres que les Clarisses. Pampelune, 22 janvier 1309; 
tt. XXX VIII, p. 278. 

Lettre du même au même, lui communiquant une autre lettre du 
cardinal Jean de Murro, O. M., protecteur de l'Ordre, datée de 
Poitiers le rer octobre 1507, qu’il a reçue à Narbonne le 19 novembre 
suivant, au sujet des Clarisses. Girona, 11 janvier 1308 ; t.'XX XVIII, 
p. 278-286. 

Documents concernant les Frères Mineurs de Majorque, au sujet 
de livres de leur couvent en possession de fr. Jean Fxemeno, O. M., 
ancien évêque Militanensis, avant sa mort. Majorque, 29 octobre 
1420 ; t. XX XVIII, p. 286-293. 

À la requête de l’abbesse des Clarisses de Barcelone, l’évêque et le 
chapitre de cette ville consentent à ce qu'un legs, institué pour 
l'entretien d’un pauvre, soit appliqué au salaire du prêtre chargé de 
célébrer dans l’église du monastère. Barcelone, 30 mai 1256; 
tt. XXXVIII, p. 426-428. 

A la requête des Frères Mineurs de Valence, Pierre III, le 12 sep- 
tembre 1386, confirme la donation à eux faite par le roi Jacques 
d'Aragon, de 5o brasses de terre pour batir leur couvent, et de l’eau 
pour leur usage, le 11 janvier 1277; t. XXXVIIE, p. 428-429. 

Mandement de Jacques Il, roi d'Aragon, à son procureur, d'exiger 
du [chanoine] sacriste de Valence, exécuteur testamentaire d'un 
officier de la reine mère, la somme de quinze mille sous royaux qu'il 
sait par Pierre de Belfort, O. M., devoir lui être dus comme héritier 
du roi Alphonse à quiils devaient être rendus. Girona, 22 septembre 
1295 ; t. XX XVIII, p. 429-430. 

Bulle de Boniface VIIL à la reine Constance d'Aragon, lui enjoi- 
gnant, à elle et aux Clarisses chez qui elle demeure, d’avoir à quitter 
au plus tôt la Sicile en révolte contre le Saint-Siège. Rome, 21 jan- 
vier 1297; t. XX XVIII, p. 430-431. 

Lettre de Jacques Il, au ministre du couvent des Frères Mineurs 


642 PÉRIODIQUES 


de Barcelone, le priant d’ajouter foi à son procureur Bernard d’Es- 
plugues, au sujet de l’exécution du testament de sa mère la reine 
Constance. Lorca, 29 décembre 1300; t. XXXVIII, p. 431. 

Lettre de Jacques IT approuvant la requête des Clarisses de Sainte- 
Élisabeth de Lérida, au sujet de la concession, à elles faite par le roi 
Alphonse, de mille sous de Jaca annuels, à percevoir sur les revenus 
du bailliage de Lérida. Lérida, 19 septembre 1291; t. XXXVIIL, 
p. 431. 

MARTIN DE BARCELONE, O. M. Cap., Fr. Nicolas Bonet O. M. 
(t 1343), t. XXXVIEI, p. 96-111. Cf. dans notre Revue, t. III, p. 349, 
la recension du même article paru dans les Études franciscaines, 
t. XXXVII, 1925, p. 638-657. 

SAMUEL D'ALGAIDA, O. M. Cap., Fra Joan Exemeno : la successi 
a la corona d'Aragé, t. XXXVII, p. 265-270, 352-367; t. XXXVIII, 
p. 39-54. — Rôle de J. E., Franciscain, évêque de Malte, confesseur 
et ambassadeur du comte d’Urgel, Jacques d'Aragon, à la conféde- 
ration aragonaise à Barcelone, en octobre 1410, qui devait donner 
un successeur au roi Martin décédé le 31 mai précédent. 

FERRAN VaLLs-TABERNER, El tractat « De regimine principum » de 
l'infant Pere d'Aragô,t. XXXVII, p. 271-287, 432-450 ; t. XXX VIII, 
P. 107-119, 199-206. — Traité composé entre 1355 et 1358, date de 
l'entrée (chez les Fr. Min.) de l’infant en religion. Il est dédié à son 
neveu le roi Pierre d'Aragon, et divisé en 35 chapitres. C’est une 
sorte de testament politique, où le prince envisage la fonction royale, 
d’après la Bible, les Pères de l'Église, le livre d’Aristote à l'empe- 
reur Alexandre, le droit romain et canonique, en remettant en mémoire 
les glorieux exploits des rois catalans et aragonais. Il est complète- 
ment différent des traités analogues de saint Thomas et de Gilles de 
Rome. Une regrettable faute d'impression, p. 442, célèbre la « virtute 
dementiae » au lieu de « clementiae ». 

ÉTIENNE GiLson. Saint Thomas et la pensée franciscaine t. XX XVIII, 
p. 186-198. — Texte de la conférence de notre éminent collaborateur, 
à l’université Laval de Montréal (Canada), le 10 avril 1926. Disons 
qu'en la circonstance le nom de saint Thomas n’est qu'une entrée 
en matière, et que saint François, saint Bonaventure, Roger Bacon, 
Duns Scot, Raymond Lulle forment tout le sujet. 


FRANÇOIS DE SESSEVALLE. 


Orient, revue de jeunesse franciscaine. Idées, mouvement, vie. — Car- 
cassonne, 43, allée d’Iéna. — Depuis 1925, Toulouse, 23, rue Côte- 
Pavee. 

1923-1926. 
Le numéro de janvier 1923 annonçait que la petite revue entrait 

dans sa septième année. Elle avait débuté très humblement en 1918. 


« Orient [nom dantesque d'Assise] veut travailler de tout son pouvoir 
au salut du monde que Léon XIII a rattaché à la diffusion de l'esprit 


PÉRIODIQUES 643 


franciscain. Arts, sciences, théâtre, œuvres, littérature, philosophie, 
histoire, théologie, tout ce qui est franciscain l’intéressc. Son uni- 
que dessein est de s’y prendre de toutes les façons possibles pour 
inculquer, répandre .et fortifier tout ce qui est Idées, Mouvement, 
Vie, selon la conception franciscaine » (1926, p. 268). À partir de 
mars-avril 1925 le sous-titre est remplacé par celui de Revue de 
pénétration franciscaine. — Programme excellent qui met à la portée 
du grand public la quintessence des revues spécialisées, et enfonce 
la « pénétration » avec une verve toute méridionale et capucine. 
Mais on pourra discuter encore longtemps pour se mettre complète- 
ment d’accord sur « l’esprit franciscain ». 

La spiritualité franciscaine est surtout représentée par Le Troi- 
sième Abécédaire spirituel de François d'Ossuna [O. M.]. « Le livre 
préféré de sainte Thérèse, traité véritablement merveilleux du 
recueillement qui fut, plus que tout autre, le guide et le maître 
humain de sa vie spirituelle » (1923, p. 269) est traduit d’après l’édi- 
tion princeps de Tolède, 1527, et inséré par tranche dans chacun des 
numéros. — Tout de suite nous constatons que la spiritualité d'Orient 
commence au xvie siècle. La Bible, le livre de saint François, n’a pas 
été envisagé, pas plus que les traités de saint Bonaventure et des 
autres Frères Mineurs du moyen âge. 

Par contre, saint Pierre d’Alcantara, qui lui aussi évolue autour de 
sainte Thérèse, tient une grande place dans la revue. Son Traité de 
l’oraison et de la méditation (1923, p. 443, 469; 1924, p. 43, 191) n’a 
peut-être pas Pimportance que lui attribue le P. Michel-Ange, O.M. 
Cap., fondateur et principal rédacteur d'Orient. Notre Revue s'était 
déjà prononcée à ce sujet par la plume de M. Gilson, t. I, p. 379. 

Ce n'est pas à l’archange saint Michel, le saint vénéré des premiers 
Frères Mineurs, c’est à « saint Joseph, protecteur spécial de la branche 
franciscaine des Capucins » (1923, p. 269) qu'est réservée la primauté 
dans la revue. Une étude devait mettre « en relief une multitude de 
faits à peu près inconnus et d'idées très imparfaitement comprises du 
grand public ». De fait, en 1923, p. 267, 299, 384, 428; 1924, p. 50, 
120, le P. Michel-Ange écrivit plusieurs articles sur saint Joseph et 
saint François. On conserve au couvent de Greccio un cadre de 
cuivre gothique renfermant une peinture sur émail qui représente la 
Vierge et saint Joseph en adoration devant l'Enfant Jésus nouveau- 
né. Saint François aurait eu l'habitude de l’emporter dans tous ses 
voyages. Voilà le fondement de la dévotion du saint d'Assise pour le 
Père ñourricier du Sauveur. Quels sont les témoignages contempo- 
rains qui le prouvert? Le R. P. n’en cite aucun. Il faut signaler 
aussi saint Joseph dans les Méditations du pseudo-Bonaventure, 1924, 
p. 303, 341, 390; 1925, p. 17, 62. Parmi les « idées très imparfaite- 
ment comprises du grand public », on ne lira pas sans étonnement 
L’'Immaculée Conception de saint Joseph, article écrit par le P, André 
de Ocerin Jaurequi, O. F. M., ancien commissaire général des 
Frères Mineurs d'Espagne, 1926, p. 410-417. 


644 PÉRIODIQUES 


Plusieurs études fort intéressantes sont consacrées à saint François: 
saint Fr., la richesse, la science et l’art, 1923,p. 279, 64, 107, 185, 2152, 
348. Saint François et les grands peintres espagnols, 1923, p. 302, 223, 
315, 357; 1924, p. 156, 108. Les écrits de saint François, 1924, p. &i- 
84. Les sept impératifs du Séraphique Père, 1925, p. 41-48. Le conver- 
tisseur de brigands (psychologie de saint François), 1026, p. 10, 165. 
Saint François et le midi [de la France], 1926, p. 209. Le sentiment 
de la nature dans saint François, 1926, p. 321. Saint François et les 
troubadours, 1926, p. 374, 418, 457. Le cantique du Soleil en provençal, 
19206, p. 122. 

L'histoire franciscaine n’est pas négligée Où se recrutèrent les pre- 
miers Franciscains ? 1924, p. 32. La première apparition des Frères 
Mineurs en France, 1923, 198; une réponse à la critique dudit article 
se lit, 1924, p. 147. Le premier sanctuaire franciscain (la Portionculel, 
1926, p. 208, 299. Un grand ami du Séraphique Père (le cardinal 
Hugolin, plus tard Gregoire IX), 1925, p 165. Une tradition fran- 
ciscaine à Notre-Dame de Paris (au sujet de la dispute de Duns Scot 
sur l’Immaculée Conception}, 1923, p. 84. Une chapelle franciscaine 
à saint Joseph au temps de saint François (église des Cordeliers de 
Champaigue en Bourbonnais), 1923, p. 138, avec une bulle inédite de 
Sixte IV, 4 juin 1472, qui ne prouve rien. La Couronne des sept 
allégresses de Marie, 1924, p. 107. Cette pratique, en honneur cher 
les Frères Mineurs de l’Observance italienne depuis le xv° siècle, 
remonterait à saint Arnoul de Villiers, Cistercien, + 1228. Cf. Acta 
Sanctorum, t. VII de juin, p. 568. Les Musiciens dans l'Ordre de 
Saint-François, 1925, p. 235. Bernardin Ochin, Cap. 1925, p. 49. Une 
Parenté peu connue de l'Éminence grise (le P. Joseph de Paris, Cap. 
1923, p. 195. Dédicace (en 1663) de la chapelle des Capucins de Cha- 
labre, 1926, p. 45. Testament d'un nouveau profes capucin (1705, à 
Cahors), 1926, p. 103. Guérison d'un novice capucin (en 1665, au cou- 
vent de Villefranche de Rouergue), 1926, p. 353, 3go. Confirmation 
(en 1727) des privilèges des Capucins de France, 1926, p. 187. Une 
Page de l'histoire des Capucins de Bayonne, 1926, p. 431. Ceux dont 
nous sommes les héritiers (les PP. Joseph d’Aurensan, Exupère de 
Prats-de-Mollo, Marie-Antoine de Lavaur, Alfred de Carrouge 
« jusqu’au boutistes de l'effort »), 1923, p. 49. Les Clarisses des Cas- 
sés, 1926, p. 48. Mission de Marie d'Agréda en Amérique, 1925, 
p. 106. Cf. 1926, p. 15. . 

Ce qui caractérise Orient, c’est à coup sûr son enthousiasme pour 
l'École franciscaine de philosophie et de théologie. Le Franciscanisme 
en marche, 1924, p. 201, 281. Saint Augustin dans la tradition fran- 
ciscaine, 1924, p. 207. L'Argument de saint Anselme, 1924, P 167. 
Alexandre de Halès (à propos de la nouvelle édition de sa Somme}, 
1925, p.77, 310. Saint Bonaventure et les luttes doctrinales (œuvré 
ardente d'un collaborateur d’Orient, le P. Jules d'Albi, sur laquelle 
l'école adverse a trop fait le silence), 1923, p. 433. « La Philosophie 
de saint Bonaventure » de M. Gilson, 1924, p. 347, 465; 1925,p. 205. 


PÉRIODIQUES 645 


Roger Bacon, d’après R. Carton, 1924, p. 367, 410 ; 1925, p. 27. La 
Médecine lullienne, 1924, p. 306. L'École franciscaine de philosophie 
et de théologie, 1923, p. 288. Duns Scot (d’après un article de la 
« Revue des sciences philosophiques » de Strasbourg), 1923, p. 291, 
338, 370. L'esprit de Paris et d'Oxford au temps où débuta le B. J. 
Duns Scot, 1924, p. 25-31. Le Duns Scot de À. Lecoutey, 1924, p.401. 
Scot et la tradition (d'après un article de M. Gilson), 1926, p. 214. 
Du tac au tac (décret de Paul V ordonnant au maître du Sacré-Palais, 
O. P., de délivrer, sans examen ultérieur, le permis d'imprimer à 
tout écrit provenant sûrement de Scot, décret déchiré dans le registre 
qui le contenait), 1925, p. 179. Le B. Duns Scot et ses adversaires 
(M. Tanquerey, S. S. S.), 1926, p. 472. Intellectualiste? Volunta- 
riste ? (Défense de Duns Scot contre M. Roussel, de Rennes), 1926, 
p. 235. Huit novembre (à propos de l’anniversaire de Duns Scot), 
1924, p. 428. L'auteur de la «a Grammaire spéculative » jusqu'à ces 
derniers temps attribuée à Duns Scot, 1926, p. 168. Trois siécles de 
l'École scotiste (courtes biographies d'écrivains partisans de Scot, 
depuis le xvi® siècle), 1924, p. 438; 1925, p. 70, 187, 229. L’Eluci- 
darius d'Antoine Cucharo, O. M., 1925, p. 288. 

Trop d’encre a été versée en 1922, à l’occasion du centenaire de la 
canonisation de saint Thomas d'Aquin, pour que l’Angélique docteur 
ne soit pas pris à parti par les disciples de saint Bonaventure et de 
Jean Peckam. Allons à saint Thomas, 1923, p. 321, 361. Pamphlets 
(au sujet de l’encyclique « Studiorum ducem »), 1924, p. 266. À tire- 
d'aile (à propos de livres nouveaux sur saint Bonaventure et saint 
Thomas), 1925, p. 33. Maitre Eckart et le thomisme, 1925, p. 250. 
Patron du laicisme (Allusion à un mot malheureux du P. Sertillanges, 
O. P., au sujet de saint Thomas séparant la philosophie de la théo- 
logie. La conclusion de l’article, p. 287, est à retenir), 1925, p. 273. 
Les Condamnations du thomisme par E. Tempier, 1925, p. 5. Autour 
de la canonisation de saint Thomas, 1926, p. 73, 342, 381. Le 
panégyrique de saint Thomas, 1926, p 115. [Concernant saint 
Thomas], 1926, p. 307. Saint Thomas est-il l'auteur du « Secunda 
secundae », 1926, p. 434. Saint Thomas et la pensée franciscaine 
(Conférence de M. Gilson à Montréal), 1926, p. 247, 286, 329. — Le 
P. Michel-Ange raconte un souvenir de quarante ans, à Orihuela en 
Espagne. Il entendit le P. Denitle, O. P., dire devant un groupe de 
jeunes étudiants : « Toute ma vie j'ai supplié mes supérieurs de me 
permettre la publication d'une Somme de saint Thomas, avec indi- 
cation de ses sources; dette permission me fut chaque fois refusée. 
Quant à moi, j'en ai lu quelque vingt-sept antérieures à celle que l’on 
connaît sous son nom », 1925, p. 80. 

Orient répond certainement à une lacune, mais il justifierait encore 
mieux son existence si tous ses articles étaient plus délibérément 
critiques. 


FR. DE SESSEVALLE. 


CHRONIQUE 


Le 4 juin 1927, au chapitre général de la Portioncule. 
présidé par le cardinal Bonzano, le R. P. Bonaventura 
Marrani a été élu ministre général des Frères Mineurs. Le 
P. Marrani est un homme d'étude, un érudit qui a fondé 
une importante bibliothèque franciscaine à Assise; à ce 
titre sa nomination sera particulièrement bien accueillie 
par tous ceux qui s'occupent d'histoire franciscaine. 

M. Édouard Schneider, dans Le petit pauvre au pays 
d'Assise (p. 125), a écrit sur lui les lignes suivantes : 

« Et je retrouve, parmi l’élégante bibliothèque dont ila 
doté le couvent de la Chiesa nuova le P. Bonaventura 
Marrani, si modeste qu'il refusa les honneurs que ses 
frères voulurent à plusieurs reprises lui octroyer. On 
soupçonne sans peine que le P. Bonaventura Marrani se 
comporte en toute circonstance comme le religieux par 
excellence, mais c'est dans cette bibliothèque qu'il estrécon- 
fortant de le voir et de l'entendre. En cette vaste salle édi- 
fiée par ses soins, avec quelle délicatesse sa main a disposé 
non seulement livres et documents, mais ce petit nombre 
d'objets, tableaux, souvenirs si divers qui expriment cha- 
cun l’âäme de l'Ordre! Et deux choses nous ravissent : la 
lumière joyeuse qui tombe des hautes lucarnes, l'ordon- 
nance impeccable des volumes sur les rayons. Ces volu- 
mes intéressent tous l’histoire franciscaine. Leurs dos har- 
monieusement alignés se parent de reliures blanches €t 
ivoirines, les parchemins luisent à l’égal de lisses tablettes 
de cire. Ouvert depuis un an aux seuls travailleurs, le char- 
mant endroit sent le neuf. Le silence y est maître, mais un 
silence sans rudesse ni sévérité, un silence d'attention et 
de bonne conscience. Et ce silence n'est-il pas béni, puis- 
que, au fond de la salle, face au seuil, nous regardent 
deux personnages aux visages peints par un maître entre 


CHRONIQUE 647 


tous délicat : Claire et François par Tiberio d'Assise. Encore 
qu’elle compte déjà plus de six mille volumes, cette biblio- 
thèque naissante enchante l'esprit comme ferait une belle 
promesse. Mais il faut suivre attentivement le Père Mar- 
rani alors qu’il nous présente par le détail cette réalisation 
de son rêve. Il est le patient ouvrier justement heureux de 
son œuvre. Nulle abondance de langage, mais une réserve 
réfléchie de douceur de sa parole, la bonté enveloppante de 
ses yeux, le regard droit où pèse la fatigue, mais où trem- 
ble la plus sensible ferveur, qu'elle est persuasive cette 
manière d’être à la fois souple et ferme ! » 


À la cinquième SEMAINE DE MissioLoGir, qui s'est tenue à 
Louvain du 10 au 13 août 1927 et où 1l a été traité des 
élites en pays de missions, le R. P. Quirin, O. C., a fait 
une communication sur les congrégations et tiers-ordres 
aux missions, le T. R. P. ANGLaoe, O. F. M., administra- 
teur apostolique de Rabat, a parlé de l’œuvre des Francis- 
cains au Maroc et notre collaborateur, M. Robert Ricarp, 
a présenté un rapport sur le collège de Santiago de Tla- 
telolco, organisé au xvi° siècle par les Franciscains du 
Mexique. Ces diverses études seront publiées dans le 
Compte-rendu de la Semaine. 


Abbé JEAN SARGÈS, vicaire à Saint-Géraud d'’Aurillac. 
Saint François d'Assise, le chant de la joie parfaite et du 
bel amour du petit pauvre, conférence donnée à Aurillac, 
le dimanche 19 décembre 1926, sous les auspices de la 
Société des lettres, sciences et arts de « La Haute Auver- 
gne ». [n-8°, 36 p. — Une des nombreuses manifestations 
des Sociétés littéraires et archéologiques en l’honneur du 
7° Centenaire de saint Francois. De semblables conférences 
ont été données à l’Université de Grenoble, à l’Hôtel-de- 
ville de Saint-Brieuc, etc, 


648 CHRONIQUE 


A part celles écrites par nos collaborateurs, nous n'avons 
_ pas l'habitude d’analyser les biographies des contempo- 
rains. Nous nous contenterons de signaler Le Père Fré- 
déric de Ghyvelde, O. F. M., commissaire de Terre. 
Sainte au Canada (1838-1916), par le P. Mathieu Daunais, 
O. F.M., in-8°, 63 p. éditée à Montréal, 176, rue Duverny. 


Comme addition au compte rendu des Documents pour 
l'histoire du bienheureux Gabriel-Maria, publiés par le 
R. P. F. DELORME, compte rendu paru dans cette Revue 
(t. IV, p. 88-93), notre collaborateur, M. le chan. L. de 
LAcGER nous communique aimablement les indications sui- 
vantes : 

« 1° Le privilège d'Alexandre VI du 12 février 1502 et 
celui de Jules V du 8 janvier 1507 ont été reproduits, 
d’après un procès-verbal de Jean Lachausse, abbé de Saint- 
Sulpice-les-Bourges, par Doat 113, fol. 418 sqq. — Les 
originaux d’Albi n'existent plus, mais ils sont mentionnés 
dans un inventaire de 1606. (Arch. dép. du Tarn, H 671. 
— Inv. somm. par Ch. PorTaL.) 

« 2° La référence à Doat 113, fol. 460, pour la Lettre des 
capitulaires du chapitre général... datée d'Anvers, r1 juin 
1514, n'est pas exacte. Voici le sommaire de l'acte de Doit 
113, fol. 460 : « Du couvent de l’Annonciade d’Albi, le 
vicaire général de l’Observance de deça des monts, Bour- 
lier, écrit aux Annonciades qu'il les recoit en son obédience 
et les met sous la juridiction des Pères de son Ordre, sui- 
vant le mandement du pape Léon X et leur envoie la règle 
qu’elles devaient garder. En écrivant cela, dit-il, il se con- 
forme à la décision du chapitre général tenu à Anvers le 
jour de la Pentecôte (11 juin) 1514. — La lettre du vicaire 
général est du 7 septembre 1514. 

« 3° À propos d'Anne de Beaujeu, il y a dans Doat 115, 
fol. 457, copie du vidimus d’une lettre de cette princess 
qui ayant obtenu du pape le pouvoir de choisir les confes- 
seurs des Annonciades de Bourges s'adresse pour en avoif 


CHRONIQUE 649 


au vicaire général en deca des monts, le 26 octobre 1508. 
(D'après les archives des Annonciades d’Albi). 

« 4° Le P. Delorme a omis dans son catalogue l'acte 
suivant : | 

25 février 1507. Bourges. 

Lettre du cardinal Georges d'Amboise aux évêques de 
Cahors, Lavaur et Montauban, au sujet de la fondation du 
couvent des Annonciades à Albi. 

(Doat 113, fol. 410). 


FRANÇOIS PÉTRARQUE 


Sous le titre de : « Un centenaire sentimental », M. Henri 
Hauvette a raconté dans Le Correspondant du 25 mai 
1927, EF. 481-4709, comment le 6 avril 1327, au matin, un 
jeune Italien de vingt-trois ans à peine, Francesco di ser 
Petracco, rencontra, dans l’église des Clarisses d'Avignon, 
une Jeune Provencale qu'il a immortalisée sous le nom de 
Laure. De Laure nous ne savons à peu près rien. Avec la 
date de la première rencontre, Pétrarque nous a livré celle 
de la mort de sa Dame, vingt-et-uns an plus tard, jour 
pour jour, le 6 avril 1348, au matin, dans la même ville. 
Pétrarque a insisté sur cette étrange coïncidence, à laquelle 
il sembte avoir attaché un sens surnaturel, et qui, après 
tout, n'est pas impossible. Laure fut ensevelie le même 
jour, dit-il, ad vesperam, dans un sanctuaire franciscain. 

En 1533, une mystification, à laquelle fut mêlé le poète 
lyonnais Maurice Scève, fit grand bruit : dans une chapelle 
de l’église des Cordeliers d'Avignon, où se trouvaient des 
sépultures de la famille de Sade, on ouvrit une tombe qui 
ne portait aucune inscription, et on y trouva, dans un 


cercueil, à côté d’ossements, un sonnet en italien et une 


médaille portant un profil de femme avec, en exergue, les 
lettres M L M J:1e sonnet était de Pétrarque, le profil de 
Laure fut tout aussitôt reconnu et l'inscription fut inter- 
prétée sans une. hésitation : « Madonna Laura Mortua 
Jacet ». Laure était une de Sade! — Malheureusement, 


RU ER en © Se Re at 


650 CHRONIQUE 


sonnet et médaille, tout était faux... et la tombe garda son 
secret. 

A l'occasion d’une notice sur Philippe de Cabassol, natif 
de Cavaillon, + 1372, qui fut cardinal protecteur de l'Or- 
dre des Frères Mineurs et ami fidèle de Pétrarque, le 
P. Golubovich (1) consacre quelques lignes au grand poète 
etnous apprend qu'il fut affectionné outre mesure à l'Ordre 
de Saint-François. Il écrivait au pape Urbain V (1° janvier 
1369) pour la défense du ministre général Thomas de Fri- 
gnano : « Je lui suis attaché à bien des titres... commesi 
j'étais un frère de l’Ordre ». Dans son testament Pétrarque 
s'exprime ainsi au sujet du choix de sa sépulture : « Du 
lieu, je ne m'en soucie guère. Je serai content d’être mis là 
où il plaira à Dieu et à ceux qui daigneront prendre ce 
soin. Si cependant on veut savoir plus expressement ma 
volonté, je voudrais être enterré à Padoue ou à Arqua... Si 
je meurs à Venise, je veux reposer au couvent de Saint- 
François de la Vigne, devant la porte de l’église... Si je 
meurs ailleurs, que je sois inhumé au couvent des Frères 
Mineurs s’il en existe dans la localité... » Mais Dieu l'ap- 
pela à Arqua, et comme ils n'y avaient pas de couvent, les 
Franciscains ne purent pas donner asile aux ossements du 
poète. 


LE BIENHEUREUX LUC BELLUDI 
1200-1285. 


Le 18 mai 1927, sur la proposition de la Congrégation 
des Rites, S. S. Pie XI a reconnu et approuvé le culte 
immémorial rendu au serviteur de Dieu, Luc Belludi, l'ad- 
mettant ainsi à tous les honneurs et privilèges des bienheu- 
reux. Le décret officiel nous apprend que Luc Belludi, issu 
d’une noble et riche famille, naquit à Padoue en 1200. Il 
avait vingt ans quand il entra au couvent de l’Arcella que 
saint Francois venait de fonder dans les faubourgs de la 


1. Biblioteca bio-bibliografica della Terra Santa, Quaracchi, 1927, t. V: 
p. 89. 


CHRONIQUE 651 


ville. Ce fut le Père des Mineurs lui-même qui donna l’ha- 
bit de l'Ordre au postulant. 

Frère Luc Belludi devint prêtre et prédicateur remar- 
quable. Il s’attacha à saint Antoine lorsque celui-ci vint à 
Padoue, imita son maître en science et en sainteté, et fit 
lui aussi des miracles. La légende Benignitas raconte que 
saint Antoine guéritunenfantinfirme, pendant que fr. Luc, 
connu par sa bonté, « vir bonitate famosus », se livrait à la 
prière à cette intention. Il était présent à la mort du thau- 
maturge le 13 juin 1231. Plus tard on l'élut ministre pro- 
vincial et il augmenta le nombre des couvents de sa pro- 
vince. Il contribua beaucoup à l'érection du couvent et 
de la basilique de Saint-Antoine qu'il fit orner avec art. 
Après avoir longtemps exercé l'office de la prédication, il 
mourut riche de jours et de mérites, le 17 février 1285. 
Les historiens racontent que son corps fut déposé dans la 
chasse de marbre qui avait abrité les restes de saint 
Antoine jusqu'à sa canonisation (ou mieux peut-être sa 
translation en 1263) et qu’à partir de ce moment un culte 
commença à lui être rendu. Plus tard le sarcophage fut 
transféré dans une chapelle de la basilique antonienne 
dédiée aux SS. apôtres Philippe et Jacques, devint la table 
de l’autel où le prêtre célébrait, et la chapelle elle-même 
s’appela chapelle du bienheureux Luc. A la fin du xui siècle, 
le célèbre peintre Giusto Menabuni la décora de fresques 
qui racontaient la vie, les miracles et la gloire du saint 
personnage. Enfin, son culte immémorial, rappelé par les 
principaux historiens de l'Ordre des Frères Mineurs, a été 
entretenu jusqu’à nos jours dans la superbe basilique du 
Santo à Padoue. 


Dans le Journal de la Société des Américanistes de Paris 
(Nouvelle série, tome XIX, 1927, p. 245-302). M. Épouarp 
Conzemius publie le début d’un mémoire sur Los Indios 
Payas de Honduras, tribu qui en 1921 ne comptait qu'un 
peu plus de 600 individus. Aux p. 269-281, M. Conzemius 
étudie les missions qui eurent lieu dans cette région; les 


652 CHRONIQUE 


Franciscains y prirent une part prépondérante. Après deux 
tentatives sans résultat au début du xvu° siècle, l'œuvre 
d'évangélisation fut commencéeen 1609-1610 par Fr. Este- 
ban Verdelete, Fr. Juan de Monteagudo, Fr. Juan de 
Vaide et Fr. Andrés Marcuello; la mission ne dura guère 
et eutune fin tragique au commencement de 1612. L'œu- 
vre de Verdelete et de ses compagnons fut reprise en 1622 
par Fr. Cristébal Martinez de la Puerta, aidé de Fr. Benito 
de San Francisco et du frère lai Juan de Vaena (Baena?); 
les missionnaires réussirent à organiser un certain nombre 
de villages chrétiens ; mais ils eurent l’imprudence de péné- 
trer sur le territoire des Indiens Sumus, qui les mirent à 
mort, en septembre 1623. La tâche, très ingrate d’ailleurs, 
fut abandonné jusqu’à 1667. année de la mission des PP. 
Fernando de Espino et Pedro de Ovalle; ceux-ci, avec la 
collaboration d'autres Franciscains, organisèrent encore 
quelques villages chrétiens; le P. Espino dut quitter la 
région en 1668, mais Fr. Pedro de Ovalle resta plus long- 
temps, puisque nous avons de lui une lettre datée de 1675, 
dans laquelle 1l rend compte de la situation des villages. 
On voit que nos renseignements sur les misssions du 
xvu® siècle sont très fragmentaires; ils le sont encore 
davantage pour les missions du xvm* siècle. Au début du 
xix° siècle, Fr. Antonio Liendo de Goicoecheca séjourna 
deux ans (1805-1807) dans la région et fonda deux villages 
de Payas chrétiens. M. Conzeuius nous donne quelques 
renseignements biographiques sur ce religieux (p. 270; 
n. 1), ainsi que sur le P. Verdelete (p. 271, n. 1). 


Robert RicaARo. 


LE R. P. UBALD D'ALENÇON 


Comme nous l’avons annoncé dans le fascicule précé- 
dent, le P. Ubald est mort de consomption le 5 juillet 
1927 à Bry-sur-Marne où il vivait depuis plusieurs années. 
Tous ceux qui s'intéressent à l’histoire franciscaine ont 
appris avec peine son décès; il avait suivi Jadis des cours 


CHRONIQUE 653 


à l'Ecole des Chartes, on le voyait fréquemment à la Biblio- 
thèque nationale, il répondait avec la plus grande obli- 
geance à toutes les demandes de renseignements, c’étaient 
autant de raisons pour que sa figure fûtconnue de chacun et 
pour que son savoir fût apprécié de tous : pour beaucoup 
il incarnait l’histoire franciscaine. Je tiens pour ma part à 
lui rendre un particulier hommage ; il a été un de nos pre- 
miers collaborateurs et je lui suis très reconnaissant de 
nous avoir offert généreusement son concours dès que la 
fondation de la Revue a été décidée. Il ya eu quelque 
mérite, car J'avais assez vivement critiqué plusieurs de ses 
études, et bien d'autres à sa place en auraient conservé 
mauvais souvenir, mais 1l avait le cœur assez haut pour 
comprendre que de pareilles critiques sont purement 
objectives et n'ont d’autre but que d'apporter d’utiles rec- 
tifications et d'aider les auteurs à donner par la suite une 
meilleure édition de leurs travaux. 

Le P. Ubald naquit à Alençon en 1872 sous le nom de 
Léon-Louis BERSON ; il entra en 1887 au petit séminaire 
de Sées et prit l’habit des Capucins le 30 octobre 1891. À 
la fin de son année de noviciat, il se rendit au couvent de 
Kadi-Keui, en Turquie d'Asie, en face de Constantinople ; 
c'est là qu’il contracta la maladie de poitrine qui, de répit 
en répit, devait le miner chaque Jour davantage. Il dut ren- 
trer en 1894 ; l'année suivante il prononca ses vœux solen- 
nels, mais bientôt après :l lui fallait aller dans le Midi 
pour se soigner, séjours qui se reproduiront périodique- 
ment, chaque fois que les forces lui manqueront. Le 
29 juin 1898 1l reçut le sacerdoce; dès lors il s’adonna 
entièrement aux recherches historiques et devint le plus 
actif collaborateur des Études franciscaines qui avaient été 
créées en 1809. 

D'une curiosité toujours en éveil il passa sa vie à fouil- 
ler les bibliothèques, à compulser les archives en quête de 
documents sur les Ordres franciscains, et bien souvent il 
fit d'heureuses découvertes. Son malheur fut de n'avoir pas 
reçu une préparation sufhsante pour savoir pousser à fond 
ses recherches, pour éditer avec le soin nécessaire les 
Pièces qu’il avait exhumées et pour en faire valoir tout 


Ravus D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 42 


654 CHRONIQUE 


l'intérêt; malheur qui lui est d’ailleurs commun avec la 
plupart des religieux qui appartiennent à des Ordres voués 
à tout autre ministère qu à l’érudition. Cette réserve faite, 
il faut louer sa très grande activité que même l'état de sa 
santé, si déplorable pendant les dernières années, ne par- 
vint pas à ralentir. Que de fois le vit-on, n'ayant plus 
qu’un souffle, se lever de son lit, courir à sa table, pour y 
écrire encore une page ou deux. Sa production a été con- 
sidérable ; on ne peut donner ici, une liste complète de ses 
articles, de ses conférences. Nous citerons seulement les 
œuvres qui entrent dans le cadre de nos études : 


Le KR. P. Chrysologue de Gy, Capucin, géographe et astronome 
(1728-1808) (Angers, 1901, in-8°); — Les comptes de ménage de 
Jeanne de Laval, d'après un document original et inédit (Angers, r9o1, 
in-80) ; — L’'Obituaire et le Nécrologe des Cordeliers d'Angers (1216- 
1790) (Angers, 1902, in-16); — Notes d'un chercheur et d'un curieux. 
Franciscains et pestiférés en Tunisie (Paris. 1962. in-8°);, — Catalo- 
gue des manuscrits de la Bibliothèque franciscaine provinciale (Paris, 
1902, in-8°); — Couvin, notice sur les Récollets, la statue de Notre- 
Dame de Consolation et les Récollectines (Couvin, 1903, in-8e); — 
Une Page de l’histoire de Paris. Notice historique et bibliographique 
sur les travaux d’Écriture sainte des Capucins (Paris, 1903, in-8e) ; — 
Essai sur les Franciscains d’Alsace pendant la Révolution d'apres les 
travaux du P. Apollinaire de Valence (Rixheim, 1904, in-80); — 
Notice historique sur les Frères Mineurs Capucins de Saumur (1600- 
1701) (Angers, 1904, in-8c); — Jean Halbout de la Becquetière 
(1593-1626), études de mœurs religieuses au xvini® siècle, avec un 
appendice sur la famille normande de la Boderie (Paris, 1704, in-18); 
— Les Opuscules de saint François d'Assise. Nouvelle traduction fran- 
çaise (Paris. 1905, in-16); — Notice historique sur le P. Séverin 
Girault, du Tiers-Ordre franciscain, né à Rouen, mort aux Carmes à 
Paris (1728-1792) (Paris, 1007, in-8); — Notice historique sur le 
collège de Bueil, à Angers, fondé par Grégoire Langlois, évèque de 
Séez, pour des étudiants en droit (1494-1807) (Alençon, 1908, in-8e); 
— Lettres inédites de Guillaume de Casal à sainte Colette (Extrait 
des Études franciscaines), Paris, 1908, in-8°; — Les Frères Mineurs 
Capucins à Angers (1855-1870), notice historique (Angers, 1900. 


in-80),— Les Idées de saint François d'Assise sur la pauvreté (Paris, 
1909, in-18); — Documents sur la réforme de sainte Colette en 
France (Florence, 1910. in-8°); — Les Idées de saint François 


d'Assise sur la science (Paris, 1910, in-18); — L'Ame franciscaine 
(Paris, 1912, in-8°) ; — L’Aiguillon d'amour du P. Jacques de Milan, 
traduction (Paris, 1921, in-16) ; — Traité de l'oraison et de la médi- 


CHRONIQUE 655 


tation, par saint Pierre d'Alcantara, traduction (Paris, 1923, ia-16); 
— Le Chemin de la croix dans la religion, dans l'histoire et dans 
l'art (Paris, 1923, in-16) ; — Cordeliers, Clarisses et Tiers-Ordres à 
Carcassonne (xri-xvine siècles) (Revue d’hist. francisc., 1, 74); — Le 
plus ancien texte de la bénédiction, du privilège de la Pauvreté et du 
testament de sainte Claire (Rev. d’hist. francisc., 1, 469) ; — Jacques 
Berson, Cordelier parisien (Rev. d'hist. francisc,, III, 57 et 390). 


H. L. 


EEE er --" _ 


ns 


TABLE 


DES NOMS DE PERSONNES 


DES TROIS ORDRES RÉGULIERS DE SAINT-FRANÇOIS 


CONTENUS DANS CE VOLUME 


Pour plus de commodité, les noms ont été placés sous le patronyme ou sous 
le nom de la ville. Les noms des Récollets, Conventuels, Capucins, Clarisses, 
Annonciades sont suivis du titre abrégé conv., cap., clar., annonc., tandis 
que ceux des religieux et religieuses appartenant au Tiers-Ordre régulier 
sont suivis des initiales T. O. R.; les Tertiaires séculiers sont désignés 


par les initiales T. O. 


A 


À., voir FEBVRE. 

ABBEVILLE (Louis-Marie d'}, cap. 
370, 371. 

ABONDE, Cap., Ex-Prov., 213. 

—, voir Côue. 

ADau, voir DOMPMARTIN. 

AvOLPHE, en Saxe, 250. 

ADRIABNSEN (Cornelis), 270. 

AFFO (ÎIrénée), 77. 

AGATHANGE, VOir BANQUE, RENAULT 
(Samson). 

AÂGATHE DE S.-ANTOINE, VOir TRAN- 
CHANT (Marie). 

AGATHE-FRANÇoIsE du S.-Esprit, voir 
BaLLAURÉ (Anne). 

AGNELLO (Bx.), 380. 

—, év. de Fez, 614. 

AGxës, voir BoHèxe. 

AGxo, voir AYn (Lope d”). 

AGréDA (vén. Marie d’}, concept.,644. 

AGUADO (Pierre de, 56, 59, 61. 

AIMABLE, VOIir VILLERSERINE. 

AImé, voir PERSON (Jean). 


oo ne 


AIMÉE DE Jésus, voir PeriT (Ju- 
lienne). 

ALAGON (François d'}, 641. 

ALBERT, VOir PENNESIÈRES, RENGyic. 

AL8BIEZ (Jean d'}, 156. 

ALCANTARA (S. Pierre d'), 591-593, 
643, 654. 

ALEXANDRE, VOir HALÈSs, Jussey, Ros- 
SET. 

— (Pierre), 558. 

ALEXIS, VOir CANGER, CHARLIER, Mi- 
LAN, MURAZ, SEVESTRE. 

ALIGNAN (Benoît d'}, év., 1. 

ALLART (Germain), réc., 243. 
ALPHONSE, Voir ALONSO, ESsPINAR, 
Iczæsia, PecHo, Spina, Tissu. 

ALTAMIRANO (Diego), 57. 

ALTON (Gérard), 297. 

ALVAREZ DE VILLANUEVA (François), 
59. 

AMAND, VOir MERLIN. 

AMAURY, VOir GAILLARD. 

AMBROISE, Voir GaLLÉs (François). 

AMÉDÉE [IX (Bx.), 127. 

—, voir SILVA. 


658 


Amiens (Siméon d'}, cap., 225, 227. 

_ ANACLET, réc. de Metz, 84. 

ANcÔne {Eustache d'}), év., 628. 

AnpRé (Antoine), 103, 105. 

—, vOir CHAUVIN, MaRcuUgI.LO, MaRTI- 
NEZ, SPELLO, SPOLÈTS. 

ANG (Frère), l'un des 3 socii, 233, 
598, 617. 

—, év. de Durazzo, 627-628. 

—, CAP., ex-prov., 213. 

—, Voir ÂVERSA, AVIGNON, CARIER, 
CHivasso, CLaneno, Côux, Le 
Mounier (Louis), SALIETTI, SALO- 
MON. 

AnGèzez, voir FoLiGno. 

ANGÉLIQUE DE S. FRanÇois, voir Ro- 
cHer-Bois-Rouan (Louise). 

AnGLais (Barthélemy L'), 433. 

ANGLETERRE (Simon d’), 625. 

ANGoT (François), réc., 205. 

Anjou (s. Louis d’}, 2-8, 78, 188, 
251, 416, 418, 436, 635. 

— (Robert d'}, 3, 127, 413, 613, 628. 

Anne, voir Bussac, Du CRozeT, Gay. 

ANNIBALI, VOir LATERA. 

ANseLue, voir BaArDON, Petra MoL4- 
RIS, TURMEDA. 

ANTOINE (Thomas), réc. 285, 286, 
288, 294. 

—, abyssin, 311. 

—, réc., 137. 

—, Cap., ex-prov., 213. 

—, voir ANDRE, BecHon, Cauin, Cue- 
LERNII, CUCHARO, DALLEREY, Gau- 
TIER, GUEvVARA, Larouce, Lignno 
px GoicokcHEeca, Lziinas, Mono- 
POLI, PaDroug, QuiLLé, RoDRiGue, 
RUSCONI, SAINT-LAURENT, SYRECT, 
TouRNON, VALLIER. 

ANTOINETTE, VOir BuLLeu. 

ANTONIN, voir BauLDRoN, Los. 

AoRa (Jean de), 60. 

APOLLINAIRE, VOir FRIBOURG. 

APREMONT (Jean-Candide d'}), cap., 
217. 

AQUASPARTA (Mathieu d’}, card., 408, 
603. 

AnAGON (Dominique d'), 636-638. 

— (l'infant Pierre d’), 420, 634, 635, 
642. 

ARCHANGE, Voir CEz, Mussana, Nicor, 
VesouL. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


Arezzo (Bernardin d”), min. gén. des 
cap., 216. 

AumManD, VOir FRaANcE—. 

Axel, voir Perussez. 

ARNAUD (Jean), év., 615. 

—, voir MONTANER. 

Arnozp, obs., 455. 

ARNOULD, voir COUVREUR. 

Ansan (Hugues), 557. 

ARSÈèNE, voir Despiez. 

Asensio (Étienne de), 56, 59, 61. 

Assise (B. Augustin d'}, 247, 410. 

— (Bx. Gilles d'}, 101. 

Avaucour (Henri d'), 388. 

Aversa (Ange d'}), 413. 

AviGNon (Ange d’}, cap, 213, 307. 

AuserT (Pierre-Emmanuel), conr, 
388, 397. 

Aucy (Jean d’), 100. 

AuDru (Augustin), réc., 292. 

AUGUSTIN, Voir Assisz, AupRu, Br. 
THELOT ,(René), Dinan, Du Coc- 
DRAY, LANGRES, MoIRANS, PINGENOT, 
VÉTANCOURT. 

AurioL (Pierre), 383, 407. 

AUXERRE (Thomas d'}, 631. 

Avuan, Voir ORLÉANS. | 

AYMON, voir FAVERSHAM. 

Avn (Lope d’), év., 614, 638-639. 


B 


B., voir BaiLLy. 

Baar (Pierre), cap., 85. 

Bacon (Roger), 231, 399, 400, 408, 
604-606, 6412, 645. 

BaicLaun, lect. à Chalon, 559. 

Barccy (B.), 558. 

Bazsoa (Gonzalve de), min. gén. 
641. 

BALLAURÉ (Annc-Françoise), claï. 
391. 

BaLTHASAR, voir Bauue, Loret. 

Bancez (Raymord), 423. 

Banques (Agathange), cap., 221. 

BanaT (Tiburce), réc., 287. 

BARBERINI, Card., Cap., 246. 

BarDon (Anselme), réc., 284. 

BarnauD (Henri), conv., 389. 

BarRrAvi (Bernard), 64. 

BarTHEL (loseph-Boniface), cap. 86 

BaARTHÉLEMY, voir AnGLais (L'}, Fa 
BRE, OGer (Jean), Pise. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


BaRTHozt (François), 80. 

BasiLe, cap. de Bordeaux, 213. 

— , voir ORNANs, Picard, Ricnar- 
DIN. 

Bascni (Mathieu), fondat. des cap., 
426. 

Bassocs (Jean de), 102. 

BATTISTA, voir IMOLA. 

Bauer (Florent), réc., 294. 

Bauvouin (Mathieu), 85. 

BauDrax (Claude), cap., 221. 

BauLoroN (Antonin), réc., 298, 299. 

Bauxes (Balthazar de), cap., 307. 

BayLon (S. Paschal), 218, 416, 540 
541, 543, 570. 

Bayonne (Bertrand de), 601. 

Bazin (Jean-Bapt.), 540, 541, 544, 
545. 

BÉATRIX, VOir SILVA. 

Becenuiz (Manuel), 50. 

BECHaNT (Timothée), réc., 292. 

BécHerez (Bonav. de, voir Tuo- 
NAUST (Fulgence). 

Bscaou (Antoine), conv., 15. 

Becker (Georges), réc., 84. 

— (Philippe), réc., 84. 

BEoeReRt (Jean), 631. 

BELriLs, 188. 

Bæcrorr (Pierre de), 641. 

BELLINTANI, voir SALO (Mathias). 

Berzupi (B. Luc), 650-651. 

BeLver (Vincent), 419. 

Benau (Jeanne de), T. O. R., 444. 

Benier (Hyacinthe), réc., 203. 

BENIN, voir HacrTe. 

— (Jacques), 13. 

BENJAMIN, voir Jouan (Pierre). 

BenLic (Mathieu), év., 250. 

BeNoîT, voir ALIGNAN, DINER, SAN- 
FRANCISCO. 

BenTivoGL10 (Bx.), 380. 

BérARD (saint), martyr, 614. 

—, cord. de Chalon, 550. 

—, voir DEGRAVE. 

BERCY, réc., 245. 

BaRGAME (Bonagratia de), 241... 

— (Théodore de), cap., 307. 

BERNARD, voir BaARRAvVI, BESSE, Gaz- 
LAIS, OZON, QUINTAVALLE, VIAIRE. 

BRRNARDIN, voir AREZZO, Bou, 
Caimi, Ferre, Loysiz, OcHin, 
OniN, SAHAGUN, SIENNE, THÔNES. 


9 


659 


Bernzakovic (Mathias), év., 250. 
BerTHELIN (Dieudonné), réc., 296. 
BERTHELOT (René), cap., 390. 
BerTHo (Guillaume), cap., 390, 393. 
BerTin-Bouin (Vincent), conv., 389. 
Berson (Jacques), 137, 657. 


BsnrranND, voir Bayonne, Lacier, 
THoxas. 

Besançon (Françoise de), T. O. R., 
470. 


— (Irénée de), cap., 221. 

— (Michel-Ange de), cap. 218, 307. 

Bzsse (Bernard de), 381. 

BesucueT, cord. de Chalon, 559. 

Berauzos (Pierre de), 59. 

Bértuuns (Polycarpe de), cap., 223, 
225-227. 

BETTINGER (Louis-Ferdinand) dit 
Gop£FRoy, Cap., 86. 

BICHBLBERGER, Voir BILCHB&ERGER. 

BIENVENU, voir Gus81o. 

BiLCHBERGER Où BiCHELBERGER (Jus- 
tin), réc. 85, 287, 289, 294. 

BLANCHE, voir SAVOIE. 

BLANDENET (Bonav.), 558. 

BLas, voir Pacugco. 

Boniquec (François), cap., 397. 

Boeuer, réc., 83. 

Bocarp, réc. de Sarrelouis, 85. 

Bonèêne (Bse Agnès de), clar., 101. 

BoichoT, cord. de Chalon, 547, 
560. 

Bois D£ LA ViLLeRABEL (Marie-So- 
phie du), clar., 392. 

BoLano (Louis de), 56. 

Bozocne (Ste Catherine de), ciar., 
219, 416. 

BONAVENTURE (saint), 65, 75, 70, 93, 
95-97, 1406, 176, 184, 188, 197, 
211, 231, 237, 238, 248, 249, 251- 
253, 257, 408, 411, 416, 431, 433, 
434. 438, 439, 453, 553, 552, 598, 
599, 601-603, 605, 606, 608, 627, 
640, 642-645. 

—, Voir BLANDENET, CAVALLO, PÉRIER, 
SALINS, SECUSI, THonausT (Ful- 
gence). 

BONAGRATIA, Voir BERGAME. 

Boxsez (Charles), réc. 286.” 

Bonxcarpi (Jacques:, conv., év., 250. 

BoneLui (Jcan), 5No. 

Boxer (Nicolas), 642. 


660 


BonGiovanni, voir CAVRIANA. 

BonHouxe, 623. 

BoniFAcE, voir MA_ESs. 

Bonivaro (Deotecit}, 628. 

BonNET, conv., 288. 

BonnæviLue (Philibert de), 137. 

Bonnier (Cyrille), oblat T. O., 291. 

Borpzsaux (Pierre de), 633. 

BoroeT (Martin), 96. 

BorGo San-DonniNo (Gérard de), 
601. 

Borrey (Marguerite), voir BESANÇON 
(Françoise de). 

Bora (B. Carmelo), martyr, 422. 

BoucHer (Mathias), réc., 293. 

BoucLans (Jéremie de), cap., 307. 

Boupry (Lazare), 557, 572. 

— (Séraphin), réc., 294. 

BouLarD (Germain), conv., 396. 

BoursLanc (Renée de), clar., 592. 

Bour8on (Nicolas), 547, 560. 

BourGeois (Jean), 156. 

BourGocne (Jean de), 633. 

— (Mathieu de), 633. 

— (Richard de), év., 436, 614. 

BouruiEr (Martial), 648. 

Bozon (Nicole), 521. 

BRETON (Jean-Florent), conv., 396 

Brian (Julien), cap., 305. 

BRIENNE (Jean de), 436. 

Brière (François), 550. 

— (Simon), 541, 5506, 557. 

Brinoes (B. Laurent de), cap., 218. 

Brocarp (Jean-Bapt.), 559. 

BrossarD, cord. de Chalon, 559. 

Brucnon (Balthasar), réc., 278, 285, 
293. 

BRUGES (S. Gautier de), év., 201, 
603. | 

BRULEFER (Etienne), 106. 

Bruszes (Nicolas), 555, 570. 

Brussac (Jean), 87. 

BuBLeu (Antoinette de), T. OC. R., 
41. 

— (Madeleine de), T. O. R., 41. 

BurkARD, voir HALLE. 

BurTé (B. Jean), conv. mart., 75. 


(6 
C., voir Royer. 


CABÉ (Jean-Nicolas), cap., 87. 
Caint (B. Bernardin), 253. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


CAGSETAN, VOir PAILLYART. 

CaLaBriA (Giovanni da), 308. 310, 
311, 322, 3206, 328, 338. 

CaLAHoRRA (Juan de), 308. 

CazixTe, voir MAROT, TupAs. 

CaLLET (Jean-François), réC., 194. 

Cauizce (Léonard), réc., 286, 296. 

CaxuPpeLLo (Philippe de), 61r, 612. 

CancaALE (Cyrille de), voir CHRÉTIEN 
(François). 

Caxie (Pierre de), 98. 

CaneDo (Paolo da), 311, 324- 

Cancer (Alexis), cap., 87. 

CanNTALICE (S. Félix de), cap ., 218, 
304, 593, 594. 

CaPisTRAN (S. Jean de), 1-74, 218, 
250, 416, 433, 528, 540-54 3, 570. 

CARBONNEL (Ponce), 418. 

CarcHaNo (Michel de), 260. 

CaRIER (Ange), réc., 292. 

CARMELO, voir Bora. 

Caron (Alexis), 547, 558. 

— (Henri), 558. 

CaRPET (Jean), 561. 

CARTIER, voir GAUTIER (Hilaire). 

Casaz (Guillaume de), 52, 94: 

— (Hubertin de), 376, 383, 6© 2, 607, 
608. 

Casoria (Vén. Ludovic de), æ 12. 

CASTELFERRETO (Jérôme de}. CäP: 
137. 

CasTRARO (Vincent-Manuel), 419: 

CasTRo {Jean-Joseph de), 59- 

CATALAN (François), 630. 

CATALOGNE (Jérôme de), 613. 

CATHERINE, Voir BoLoGxe, 
NELLE, SAULX. 

CATTANI (Pierre), 380. 

Caulibus (Jean de), 95, 432. 

Cauuix (Antoine), 59. 

CavazLo (Bonaventure), 412. 

CéciLe, voir CoPpPoLi. 

CELaNo (Thomas de), 72, 37 ©: 376, 
378-380, 385, 429, 435, 597 799 
608. 

CeELErNu (Antoine), 3. 

CéLesrTe DE S. François, voir IRAOUt 
(Céleste). 

CELESTIN, voir GARNIER (Jean) . 

Cervins (Jovite de}, jcap., 21” 
307. 

Césarme, voir Le Gaupu (Yves): 


GaAUv!I- 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


Césène (Michel de), 103, 602. 

— (Paul de), cap., 133. 

Czz (Archange de), réc., 293. 

CHaLox (Philippine de), clar., 168. 

CHAMEREAU, cord. de Chalon, 556. 

CHARLEMAGNE, voir CUuviEr, GALLE 
(Pierre de), Le Gran. 

CHaRLeEs, voir Bonsez, CHEVRIER, 
CRAMANS, LE VACHER, MERCIER. 

CHARLIER (Alexis), oblat réc., 296. 

CHauver (Gérard), 631-633. 

CHauvin (André), conv., 397. 

— DU CHASTEL (Thérèse), clar., 392. 

CHECCH1, 79. 

CHEFFONTAINE (Christophe de), 60. 

CHÉRUBSIN, voir Lure, MAURIENNE, 
SPOLÈTE, VINOCHEY. 

CHESNE, cord. de Chalon, 559. 

CHEVAIGNE (Jean), 631. 

CHevaiier (Marie), clar., 172. 

CHEVRIER (Charles), cap., 396, 397. 

CBivasso (Ange de), 253. 

CHRÉTIEN (François), cap., 390, 593, 
394. 

CHRISTOPHE, voir CHEFFONTAINE, 
MARTINEZ DE LA PuentTa, Nuuai. 

CurysoLocue, voir Erinoy, Gy. 

CiREGL10 (Thomas de), 70e 


Cisneros (François Ximénés de), 
card., 60. 

Cirrè-ni-CasTeLLo (Nicolas de), 
Cap., 301. 


— (Sauveur de), cap., 302. 

CLAIRE (sainte), 1o1, 114, 115, 118, 
138, 142, 158, 173, 186, 207, 211, 
234, 235, 248, 254, 381, 404, 416, 
431, 533, 571, 655. 

— DE S. FRanNÇois, voir Perir (Ma- 
rie). 

CLareno (Ange de), 376. 

CLary (Léon de), 81. 

CLÉMENT XIV, conv., 621. 

— (Marie-Augustine), clar., 391. 

—» VOIr SALINS. 

CLaune, voir BAUDRAN, FRASSEN, 
Gallesius, GaLois, Leseur, Pi- 
QUET, PoiLLoT, Poncius, SALINS, 
VAURA y. 

Coca, gard. de Chalon, 537, 556. 

Coezpe (Thierry), 253. 


Cœur De Jésus, voir CHauvin ou 
Cuasrez, 


661 


Cœur De Mais, voir KERMANQUER 
(Marie). 

CoLETTE (sainte), clar., 160, 167, 
172, 211, 427, 449-452, 469, 529, 
545, 624, 654. 

—, Voir Nouparrt. 

— DE S. Mickes, voir Gouyon (Mi. 
chelle de). 

CoLousi (Jean), év., 205. 

Covizee (William de), 524. 

ComuserT (Jean), 558. 

CouseTte, cord. de Chalon, 559. 

Côxe {Abonde de), cap., 307. 

— (Ange de), cap. 302. 

— (Emmanuel), 81. 

Copain, conv., 560. 

Cours (Hyacinthe), cap., 86. 

Conex (Hélène), clar., 392. 

ConnocLy (Pierre-Jacques), 85. 

ConraD, min. de Saxe, 250. 

—, voir ProBus. 

ConNRaD, voir SAXE. 

CONSTANCE, voir SUÈDE. 

— MaRiE De S. JEAN, voir Damar 
(Constance). 

CopPpoLt (Cécile), Clar,, 252. 

Corbier (Jérôme), réc., 295. 

Cort (B. Thomas de), 251. 

CoRNELIS, VOir ADRIAENSEN. 

Corr (Thomas), 252, 

CoRToNE (B. Gui de), 380. 

— (sainte Marguerite de), T. O. 
102-163, 211, 416. 

CoRuKNA (Martin de la), 57, 58. 

CourRëGues (Raymond), réc., 287. 

Cousin (Dorothée), réc., 282, 296. 

Couvreur (Arnould), réc., 296, 

— [de Tecto] (Jean), 60. 

CRamans (Charles de), Cap., 217, 
307. 

CRESCENCE, voir Jési. 

Croso (Jean de), 629. 

CucHaro (Antoine), 645. 

Cunis (Étienne de), 633. 

Cuvier (Charlemagne), réc., 294. : 

Cuysseri (Louis), 3. 

CYRILLE, voir BONNIER, GIRIEUX. 

Cyvor, prov. de St-Bonav., 15. 


D 


D’Acquisro (Benoit), 96. 
DaLiLerey (Antoine), 560. 


662 


Danar (Constance), clar., 391. 

Damasianus, voir Tyrani. 

DamPvaLLéE (J. C. de), cap., 307. 

DANIEL (saint), martyr, 614. 

—, voir Hacrs. 

— (Michel), réc., 459. 

DaroeL (Jean), év., 634-635. 

DesarnavaL (Marguerite), clar., 392. 

Decoux (Hilaire), réc., 286, 290, 
294. 

D&GRAvE (Bérard), réc., 288. 

DELAFONTAINE (Madeleine), T.O.R., 
at. 

DeLaAPoRTE (Pierre), 556. 

Dececourr (Rupert), réc., 285, 294. 

DELÉPINE (Remy), réc., 297. 

Decrini (Gilles), min. gén., 453. 

Dzæuoncez, cord. de Chalon, 558. 

Denis (Joseph), réc., 414. 

DæoreciT, voir Bonivaro. 

Des Armasses (Mahaut), clar., 258. 

Dsssiez (Arsène), cap., 220. 

DesrorGes, cord. de Chalon, 560. 

” Dasxayes (Françoise), clar., 392. 

DÈsiRÉ, voir Lons-Le-SAULNIER. 

Dzsmanais (Louis), réc., 292. 

DesPrés (Antonin), réc., 293. 

DereriN (Gabrielle), T. O. R., 41. 

Dinace, voir PeLL&TiErR, RicHARD, 
SOUFFLARD. 

Dinon (Hilaire), 559. 

Di£eco, voir ALTAMIRANO, Lanpa, Mu- 
Nos. 

Die&uDONNÉ, voir BERTHELIN. 

Dicne (Hugues de), 2. 

Dinan (Ambroise de), voir GaLLÉéE 
(François). 

— (Augustin de), voir Brian (Ju- 
lien). 

— (Bernard de), voir OLEroN (Lau- 
rent). 

— (Gabriel de), cap., 395. 

— {Romain de), voir Tournois (Fran- 
çois). 

Diner (Benoît), 558. 

DoLB&au, réc., 243. 

Doce (Jean-Bapt. 
307. 

— (Ludovic de), cap., 307. 

DouINIQUE DE SAINTE-MARIE, voir La 
CHoues (Marie). 

—, voir RoGEr (Antoinette). 


de), cap., 221, 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


—, voir ARAGON, Garcia, HUBERT 
(J.-B.). 

DouPpMarTiN (Adam de), év., 620. 

Donar, voir ROUERGUEz. 

DorLor (Séraphin), réc., 283. 

DonroTHés, voir Cousin, Quincer. 

DouceLine (sainte), T. O., 2. 

Dreux, voir DROGoN. 

— (Joseph de), cap., 427. 

DroGon, min. prov. de Bourgogne, 
445, 446. 

—, voir PROVINS. 

Dru, voir Le Dru (Urbain}. 

Dusois (Joseph), cap., 396. 

— (Mathurin), conv., 389. 

— (Prosper), réc., 285, 294. 

Du Coupray (Augustin), réc., 299. 

Du Crozsr (Anne), T. O. R., 44- 

Ducurrie (Pierre), 14. 

Duxs Scor (B. Jean), 77, 79, 88, 93, 
94, 103-105, 231, 242, 399; 407 
409, 425, 433, 434, 605-606, 641, 
644, 645. 

Dupain (Jean l'Évangéliste), ré: 
288. 

Durré (Guillaume\, arch., 639; 630, 

Du Pur (Philippe), 436. 

DuraAND, voir SAUZET. 

Durvé (Jeanne de), clar., 17 5: 

Dusino (Jean de), 629. 

Durez ou Du Tec (Ferdinand) 
réc., 29). 

Durez (Ferdinand), 
(Ferd.). 

Duvaz (Ferdinand), réc., 297- 

— (Toussaint), réc., 396. 

Du Vivier (Grég.), réc., 277 292: 


E 


Ecccasron (Thomas de), 397; 599 
522, 524. 

ÉLéonore, voir FRANCE. 

Eux (frère), min. gén., 248, 379 
380, 382, 445, 601, 612, 627: 68, 

ÉLisasTH, veuve de Charles IX, 
clar., 436. 

— pe LA Présenrarion, T. ©. R: 
45. ; 

—, voir HonGRiE, TROCKMORTON- 

Eczéas (saint), T. O., 4, 93, 127 

—, év. de Sciacca, 78. 

Euxroau (Guillaume), év., 628. 


voir Duval 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 663 


EmxmanueL, voir CORNE, FAUCOGNEY, 
LA MaRE, PesNaAuLT (René). 

EpHRex, voir GENÉEz. 

ERFURT (Thomas d'}), 408. 

EnRRanpD (Jean-François), conv,, 87. 

EscaLe (Jean-François), 470. 

EsPiNar (Alonso del), 60. 

EspPiNo (Fernando de), 652. 

Essesy (William de), 520. 

Érienne, anglais, 1. 

—, compagnon de s. Fr., 65. 

—, gard. de Nantes, 620. 

—, VOir ASENsIO, BRULEFER, Cunis, 
Houprpra, MOoLINA, POLIGNY, VERDE- 
LETE. 

Eucèxe, voir RuuiLzey. 

EusTACHE, voir ANCÔNE, Pavie. 

Exemeno (Jean), év., 641. 

ExlmgNez (François), 418. 


F 


Fasre (Barthélemy), 6. 

FaenzA (Servasanctus de), 97. 

FaALGAR (Guillaume de), 605. 

FANTON, conv., 560. 

FaucocNer (Emmanuel de), cap. 
307. 

— (Léopold de), cap., 216, 307. 

FAvVERSHAN (Aymon de), 6o1. 

Fayn., conv., 620. 

FeBsvre (A.), 557. 

FéLicien, voir La Croix, RENARD. 

FéLix, voir CANTALICE, QUINTIN. 

Facrre (B. Bernardin de), 252. 

FéraL (Marie-Jeanne), Annonc., 356. 

FerDinAn», voir Durez, Duvaz, Mox- 

° NIER, MOoREaU. 

FernanDo, voir Espino, Treo. 

Fevirer (François), réc., 205. 

FinèLe, voir SevesTRe (Alexis), Sic- 
MARINGEN. 

FicugirA (Joseph), 59. 

Firrasrre (Luc), réc., 245. 

FiLion (Jean), 88. 

Firz-Bernarp (Michel), 430. 

FLanDpriN (Léonard), réc., 292. 

FLavicny (Hugues de), év., 631. 

FLorence (Mariano de), 612. 

FLORENT, voir BAUDET. 

FLoy (Jeanne), clar., 391. 

Fonéré (Jacques), 123, 128-130, 156, 


157, 170, 171, 208, 455, 552-554, 
556, 627. 

Foui6no (Bse Angèle de), T. O., 375, 
377, 438. 

Foro SarziNio (Marius de), cap., 
303. | 

Forrier (Modeste), réc., 293. 


FortTon, seigneur de Saint-Ange 


(Jacques), ex-cap., 424. 
FossouBronE (Louis de), cap., 426. 
— (Raphaël de), cap., 426. 

Four (Vital du), card., 3, 94. 

France (Armand de), 630. 

— (Éléonore de), clar., 78. 

— (Bse Isabelle de), clar., 403, 615. 

— (Bse Jeanne de), Annonc., 88-90, 
153, 342, 344, 356. 

François, du dioc. d’Osimo, 103, 
106. 

—, VOir ÂLAGON, ÂLVAREZ, ÂNGOT, 
BartHozi, BoniQuez, BRIÈRE, Ca- 
TALAN, Dugois (Joseph), Eximenez, 
FEVITER, GALLAIS, GONZAGUE, Gou- 
RIOU, GUZMAN, HAMART, JÉGO, JIiME- 
NEZ, LACHÈRE, Le BèGuE, LEFFON- 
DRÉ, LEROUX, LiccHeTTi, Lopez, 
Lucas, MARCHAND, Meyronnes, N4- 
PLES, Nico, NicoLzas, Ossuna, Pa- 
REJA, PINAZO, RUFFIER, SAGARA, 
SAINT-AMOUR, SURIANO, VOLAURE. 

FRANÇOISE, voir BESANÇON, GRELLET, 
Monnier (Jeanne). 

FRASSEN (Claude), 383. 

FRéDéric, en Saxe, 250. 

FREPIER (Michel), 137. 

FRÉRET (Noël), réc., 296. 

FrisourG (B. Apollinaire de), cap., 
32: 

FRribericH (Georges), réc., 288, 294, 
296. 

FRiGnano (Thomas de), 650. 

Fronsac (Raymond de), 6021. 

FuLGxNCE, voir PLUT, REMACLE. 


G 


GABRIEL MARIA, dit aussi Nicozas 
(Gilbert), 88-92, 153, 345, 353, 
359, 648. 

—-, voir DINAN. 

GABRIELLE, VOir DFTERIN. 

GaiLLarD (Amaury), 94. 

GaLATIN! (Pierre), 95. 


664 


Garër (François-Claude), cap., 303. 

GaLLais (François), cap., 397. 

GaLLais D8 La Saire (Bernard), 
conv., 389. 

GaLLe (Pierre de), oblat réc., 291. 

GaLLée (François), cap., 390. 

GALLEMANT (Placide), réc., 273, 274, 
277» 299- 

GALLERAN (Guillaume), réc., 292. 

GaLLes (Jean de), 377. 

: Gallesius (Claude), 456. 

GaLLois (Claude), 137. 

Gaxpo (Mathieu de), 3. 

Gap (Pierre de), 56, 6o. 

Garcia (Dominique), 61. 

GarEL (Pierre), T. O.R., 393. 

Ganier (Jean), cap., 397. 

— DE CHaPpouIN (Jacques), réc., 274. 

GASPARD, VOir GOUTON, SAGER, SAMO- 
CLES. 

GaUuBERT Guillaume), cap., 397. 

GaubicHEau (Mathieu), conv.. 380, 
392. 

GauDReviLee (Pie de), 633. 

GaurRen! (Raymond), 2. 

GauGLa, cord. de Chalon, 559. 

GAUTIER (Antoine), 3. 

—, voir BRUGES. 

—, cord, de Chalon, 560. 

— (Hilaire), réc., 295. 

GauviNezze (Catherine), 
90. 

Gay (Anne), T. O. R., 444. 

GAYET (Jean), 552. 

GeLioT, cord. de Chalon, 559. 

GEnoRoT (Louis-Jean), conv., 396. 

Genée (Ephrem), réc., 290, 293. 

GEORGES, voir Becker, FRIDERICH. 

GERARD, voir ALTON, Borco-San- 
Donnino, CHAUVET. 

GERMAIN (Antoine), conv., 425. 

—, voir BouLaro. 

GERTRUDE DE SAINTE-MaRie, voir Lu 
BRoNNEC (Marie-Th.), 

Gervais, voir HAUTIER, TARDIVEL (J.). 

Gtano (Jourdain de), 397, 402. 

Gicquez (Michel), cap., 394. 

G1FFÉ (Charles), réc., 292. 

GicsertT (Mathurin), 56. 

— (Nicolas), de l'Ave-Maria de Pa- 
ris, 83. 

— (Nicolas), réc., 396. 


annonc., 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


—, voir Nicozas, PENNESIÈS Es. 

Gizces (Bx.), comp. de s. Fr., 248, 
253. 

—, voir DELFINI, PEREZ. 

GIRARD, voir Joca. 

GiRauLT (B. Séverin), T. ©. R., mar. 
tyr, 75, 654. 

Girieux (Cyrille), réc., 28x - 

Givry (Simon,, réc., 293. 

GLASSBERGER (Nicolas), 
436. 

Goperroy, voir BETTINGER.- 

Gonpar (Joseph), 59. 

GonNzaAGUuE (François de), 
130, 411, 412, 553, 554. 

GoNzALEZ DE AGueros (Pier re), 56. 

GonNzALVE, Voir BALBOA. 

GoueparT (Jean-François), € ap, 390° 

GounEnans (Joseph de), cap ., 307. 

Gouson, cord. de Chalon, 5 59. 

Gouriou (François-Jean), cap., 394. 

GoussiEer (Jean), 556. 

GourTon (Gaspard), 558. 

Gouxox (Michelle de), clar.. 391. 

GRaNDIN (Jean), cap., 307. 

GRranpDis (Pierre), 454. 

GRATIEN, voir MONTFORT. 

GRÉGAINE (Paul), réc., 459. 

GRÉGOIRE, voir Du Vivier, INAPLES- 

GreLzLeT (Françoise), T. O. R:., 444 

— (Maric), T. O.R., 443. 

GREssEAU (Jean-Bapt.), cor".; 396. 

GRiGNART (Anne-Mathurine), clar, 
392. 

GriNcourT (Simon de), réc. , 421: 

Guazpo (Pierre de, T. O., 656. 

Gussi1o (Bienvenu de), 380. 

GusBErNATIS (Dom. de), 413. 

Guoaz (Rodrigo de), 614. 

GUELLERIN (Jérôme), réc., 2536. 

GUENEPEN, cord. de Chalon, 5°9- 

Gui (Hilarion), réc., 295- 

GuERIN, voir GUÉNIN (Hilarion). 

Guerin (Hilarion), réc., 293. 

Guevara (Antonio de), 430. 

Gui, voir CoRTONE. 

GuiLB&rT, voir NicoLAS. 

GuiLLarD (Jean), cap., 396. 

GuILLARDET, cord. de Chalon, 277 
572. 

GuizLauxr, patriarche de Jérusalem 
631. 


rs OI, 434; 


81, 129, 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 665 


GuiLLauus, voir Berrno, CasaL, 
DurRÉ, EMERGAU, FALGAR, GALLE- 
RAN, GAUBERT, JOSSEAUME, La MaRE, 
MELITONA, Ocxkau, RusroucCK, Tur- 
RELLI, WARE. 

GuiRaL, voir Or. 

GYy (Chrysologue de), cap., 654. 

GuzMAN (Franç, is de), 60. 


H 


Hacue, voir Hacre (Daniel). 

Hacre (Bénin), réc., 292. 

— (Daniel), réc. 297. 

HainrRay, voir Mainrray (Hugues). 

Hauès (Alexandre de), 95, 104, 231, 
253, 408, 603, 644. 

— (Thomas d'), 430. 

Hazze (Burkard de), 625. 

Hauanr (François), conv., 396. 

Hamon (Charles), cap., 391. 

HARTMANN, voir SEDAN. 

Haurier (Gervais), réc., 296. 

Haymonn, 255. 

HÉLÈNE, voir CoNEN. 

HéLèNe-FRanÇoise, voir DEsxayes. 

Henri, voir AvauGour, BARRAUD, Ri- 
GOLLIER. 

Hersois (Julien), oblat réc., 291. 

HercoueT (Jean-Bapt.), conv., 388 
393. 

Hervé (Guillaume), cap., 589. 

— (Jean-Bapt.), cap., 394. 

Heyoenric, 250. 

HiLaiRe, voir Drecoux, Dinon, Gav- 
TIER, MAUSIRE, PESMES. 

HiLaRiON, réc. de Metz, 84. 

—, VOIir GUÉNIN, GUERRIN. 

HonGRie (sainte Élisabeth de), T. 
O., 87, 95, 102, 127, 159, 211, 
236, 416, 532. 

Houvré, voir PELLATI. 

Houprpa (Étienne de), 106. 

Huserr (Jean-Bapt.), cap., 397. 

—, Voir LEsTuRGEoN (Julien). 

HuGouin, voir MoxTEGIORGO, MonT- 
SAINTE-MARIE, SARNANO. 

Hucues, voir ARsaw, DiGxE, FLavi- 
GNY, MAINFRAY, VACHE. 

Hurrano (Hyacinthe), 61. 

HyacinTug, voir BeNiEr, Courte, 
Huarapo, MÉNAGER. 


I 


fBristwovic (Martin), év., 250. 

IGLEsIA (Alonso de la), 59. 

ILLUMINATO (fr.), comp. de s. Fr., 
376. 

IzLymicus (Thomas), 251. 

IuBauLT (Bruno), réc., 279, 295. 

IuoLA (Battista d’), 308-340. 

INGcworTH (Richard d'}, 398. 

INNOCENT, voir Micaucr, Rouuigr. 

INsuA (Manuel de), 60. 

IRENÉE , voir ArFrrd, BESANÇoN , 
PRISYE. 

ISABELLE, voir FRANCE. 


J 


J., voir DAuPvALLÉE. 

JaccariNo Raphaël), 413. 

JacoPone, voir Toni. 

Jacques, min. de Savoie, 629. 

—, Voir BENIN, BERSON, Boncarpi, 
GARNIER, MILAN, THAFARDI. 

JamaY (D.), réc., 243. 

JauyoT (François), réc., 393. 

JEAN, de la prov. d'Aquitaine, 633. 

—, réc. de Sarrelouis, 84. 

—, novice cap., 192, 193. 

—» VOIT AÂLBIEZ, AORA, APREMONT, 
ARNAUD, AucY, Bassos, BEDERERI, 
BoicuotT, Boxeci, BourGoGnE, 
BRETON, BRIENNE, BRussAc, CABÉ, 
CALABRIA, CALAHORRA, CALLET, 
CAPISTRAN, CARPET, CASTRO, Cau- 
libus, CHEVAIGNE, CoLoust, Con- 
BET, COUVREUR - Z'ecto, Croso, 
Darpez, Duns ScoT, Dupain, Du- 
SINO, ÉERRARD, FiLionN, GaLces, 
GARNIER, GAYET, GouEDART, Gous- 
SIER, GRANDIN, GUILLARD, JOURNET, 
La GousLaye, LarrinaGa, LE Be, 
Loin, Loviner, LOUVIER, LuENGo, 
MaTup, MAUBERT, MoNCALIER, 
MoxTcorviN, MonTEAGuDo, Mor- 
LIN, MURRO, NaPLES, Navarre, 
NEusTaDrT, OLuos, ONATE, OsrEr- 
Wick, Parcu, Parme, Pasqua, 
PECKAN, PENNA, PLANCARPIN, Pon- 
CHER, PORTUGAL, PoucerT, Pour, 
Pravo, PRUNIER, Rap4a, Rocne- 
FORT, SAINT-JACUT, SAUVAGE, SEl- 
GNEUR, SONNAZ, STRASBOURG, THo- 


CS RRQ es ma 


VE TR 


666 


MAZELLO, TiLLOT, TissxranD, To- 
LOSA, VAENA, VAIDE, Vaux, X1ixmé- 
NÈS, ZAMORA, ZUMARRAGA. 

JEAN-BarrTisre, voir Bazin, BRocanp, 
Doe, GRress&au, HErcoueT, Hu- 
BERT, LESPÉE, MERITTE, MERLIN, 
RUAULT, SIMONNOT. 

JEANNE DE S.-ANTOINE, voir MiNIAC 
(Anne). 

— DE S.-FrançÇois, voir BourBLANC 
(Renée). 

— pe S.-Josepu, voir FLoyp (Jeanne). 

— voir BEenau, DuRvÉ, FRANCE. 

Jéco {François), conv., 306. 

JenAnoT (Anne-Marie), clar., 502. 

— (Maric), clar., 302. 

JENSoN (Joseph), réc., 288. 

JéréuIE, voir BoucLans. 

JÉRÔME DE JESsus, 253. 

—, voir CASTELFERRETO, CATALOGNE, 
CorDien, GAREL (Pierre), GUELLE- 
RIN, Le Roy (Jean), MEnpieraA, 
MILAN, Narni, RoDRIGuEz. 

Jési (Crescence de), 598, 617. 

Jiuénez (François), 56. 

Joacuin, voir LE&FEBVRE, UZIER. 

Joca (Girard de), 3. 

Jouiver (Bonav.), réc., 280, 282, 292, 
205. 

Joseph DE S.-ANTOINE, 59. 

—, voir ANTOINE, BARTHEL, DENIS, 
DREUX, FIiGUEIRA, Goupar, Gou- 
HENANS, HERVÉ (Guill.), JENSON, 
Léonisse, Paris, SEGRÉTAIN, S&- 
GUIN. 

Josseauue (Guillaume), 447. 

Jouax (Pierre-Toussaint), cap., 590. 

— (Pierre), cap., 397. 

JOURDAIN, voir GIANO. 

JourneT (Jean l'Évangéliste), réc., 
289. 

JousserAnDorT(Télesphore),cap.,423. 

JovirTe, voir CERVIUS. 

Juney, cord. de Chalon, 559. 

Juizutan (Louis), réc., 295. 

JuiLLarT, voir JuILLIAN (Louis). 

Juuie-Marite, voir Rouxez (Anne). 

Juuien, voir HERBOIS, SPire. 

JULIENNE DE S.-ANNE, Voir POTIER 
(Julienne). 

JunirÈère (Frère), comp. de S. Fr., 
253: 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


Jusszv (Alexandre de), cap., 307. 
— (Sérapion de), cap., 307. 


— (Tiburce). cap., 307. 


JusTin, voir BILcHBERGer. 
Juvéna, voir Lyon. 


K 


KensraT (Marie-Philippe de), clar., 
391. 

KERMARQUER (Marie de), clar., 392: 

Kocu, réc. allemand, 85. 

KonLaTovic (Robert), év., 250. 


L 


LacHÈère (François), 457, 555, 556. 

Lacnous (Marie-Olive), clar., 391. 

La Croix (Félicien de), réc., 292: 

LaFOUGE (Antoine), 560. 

Lacier (Bertrand), card., 6 2, 631. 

La GousLayxe (Jean de), ca y: 390, 
397. 

La Mare (Emmanuel de), rec. 182: 
295. 

— (Guillaume de), 239, 603 . 

Lamour pe LanséGu (Jeanne2, clar- 
292. 

Lamoureux (Laurent), réc., 2 32; 293, 
299. 

La Moussaye (Victor de). corm. 396. 

LanceLorT, cord. de Chalon, 359: 

Lana (Diego de), 56. 

Lancourza (Thérèse), clar., 391: 

Lancres (Augustin de), cap.… 307: 

La PLace (Louis-Hyacinthe}», ré 
288. 

LarRiINAGA (Jean de), 58. 

LaTera (Annibali de), 77. 

La Terraoe (Louis-François 347: 
558. 

La Torre (Louis de), 434. 

LaurenT (Louis), réc., 294, 296. 

—, voir Brinoist, Lamoureux Rout 
SEAU. 

Lazare, voir Bouory. 

Lessau (Honoré), réc., 295. 

Le Bècur (François), réc., 297 

Le Bec (Jean), 252. 

Leseur (Claude), 559. 

Le Boucxer (Marie), T. O.R. 4: 

Le Bronnec (Marie-Thérèse), clef: 
391. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


Lx Caron (J.), réc., 246. 

LecLEercQ (C.), réc., 243, 244. 

LECORGNE (Mathurine), clar., 392. 

Le Dru (Urbain), réc., 281, 292, 
295. 

Lerarp, en Saxe, 250. 

Le Fæsvre (Hyacinthe), réc., 
300. 

— (Onuphre), réc., 288. 

— (Pacifique), réc., 294. 

LeFFONDRÉ (François), cap., 597. 

LecaLis (Théophile), réc., 295. 

— (Thomas), réc., 297. 

Le Gauou (Yves), cap., 397. 

LecranD (Charlemagne), réc., 293. 

—- (René), cap., 397. 

Lexaire (Pierre), 364, 367. 

Leuaîrre (Louis-César), 549. 

LeuBerG (Paulin de), 434. 

Lr Messier (Robert), 252. 

Le Monnier 'Louis), cap., 397. 

Léon (Frère), comp. de S. Fr.. 72, 
233, 375, 376, 386, 432, 508, 615, 
617. 

—, voir CLARY, MANTRAN. 

LÉéoNarD, voir CAMILLE, FLANDRIN, 
Panis. 

Léonisse(S. Joseph de), cap., 218. 

LéoPop, voir FAUCOGNEY. 

L'Epinoy (Chrysologue de), réc., 293. 

Leroux (François), 540, 541, 543, 
554-556, 571. 

— (Vincent), réc., 396. 

Le Roy (Jean-Mathurin), cap., 591. 

— (Sylvestre), réc., 280. 

Lesnès, cord. de Chalon, 547, 560. 

Lespée (Jean-Bapt.}), 550. 

LEsTURGEON (Julien), cap., 3590. 

Le TecuiEer (Denys), réc., 276. 

— (Marc), réc., 292. 

Le Vacusr (Charles), conv., 396. 

Levasseur (Michel\, réc., 246. 

L'HuicziEr (Philippe), 4535, 540. 

LiccueTri (François), 104. 

LIENDO DE GoliGOECHECA (Antonib), 
652. 

Luinas (Antoine;, 60. 

Loge (Antonin de), réc., 293. 

Lonr (Maur de), cap., 302. 

LoxBap, cord. de Chalon, 558. 

Lons-LEe-SAULNIER (Désiré de), cap., 
307. 


291, 


Louis IX (S.), T. ©., 2. 


667 


Lors, voir Ayn. 

LoPez (Balthasar), 58. 

— SazGuiRo (François), 58. 

LorEnzan4a (Nicolas de), 59. 

Lorin (Jean), 559. 

Lorraine (Bse Marguerite de), clar., 
236, 426. 

l'ounéac (Joseph de}, voir Hervé 
(Guillaume). 

125, 127, 
148, 211, 248, 416, 436. 

— DE S. FRANÇOIS, 05. 

—, voir Anjou, BoLano, Cuysseri, 
DESMARAIS,FOSSOMBRONE, GENDROT, 
Juiccian, La PLace, La Torre, 
LAURENT, LEFFONDRÉ, LEMAÎTRE, 
Le Monnier, Mazzont, PRUSSE, 
S.-CLaupe, Turin, VesouL. 

Louis-MaRIE, VOir ABBEVILLE. 

LouisE-MADELEINE, Voir  JEHANOT 
(Anne-Marie, MALINGUEHEN, Sa- 
VOIE. 

Louvier (Jean), év. 533. 

LovinerT (Jean), 447. 

Loyoza (Martin-Ignace de), 58. 

LoysiLz (Bernardin), réc., 283. 

Luc, réc., peintre, 244. 

—, voir BezLupt, FiLiASTRE, MaAHÉ, 
RoserrT. 

Lucas (François), conv., 397.. 

Luvovic, voir Casoria, Dore. 

Luexco (Jean), 58. 

Luce (B. Raymond), T. O., 78, 
231, 605, 630, 642. 

Lure (Chérubin de), cap., 307. 

Lyon {Archange de), cap., 307. 

— (Juvénal de), réc., 459. 


M 


Maë CacuweL, arch., 450. 

MADELEINE, Voir BuLLeU, DELAFON- 
TAINE. | 

MAEs (Boniface), réc., 247-248. 

MAHAUT, Voir ARMOISES. 

Mau (Luc-François), cap., 390. 

Mainrray (Hugues), réc., 296. 

MaiorQuE (Sanche de), reine de 
Naples, clar., 413, 613. 

MALACHIE, VOIr VINCENT. 

MazcauPo (Manuel), 410. 

MALINGUEHEN (Louise de), T. O.R., 
224: 


668 


MacLapière, cord. de Chalon, 558. 

MansiREe (Hilaire), réc., 292. 

MANTRAN (Léon), réc., 295. 

ManueL, voir Becerriz, INsuA, Maz- 
cAMPO, RODRIGUEZ, SOBREVIELA, 
YANGUES. 

Marc, voir Le TELLIER, ROUSSEAU, 
SAINT-DENYS. 

MarcHAND (François), cap., 304. 

— (Pierre), 40. 

MarcuELLO (Andrès), 652. 

MARGUERITE, Voir CoRrTONE, Lor- 
RAINE, MALINGUEHEN. 

MaARIANO, voir FLORENCE. 

MARIE, Voir AGRÉDA, CHEVALIER, FÉ- 
RAL, GRELLET, LE BoUcHER, PER- 
RON, PRrouLx, RoODIER, VASSENIE. 

MARIE-ANNE, Voir KERBRAT (Marie- 

- Ph. de). 


— DE SAINTE CATHERINE, Voir RE- 
HAULT (Marie-Anne). 
— DE S.-DOMINIQUE, voir MoxJARET 


DE KERJÉGU. 
— DE LOS DOLORES, Concept., 410. 
— DE S.-Josepu, voir CLÉMENT (Ma- 


rie-Anne). 

— DES ANGES, voir Bois DE LA ViLLe- 
RABEL. 

— pu S.-SACREMENT, voir Massé 
(Marie-Mad.). 


— FRANÇOISE, voir JEHANOT (Marie). 

— Léon, voir PATREN. 

MaARIGLIANO (Vén. Michel-Ange dej, 
412. | 

Marion (Modeste), réc., 296, 

Marius, voir FORO SARZINIO. 

Manor (Calixte), réc., 295. 

MarQUARD, voir MaAYENCe. 

Marsron (Roger), 605. 

MarTin, voir BoRDET, CoruNA, IBRI- 
siMovic, LoyoLa, VALENCE, VALLE- 
TIER. 

MarTinEz (André-Antoine), 59. 

— DE LA PuerTA (Cristobal), 652. 

Massé (Marie-Madeleine), clar., 391 

MATHIAS DE S.-FRANÇOIS. 420. 

—, voir BeruJakovic, BoucHer, Ruiz 
BLANCO, SALO. 

MATHIEU, voir Bascur, Baupouin, 
BeuLzic, BOURGOGNE, Gaupo, Gau- 
DICHEAU, NaARNI. 

MATHURIN, voir Dusois, GILBERT. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


MATHURINE DE S.-MARGUERITE, VOIr 
DeBARNAvVAL (Marg.). 

Marup (Jean), 59. 

MauserT (Jean), 450. 

Maure, voir Lot, PorrT. 
MAURIENNE (Chérubin de,, cap. 
125, 138, 130, 157, 210, 246. 
MaxiMILIEN, voir POUR, VUILLAFANS. 

Mayence (Marquard de), 625. 

Mazzonti (Louis), 27. 

MÉéoÉRic, voir MORLIÈRE. 

Meviavica (Richard de), 251, 259: 
269. 

MeLGaREIO DE URREA (Pierre), 57: 
60. 

MELiTonA (Guill. de), 254, 605. 

MÉNAGER (Hyacinthe), conv., 396. 

MEnDteTA (Jérôme de), 57. 

Mexor (Michel), 519. 

Mercier (Charles), cap... 397. 

MÉRITTE (Jean-Bapt.), 558. 

MERLIN (Amand), 281. 

— (Jean-Bapt.), oblat réc., 291. 

Mermoz (F.), conv., 39. 

Méroin, cord. de Chalon, 558. 

MESNIDRIEUX (Pacifique), réc., 291; 
293. 

Messana (Archange de), 456. 

MEessanT (Raymond), réc., 286. 294- 

MEvroNNEs (François de), 95, 104. 
105, 383. 

MicaucT (Innocent), réc., 285, 29. 

MiceL, voir BEsANÇoN, CaRcANO, 
CésÈène, Daniel, Firz-BERNARD, 
Frépier, GicqueL, Levasseur, ME- 
NOT, SMECART. 

MICHEL-ANGE, VOir MARIGLIANO. 

MicueLe, voir Mur. 

Mippueron (Richard de), 520, 602: 
voir MepraviLLA (R.). 

Mian (Jacques de), 654. 

— (Jérôme de), cap., 301-304, 507: 

— (Simplicien de), cap., 53. 

—, voir CaARcHANO (Michel de). 

Mintac (Anne-Alexandre dej, clar. 
391. 

MiranpoLa (Seraphino della), 77. 

MODESTE, Voir FORTIER, MARION. 

MOIRANS (Augustin de), cap.. 307. 

— (Sylvestre de), cap., 307. 

Mozina (Etienne de), 411. 

MonCALIER (Jean de), cap., 54. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


Monconrour (Aimé de), voir PERSON 
(Jean). 

— (Augustin de), voir BERTHELOT 
(René). 

— (Hubert de), 
(Julien). 

MonsaReT DE Kemiécu (Marie-Rose), 
clar., 392. 

Monnier (Ferdinand), 220. 

— (Jeanne), clar., 392. 

MonopoLt (Antoine de), 634. 

MonTaAngr (Arnaud), 630, 631. 

MonrTcorvin (Jean de), 614. 

MonrzaqGupo (Juan de), 652. 

MonrzGiorGio (Hugolin de), 80. 

MoNT=GRANARO (Séraphin de), cap., 
218, 210. 

MontTrorT (Gratien de), cap., 216, 
307. 

MonNT-SAINTSe-MaRiE (Hugolin de), 
253. 

Moon, convers réc., 83. 

MorEau (Ferdinand), réc., 293. 

— (Zacharie), réc., 292. 

MoreL (Jean), voir FRIBOURG (Apol- 
linaire de). 

Morzièrx (Méderic), 289-290. 

Morin (Jean), 7. 

MorTIER, cap., 397. 

Morouinia (Toribio de), 56, 58. 

MorrTe (Polycarpe), réc., 294. 

MoureLor {Paschal), cap., 221. 

MuXoz (Diego), 60. 

Muraz (Alexis), 30, 33, 34. 

Murro (Jean de), card., 641. 

MussanT (Vincent), T. O.R., 407. 

Murx (Michelle de), T. O.R., 41. 


N 


Napzes (Ven. François de), 412. 
— (Grégoire de), 65, 248. 

— (Jean de), min. gén., 412. 
NARBONNE (Pierre de), 633. 
Narni (Jérôme de), cap., 246. 
— (Mathieu de), 65, 248. 
NATAL, Cap., ex-Prov., 213. 

—, voir PUPETIÈRES. 

Navarro (Jean), 60. 

Neurey (Philippe de), cap., 307. 
NeusrTaDT (Jean de), 625. 

Nicoz (François), réc., 396. 
Nicoas IV, 2, 255, 363. 


voir LESTURGEON, 


669 


Nicozas V, antipape, 602. 

—, lecteur en Saxe, 250. 

— (François), réc., 295. 

— (Gilbert),455 ; voir GaBniez Maria. 

— (Guilbert), gard. de Dunkerque, 
88. 


—, voir BoneT, BourBon, BRUSLE, 
C1TE DE CASTEL, GILBERT, GLass- 
BERGER, LORENZANA, PAPINI, PHILiP, 
Poccisons:, Tavicic, TomAcELLi, 
VAUGON. 

Nicoze, voir Bozon. 

Nicor (Archange), 221. 

NorL, voir FRÉRET. 

Nouparr (Colette), T. O. R., 41. 

Nuuat (Christophe), min. gén., 6; 
card., 535. 


O 


Ocxau (Guillaume d’}, 68-99, ro3. 
104, 240, 241, 39), 400, 406, 434, 
601, 606-607. 

Ocuin (Bernardin), cap., 644. 

Onix (Bernardin), 557. 

O' FErRALL (Richard), cap., 426. 

OGer (Jean), réc., 396. 

OLÉRoON (Laurent d'}, cap., 395, 397. 

Ouivi (Pierre), 64, 94, 383, 602, 
605, 615. 

OLuos (Jean de), 56. 

OuerTz, gard. d'Amiens, 592. 

ONATE (Jean de), 58. 

ONuPHRE, voir LRFEBVRE. 

ORLÉANSs (Aymar d'}), 614. 

OrLY (... d'), cap., 194. 

OrNaNs (Basile d’), cap., 307. 

Orsins, T. O., 631. 

OrTis (Romeu), 641. 

Ossuna (François d’}), 643. 

OsTerwiEcK (Jean de), 250. 

Or (Guiral), min. gén., 608. 

Orro, voir REGENSTEIN. 

Ovazze (Pedro de), 652. 

Ozox (Bernard), réc., 292. 


P 


Pacueco y MANRIQUE (Blas), 61. 

Pacirique (Fr.), roi des vers, 378, 
382, 609, 619. 

—, à Milan, 251. 

—, voir LereBvre, MESNIDRIEUX, Ri- 
cHarD (Vincent}, S.-GERYAIS. 


Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t ]V, 1927. 43 


670 

Pacôue, voir PÉRAULT. 

Papoue (Antoine de), 41, 104, 115, 
138, 142-145, 150, 184, 188, 200. 
207, 211, 264, 269, 385-388, 416, 
442, 531, 608, 651. 

PaiLLyART (Cajetan), réc., 288. 

Pazrapuc (Vincent de), réc., 292. 

ParetTières (Natal de), cap., 307. 

Papin: (Nicolas), conv., 600. 

Paquin (Salvien), réc., 284. 


ParAuÉ (Charles de), voir Haxon 


(Ch.). 
Parcu (Jean de), 157. 
PargJA (François), 58. 
Paris (Joseph de), cap., 615, 644. 
— (Léonard de), cap., 53. 
PaRiseT (Tranquille), cap., 215. 
PanisoT, cord. de Chalon, 560. 


Panux (Jean de), 52, 248, 446, 598, 


602, 616. 


PascaL, voir BayLon, Jauyor (Fr.), 


MouraLorT, Vanisio.. 
Pasqua (Juan), 419. 
Paruinus (Pierre), 456. 
Paraeu (Marie-Léon), 81. 


Pau, voir Caneno, CäâsèNne, GRé- 
GAINE, LAMBERG, TRINCI, VERDEAU, 


ViTTE, WVALTHER. 
Pavie (Eustache), réc., 294. 
— (Thomas de), 65. 


PEcHAu (Jean de), arch., 239, 240, 


601, 603, 608. 


Pecno (Alphonse), év., T. O., 636. 
GRIGNART 


PÉLAGIS-RENEÉE, voir 
(Anne). 

PELBART, VOir TEMESWAR. 

PÉLERIN (Bx), 380. 

PeLLarTi (Honoré), 3. 

PELLETIER (Didace), réc., 245, 246. 

PENNA (Jean de), 611. 

PENNESIÈRES (Albert de), cap., 307. 

— (Gilbert de), cap., 307. 

PERAULT (Pacôme), réc., 293. 

PÉREz (Gil), 420. 

PÉRIER (Bonav.), réc., 292. 

PÉRIGUEUX (Pierre de), 653. 

PERRON (Maric}), T. Q. R., 444. 

PERSON (Jean-Mathurin), cap., 300, 
396. 

Perussez (Armel), réc., 397. 

Pesugs (Hilaire de), cap., 307. 

PesnauLT (René), cap., 307. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


Perit, cord. de Chalon, 550. 
— (Julienne), clar., 392. 

— Marie-Françoise), clar., 392. 
Peritsæan (Philippe), réc., 295. 


Prrra Mozaris (Anselme de), cap. 


303. 

Pezé (Valentin), réc., 295. 

PHILIBERT, voir BONN&viLLe. 

Puicir (Nicolas), 525. 

Puicippe, voir Becrxzn, CAMPELLO, 
Dupuy, L'Huizzier, Neurer, Tau- 
CHETAN. 

PHILIPPINE, voir CHALON. 

PiciPPoN, cord. de Chalon, 557. 

PhiLIPZzEN, réc., 83. 

Picnarp (Basile), réc., 292. 

Picoquer (Claude), 456, 556, 553- 
554. 

Pie, voir GAUDREVILLE. 

Pismre, voir AGUADO, ALEXANDRE 
ARAGON, AUBERT, AUBRET, Bau, 
BeLzrorT, BErTanzos, BoRDeaux, 
Canpiæ, CATTANI, ConnozLzvy, DeLa- 
PORTE, DucunRTiL, GALATINI, Gann, 
GONZALEZ,  (GRANDIS, GUALDO, 
Jouan, Lemainx, MarcHanD, Mez- 
GAREJO, NARBONN£, OLivt, OvaLLe, 
PATHINUS, PERIGUEUX, PoiLLiès, 
Quinczy, Ricozey, Rumizryr, Sa- 
LONDRINI, SAN-CIPRIANO, SIMON, 
STACCIA, TBUTONIQUE, THouas, 
Trabibus, Unauunu, Vaux. 

Pinazzo (Francisco), mart., 422. 

PINGENOT (Augustin), réc., 296. 

Pise (B. Agnello de), 524. 

— (Barthélemy de), 376, 381, 599, 
600. 

PLANCARPIN (Jean de), 250, 613. 

Pur (François), oblat. réc., 291. 

— (Fulgence), oblat. réc., 288. 

Poccisonsi (Nicolas de), 635. 

Poinevé, cord. de Chalon, 547, 560. 

Poieeière (Pierre), conv., 560. 

Poizzor (Claude), 559. 

PouiGny (Etienne de), 221. 

PozycarPe, réc. de Metz, 84. 

—, voir BéTauns, Morte, Rivor. 

Ponce, voir CARBONNEL. 

Poncius de Rauco (Claude), 3. 

Ponpic (Benjamin de), voir Jouan 
(Pierre). 

Port (Maurice du), 105, 106. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


PoRTærain (Raymond), réc., 285, 


291, 203. 

PorTuGaL (Jean de), 542, 546, 550- 
552,555, 556, 568, 569, 583. 

Porier (Julienne), clar., 391. 

Poucuer (Jean), 628. 

Poucet (Jean du), 94. 

Pour (Jean-Népomucène), réc., 287, 
289, 294. 

— (Maximilien), réc., 294. 

PrRano (B. Jean de), 421, 615. 

Paisye (Irénée), réc., 292. 

Prosus (Conrad), év. 436. 

Prosrsr, voir Dusois. 

Prost (Tiburce), cap., 423. 

Prourx (Marie de), T. O.R., 41. 

Provence (Roger de), 436. 

Provins (Drogon de), 446. 

PRUNIER (Jean), réc., 295. 

Prusse (Louis dc), 434. 

Pseudo-BonNAvENTURE, 625,643, voir 
Caulibus (Jean de). 


Q 


Quaresmius, relig. de T. S., 249. 

Quizzé (Antoine), réc., 299. 

Quinezx (Dorothée de), cap., 216. 

— (Pierre de), cap., 307. 

QuinTavaLLe (Bernard de), 107. 

Quinrin (Félix de), voir BerrTuo 
(Guille). 

— (Gervais de), cap., 390. voir Tar- 
DIVEL (Joseph). 

— (Jean-François de), voir GOUEDART 
(Jean-François). 


R 


Raona (Jean de), 421. 

RAFFELIN (G.), conv., 560. 

RaouL (Céleste), clar., 392. 

RAPHAËL, voir FossoMBRONE, JACCA- 
RINO, RicharDo, Ronic. 

Rauco, voir Poncius. 

RavumonD, voir BANcEL, COURRÈGUES, 
FRronNsAC, GAurREDI, Luce, MEs- 
SANT, PORTEPAIN, RUFFI. 

RecensTein (Otto de), 625. 

RenauzT (Marie-Anne), clar., 391. 

ReuacLe (Fulgence), oblat réc., 296. 

Reuy, voir DELÉPINE. 

Renarp (Félicien), réc., 294. 

RenauLT (Samson), cap., 397. 


671 
René, voir Le GRAND, P&sNAULT. 
Ren£és-HéLène, voir Conex (Hélène). 
Rençuic (Albert), év., 250. 

Rennes (Jérôme de), voir Le Roy 
(Jean). 

RicHarp (Didier), 540. 

— (Raphaël), réc., 296. 

— (Vincent), cap., 397. 

—, voir BOURGOGNE, INGWwWonTH, Ms- 
DIAVILLA, MibpoeaTON, O' FEnRaLL. 

RicHanpix (Basile), cap., 221. 

— (Sulpice), réc., 289, 294. 

Ricozey (Pierre), 559. 

Ricozzier (Henri), 559. 

Rivor (Polycarpe), réc., 293. 

Rizier (Bx), 380. 

Roserr, voir Ansou, KorLarTovic, Le 
Messier. 

— (Luc), réc., 296. 

Roca (S.) dit du T. O., 118, 119, 
140, 141, 145, 148-150, 211, 388, 
395, 416. 

RocueronT (Jean de), 632. 

RocueLce (Jean de La), 408. 

Rocxsr-Bois-Bouan (Louise-Fran- 
çoise), clar., 391. 

Ronic (Raphaël), arch., 250. 

Ronier (Marie), T. O. R., 444. 

Roonico, voir GUubAL. 

Ropricuez (Antoine), 61. 

— (Jérôme), 421. 

— (Manuel), 421. 

Rocer (Antoinette), clar., 392. 

—, voir BaAcoN, MARSTON, PROVENCE, 
Toni. 

Romain, voir Dinan. 

Rouæu, voir OnRTis. 

RosaziR DE S.-GuILLAUME, voir Le- 
corGNEe (Mathurine). 

Rose, voir ViTeRps. 

Rosser (Alexandre), 7. 

RossiGnoz, cord. de Chalon, 558. 

RouerGuE (Donat de), 633. 

Rouuxier (Innocent), cap., 304. 

Rousseau (Laurent), oblat réc., 291, 
293, 296. 

— (Marc), oblat réc., 291. 

RouxEL DE LA TouraAnpais (Anne- 
Louise), clar., 392, 395. 

Royer, eord. de Chalon, 559. 

— (Sulpice), réc., 292. 

RuauLr (Jean-Bapt.), cap., 397. 


672 


Rusroucx (Guili. de), 613. 

Rurri (Raymond), 436. 

Rurrier /François), 555, 557, 52. 

Rurin (Frère), comp. des. Fr., 233, 
598, 615, 617. 

Ruiz BLanco (Mathias), 56. 

Ruuizzy (Eugène de), cap., 125. 

— (Pierre de), 629. 

RuPerT, voir DeLecourr. 

Ruscontr (Antoine), min. gén., 6. 


S 


SaGaraA (Francisco), 308, 322, 326. 

SAGER (Gaspard), 434. 

SAHAGUN (Bernardin de), 56. 

SAINT-AMOUR (François de),cap.. 307. 

SainT-Brisuc (Denis de), voir La 
GougLayxE (Jean de). 

SainT-CLAUDE (Louis de), cap., 307. 

SaiNT-DEenys (Marc de), réc., 276, 
2972. 

SAINT-Gervais (Pacifique de), cap., 
301. 

SaINT-JacuT (Jean-Marie de), voir 
HERVE (Jean-Baptiste). 

SAINT-LAURENT (Antoine de), 413. 

SaiNT-Mauris (Sigismond de), 558. 

SaLIRTTI (Ange), conv., 15, 18,10, 
28, 30, 34, 39. 

SALIMBENE, 1, 232. 

SALINS (Bonaventure de), cap., 221. 

— (Claude-François de), cap., 221, 
307. 

— (Clément de). cap., 307. 

Sazo (Mathias de), cap., 301, 3o2. 

SALOMoN (Ange), réc., 292. 

SALONDRINI (Pierre), 3. 

Sazvigu, voir PAQUIN. 

SAMOCLES (Gaspard), 77. 

SAuSoN, voir RENAULT. 

SANCHE, voir MAJORQUE. 

SAN-CIPRIANO (Pedro de), 614. 

SAN-FRancisco (Benito de), 652. 

SARAN (Arnaud de), 52. 

SARCUTO (Jean de), 437. 

SARNANO (Hugolin de), 80. 

SauLx (Catherine de), clar., 167, 
168, 169. 

SAUVAGE (Jean), 91, 345. 

SAUVEUR, VOir CITÉ DE CASTEL. 

SAUZET (Durand de), év., 628. 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


SAvoIE (Blanche de), clar., 168. 

— (Bse Louise de), clar., 118, 152. 
166-171, 190, 195, 196, 209, 211. 

Saxe (Conrad de), 625. 

Scuoor, réc., 83. 

Secust (Bonav.), 538. 

Sepan (Hartmann de), cap., 215. 

SequiN (Joseph), 59. 

Sen4A (Bernardin de), min. gén. 4 

SÉBASTIEN, CaP., 157. 

SEGRÉTAIN (Joseph), cap., 397. 

S&IGNEUR (Jean), cap., 397. 

SÉRAPHIN, prov. des cap., 219. 

—, voir BouDry, Dorzor, Mimaxoli. 
MONTEGRANARO. 

SÉRAPHIQUE, VOir ZIRGENHALS. 

SÉRAPION, voir Jussey. 

SERVASANCTUS, voir FAENZA. 

SEVERIN, voir GIRAULT. 

SevEsTRE (Alexis), cap. 397. 

Sienne (S. Bernardin de), 7, 4 
147, 174, :84, 188, 211, 388. 59°, 
436, 531, 560. 

SIGMARINGEN (S. Fidèle de), cap., 21. 
219, 246, 416, 594, 595. 

Sizva (B. Amédée de), 264. 

— (Bse Béatrix de), concept. 26i- 
264. 

SiLvanT (Louis), conv., 560. 

SIMÉON, voir AMIENS, Wimonp. 

Simon (Pierre), 56, 59. 

—, VOir ANGLETERRE, BRiëre, Givar, 
GRINCOURT. 

SIMONNOT (Jean-Bapt.), 557. 

SIMPLICIEN, voir MiLan. 

Sixte IV, 311, 324, 327, 360-%6%, 
453. 

— V,conv., 384-385. 

SuEcarT (Michel), 364, 367. 

SoBreviëzA (Manuel de), 56. 

Sonnaz (Jean-Victor de), conv., 155, 
211. 

SouFrFLARD (Didier), 555. 

SPELLO (B. André de), 380. 

SPiNa (Alphonse de), 418-419: 

SPire (Julien de), 383, 384, 608, 613. 

SPozèTEe (André de), 615. 

— (Chérubin de), 440. 

Sraccia (Pierre), 232. 

STRASBOURG (Jean de), 633. 

Suène (Constance de), clar. 7. 

Suepics, voir RicHanpix, ROYE- 


TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


SurIANO (Francesco), 311,312, 322- 
340. 

SUZANNE DE S. Josepx, voir LanouRr 
DE LANJÉGU. 

SYLVBSTRE (Fr.), comp. de S. Fr., 
380. 

—, voir MoiRans. 

Syrecr (Antoine), 106. 


T 


TaLvaro, cap., 397. 

Tarptr, cord. de Chalon, 559. 

TarpiveL (Joseph), cap., 390. 

Tavizic (B. Nicolas de), 632-633. 

TÉLESPHORE, voir JOUSSERANDOT. 

TezLo, 60. 

TENESwAR (Pelbart de), 105. 

Teuronique (Pierre le), 80. 

THararpbi (Jacques), 147. 

TuHÉéoDporgs, voir BERGANME. 

THéoPuie, voir LecaLis. 

TRÉRÈSE DE S.-JÉRÔME, voir Lan- 
GOURLA. 

THIERRY, voir COELDE. 

Tomas (Pierre), 105. 

—, Voir ANTOINE, AUXERRE, BERTRAND, 
CELano, CIRgGLio, Com, CorrT, 
EccLesrTon, FRIGNANO, HALÈS, ILLY- 
RICUS, LEGALIS, Pavie, Unzio, 
York. 

THOMAZELLO (Giovanni), 326. 

THonaur (Fulgence), cap., 390. 

THônes (Bernardin de), cap., 153. 

TaurezLtr (Guillaume), 3. 

TiBurce, voir BARAT, Jussey, Prosr. 

Tizzor (Jean), 555. 

TIMOTHÉE, voir BECHAUT. 

TissERAND (Jean), 201, 600. 

Tissier, cord. de Chalon, 560. 

Tissu (Alphonse), réc., 292. 

Tont (Jacopone de), 237, 335, 377, 
380, 608, 609, 615, 616. 

— (Roger de), 380. 

ToLosa (Jean de), 264. 

TonaceLLi (Nicolas), 411. 

Towasuccio, voir Unzio (Thomas). 

Tori8io, voir MoroLuiNiA. 

TouLouse (S. Louis de), voir Ansou. 

TourNois (François), cap., 393. 

Tournon (Antoine de), 307. 

ToussainT, voir DuvaL. 

Trabibus (Petrus de), 605. 


673 


TRANCHANT (Marie), clar., 392. 
TRANQUILLE, voir PARISET. 

TREJO x SaNaBRIA (Fernando de), 56. 
Trinci (Paul de), 634. 
TRoCKMoRTON (Élisabeth), clar., 404. 
TRucHETAN (Philippe), 24, 540. 
Tupas (Calixte de S.-Joseph}, 61. . 
Turin ‘Louis de), 212. 

— (Thomas de), 302, 307. 
Turuena (Anselme), 636. 

Tyran: (Damasianus), 3. 


U 


UNauunu (Pierre de), 58. | 
Uxzio (Thomas), T. O., 636. 
Ursain, voir Le Dru. 

Uz:ier (Joachim d'), cap., 307. 


V 


Vacues (Hugues), 559. 

VAENA (Juan de), 652. 

VAIDE (Juan de), 652. 

VALENCE (Martin de), 56, 57, 420. 

VALENTIN, VOir SURREAU, PEZ£. 

VALLETAT, Cord. de Chalon, 559. 

VALLETIER (Martin), 556. 

VALLIER (Antoine), 556. 

VaLLon, cord. de Chalon, 559. 

VaLois (Bse Jeanne de), voir FRANCE. 

Varisio (Paschalis a), min. gén., 27. 

VASSENIE (Marie (T. O. R., 41. 

VATTIER (Pacifique), réc., 292. 

Vaucon Nicolas), oblat réc., 291. 

Vauray (Claude), 15. 

Vaux (Jean de), 453. 

— (Pierre de), 450. 

VERDEAU (Paul), 558. 

VerpgLeTe (Esteban), 652. 

VesouL (Archange de), cap., 307. 

— (Louis de), cap., 307. 

VÉTANCOURT (Augustin de), 56. 

ViAIRE (Bernard), réc., 292. 

Victor, voir La Moussaye. 

VicTorin, voir CHEVRIER (Charles). 

ViennorT, cordelier de Chalon, 550. 

VILLANUEVA, VOIT ÂLVAREZ. 

VILLERSERINE (Aimable de), cap., 
212. 

VINCENT, voir BELVER, BERTIN-BouIN, 
Bopiquez (Fr.), CASTRAOKO, LE- 
roux, Mussarp, PazLapuc, Ri- 
CHARD. 


674 TABLE DES NOMS DE PERSONNES 


Vincent (Malachie), réc., 295. 

Vinocuzy (Chérubin), cap., 221. 

Via, voir Four. 

Virænss (sainte Rose de), T. O., 
160-162, 211, 219, 416. 

Vitre (Paul), 559. 

Vivien, min. prov., 640. 

Vivier (Grégoire du), réc., 292. 

VoLaurs (François de), cap., 307. 

VuiILLArANs (Maximilien de), cap., 
307. 


W 


Wanp1nG (Luc), 94. 

WaLTHER (Paul), 314-317. 

Warx (Guillaume de), 605. 
WiLram, voir CoLviLze, EssrBy. 
Wimonp (Siméon), réc., 297. 


X 


Ximénès (Jean), 420, 422. 
— (François), 420. — Voir J'amæéxs, 
Extuznes. 


Y 


YanGûes (Manuel), 56. 

Yonx (Thomas d'), 256, 377. 

Yvzs (S.), T. O., 118, 127, 1 5 ©-12, 
209, 211, 349, 385, 388, 39 3, 394, 
396, 571. 

—, voir Le Gaupu. 


Z 


Zacnanis, voir Moreau. 
Zauora (Jean-Gilles de), 418- 
ZiecenHaLs(Séraphique de),cæP.. 51. 


. Zouc, cap., 75. 


ZuxaRRAGA (Jean de), 56. 


TABLE 


DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 


DES TROIS ORDRES DE SAINT-FRANCOIS 


FIGURANT DANS CE VOLUME 


A 


ABBEVILLE, Sœurs grises, 41, 302, 
366. 

ABRUZZES, prov. réf., 411. 

ACADIE, mission des Cap., 427. 

AERSCHOT, cordeliers, 265. 

AGEN, annonc., 357. 

AIGURPERSE, Clar., 472. 

AIX-EN-PROVENCE, Cap., 463 ; tierce- 

Vins, 472. 

ALBERT VILLE, CaP., 125. 

ALBi, 353; annonc., 91, 92, 153, 
340-360, 648, 649. 

ALENÇON, clar., 236. 

ALÈS, min.-Conv., 472; Clar., 472. 

ALISE-SAINTE-REINE, Voir  SAINTE- 
REINE. 

ALLÈGRE, tiercelines, 443, 472. 

ALOST, annonc., 265, 266. 

ALSACE, Cust. des conv., 473 ; fran- 
ciscains en gén., 654. 

ALVACINA, Cap., 426. 

ALVERNE, 617. 

AMBERT, réC., 473. 

AMBOISE, 397. 

AMIENS, 252, 592; Cap., 53; sœurs 
grises de Saint-Nicolas, 40. 

AMSTERDAM, 248. 

ANDUZE, Min.-CONV., 473. 

ANGERS, 654 ; cap., 654. 

ANGLETERRE, prov., 256, 524. 


Annecy, 12-39, 124, 129, 132, 133, 
135, 4733 cap., 124, 125, 305, 
473; clar., 129, 473. 

ANNONAY, min.-COnv., 
474 ; clar., 474. 

ANvERS, 02, 648; clar. urb., 266, 
267; pauvres clar., 266, 267; ca- 
pucines, 266; annonc., 265, 266, 
267; sœurs grises, 265 ; tierceli- 
nes, 265 ; T. O. R. à Luythaegen, 
266, 267. 

AOSTE, CaP., 474. 

AQUITAINE, Pprov., 49-52, 445, 450, 
628, 633; vicairie observ., 9o, 
345; prov. d’Aquit. anc., 622. 

ARAGON, prov., 253, 423, 640, Bai ; 
clarisses, 253. 

ARBOIS, Cap., 306; tiercelines, 474. 

ARDRES-SUR-COUZE, CaP., 474. 

ARENDONCK, tiercelines, 265. 

ARGENTAN, Clar., 236. 

ARLAY, Clar., 474. 

ARLES, cap., 463. 

ARNAY-LE-Duc, cap., 474. 

ARRAS, 590. 

ARTOIS, VOir SAINT-ANTOINE. 

ASscoL1, 262. 

Assise, Portioncule, 81, 432, 435, 
644; Sacro Convento, 107, 247, 
251, 348, 380, 431, 599, 615; 
Chiesa Nuova, 646 ; Santa-Chiara, 
291, 257. 


473; réc., 


676 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 


ATH, pauvres clar., 267; capucines, 
266, 267. 

AUSENAS, 
+7+: 

AUDENARDE, pauvres-clar., 266 ; ré- 
collectines, 266; T. O. R., Mont- 
Sainte-Catherine, 267. 

AURILLAC, 94. 

AUTUN, 475. 

AUVERGNE, custodie, 446, 456, 458, 


479. 
AUXERRE, 51; Clar., 475. 


AUXONNE, Cap., 475; clar., 475. 

AVALLON, CaP., 473. 

AVIGNON, min.-conv., 628, 649; 
cap., 212, 302, 305, 462, 463 ; tier- 
celins, 475 ; clar., 6490. 


B 


BazrLze-Duc, tiercelines, 265; T. O. 
R., Mont-Sainte-Catherine, 267. 
Bar-SUR-AUBE, 476, 557, 560; cap. 

irlandais, 424. 

BARCELONE, 78, 418, 640-642; custo- 
die 640 ; clar., 640, 641. 

BASILICATE, Prov., 79. 

Basse-GERMANIE, prov. des Réc., 93. 

BÂTI1E (LA), 476. 

BauxE (La), clar., 427. 

Baunue-LES-DAMES, Cap., 212, 214, 
305, 306, 476. 

BAYONNE, cap., 644. 

BEauseu, tiercelins, 476. 

BEAUNE, 476, 556; cap., 476. 

Bgauvais, 51, 535, 536, 591-593; 
cap., 52, 53, 222-227, 569-371, 
591, 593-595 ; sœurs grises, 40-48, 
224, 592. 

BELFORT, CapP., 212, 214, 306, 476. 

BELLEGARDE, clar., 476. 

BELLEY, 126, 129, 477, 579; cap. 
477: 

BERGERAC, 424. 

BERNKASTEL, Cap., 84. 

BESANÇON, min.-Conv., 477; Custo- 
die de Besançon, 447, 477; cap., 
212-215, 305, 306, 423, 477; clar., 
477; uercelines, 477. 

BETHLEEM, 632. 

BEUVRAY, 477. 

Béziers, 64. 

BiLLonm, cap., 478. 


min.-conv., 474; clar., 


Bincne, 93; récollectines, 267. 

Buicquy, T. O. R., 266. 

Bozocne, 232; T. O., 381. 

Bonaz, cap., 478. 

BONNEVILLE, Cap., 478. 

BorDbeaux, Cap., 213; annonc., 357. 

BouLarx, réc. irlandais, 83, 85. 

BourBon-Lancy, cap,, 478. 

— L'ARCHAMBAULT, CaP., 478. 

BourG-D'Oisans, réc., 478. 

— EN-BRESSE, Min. conv., 478 ; cap., 
478 ; clar., 478. 

BourcGes, annonc., 89-92, 153, 648. 

BouRGOGNE, prov. 445-514, 470, 545; 
custodie de Bourg., 458, 479; 
voir Saint-Bonav. (prov. de); 
prov. des cap., 212, 216, 479. 

BourG-SAINT-ANDEOL, Obs., puis 
réc., 479. 

— -SAINT-MAURICE, Cap., 124, 479. 

BRABANT, réc., 266. 

BRANDEBOURG, 599. 

Bréau, T. O. R., 278. 

BRIANÇON, réc., 479. 

BRIENNE-PRÈS-D'ANSE, Clar., 470. 

BRIOUDE, 479; cap., 480. 

BruGes, clar. urban., 265, 267, 268; 
pauvres-clar., 267; récollectines, 
267; capucines, 267; annonc. 
265, 266, 267 ; sœurs grises, 265, 
267. 

BRUxELLES, réc., 265; cap., 266; 
clar. urban., 267-268 ; pauvres- 
clar., 266-268; capucines, 267, 
268 ; annonc., 267, 268. 

BuENOS-AIRES, 56. 

C 

Cauors, 422 ; Cap., 644. 

CAMBRIDGE, 252. 

CAMPANIE (prov. de), voir TERRE DE 
LABoURr. 

CAPPANOLI, 629. 

Carcassonne, 655 ; clar.. 624, 653; 
T. O., 655. 

CASTILLE, prov., 264. 

CATANE, 78; clar., 78. 

CeLLETTE (La), 480. 

CHALABRE, Cap., 644. 

CHALON-SUR-SAÔNE, 480, 527-586 ; 
cap., 305, 480, 578; clar., 480; 
tiercelines, 480, 587-588. 


TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 677 


CuALons-sur-MaRnez, réc., 280. 


CHAMBÉRY, min.-conv., 15, 123, 126, 
127, 128-130, 132,135, (136, 141, 
142, 145-147, 153-155, 159, 177- 


179, 182, 202, 208, 210, 480, 628; 
observants, 15, 24, 28, 124, 128, 
129, 132, 146, 156, 163, 180, 186, 
205, 481, 561; cap., 124, 125, 
1871, 301, 302, 305, 481 ; clar. ur- 
ban., 130, 132, 141, 180, 208, 
481; clar. colettines, 524, 126, 
129, 160, 171, 172, 179, 180, 182, 
205, 481. 

CHAMBRE (La), min.-conv., 124, 126, 
132, 481. 

CHAMPAGNE, prov. des cap., 83. 

CHuampP-A1cRe, 481, 644. 

CHAMPLITTE, Cap., 212, 214, 306, 
482. 

CHan1Izz, 482. 

CHARITE-SUR-LoIRE (La), réc., 276. 

CHARLERO!, cap., 266. 

CHARLIEU, min.-conv., 482; cap., 
482. 

CHaroLLess, tiercelins, 482; clar., 482. 

CHARRIÈRES, 483. 

CHATEAU-CHINON, cap., 483. 

CHATEAUDUN, réc., 276, 424. 

CHATEAUVILLAIN, Min., puis réc., 
483 ; tiercelines, 483. 

CHATELDON, 483 ; clar., 483. 

CHATILLON (Italie), cap., 484. 

— -LES-DOMBESs, cap., 483. 

— -SUR-SEINE, 485 ; cap., 483. 

CHAUMONT, réc., 281. 

CHAZEAUX, clar., 484. 

CHæuiLLy, tiercelins, 484. 

CHÉRIEZ, voir CHARIEZ. 

Cuièvees, sœurs grises, 266. 

CHILLAN, 59. 

Cuiroé sr Varpivia, custodie, 59. 

Cuirens, voir MoiRaANs. 

Cnoco en Colombie, mission, 61. 

CinDaLez, 2612. 

CLERMONT-FERRAND, 484 ; cap., 485 ; 
clar., 485; tiercelines, 485. 

CLunvy, réc., 485. 

CLuses, 18, 28, 124, 126, 120, 130, 
132, 146, 157, 202-204, 485. 

CoLÉTANS, 449, 485. 


CoLoGN£, 77, 94; prov. des obs., 
253, 257. 


Comines, sœurs grises, 265. 

Conpé, tiercelins, 266. 

CoNDRIEUX, réc., 485. 

ConFLans, cap., 124, 138, 486. 

Conuièce, cap., 486. 

ConsTANTINOPLE, 612, 629, 634. 

ConvenNTUELs, 461, 486. 

CorBiGny, cap., 486. 

Corone, 629. 

Corrone (Saint-Basile), T. O. R., 
631. 

CôTE-SAINT-ANDRÉ (La), min., puis 
réc., 486. 

CourrTrai, capucines, 265, 267, 268; 
sœurs grises, 266. 

Couvin, réc., 654; récollectines, 
654. 

CRrénIEU, cap., 486. 

CnesT, min.-conv., 486; cap., 486. 

Cusser, cap., 486. 


D 


DANIETTE, 70. 

DauPuiNé, cust. de la prov. Clémen- 
tine, 462, 486 ; voir Vienne (cust.). 

Decize, clar., 487. 

DENNY, clar., 403, 404. 

DÉSERTE (NOTRE-DAME D& LA), clar., 
487. 

Die, min.-conv., 424, 487. 

DiGNE, 93. 

Dicoix, tiercelins, 487. 

Duon, 487, 541, 554, 557, 584, 631; 
custodie, 447, 456, 488 ; cap., 305, 
488. 

Dinan, 386-389, 397; cap., 393; 
clar., 389, 391-392, 395. 

DINANT, min.-conv., 105. 

Dixnmupe, récollectines, 265. 

Dore, 220, 447, 448, 451, 488, 540, 
563; cap., 212, 2:14, 305, 306, 
488 ; tiercelins, 488; tiercelines, 
488. 

Donson (Le), 488 ; clar., 488. 

Douai, sœurs grises de Saint-Julien, 
40. 

DunkERQUE, 88. 

Durauy, récollectines, 266. 


E 


Echees, voir CLuses. 
EcHTernACH, clar. urban., 268. 


as — 


678 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 


ExGmiex, concept., 267. - 

Enxircu-sur-Moseze, 435. 

EREMITA (L’), 431. 

ESTAVAYER-LE-Lac, 488. 

Érain, cap., 259. 

Évian, 18, 28, 124, 167, 488; clar., 
124, 160, 164, 166, 168, 169, 182, 
.195, 196, 209, 489. 


F 


FaucoGney, cap., 212, 214, 306, 423, 
489. 

FLaunus, réc., 266. 

FLey, 480. 

FLuoszc, T. O. R., 266. 

FLorac, cap., 480. 

FLoRence, Santa Croce, 247, 252, 
612; Ognissanti, 383. 

FLonipe, mission, 58. 

FouiGno, clar., 252. 

Fonciniani, voir CLuses. 

FonNTAINRS-SUR-SAOÔNE, tiercelins, 489. 

Fosses, T. O. R., 266. 

France, prov., 252, 366, 380, 445, 
446, 452, 590, 629, 634; vicairie 
de l'Obs., 92; custodie des réc., 
276. 

FRANCE-PARISIENNE, prov., 42, 275; 
custodie des réc., 276. 

FRANCHE-CONTÉ, custodie, 457, 458, 
489; cust. des conv. de la prov. 
Clémentine, 462, 489; prov. des 
cap., 305-307, 464, 489. 

FRASNES-LEZ-BUISSENAL, T. O. R., 
266. 

FuRrNss, T. O.R., 268. 


G 


Ga», clar. urban., 265, 267, 268; 
pauvres clar., 262, 267, 268 ; ca- 
pucines, 267, 268 ; annonc., 266: 
268; concept., 267, 268 ; tierceli- 
nes, 265, 267; T. O. KR. Saint- 
Jacques, 268. 

GANNAT, CaP., 490. 

Ganes, 630; prov., 633. 

GENÈVE, MiN.-CONV., 124, 127, 197; 
cap., 490; clar., 124, 490; tierce- 
lines à Saint-Laurent, 490. 

GERMANIE-INFÉRIRURE, prov. des réc., 
265 ; voir BASSE-ALLEMAGNE. 

GEx, cap., 490. 


Grax, clar., 490. 

GIGnAC, min.-conv., 490. 

GIROMAGNY, 490. 

GRANDSON, min.-Conv., 490. 

GRay; min.-Conv., 491; Cap., 2112, 
214, 305, 306, 491; tiercelins, 
491 ; tiercelines, 491. 

Greccio, 173, 598, 616, 617, 643. 

GRENOBLE, min.-Conv., 491; Tréc., 
491 ; Cap., 491 ; clar. urban., 492, 
628 ; clar. col., 492. 

GUATEMALA, mission, 5Q. 

Guicug (LA), tiercelins, 492. 

GuinGaw?r, cap., 394. 

Gr, cap., 212, 215; cap., 306, 492. 


H 


HaGuEnNAU, min.-Conv., 492. 

Haïiri, mission, 56. 

HauUTRAGE, sœurs grises, 266. 

Hespix, tiercelines, 362, 364, 366. 

Honpuras, mission, 651-652. 

HooGsTRABTEN, clar., 265; urban.. 
268; pauvres-clar., 267. 


I 


IuxAcULÉE-CoNCEPTION en Aquitaine, 
prov. des réc., 619. 

Is-sur-TiLLe, cap., 492. 

IsecHEsu, sœurs grises, 266. 

Iscæ-sous-MonTRréAL (L'), 492. 

Issoire, cap., 492. 


J 


Jaron, mission, 253. 

JaTivA. clar., 420, 423. 

Jérusazem, Mont-Sion, 249, 310: 
311, 315, 329, 612, 613, 632; 
Saint-Sépulcre, 631, 632; tom- 
beau de la Vierge, 628, 632. 

Jussey, Cap., 212, 214, 215, 492. 


K 


Kicpars, 430. 
KR&UzNACH, 435. 


L 


Laronp, 626. 

LanGEac, cap., 492 ; tiercelines, 493. 

LANGOGNE, Cap., 493. 

Lanouepoc, cust. des conv. de Îa 
prov. Clémentine, 462, 493. 


TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 679 


LARGENTIÈRE, MiIN.-CONV., 493 ; réc., 
493. | 

LarocHs-SuR-FORON, cap.;, 493. 

LAUSANNE, min.-conv., 493, 629: 
custodie, 447, 493. 

Lavaur, 347. 

LEau, T. O.R., 265. 

LéripA, clar., 642. 

LessiNes, sœurs noires, 266; 364, 
365, 367. 

Leuze, T. O.R., 266. 

LiBan, mission, 613. 

Lizce, prov. des réc., 622; voir 
SAINT-ANDRÉ. 

Limary, Cap., 425. 

Liuoces, 386. 

" LisernE, 403. 

Lisrrorr, cap., 85, 87. 

Lonores, 398, 399; clar., 402, 403, 
404. 

LonGcHaups, clar., 402, 403. 

LONS-LE&-SAULNIER, 494; Cap., 212, 
214, 305, 306, 494; tiercelins, 494: 
clar., 494; tiercelines, 494. 

LORRAINE, prov. Saint-Claude des 
conv., 105. 

LouHaxs, 494, 556, 578, 539. 

Louvain, 93; clar. urban., 267, 268 ; 
annonc., 265, 267, 268. 

LucERNE, 269. 

Luxs, cap., 221, 306, 494. 

LuxsuBour6, clar. urban., 268. 

LuxeuiL, Cap., 212, 214, 306, 494. 

Lyon, grand couvent, ou de Saint- 
Bonav., 495, 535, 553, 556, 631; 
Observ., 495; custodie, 446. 456: 
458, 495; réc., 495; prov. des 
réc., 296, 495, 622; cap., 137, 
302, 305, 495; prov. des cap., 
124, 212, 301-307, 495 ; tiercelins, 
495; prov. des tierc., 496 ; clar., 
496 ; tiercelines, 496. 


M 


Macon, 125, 496 ; cap., 305, 496. 

MapiD, S. Francisco el grande, 422. 

MaGDEBOURG, 433, 625. 

MAHoN, 96. 

MAJORQUE, 641. 

Mauines, réc., 266; clar. urban., 
268; pauvres clar., 268. 

ManciGxy, réc., 496. 


MARIENTHAL-MARIENSTATT, 434. 

ManiNGUESs, réc., 496. 

MARRAKECH, 615. 

MaRrSBILLE, 1, 11; Observ., 1; cap. 
462, 463; tiercelins, 497. 

MaRVEJOLS, Mmin.-COnvV., 497; Cap., 
497- 

M&ERLE, Cap., 265. 

MELUN, réc., 273-300; cap., 273- : 
274; annonc., 290. 

Menve, min.-Conv., 497 ; CaP., 497. 

Mzssine, clar., 78. 

Marz, min. puis réc., 83, 84, 276, 
281; cap., 83, 85; clar., 83 ; clar. 
col., 83. 

Mexico, 420. 

Mexique, 58. 

MEYLAN, cap., 125. 

Méziéres, réc., 297. 

Micerre, clar., 497. 

MiLan, prov, des observ., 251; prov. 
des cap., 301 ; clar. de Saint-Apol- 
linaire, 250. 

MiREBRAU, 447. 

Movons, 620. 

MotRans, min.-C0nv., 497. 

MonisTROL-SUR-LOIRE, Cap., 408. 

Mons, 93; pauvres clar., 268; ca- 
pucines, 267; annonc., 267, 268; 
T. O0. R., 267, 268 ; sœurs grises, 
266 ; hôpital de l’Enfant-Jésus, 266. 

MONTAIGUT-EN-COMBRAILLE, CaP.,498. 

MONTARGIS, réc., 276. 

MoNTBÉLIARD, clar., 498. 

MONTBRISON, 498, 558; réc., 498; 
cap., 498 ; clar., 498. 

MonT-CALVAIRE-LEZ-ROMANS, 
Romans. 

MonTErFALCO, 382. 

MONTEFORTE, 540. 

MONTELIMAR, Min.<Onv., 498 ; réc., 
499 ; Cap., 499. 

MoNTELUCO, 431. 

MONTEREAU, réC., 297. 

MONTFERRAND, 499 ; l'éC., 499 ; tier- 
celines, 499. 

MONTFORT-L'AMAURY, Cap., 268, 425. 

MonTiGny-Lès-VESOUL, clar., 499. 

MONTLUÇON, 448, 499 ; Cap., 499. 

MONTMÉLIAN, CaP., 124, 409. 

MonTREUuUIL, tiercelins, 362, 366. 

Mor&rs, 500. 


voir 


680 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 


MORGEx, Cap., 500. 

MorLaas, 258. 

Mouuins, cap., 305, 500 ;clar., 500. 

— Engilbert, tiercelins, 500. 

Mouriers, 28, 124, voir Saint-Michel- 
sur-Tarentaise; cap., 124, 138, 
500 ; clar,, 124, 500. 

Muciocum, 5o1. 

MURAT, 94. 

Mure (La), cap., 501. 

Mrans(Norrg-Daue-be),28, 124, 126, 
129, 136, 142,145, 146, 147, 156, 
158, 180, 182-188, 208, 209, 211, 
5o1, 552. 


N 


Nauur, annonc., 267, 268 ; sœurs 
grises, 93. 

Nancy, 75. 

Nantes, 388, 620 ; réc., 397 ; cap. 
de la Fosse, 393, 397. 

NaPLes, 410, 630; prov. des obs., 
411; prov. des réformés, 411; 
prov. des alcantarins, 411; clar., 
413. 

Néau, cap., 266. 

NÉGREPONT, 629 ; clar., 629. 

NRMOURS, réc., 278. 

Nevece, T. O.R., 267, 268. 

NEVERS, réc., 276. 

NEUFCHATEAU, 176, 372 ; clar., 258. 

Nicosis, 631. 

NIEUPORT, récollectines, 205, 267; 
annonc., 267, 268. 

NiNOvE, T. O. R., 266. 

Nion, min.-conv., 501. 

Niorr, 633. 

Nivees, réc., 266 ; annonc., 267, 
268. 

NOTRE-DAME-DE-GRAGE, 
559, 579. 

— -D&-MYyans, voir Myans. 

— DES-ANGES, voir Lyon (OBsErv.). 

Nouveau-MEXIQUE, mission, 58. 

NOUvELLE-CALIFORNIE, mission, 58. 

Noyon, 51. 

NozeroY, 168, 501; annonc., 424. 

Nuirs, cap., 501. 

NUREMBERG, observ., 434. 

Nyons, réc., 502. 


5o1, 555, 


O 


OLoron, 258. 
Onss, clar., 164, 166, 167, 168, 190 
195, 196, 502. 

ORGELET, CaP., 212, 502. 

ORLÉANS, 418. 

OrRrHEz, 258. 

OsrTenDe, concept., 265. 

Oxrorp, 94, 256, 374, 377, 309,629. 


P 


Papous, Arcella, 650 ; Il Santo, 651. 

Pacny,tiercelins, 502. 

PALENCIA, 410. 

PALERME, 06. 

Paris, grand couvent, 45, 75, 77:93; 
94, 231, 232, 254, 433, 554, 580 
591, 599, 621, 629, 631 ; custodie, 
380; obs. de l'Ave Maria, 88; 
réc., 281, 288, 289, 295; cap. 55, 
75, 106, 427 ; prov. des cap., 53, 
370, 424 ; tiercelins de Picpus, 467; 
623 ; tiercelins de Nazareth, 75, 
104 ; récollettes, 106; tiercelines 
du Temple, 76. 

PEDRALBES, Clar., 423. 

Pérou, prov., 61. 

Pérouse, 602. 

PESMES, cap., 212, 305, 306, 502. 

PETEGHEX, clar. urb., 267, 268. 

Pise, 197, 629. 

PLAISANCE, 629. 

Pocaio-Busrons, 616. 

PoLa D'IsTRiAa, 620. 

PouiGny, cap., 215, 305, 306, 01; 
clar., 502. 

PoNTARLIER, Cap., 212,215,30, 306, 
502. 

Pont-De-Vaux, 502, 579 ; tiercelinés, 
503. 

POPERINGHE, T. O. R., 267. 

Privas, réc., 503. 

PROVENCE, prov., 380, 445, 633; 
prov. des cap. ou de Saint-Louis 
302. 

PROVENCHÈRES, 503. 

Provins, clar., 402. 

PuEeBLa DEL DEAN, 60. 

Puv-Ex-VeLay(Ls), min.-conv., 507; 
cap., 503 ; clar., 503; tiercelines. 
503. 


TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 681 


Q 
Quésec, réc., 243, 244. 
QUERETARO, 58. 


R 


Ragipa (La), 56, 57. 

RaGusE, 629. 

RaAaMEAU, voir FLEy. 

RauLEx, 692. 

RécoLLerTs, 459, 503. 

Reis, 559. 

Rennes, 389; cap., 393, 596, 424. 

RHones, 613. 

Riou, 503 ; cap., 305, 504. 

RoaANnKNE, cap., 302, 305, 504 : tierce- 
lines, 504. 

Rocue (La), cap., 124. 

Rocnezee (La), min., 626 ; réc., 626 : 
cap., 626 ; ciar., 626. 

Ropez, annonc., 356, 357, 359, 565. 

Romans, 456, 504, 554 ; cap., 504 ; 
clar., 505. 

— MonT-CaLvaiRE, obs., 
504. 

Roue, Aracoeli, 276, 383, 413, 445, 
459, 629 ; cap., 3o1. 

Rouen, réc., 288; tiercelins, 75. 

RoOUERGUE, custodie, 94. 

RouGEmoNT, 505. 

RuwiLLy, cap., 124, 505 ; clar., 505. 

RUREMONDE, réc., 266 ; pauvres clar., 
267, 268; pénitentes, 266; récol- 
lectines, 267, 268; T. O.R., 267, 
268. 


puis réc., 


S 
SAINT-ÂMAND-DE-MONTROND, Cap., 
505. 
SAINT-AMAND-TALLENDE, réc., 505 ; 
clar., 505. 


SAINT-AMOUR, Cap., 212, 215, 505. 

SAINT-ANDRÉ, prov., 93. 

SAINT-ANGE de Pouille, prov. de réf., 
411, 

SAINT-ANTOINE en Artois, prov. de 
réc., 93. 

SAINT-ANTOINE au Brésil, prov., 60. 

SAINT-ANTOINE en Dauphiné, custo- 
die de réc., 459, 506. 

SAINT-BONAVENTURE en Bourgogne, 
prov., 13, 15, 22, 24, 25, 453-458, 
506, 557, 572; prov. des conv., 


461, 506 ; prov. des cap. diteaussi 
de Lyon, 212, 301-307. 

SAINT-BONNET-LE-CHATEAU, Cap., 506. 

SaINT-BRiguc, cap., 390, 393, 395. 

SAINT-CHAMOND, Cap., 506. 

SaINT-CHÉLY-DUu-TARN, min.-conv., 
506. 

SAINT-CLAUDE, Cap., 212, 215, 306, 
506. 

SAINT-DenYys, réc.. 103, 277, 281; 
prov. des réc., 274, 276, 282, 286, 
299, 500, 427. 

SaINT-DIÉGo d‘Andalousie,prov. 421. 

SAINT-ELZÉAR, prov. des tiercelins, 
467. 

SAINT-ETIENNE, Cap., 506. 

SAINT-FRRJEUX, tiercelins, 506. 

SaINT-FRaNÇçoIs, prov. de réc., 282. 
459, 506. 

SAINT-GABRIEL en Espagne, prov. de 
déchaussés, 420. 

SAINT-GAL, voir MURAT. 

SAINT-GALMIER, CONV., 507. 

SAINT-GENIS-LAVAL, réc., 507. 

SAINT-GBRNMAIN-RN-LAYE, réc., 260. 

SAINT-GERMAIN-LAVAL, réc., 507. 

SAINT-GRÉGOIRE aux Philippines, 
prov., 60, 421. 

SAINT-JAcQUESs en Espagne, prov., 05, 

SAINT-JEAN-BAPTISTE en Espagne, 
prov. des déch., 421. 

SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, CaP., 114, 
125, 155, 182, 192, 194, 507. 

SAINT-JEAN DEL PALCoO, réf.,4t1. 

SAINT-JEAN-JOSEPH DE LA (CRoIx, 
prov. napolitaine, 414. 

SAINT-Josern en Espagne, prov. des 
déch., 421. 

SAINT-JosgpH au comté de Flandre, 
prov. des réc., 248. 

SAINT-JULIEN en Génevois, cap., 124, 
507. 

SAINT-Lo, tiercelins, 76. 

Sainz-Louis, ou Provence, prov. des 
cap., 302, 462, 465. 

SarntT-MaLo, réc., 396 ; cap. 305, 

SAINT-MARCELLIN, réc., 507. 

SAINT-MAURICE-EN-VALAIS, Cap., 507. 

Sainr-Micnez en Espagne, prov., 
419. 

SaINT-MIicHEL-suR-MouTIERSs, 
124, 129, 136, 143, 143, 507. 


28, 


682 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 


SainT-NicoLas-DE-BaRI, prov., 93. 

SainT-OuEr, 51, 364; tiercelines, 
360, 366. 

SaiNT-Por, tiercelines, 362, 366. 

SAINT-POURÇAIN, 507. 

SAINT-QUENTIN, Cap., 53. 


Sainr-Rocu en Languedoc, prov. des 


eonv., 620 
SAINT-ROnAIN-LA-VIRVÉE, 508. 
SAINT-SERVAN, réc., 393; Cap., 399; 

397- 

SaINT-VALLIER, tiercelins, 508. 
SAINTE-COLOMBR-LES-VIENNE, 446, 

508. 
SAINTE-MARIE-AUX-CHÈÊNES, 

508. 

SAINTE-MARIE D'AVIGLIANO, r'éf., 411. 
SainTEe-Ræine, 508, 541, 554. 
SALAMANQUE, 419, 421. 

SALINS, min.-COnv., 304, 3509; cap», 


conv., 


212, 215, 304- 306, 509; clar., 
509 ; tiercelins, 509 ; tiercelines, 
509. 

SALLANCHE, CaP., 124, 909. 

SALON, cap., 463. 

SAMATAN, 52. 

San FRANCISCO, 56. 

San PIETRO AD ARAM, prov. napoli- 


taine, 410-413. 
San SEVERINO, Clar., 262. 
SANTA Mania DEL LAVELLO,ObS., 244. 
SANTIAGO, prov., 60, 421. 
SANTIAGO DE TLATELOLCO, 647. 
SARAGOSSE, 419, 638. 
SARREBOURG, Min.-COnv., 500. 
SARREGUEMINES, réc., 85, 87. 
SARRELOUIS, réc., 84, 287, 435 ; Cap., 
85, 86. 
SAULIEU, CaP., 509. 
SAUMUR, Cap., 654. 
Saviony, voir NOTRE-DAME-DE-GRACE. 
Savoix, custodie, 18, 26, 27, 457; 
509; cust. des conv., 135 ; prov. 
des cap., 124, 301, 465, 510. 
SAXE, prov., 290. 
SELLIÈRES, 510. 
SEMUR-EN-AUXOIS, Cap., 510. 
SEURRE, Cap., 510; clar., 510. 
SEYSSEL, cap., 148, 510. 
Srcice, clar., 641. 
Srercx, réc. allemands, 83. 
SISTERON, 93. 


Sorcnies, T. O.R., 266. 
Sour1e, clar., 510. 
SPeco, 431. 

STANAY, 510. 
STRASBOURG, 239, 


T 


TANINGES, Cap., 124-125, 510. 

TanLay, 511, 555. 

TARARE, CaP., 911. 

TARENTAISE. Voir MOUTIERS, 

TEeRRE-DE-LABOUR, prov., 410;CUS- 
todie des réf., 411. 

Tenre-SainTe, prov., 248, 249, 631. 

TiercELINS, 467,911. 

TIERCELINES, 470, 512. 

TiRLEMONT, annonc., 267; sœurs 
grises, 265. 

THaAnNN, min.-Conv., 511. 

Tiers, CaP., 511. 

Tuonon, 5113Cap., 124, 126, 132, 
133, 153, Sur. 

Tuows (Les), 511. 

Tozène, Saint-Jean-des Rois, 419; 
concept., 264. 

Toscane, prov. des réf., 77. 

TouLon, cap., 463. 

TouLouse, 87. 

TouRAINE, prov., 418,445, 620 ; cust. 
des réc., 276. 

Tour-Du-Pin (La), réc., 512. 
Tournai, clar. urb., 267; pauvres 
clar., 267, 268; annonc., 268. 

TourNoN, 512; Cap., 512. 
Tournus, réc., 512. 

Tours, réc., 396. 

Trèves, minorites, 84 ; réc., 84. 
Trévoux, tiercelins, 512. 
Trois-Rivières, réc., 245-246, 44î. 
Troyes, 51, 425. 

Tunisie, mission, 654. 


V 


VALDARDE, 512. 

VALENCE, min.-Conv., 512 ;réc., 512; 
cap., 513. 

VaLence en Espagne, 419, 420, 641. 

VALENCIENNES, min., puis réc., 380, 
421. 

VANNES, 396. 

VeLsique-RUDDERSHOVE, sœurs grises, 
265, 


TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 


Venise, 314, 629, 650. 

VERCEL, Cap., 212 ; tiercelines, 513. 

VexDun, réc., 276, 280. 

VERNASSAL, tiercelines, 513. 

VERSAILLES, r'éc., 427. 

VEsouL, cap., 212, 215, 305, 306, 
513. 

Vevey, clar., 160, 172, 513. 

Vicuy, cap., 513. 

Vic-Le-CouTE, 513. 

VILLAREAL, déch., 541. 
VILLEFRANCHE en Beaujolais, 513, 
514, 553, 554, 
VILLEFRANCHE de 

644... 
VILLENEUVE-DE-BERG, Cap., 514. 
Vitré, réc., 306. 

VIENNE, voir SAINTE-COLOMBE ; Cus- 


Rouergue, cap., 


683 


todie, 446, 457, 513 ; çap., 513; 
clar., 5:13. 
VIENNE en Autriche, clar., 436. 
VUILLAFANS, Cap., 212,215-221, 514. 


W 


WaATERBRACH, Clar., 402, 403. 
WizLecu, 528 
WURALINGEN, Cap., 433. 

Y 


YENNE, CaP., 124, 125, 514. 
YPREs,Cap.,267 ; pauvres clar., 268 ; 
capucines, 268. 
Z 


Zara, 629. 


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L on d 


TABLE DES MATIÈRES 


AcuiLze LEON. Les Récollets de Melun (1606-1792)................... 
BauDrry (L.). Fragments inconnus de Guillaume d'Occam............ 
Bzsxnanp (Pierre). Les Cordeliers et Cordelières de Chalon-sur-Saône 
Dornier (A.). Sources de l'histoire franciscaine en Franche-Comté 
CU CLR): TA OR M Re M Nan dde 
Exoux (François). Le Sceau du gardien des Frères Mineurs de Paris 
AU AVE SIÉCI OA SN ed es na ne ee 

— Le Sceau du provincial d'Aquitaine au xv* siècle....... de ei 

Faure (Claude). Les Célestins et les Cordeliers d'Annecy............ 

Fawrisr (Robert). La Prédication en Angleterre au moyen âge 

GaïLLaRp (H.). À propos de Gautier de Bruges...................... 

GRELLET DE La Devre. Le Couvent de saint François d'Allègre.....… 

Laccer (Louis de). L'Eglise et le couvent des Annonciades à Albi... 

La Roxcière (Ch. de). La Mission de Frère Battista d'Imola en Abys- 

sinie (1482-1483)... ; 

LeuaiTRe (Henri). Géographie historique des ctablissements de l'Or- 
dre de Saint-François en Bourgogne (sud-est de la France) 
du: xt au xixt siecle. Suds sranendrenre edit enie 

— Lettres. d'Induilgénce. sisi troncs 

_ Médaillon de saint François....... A M ee 

— Une Bulle inédite de Sixte IV (1474) en faveur des sœurs de 
la Celle. ie 

LETONNELIER (Gaston). Manidement de rincois ler ous la ÉDaration 

du.couvent des Cordeliers de Marseille (1526) 


0... 


Origine de la province des Capucins de Lyon, dite de saint Bona 


VENLUPÉ die ner ire ist Noires 
PHiziprs (André). La « Mise au sépulcre des Cordeliers de Chäâtillon- 
SUP SOIT NL ein Nes CN an entre lee tn 
PitozeT (Camille). Travaux de Franciscains espagnols sur l'histoire 
de leur Ordre en Amérique..............., ss. ssssesssesssue 
Van Gexxepr (A). Essai sur le culte populaire des saints francisçcains 
CA à SE A0) LS PS 
VinxOT PRÉFONTAINE (Jean). L'Adoptian de la clôture par les Sœurs 
grises de Beauvais (1622-1630)................ 

_ Les Capucins pompiers à Beauvais............. 

_ Fêtes célébrées à Beauvais aux xvut et xvui° siè- 

cles en l'honneur de saints franciscains 


__— 


086 TABLE DES MATIÈRES 


Pages. 
ViNoT PRÉFONTAINE (Jean). Lettre de nomination de syndic du couvent 
des Capucins de Beauvais (1705)............. 569 
— Lettres de réception pour enfants spirituels de 
l'Ordre de saint François .................... 52 
COMPTES RENDUS 
AnceLeT-Husracu& (Jeanne). Melchtilde de Magdebourg (1207-1282). 
(Pr: de Séssetalléhs ss a een nes tte gran 625 
ANGe (fr.), voir LÉéon (fr.). 
ARCARI (Paolo). Les Laudi. (Fr. de S.).............................. 609 
Avvertimenti di santo Francesco a frate Bernardo, con prefazione di 
Piero MiscraATELLI (Rose Quezel})................................... 107 
Bacci (Fr. Domenico). S. Francesco d'Assisi attraverso le legende pu- 
CARE LE COS 108 
Baur (Lud.). S. Thomue Aquinatis de ente et essentia (É. Gilson).... 238 
BonaivuTi (Ernesto). Francesco d’Assisi (C. Pitollet)................. 67 
BonNAvENTURE (S.). Opuscoli mistici, volgarizzati dal latino con intro- 
duzione del P. Agostino GruELL1 (A. Masseron)................... 237 
BourpiLLon (A. F. C.). The Order of Minorisses in England (R. Faw- 
ticr)..... RP . 402 
BracALoNt (P. Leone). Saint François et l'Art (Fr. de Sessevalle).... 609 
BramPrTon (C. Kenneth). The de imperatorum et pontificum potestate 
of W. of Ockham (L. Baudry)........ re ER 240 
BRÉHIER (Louis). Les Missions franciscaines au moyen âge (Fr. de 
Séssevalle liens eee tete D ne 612 
Br&Ton (P. Valentin-Marie). Le Christ de l'âme franciscaine (Fr. de 
Ses VAI) nn a el DS Net eo tile eo ré Lido ci 410 
BruNiNG (R. Eliseus), éd. Officium ac missa de festo S. P. N. Fran- 
CIS ae ne AS ie Dr ee see taie 619 
Cauozzint (Ferruccio). S. Francesco nell' arte (A. Masseron)......... 234 
Capucins missionnaires, missions françaises (H. L.)................. 240 
Caritas (Collection) (He 1) cesse mA nest 247 
Casel.La (Mario), éd. de I Fioretti............u.ssusesessee 23 
CaTErINO (Cirillo). Storia della minoritica provincia napoletana di 
S. Pietro ad Aram (H. Lemaitre).................,...... ss 410 
Cavanna (N.). L'Ombrie franciscaine, trad. de T. de Wyzewa (H. L.) 24 
CenivaL (P. de). La Mission tranciscaine au Maroc (Fr. de Sessevalle) 614 
CHini (Mario). Vita e poesia di s. Francesco (C. Pitollet)}........... 09 
CuveLuiEer (Joseph), éd. de Travaux du service d'archiveconomie.... 20° 
D'aunais (P. Mathieu). Le P. Frédéric de Ghyvelde (1858-1916)...... 648 
Dav (E. Hermitage). S. Francis and the Grey Friars (R. Fawtier)... 4? 
DELORME (P. Ferdinand). Documents sur le b. Gabriel-Maria (L. de 
LACBÉT ES SEA nt at Ne RES ete dent 645 
DeLTeiL (Joseph). Discours aux oiseaux (A. Masseron)............... pee 
Des RoserT (E.). A propos d'un ouvrage récent sur la B. Margueritt 
de. Lorraine Ms Primes dual teste. sie _ 
Dusois (S. É. le card.). Préface de Saint François d'Assise.......... 30° 
Durource (Albert). Ce qu'est la vie des religieux (Fr. de Sessevalle;- 227 
FacciNeTTi (P. Vitiorina). S. François d’Assise (Fr. de S.)......... 370 
Fioretti di s. Francesco, a cura di Angelo Soil, con prefazione di 58 


Alfredo GaLLeTTI (C. Pitollet).......... A 


TABLE DES MATIÈRES 


Fioretti di s. Francesco, riveduti nel testo e commentati da Mario 
CASEELX (As MASSE ON ES ir a enterrer 
— trad., introd. et notes par Arnold Gorrin (H. Lemaître)..... 

FocizLon (Henri). S. François d'Assise et la peinture italienne (Fr. de 
D 

François (S.). Le Regole e il testamento, trad. A. HERMEL ........... 

FuuaGazz:(Gius.) ed. Mostra del libro francescano.................. 

GaALLETTI (Altredo). Prefazione ai Fioretti........................... 

GaRzenD (L.). Imitation du séraphique et très noble saint François 
d'Asse (PR de Sin ous Sn Mn ns es 

GEFFROY (G.). Préface à MEUNIER, Giotto. 

GELEZEAU (Clément). Glanes rochelaises (H. Lemaitre)................ 

GExëLLI (P. Agostino), éd. de s. Bonavenrure, Opuscoli mistici..... 

Gizuer (Louis). Nouvelles études sur la basijique d'Assise (Fr. de S.). 

— S.- François d'Assise (H: 11). se 
— Sur les pas de saint François d'Assise (Fr. de S.)... 
GiLLIAT-SMITH (E.). S. Antony of Padua (R. Fawtier)................ 
GiLson (Etienne). La Philosophie tfranciscaine (Fr. de S.)............. 
— S. François et la pensée médiévale (Fr. de S.)...... 
GLor!teux (P.). Le Correctorium corruptorii « Quare » (L. Baudry).. 
Gorrin (Arnold). Fr. François d'Assise (H. L.)....................... 
— trad. de I Fioretti (H. L.).. .................4...... 

GozusovicH (P. Girol.). Biblioteca bibliografica della Terra Santa, 
| CU AN À à EN PR PER EE ER E PRARS asso en se 

Goyau (Georges). Les Étranges destinées du Livre des conformités 
OO RS PP D 

GRABMANN (Martin). Mittelalterliches Geistesleben (É. Gilson)........ 

Harrison {Ada). Examples of s. Bernardino (R. Fawtier)............. 

HauverTe (Henri). Dante et saint François, (Fr. de S.).... ......... 

Here (Augusto), trad. S. François Regole e testamento .......... 

HiBERTA (Barth. M.). Guidonis Terreni quaestio de magisterio intfal- 
hbili romani pontiticis (Ë. Gilson)............................... 

AuGoLiN(P.) Le P. Joséph:Denis (H Lu sessenssee desaansess 

HuTrTon (Edward). The Franciscans in England (R. Fawtier)........ 

Indica mihi... très pieuses meditations, trad. par M.M. Saeyeys (H. L.; 

Influence de s. François d'Assise sur la civilisation italienne (Fr. de S.). 

Internele consolacion, publié par Alfred PEREIRE (H. L.)............. 

Italia monumentale, la basilica d'Assisi (R. Q.j.............,........ 

JorDan (Edouard). Les premiers Franciscains et la France (Fr. de S.). 

— Le premier siècle franciscain (Fr. de S.).......... 

Kocu (Jos.). Durandus de S. Porciano {É. Gilson).................... 

KozTonski (Dr Alexander). St Francis ot Assisi and Giotto, translated 
by Edward. WeINTEË (A. Gofin):s ser eos asia 

KuUENSTLE (Dr Karl). Ikonagraphie der Héiligén (A. van Gennep).. 

Lany (M.). Assise, guide du pélerin (H. L.)................,........ 

LancLois (Marcel). Bibliothèque de l'Institut catholique de Paris, 
LA PE e OS L 

LEMAIRE (Suzanne). La Commission des réguliers {H. L.)............ 

LENAÎTRE (Henri,, ed. de Saint François d'Assise, sa vie, son œuvre. 

LEeuasson Auguste). Les Actes des prêtres insermentés de | cidre 

cèse de Rennes guillotinés en 1794 (E.-G. Ledos) 


687 


Pages. 


233 


688 TABLE DES MATIÈRES 


Lemasson (Auguste). Les Paroisses ét le clergé du dibcèse actuel de 
Saint-Brieuc de 1789 à 1815, 1re partie (E.-G. L.) 
Leuuens (Leonardus) Testimonia minora saeculi XIII de s. Francisco 
AssisiensL Collecte (Hi): es sand se asie am anses 
LÉoN (fr.). Ange et Rufñn. Légende des trois compagnons. trad. par 
l'abbé: Louis Pichard. (ES Es net uen ideas 
LéoPoLD DE CHÉRANCE. S. Elisabeth de Hongrie (Fr. de S.).......... 
lirrze (A. G.). Notes onthe exhibition of the British Museum 
(Re FawteR}s es ei aise, 
_ Some recently discovered Franciscan documents 
(A: Masseron):.. Reine sen 
Mass (Boniface). Théologie mystique (H. L.)......................... 
Maire (Elie). Le Baiser de s. François (H. L.)...................... 
Martyre franciscain des Carmes (H. L..).. ; diese 
MasseRoN (Alexandre). Assise de S. Francois (Pr. de S. j. HAUT 
— Légendes franciscaines (L. Baudry})........... 
_— Les Sources de la vie de s. François (Fr. de S.). 
Masrica Giovanni). S. Francesco, Dante e Giotto (A. Goffin)........ 
MEUNIER (Alix). Giotto, préface de G. GErFroy (A. G.)................ 
MisciatTeLi (Piero), éd. Avvertimenti di s. Francesco................ 
Mostra del libro francescano, éd. da G. Fumaaarti (C. Pitollet)...... 
Officium et missa de festo S. P. N. Frañcisci, ed. Fr. Eliseus Brunixc 
(Pr dE SU 2e Lo A ele in re 
OnToLant (Ciro). La Madre del santo d’Assisi (R. Quezel)............ 
OwsT (G. R.) Preaching in medieval England {R. Fawitier).......... 
PELSTER (Fr.). S. Thomae de Aquino quaestiones de natura fidei 
ARS LES DR 
PEREIRE (Alfred), éd. Internel CONSONACION Se des nés 
PicHarD (Louis), trad. fr. Léon, Légende des trois compagnons...... 
PisrecLi(Ermenegildo),trad. Sacre nozze del b. Francesco(R. Quezel). 
PourraT (P.). Le Mystique (Fr. de S.)............................... 
Rasa (Pio). S. Francesco d’Assisi e gli spiriti cavallereschi (H. Hau- 
LU A) PR 
RoRERT D'APPRIEU. Un Converti de quinze ans, fr. Joseph de Palerme. 
Roy (Pierre-Georges). Les vieilles églises de la pEopraee de QuEREE 
RÉ pion area benne Met eee nées st 
Rurin (fr.), voir LÉoN (tr.), Légende des trois compagnons. 
SABARTHÈS (A.). Le Couvent des Clarisses de Carcassonne (H. L)...... 
SABATIER (Paul). L'Actualité de la figure de s. François (Fr. de S.)... 
Sacre nozze del b. Francesco con Madonna Povertà, trad. dal P. E. 
PisTeLl1 (R. Q.).. 


SAEYEYS (Marie- Madeleine). trad. “indie he nt SAS GR ln sets 
Saint Francs of Assisi, 1226-1926, essaÿs in commemoration 
CR FaWHer mer an A RS DES Se et A re Sie 


Saint François d'Assise, sa vie, son œuvre, préface de S. E. le card. 


SALTER (E. Gruney), trad. Thomas d'Eccleston....................... 
SALVATORELLI (Luigi). Vita di s. Francesco (C. Pitollet).............. 
SARGES (Jean). S:. François. ses vel ceussesdeuers issues 
SiLvEsTRI (Domenico). Il ritratto di s. Francesco a Spoleto (A. Goffin). 
Sopini (Angelo). éd. L Fioretti..............................s.. 


Pages. 


386 


64 


TABLE DES MATIÈRES 689) 


Pages. 
STaar (E.). Quelques observations sur les recueils de laude d'Udine 
et de Pordenone. — Notice sur un ms. des laude de Jacopone da 
Todi (H. Hauvette)..................................ssssss.. 237 
Taroi (Dominique). La Poésie franciscaine de langue latine (Fr. de S.) 607 
THowas D'Ecczesron. The Coming of the Friars Minor to England, 


trans!. by E. G. Sazrer (R. Fawtier)............................... 397 
THomas DE SaiNT-LAURENT (R. de). S. François (A. Masseron)........ 234 
TaurauD Dancin (P.). S. Bernardin de Sienne (H. L.).......... sas 73 
TisseranD (Mgr E.). La Légation en Orient du Franciscain Domi- 

nique d'Aragon (H. L.)....................... 646 
— et G. Wir. Une Lettre de l'aimohade Murtadä 
au pape Innocent IV (H. L.).................. 658 
Travaux du cours pratique d'archivéconomie, publié par Joseph 

Cuvebien Hi: hnu is ssiiesni ea ess Re da eee 265 
Usazo D'ALENÇON. L'Ame franciscaine. 3e ed. (H. L.)................ 109 
Van DE WoesTyNe (Zacharias). Scholae franciscanae aptatus cursus 

philosophicus, t. 11 (L. Baudry)........................,.......... 242 
WBiNTEL (Edward), trad. KorTonskr...............,....... . tisane 111 
Wier (G.), voir Tissemann. Une lettre.. ............................ 638 
Wyzeswa (T. de), trad. Cavanna. L'Ombrie franciscaine.............. 235 

PÉRIODIQUES 
Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, 

10, D, 0, EURE US RE 82 
Antonianum,t: 1, 1026.24: uen. 0e RE 95 
Archiginnasio, tr XXI, 10262-22123 désmibeloiensnt 82 
Archivo ibero-americano, t. XXV-XXVI, 1926........................ 418 
Archivum franciscanum historicum, t. XIX, 1926..................... 249 
Bosk (Het); 1027: 53 tn St Rs sur intense UT 257 


. Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, 1917-1921. 87 
Bulletin de la Société d'agriculture, lettres, sciences et arts du 


département de la Haute-Saône, 1926............................. 423 
Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, 
2" serie, 1. VAR 1024 nn dauihi suisse diusiamenehaen 424 


Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, 20° année, 1925.......... 258 
Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1715) du Comité des tra- 


vaux historiques et scientifiques, 1926............................. 424 
Estudis franciscans, t. XXXVII et XXXVIII, 1426.................... 640 
Etudes franciscaines, t. XXXVIII, nn spas se 424 
France franciscaine, t. IX, 1926........ PR 
Franziskanische Studien, 12 Ihre, 1025- 1926. Te 457 
Frate Francesco, €t, II, 1926 RS 430 
Journal de la Société des Américanistes de Paris, n. série, t. XIX, 1927 65: 
MOYEN ARE; 1027 nid date pis die elec rl 258 
Namurcum, chronique de la Société SE de Namur, 3° an- 

HeC: 1020 D Aer AT a 87 
Philosophisches Jahrbuch der Gôürres- Gesetléchait 39. Bd, 1926.. 259 
Rivista di Livorno, 1936 Sn in on tr) ce. 82 
Semaine religieuse du diocèse de Verdun, 02e seen asie . 259 


Studi francescani, t. X{1, 1926 


690 TABLE LES MATIÈRES 


Pages 

CHRONIQUE 
Bienheureuse Beatrix de SiLva...........…. RS RS Te 263 
Bienheureux Etc BR£LuDI....::0 au Me ie tenter te 650 
Catalogues de libraires et de vente.................................... 268, 438 


Conférences : Georges Govau, à Bernay, Reims, Pau, 98; M.-J. FEnRé, 
à Paris, 261; Alexandre Masseron, à Pau, 98 ; 


Congrès des sociétés savantes tenu à la Sorbonne..................... 260 
Expositions : Mostra internazionale francescana, à Assise, 99; 
Franciscus docens.................................. Te 262 


Nécrologie : Camille EnLarrt (H. L.), 100; Waïter W. Serox (H. L.), 99; 
UsazD D'ALANÇON (H. L.), 438, 652. 


Nomination du P. Bonaventura MARRANI, comme général............ 646 
PÉTTAFQ UE RSA US . 649 
Semaine de missiologie à Louvain......................................... 647 
Solennité en l'honneur des missions franciscaines à Assise.......... 271 


Un Quatrième Ordre de saint François d'Assise : les Franciscanisants, par 
Alfred PRREIR&, 112. 


Le Gérant : Josern GAMON. 


Le Puy-en-Velay. — Impr. Le Haute-Loire. 


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| VIENT DE PARAITRE 
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| COLLECTION DE TEXTES FRANCISCAINS 
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION D HENRI LEMAÎTRE 


LIVRE DE L'EXPÉRIENCE 
DES VRAIS FIDÈLES 


PAR 
SAINTE ANGÈLE DE FOLIGNO 


TEXTE LATIN PUBLIÉ D'APRÈS LE MANUSCRIT D'ASSISE 
| PAR 


M.-J. FERRÉ 


TRADUIT AVEC LA COLLABORATION DE 


L. BAUDRY 


PARIS 


ÉDITIONS E. DROZ 
13, AVENUE FÉLIX FAURE, XVe 


1927 


Un volume in-16 carré de xLvu- 534 pages, tiré sur Alfa 
j | Navarre NS à RER LS É ses aude rie Er TOR TS 40 fr. 


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